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Chapitre 2 : les processus cognitifs de la Deixis

III. Mémorisation :

6. Image mentale et image physique : entre supériorité et imprécision

6. Image mentale et image physique : entre supériorité et imprécision

Est-ce que c’est l’image mentale ou est-ce plutôt une stratégie verbale qui joue un vrai rôle dans le processus de mémorisation et de rappel ? Par exemple, si on pense à un triangle, il est sans doute plus facile de se le représenter visuellement que de penser que cette forme possède des côtés et des angles. Pour mieux répondre à cette question, Paivio (1969) a avancé l’hypothèse selon laquelle c’est la dimension « concret / abstrait » qui constitue le déterminant principal dans la formation des images mentales.

Pour tester son hypothèse, il a demandé à ses sujets de noter la difficulté qu’ils rencontrent pendant leur représentation d’un mot sous forme d’image mentale. Il a également demandé à ses sujets de fournir en une minute le plus de mots associés à un mot donné. Il obtient ainsi pour chacun des mots une valeur d’association. Après une tâche d’apprentissage suivie d’une épreuve de rappel, Paivio observe que le rappel est influencé par la valeur d’imagerie mais pas par la valeur d’association. Paivio et al conclut que les sujets ont tendance à utiliser des images mentales plutôt qu’une stratégie verbale pour mémoriser les mots à forte valeur d’imagerie (Paivio, Smythe et Yuille, 1968). « Toutefois, les représentations imagées ne conservent que certaines propriétés du percept visuel. Ainsi, Reed et Johnsen (1975) ont montré qu’une image mentale n’était pas décomposable, à la différence des images physiques. »

Dans une autre expérience montrant la pauvreté de détails des représentations imagées, Nickerson et Adams (1979) ont utilisé quinze dessins d’une pièce de monnaie dont un seul correspondait à une pièce réelle. Ces différences portaient sur des détails comme la position des inscriptions ou le personnage gravé sur l’une des faces. La tâche des sujets consistait à reconnaitre la vraie pièce. Une grande majorité de ces sujets échouent dans la reconnaissance de la pièce réelle. Leur représentation imagée des pièces reste pauvre et ne concerne que peu de détails.

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Synthèse chapitre 2 :

Ce chapitre était une préparation pour la méthode que j’utiliserai dans mes analyses et que j’ai appelé la méthode de contraste. Cette méthode ne peut pas être effectue si l’enfant ne peut pas encore catégoriser, nominer puis mémoriser l’objet. J’ai trouvé important tout d’abord de parler de ce qui se passe à l’intérieur, c’est-à-dire, de parler des processus mentaux (catégorisation, nomination et mémorisation) avant de parler de ce qui se passe à l’extérieur c’est-à-dire les différents types de Gestes comme ces derniers sont la réflexion de ces processus mentaux. Pour décrire les traits d’un objet, l’enfant doit d’abord avoir la capacité de le catégoriser dans des différents niveaux de perception. Ce processus de catégorisation commence dès 3 mois quand le bébé catégorise des images dans la catégorie de base des « chiens » par rapport à celle des « chats », Quinn et al. (1993). C’est l’une des raisons pour laquelle j’ai choisis la tranche d’âge de mes sujets entre 4 – 7 ans. Nous avons vu également que ce processus n’est pas direct mais a besoin du temps pour se réaliser. Cela commence par le niveau de base qui demande une charge cognitive la plus faible. La capacité de Nomination est l’étape suivante après la catégorisation. Pour nommer un objet, l’enfant doit catégoriser cet objet puis lui donner un sens. Pour donner ce sens l’enfant doit trouver dans cet objet quelque chose d’unique et différent des autres.

Ma méthode de contraste repose sur le fait que l’enfant se rappelle des informations dans sa mémoire pour qu’il puisse illustrer son imagination. Pour cela, j’ai trouvé important d’éclaircir la notion de mémorisation où nous avons vu comment les niveaux de mémoires tels que le niveau conceptuel. Dans mes expériences, les enfants expriment leur imagination et leurs idées créant des relations entre l’objet et le type de propriété de cet objet. Pour cela, j’ai trouvé important de parler du modèle de diffusion de l’activation où nous parlons de trois types de relations : Appartenance catégorielle (un chien est un oiseau), des relations de possession (un chien a des pattes), et des relations de capacités (un chien peut courir). Il est intéressant de prendre ces relations comme système de mesure et de savoir, par exemple, que les sujets mettent plus de temps pour vérifier une propriété générale, stockée au niveau superordonné, à propos d’un exemplaire spécifique, que de vérifier une propriété spécifique à cet exemplaire. Ainsi, les sujets mettent plus de temps à vérifier la proposition « le canari a une peau » que pour vérifier « le canari peut chanter ». De même, j’ai montré les différents types de mémoire en me focalisant sur les deux principaux types : mémoire à long terme et mémoire à court terme et comment il y a une sorte d’interdépendance entre ces deux types.

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Ainsi, après avoir vu l’objet avec sa mémoire à court terme, l’enfant se réfère a sa mémoire long terme pour donner la bonne réponse a ma question.

Nous allons voir dans mes expériences comment l’enfant nomme l’objet en le pointant et révèle sa capacité de catégorisation en décrivant l’objet en utilisant le geste. Nous allons voir également comment c’est avec cette description détaillée que nous allons trouver la différence entre les deux type de deixis : la deixis am phantasma et la deixis ad oculos.

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