HAL Id: jpa-00241254
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Recherches sur la capillarité
H. Ollivier
To cite this version:
H. Ollivier. Recherches sur la capillarité. J. Phys. Theor. Appl., 1907, 6 (1), pp.757-782.
�10.1051/jphystap:019070060075700�. �jpa-00241254�
757
RECHERCHES SUR LA
CAPILLARITÉ ;
Par M. H. OLLIVIER (1).
Toutes les
complications qu’on
rencontre dans l’étude desgouttes disparaissent
parl’emploi
despetites gouttes.
Deplus,
un certainnombre de
phénomènes
seprêtant
à des mesures(formation
de lagoutte
en deuxtemps
sous l’influence d’un corpsélastique ; rejail-
lissement
simple
etrégulier)
ne s’observentqu’avec
lespetites gouttes.
FIG. ’~. - Dessins calqués représentant la chute d’une petite goutte.
I. Les
gouttes
d’eau de moins de 10 millimètres cubesqui s’échappent
d’un orificepercé
dans uneparoi
enduite decire, puis enfumée,
sont de volume constant.Quand
elles sedétachent,
elles nelaissent à l’orifice
qu’un petit
mamelon de volumenégligeable.
Elles ne
présentent
pas, comme les grosses, deligament
visible ni degoutte
satellite. Iln’y
aplus
àdistinguer
lagoutte
tombée et lagoutte
totale4 i).
Leur forme est très sensiblement
sphérique
dèsqu’elles
sontdétachées. Leur
poids
est donné par la loi de Tatecorrigée
de lapression hydrostatique (formule
deGuglielmo) :
T,
tensionsuperficielle;
’
P, poids
de lagoutie ; R,
son rayon moyen;r, rayon de l’orifice.
Ce
poids
diniinuequand
la durée de formation descend au-dessous de 1 ou 2secondes,
résultat conforme auxprévisions théoriques.
{l) C0111n1unication faite à la Société française de Physique : séance du 17 mai 1907.
Le mémoire détaillé a été publié, en février et mars 1907, dans les Annales de Chimie et de Physique (8e série, t. X, p. 229 à 321). Quelques expériences plus
récentes sont, en outre, indiquées dans cet article.
Article published online by EDP Sciences and available at
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:019070060075700
758
Au
contraire,
lepoids
des grossesgouttes
varie en fonction de la vitesse d’écoulement d’unefaçon
trèscompliquée
et dont il est trèsdifficile de rendre
compte.
II. Influence de la
compressibilité
sur la formation desgouttes.
-Lorsque
leliquide envoyé
à l’orifice d’écoulementpeut,
au lieu degrossir
lagoutte, comprimer jusqu’à
un certaindegré
un corpsélastique,
le mode de formation de lagoutte
estprofondément changé. L’expérience peut
se faire avec divers orifices d’écoulement.Les
petits
orificespercés
dans uneparoi
enduite decire, puis enfumée,
sont debeaucoup
les meilleurs(’ ) .
L’appareil employé
dans le cas de l’eaucomprend :
1° un réser-voir recevant de l’eau
parfaitement
filtrée et de niveau constant ;2° un
filtre ;
3° un robinet àpointeau,
membrane et vis différen- tiellepermettant
unréglage
trèsdélicat ;
41 unepetite
chambre Aen nickel
épais, portant
lepetit
orifice d’écoulement. Toutes lespièces
sontrigides
et laplus petite
bulle d’air a étésoigneusement expulsée.
Dans ces
conditions, quand
unepetite goutte
sedétache,
lepédoncule qui
la rattache à l’orifice s’amincit et se coupe(2).
Lagoutte tombe,
mais elle laisse à l’orifice d’écoulement unménisque
très bombé
(de poids
d’ailleursnégligeable), qui grossit rapidement
et
qui
devient lagoutte
suivante. Autrementdit,
dèsqu’une goutte tombe,
lagoutte
suivanteperle.
Au
contraire,
si la chambre A renferme une bulled’air,
ou sielle
communique
avec le robinet par un tube decaoutchouc,
onconstate
qu’après
la chute d’unegoutte
la suivante ne se montre pas tout de suite. Il faut attendre untemps bj. Brusquement,
lagoutte perle ;
en untemps inappréciable
àl’oeil,
elle a presque atteint sa grosseurdéfinitive ;
ellegrossit
ensuite lentement pen- dant une secondepériode 62, puis
elle tombe.Ordre de
grandeur
duphénomène :
Avec des
gouttes
de 5milligrammes
environ(et
un débit de900
milligrammes
àl’heure),
une bulle d’air deocm3,2 produit
unepériode
d’attente0j =
lapériode
degrossissement
lent est0;,) ==: 8s, 5.
Plus le volume de la bulle d’air est
grand, plus
lapériode
(1) Il faut absolument éviter que la cire pénètre dans le trou.
(2) Voir fige 1.
759 d’attente
6,,
estlongue
etplus
lagoutte perle brusquement
aubout de cette
période
d’attente.Et
même,
si le volume de la bulle d’airdépasse
une certainevaleur,
leliquide
sort avec tant de violence au bout dutemps 8~
1qu’il s’échappe
en unjet
de faible durée.EXPLICATION DU PHÉNOMENE. - La formation d’une
goutte
à unorifice non mouillé de rayon r débute par la formation d’un très
petit mamelon, qui,
d’abordplat,
devientprogressivement hémisphérique
et de rayon r. Son volume estnégligeable ; mais, pendant
saformation,
lapression capillaire augmente
et atteint son maximumavant que l’on
puisse apercevoir
lagoutte.
Le robinet envoie de l’eau dans la chambre A
(qui porte l’orifice) ;
les corps
élastiques qui
y sont contenus secompriment jusqu’à
ceque la
pression devienne b;
c’est lapériode bj .
Dès que lapression dépasse ~,
le renflementgrossit,
son rayon de courbureaugmente,
lapression capillaire
diminue trèsvite ;
les corpsélastiques qui
étaient
comprimés
dans A se détendentrapidement
et lagoutte perle
en untemps
très court; c’est larupture
d’unéquilibre
instable.La
période 0,
doit donc êtreproportionnelle
au volume du corpsélastique
enfermé dans A. C’est bien ce quel’expérience
montre.Si la bulle d’air est enfermée dans un tube de verre
communiquant
1
avec
A,
on voit très bien dans ce tubel’augmentation progressive
de la
pression jusqu’au
maximum (D et la détentebrusque
de l’airqui
faitjaillir
leliquide
de l’orifice.La
goutte, ayant grossi pendant
letemps 0, jusqu’à
avoir sonrayon maximum
R,
se détache à lafaçon
ordinaire. Mais leménisque
très bombé
qu’elle
laisse derrière elle à l’orifice d’écoulements’aplatit aussitôt(4) jusqu’à
avoirR pour
rayon decourbure;
lapression
dans la chambre A est, au moment dudétachement,
valeur
petite.
Le robinet
envoyant
sans cesse(mais toujours
trèslentement)
de(1) En un temps beaucoup trop court pour pouvoir être apprécié.
760
l’eau,
lesphénomènes
décrits ci-dessus sereproduisent
dans lemême ordre.
APPLICATION S . - Au lieu
d’employer,
comme corpsélastique, quelques
dixièmes de centimètre cubed’air,
onpeut employer quelques
litres(2
à4)
d’unliquide
enfermé dans unrécipient épais
en communication avec A. On mesure la
période
d’attente sanstoucher au
robinet,
on détermine le volume d’air vqui
donne lamême valeur de
0,
que le volume V duliquide employé.
Ces volumes V et v subissent donc la mème diminution de volume 3,v pour la variation depression employée.
On a donc lerapport
des compres- sibilitésapparentes
de l’air et duliquide.
On en déduit biensimple-
ment la
compressibilité
duliquide.
On n’a pas à mesurer la du volumeAv,
comme dans les méthodesemployées jusqu’ici
pour l’étude de la
compressibilité.
On mesure le volumebeaucoup plus grand
v.En
plaçant
successivement dans le mêmerécipient plusieurs liquides,
on a les différences de leurscompressibilités (’).
En
plaçant
unliquide
decompressibilité
connue dans une enve-loppe solide,
on trouve ainsi le coefficient d’élasticité de cette enve-loppe.
Cette méthode ne met en
jeu
que des variations depression
dequelques
centimètres d’eau. Elle convientparticulièrement
à lamesure des coefficients d’élasticité des
enveloppes
minces et fra-giles,
et de cellesqui présentent
des déformationspermanentes.
Elle donne la valeur vraie du coefficient
d’élasticité,
c’est-à-dire la dérivée du volume parrapport
à lapression.
Sa sensibilité estréglable
à volonté. Onaugmente
laprécision
enprenant
des ori- fices étroits et en serrant le robinet defaçon
à avoirpour 0,
desvaleurs de l’ordre de la minute.
Je pense que cette méthode donnerait de bons résultats pour l’étude du
point critique
de certains corps, lacompressibilité
isotherme étant infinie au
point critique.
CAS DE L’AIR. - L’air est enfermé dans un tube horizontal
communiquant
avec la chambre A. Le volume de la bulle est v. Lapression
de l’air de la bulle est :( 1 ~ Les coefficients de compressibilité des solides peuvent être .mesurés par
le même procédé.
761
B, pression atmosphérique augmentée
de lapression
fixe résul- tant de la différence de niveau entre l’orifice d’écoulement et le tube àair ;
p,
pression capillaire développée
à l’orificed’écoulement ;
f,
tension maxima de la vapeur d’eau(l’air
de la bulle estsaturé).
Soit ’lit)
le volume de la bulle mesuré au moment où lapression barométrique
estH,.
On a,puisque
latempérature
est constante,,Pendant le
temps dt,
lapression capillaire augmente
dedp.
Levolume v diminue. La valeur de cette diminution est :
1
D’autre
part :
Soit h la différence de niveau entre l’eau du réservoir et l’ori- fice d’écoulement. Pendant le
temps dt,
le robinet envoie dans la chambre A un volume d’eauégal (où
p est une constantequi
caractérise ledegré
d’ouverture durobinet).
Cevolume est
égal
à dv.vr 1’BB’" ,
Dans toutes mes
expériences, h
restait trèsgrand
devant c~. L’er-reur commise en
remplaçant (dans
cette dernièreformule) p
par sa valeur moyenne étaitinsignifiante.
Il est facile de trouver cette valeur moyenne et
d’intégrer l’équa-
tion.
A
l’origine
dutemps (moment
du détachement d’unegoutte),
leménisque
a pour courbureR,
rayon maximum d’unegoutte.
Lapression m
apour
valeur :Au
temps 0,,
lapression ?
atteint son et lagoutte perle.
La valeur moyenne
de ? est (b + 8.
D’où la formule :762
Expériences
sur les corps peucompressibles.
- Je me suis servipour ces
expériences
d’un grospiézomètre cylindrique
en acier(capacité,
3860 centimètrescubes ; épaisseur
desparois,
i5 milli-mètres)
entièrementimmergé
dans une cuve d’eau. L’orifice ducouvercle,
tourné vers lehaut,
se raccordait avec l’une des branches d’un gros robinet à trois voies(sans fuites).
La deuxième branche de ce robinetcommuniquait
avec un tube horizontal àair,
et la troisième avec la chambre A
portant
l’orifice d’écoulement.Je suis arrivé à
remplir
lepiézomètre
d’eau ne renfermantplus
que
d’insignifiantes
traces de gaz.J’ai d’abord cherché le volume d’air
équivalant
aupiézomètre plein
d’eau. J’aiplacé
dans le tube à air 210 millimètres cubes d’air mesurés sous lapression Ho =
i 018 centimètres d’eau à latempé-
rature de
181,05.
Je tournais le robinet à trois voies defaçon
àmettre la chambre A alternativement en communication avec le
piézomètre
et avec le tube à air :J’ai ensuite introduit dans le
piézomètre,
au moyen d’un enton- noircapillaire, 2
litres de mercure, enopérant
sous l’eau defaçon
à ne laisser entrer aucune bulle
d’air ; 2
litres d’eauayant
été ainsiremplacés par 2
litres de mercure,j’ai
mesuré0, (le
robinet àpoin-
teau
ayant
été un peuplus serré) :
Il est facile de déduire de ces chiffres la différence des coefficients de
compressibilité
de l’eau et du mercure et le coefficient d’élas- ticité du vase d’acier.Soient :
E,
lacapacité
dupiézomètre ; M,
le volume du mercure ;(E
-M),
le volume del’eau ;
~,
le coefficient d’élasticité dupiézomètre ;
p, le coefficient de
compressibilité
du mercure ;"11, le coefficient de
compressibilité
de l’eau. -Pendant le
temps dt,
lapression capillaire augmente
dedm.
L’augmentation
decapacité
dupiézomètre
est763 La diminution de volume du mercure est
La diminution de volume de l’eau est
(E - M) -ridp -
La somme de ces trois
quantités
est :D’autre
part :
Pendant le
temps dt,
le robinet envoie dans la chambreA
unvolume d’eau
égal à p (h - fi)
dt. Ce volume estégal
à dv :Comme dans le cas de
l’air,
onpeut,
sans erreurappréciable,
rem P lacer p ar sa valeur On a donc :
remplacer ?
par sa valeur moyenne2 -
On a donc:Première mesure. - Piézomètre
plein
d’eau :La formule
(II)
donne :mesure. - Tube à air :
04
~115,3 ;
P n’a paschangé.
Laformule
(1)
donne :d’où
764
Troisiè»ie mesure. - Piézomètre (eau et
mercure) :
La formule
(II)
donne :- Tube à air :
61
=15S; p’
est le même que dans la troisième mesure. La formule(I)
donne :En divisant membre à membre les
équations (3)
et(4),
on éli-mine
P’.
Onconnaît 1 +
~. On a la valeurde Y,
- IL :Or IL =
0,39 X 10-H
C. G. S.(d’après
M.Amagat,
Annales deChim. et de
Phys.,
t.XXII, 189~~.
Il en résulte les valeurs suivantes :
COMPARAISONS AVEC LES RÉSULTATS ANTÉRIEURS. - Un
grand
nombre de
physiciens
ont mesuré le coefficient decompressibilité
de l’eau
(on
trouvera une liste détaillée des indicationsbibliogra- phiques
dans les Tables deLandolt).
Les résultats sont assezdiscordants.
765 Le coefficient de
compressibilité
décroît avec lapression (Colladon
etSturm).
Il tombe à la moitié de sa valeur pour unepression
de 3 000 at-mosphères (Amagat,
loc.cit.,
et aussiComptes Rendus, 1893,
p.Le nombre
4,72
X 10-11 C. G. S. donné par la méthodecapillaire
est
plus grand
que les nombres antérieurement trouvés pour descompressions plus
fortes et serapproche
du nombre déduit de lavitesse du son.
EMPLOI DES GOUTTES DE MERCURE. - Sous l’influence d’un corps
élastique,
lesgouttes
de mercuredonnent,
comme lesgouttes d’eau,
deux
périodes 0,
1 et82.
Pour un même orifice et un même
débit,
la valeur de0,
estenviron six fois
plus grande
pour le mercure que pour l’eau. La sensibilité est sigrande
quel’expérience
est difficile à faire. Deplus,
si l’on se sert pour faire écouler lesgouttes
d’un tube de verreétiré,
on constatequ’après
la chute d’unegoutte
leménisque
remonte dans le tube d’une
quantité proportionnelle
au volume v du corpsélastique influençant.
Leménisque
revient à l’orificependant
le
temps 0, ;
lagoutte perle
alors tout d’un coup,grossit
lentement(période °2)’ puis
tombe. La mesure de l’ascension duménisque pourrait,
dans lesapplications, remplacer
celle de9~ .
I11. Contact de l’eau avec les surfaces enfumées. - A vant d’étudier d’autres
phénomènes présentés
par lespetites gouttes,
il est néces-saire
d’indiquer
lesprincipales propriétés
des surfacesenfumées,
dont il sera constamment
question
dans la suite.On
peut distinguer,
aupoint
de vue despropriétés capillaires
del’eau,
troisespèces
de surfaces solides :10 Les surfaces mouillées
(cas
du verre trèspropre) ;
20 Les surfaces
touchées,
mais non mouillées(cas
de lacire,
dusuif, etc. ) ;
3° Les surfaces non touchées.
C’est le cas des surfaces suivantes :
’f° Métal
poli
enduit d’un peu de cire et recouvert soit de noir defumée,
soitd’anhydride arsénieux ;
2° Surface
polie
enduite decire,
deparaffine,
desuif,
etc., etrecouverte de
poudre
delycopode;
3° Feuilles de diverses
plantes.
L’eau ne mouille pas du tout une telle surface et ne touche que les
sommets des très
petites aspérités
dont elle est hérissée. Onaperçoit
entre la
goutte
et leplan
une couche d’airinterposée qui produit
la766
réflexion totale de la lumière.
L’angle
de raccordement estnul,
comme dans le cas de la caléfaction. La
goutte
roule sans aucunfrottement pour la
plus petite
inclinaison duplan.
De toutes ces
surfaces,
les meilleures sont les surfacesmétalliques polies,
enduites de cire et enfumées. On chauffe laplaque,
on la frotteavec un
tampon
de coton imbibé d’une solution filtrée de cire dans labenzine,
on laisse refroidir. On enfume ensuite laplaque
enplusieurs
fois en la
passant
vivement dans la flamme d’unelampe
àpétrole
àrnèche
large
etplate.
Il ne faut enfumer ni dans lapartie supérieure de
laflamme
(le
noir ne tiendraitpas),
ni dans lapartie
inférieure. Il faut éviter l’échauffement de laplaque ;
on ne doit pas voir fondre la cire.Au bout de
quelques jours,
onplonge
laplaque
dans une cuvetted’eau. ’
Pour s’assurer que
l’angle
de raccordement estnul,
onpeut
obser-ver le
dégagement
de l’air au contact d’une surface enfuméeplongée
dans l’eau. L’air s’étale indéfiniment sur la surface et ne donne un
angle
de raccordement sensiblequ’aux points
où se trouvent de gros fumerons.On
immerge
dansl’eau,
dans uneposition
un peuinclinée,
unelarge plaque
enfuméepercée
d’unpetit
trou. Untube,
soudé à laplaque
du côtéopposé
aunoir, permet d’envoyer
un courant d’air parce
petit
trou. Lejet d’air,
au lieu de sedégager
normalement à lasurface,
s’étale en une nappe brillante(i)
extrêmementlarge, aplatie
sur le noir de fumée.
Si,
en certainspoints,
le noir a ététouché, imprégné
de cire oulavé à
l’alcool,
la brillante nappe d’air contourne les zones altéréessans
ja
mais en franchir la limite.Si la surface est bien horizontale
(le
noirdirigé
vers lehaut),
l’airforme de grosses bulles dont
l’angle
de raccordement est nul etqui
courent sur la surface avec une extrême mobilité pour la moindre inclinaison du
plan.
Si l’on verse une
goutte
d’alcool sur le trou, le noir de fuméeperd
immédiatement ses
propriétés :
l’air sedégage
directement de l’ori- fice en unjet
normal à laparoi.
Ces
phénomènes
sontcomparables
auxphénomènes
bien connusprésentés
par l’eau en contact avec une surfacequ’elle
mouille par- faitement.(1) Brillante à cause de la réflexion totale.
767 Les surfaces enfumées
pourraient
être nommées surfacesparfaite-
ment
mouillées para
l’ccir.ADHÉRENCE NORMALE On forme une
goutte
d’eau au bout d’untube vertical Q, et l’on arrête l’arrivée de l’eau un peu avant que la
goutte
ne se détache. Laplus petite
force verticale que l’onajoute
alors au
poids
de lagoutte
provoque le détachement.Une
petite
surface S horizontaleplacée
sous lagoutte peut
monterou descendre à
volonté;
onpeut
l’amenertangente
aupoint
leplus
bas de la
goutte,
la remonter encore un peu et la faire redescendre ensuite très délicatement.Si cette
petite
surface S est du verre propre ou du verre enduit decire,
deparaffine,
etc.(surfaces
des deuxpremiers groupes),
lagoutte
se détache du tube Q et sedépose
sur lasurface ;
onpeut
direqu’il
y a adhérence de l’eau suivant la normale.Si la surface S est
enfumée,
onpeut
la faire redescendre sans déta- cher lagoutte
du tube Q. L’adhérence de l’eau sur les surfaces enfu- mées est nulle dans le sens de la normale.ADHÉRENCE TANGENTiELLE. - Si l’on considère une surface solide
plongée
dans unliquide
en mouvementqui
lamouille,
la coucheliquide placée
auvoisinage
immédiat de laparoi
adhère au solide eta une vitesse nulle. C’est sur cette couche
liquide
immobile que les autres couchesliquides
viennent frotter. Iln’y
a pas deglissement
àla
paroi (Whetham).
Il en est de même dans le cas de l’eau sur le verre
argenté
et dansle cas du mercure sur le verre.
Il
n’y
a pas nonplus
deglissement
à laparoi
sur les surfaces enfumées.J’ai fait à ce
sujet
ungrand
nombred’expériences
avec deuxdisques
horizontaux de 1~ centimètres dediamètre,
dont l’un est fixeet dont
l’autre, suspendu
à un fil detorsion,
oscille autour de ce filau-dessus du
premier disque.
Lesdisques sont plongés
dansl’eau.
Onpeut
faire varier leur distance d deomm,3
à 60 millimètres. J’ai mesuréen fonction de d les valeurs du décrément
logarithmique qui exprime
l’amortissement des oscillations. Ces valeurs sont les
mêmes,
que lesdisques
soient nus, enduits de cire ou enfumés. Leglissement
à laparoi
est donc le même dans les trois cas. Comme il est nul pour les surfaces que l’eaupeut mouiller,
il résulte de mesexpériences qu’il
est nul pour les surfaces enfumées. Un
glissement
à laparoi
condui-sant à
remplacer
la surface par une surfaceparallèle
distante de la768
première
de deux foisl’épaisseur
de l’enduit aurait été mis en évi- dence.IV.
Étude
directe etchronophotographique
durejaillissement régu-
lier des
petites gouttes.
- DESCRIPTION DU PHÉNOMÈNE. - Unepetite
goutte
d’eau G tombe d’une hauteur dequelques
centimètres sur uneplaque métallique inébranlable,
un peu inclinée et enfumée avecles
précautions
ci-dessusindiquées.
Lagoutte s’aplatit
par lechoc, puis prend
très vivement une formeplus
ramassée et rebondit en sedivisant en deux
gouttes qui
sontprojetées
en l’air :1° Une
gouttelette G’,
dont le diamètrepeut dépasser le 1
3 de celuide
G,
estprojetée
avec une trèsgrande
vitesse normalement à laplaque
et décrit uneparabole
en vibranténergiquement ;
elles’élève,
en
général, beaucoup plus
haut que l’orifice d’écoulement(et même,
dans certains cas,
beaucoup plus
haut que le niveau duliquide
dansle
réservoir).
C’est pour celaqu’il
faut incliner un peu laplaque,
sinon cette
goutte
G’ seraitprojetée juste
sur l’orifice d’écoulenient.Cette
gouttelette
G’ retombe sur leplan
enfumé etrejaillit
à sontour;
2° La
partie principale
r de lagoutte
s’élève à i centimètre ou2 centimètres en vibrant très
énergiquement,
cequi produit
debeaux
jeux
de lumière. Elle estprojetée
dans la direction donnée par la loi de la réflexion. Elle décrit uneparabole,
retombe un peuplus
loin sur lasurface,
où elle rebondit de nouveau.Le
phénomène
est admirablementrégulier
si lesgouttes
sont ..petites,
si elles tombentrégulièrement,
si laplaque
a été enfumée’
comme on l’a vu au
paragraphe Ill,
et si elle est bien immobiles. Dès que deux ou troisgouttes
ontrejailli,
onpeut
en faire tomber untrès
grand
nombre au mêmepoint;
lagouttelette
G’projetée
enl’air
chaque
fois décrit exactement la mêmetrajectoire :
unepetite pointe
de verrehorizontale, placée
aupoint
leplus
haut de latrajectoire,
recueille toutes lesgouttes
G’. Si l’on met un écran entre l’orifice d’écoulement et laplaque
sans toucherà l’appareil
et s il’on enlève cet écran le lendemain pour observer le
rejaillissement,
les
gouttes
G’ viennent encore s’embrocher sur lapointe
de verre. ,Il faut
éviter,
en faisant cesexpériences,
de soufner sur lesgouttes
en
respirant;
il est bon de mettrel’appareil
dans unepetite
cage deverre pour éviter tout courant d’air.
Ces
phénomènes
ne seproduisent
que sur les surfaces non touchées769 par l’eau
(Voir § III),
c’est-à-dire sur les surfaces enfumées ouenduites
d’anhydride
arsénieux ou delycopode.
On n’observe aucun
phénomène
de ce genre sur les surfacesgraissées, cirées, vaselinées,
etc.Si l’on a, par
exemple,
une surface enduite de cire etqui
a étéenfumée sans fondre la
cire,
elle donne un très beaurejaillissement.
Si l’on chauffe un peu la
plaque,
la cirefond, englobe
le noir defumée et forme me sorte de vernis que l’eau ne mouille pas
plus
que lacire;
mais la surface est devenue lisse au lieu d’êtrehérissée;
le
rejaillissement
est totalementsupprimé.
De
même,
lespetites gouttes
de mercurerejaillissent
très biensur les mêmes surfaces enfumées et ne
rejaillissent
pas sur le verrepropre, que
pourtant
elles ne mouillent pas.PREMIÈRE SÉRIE D’EXPÉRIENCES. - Le
rejaillissement
nedépend
pas de la nature de la surface
frappée,
pourvuqu’elle
ne soit pas touchée par l’eau. Le noir defumée, l’anhydride
arsénieux et lelycopode
donnent lieu au mêmerejaillissement.
DEUXIÈME SÉRIE D’EXPÉRIENCES. - Tlccricctions du
rejaiZZissement quand
la hauteur de z varie seule. - On fait descendreprogressivement
la surface enfumée. zaugmente
dequantités
connues.
Pour de faibles hauteurs de chute
(1 centimètre),
lagoutte qui
tombe rebondit sur la surface en
vibrant,
mais elle ne se divise pasen deux
gouttes
r et G’.Lorsque
la hauteur de chuteaugmente,
la hauteur àlaquelle
s’élève lagoutte
en rebondissant s’accroîtrégulièrement.
.~ croissant
toujours,
on finit parapercevoir
desgouttelettes
extrê-mement
petites
etprojetées,
extrêmement haut(à
une hauteur de 30ou 40 fois la hauteur de
chute).
Sans la résistance del’air,
lahauteur atteinte serait encore bien
plus grande.
Il y en aquatre
oucinq
formant unepetite gerbe.
Elles sont tellementpetites qu’il
estimpossible
de les voir sans unéclairage
latéralpuissant,
l’oeilregardant
sur un fondnoir,
et leurtrajectoire change
tellement sousl’influence des
plus petits
courants d’air que les mesures sontimpossibles.
On ne les voit d’ailleursqu’avec
desgouttes
d’aumoins 8
milligrammes.
Lesgouttes
de 4milligrammes
ou de 5 milli- grammes ne donnent pas degerbe
visible.Il se
produit
alors unphénomène singulier. Jusque-là
on entendaitau moment du
choc,
en faisant bienattention,
un bruit très faible et770
très sourd. Il en est ainsi
jusqu’à
une valeurcritique
de .~. Si zdépasse
cette valeurcritique
d’unequantité
faible.1
50demillimètre v
on entend un bruit bien
plus fort,
hienplus aigu, qui
ressemble àun
pétillement
de faible durée. Si l’onaugmente
tout doucement la hauteur de chute N~, on constate que ce bruitaigu présente
une sériede crescendo et decrescendo très
accusés;
les decrescendo vontjusqu’à
l’extinction.Après
un derniercrescendo,
le bruit ne s’entendplus
du tout pour aucune autre valeur de .~~.Le
phénomène
est exactement le même si l’onremplace
laplaque
enfumée par diverses
plaques
enfumées de dimensions trèsvariables,
ou par une
pièce
creuse. Il nedépend
aucunement del’objet frappé,
pourvu que la surface de cet
objet
soit enfumée. On n’a rien sur unesurface
graissée.
L’influence de la vitesse
d’écoulement
sur cephénomène
est consi-’ ’
c
B
dérable.
Quand
lesgouttes
se succèdent un peuvite seconde»
on n’entend
plus
le bruit.,~
ayant augmenté
au delà de la zone où l’on entend lebruit,
on netarde pas à observer un
rejaillissement régulier simple,
avec subdi-vision de la
goutte;
etprojection
d’unegoutte G’;
c’est lephéno-
mène décrit en tête de ce
chapitre.
La
goutte
G’ est d’abord trèspetite
et va très haut(30
centi-mètres).
La hauteurqu’elle
atteint varierapidement
avec z enprésentant
des séries de maxima et de minima.Il
apparaît quelquefois
unegouttelette F-
abandonnée très peu detemps après
lechoc ;
elle tombe etrebondit ;
ou bien elle décrit unetrajectoire rectiligne
sur la surface enfumée..~y croissant
toujours,
lagouttelette projetée
G’ devient très belle.La
gerbe signalée
ci-dessus par des valeurs inférieures de z ne se voitplus
du tout. L’admirablerégularité
duphénomène permet
de faire l’étude des variations de Zl en fonction de ,~ .Quand z dépasse
10centimètres,
il y aplusieurs gouttes projetées;
et, si z continue à
croître,
on n’observeplus qu’un éparpillement
dela
goutte
sur la surface et des éclaboussuresirrégulières.
VARIATIONS DE Z’ EN FONCTION DE -1. - Ces variations sont
repré-
sentées par des courbes très
compliquées.
La détermination d’un trèsgrand
nombre depoints
estindispensable ; l’expérience
estdonc fort
longue (dix heures).
771 J’ai tracé un assez
grand
nombre de ces courbes. Elles ont toutesla même allure. Je me contente d’en donner une
(fig. 2).
FIG. 2.
Données de
l’expérience :
Poids des
gouttes, 7’~~, 60 ;
Durée de la
formation, ~.~,~-~.~ ;
Pente de la surfacefrappée,
90/0 ; Abscisses,
valeursdue -,;
Ordonnées,
valeurs de Zl.Les
points marqués
M et m sont lespositions
des maxima et desminima calculées
d’après
les formules de la vibration desgouttes.
RATTACHEMENT DE CES FAITS A LA V1BRATION DES GOUTTES. - Ces maxima et ces minima
correspondent
aux espaces parcourus par lagoutte pendant
lespériodes
successives de sa vibrationUne
goutte
se détache étantallongée ;
la tensionsuperficielle
tendà rendre la
goutte sphérique.
Elles’aplatit donc ; mais, quand
laforme
sphérique
estatteinte, l’aplatissement
continuejusqu’à
uncertain
degré.
Lespressions capillaires
intervenant en sens con-traire tendent à
allonger
lagoutte,
etc. La vibration s’effectue ainsipendant
la chute avec un faible amortissement.Cette
vibration, qui
donne alternativement à lagoutte
la forme772
d’un
ellipsoïde allongé,
d’unesphère,
d’unellipsoïde aplati,
d’unesphère,
d’unellipsoïde allongé,
etc., estappelée
vibrationellipsoï-
ou
Elle n’est pas seule. La
goutte
ne conserve pas une formesymé- trique.
Aussitôtdétachée,
elle a la forme d’un oeuf avec le gros bouten
bas ;
il en résulte un deuxième mouvementvibratoire ; pendant
lachute,
l’ovoïdeprésente
alternativement son gros bout vers le haut et vers lebas,
avec des formes intermédiairessphériques.
Cettevibration ovoïdale ou
dissymétrique
a uneamplitude
au moins aussigrande quelapremiére
dans laplupart
des cas. Elles’amortit plus
vite.Lord
Hayleigh
a calculé les diverses vibrations desgouttes
aumoyen des fonctions de
Legendre.
Pour une
goutte
de7~,6,
le nombre des vibrations par seconde est,d’après
les formules de lordRayleigh :
D’après cela, j’ai
calculé les valeurs de z pourlesquelles
lavitessevibratoire du
pôle supérieur
de lagoutte
passe par un maximum ouun minimum.
Il y
a concordance avec les maxima et les minima derejaillissement,
comme on le voit sur la courbe(lig. 2).
Pour lever les derniers
doutes, j’ai
faitl’expérience
suivante :Les
gouttes
tombent d’unehauteur z, (1
centimètreenviron)
surun
premier plan enfumé,
incliné.Elles rebondissent très bien et décrivent une
parabole
en vibrantfortement. On les
reçoit
sur une deuxième surface enfumée située à un niveau inférieur.Si zo est un peu
grand,
lagoutte
vibre trèsfortement ;
elle nedonne
plus,
sur le deuxièmeplan
enfumé, derejaillissement
avecsubdivision. Elle rebondit sans se couper. Ce fait sera
expliqué
unpeu
plus
loin.Si zo est suffisamment
petit,
lagoutte
vibreaprès
lepremier
chocen
présentant uniquement
une vibrationellipsoïdale
de trèsgrande amplitude (je
m’en suis assuré par lachronophotographie).
En éclairant latéralement par une forte
lampe,
unegoutte
immo- bile donne deuxpoints
brillants(un
donné par la réflexion et un par laréfraction) ;
unegoutte qui
tombe donne deux traits defeu,
tra-jectoire
de cespoints
brillants. Ceslignes
lumineuses serapprochent
et s’écartent
périodiquement, présentant
ainsi desrenflements
et773 des gorges. Les renflements
correspondent
auxellipsoïdes aplatis
etles gorges aux
ellipsoïdes allongés.
La deuxième surface enfumée
reçoit
le choc de cesgouttes.
Onobserve un fort
rejaillissement
avecsubdivision,
si elle estplacée
un peu au-dessous d’un des
renfleJnents.
Iln’y
a pas subdivision dans les autrespositions.
En
déplaçant
cette surfaceenfumée,
on voit ainsipériodiquement apparaître
etdisparaître
lerejaillissement
avec subdivision. On l’obtientchaque
fois que l’on coupe les traits de feu au-dessous de leurrenflement,
c’est-à-direchaque
fois que l’onreçoit
le choc d’unegoutte sphérique
en train des’allonger.
La
goutte sphérique qui s’allonge
est lafigure
pourlaquelle
lavitesse vibratoire du
pôle supérieur
est maximum.Ainsi,
aux maxima M de la vitesse vibratoirecorrespondent
lesmaxima de
rejaillissement (c’est-à-dire
les maxima dez’).
Aux mi-nima m de la vitesse vibratoire
correspondent
les minima derejail-
lissement. Et si ces minima sont
trop petits,
iln’y
aplus rejaillisse-
ment avec subdivision : la
goutte
rebondit sans se couper.Les grosses
gouttes
montrent très bien en tombant desfigures allongées
etaplaties.
Ainsi Lenard a étudié les vibrations degouttes
de 5 millimètres de diamètre
simplement
par laphotographie.
Mais les
petites gouttes prennent
tout de suite une forme très sen-siblement
sphérique.
On a de lapeine
àdistinguer l’ellipsoïde allongé
de
l’ellipsoïde aplati (~).
Les mesures faites par laphotographie
sontimpossibles.
L’observation durejaillissement
fournit au contraireun moyen très délicat de mesurer les éléments de ces oscillations.
Action d’un
champ magnétique.
- Un orifice d’écoulement estplacé
au-dessus de l’entrefer d’un électro-aimantpuissant,
et horsdu
champ.
Lesgouttes
issues de cet orificepassent
dans l’entreferet viennent tomber sur un
plan
enfuméplacé
au-dessous et hors duchamp.
Lerejaillissement
est lemême,
que l’électro-aimant soit excité ou non. Unchamp magnétique
neproduit
aucun amortisse-ment
appréciable
des oscillations desgouttes
tombantes.Mais,
si l’orifice d’écoulement est dansl’entrefer,
lerejaillissement
varie énormément
quand
on excite l’électro-aimant. Sansprendre
deprécautions spéciales,
on fait ainsi varier très facilement z’ deplu-
(1) Pourtant, à cause de la faible valeur de la période, la vitesse vibratoire est
grande. Elle est de l’ordre de la vitesse de chute, au moins pour les premiers
centimètres du parcours. Ces vibrations ne sont donc pas négligeables.