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Entre "Ça" et "Comme ça", différences entre la deixis ad oculos et la deixis am phantasma au niveau gestuel, intonatif et syntaxique : étude chez des enfants entre 4 et 7 ans

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Academic year: 2021

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HAL Id: tel-01158465

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Submitted on 1 Jun 2015

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Entre ”Ça” et ”Comme ça”, différences entre la deixis

ad oculos et la deixis am phantasma au niveau gestuel,

intonatif et syntaxique : étude chez des enfants entre 4

et 7 ans

Khalid Rashdan

To cite this version:

Khalid Rashdan. Entre ”Ça” et ”Comme ça”, différences entre la deixis ad oculos et la deixis am phan-tasma au niveau gestuel, intonatif et syntaxique : étude chez des enfants entre 4 et 7 ans. Linguistique. Université René Descartes - Paris V, 2014. Français. �NNT : 2014PA05H031�. �tel-01158465�

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UNIVERSITÉ PARIS DESCARTES

Laboratoire MoDyCo, ED180 : cultures, individus, sociétés

Entre Ça et Comme ça

Différences entre la deixis ad oculos et la Deixis am

phantasma au niveau gestuel, intonatif et syntaxique

Etude chez des enfants entre 4 et 7 ans

Par Khalid RASHDAN

Thèse de doctorat de sciences du langage

Thèse dirigée par

Laurent DANON-BOILEAU

Présentée et soutenue publiquement le 27 Novembre, 2014

Devant un jury composé de :

Laurent DANON-BOILEAU, Professeur émérite, Directeur de recherche

Mary-Annick MOREL, Professeur émérite, Rapporteur

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Résumé de thèse :

Dans cette thèse, je traite la question de la Deixis sur trois niveaux du langage : Syntaxique, phonétique et gestuel. L’idée principale, c’est que la Deixis ne s’arrête pas sur le fait de pointer un objet présent et peut aller plus loin avec des caractéristiques beaucoup plus abstraites. Ainsi, la Deixis peut aller au-delà du visuel et décrire des traits symboliques d’un objet absent. La Deixis peut également décrire le trajet d’un objet mobile avec une description fine des directions utilisées dans des représentations mentales. Pour ce faire, je devais trouver les différences entre la Deixis Ad oculos et la Deixis Am Phantasma sur les trois niveaux mentionnés ci-dessus.

Cette thèse est accomplie sur trois parties fondamentales. La première partie contient quatre chapitres : le premier chapitre est un chapitre définitoire où je présente les concepts qui seront utilisés tout au long de la thèse. Dans le deuxième chapitre je présente les trois processus fondamentaux de la Deixis : la catégorisation, la nomination et la mémorisation. Il est important d’étudier ces trois étapes de la Deixis afin de comprendre les infrastructures de la Deixis et ses composants langagiers.

Une fois que nous avons en main ces infrastructures de tout acte déictique, nous pouvons parler des « manifestations » de ces infrastructures langagières. Ces manifestations apparaissent dans ce que nous appelons le geste où les représentations mentales se concrétisent pour nous passer le message. Ce que j’essaie de montrer dans cette étude c’est que cette concrétisation ne dépend pas seulement des objets présents mais peut renvoyer à des caractéristiques abstraites (statiques et dynamiques) de l’objet.

Dans la deuxième partie et après avoir présenté mon corpus, j’étudie les processus cognitifs de la Deixis d’un point de vue dynamique et se servir des théories et concepts pour éclaircir la méthodologie utilisée. J’explique la dynamique de la Deixis Ad Oculos et la Deixis Am Phantasma en montrant comment cette dynamique est complètement dépendante des représentations personnelles du sujet. L’axe principal de cette méthodologie est une méthode que j’ai appelé La méthode de contraste avec laquelle je motive l’enfant à s’exprimer et à être autonome dans sa description ce qui est important pour avoir des descriptions vraies et détaillées.

Faisant ainsi, les différences entre les deux types de Deixis apparaissent et une fois définies, nous pourrons les classifier afin d’en trouver les différences. Dans ces analyses, nous allons

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découvrir deux autres dimensions importantes résultant de cette étude : la première, nous allons connaître l’idée de la progression argumentative dans les deux types de Deixis ainsi que les significations des différences de leurs caractéristiques. L’idée de la progression argumentative nous montre qu’avant la Deixis il y a des étapes concrétisant son processus cognitif. Par exemple, avec mon sujet Jérôme, au début, avec qui j’ai utilisé la méthode de contraste, il a commencé à décrire des traits statiques d’un pigeon en décrivant les doigts d’un pigeon et qu’ils ne sont pas serrés. Puis cette description des traits évoluait dans une perspective plus dynamique ainsi que son argumentation s’intensifiait. De même, les significations de partage et d’égocentrage nous donnent un sens aux analyses que nous pourrons utiliser comme critères pour décider si un tel sujet a une bonne gestuelle communicative pour passer clairement son message à l’autrui.

Ces différents indices de partage et d’égocentrage ont une signification simple et importante d’être soulignée : les indices de Partage dans la Deixis Ad Oculos (telles que Un maintien de F0 dans le préambule, Euh d’hésitation est fréquente, Absence de l’ Présentatif existentiel impersonnel « Il y a », etc.) montrent que le sujet ne va pas vraiment en profond dans son imagination pour souligner et focaliser l’objet en question alors que les indice d’égocentrage ( telles que Une variation de F0 dans le préambule, Absence d’allongement intonatif dans le préambule et le rhème, Euh d’hésitation est presque inexistante, etc. ) sont importants à souligner car ils nous montrent qu’imaginer et se représenter quelque chose dans la tête est un processus plus compliqué que quand un objet est présent. Ces différences et ces complications pourront être bien intéressantes en ce qui concerne des recherches étudiant le comportement des acteurs et les études de détection. Ainsi, avec quelques recherches plus profondes nous pourrons créer des listes de critères et de caractéristiques qui nous aideront à distinguer et détecter un comportement correct d’un autre qui est incorrecte. De même, nous pourrons définir un comportement normal d’un autre anormal et appliquer ces indices et critères sur des enfants souffrant d’incapacité pour s’exprimer tels que des enfants dyslexiques et autistes

Mots clés :

Pointage, Deixis ad oculos, Deixis am phantasma, figement postural, la

progression argumentative

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DEDICACE

Je dédie ce modeste travail à :

Ma très chère mère, Mon très cher père et le reste de ma famille qui ont été

toujours là et qui m’ont soutenu tout au long de mon travail de thèse

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Remerciements

Je tiens à remercier respectivement tous ceux qui m'ont aidée, soutenue, et encouragée pour la réalisation de ce modeste travail :

Monsieur Laurent Danon-Boileau pour sa direction, ses orientations, et sa compréhension tout au long de mon cursus universitaire.

Madame Mary-Annick Morel pour m’avoir encouragé tout au long de mon travail de thèse, pour son aide, et son soutien.

Madame Claire Martinot d’avoir accepté d'examiner ce travail.

Je tiens également à remercier les membres du laboratoire MoDyCo où j’ai participé à la vie de ce laboratoire en tant que représentant des doctorants pendant deux ans et avec ceux qui participaient avec moi à présenter leur travail dans plusieurs colloques et conférences.

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REMERCIEMENTS ... 5

INTRODUCTION………11

PREMIERE PARTIE : Objectifs et états de l’art……….………13

Chapitre 1- Présentation des concepts :………...15

1. La deixis ...15

a. Les différentes formes de deixis………..16

b. De la deixis conversationnelle à la deixis textuelles………..18

c. La deixis ad oculos et la deixis am phantasma ……….19

d. La pragmatique ………20

e. Contexte et cotexte ………..21

f. L’argumentation ………..22

2. Synthèse chapitre 1 ………...23

Chapitre 2 : les processus cognitifs de la Deixis………24

I. Catégorisation ……….24

1. Comment l’enfant catégorise, nomme et mémorise les traits sémantiques d’un objet ?...24

2. La précocité des capacités de catégorisation ………25

3. Les différentes approches du processus de la catégorisation………..……….27

4. Le développement des stades de la catégorisation ………..28

5. La catégorisation chez l’enfant : un processus unique à base perceptive avec des degrés de richesse informationnelle et de complexité………..…………...29

6. Les indices perceptifs pertinents (statique) ………..………..31

7. Les attributs dynamiques de nature conceptuelle (dynamique) ……….….31

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II. Nomination :………..34

1. La dénomination de l’objet chez l’enfant : un travail de comparaison………34

2. La construction du sens du mot : le cadre spatio-temporel………36

3. Rhème et prédicat : croisement d’une perspective discursive et syntaxique……….37

4. Pourquoi un Lion et non pas un Animal ? La notion de Prototype et le niveau de base……….38

5. L’effet de l’orientation et du contexte sur les jugements comparatifs de l’enfant……….39

6. De l’approche logique à ses aménagements : le modèle de diffusion de l’activation………..41

7. Schéma et Script : le support de l’interprétation………43

III. Mémorisation :……….……….…...44

1. Niveaux et types de mémoires ………45

2. Les niveaux de mémoires ………45

3. Les types de mémoires ……….47

a. La mémoire sensorielle ………48

b. La mémoire à court terme : une mémoire fixe ou une mémoire de travail ?...49

- La durée de maintien ……….…….49

- L’effet de la familiarité et de la signification ……….………50

c. La mémoire iconique ………..50

d. La mémoire à long terme ………50

e. La mémoire déclarative ou mémoire explicite ………..51

f. La mémoire non déclarative ou mémoire implicite ………...53

g. La mémoire affective ………..……..55

h. L’ancrage ………..55

i. Mémoire événementielle et mémoire sémantique : séparation ou complémentarité ? ………….…56

4. Le codage dans la mémoire à court terme et la mémoire à long terme ………..57

5. Les différents types de représentations ………..58

a. Représentations transitoires / représentations permanentes ………...…………58

b. Les représentations imagées ………..………..58

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6. Image mentale et image physique : entre supériorité et imprécision………59

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Synthèse chapitre 2 ………..………….60

Chapitre 3 : Le geste : définition et types ………61

1. Le geste : définition et types ……….61

a. Les gestes extra-communicatifs ou La gestualité autocentrée………..62

-

Les gestes d’auto-contact (ou gestes autistiques)……….………..62

-

Les gestes de manipulation d’objets……….62

b. Les gestes Co-verbaux ………..………62

-

Les gestes déictiques………..………63

-

Les gestes iconiques………..……….63

c. Les gestes symboliques ou emblèmes ………..………..63

2. Geste et parole : qui domine qui ?...64

a. Un même processus mental ……….…….64

b. Co-dependance entre geste et parole……….……….65

c. Le geste au service de la parole ………..………..66

d. La différentiation instantané / successivité en tant que mode sémiotique ………66

3. Synthèse chapitre 3 ………..………..68

Chapitre 4 : Les données - Corpus et Méthode……….69

1- Le corpus………69

2- Les conditions d’enregistrements………71

3- Les textes intégraux………..72

Conclusion de la première partie………78

DEUXIEME PARTIE : l’étude expérimentale……….82

Chapitre 1 : Contraste et motivation………83

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a. Pourquoi la méthode de contraste : mémoire et motivation………85

b. Quelques mécanismes de la motivation ………..…..86

c. La loi du renforcement ……….……….86

d. Le renforcement est-il toujours efficace ?...86

e. Le phénomène de « résignation apprise » ………..…..87

f. Motivation et jeux ……….88

g. Pourquoi joue-t-on ? ………..…..89

h. Les deux ressorts de la motivation ……….…….89

i. La théorie de l'évaluation cognitive………..…………90

j. La motivation intrinsèque et l'autonomie………..…….91

k. La méthode de contraste sollicite la motivation intrinsèque sans renforcement ………..…………92

Chapitre 2 : la deixis Ad oculos………..93

1. Le pointage : La période holophrastique et la capacité à signaler ……….93

a. Pointer : c’est partager un thème de la pensée ………95

b. Le pointage communicatif à un an : Une capacité définitoire externe pour un objectif interne ...96

c. La naissance du pointage par l’index………97

d. Le pointage entre reconnaissance et nouveauté ……….…………98

e. Existe-t-il un pointage attendu et un pointage inattendu ?...99

f. Les motifs du pointage ……….……….100

-

Le pointage entre réaction émotionnelle et coprésence perceptuelle………102

2. Les séquences vidéo sur la deixis ad Oculos ……….………104

Chapitre 3 : La deixis am phantasma……….………126

1. Du pointage à l’imagination : un chemin vers l’imaginaire………126

a. Le déplacement dans la deixis am phantasma………127

b. Yeux et oreilles intérieurs dans la deixis am phantasma ………128

c. Du modèle visuel à l’image figurative ………..129

d. De l’imagerie visuelle à l’imagerie mentale ……….130

e. La deixis am phantasma est dépendante du sujet ………131

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g. La saillance comme indicateur naturelle de la position et de la personne de l’allocutaire ……….133

2. De l’imagination au geste ……….134

a. Pourquoi parlons-nous avec les mains? Le lien entre geste et pensée……….134

b. Le caractère prédictif du système moteur ………136

c. La représentation symbolique abstraite : quels facteurs ?...137

d. La logique balistique et l’incapacité de stopper le geste ……….139

e. Le geste entre aspect cinématique et propriétés dynamiques ………142

f. Stéréotype et phénomène de persistance : entre variation et coordination ………143

g. Le phénomène du Figement dans le discours argumentatif de l’enfant ………..145

h. Traitement entre processus centraux et processus modulaires ……….145

i. Les quatre cas du comme ça ……….146

j. Les onomatopées : un emploi déictique et personnel………..164

TROISIEME PARTIE : l’étude de synthèse………171

1. Les caractéristiques dans la deixis ad oculos ………173

2. Les caractéristiques dans la deixis am phantasma ………..181

3. L’idée de la progression argumentative dans la deixis Ad oculos ………..190

4. L’idée de la progression argumentative dans la deixis am phantasma ………..195

5. La signification des critères de la deixis Ad oculos ……….196

6. La signification des critères de la deixis am phantasma ………199

7. Synthèse finale des propriétés distinctives des deux types de Deixi..………..…204

Conclusion générale ………212

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INTRODUCTION :

Le pointage déictique et la deixis am phantasma sont deux actes à la fois semblables et différents. La différence principale entre le pointage déictique et la deixis am phantasma, c’est que le pointage déictique ad oculos se fait quand l’objet du discours est présent alors que la deixis am phantasma se fait quand l’objet du discours est absent. A partir de cette différence, j’ai trouvé intéressant de me poser la question suivante : à partir de cette différence principale entre la présence et de l’absence de l’objet, pourrons-nous trouver d’autres différences sur le plan gestuel, intonatif et syntaxique dans la communication adulte-enfant ? Est-ce que le geste pourrait décrire des caractéristiques au-delà des limites du champ visuel ?

La deixis en général est connue comme un outil à désigner à l’interlocuteur quelque chose qui se voit et renvoie seulement à un objet spécifique et singulier. L’objectif principal de mon étude est de montrer que la notion de deixis peut aller au-delà de ÇA et désigner à l’interlocuteur quelque chose qui ne se voit pas et ne renvoie pas seulement à un objet spécifique et singulier. A partir de cette idée, j’ai fait mes recherches sur le geste et l’analyse de discours pour essayer de comprendre ces caractéristiques invisibles de la deixis.

Mon idée consiste à montrer que le geste peut renvoyer à des représentations abstraites et que ces gestes mêmes illustreront l’idée la plus saillante dans un discours argumentatif de l’enfant. Cette description imagée est relative et non pas absolue, et elle est affectée par plusieurs facteurs dont le contexte, la façon dont cet énoncé est prononcé et finalement le sujet. Elle nous révèle le monde imaginaire que l’enfant se fait lui-même sur le monde. Dans un énoncé conversationnel, il y a toujours une idée saillante et plus importante que le reste de cet énoncé. Ce moment saillant n’est pas là par hasard mais il y a tout un processus gestuel, intonatif et syntaxique qui est mis en place, ce que j’ai appelé dans mes analyses L’idée de la progression argumentative où l’argumentation évolue et s’intensifie jusqu’au point le plus saillant et le plus important dans le discours. Cette évolution se trouve dans les deux types de deixis (la deixis ad oculos et la deixis am phantasma) mais de manières différentes.

Quand quelqu’un se focalise sur un objet; ce dernier peut être complètement dans l’imagination de cette personne et ne s’arrête pas aux conditions de la situation présente. Ces caractéristiques illimitées de la deixis se manifestent dans la représentation que l’enfant se

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forge dans son imagination. Cette imagination se représente elle-même en particulier (comme nous allons voir dans la partie expérimentale de cette étude) dans des gestes raffinés et bien spécifiques comme les gestes déictiques, iconiques et symboliques. Ce genre de geste est bien pointu et précis dans la façon dont l’enfant déplace ses mains et sa tête. Ce qui est intéressant dans cette étude, c’est que les trois dimensions (gestuel, intonatif et syntaxique) ont la même source mentale et ne sont que des différentes manifestations de cette source. De plus, parole et geste s’entraident pour faire passer le message linguistique.

Par ailleurs, pour faire passer le message et pour que l’enfant soit motivé à s’exprimer, je vais utiliser la méthode que j’ai appelé la méthode de contraste. Cette méthode est plutôt un va -et-vient entre ce que nous appelons: le rappel et la reconnaissance. Avec cette méthode, l’enfant entend et est amené à imaginer l’opposé de ce qu’il voit ; d’où vient appellation de la méthode de contraste. Ainsi, j’ai fait un mélange de reconnaissance et de rappel, car l’objet que l’enfant doit se rappeler se trouve devant ses yeux, (reconnaissance) mais les traits sémantiques du vrai objet que l’enfant doit se rappeler se trouvent dans l’imaginaire (rappel). Tout cela ayant pour objectif de révéler par le geste et mettre en relief une partie de l’énoncé où l’enfant accentuera un seul trait de l’objet pour le mettre en valeur.

Il me fallait deux choses importantes pour réaliser mon corpus : la première c’était de trouver un sujet de débat argumentatif entre l’adulte et l’enfant et la deuxième était de trouver une méthode pour motiver l’enfant à argumenter ses propos et ses points de vue argumentatifs. Mes séquences de vidéos filmées sont divisées en deux catégories: celles fournies par mon directeur de recherche M. Laurent Danon-Boileau ont été filmées dans une petite salle d’école primaire et celles que j’ai filmées dans des endroits différents à Paris. Par ailleurs, celles de Ryan, ont été filmées dans son école située à Paris, plus précisément dans la salle consacrée aux jeux et aux loisirs.

Dans la première partie, je vais parler de La deixis de point de vue statique : je montre tout d’abord quelques concepts cognitifs et mentaux de base qui nous permettront de mieux comprendre les bases de toute progression dans cette étude. Je vais présenter, d’un point de vue théorique, les différents concepts qui sont liés directement à mon sujet d’étude. Deux notions me paraissent importantes à expliquer afin de clarifier le cadre général de mon étude : la notion de la deixis qui est le sujet principal de ma thèse et celle de l’argumentation qui est le cadre contextuel dans lequel se déroulent les actions des sujets. Mais avant de rentrer directement dans le concept de la deixis, je voudrai mettre un éclairage sur la notion

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de Pragmatique. Cette notion concerne directement mon sujet de thèse puisqu’il explique le rôle et l’importance du contexte dans l’acte du langage. Ainsi, j’explique les différents types de Pragmatique ainsi que les deux notions du Contexte et du Cotexte. Puis, j’explique brièvement les différentes types de la deixis tout en mettant le point sur les deux types de la deixis qui sont l’axe principal de mon travail de recherche dont je ferai la comparaison dans la partie de synthèse d’analyse en cherchant la différence entre ces deux types, pour conclure avec la notion de l’argumentation.

Puis, je parle des trois processus cognitifs et mentaux qui sont, comme nous le verrons tout au long de cette étude, le moteur de la procédure de deixis. La raison pour laquelle je mets l’accent sur ces processus, c’est parce que ces processus montrent la raison pour laquelle la deixis ne se résume pas seulement dans le geste du pointage et que le pointage n’en est qu’un résultat et que ces processus peuvent causer d’autres gestes que le pointage comme nous allons voir dans la deixis am phantasma. J’essaierai ici de définir les trois processus importants dans le discours argumentatif qui sont : la catégorisation, la nomination et la mémorisation. Ainsi, j’explique d’abord comment l’enfant catégorise les objets et les nomme, puis quel processus se met en place afin que l’enfant mémorise et se rappelle des traits sémantiques de cet objet.

Dans la deuxième partie, je présente la deixis d’un point de vue Dynamique. C’est la partie expérimentale où je présente mon projet ainsi que le contenu de mon corpus tels que les sujets, les conditions d’enregistrement, les matériaux et la méthodologie utilisée, pour conclure avec un petit résumé sur la manière dont je vais aborder mon étude expérimentale et en tirer les conclusions.

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PREMIERE PARTIE : OBJECTIFS ET ETAT DE L’ART

Le processus de la deixis est le résultat d’un ensemble de facteurs qui y contribuent. Pour comprendre mieux ce processus nous avons besoin de voir de près ces facteurs qui sont la base de toute conversation déictique et qui nous permettront de comprendre le quoi, le comment et le pourquoi de la conversation. Dans cette partie, nous allons étudier ces ingrédients. Nous allons voir le processus cognitif de la deixis et comment l’enfant nomine, catégorise et puis mémorise les objets. Finalement, nous allons voir le mécanisme du processus de la deixis en termes de Geste où nous allons étudier ce dernier sur deux étapes : premièrement, nous allons étudier le geste en général (les différents types de geste, la relation entre geste et parole) afin de nous focaliser sur le geste de pointage ainsi que les différents types de représentations ce qui nous permettra d’analyser leur différence au niveau phonétique, syntaxique et gestuel.

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Chapitre 1- Présentation des concepts :

Avant de parler du processus cognitif de la deixis, j’ai trouvé important d’abord d‘étudier les ingrédients de ce processus. Dans ce chapitre, je présenterai d’abord le concept de deixis qui est l’axe de mon étude. La deixis que je suis en train d’étudier dans cette thèse est de genre Conversationnel. C’est pour cela nous allons parler des différentes formes de deixis et des différences entre deixis textuelles et deixis conversationnelle afin de se focaliser sur cette dernière comme la base de mon étude. Ensuite, nous pouvons aller plus en détails dans cette étude et connaitre les deux catégories de la deixis conversationnelle qui sont la deixis ad oculos et la deixis am phantasma que nous allons rencontrer tout au long de cette thèse. Ensuite, nous allons voir les ingrédients de cette étude. Nous allons étudier quelques théories qui nous serviront à comprendre le terme de Deixis. Ainsi, les deux théories de Pragmatique et Contexte dépendent de manière directe de l’acte du pointage afin de lui donner un sens. Ces contenus du processus de la deixis sont importants pour que nous puissions voir la progression de la deixis de tous ses côtés. Le concept du Contexte, par exemple, nous laisserons aller au-delà de la phonétique et de la syntaxe d’une phrase pour vivre son vrai sens. C’est le contexte qui va faire revivre et donner le sens au geste, à la syntaxe et à la phonétique. L’Argumentation est également un ingrédient important du processus de la deixis avec laquelle nous connaissons les raisons pour lesquelles la conversation a été déclenchée. C’est avec l’argumentation également que nous découvrons le comment, le pourquoi et le quoi de la conversation. Une fois que nous connaissons ces détails conversationnels de base, nous pourrons procéder à une analyse de corpus vraie et claire.

1. La deixis :

L’axe principal de ma thèse est de travailler sur deux types de deixis qui sont la Deixis ad oculos (quand l’objet du discours est présent) et la Deixis am phantasma (quand l’objet du discours est absent). Karl BÜHLER, dans son livre « Théorie du langage » donne un grand éclairage sur cette notion de la deixis et ses différents types. Bühler était le premier à établir une véritable théorie de la deixis, fondée sur une analyse précise du fonctionnement des déictiques dans l’exercice du langage. La théorie de la signification développée par Bühler cherche en particulier à répondre à un point précis, toujours considéré comme délicat : comment s’associent les unités significatives dans les langues ? Il propose de donner comme

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fondement à toute deixis la notion d’origo, qui sera décisive pour la constitution des « systèmes déictiques » – expression employée pour la première fois par Henri Frei en 1944. ‘’Bühler s’attache en effet à montrer que l’ancrage déictique est au fond à l’origine de tout énoncé, aussi banal soit-il : « Si j’entends Il pleut, cela signifie “il pleut là où se trouve le locuteur” ». En effet, l’ajout d’une circonstance a pour effet de briser ce lien déictique congénital : Il pleut au bord du lac de Constance. Et dès lors, cette phrase peut être prononcée en n’importe quel lieu, car son sens est détaché de la deixis liée à la situation de parole. Ainsi, j’ai trouvé important d’abord de parler des formes de deixis et de faire le point sur les deux types mentionnés ci-dessus’’ Bühler et la subjectivité, André rousseau, P. 163-184.

Le concept de la deixis est le sujet principal sur lequel s’appuie cette étude. Cette notion est définie comme :

« L’une des façons de conférer son référent à une séquence linguistique ; elle intervient lorsque la compréhension de certaines parties d'un énoncé nécessite une information contextuelle. Un mot ou une expression est déictique si son interprétation varie en fonction du contexte, comme c'est le cas des pronoms par exemple ». (Wikipedia.org/wiki/Deixis) Ainsi, la compréhension d’une situation ou d’un message linguistique dépend complètement du contexte dans lequel se déroule l’action. Ce contexte est un élément important pour comprendre l’énoncé linguistique. Cette notion m’intéressait personnellement car il donne une précision sur le sens des choses que contient une situation linguistique. En linguistique, communication et en sociologie :

« le contexte est l'un des facteurs de la communication, qui influe sur le sens d'un message (comme une phrase) et sur sa relation aux autres parties du message (tel un livre). Il correspond à l'environnement dans lequel la communication a lieu, et à n'importe quelles perceptions de l'environnement général qui peuvent être associées à la communication. Ainsi, le contexte est le "cadre" de perception à travers lequel on émet ou on reçoit un message (il est à différencier du cotexte ) ». (Wikipedia.org/wiki/Deixis)

Le terme de deixis désigne tout recours à la situation de communication. L’énoncé « Je veux manger tout de suite », par exemple, fait référence à la personne qui parle (avec le déictique « je ») et à l’instant de l’énonciation (avec « tout de suite »), et ne s’interprète par conséquent que dans la situation dans laquelle il a été prononcé. Dans l’énoncé « je veux manger dans ce restaurant», c’est l’association d’un geste de désignation avec le groupe nominal démonstratif

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« ce restaurant » qui constitue une forme de deixis. Un tel geste est d’ailleurs appelé geste déictique (ou encore geste ostensif), et une telle association référence ostensive. Ce dernier terme recouvre tout phénomène de référence impliquant une ostension, que cette ostension soit effectuée par un geste, un signe de la tête ou la direction du regard.

Il est important de signaler ici la notion de subjectivité, car comme nous allons le voir, dans la synthèse finale que la deixis dépend du sujet lui-même et non pas de la phrase. André ROUSSEAU commente cette notion dans son article Bühler et la subjectivité : (‘’Mais, pour en rester à cette notion de « subjectivité », les conclusions un peu sommaires de Benveniste laissent le lecteur sur sa faim quant aux conditions mêmes dont celle-ci s’exerce dans le langage : « Le langage est donc la possibilité de la subjectivité, du fait qu’il contient toutes les formes appropriées à son expression ; et le discours provoque l’émergence de la subjectivité du fait qu’il consiste en instances discrètes. Le langage propose en quelque sorte des formes “vides” que chaque locuteur en exercice de discours s’approprie et qu’il rapporte à sa “personne”, définissant en même temps lui-même comme je et un partenaire comme tu » (p. 263).’’)

a. Les différentes formes de deixis :

Avant d’expliquer les deux types de deixis qui forment l’axe de ma thèse, la deixis ad oculos et la deixis am phantasma ; j’ai trouvé important de parler d’abord des formes de deixis les plus courantes qui sont la deixis de personne, la deixis spatiale et la deixis temporelle.

- La première consiste en une référence à la personne qui parle ou aux personnes en présence au moment de l’énonciation. Elle se matérialise (on dit aussi se grammaticalise) avec les déictiques de personne tels que « je » et « tu ». Lorsque des conventions sociales s’appliquent, avec par exemple le vouvoiement en français, on parle de deixis sociale, terme qui dénote la façon dont les statuts sociaux se reflètent dans les mots utilisés. Plus précisément, on parle de deixis sociale relationnelle pour les exemples du tutoiement et du vouvoiement qui dépendent des relations sociales entre les deux interlocuteurs, et de deixis sociale absolue pour des exemples tels que « Sa Majesté » ou « Monsieur le président », où seul le statut de l’interlocuteur compte.

- Deuxièmement, la deixis spatiale consiste en une référence à un élément visible du lieu de l’énonciation, éventuellement au lieu même de l’énonciation. Elle se matérialise avec les déictiques de lieu tels que « ici » et « là ». Lorsqu’un contraste entre une proximité

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immédiate et un espace plus distant est nécessaire, on peut exploiter les marqueurs déictiques (respectivement « -ci » et « -là ») qui apparaissent en particulier dans les pronoms démonstratifs « celui-ci » et « celui-là », et qui sont susceptibles d’apparaître dans n’importe quel groupe nominal démonstratif : « cet objet-ci », « cet objet-là ».

- Troisièmement, la deixis temporelle consiste en une référence au moment de l’énonciation, ou à un moment qui lui est déterminé relativement. Elle se matérialise avec les déictiques de temps tels que « maintenant », « hier » et « tout de suite ». Pour chacune de ces trois formes de deixis, un geste peut renforcer l’ancrage dans le contexte d’énonciation. Le geste déictique reste cependant le plus utile à la deixis spatiale, lorsqu’il concourt à l’identification d’un référent parmi plusieurs candidats possibles. C’est le cas de l’association de l’expression référentielle « ce restaurant » avec un geste désignant un restaurant précis dans une rue qui en comporte plusieurs.

Plus précisément sur l’intervention du geste dans la deixis spatiale, nous noterons que le geste ne désigne pas toujours le référent, mais constitue plutôt un point de départ pour son identification. ‘’C’est le cas lorsque l’imprécision inhérente au geste déictique ne permet pas de différencier la désignation d’un objet de celle du groupe d’objets visible dans la direction indiquée (ou encore de l’objet perturbateur qui cache la véritable cible). C’est le cas également avec un énoncé tel que « j’aime bien ces fauteuils », énoncé qui, associé à un geste désignant un fauteuil bien particulier, peut s’interpréter comme « j’aime bien les fauteuils de ce type » et référer ainsi à une classe d’objets. Pour rendre compte de ces phénomènes de décalage, nous parlerons de demonstratum (parfois appelé index) pour l’entité désignée par le geste déictique, et nous garderons le terme de référent pour l’entité du discours. Quant au décalage lui-même, les anglophones le désignent depuis les travaux de Quine par le terme de deferred ostension, ou encore de deferred reference. En français, on peut parler de référence ostensive indirecte ou encore d’ostension non coréférentiel, la coréférence caractérisant le fait qu’il y a identité entre demonstratum et référent. Comme autres exemples d’ostensions indirectes, nous retiendrons celui de Kleiber (« il avait une grosse tête »), où le demonstratum est un chapeau et où le référent est l’homme qui a porté ce chapeau, ainsi que les exemples de polysémie tels que « ne lis pas ce livre », où le demonstratum est le livre en tant qu’exemplaire physique, et où le référent est le livre en tant que contenu. On peut ajouter les phénomènes particuliers de métonymie, avec un énoncé tel que « ce Bordeaux est meilleur que celui-ci », où les deux gestes déictiques désignent soit des verres soit directement des

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vins, mais en aucun cas la ville de Bordeaux. Enfin, un autre cas particulier est celui du référent immatériel, par exemple la référence ostensive à un trou comme dans l’énoncé « il faut boucher ce trou », où le geste indique du vide et où le référent ne se définit que par ses bords (qui justement ne sont pas désignés par le geste).’’ semantique-gdr.net/dico/index.php/Déixis.

b. De la deixis conversationnelle à la deixis textuelles:

Si nous quittons maintenant le domaine de l’analyse des conversations pour celui de l’analyse des textes, il est possible de transposer les recours à la situation d’énonciation en des recours à la matérialité du texte ou au monde construit par le texte et reconstruit par le lecteur. Nous passons alors de la deixis primaire à la deixis secondaire. Le recours à la matérialité du texte s’appelle également deixis textuelle, et le recours à des connaissances ou à des événements extralinguistiques reconstruits dans l’esprit du locuteur est parfois appelé deixis mémorielle. Un exemple typique de deixis textuelle consiste en la référence au texte même : « cet écrit raconte les événements de décembre 2004 ». L’utilisation des pronoms démonstratifs, et plus particulièrement des pronoms « ceci », « cela » et « ça », en est un autre exemple, comme dans la phrase : « Jean a quitté Marie pour Claire. Je trouve cela très dommage ». L’interprétation de tels pronoms peut parfois s’étendre à la totalité de la proposition (le fait que Jean ait quitté Marie pour Claire), ou seulement à une partie (le fait que Jean ait quitté Marie). Pour ce phénomène, Bonnie Lynn Webber, Department of Computer and Information Science, University of Pennsylvania, emploie le terme de deferred reference dont nous avons parlé plus haut. Enfin, dans les textes scientifiques et techniques, la deixis textuelle prend souvent la forme d’une référence à une figure ou à un tableau.

La deixis mémorielle fait quant à elle appel à la notion de représentation partagée entre le narrateur et le lecteur. Si cette représentation est construite par le texte, on parlera de deixis interne. Si elle a trait à des connaissances supposées communes a priori, on parlera de deixis externe. L’utilisation des déictiques de personne, de lieu et de temps reste généralement dans le cadre de la deixis interne. C’est le cas des références aux personnages du texte, au lieu et au moment de la narration. Cas particulier, la référence au narrateur par lui-même à l’aide d’un déictique de première personne est parfois appelée deixis égocentrée. D’autre part, des expressions telles que « ce monde atroce et merveilleux » ou « comme on fait dans ces cas-là » sont des formes de deixis externe, du moins quand aucune interprétation anaphorique n’est possible. ‘’semantique-gdr.net/dico/index.php?title=Déixis&printable=yes’’

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c. La deixis ad oculos et la deixis am phantasma :

Dans son article, André rousseau (p. 163-184) montre comment Bühler distingue trois types généraux de monstration selon leur mode d’exercice et leur champ d’application :

1. la « demonstratio ad oculos » (en latin dans le texte), qui correspond à une deixis directe, c’est-à-dire ostensive, dans la situation de discours et qu’il serait possible de relier aux travaux de Wittgenstein sur l’ostension et la démonstration dans les Philosophische Untersuchungen (1953, mais bien antérieures dans leur conception). Le champ monstratif est constitué par l’espace commun ouvert à la perception, au sens large, du locuteur et de l’auditeur.

2. l’anaphore et la cataphore, terme précisément créé par Bühler (1934 : 121s, note 1), opèrent par transposition sur un champ monstratif représenté par le texte et son contexte.

3. la « deixis imaginative », expression là encore créée par Bühler (Deixis am Phantasma) pour rendre compte d’un fonctionnement particulier de la deixis : celui où elle s’applique au « domaine de l’évocable absent » et au « domaine de l’imagination constructive » (1934 : 124s) et où elle s’exerce donc essentiellement sur des représentations intérieures.

Dans mon étude, nous allons nous limiter sur le premier type « demonstratio ad oculos » et le troisième type (Deixis am Phantasma). Si quelqu’un veut montrer quelque chose à quelqu’un d’autre, il faut que leurs orientations, à l’un et à l’autre, au guide et au guidé, possèdent un degré suffisant d’harmonie. Il leur faut être orienté à l’intérieur d’un ordre dans lequel l’objet à montrer ait sa place. Nous parlons alors de la deixis ad oculos, qui est le cas du pointage déictique où l’objet du discours est présent. Ainsi, tant qu’il ne s’agit que d’atteindre, au moyen de mots comme ici et là, je et tu, un objet localisable par les yeux et les oreilles extérieurs parce que présent dans le champ perceptif commun, il n’est nul besoin d’avoir recours à l’imagination. Nous pouvons estimer ainsi que notre solide sens commun suffit et nous croyons comprendre comment et pourquoi le récepteur saisit ce que l’émetteur vise. Donc tout paraît si simple dans la situation de la deixis ad oculos alors que dans le cas de la deixis am phantasma, les choses commencent à changer. Dans ce cas, le narrateur guide un auditeur dans le royaume de ce qui est absent et accessible par le souvenir, voire dans le royaume de l’imagination constructive, et qu’il traite là avec les mêmes termes déictiques, de

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façon à ce qu’il voie et entende ce qu’il y a là à voir et à entendre, non pas avec les yeux, les oreilles, mais par ce que nous pouvons appeler par contraste les yeux et les oreilles « intérieurs », « de l’esprit ». Ici, la situation est bien différente car les auxiliaires déictiques prélinguistiques, qui sont indispensables pour la demonstratio ad oculos, sont abolis avec la monstration à l’imaginaire. Ainsi, celui qui est guidé dans un univers imaginaire ne peut suivre du regard la flèche que forment le bras tendu et l’index d’un locuteur pour découvrir l’objet situé là-bas. Dans ce genre de deixis, le sujet ne peut pas recourir à la qualité de provenance spatiale produite par le son de la voix pour découvrir l’emplacement du locuteur qui dit ici. Ce qui est vrai la deixis am phantasma, c’est que locuteur et auditeur d’une description visuelle d’un objet absent disposent des mêmes moyens et ressources qui permettent à l’acteur sur la scène de rendre présent quelque chose d’absent et au spectateur du jeu d’interpréter ce qui présent sur la scène comme mimesis de quelque chose d’absent. Il faut souligner ici que Deixis et Nomination sont deux actes qu’il faut distinguer, que les termes déictiques et les termes dénominatifs sont des classes de mots qu’il faut nettement séparer. On peut admettre l’antécédence temporelle d’une monstration indépendante de la nomination, l’hypothèse est en soi non contradictoire. Mais elle n’épuise pas ce que quiconque réfléchit sur l’origine du langage doit accepter comme donné et comme non dérivable.

Le terme démonstratif individualise dans ces cas ce que nomme le terme dénominatif, et c’est l’une de ses fonctions logiques. Les termes déictiques n’auraient pas été en mesure d’assumer les fonctions logiques s’ils n’avaient pas eu en eux dès l’origine ce qu’il faut pour ça. Ils sont des symboles (et non pas seulement des signaux), un là et un là-bas symbolisent, ils nomment un domaine, ils nomment pour ainsi dire le lieu géométrique, c’est-à-dire un domaine situé autour de chaque locuteur respectivement, dans lequel ce à quoi il est fait référence peut être trouvé. Tout comme le mot aujourd’hui nomme de fait l’ensemble de tous les jours auxquels on peut le prononcer et le mot je tous les émetteurs possibles de tous les messages possibles, et le mot tu la classe des récepteurs comme tels. Il demeure cependant une différence entre ces mots et les autres termes dénominatifs du langage ; différence qui réside en qu’ils attendent au cas par cas leur précision de signification dans le champ déictique de la langue, et dans ce que le champ déictique est susceptible d’offrir aux sens. (http://narratologie.revues.org/6901)

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d. La pragmatique

Quand on parle de la pragmatique, on parle d’un côté des phénomènes de dépendances contextuelles propres aux termes indexicaux. Ainsi je, ici ou maintenant, ont leur référence déterminée par des paramètres liés au contexte d'énonciation, ainsi qu'aux phénomènes de présupposition.

D'un autre côté, on parle de la théorie des inférences que l'on tire des énoncés linguistiques sur la base de nos connaissances générales sur le monde et d'hypothèses sur les intentions des locuteurs. A ce propos, le philosophe américain Paul Grice (1913-1988) fait la distinction entre le sens pour le locuteur et le sens proprement linguistique des énoncés. Il était le premier qui a parlé des « maximes conversationnelles », ressortant d'une « logique de la conversation » et auxquelles les interlocuteurs seraient tenus de se conformer. En France, à peu près à la même époque, Oswald Ducrot (Dire et ne pas dire, 1972) développait des idées comparables. Dan Sperber, philosophe et anthropologue français, et Deirdre Wilson, linguiste britannique, ont développé à partir de ces idées une théorie pragmatique générale, connue sous le nom de théorie de la pertinence.

e. Contexte et cotexte :

Deux notions sont à distinguer en pragmatique : Le contexte et le cotexte (ou cotexte).

Le contexte englobe tout ce qui est extérieur du langage et qui, pourtant, fait partie d'une situation d'énonciation. Dans le cadre du contexte, on englobe tous les éléments comme le cadre spatio-temporel, l'âge, le sexe des/du locuteur(s), le moment d'énonciation, le statut social des énonciateurs etc. Nombre de ces marques contextuelles sont inscrites dans le discours, et font intégralement partie de la deixis. Ce sont, comme on les appelle, des déictiques. En tout, nous pouvons énumérer cinq types de déictiques :

1. Déictiques personnels: ce sont des outils de grammaticalisation des marques de personne dans une situation d'énonciation correspondant aux participants. Nous pouvons placer dans cette catégorie les déictiques « je », « tu », « nous », « vous » et « on ». Pour ce dernier, peu importe le fait qu'il n'est pas covalent avec un emploi de la troisième personne car il peut englober aussi bien des référents qui, en discours « défini », prendraient les marques de la première et de la deuxième personne du pluriel et/ou du singulier.

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2. Déictiques temporels: ce sont des marqueurs de temps qui situent l'énoncé par rapport au moment de l'énonciation. (Exemples : « aujourd'hui », « il y a trois jours », « cet automne ».) 3. Déictiques spatiaux : ce sont des marqueurs de lieu qui situent l'énoncé par rapport au

moment de l'énonciation. (Exemples : « ici », « là ».)

4. Déictiques discursifs : Exemple : "Le petit frère — (il est aux Indes !) là, devant le couchant, sur le pré d'œillets." Ici nous voyons clairement comment dans cet exemple, l’objet focalisé « le petit frère » est tout à fait lointain des déictiques ici, là. La description et l’imagination transfère l’objet de sa vraie place à une place virtuelle et vice versa.

5. Déictiques sociaux (en relation étroite avec les déictiques de la personne) : Tu, Vous, etc.

Outre ces déictiques, on peut aussi citer les implicatures conversationnelles. L'implicature conversationnelle est un terme de la linguistique pragmatique forgé par le philosophe Paul Grice1, qui explique ce concept à l'aide de ses maximes 2. Elle se réfère à ce qui est suggéré ou signifié par un locuteur, de façon implicite. L'implicature n'est pas une propriété sémantique de l'énoncé lui-même, contrairement à une présupposition implicite de celui-ci. Par exemple, en énonçant la phrase « Marie a eu un bébé et s'est mariée », le locuteur suggère que Marie a d'abord eu un bébé, puis s'est mariée

Littéralement, cotexte signifie le texte autour d'un énoncé. D'un point de vue cognitif et conversationnel, le cotexte peut être défini comme l'interprétation des énoncés immédiatement précédents, servant ainsi de prémisse à la production d'un énoncé donné. Les phénomènes contextuels renvoient pour leur part aux liens des différents énoncés entre eux (cohésion, anaphore...).

f. L’argumentation :

Après avoir montré la différence entre la deixis ad oculos et la deixis am phantasma, il est indispensable de parler du sujet et du contexte où se produisent ces deux formes de deixis. Ainsi, mon étude se fait dans un contexte argumentatif où chacun des interlocuteurs essaie de convaincre l’autre de son point de vue.

Dans l’un de mes extraits vidéo (celui avec Amina), nous pouvons remarquer l’élément déclencheur de l’argumentation. Dans cet extrait, et depuis le début de cette séquence, Amina (la petite fille) essaie de savoir à qui appartient le dessin qui se trouve sur la table. L’acteur principal dans cette argumentation, c’est M. Laurent Danon-Boileau à qui Amina essaie

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d’exposer ses propres arguments. Parfois, elle propose que le dessin soit à l’autre fille qui se trouve assise à côté d’elle. Au fur et à mesure, Amina prononce des énoncés argumentatifs qui semblent peu significatifs mais qui comportent des éléments décisifs pour l’argumentation :

Amina dit :

- C’est à toi mais tu ne l’as pas fini

- Je crois que c’est à elle, mais elle n’a pas fini

- Je crois que c’est à elle, sinon lui, il fait bien le dessin - C’est à elle, parce qu’elle a pas marqué son nom

Si ces phrases précédentes ne disent rien sur la valeur argumentative éventuelle de leurs énoncés, elles posent néanmoins une contrainte sur cette valeur. En effet, cette valeur se divise entre deux parties : la partie qui se trouve avant les mots soulignés mais, sinon, parce que, et la partie qui se trouve après. Anscombre et Ducrot ont longuement étudié cet aspect de la signification. Les points de vue dans l’argumentation peuvent véhiculer des visées argumentatives. Cette idée est tout à fait compatible avec mon analyse des points de vue ci-dessus, selon laquelle ceux-ci se composent d’un contenu propositionnel et d’un jugement. Les quatre exemples mentionnés ci-dessus sont une sorte de concession. Une telle structure contient plusieurs points de vue dont on peut distinguer au moins deux qui s’opposent : l’un est favorable, l’autre est défavorable. C’est les conjonctions et adverbes soulignés mentionnés ci-dessus comme mais, sinon, etc. qui imposent la structure concessive et qui fournissent des renseignements concernant l’orientation des visées argumentatives. Ducrot introduit la notion de visée argumentative de la manière suivante : ‘’ D’abord l’énonciateur est censé prendre une certaine position par rapport à l’univers auquel le discours se réfère : l’énonciateur exprime un doute, un refus, une croyance, vis-à-vis de telle ou telle éventualité concernant cet univers. Ensuite il opère une orientation dans l’ensemble d’éventualités qu’il envisage et où il situe celle par rapport à laquelle il prend position.’’ (Ducrot, 1983b : 11 – 12).

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2. Synthèse chapitre 1 :

Dans ce chapitre, j’ai commencé par les genres de Deixis les plus généraux pour finir par les deux types censés être l’objet de mon étude : la deixis ad oculos et la deixis am phantasma. La raison pour laquelle j’ai commencé par les généraux types de Deixis, c’est parce que les deux types étudiés dans cette thèse font partie des formes de Deixis les plus généraux (deixis spatiale et deixis conversationnelle). Le concept de Deixis, par exemple nous aidera à déterminer quel genre exactement utilisé dans cette étude. Nous avons vu comment la notion Deixis réfère d’abord aux trois facteurs principaux qui sont le temps (la deixis temporelle), l’espace (la deixis spatiale) et la personne (la deixis de personne). Puis nous avons étudié cette notion profondément en distinguant deux spécifiques types de Deixis qui sont la deixis ad oculos et la deixis am phantasma.

Pour mettre mon texte en contexte, j’ai trouvé important de présenter diffèrent concept qui sont les axes principaux de cette thèse tels que la Pragmatique, Contexte et cotexte, l’argumentation. La compréhension de ces concepts nous aidera pour comprendre sur quoi les gestes, l’intonation et la syntaxe des phrases sont basés. Dans cette étude, nous allons voir comment ces concepts sont interdépendants et comment la pragmatique sans deixis ne serait pas suffisante et vice versa. Ainsi, la deixis n’aura pas de sens sans le Ici et Maintenant. Quand l’enfant pointe l’objet, nous avons besoin de savoir pourquoi il pointe et pour quelle raison et dans quelle condition il le fait.

Nous avons vu également les différents types de pragmatique, déictiques et de deixis ce qui va nous servir plus loin dans nos expérimentations pour spécifier et différencier les deux types de deixis en spécifiant les types de déictiques qui nous aideront sur le plan syntaxique et sémantique. Dans la partie expérimentale, nous allons utiliser tous ces différents types de concepts pour clarifier nos analyses et nos synthèses.

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Chapitre 2 : les processus cognitifs de la deixis

Après avoir parlé des composants du processus de la deixis, nous allons voir dans ce chapitre comment ce processus se réalise et quelles sont les étapes nécessaires pour le réaliser. Puisque mon objectif dans cette étude est de montrer que la deixis ne s’arrête pas au geste du pointage, il serait important de montrer que la deixis est tout un processus mental et cognitif qui va au-delà des objets et du visuel.

Pour réaliser la deixis, plusieurs processus cognitifs sont en place tels que la catégorisation, la nomination et la mémorisation. Pour que l’enfant puisse pointer, il a besoin de catégoriser, nommer et puis mémoriser le nom de cet objet. Pour mémoriser il nous faut d’abord la capacité de catégoriser les objets et les classifier mais nous ne pouvons pas catégoriser les objets sans les nommer. Quand l’enfant, par exemple, pointe une chaise, il a déjà donné un nom à cet objet « chaise » puis l’a mis dans une certaine catégorisation et enfin a mémorisé cette nomination. Dans ce chapitre, nous allons voir de près ces trois processus cognitifs et connaître les bases du processus de la deixis.

I.

Catégorisation :

La catégorisation représente une grande partie du processus de la deixis. C’est une étape importante qui consiste à construire mentalement l’image de l’objet en question. Elle est la base et l’infrastructure de la représentation gestuelle où l’enfant essaie communiquer un message. Nous allons voir comment la catégorisation est une question de Perception et non pas d’Information. Cette catégorisation est plutôt Dynamique que Statique et les enfants âgés 9 mois sont capables de transférer l’information relative à l’appartenance catégorielle, mais seulement dans la condition d’habituation aux images dynamiques, puis de test avec des images statiques.

1. Comment l’enfant catégorise, nomme et mémorise les traits sémantiques d’un

objet ?

L’enfant utilise les mots et les gestes pour mieux s’exprimer et mieux décrire les traits de l’objet qui sont mémorisés dans sa mémoire à long terme. Pour ce faire, j’ai consacré les

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paragraphes suivants à expliquer les différentes approches et les différents stades du processus de la catégorisation. Nous allons voir que ce processus précoce est un processus unique à base perceptive avec des degrés de richesse informationnelle et de complexité. Ma méthode de contraste s’appuie sur la manière dont l’enfant a nommé l’objet du discours (un lion, un zèbre, un pigeon, etc.). Ainsi, quand je prononce le mot lion par exemple, tous les traits sémantiques d’un lion sont activés dans sa tête, d’où j’ai trouvé important de parler du processus de la nomination qui est un travail de comparaison, et que ce nom servira d’un symbole, d’une clé pour l’aider à réactiver les traits sémantiques mémorisés.

2. La précocité des capacités de catégorisation :

Plusieurs expériences ont illustré les différentes capacités de l’enfant et leur précocité dans la catégorisation. Ces expériences montrent la grande précocité de la capacité de l’enfant à se représenter conceptuellement, dès l’âge de 7 mois, des catégories différentes. Reprenons maintenantces capacités selon leur importance concernant le processus de catégorisation :

a) Capacité de former des catégorisations perceptives correspondant à des catégories naturelles. «L’illustration de cette technique est fournie par la recherche de Quinn et al. (1993), qui porte sur les capacités des nourrissons de 3 – 4 mois à catégoriser des images dans la catégorie de base des « chiens » par rapport à celle des « chats ». Au cours de la phase de familiarisation, dix-huit exemplaires appartenant à une catégorie donnée sont présentés à l’enfant. Les temps de regard sont mesurés pour chaque catégorie jusqu’à atteindre du critère d’habituation. Ensuite, le test de préférence par paires est réalisé. Ainsi, la photo d’un chien nouveau est présentée avec la photo d’un oiseau pour la catégorie « chien » (idem pour le test de la catégorie « chat »). Les résultats ont montré que les enfants manifestent une préférence significative pour l’oiseau (61,65 % comparé au chien, et 63,63 % comparé au chat). Afin de vérifier que les participants ne manifestent pas une préférence a priori pour l’une ou l’autre des catégories évaluées, une situation contrôle est proposée. Elle revient à présenter la phase de test sans familiarisation, donc à comparer les temps de regard pour la paire chien / oiseau et le pair chat / oiseau. Aucune préférence a priori pour les chiens (48,6 %) ni pour les chats (52,8 %) n’est alors observée. Les auteurs concluent que, dès 3 mois, les jeunes enfants ont la capacité de former des catégorisations perceptives correspondant à des catégories naturelles. »

b) Les capacités d’établir plusieurs catégories naturelles ont aussi été décrites chez l’enfant de 6 mois. «Celles-ci concernent différentes classes d’animaux comme les

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mammifères par rapport aux poissons, ou aux oiseaux. Mais ces compétences s’étendent également à des catégories d’objets fabriqués, tels que les éléments de mobilier comme les chaises ou les armoires (Behl-Chadha, 1996).»

c) Capacité à former une représentation catégorielle pour des arrangements simples entre objets : la relation « dessus-dessous ». Quinn (1994) étudie ainsi la relation « dessus-dessous » avec des enfants âgés de 3 – 4 mois, à l’aide de stimuli montrant la position d’un point placé au-dessous ou au-dessus d’une ligne horizontale. «Si les enfants forment une représentation catégorielle « point apparaissant au-dessus de la ligne », ils devraient traiter le nouvel exemplaire « point au-dessus de la ligne » comme familier et un exemplaire « point au-dessous de la ligne » comme étant nouveau. Le même raisonnement s’applique à la discrimination inverse. Les résultats montrent que, dans les deux conditions, les enfants ont préféré l’exemplaire de la catégorie spatiale nouvelle. Cela suggère qu’ils possèdent une compétence à former une représentation catégorielle pour ces arrangements simples entre objets. Une expérience-contrôle montre qu’ils discriminent aussi les changements de position au-dessous et au-dessus de la barre horizontale.»

d) Les représentations conceptuelles de catégories. « Le caractère fonctionnel des premières catégorisations conceptuelles a été examiné chez des enfants de 14 mois à l’aide d’une dernière technique appelée généralisation de l’imitation (Mandler et McDonough, 1996). Celle-ci est fondée sur l’exécution par l’expérimentateur d’une série d’actions adaptées à différentes classes d’objets miniatures, animaux ou véhicules par exemple. L’expérimentateur cherche à savoir si l’enfant peut généraliser l’imitation de ces actions, lorsqu’il est face à des exemplaires nouveaux, appartenant ou non aux catégories qu’il a vues précédemment. Par exemple, l’expérimentateur met un chien au lit, le tapote gentiment en lui disant « bonne nuit ». Il montre ensuite à l’enfant un objet appartenant à la catégorie observée (un chat, un lapin, un poisson) et un objet appartenant à une catégorie extérieure (un avion, un camion, une voiture) en encourageant l’enfant à imiter l’action qu’il vient de voir. Les enfants de 14 mois ont généralisé correctement les imitations des actions aux autres membres nouveaux appartenant à la même catégorie. Ils ne l’ont pas fait pour les membres nouveaux appartenant à une catégorie différente. Mandler et McDonough concluent que leur méthode (imitation des activités d’exploration) permet de mettre en évidence, dès l’âge de 7 mois, des représentations conceptuelles de catégories. Par exemple, la distinction entre les catégories « animaux » versus « véhicules » repose sur la détection de la propriété « réaliser

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des mouvements autonomes ». L’usage d’une telle propriété dérive d’une analyse relativement abstraite des objets et de leurs caractéristiques. Ces analyses définissant des « sortes de choses » sont à la base des représentations conceptuelles. Elles sont d’une autre nature que les catégorisations perceptives mises à jour à travers l’usage du paradigme d’habituation.»

3. Les différentes approches du processus de la catégorisation :

Dans son livre Développement du jeune enfant, Jaques Vauclair (2004) montre d’abord trois courants principaux concernant l’évolution du processus de catégorisation chez l’enfant dont Piaget, Rosch & Mandler et Bauer sont les pionniers. Il explique comment ce processus de catégorisation est un processus unique à base purement perceptive jusqu’à la catégorisation des traits les plus dynamiques et plus mouvementés tout en rendant plus explicite la question de la Saillance.

A propos de la théorie de Piaget sur la catégorisation, Il cite : « Le processus de la catégorisation de l’enfant repose d’abord sur des indices perceptifs puis la prise de compte des indices dynamiques de l’objet. Piaget propose d’abord une perspective perceptive dans le processus de la catégorisation de l’enfant. C’est la disposition spatiale des éléments des objets qui leur donne une signification. Puis, par coordination progressive de l’extension et de la compréhension des classes, les enfants passeraient du regroupement d’objets sur la base de leur ressemblance, à un regroupement établi en fonction de leurs propriétés ou de leur contiguïté ». Le développement cognitif et communicatif du jeune enfant, Nathalie Nader GROSBOIS, Page 54.

De son côté, Jaques Vauclair montre une expérience qui illustre bien cette idée de saillance et comment, au total, les enfants prennent en compte des propriétés saillantes de l’objet comme référence de la catégorisation. « Par exemple, Rakison et Butterworth (1998) présentent des véhicules sans leurs roues et les animaux sans leurs pattes, tantôt les roues remplacent les pattes et les pattes remplacent les roues. Cette substitution des parties de l’objet conduit à une catégorisation en roues et en pattes, au lieu des catégories attendues : en véhicules et en animaux. Ainsi, pour classer les objets, les enfants de 14 et 18 mois utilisent avant tout des

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caractéristiques très simples (présence de pattes ou de roues). Ces classements résistent même quand on monte des roues sur les animaux et des pattes sur les véhicules ».

4. Le développement des stades de la catégorisation :

Vauclair continue son explication de la théorie de Piaget concernant le processus de catégorisation. Cette explication porte sur le développement des différents stades de la catégorisation que l’enfant manifeste pendant les premières années de son enfance. Ainsi Piaget et Inhelder (1959) dans leur livre Stades et concept de stade de développement de l'enfant dans la psychologie ont étudié le développement des conduites de classification, définies par une « mise en ordre systématique d’objets de même nature ». Pour ces auteurs, deux stades se dégagent :

2.1. Le stade des collections figurales : cette période de catégorisation est caractérisée par le passage du regroupement d’objets à base de ressemblance à un regroupement de propriétés de l’objet. Ainsi, les enfants de 2 à 4 ans élaborent, au premier stade, des collections figurales. C’est la disposition spatiale de leurs éléments qui leur donne une signification. Les collections ainsi construites ne sont pas encore des classes. Au fur et à mesure, par coordination progressive de l’extension et de la compréhension des classes, les enfants passeraient du regroupement d’objets sur la base de leur ressemblance, à un regroupement établi en fonction de leurs propriétés ou de leur contiguïté. Vers 5 – 6 ans, les collections sont toujours construites à partir d’un ancrage perceptif, puisque c’est la configuration spatiale qui constitue la réunion des objets.

2.2 Le stade des « classes logiques » : ou le « niveau opératoire » vers 7 – 8 ans, qui est qualifié de stade des « classes logiques ». À ce stade, la construction de telles classes est devenue indépendante des structures perceptives. Elle résulte de l’abstraction de propriétés privilégiées des objets, et de la généralisation de ces propriétés à tous les objets d’une même classe.

Pour Vygotsky (1985), l’enfant ne maîtrise la pensée conceptuelle qu’à l’adolescence et l’élément central de la formation des concepts est l’utilisation fonctionnelle du langage. Selon lui, « la pensée conceptuelle est impossible sans pensée verbale » (Le développement de la pensée chez l’enfant, P.50). Dans cette perspective, les productions des enfants d’âge

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