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Submitted on 1 Jan 1907
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Sur la nature de la pression osmotique [Travail de l’Institut de Physique de Pise (Direct. A. Battelli)]
H. Battelli, A. Stefanini
To cite this version:
H. Battelli, A. Stefanini. Sur la nature de la pression osmotique [Travail de l’Institut de Physique de Pise (Direct. A. Battelli)]. J. Phys. Theor. Appl., 1907, 6 (1), pp.402-409.
�10.1051/jphystap:019070060040201�. �jpa-00241221�
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naissance de la variation des effets de l’atmosphère solaire fera con-
naître la variation même de la radiation solaire (’ ) .
On peut d’ailleurs, comme nous l’avons déjà dit, tenter d’acquérir,
par une série d’observations aux hautes altitudes, une connaissance
plus exacte de l’action atmosphérique terrestre et chercher, par
des mesures directes, à vérifier ou à combattre cette dernière hypo-
thèse.
SUR LA NATURE DE LA PRESSION OSMOTIQUE [Travail de l’Institut de Physique de Pise (Direct. A. Battelli)];
Par H. BATTELLI et A. STEFANINI.
i. On admet généralement que la pression osmotique est due aux
’chocs des molécules du corps dissous contre la membrane semi-
perméable qui sépare la solution du dissolvant pur. L’hypothèse de
van’t Hoff, d’après laquelle les substances dissoutes se trouvent dans la solution dans un état ’analogue à l’état gazeux, et l’hypothèse
d’Arrhenius sur la dissociation électrolytique, ont abouti à la théorie
la plus originale des solutions. Cette théorie a donné lieu à d’im- portantes recherches et a trouvé des applications très étendues.
La théorie van’t Hoff-Arrhenius a été confirmée par des expé-
riences variées ; néanmoins plusieurs auteurs l’ont repoussée. Nous
avons déjà eu l’occasion d’exposer longuement (-) les principales
preuves que l’on peut alléguer en faveur de cette théorie et les diffé-
rentes objections qu’elle peut soulever.
Récemment Traube attaqua l’explication que van’t Hoff avait donnée de la pression osmotique. F:n se basant sur de nombreuses expériences, Traube conclut que plus la vitesse osmotiques subs-
tance soluble dans l’eau est élevée, plus cette substance abaisse la constante capillaire de l’eau. Au contraire, les substances qui ne peuvent pas traverser les membranes les substances lJour (1) ’Vilson et Rambaut ont déjà émis cette même hypothèse en 1892 et proposé le même genre de recherches ; ils n’ont pas encore, à ma connaissance, publié de
résultats à ce sujet.
(2) A. BATTELLI et A. STEFAIVINI, la della dissociazione eletl1’olitica. Lucca-
Baroni, 1899.
Article published online by EDP Sciences and available at
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:019070060040201
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lesquelles les membranes sont sem£-permeables) aztgiizentent la cons-
tccnte capillaire de l’eau. Cette relation qui existe entre la capillarité
et l’osmose amène Traube à admettre que c’est Za différence entre les
tensions superficielles qui la direction et la ritesse de l’osmose. La pression osinotique est due à cette différence. D’autre part, Jaeger trouva que la pression osmotique est proportionnelle à
la différence entre la tension superficielle de la solution et celle du dissolvant pur.
Ces conclusions furent repoussées par Monti, qui, en étudiant les
solutions de quelques substances, observa qu’elles se comportent
d’une manière opposée à ce qu’exigeraient les théories de Traube et de Jaeger.
’2. Il nous a toutefois semblé que l’idée de Traube, qui attribue les
phénomènes osmotiques à des différences de tensions superficielles (dans le sens le plus général, c’est-à-dire comprenant aussi bien la
,
diosmose que l’osmose de van’t Hoff), était juste. C’est pourquoi nous
avons voulu rechercher s’il était possible, avec des modifications
opportunes, de concilier l’idée de Traube avec les faits cités et avec
tous les autres faits déjà bien établis.
3. Pour nous mettre dans les conditions dans lesquelles on peut appliquer les conclusions de Traube et de Jaeger, il fallait exclure le
cas des membranes ordinaires et étudier ce qui arrive avec les mem-
branes semi-perméables.
En effet, quand l’eau est séparée de l’alcool au moyen d’une mem- brane animale et que c’est l’eau qui va vers l’alcool, on pourrait
trancher la difficulté présentée par Monti en observant que le fait se
produit parce que la vessie de boeuf s’imbibe d’environ huit fois plus
d’eau que d’alcool. Si on employait au contraire comme membrane
de séparation le caoutchouc, qui s’imbibe d’alcool et non d’eau, ce
serait l’alcool qui irait vers l’eau (’), comme le voudraient les con-
clusions de Moore et de Traube.
C’est pourquoi nous avons voulu étudier la manière de se com-
porter de l’alcool éthylique et de l’eau séparés par une membrane
demi-perméable de ferrocyanure de nickel, sur laquelle l’alcool n’a
.
aucune action.
Avec cette membrane, c’est aussi l’eau qui, dans le premier stade
du phénomène, traverse la membrane pour pénétrer dans l’espace
) DUTROCHET ~in WUXDT, Physique 1nédicale, 1811, p. 126).
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occupé par l’alcool. Ce fait serait contre la théorie de Moore et des Traube et confirmerait les objections de Monti.
4. L’observation et l’examen d’autres faits nous ont amené à modi- fier l’idée de Traube de manière à interpréter les phénomènes con-
nus et à annuler les objections ci-dessus rapportées.
Nous pensons que c’est toujours la différence entre les tensions
superficielles qui détermine le sens de l’osmose; mais nous ne
croyons pas que le passage à travers la membrane doive toujours
se produire depuis le liquide de tension superficielle moindre vers
celui de tension plus élevée, comme le veut Traube.
A notre avis, ce passage doit a,voir lieu cas par cas dans le sens qui
se prête le mieux pour égaliser’ les tensions superficielles des liquides qui se trouvent des deux côtés de la meîîîbreine.
5. Cette nouvelle théorie des phénomènes osmotiques explique
tous les faits connus.
_
a) En effet, dans le cas de l’alcool, si la membrane est absolument imperméable à l’alcool, c’est l’eau qui doit se rendre vers l’alcool ou
vers la solution alcoolique, parce qu’me dilution plus élevée de la solution alcoolique tend à porter à l’égalité les tensions superficielles
des deux liquides séparés par la membrane.
Si la membrane est perméable aussi à l’alcool, en même temps
que l’eau ira vers l’alcool, l’alcool devra aller vers l’eau, parce que.
ces deux passages tendent à égaliser la tension superficielle des deux
côtés de la membrane.
C’est ce que nous avons trouvé avec la membrane de ferrocyanure
de nickel. Il s’établit au début dans l’alcool un excès de pression
d’environ 2 centimètres de liquide; cet excès demeure stationnaire
pendant environ vingt-quatre heures. Au bout de trois jours, la pres- sion interne est devenue égale à la pressio>1 externe; on trouve de- l’alcool à l’extérieur et les deux liquides des deux côtés de la mem-
brane ont une tension superficielle égale.
D’après notre manière de voir, l’inte>isité plus forte ou plus faible
d’un courant vis-à-vis de l’autre doit dépendre des valeurs relatLzves de la variation que subit la constante capillaire d’un des deux
liquides, lorsqu’un n01nbre 1VT de ses iJioiécu1es se mélange avec n mo-
lécules de l’autre.
En d’autres termes, le passage du liquide, qui, à nombre égal de
molécules, produit sur l’autre liquide une variation moindre de la ten-
sion superficielle, devra être plus rapide.
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Quand il s’agit de l’alcool et de l’eau, nous avons trouvé que l’addi- tion d’une molécule d’alcool à N molécules d’eau détermine dans la tension superficielle de l’eau un abaissement qui est plus considé-
rable que l’augmentation observée dans la tension de l’alcool, lors-
qu’on ajoute une molécule d’eau à N molécules d’alcool.
Ce résultat explique pourquoi c’est l’eau qui, au début, se rend en plus grande quantité vers l’alcool, en traversant la membrane ou le
vase poreux dont nous nous sommes servis. Puisque l’échange des liquides doit se faire de manière à égaliser la tension superficielle
des liquides de chaque côté de la membrane, il est nécessaire que les molécules d’eau viennent en plus grande quantité dans la cellule
osmotique ou dans le vase pour diluer l’alcool. En élevant la tension
superficielle de l’alcool, les molécules d’eau contre-balancent l’effet
plus intense produit par un nombre moindre de molécules d’alcool
sur l’abaissement de la tension de l’eau de l’autre côté de la mem-
brane.
b) Les solutions de salycine ne peuvent pas traverser la mem-
brane de ferrocyanure de cuivre (ou ne le font que très difficilement) ;
elles ne peuvent donc pas se rendre vers l’eau pour en diminuer la tension superficielle. Il est, par conséquent, naturel que ce soit l’eau
qui se rende vers la solution. Chaque dilution de la solution de sa-
lycine en augmente la tension superficielle et tend ainsi à égaliser
de la seule manière actuellement possible
-la tension des deux côtés de la membrane.
c) Notre manière de voir, tout en expliquant les anomalies signa-
lées par Monti, rend aussi compte des cas normaux.
Avec les solutions de corps qui augmentent la tension superficielle
de l’eau, comme le chlorure de sodium, le nitrate de potassium, etc., il est clair que c’est l’eau qui doit pénétrer dans la cellule pour y établir la pression osmotique. En effet, si le corps dissous ne traverse pas la membrane, c’est seulement au moyen d’une dilution de la solution qu’on peut porter à l’égalité la tension superficielle des
deux liquides. Toutefois l’arrivée de l’eau cessera quand la pression osmotique aura acquis une valeur suffisante pour lui faire obstacle.
D’après toutes les expériences connues, il n’y a aucune membrane qui soit absolument imperméable aux molécules des substances dis- soutes dans l’eau. C’est ce que démontre entre autres le fait que
l’épaisseur des membranes dites semi-perméables s’accroît d’au-
tant plus que dure l’action des liquides membranogènes.
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Si l’osmose se produit dans le sens le plus apte à égaliser les ten-
sions superficielles des deux côtés de la membrane, il est naturel
que le corps dissous passe
-s’il le peut
-en partie, dans l’eau
pure. En effet ce passage, de même que le passage de l’eau dans la solution, tend à égaliser les tensions superficielles. Si pourtant les
molécules des corps dissous ont de la difficulté à passer à travers la membrane, le passage de l’eau sera plus abondant, en supposant
que l’eau puisse pénétrer librement à l’intérieur du vase, c’est-à- dire si le vase est ouvert.
6. Il faut donc attribuer la cause déterminante de la pression osmotique à la différence entre les tensions superficielles des deux liquides et non aux chocs des molécules du corps dissous contre les
parois qui leur sont imperméables.
Étant donné l’importance capitale de ce résultat, nous avons
voulu le confirmer d’une manière plus directe.
D’après van’t Hoff, si une membrane semi-perméable sépare
deux solutions, la pression osmotique ne doit s’établir dans la so-
lution qu’à une concentration moléculaire supérieure.
D’après ce que nous avons exposé jusqu’ici, si une membrane semi-perméable sépare deux solutions de tension superficielle égale,
il ne s’établira aucune différence de pression, bien que ces solutions
ne soient pas équimoléculaires.
L’expérience a donné des résultats tout à fait conforrnes à nos
conclusions.
En effet, avec un osmomètre à ferrocyanure de nickel, nous avons.
trouvé que des solutions ayant tension superficielle égale, placées
des deux côtés de la membrane, sont toujours en équilibre osmotique,
bien qu’elles soient pas éq uiînoléculci ires.
Par exemple nous avons trouvé qu’une solution de MgSO f à
1,78 0/0 a la même tension superficielle qu’une solution de Na2S04 à 1,11 0/0.
En plaçant une de ces solutions à l’intérieur et l’autre à l’exté- rieur de la cellule osmotique, il ne s’est établi aucune différence entre
la pression interne et la pression externe.
,On pourrait objecter que, lorsqu’il s’agit de solutions électro- lytiques, une dissociation différente des deux corps dissous pourrait
rendre compte du fait.
Mais nous avons obtenu le même résultat avec des solutions de
sucre et de mannite. De telles solutions ont la même tension super-,
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ficielle, mais ne sont pas équimoléculaires; cependant, en plaçant
une de ces solutions à l’intérieur et l’autre à l’extérieur de la cellule,
nous avons toujours trouvé qu’elles étaient en équililile osmotique.
7. Notre manière de voir rend aussi compte des faits observés par Oker-Blom (1), lorsqu’une membrane de ferrocyanure de cuivre séparait une solution de CUSO " d’une solution de NaCl de concen-
tration moléculaire beaucoup plus élevée.
Au début, la tension superficielle de la solution de NaCl étant
plus élevée que celle de l’autre solution, ce sera le NaCl qui passera de l’autre côté de la membrane. En même temps l’eau passera en
sens inverse pour venir diluer la solution plus concentrée, parce que ces deux passages auront pour effet de diminuer la différence entre les tensions superficielles des deux côtés de la membrane. Mais,
à un moment donné, l’eau ne devra plus se rendre du CUS() au NaCl.
En effet, par suite des modifications dans les concentrations, si
la soustraction d’eau du côté où se trouve la solution de CùS04 se
prolongeait davantage, il se produirait dans la tension superficielle
de la solution mélangée de NaCl et de CUSOI une augmentation
a
supérieure à la diminution que l’addition de la même quantité d’eau
déterminerait dans la tension de la solution restante de NaCl. L’équi-
libre devrait donc se maintenir à partir de ce moment. Mais, comme
le NaCl peut passer à travers la membrane, sa présence n’a plus
aucun effet, et l’action du CUS04 se manifeste seule. Ce dernier sel
ne pouvant pas traverser la membrane, ce sera l’eau qui entrera
dans la solution de CUSOI pour en diminuer la tension superfi- cielle ; c’est ce que nous avons déjà vu se produire pour d’autres cas
analogues.
’
.