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Résistances à l’Europe. La représentation sociale de l’Union européenne et les compétences politiques étudiées dans le milieu des entreprises tchèques.

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Academic year: 2021

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UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLES

FACULTE DES SCIENCES SOCIALES ET POLITIQUES DEPARTEMENT DE SCIENCE POLITIQUE

Résistances à l’Europe.

La représentation sociale de l’Union européenne et les compétences politiques étudiées dans le milieu des

entreprises tchèques.

Dissertation présentée en vue d’obtenir le titre de docteur en Science Politique

Par Ondřej Novotný

(2)

Remerciements

J’adresse mes remerciements aux personnes qui m’ont aidé dans la réalisation de cette dissertation.

En premier lieu, je remercie ma femme Anna pour son soutien, sa patience et son inspiration.

En deuxième lieu, je remercie Mme Berankova, M. Baron et M. Koci et les employés des différentes entreprises qui m’ont aidé avec l’organisation de mes recherches en République tchèque. Surtout, ils ont encouragé leurs collègues pour que je puisse réaliser mes entretiens et ils m’ont ouvert des portes au sein des entreprises qui restent autrement fermées.

Je tiens à remercier tout particulièrement Jean Michel De Waele. En tant que Directeur de thèse, il m’a accompagné dans mon travail du doctorant au CEVIPOL tout au long de ces dernières quatre années. Il a créé des conditions favorables et j’ai pu consacrer mon temps à la recherche.

Ma profonde gratitude va à Daniel Gaxie et aux membres de l’équipe CONCORDE qui m’ont accueilli lors de leurs réunions en me permettant de suivre leurs discussions et travaux de recherche.

Enfin, je remercie infiniment Maité, Marie-Hélène, Fanny et Régis pour leur aide avec la rédaction française de cette thèse.

(3)

Volume 1

Introduction

Partie 1 Problématique des résistances Objet de la recherche

Partie 2 Considérations épistémologiques Questionnaire

Expériences de recherche de terrain

Volume 2

Partie 3 Représentations sociales de l’Europe et de l’Union européenne

Questions européennes Thêmatas

Partie 4 Compétence politique Profils

Conclusion Bibliographie Annexes

(4)

Sommaire

REMERCIEMENTS ...2

SOMMAIRE ...4

LISTE DES ABREVIATIONS ...8

INDEX DES FIGURES ET DES TABLEAUX ...9

INTRODUCTION ... 10

1. L’INTERET POUR LETUDE DES RESISTANCES A L’EUROPE EN REPUBLIQUE TCHEQUE. ... 10

2. LA PERSPECTIVE HISTORIQUE ET SIX CONSTATS SUR LE POLITIQUE TCHEQUE ET LES RESISTANCES. ... 13

2.1. Le poids de l’histoire sur la confiance au système internationale ... 13

2.2. Développement politique récente et l’euroscepticisme ... 15

3. OBJECTIFS ET LORGANISATION DE LA THESE... 19

3.1. Concepts ... 19

3.2. Organisation des chapitres et questions ... 24

PARTIE 1 ... 29

1. LA PROBLEMATIQUE... 29

1.1. Question de la résistance dans le contexte de son usage ... 29

1.1.1. L’apport du changement politique ... 32

1.1.2. L’apport du changement social ... 35

1.1.3. Synthèse des résistances ... 38

1.1.3.1. Euroscepticisme... 38

1.1.3.2. Le conflit et l’opposition politique ... 43

1.1.3.3. Résistances au processus d’intégration ... 48

1.1.3.4. L’apport de Scott ... 53

1.1.4. Conclusion sur les synthèses ... 57

2. L’OBJET... 71

2.1. Principales hypothèses sur les attitudes européennes et résistances ... 75

2.1.1. Approches et division internes ... 75

2.1.2. Les hypothèses pour les attitudes et résistances européennes ... 80

2.2. La situation des attitudes européennes en République tchèque ... 94

2.2.1. Principales hypothèses sur les attitudes tchèques ... 99

2.3. Conclusion sur l’objet de l’étude et résumé des hypothèses... 106

PARTIE 2 ... 117

1. CONSIDERATIONS EPISTEMOLOGIQUES... 118

1.1. Epistémologie fondatrice et épistémologie dialogique ... 123

(5)

1.1.1. Épistémologie fondatrice ... 123

1.1.2. Epistémologie dialogique ... 126

1.2. La théorie pragmatique de langue et la théorie du dialogue... 131

1.2.1. La théorie pragmatique... 131

1.2.2. La théorie dialogique ... 134

1.3. La dualité ... 137

1.4. Le clivage dans la théorie politique ... 139

2. QUESTIONNAIRE... 146

2.1. Le type et style... 148

2.2. Echantillons et questions... 151

2.3. Analyse de réponses ... 156

2.3.1. Démonstration des analyses ... 158

3. EXPERIENCE DE RECHERCHE DE TERRAIN... 163

3.1. Remarque sur les analyses ... 168

PARTIE 3 ... 170

1. REPRESENTATIONS SOCIALES... 174

2. EUROPE ET UNION EUROPEENNE... 183

2.1. Europe ... 184

2.1.1. Europe - continent... 186

2.1.2. Europe - communauté... 188

2.1.3. Europe - civilisation ... 190

2.1.4. Europe – Union européenne ... 193

2.1.5. Europe – Etats ... 194

2.1.6. Europe – passé ... 195

2.1.7. Europe – liberté ... 197

2.1.8. Europe – opportunité ... 197

2.1.9. Europe et autres thèmes, peur ... 198

2.1.10. Conclusion sur la représentation sociale de l’Europe ... 199

2.2. L’Union européenne ... 200

2.2.1. Union européenne - communauté ... 203

2.2.2. Union européenne – organisation des Etats ... 204

(6)

2.2.7.5. Bureaucratisme ... 220

2.2.7.6. Elargissement mutuel des marchés ... 221

2.2.7.7. Conflits et désaccords, mauvaises mœurs et la paix... 222

2.2.8. Conclusion sur le chapitre ... 223

3. LES QUESTIONS EUROPEENNES... 224

3.1. Connaissance des grands enjeux... 226

3.1.1. Euro ... 226

3.1.2. L’espace Schengen... 228

3.1.3. Elargissement ... 231

3.1.4. La Turquie... 233

3.2. Connaissance des questions techniques... 236

3.2.1. Traités européens ... 236

3.2.2. Type d’intégration... 238

3.2.3. Subventions et projets ... 241

3.2.4. Souveraineté ... 244

3.2.5. 4 libertés ... 247

3.3. Expériences et connaissances ... 247

3.3.1. Impact sur la vie ... 248

3.3.2. Fonctionnement de la démocratie ... 252

3.3.3. Futur de l’UE... 253

3.3.4. Discussions de l’UE ... 256

4. THEMATAS... 259

4.1.1. réalisme vs. idéalisme ... 262

4.1.2. égalité vs. mérite... 265

4.1.3. liberté vs. ordre... 269

4.1.4. paternalisme vs. responsabilité individuelle ... 270

4.1.5. Conclusion sur les thêmatas ... 273

PARTIE 4 ... 275

1. COMPETENCE POLITIQUE... 275

1.1. Compétence politique – des approches théoriques ... 279

1.1.1. La compétence et la théorie de la démocratie ... 281

1.1.2. Compétence entre connaissance et relation à la politique ... 288

1.1.3. Redéfinir l’approche à la compétence ... 295

1.1.4. Construire la grille d’analyse ... 300

1.1.4.1. La grille d’analyse ... 302

2. CONSTRUIRE DES PROFILS DE PERSONNES... 314

2.1. Définir la situation ... 314

2.1.1. Choisir ceux qui résistent ... 314

2.2. Profils ... 317

2.2.1. Ivo ... 317

2.2.2. Miroslava ... 322

(7)

2.2.3. Karel ... 326

2.2.4. Viktor ... 329

2.2.5. Martin ... 332

CONCLUSION ... 336

1. LES PRINCIPAUX RESULTATS DE LA RECHERCHE... 339

1.1. Deux définition de la résistance... 339

1.2. De la connaissance des indifférences à la compétence ... 339

1.3. La langue dans la production des tensions dans les représentations sociales ... 340

1.4. La représentation sociale de l’UE vue depuis la République tchèque ... 341

1.5. L’identification des thêmatas propres à la représentation sociale de l’Union européenne ... 342

1.6. Le développement de l’instrument de l’évaluation et l’interprétation de la compétence politique ... 343

2. CONCLUSIONS SUR LES ETAPES DE LA RECHERCHE... 343

2.1. Cadre hypothétique ... 343

2.2. Conclusion sur les parties ... 348

2.2.1. Partie 1 – problématique des résistances ... 348

2.2.2. Partie 2 – considérations épistémologiques et expériences de la recherche... 352

2.2.3. Partie 3 – représentations sociales et thêmatas ... 353

2.2.4. Partie 4 – compétences politiques ... 357

3. POST CONCLUSION : LE RETOUR SUR LA SITUATION TCHEQUE... 360

3.1. Élites... 360

3.2. L’opinion publique, les partis d’opposition, les élections européennes et le comportement du gouvernement ... 364

3.3. Václav Klaus ... 367

BIBLIOGRAPHIE ... 379

ANNEXES... 399

(8)

Liste des abréviations

€ - Euro

CAEM – Conseil d'assistance économique mutuelle CE – Commission européenne

ČSSD – Česká strana sociálně demokratická (Parti social démocratique tchèque)

CVVM – Centrum pro studium veřejného mínění (Centre d’étude de l’opinion publique, Académie de sciences, Prague)

CZK – Couronne tchèque (monnaie)

DG – Direction générale (de la Commission européenne) EB – Eurobaromètre (standard)

ESS – European Social Survey EVS – European values study

KDU - ČSL - Křesťansko demokratická unie – Česká strana lidová (Union chrétien démocrate – Parti populaire tchèque)

KSČM – Komunistická strana Čech a Moravy (Parti communiste de Bohême et de Moravie)

MEP – Membre du parlement européen

ODS – Občanská demokratická strana (Parti civique démocrate)

OECD – Organisation pour la coopération et développement en Europe OMC – Open method of coordination (méthode ouverte de coordination) ONG – Organisation non gouvernementale

ONU – Organisation des Nations Unies

OTAN – Organisation du traité atlantique du nord PAC – Politique agricole commune

PAI – Processus, Acteurs, Institutions PE – Parlement européen

PECO – Pays de l’Europe centrale et orientale PME – Petite et moyenne entreprise

PME – Petites et moyennes entreprises RT – République tchèque

UE – Union européenne

URSS – Union des républiques socialistes soviétiques US – Unie svobody (Union de la liberté)

(9)

Index des figures et des tableaux

Figure 1 Fréquence de l’euroscepticisme 39

Figure 2 Synthèse n°1 :

Continuum cognitif de la relation à la politique

63 Figure 3 Synthèse n°2 :

Cognition et cultures parallèles de la relation à la politique

66

Figure 4 Résistance et individu 107

Tableau 1 Démonstration des analyses 159

Figure 5 Triangle de la représentation sociale 177

Tableau 2 Tableau des représentations 182

Tableau 3 Europe 185

Tableau 4 Union européenne 202

Tableau 5 Choses positives 206

Tableau 6 Choses négatives 211

Tableau 7 Euro 227

Tableau 8 L’espace Schengen 230

Tableau 9 Elargissement 232

Tableau 10 La Turquie 234

Tableau 11 Traités européens 237

Tableau 12 Type d’intégration 239

Tableau 13 Subventions et projets 243

Tableau 14 Souveraineté 245

Tableau 15 4 libertés 246

Tableau 16 Impact sur la vie 249

Tableau 17 Fonctionnement de la démocratie 251

Tableau 18 Futur de l’UE 254

Tableau 19 Discussions de l’UE 257

Tableau 20 Idéalisme vs réalisme 264

Tableau 21 Egalité vs mérite 266

Tableau 22 Liberté vs ordre 270

Tableau 23 Paternalisme vs responsabilité individuelle 272

Tableau 24 Compétence politique 313

(10)

Introduction

Introduction

1. L’intérêt pour l’étude des résistances à l’Europe en République Tchèque.

La question des résistances à l’Europe est apparue avec plus d’intensité après l’élargissement à l’Est de l’Union européenne en 2004. En effet, l’élargissement aux dix nouveaux pays, en majorité postcommunistes, coïncide avec la crise institutionnelle de l’UE. La crise fut provoquée par l’échec du Traité établissant une constitution pour l’Europe.1 La nature des problèmes et la crise a été perçues différemment dans « l’Ouest et dans l’Est » de l’Europe. Les nouveaux pays ont perdu leur dynamisme connu de la période d’adhésion. Les anciens pays, leurs populations mais aussi une partie des hommes politiques, se sont réveillés d’un jour à l’autre dans une nouvelle situation politique. Les sujets conflictuels, leur cadrage idéologique et institutionnel ont changé suite à l’arrivée des nouveaux Etats membres. Ils représentaient des nations, des gouvernements et des intérêts divergeant jusqu’à alors peu connus.

Nous avons assisté à cet événement historique par le biais de deux expériences. La première est liée à nos études à Prague entre 2000 et 2003. Nous étions au cœur du débat académique lorsque le sujet européen est entré en force à la scène politique tchèque. L’appropriation du sujet européen a varié selon les disciplines (droit, histoire, relations internationales, économie…), mais elle commença souvent par une évocation des événements du passé. L’appartenance des pays tchèques à l’Europe fut encore maintes fois réaffirmée. L’enthousiasme sur la « réintégration et l’affirmation d’une identité collective » se confronta avec le flou existant autour des concepts de l’Union européenne et du processus d’intégration. Les discours des hommes politiques qui ont dû expliquer l’intégration, furent généraux, entrecroisés par le pluralisme des idées.

1 AGH, A., FERENCZ, A., eds. (2007). Overcoming the EU Crisis: EU Perspectives after the Eastern Enlargement. Budapest: "Together for Europe" Research Centre and Foundation. ; MAGNETTE, P., WEYEMBERGH, A., eds. (2008). L'Union européenne: la fin d'une crise? Bruxelles: Editions de l'Université de Bruxelles.

(11)

Introduction

La deuxième expérience est liée à notre séjour en France entre 2003 et 2006. Ici, nous avons eu l'occasion de voir comment la problématique de l’élargissement fut tardivement prise en considération dans les agendas des débats publics. Mais nous avons aussi assisté aux discussions politiques concernant la réforme institutionnelle de l’Europe, l’impact des politiques de libéralisation et les mobilisations des mouvements de protestation. A la différence de notre expérience précédente, l’Europe constitua un objet. Cet objet "Europe" était très présent dans la conflictualité politique. Il fut exprimé aussi dans la vie quotidienne à travers de symboles spécifiques tels que l’Euro, la PAC ou des noms des représentants politiques à la Convention européenne. Nous avons été positivement impressionnés pendant ces mois par la capacité des hommes politiques à utiliser « l’Europe » comme une ressource stratégique. Ils ont fait des efforts pour calculer des gains et des coûts concernant des groupes qui constituaient leurs électorats. Il y avait aussi de nombreux activistes qui se sont mobilisés autour des questions européennes.

Suite à ces expériences, la question des résistances que nous abordons un peu plus tard est vue sous plusieurs perspectives. Nous voyons que les conditions de « la résistance à l’Europe » sont différentes entre les pays européens en ce qui concerne le sens de ce mot et les acteurs qui constituent soit des sujets ou des objets de résistance. Il y a une différence dans les moyens que l’une ou l’autre société mobilise pour gérer les résistances.

Un volet important des résistances concerne le rôle des citoyens. Des fondements démocratiques des régimes européens se référent au peuple comme la source du pouvoir. Cette tâche est loin d’être accomplie partout. L’Union européenne est toujours à la recherche de sa légitimité auprès du peuple. Elle est considérée comme un projet élitiste.2 Même plusieurs Etats européens, sans douter

(12)

Introduction

les obstacles ou les difficultés qui sont rencontrés dans ces interactions sont interprétés comme les résistances.

Parmi les différentes approches de l’intégration européenne, l’approche néofonctionnaliste avec la notion du « spillover » se concentre pragmatiquement sur la relation entre les citoyens et leurs représentants. Les néofonctionnalistes expliquent pourquoi les individus attribuent leurs pouvoirs aux institutions supranationales. C'est considéré comme une de ses hypothèses centrales.3 La loyauté du « consensus permissif » que les citoyens ont donnée la loyauté aux élites pour décider des affaires européennes est interprétée pour les premières décennies de l’intégration européenne comme une absence de visibilité des citoyens dans les décisions européennes. Les échecs référendaires de la dernière décennie ont néanmoins affirmé la fin du consensus permissif. Ce constat est plus pertinent pour certains pays, tel que la France, que pour les autres.

Enfin, pour rapprocher les connaissances théoriques des expériences pratiques dans les deux pays, il faut remarquer que l’échec référendaire en France et aux Pays - Bas a donné un deuxième souffle aux opposants de l’adhésion de la République tchèque à l’UE. Leurs positions se sont encore renforcées par la crise économique de 2009. D’un point de vue de la visibilité, ils ont incontestablement remplacé les « euro-enthousiastes ». Les critiques de l’UE issues des hommes politiques (tel que Václav Klaus, Ivan Langer ou Martin Říman) ont été exprimé en 2003 généralement sans des engagements d’une action direct contre l’UE. Après 2005, ils ont relancé la critique en profitant des sentiments de déceptions qui ont accompagné la crise de post-adhésion et des messages pessimistes reçus depuis la France, le Pays-Bas ou l'Irlande. En se faisant des défenseurs du libéralisme ou de la souveraineté nationale, Václav Klaus notamment n’a pas hésité à se légitimer par les actes des citoyens des autres nations européennes. Les critiques prétendent être des prophètes de la fin de l’UE. La question qui se pose par rapport à la République tchèque à la lumière de nos observations est celle de l’opinion et des attitudes des citoyens. Ce n’est pas seulement la question du soutien ou de la

3 HAAS, E. B. (1958). The Uniting of Europe: Political, Social, and Economic Forces: 1950-1957. Stanford:

Stanford University Press. ; ROSAMOND, B. (2000). Theories of European Integration. Basingstoke:

Macmillan. ; SAURUGGER, S. (2009). Théories et concepts de l'intégration européenne. Paris: Les Presses SciencePo.

(13)

Introduction

loyauté qui sont exprimés dans l'opinion, mais c’est plutôt une interrogation comment est-il possible pour les critiques de jouer la carte eurosceptique si facilement en face de la volonté et des attitudes de gens ?

2. La perspective historique et six constats sur le politique tchèque et les résistances.

2.1. Le poids de l’histoire sur la confiance au système internationale

La République Tchèque fait parti des Etats européens qui ont construit leur système politique moderne à partir du nationalisme du 19° siècle.4 Le nationalisme, les idées de libéralisme classique et plusieurs expériences négatives avec les régimes autoritaires fascistes et communistes ont façonné son système institutionnel.

L’idée nationaliste se conjugua avec le libéralisme dans la structure institutionnelle de la première République tchécoslovaque. Leurs institutions ne sont pas arrivées de créer un Etat moderne qui aurait pu permettre de vivre ensemble aux plusieurs nations dans son territoire : les Tchèques, les Allemands, les Slovaques et les Hongrois. La constitution et les procédures démocratiques furent mises en place après 1918. Mais elles n’ont pas pris en compte que la reconnaissance des minorités nationales est une tâche complexe qui dépend à la fois des garanties formelles, mais aussi et surtout de leur inclusion effective dans les décisions politiques.5 La construction artificielle d’une nation tchécoslovaque dans le but de marginaliser l'expression politique de plus que trois millions des

(14)

Introduction

germanophones s’est terminée en 1938 et 1939 par une double scission de l’Etat et par la perte de la souveraineté nationale.6

Le rapprochement et l’éloignement entre les Tchèques et les Allemands est pour les Tchèques le fondement de leur relation moderne à l’Europe.7 Les conflits qui ont accompagné leur cohabitation sont la source de plusieurs mythes historiques actuels. Le mythe de « l’île démocratique » en Europe centrale est très répandu et populaire. L'impact du nationalisme est négligé devant les vertus démocratiques de la Première république. L’échec de l’Etat est attribué aux fautes des autres, des envahisseurs et à la situation de guerre. La continuité entre le système démocratique de la première République tchécoslovaque et le système contemporain (après 1989) est prise comme une évidence. Par conséquence, il est difficile de parler sans émotions des périodes autoritaires du fascisme tchèque depuis 1938 et du régime communiste entre 1948 et 1989. La mise en cause du mythe démocratique suscite encore aujourd’hui de furieuses polémiques.8

Certains des clivages historiques et politiques qui ont façonné la vie politique dans la société tchèque ont déjà disparus.9 Les classes sociales se sont profondément transformées et des appartenances partisanes sont devenues moins évidentes.10 La disparition de l’enracinement social dans la structure des clivages

6 WILNER, B. (2002). "Czechoslovakia, 1848 - 1998." In: Understanding ethnic violence: fear, hatred, and resentment in twentieth-century Eastern Europe, ed. PETERSEN, R. D. Cambridge: Cambridge University Press: 175 - 207.

7 PALACKY, F. (1977). "Psani do Frankfurtu (11. avril 1848)." In: Frantisek Palacky: Uvahy a projevy, ed.

SPICAK, J. Praha: Melantrich: 158-153.; MASARYK, T. G. (1969). Ceska otazka. 7 ed. Praha: Melantrich. ; RADL, E. (1993). Valka Cechu s Nemci. 2 ed. Praha: Melantrich. ; SOLLE, Z. (1998). Stoleti ceske politiky:

Pocatky moderni ceske politiky od Palackeho a Havlicka az po realisty Kaizla, Kramare a Masaryka. Praha:

Mlada fronta.

8 HEIMANN, M. (2009). Czechoslovakia : The State That Failed. New Haven: Yale University Press. ; OLIVOVÁ, V. (2004). Odkaz Edvarda Beneše 2004. 1. vyd. ed. Praha: Společnost Edvarda Beneše.

9 Certains auteurs associent des attitudes à l’égard de l’intégration européenne aux clivages de classe traditionnels : DEFLEM, M., PAMPEL, F. C. (1996). "The Myth of Postnational Identity: Popular Support for European Unification " Social Forces 75 (1): 119-143. ; HLOUSEK, V. (2007). "Koncept konfliktních linií a problematika evropské integrace." In Sociologický casopis / Czech Sociological Review. Praha. ; La problématique des clivages en Europe centrale est principalement étudié parmi les auteurs francophones par : DE WAELE, J.-M., ed. (2004). Les clivages politiques en Europe centrale et orientale. Bruxelles: Les éditions de l'Université Libre de Bruxelles. ; ROGER, A. (2003). "Partis politiques et divisions sociales: les enseignements de l'Europe centrale et orientale." Lien social et politiques (49): 131-144. ; ---. (2006). "La stabilité des divisions politiques. Jalons théoriques pour une comparaison est-ouest." Revue Internationale de Politique Comparée 13 (2): 343-356. ; ou par les auteurs tchèques : NOVÁK, M., VLACHOVÁ, K.

(2001). Linie štěpení v České republice : komparace národní úrovně s příkladem konkrétní lokality. 1. vyd.

ed. Praha: Sociologický ústav AV ČR.

10 MACHONIN, P. (1993). Social and political transformation in the Czech Republic. Praha: Institute of Sociology, Academy of Sciences of the Czech Republic. ; KREJCI, J., MACHONIN, P. (1998).

Czechoslovakia, 1918 - 92: a laboratory for social change: Macmillan. ; MACHONIN, P. (1997). Social Transformation and Modernization. Praha: SLON. ; MLCOCH, L., et al. (2000). Ekonomicke a spolecenske

(15)

Introduction

de société et le manque de cadrage institutionnel pour ces clivages ont été comblés par les conflits idéologiques. Le conflit idéologique le plus récent est celui sur le caractère de la société civile et de la politique par rapport aux impératifs du marché libre. Les politiques des pays de l’Europe centrale, dont la République tchèque, sont depuis plus que vingt ans paralysés par les débats idéologiques autour du néolibéralisme.11

2.2. Développement politique récente et l’euroscepticisme

Le contexte contemporain de la relation de la République tchèque et de ses citoyens à l’Union européenne est construit aussi à partir d’événements assez récents. Les héritages historiques tels que la relation difficile avec l’Allemagne ou avec d’autres pays voisins ne constituent qu’un des éléments considérés dans l’analyse.

La République Tchèque a exprimé son souhait d’adhérer aux communautés européennes juste après la fin du régime communiste. Cet objectif politique n’a pas été univoquement accepté par tous, même si le choix pour l’UE semble aujourd’hui logique. Nous rappelons qu’il faut prendre en compte pour la période juste après 1989 que le contexte géopolitique fut difficile à cause des facteurs suivants: a) la réunification allemand ; b) la scission de la Tchécoslovaquie ; c) la préparation et l’entrée en vigueur du Traité de Maastricht ; d) le développement dans les autres pays postsocialiste, notamment la guerre en l’ex-Yougoslavie et l’effondrement de l’URSS. La suite différente de ces événements aurait pu jouer sur le choix d’élargir l’Union européenne de la République tchèque.

(16)

Introduction

européen. La forme de leur résistance ne corresponde cependant pas encore à des concepts précis. Elle varia entre une défense du libéralisme adopté lors de la transformation économique, une défense de la souveraineté nationale ou bien de l’attachement aux relations privilégiées avec les Etats-Unis.12

L’Union européenne a adopté par rapport aux pays candidats de l’Europe centrale une approche asymétrique de la « conditionnalité » concernant les critères de l’adhésion.13 Une réaction, qui aurait pu être négative, a été attendue. Tout le monde savait que l’acquis communautaire allait toucher des intérêts des pays ou des ressources importantes pour certains acteurs individuels ou collectifs. L’acquis a pu provoquer des conflits. La réaction de l’opinion publique sur les questions européennes fut également attendue. L'opinion est considérée comme une force de légitimation au-delà des élections régulières. Néanmoins, l’opinion publique resta jusqu’au début de 2000 assez indifférente. Les Eurobaromètres pour le PECO ont été lancés dans les années 90, mais ce n’est qu’à partir du 2001 qu’il existe des

« Eurobaromètre Pays Candidats ».

L’intérêt pour l’opinion publique apparut davantage à veille de l’adhésion.

Les différents acteurs furent dorénavant à la recherche des preuves de soutien ou d’opposition à l’intégration. L’opinion publique fut elle-même davantage stimulée parce que la distinction entre l’intégration aux institutions occidentales (le Conseil de l’Europe, l’OECD, l’OTAN), l’Europe et l’Union européenne devint plus pertinente. Le deuxième constat indique la présence des résistances dans une proportion relativement élevée de l’opinion publique. C’est une tendance qui existe toujours. Le soutien au Traité de Lisbonne ou à la zone euro est faible, parfois même au dessous de 50%.14

La critique de l’UE a été parfois conceptualisée comme « la pierre de touche protestataire » pour exprimer une attente que les partis d’opposition ou des

12 "Vaclav Thatcher: the Czech republic." (August 6, 1994). The Economist.

13 NEUMAYER, L. (2006). L'enjeu européen dans les transformations potscommunistes : Hongrie, Pologne, République Tchèque, 1989-2004 Paris: Belin.

14 KUNŠTÁT, D. (2009). "České veřejné mínění a Evropská unie." In: Z periferie do centra Evropy. 20 let vývoje vztahu ČR k EU., ed. BRUNCLIK, M., KLIC, Z. Praha: CEVRO Institut: 15-50. ; KOPECKY, P.

(2005). "An Awkward Newcomer? EU Enlargement and Euroscepticism in the Czech Republic." In:

Euroscepticism: party politics, national identity and European integration, ed. HARMSEN, R., SPIERING, M. Amsterdam: Rodopi: 225-246. ; HARTL, J. (2000). "Evropska unie v zrcadle verejneho mineni." In Integrace 2. ; CESAL, J. (2002). "Nazory nasi verejnosti na vstup Ceske republiky do Evropske unie." In Integrace 2.

(17)

Introduction

partis protestataires s’opposent à l’Europe.15 Il est vrai que la négociation de l’adhésion se déroula dans un contexte d’un gouvernement minoritaire de la social- démocratie (ČSSD). Le processus fut terminé dans les conditions légèrement différentes. La fragile coalition présidée par la ČSSD et deux petits partis, l’Union de la liberté (US) et les chrétiens-démocrates (KDU–ČSL) a finalisé les conditions d’adhésion. Les positions défendues par le gouvernement et ses négociateurs ont été une cible facile pour une opposition constituée par deux acteurs puissants. Le Parti civique démocrate (l’ODS) de Václav Klaus a été le plus actif dans la critique. L’ODS a formulé avant des élections législatives en 2002 un pamphlet

« d’Euroréalisme » pour critiquer la direction prise par l’intégration européenne.16 Par contre, les positions du deuxième acteur - le Parti communiste (KSČM) doivent être plus nuancées dans l’analyse. L’interprétation de ses positions est soumise au biais de la culture d’anticommunisme.17 Le troisième constat est néanmoins la présence de l’euroscepticisme partisan dans la compétition politique tchèque. Il y a aussi des députés individuels (Železný, Bobošíková…) qui sont (ou ont été) présents au parlement national et au parlement européen. Ils critiquent à différentes degrés le processus de l’intégration. Petr Pithart, l’ex-dissident et sénateur, remarqua en 2008 que l’euroscepticisme est devenu une mode, tandis que le soutien pour l’UE est démodé dans certains milieux du politique tchèques.18 Le quatrième constat pour l’étude des résistances en République tchèque est le résultat du référendum d’adhésion et des élections européennes. Tandis que les enquêtes d’opinion publique peuvent être appréhendées par différentes angles,19 les résultats aux scrutins nationaux reflètent la distribution des préférences avec une plus grande précision. Le référendum en 2003 et puis les élections européennes de 2004 et 2009 sont marquées par un fort taux d’abstention. La préoccupation de la

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que les élections européennes ont été marquées par les gains pour des partis considérés comme eurosceptiques.

Le cinquième constat est le rôle du Václav Klaus. Václav Klaus critique l’Union européenne depuis le début des années 1990. Pourtant, c’est lui qui a signé la demande d’adhésion et qui a participé en tant que président de la République au conseil d’Athènes en 2003 lors de la clôture d’adhésion. Pour beaucoup de gens en République tchèque et à l’étranger, Klaus est le symbole de l’« euroscepticisme ».

Il l’a très ouvertement manifesté lors de la négociation du Traité de Lisbonne.20 Klaus se réfère à Margareth Thatcher, mais sa critique suit des logiques plus particulières. Il reproche à l’UE l’influence de l’Allemagne, la zone euro, le dirigisme économique, les politiques environnementales ou la charte des droits fondamentaux. L’UE n’est pas une priorité dans l’activité politique de Klaus.

Néanmoins Klaus évoque dans ses discours prononcés régulièrement des « philippiques contre Bruxelles ».21

L’impact de Klaus est observable surtout sur le comportement de l’ODS.

Le chef de l’ODS entre 2001 – 2010 Miroslav Topolánek a été obligé de naviguer entre des positions assez schizophrènes. La valse tchèque concernant le Traité de Lisbonne ou le soutien au plan de la Commission pour sortir de la crise financière a provoqué de nombreux commentaires.22 Topolánek a dû se positionner devant différents courants au sein de l’ODS. Pourtant, ces courants n’ont pas été construits autour de l’enjeu européen bien qu’ils l’utilisent stratégiquement.23 Le « désaccord » sur la question européenne a été enfin l’un des prétextes pour le départ de Klaus de l’ODS en 2008. Plusieurs auteurs ont accusé la République tchèque et son gouvernement d'être un « fauteur eurosceptique de troubles ».24

20 KLAUS, V., SLANÝ, M. (2009). Prezident Republiky k Lisabonské Smlouvě. Praha: Euromedia. ; 2009.

Parlement européen. Discours de M. Vaclav Klaus, président de la République tchèque devant le Parlement europén. 19 février 2009. ; KLAUS, V. (2011). Europa? Ausgewählte Reden, Vorträge und Texte des Präsidenten der Tschechischen Republik 2005-2010. Augsburg: Context Medien und Verlag.

21 KLAUS, V. (2010). Projev prezidenta republiky k 28. říjnu 2010 o smyslu našeho státu. Praha.

22 DRULÁK, P. (2009). "La République tchèque à la veille de la présidence de l’UE." Revue d'Études comparatives Est-Ouest 40 (1): 19-44. ; ROSENZWEIG, L. (2008-2009). "République tchèque : une présidence à reculons." Politique internationale (122): 21-48. ; KANIOK, P. (2008). "Předsednictví Rady Evropské unie: billboard pro evropskou integraci? ." Mezinárodní vztahy 43 (2): 25-38.

23 RYJACKOVA, L. (2009). Euroskepticismus a Obcanska demokraticka strana: stranicka platforma? , Filozoficka fakulta - Ustav politologie, Charles University, Prague.

24 COUFALOVA, K. (2010). Obraz České republiky v týdeníku The Economist, především s důrazem na české předsednictví, Institut komunikačních studií a žurnalistiky, Charles University, Prague.

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3. Objectifs et l’organisation de la thèse

3.1. Concepts

La réalisation de cette thèse s’inscrit dans un projet interdisciplinaire ARC

« Résistance à l’Europe » programmé à l’Université Libre de Bruxelles entre 2006 et 2011. Une partie des démarches pratiques et théoriques a été réalisée en collaboration avec l’équipe du projet ANR « Conceptions ordinaires de l’Europe (Concorde, Paris 1 Sorbonne, IEP de Strasbourg, France) ».

Au niveau théorique, nous nous situons entre l’étude des « résistances à l’Europe » au niveau de la théorie générale et l’étude des attitudes européennes en République tchèque. A la différence des approches fondées sur l’analyse secondaire d’enquêtes quantitatives telles que l’Eurobaromètre ou des études similaires organisées par les agences tchèques (notamment le CVVM), nous avons opté pour une méthodologie qualitative sur base d’entretiens semi-directifs.

L’approche presque ethnographique utilisée met en valeur l’acquisition des connaissances à travers l’expérience et la discussion. Très concrètement, il s’agit d’analyser les représentations sociales et les compétences politiques à partir de petits échantillons. Le but est d’analyser le sens des résistances, la complexité de la formation des attitudes et la capacité des gens de construire une relation à l’Europe. La méthode de collecte des données consiste essentiellement en un travail de terrain sous la forme d’entretiens semi-directifs et s’appuie sur la lecture de la littérature secondaire internationale que nous avons dû transposer à la situation tchèque.

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parmi les chercheurs ou parmi les gens tchèques.25 Ils manquent par conséquences des repères, ce qui induit des problèmes au niveau de la compréhension. Ce n’est pas seulement le défi pour notre travail, mais aussi pour l’interprétation des études quantitatives.

En deuxième lieu, les approches ethnographiques ont été relativement peu exploitées pour l’étude des attitudes européennes. Au niveau européen, il s’agit de dizaines de publications en comparaison avec les centaines voir les milliers de publications consacrées à la même problématique, mais abordée sous des angles plus quantitatifs, théoriques ou stratégiques. L’état de la littérature en République tchèque est encore plus pauvre de ce point de vue. Nous n’avons pas trouvé d’études élaborées à partir des méthodes ethnographiques que ce soit au sein des publications scientifiques classiques ou parmi les travaux de fin d’études (licence, master, PhD.) dans les principales universités tchèques.26

Il s’ensuite le troisième problème et c’est même le cadre théorique. Certains théories qui nous ont inspiré pour l’explication des attitudes et le ciblage d’étude de terrain se sont relevées peu porteuses. C’est par exemple le problème de la socialisation, des groupes de référence, l’impact des médias ou la pertinence des programmes des partis politiques.

En effet, c’est la confrontation avec la réalité du terrain et les résultats obtenus lors des interviews qui nous ont poussés à explorer de nouvelles pistes.

L’hétérogénéité extrême des approches et des écoles dans le domaine des études sur les attitudes européennes mène à l’existence d’hypothèses fortement concurrentielles (utilitarisme vs. identité/socialisation etc.). Pourtant elles sont éclectiquement combinées, ce qui rend difficile de s’orienter parmi elles. Mais leur problème principal tient au fait que les généralisations faites difficilement transférables entre les pays. Elles posent également problème quand il s’agit

25Selon les résultats de Google Ngram, un concept développé dans le monde scientifique avait besoin, au début de XX° siècle, de 65 ans pour entrer dans la langue courante et être utilisé. A la fin du vingtième siècle, c’est « seulement » 20-25 ans. (Jean-Baptiste Michel*, Yuan Kui Shen, Aviva Presser Aiden, Adrian Veres, Matthew K. Gray, The Google Books Team, Joseph P. Pickett, Dale Hoiberg, Dan Clancy, Peter Norvig, Jon Orwant, Steven Pinker, Martin A. Nowak, and Erez Lieberman Aiden*. Quantitative Analysis of Culture Using Millions of Digitized Books. Science (Published online ahead of print: 12/16/2010))

26 DRULÁK, P., KÖNIGOVA, L. (2007). "Figuring Out Europe : EU Metaphors in the Minds of Czech Civil Servants." Perspectives (28): 5-23. ; KUBISOVA, V. (2001). "L'image de l'Union européenne dans la conscience des citoyens tchèques." In: L'élargissement de l'Union européenne. Quels enjeux? Quels défis?, ed. RÉAU, E. D. Paris: Presses de la Sorbonne Nouvelle.

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d’expliquer les articulations entre les caractéristiques des individus et la société.

Cela n’est pas sans conséquence sur la compréhension des phénomènes de résistance.

Nous avons consacré la première partie à la recherche théorique de la conceptualisation des résistances et à l’explication des objets de recherche. C’est aussi la raison pour laquelle nous avons passé d’un effort de proposer un modèle explicatif à l’effort de comprendre des dynamiques, de les mettre en perspective et de construire nos propres outils de l’analyse. Pour être le plus précis, nous voulons exprimer l’idée suivant : Tandis que la majorité des études sur les attitudes européennes s’inscrit dans une épistémologie « fondatrice » qui vise les explications à partir d’un ensemble des axiomes et des causalités entre des variables dépendantes et indépendantes,27 notre approche travaille avec une épistémologie dialogique. C’est celle qui s’est développée à partir du relativisme, des travaux linguistiques28 et qui est souvent employée par les spécialistes de la culture. C’est un changement qui mérite des explications. Ils sont inclus dans la partie sur la méthode (Considérations épistémologiques) et dans les chapitres avec des exemples pratiques sur les représentations sociales et sur les compétences politiques.

En se rendant compte de cette situation et de la faiblesse des modèles explicatifs, nous avons commencé à travailler sur notre hypothèse centrale. Selon nous, la clé de compréhension des résistances à l’Europe qui sont exprimées dans les attitudes de citoyens tient dans la capacité des individus à comprendre le changement et sa signification (surtout symbolique) par rapport à l’Europe. La compréhension n’est pas univoque ni mesurable par exemple par une connaissance précise de l’objet du changement. Le changement

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décrit. Il s’ensuite pour nous que des résistances sont un problème de la gestion des processus d’adaptation au changement. C’est une caractéristique ou un attribut du processus. Elle n’est pas un phénomène social isolé qui peut être inséré dans les typologies générales ou inscrit à l’histoire comme un mouvement. Par contre, elle réapparaît pour chaque processus. Elle n’existe pas en dehors du contexte du processus auquel elle se réfère.

L’importance du changement pour les résistances est expliquée dans la première partie de la dissertation. Cette partie explique les différentes perspectives dans la construction de l’objet européen dans la théorie des résistances. Elle introduit aussi une explication de l’approche qui va nous permettre de comprendre comment des cultures parallèles contribuent aux phénomènes de la résistance. En effet, à l’issue de ce chapitre nous allons dorénavant distinguer deux types de résistance : les résistances au processus du changement et les résistances entre les cultures.

Cette hypothèse générale couvre la principale direction de notre raisonnement. Elle a des conséquences très pratiques par rapport aux études déjà faites sur les attitudes européennes. Elle nous a amené à nous interroger davantage sur le concept du soutien / opposition à l’Union européenne selon les questions qui sont formulées dans les questionnaires Eurobaromètre. La recherche théorique va rappeler qu’il y a aujourd’hui plusieurs articles qui défendent l’idée que la relation à l’Europe ne peut pas être exprimée sur un simple continuum « soutien- opposition ». Ces articles démontrent l’importance de l’indifférence ou des expériences subjectives.

Nous allons plus loin en disant que c’est même la culture – le réseau de sens, les rapports de pouvoir, des forces légitimatrices – qui cause que l’indifférence dans les attitudes n’est pas une ignorance, mais qu’elle exprime une existence des autres objets politiques. Au moins deux objets autonomes sont à l’origine de des cultures parallèles. Ils les structurent. Les moyens cognitifs varient d’une culture à l’autre. Ce qui est vu depuis une culture comme de l’indifférence (pourquoi les autres ne s'approprient pas de l'objet de la même façon comme nous?), n’est peut-être qu’une sous-estimation de la situation qui est propre à une

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autre culture. Ce qui est pour les uns une expression de l’indifférence par rapport à ce qui est considéré comme important, c’est pour nous un exemple d’une autonomie culturelle. La partie 3 sur les représentations sociales étudie sur l’exemple d’un échantillon tchèque cette diversité du sens.

Il faut enrichir encore ces réflexions par une contribution sur la construction du sens concernant l’objet du changement et par la suite de la résistance. Par exemple, les approches des constructions identitaires démontrent comment les gens sont différents et construisent leur conscience à travers des dimensions rationnelles et affectives. Il est généralement connu que le processus identitaire est une construction perpétuelle et que des identités interviennent fortement dans la politique.29

Notre objet de recherche est l’étude des représentations sociales. Celles- ci sont des points de départ pour les compréhensions des différences du sens qui influencent les attitudes. Elles expliquent aussi les articulations lors de la recherche du sens, de la formation des opinions, ce qui intervient ensuite dans la problématique des résistances.

La question des compétences politiques qui est analysée dans le dernier chapitre est un outil de l’interprétation. L’un des problèmes souvent étudiés dans le courant de l’euroscepticisme est l’étiquetage des individus. Depuis peu, l’opposition à l’Europe est reconnue comme une contribution positive au processus de l’intégration européenne, ce qui n’a pas de même empêché d’étiqueter certaines personnes d’être eurosceptiques. Nous ne cherchons pas ici une définition ou des critères pour les eurosceptiques. Il nous suffit d’avoir des premières découverts sur les représentations sociales de l’Union européenne, sur les origines des

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formation des attitudes qui sont sans doute plus importants pour l’évaluation du comportement politique.

Cette démarche devrait nous permettre de prendre en compte la variable humaine dans la gestion de ses propres connaissances et des capacités de percevoir le monde autour de soi. Les notions des représentations sociales et de la compétence politique ne sont pas des inventions originales. Nous les empruntons à d’autres disciplines des sciences humaines (anthropologie, psychologie sociale, sociologie de travail) et nous les adaptons à l’étude des attitudes européennes.

Dans les deux cas, nous nous présentons ces concepts à la lumière des découverts récents.

3.2. Organisation des chapitres et questions

Les chapitres sont organisés suite aux questions que nous nous sommes posées lors de notre recherche. C’est d’abord le cadre théorique des résistances, la revue de l’état de l’art sur l’étude des résistances dans les attitudes populaires, les principales hypothèses et les lacunes identifiées. La construction de la problématique nous a amené à un tri dans les théories des attitudes européennes.

Nous avons regardé notamment les aspects pertinents pour la question de la résistance. Cela veut dire dans la plupart de cas la question du soutien ou de l’opposition. Nous avons aussi regardé ce qui est important pour une étude en République tchèque.

A) La première partie est écrite pour répondre aux questions :

1) qu’est-ce que c’est la résistance ? Comment peut-on relier la problématique des résistances aux études européennes ? Quelle est la place pour les citoyens dans les considérations sur les résistances à l’Europe ?

2) Que peut-on faire lorsque les résultats d’études sur les attitudes populaires ne proposent pas de cadres explicatives cohérents ? Leurs conclusions révèlent des difficultés au niveau de la généralisation et des interprétations des analyses statistiques. Comment refléter le fait que le concept de résistance se structure autour deux types distincts de

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synthèses identifiées dans la théorie (résistances au processus et entre des cultures)? Comment peut-on approcher la culture en évitant les pièges de l’extrapolation des analyses secondaires dans les enquêtes de l’opinion ? Quel est le rôle joué par la connaissance dans la relation à l’Europe ?

B) La deuxième partie est consacrée à la méthode. Elle contient des réflexions importantes qui peuvent expliciter notre démarche. Le problème crucial a été la validité des approches ancrées dans une épistémologie fondatrice. Si nous ne nous contentons pas seulement avec la présentation des lacunes, tel qu’ils apparaissent dans la littérature secondaire, nous devrions faire un pas en avant. Le chapitre explique deux types d’épistémologies et leur impact sur la théorie de la connaissance cartésienne. Elle la relativise comme un instrument de recherche en se référant à la théorie de la langue. Par la suite, nous expliquons la dualité de l’homme qui est importante pour ouvrir des questions sur les dimensions de sa relation au monde. En dernier lieu, nous démontrons ces aspects sur deux traditions concurrentielles de conceptualisation de la politique : culture/symboles vs. matérialisme/ institutions. Ce débat justifie par conséquence notre option pour les représentations sociales en tant que l’objet de recherche.

3) Quelle perspective épistémologique faut-il adopter si les cadres explicatifs ne sont pas suffisants pour comprendre les résistances ? S’il faut réfléchir sur les approches pour aborder l’objet dans son processus changeant, comment peut – on le faire? Est-ce qu’il y des théories qui sont susceptibles de clarifier les mécanismes dynamiques entre l’homme et la

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manière dont les considérations épistémologiques et la théorie sont traduites dans la pratique.

La recherche se déroula dans les entreprises tchèques par des observations et des interviews. Nous sommes persuadé que la recherche dans ce milieu nous a apporté des résultats importants. Ils ont affirmé la possibilité (une stratégie) de mener une enquête de ce type dans les entreprises. Une entreprise bien choisie est un panorama de la société locale. En outre, l’approche de ce terrain, l’ambiance qu’il y a et les types des relations humaines invitent aux recherches supplémentaires. On ne peut pas les entièrement décrire dans le cadre de cette dissertation. C’est pourtant une contribution pour ceux qui souhaiteraient expliquer les attitudes à l’Europe avec le concept de la socialisation. Il faut donc avertir que les milieux des entreprises ont échappé pour beaucoup aux logiques collectives, corporatistes ou identitaires pour la structuration des relations sociales. Peut-être est-ce l’absence de ces phénomènes qui a permis à la « qualité » des relations humaines de jouer également un rôle dans la formation des attitudes politiques.

L’incertitude, l’abus des rapports de pouvoirs, le manque de confiance font que le politique peut facilement entrer dans les relations de travail et il peut y avoir des effets nuisibles. Lors des interviews, il y avait des craintes non-justifiées que la discussion sur la politique puisse déboucher sur un licenciement. Cela a été l’un des grands obstacles pour la recherche du terrain.

C) La troisième partie est définitivement consacrée à l’étude des représentations sociales. La présentation des tableaux issus de l’analyse des entretiens est le cœur de notre travail empirique. C’est à partir de plus que 2000 pages des transcriptions, de 100 heures d’interviews et de 7500 repères de codes que nous avons crée des tableaux de synthèse. Chaque tableau peut être utilisé pour un article. Dans le cadre de ce travail, nous nous intéressons notamment aux quatre premiers tableaux sur la représentation sociale de l’Europe et de l’Union européenne. Les 13 tableaux suivants sont présentés pour approfondir l’analyse sur les dynamiques internes, la thématisation des représentations sociales et la structuration de la connaissance des gens.

Références

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