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Un tiré à part de la partie consacrée aux sans-papiers est par ailleurs diffusé, sans le cahier II

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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PRO FRI BOURG Octobre 2001

CENTRE FRIBOURGOIS DE DOCUMENTATION PEDAGOGIQUE

Trimestriel N° 132

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SOMMAIRE

I Les sans-papiers Un silence éloquent

Occupation en sous-sol Tous les enfants ont des droits Un été très occupé (chronique)

Christa Mutter Denis Clerc Christa Mutter Boudjerima Lakhdar El-Bedjali Nasser et Sandra Modica

p. 1 à 12

Il Actualités Pro Fribourg p. 13 à 24 AG de Pro Fribourg du 25 octobre

Un sale coup Gérard Bourgarel Un cas d'école, l'ELPF Christa Mutter Une ville à la dérive Jean-Claude Morisod Hommage à Max Schnetzer Gérard Bourgarel

III Chronique (suite) p. 25 à 36 Le manifeste des sans-papiers

Un système vicié

La tête dans le sable Jean Steinauer Fri-Art: «Sans-Papiers», installation

N.B. Un tiré à part de la partie consacrée aux sans-papiers est par ailleurs diffusé, sans le cahier II.

PRO FRIBOURG organise à la Grenette à Fribourg, le jeudi 25 octobre 2001 à 20 h 30 un débat: «Les sans-papiers parmi nous: un enjeu majeur pour notre démocratie». Invitation cordiale à tous et à toutes.

Page de couverture: le flot humain revendicateur de plus de mille participants à la mani¬

festation du 15 septembre à Fribourg. (photo Eliane Laubscher).

Crédit photographique: p. 1, 2, 4, 7-10, 14, 29-32, 37 en haut: Pierre-Yves Massot, Fribourg;

p. 21 et 37 en bas: Eliane Laubscher, Fribourg; p.15 et 17; Charles Ellena, Plaffeien.

© PRO FRIBOURG, MÉANDRE ÉDITIONS, Stalden 14, 1700 Fribourg ISSN 0256-1476 IMPRESSUM

PRO FRIBOURG Stalden 14 1700 Fribourg Tél. 026 322 17 40 Fax 026 323 23 87

Conditions d'abonnement Ordinaire Fr. 48- De soutient Fr. 80- Réduit (Avs, étudiants, apprentis) Fr. 38.—

Imprimerie Fragnière SA, Fribourg

CCP 17-6883-3 PRO FRIBOURG 1700 Fribourg

Tirage 5'000 exemplaires Prix: Fr. 12.-

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MERCI LES SANS-PAPIERS!

Après des années de vie clandestine, de travail obscur, vous êtes apparus au grand jour, avec cette forte revendication: Nous sommes des êtres humains!

Vous aspirez à ces droits élémentaires qui sont les nôtres, mais dont nous avons désappris le sens et la valeur.

Depuis quatre mois, à l'église Saint-Paul et maintenant au Centre d'Art Contemporain FRI- ART, vous avez vécu au coude à coude, dans la diversité de vos cultures et de vos origines, dans l'angoisse, dans l'incertitude du lendemain. Vous avez formé dans cette épreuve une communauté, prenant collectivement vos décisions, nous donnant une leçon de démocra¬

tie.

Dans ces lieux symboliques - une église, un centre culturel - musulmans, bouddhistes, chrétiens, incroyants, vous avez fait preuve de respect et de dignité et vous nous avez tendu un miroir, où s'est reflétée la scission entre une Eglise du témoignage et du partage, et une Eglise du pouvoir.

Tout aussi fortement, est apparue, face à votre témoignage, au sein de nos principaux par¬

tis politiques, une cassure entre les froids gestionnaires retranchés derrière lois et règle¬

ments, et les hommes de conviction, d'inquiétude et de doute, qui s'interrogent sur notre démocratie: sclérosée ou vivante?

Travailleurs de l'ombre, vous vous tenez debout. Vous nous interpellez: vous revendiquez le droit à la parole, le droit à une vie normale, à des conditions décentes de travail et de logement, à un avenir pour vos enfants.

Où est le crime?

Gérard Bourgarel

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UN SILENCE ÉLOQUENT

PAR CHRISTA MUTTER

La seule voix officielle qu'on a entendue, dans cette affaire, c'était celle de l'Etat poli¬

cier.

Claude Grandjean est un politicien qui défend avec conviction les cas individuels de gens en quête d'un permis.

Discrètement. Beaucoup trop discrètement.

Les autorités genevoises et neuchâteloises font les mêmes démarches, mais elles le font savoir à leur population. A chaque occasion, elles réclament publiquement un change¬

ment des règles et de leur application, là ou elles leur apparaissent inhumaines. Elles ont une conception politique en matière d'immi¬

gration.

A Fribourg, la Direction cantonale de la jus¬

tice et de la police (DJP) ne fait pas de poli¬

tique, elle applique la loi, point final. Au lieu d'essayer d'aller aussi loin que possible pour la régularisation des sans-papiers, elle fait dans l'auto-censure et émet des critères stricts, schématiques. Pourquoi ne défen- drait-on pas une famille qui vit ici depuis trois ou cinq ans? Pourquoi ne soumettrait-on pas à Berne des cas juridiquement «indéfen¬

dables», peut-être, mais humainement signi¬

ficatifs? Au lieu de quoi la DJP a utilisé la liste des noms fournie par le collectif pour discré¬

diter celui-ci, pour essayer de casser le mouvement.

M. Grandjean se plaint de son sort, demande de la «compréhension» pour sa tâche difficile et se soucie de son image à Berne. La compréhension, on l'aurait souhai¬

tée pour ces familles sans logement, et sans espoir en cas de retour dans leurs pays. On aurait attendu qu'un élu socialiste fasse tout ce qui est humainement possible, et pas seulement ce que Berne pourrait juger acceptable.

Les magistrats sont certes tenus d'appliquer la loi - avec toujours une marge de manoeuvre - mais ils doivent aussi défendre leurs convictions, et indiquer la direction

dans laquelle il faudrait faire évoluer l'Etat.

On les a élus pour cela. Dans le domaine dif¬

ficile de l'intégration des immigrés, et face à la montée de l'extrême-droite, les déclara¬

tions gouvernementales influencent l'opinion publique. M. Grandjean ne l'a pas compris.

Et l'on n'a entendu aucun autre membre du Conseil d'Etat ou du Conseil communal de Fribourg. Un silence éloquent.

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OCCUPATION EN SOUS-SOL

PAR DENIS CLERC

Le phénomène est ancien et connu. La croissance économique et les entraves mises à la naturalisation ont entraîné un accroissement de la population d'étrangers en Suisse. Jusqu'à 20%. Pour limiter cette surpopulation étrangère, le Conseil fédéral maintient le contingent annuel d'immigration en dessous des demandes de l'économie.

Résultat: une permanence de 2 à 300000 travailleurs clandestins. Clandestins mais tacitement tolérés. Ce système arrange plus ou moins tout le monde. Les moins bien arrangés sont les clandestins. Alors, de temps en temps, ils sortent de l'ombre, comme cette année à Fribourg. Pourquoi?

L'exemple parisien leur a donné de l'espoir:

l'intervention de la police à la pioche et à la pelle en a fait des victimes. Et les médias aiment les victimes. En Suisse aussi.

Pourquoi pas Fribourg? Les ingrédients d'un sit-com, peut-être d'un drame, sont là.

Pourquoi pas d'une tragédie. Et puis, l'été est propice car l'actualité locale est vide.

Enfin Fribourg est le siège de l'évêché. Tout est prêt pour bien exposer le sujet, faire éclater l'hypocrisie officielle face au sort des malheureux clandestins devenus, selon le langage parisien, des sans-papiers.

Derrière eux, un comité de soutien joue les metteurs en scène. Moteur.

Au départ, présentation du drame des sans- papiers. La TV se précipite. Pour elle, Fribourg est un microcosme archaïque et pittoresque, avec des croix au bord des autoroutes, des montées à l'alpage, des Conseils de paroisse, un préfet. Chacun joue son rôle, inspirant la pitié s'il est victime, la terreur s'il tient le glaive de la loi qui chas¬

sera les fautifs du paradis helvétique. C'est racinien. Chacun choisit son camp: le curé avec les sans-papier, le conseiller d'Etat pour le respect de la loi. L'évêque se range

d'abord du côté des occupants qu'il pense être celui de l'Evangile. Puis il tente de faire une place à César à côté de celle de Dieu.

Au milieu rode le préfet. Dans le canton de Fribourg, il a la charge de «l'ordre public».

Mais il est aussi chrétien, PDC et frère de son frère. Alors, attendons: un ultimatum et il part d'abord en vacances. A son retour, les occu¬

pants n'ont pas bougé. Le préfet bronzé et gêné arrive avec le Natel à la ceinture à la place du revolver: on n'est pas dans le Montana.

Face à ces acteurs, le chœur des Fribourgeois commente le déroulement de la pièce. Le pays profond, le peuple de l'apéro, Marius et Jeannette ont fait leur choix. «La Suisse aux Suisses! Pourquoi ils sont là?

Qu'ils aillent dans une mosquée!» Les partis sont plus nuancés. La gauche prend fait et cause pour les sans-papiers: «Pour un concept planifié à long terme», clament les Jeunes socialistes frais émoulus de l'Université. «Pas de répression! Une solu¬

tion politique globale et cohérente» chantent les Verts dans leur jargon de psys. Les radi¬

caux sont fermes en juillet: «Pas de décision globale, rétablissement de la situation légale.» En août, ils tombent la veste. Ils

«souhaitent que la situation créée par l'oc¬

cupation de lieux publics par des sans- papiers soit résolue dans les plus brefs délais.» Ils demandent même au Conseil d'Etat «d'intervenir là où des situations illé¬

gales condamnent à une exploitation écono¬

mique des personnes sans papiers.» Les sans-papiers sont devenus des «personnes sans papiers» et certaines sont même

«exploitées», disent-ils. Ouf! On est rassuré:

les radicaux ont une âme. Le PDC reste dis¬

cret, comme coincé entre la démocratie et le christianisme. Enfin, l'UDC du Lac fait fort.

Elle fait dans ses pantalons. Après la fin de l'occupation, elle traite les membres du col-

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lectif de «criminels, profiteurs, souteneurs».

Car le combat s'est arrêté faute de combat¬

tants. Quand les gendarmes sont arrivés, les oiseaux avaient quitté le nid. La tragédie n'aura pas lieu. Claude «Créon» Grandjean annonce aussitôt: «Pas de traque des clan¬

destins!» Antigone les aidera à se cacher et à se débrouiller dans les champs de tabac ou derrière les fenêtres borgnes des lessive- ries, sous la protection de l'œil fermé du roi de Thèbes et de ses argousins. La perfec¬

tion du monde par la politique est possible, mais elle a montré des limites vérifiées, une fois de plus, dans le sous-sol d'une église fri- bourgeoise.

Denis Clerc ancien Conseiller d'Etat

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Eglise Saint-Paul, 24.08.2001

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TOUS LES ENFANTS ONT DES DROITS

PAR CHRISTA MUTTER

Arton, 12 ans, voulait aller à l'école, mais la conseillère communale Marie-Thérèse Maradan Ledergerber le fit renvoyer de la classe qui l'avait volontiers accueilli. Car Arton avait trouvé refuge, avec sa famille, à l'église Saint-Paul et chez les sœurs d'Ingenbohl. La conseillère communale per¬

sista dans son refus jusqu'à ce que la Direction cantonale de l'instruction publique la rappelle à l'ordre.

Car tous les enfants, sans exception, ont le droit et le devoir d'aller à l'école. A Fribourg aussi. Même pour quelques semaines, même si un autre canton a signalé le renvoi à la mère, Fribourg doit scolariser un enfant qui séjourne sur son territoire. En exigeant d'une famille sans-papiers un «domicile légal»

pour inscrire l'enfant, et en soutenant qu'«une église n'est pas un domicile», Mme Maradan a démontré non seulement sa méconnaissance de la situation juridique, mais encore sa mauvaise foi.

Cette décision tombait, il faut le dire, dans un terrain déjà bien préparé par les propos du chef de la police des étrangers, Georges Chassot: «Quand on inscrit les enfants à l'école, la commune doit contrôler si les parents sont en règle.» Et le conseiller d'Etat Claude Grandjean, au lieu de rappeler à l'ordre ce chasseur d'immigrés, sans nier toutefois le droit des enfants, d'insister: «Les communes ne font pas leur travail.» Quant au chef du département de la police, Thierry Steiert, il explique ainsi la vue aussi légaliste que juridiquement erronée de son adminis¬

tration: «Il n'est pas normal qu'une famille habite dans un village, envoie ses enfants à l'école et que tout le monde sache qu'ils n'ont pas de permis, pendant des années.

De par la loi, les communes ont l'obligation d'effectuer le contrôle des habitants.» Mais la Direction de justice et police oublie (ou ne veut pas voir) qu'il existe à cette règle une exception de taille.

Si le service du contrôle des habitants apprend l'existence d'une famille de sans- papiers parce que les enfants vont à l'école, il a l'obligation de fermer les deux yeux.

Mieux: les autorités scolaires - comme l'AVS, d'ailleurs - ne doivent pas communiquer leurs données au contrôle des habitants. Car le droit à la scolarisation des enfants prime toujours sur le statut juridique des parents.

Cette priorité est légalement assurée au niveau national et international. La Constitution fédérale garantit une protection spéciale aux enfants (art. 11); ils ont tous le droit et le devoir d'aller à l'école (art. 19), et les cantons - puis par délégation les com¬

munes - doivent appliquer ces principes (art.

62). En 1999, tous les cantons à l'exception de Glaris et en partie des Grisons ont répondu qu'ils les avaient mis en pratique. 5 Avec la ratification de la convention de l'ONU sur les droits des enfants en 1997, la Suisse a souscrit formellement à une exigence déjà soutenue par la Conférence des directeurs de l'Instruction publique depuis 1991. Cette année-là, Fribourg s'était prononcé claire¬

ment: chaque enfant doit être scolarisé, sans égard au statut des parents. Et le chef de service des écoles de la Ville, Francis Galley, nous assurait alors: «A Fribourg, tous les enfants sont acceptés à l'école, si on vient les inscrire. Il n'y a aucun cas de famille clan¬

destine renvoyée parce que l'enfant fréquen¬

tait l'école.»

La décision prise par Mme Maradan de ren¬

voyer Arton revenait donc sur un droit appli¬

qué depuis longtemps à Fribourg. Un recul de dix ans! C'est incompréhensible, et d'au¬

tant plus choquant de la part d'une socia¬

liste. Ce parti avait naguère combattu les mesures de contrainte. Ses représentants dans les exécutifs doivent-ils maintenant fournir ainsi un support involontaire aux milieux xénophobes et aux amateurs de dénonciations?

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LÉGENDE DES PHOTOS

Le photographe Pierre-Yves Massot a suivi de jour en jour l'histoire des sans- papiers. Ses images nous font entrer, sans voyeurisme aucun, dans la vie quoti¬

dienne du groupe, à Saint-Paul ou à Fri-Art. Elles nous invitent aussi à mesurer l'ab¬

surdité d'une société ordonnée, policée et... médiatisée à l'extrême.

Page 7: Attendre. Comme un pion sur l'échiquier.

Page 8-9: La nuit, le jour. La solitude, la fraternité.

Page 10: Sept ans de travail ici pour construire là-bas sa maison.

Puis la guerre.

Page 29: «Allons! Le vent se lève. Il faut tenter de vivre.» (1er Août)

Page 30-31: «Qu'on me voie en action!», clame le préfet. «Qu'on me laisse dor¬

mir», demande le sans-papier. Tous les hommes sont égaux devant les médias, bien sûr; mais certains plus que d'autres.

Page 32: Les sans-papiers, une œuvre d'art contemporain.

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UN ETE TRES OCCUPE

CHRONIQUE D'UN MOUVEMENT SOCIAL

PAR BOUDJERIMA LAKHDAR, EL-BETJALI NASSER ET SANDRA MODICA Pendant l'année 2000, un quart des per¬

sonnes qui se sont adressées à la perma¬

nence juridique du Centre de contact suisses-immigrés (environ 140 personnes) étaient des sans-papiers pour lesquelles il n'y avait, d'un point de vue strictement juri¬

dique, rien à faire. En 2001, le CCSI reprend la réflexion, commencée en fait trois ans plus tôt, sur cette problématique.

25 avril

Lors de son assemblée générale annuelle, le CCSI décide de se constituer en ambas¬

sade des sans-papiers. A cette occasion quelque sans-papiers décident de sortir de l'ombre et de parler de leur réalité.

Fin avril, de mai

Plusieurs rencontres ont lieu entre sans- papiers et avec des personnes solidaires.

L'idée d'une occupation se transforme pro¬

gressivement en projet réaliste parmi les sans-papiers et ceux qui les soutiennent.

Les sans-papiers, organisés en un Collectif, rédigent un Manifeste et demandent, en pre¬

mier lieu, leur régularisation collective. (Lire ce texte en page 27).

La décision d'occuper un lieu public dans les semaines à venir, afin de rendre visible le pro¬

blème des sans-papiers et demander leur régularisation, date du 5 mai. L'abbé Koch, qui a déjà organisé de nombreuses occupa¬

tions avec des réfugiés, vient à cette occa¬

sion apporter son soutien et son expérience.

4 juin (lundi de Pentecôte)

A 14 h., une vingtaine de sans-papiers occu¬

pent l'église Saint-Paul à Fribourg pour une durée indéterminée. Quelque 200 per¬

sonnes sont présentes pour apporter leur soutien. Le soir même, le conseiller d'Etat Claude Grandjean, chef du Département de justice et de police, vient sur place pour comprendre ce qui se passe.

12 juin

Dans une déclaration publique à la radio, Mgr Bernard Genoud affirme que «la conscience doit primer sur une Loi trop dure» et prend parti pour les sans-papiers en disant: «On ne peut pas expulser des gens d'une maison qui n'est pas la nôtre, mais celle du Père.» Par la suite, l'évêque du diocèse changera totalement de position et soutiendra le Conseil de paroisse dans sa décision d'expulser les sans-papiers.

15 juin

Le Mouvement rend visite à la police des étrangers de Fribourg pour sensibiliser les employés à la question des sans-papiers.

En particulier, le Mouvement les appelle à la désobéissance civile: il leur demande de se prononcer contre les lois qui fabriquent des sans-papiers et de ne plus les appliquer. Cet acte symbolique a eu lieu en même temps dans plusieurs villes de Suisse.

4 juillet

Le Mouvement des sans-papiers reçoit, pre¬

mière d'une longue série, une lettre de M.

Etienne Gruber, président du Conseil de paroisse, qui demande le départ des sans- papiers de Saint-Paul.

11 juillet

En collaboration avec l'Union syndicale fri- bourgeoise et Attac, le Mouvement des sans-papiers organise une première action dénonçant la précarisation générale des conditions de travail des salariés. L'action a lieu chez Optigal, usine du groupe Migras qui emploie massivement des travailleurs immigrés avec des permis précaires, en par¬

ticulier des requérants d'asile et des per¬

sonnes admises provisoirement. D'autres actions de ce genre seront organisées par la suite.

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16 juillet

Le Mouvement remet aux autorités canto¬

nales et fédérales une première liste de 84 sans-papiers à régulariser, dont certains viennent d'autres cantons (Vaud, Soleure, Berne, Fribourg et Neuchâtel). Par la suite trois autres listes de nouveaux sans-papiers seront envoyées aux autorités.

18 juillet

Une rencontre a lieu entre une délégation du Collectif et M. Grandjean pour discuter de la première liste et des revendications du Collectif. La discussion n'aboutit à rien de concret. Le conseiller d'Etat s'oppose à une régularisation collective et réaffirme son impuissance face à ce dossier. Son manque de courage politique est flagrant.

20-22 juillet

Alors que le Collectif occupe l'Eglise Saint- Paul depuis 50 jours, Mgr Jacques Gaillot, ancien évêque d'Evreux, vient apporter sa solidarité. Dans une conférence, il rappelle le devoir d'hospitalité de l'Eglise et son rôle:

soutenir les plus démunis et les sans-droits.

31 juillet

Dans une interview au journal Le Temps, Christiane Brunner, présidente du Parti socialiste suisse, soutient la régularisation collective des sans-papiers. Par la suite le PSS redeviendra très (trop) discret sur ce problème, sur le soutien réel aux sans- papiers et sur la proposition de solutions justes et humaines.

1er août

Sur le thème «Une autre Suisse est néces¬

saire», le Collectif des sans-papiers orga¬

nise une conférence de presse avec des intervenants de plusieurs partis, syndicats et associations. Dans son discours pour la Fête nationale, le président du Conseil d'Etat

Claude Grandjean s'adresse aussi aux sans- papiers. Le lendemain, la presse parlera du

«1er-Août des sans-papiers».

9 août

Suite aux prises de positions totalement hypocrites du conseiller fédéral Pascal Couchepin, qui se contente de fermer les yeux sur la réalité des sans-papiers, le Collectif décide d'aller manifester à Berne devant le Secrétariat d'Etat à l'économie, et rend publique la liste de tous les employeurs qui engagent les sans-papiers membres du Collectif.

12 août

Un sondage de la Radio suisse romande auprès d'un échantillon de 500 personnes montre que les Romands sont favorables à la régularisation des sans-papiers. Plus de 60%

des sondés se déclarent en faveur d'une amnistie alors que moins de 40% ne veulent pas en entendre parler. La majorité est égale¬

ment opposée à l'évacuation des personnes occupant le centre paroissial de Saint-Paul.

18 août

Suite à un travail de préparation politique et pratique de plusieurs semaines, le Collectif des sans-papiers de Neuchâtel décide d'oc¬

cuper la Maison du peuple de La Chaux-de- Fonds lors d'une soirée organisée pour mani¬

fester la solidarité avec les sans-papiers. Le Collectif neuchâtelois reprend les revendica¬

tions des sans-papiers de Fribourg.

20 août

«Sans papiers nous restons!» Dans une conférence de presse, le Collectif répond ainsi à l'ultimatum donné par le préfet Nicolas Deiss de quitter les lieux au plus tard le 20 août. Nicolas Deiss est présent à cette conférence de presse. Le Collectif informe (suite en page 25)

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Invitation à l'Assemblée générale de PRO FRIBOURG

jeudi 25 octobre 2001 à 20 heures à la Grenette, place Notre-Dame, à Fribourg

ORDRE DU JOUR

■ Rapports d'activité et financier

■ Rapport des vérificateurs des comptes

■ Election du comité et des vérificateurs des comptes

■ Fixation de la cotisation-abonnement 2002

■ Divers

A partir de 18 h 15 un apéritif et un repas en commun nous réunira avec les participants à la table ronde à la Grenette (petite salle rôtisserie au 1er).

Prière de s'annoncer à notre secrétariat:

Stalden 14,1700 Fribourg (tél. 026 322 17 40 ou 026 424 76 65, fax 026 323 23 87).

Dès 20 h 30, table ronde et discussion sur le thème:

LES SANS-PAPIERS PARMI NOUS:

UN ENJEU MAJEUR POUR NOTRE DÉMOCRATIE Les sans-papiers, depuis plus de 4 mois, affirment leur exis¬

tence. Le monde politique fribourgeois, occupé par les pro¬

chaines élections, fait la sourde oreille. C'est à nous, membres de la société civile, d'imposer notre priorité:

leur droit à la dignité.

Participant au débat: Ce soir, les sans-papiers seront nos invités!

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LE SALE COUP DE DERNIÈRE MINUTE

GÉRARD BOURGAREL

En consacrant ce cahier aux sans-papiers, nous pensions mettre à profit une pause après un été tumultueux, dans l'attente d'un examen par le parlement fédéral. Une réflexion était nécessaire en vue de trouver une, ou des solutions à ce problème humain.

C'était compter sans le présent sale coup.

Le collectif des sans-papiers avait fait par¬

venir une deuxième liste de candidats à la régularisation en date du 25 août, puis une troisième - complète et réactualisée - le 13 septembre. La réponse est tombée, ou plus exactement, le couperet.

En date du 1er octobre, M. Claude Grandjean, directeur du département de justice et police, a fait connaître que seuls deux dossiers supplémentaires avaient été retenus pour être transmis à Berne, alors que deux autres étaient laissés «ouverts» en vue d'un examen plus approfondi. Pour le reste, voilà le mauvais coup:

«Les autres personnes figurant sur les listes des «sans-papiers» sont invitées à quitter la Suisse d'ici au 31 octobre 2001 au plus tard. Ce délai passé, elles ne béné¬

ficieront plus d'aucune tolérance et s'ex¬

poseront à des mesures de contrainte si elles refusent de donner suite aux déci¬

sions rendues à leur égard.»

Ainsi, pour M. Grandjean, la chasse est ouverte. De plus: «En outre, j'insiste tout par¬

ticulièrement sur l'obligation faite aux per¬

sonnes qui relèvent de la compétence d'autres cantons de regagner ceux-ci immé¬

diatement...»

Ainsi, il n'y a plus d'illusions à se faire:

Claude Grandjean vient de montrer son vrai visage, celui d'un bureaucrate borné. Ce qui est particulièrement grave, c'est qu'il utilise

ces listes de noms, transmises de bonne foi dans l'espoir d'une régularisation, comme des listes de dénonciation pour une ignoble répression.

La Commission fédérale des étrangers a pourtant proposé, avec bon sens, que soient créées des instances de médiation. Lors du débat organisé récemment par le parti radi¬

cal, cette proposition a été soutenue par le Conseiller aux Etats Jean-Claude Cornu, pourtant opposé à une régularisation glo¬

bale, reconnaissant que les sans-papiers

«c'est une réalité. Ils ne vont pas partir et on n'a pas les moyens de les faire partir.» Une proposition également acceptée par le porte-parole de l'Office fédéral des réfugiés, M. Dominique Boillat.

Claude Grandjean, bien que socialiste (ô combien décoloré),reste sourd et aveugle. Il ignore jusqu'au programme 2001 de son parti, qui affirme clairement que «les sans- papiers sont trop nombreux pour que l'on puisse imaginer pouvoir régler le problème au cas par cas.» Et que penser de ce Gouvernement cantonal qui se camoufle commodément derrière ce personnage falot et sans charisme?

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UN CAS D'ÉCOLE

PAR CHRISTA MUTTER

Le Conseil communal veut casser à tout prix l'Ecole libre publique. Pour cela, il utilise les moyens les plus saugrenus.

Qu'est-ce qu'une bonne école comme tous les parents en rêvent pour leurs enfants?

Une école où l'on apprend, à côté du pro¬

gramme officiel, à vivre ensemble. Une école qui s'occupe du sort de ses élèves, même au-delà de leur scolarité. Une école qui offre une piscine, une cantine et qui est atteignable sans danger pour les enfants du quartier. Une école pour laquelle les parents ont envie de s'engager. Une école qui réflé¬

chit à son avenir, qui dessine des projets, qui défend ses idées pédagogiques.

De façon générale, les écoles des la ville de Fribourg ont cette bonne réputation. Et il y a

encore l'Ecole libre publique (ELPF), qui remplit aussi ces critères.

Mais l'Etat d'abord, puis l'exécutif communal ont décidé de changer les règles du jeu avec l'abandon du statut confessionnel de l'ELPF. La ville n'a pas essayé d'intégrer cette école dans son réseau, mais a com¬

mencé à la traiter comme une concurrente dont il faut se débarrasser.

Pour quelqu'un qui regarde ce conflit depuis l'extérieur, les raisons de l'opposition du Conseil communal contre l'établissement du Gambach restent incompréhensibles.

Conseil Général esquivé

La guéguerre de nos édiles contre cette école prend parfois des proportions para- noiaques.

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Depuis 1999, le Conseil communal refuse de soumettre au Conseil Général la question cru¬

ciale si la Ville doit rester dans le cercle sco¬

laire de l'ELPF ou non, et si elle doit adhérer à la Convention qui règle les admissions. En juillet 2001, le département de l'Instruction publique répète que c'est le Conseil Général qui est compétent pour décider.

Aux dernières nouvelles, le Conseil général sera enfin saisi de la question en novembre.

On peut espérer que l'arrivée d'un nouveau chef de service des écoles rende la discus¬

sion plus sereine.

Psychose contre une école

En attendant, le Conseil communal agit comme si Fribourg était déjà sorti du Cercle.

Il affirme même avec une mauvaise foi évi¬

dente: «L'ELPF n'existe plus», et il multiplie les attaques:

La ville ne veut plus scolariser des enfants alémaniques du quartier du Gambach à l'ELPF. Les enfants doivent prendre le che¬

min plus long et dangereux vers la Vignettaz ou le Jura. Les familles qui voulaient s'ins¬

crire à l'ELPF ont dû insister pour recevoir une décision qui est finalement arrivée le jour de la rentrée! Plusieurs familles ont fait recours. Une famille a même décidé de déménager à Villars-sur-Glâne, d'où l'enfant prend le bus scolaire à l'ELPF, sans pro¬

blèmes. Voilà comme la politique scolaire fait fuir ces familles avec enfants que la Cité devrait attirer!

Les associations des parents ont rédigé un guide des écoles. La Commune paye moins que la moitié des frais, mais pose la totalité des conditions, dont celle-là: surtout aucune mention de l'ELPF! Le fait que l'ELPF devait figurer parmi d'autres adresses utiles a déclenché une crise de nerfs au Conseil communal: il a menacé de retirer son soutien si l'ELPF était mentionnée. Les associations s'exécutent, mais protestent. Et le syndic de rappeler que ce guide est pour ceux qui paient leurs impôts à Fribourg! Quelle offense pour les familles de la ville inscrites à l'ELPF. Peut-être vont-elles préférer aller payer ailleurs, comme l'ont fait déjà des contribuables, et non les moindres.

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Les enfants de la ville qui fréquentent l'ELPF sont pénalisés, on les traite comme des pes¬

tiférés. Ils ne sont pas admis aux activités extrascolaires sportives ou artistiques.

Quand la ville invite tous les enfants à signer la Lanterne magique d'Hubert Audriaz, elle en exclut les élèves de l'ELPF.

Le Conseil communal nomme la commission scolaire pour la durée de la législature. La loi dit seulement qu'une majorité de ses membres doivent être des «parents». Dès que le Conseil communal a appris que les enfants de Karine Siegwart, représentante de la Liste Citoyenne, fréquentent l'ELPF (il avait oublié de vérifier?), il l'exclut de la commis¬

sion scolaire avec l'étonnante raison qu'elle n'aurait pas qualité de «parent». Contre ce traitement arbitraire: un recours de plus! Et tout cela au moment où la Ville se sert, avec son CO alémanique, des locaux de l'ELPF.

Vieille rancune au lieu de nouvelles idées Les explications du Conseil communal ne convainquent pas. On entend parfois que l'école serait «élitaire». Le fait que quelques

familles fortunées, quelques chefs d'entre¬

prise envoyaient ou envoient leurs enfants dans cette école masque peut-être la réalité que l'ELPF était toujours ouverte à toutes les couches sociales - la liste des professions des parents le prouve. Pour le projet d'école bilingue (on espère encore qu'il sera réalisé un jour!), le critère de la bonne mixité sociale était prioritaire.

L'argument avancé que l'ELPF mettrait en danger l'existence des classes alémaniques dans les autres quartiers est démenti par le comportement des autorités elles-mêmes:

elles refusent régulièrement la scolarisation en allemand pour des enfants issus de familles bilingues, et il y a des classes alé¬

maniques avec des effectifs importants.

L'argument financier n'est pas crédible non plus: aujourd'hui, un enfant à l'ELPF coûte même un peu moins qu'un enfant dans une école de quartier.

La section francophone a dû être privatisée:

son succès démontre que la demande existe. Une perte pour l'école publique qu'on n'espère pas définitive.

17

(20)

Reste donc le soupçon qu'on veut rendre la vie dure aux parents du quartier de Gambach, surtout aux alémaniques. Ou l'existence de rancunes personnelles contre ceux qui défendent cette école. Explications certes tristes, mais néanmoins probables.

Nombreux sont ceux qui demandent aujour¬

d'hui d'enterrer enfin ces vieilles histoires et de repartir sur la base d'une collaboration constructive.

Réfléchir au futur des enfants, s.v.p.

A Fribourg, un projet pour l'avenir des écoles fait défaut, on se limite à gérer le quotidien.

Le Conseil communal n'a ni vu ni saisi la chance inouïe de disposer d'une école au cœur de la ville. L'ELPF pourrait être utile pour toute la ville en fonctionnant en réseau avec les autres écoles de quartier pour accueillir les élèves d'autres communes. Elle sera idéalement placée pour servir d'alter¬

native pour des enfants qui ont des pro¬

blèmes dans les autres écoles.

Heureusement que la commission de la Constituante a mieux saisi le rôle que la Capitale devrait jouer, qu'elle devrait lier la communauté francophone et alémanique en s'affichant ville bilingue. Pour cela, les écoles auront un rôle primordial à jouer, et l'ELPF pourrait servir de projet pilote.

Car si l'exécutif devrait réussir son plan, il provoquerait avec certitude ce qu'il dit vou¬

loir éviter:

L'ELPF sera contrainte de se privatiser entiè¬

rement, elle va attirer une élite qui pourra payer les frais, et elle aura assez de succès pour mettre en danger l'existence de classes dans d'autres quartiers.

Voilà ce qu'on appelle une politique pré¬

voyante.

La minorité réformée avait fondé son école privée en 1836, avec comme salle de classe l'actuel Café des Trois Rois au Stalden. En 1870, elle devint école libre publique, et

d'autres écoles réformées ouvrirent leurs portes. Jusqu'en 1973, les ELP sont finan¬

cées par un impôt spécial sur les revenus des réformés. L'école joue un rôle important comme centre culturel pour la minorité confessionnelle.

Encore dans les années 70, des élèves réformés avaient souffert du mépris de la majorité catholique. L'école a toujours soi¬

gné un esprit d'ouverture. Pendant les années de guerre, c'est notamment l'ELPF qui a accueilli les enfants juifs. Preuve de cette atmosphère de tolérance: la belle charte que les élèves du CO se sont donnés en 1997. A voir sur le site internet, informatif et ludique: www.elpf.ch.

Les tribunaux et la politique au lieu du bon sens pédagogique

En 1991, le Conseil d'Etat décide de res¬

treindre l'accès des non-réformés à l'Ecole.

Suite à des recours de l'école et de parents, le Tribunal fédéral décide en 1999 de sup¬

primer le critère confessionnel pour l'admis¬

sion de nouveaux élèves. Avec la convention de décembre 2000, les communes signent les nouvelles bases pour l'ELPF.

Mais la Ville manque à l'appel. Sur décision des inspecteurs scolaires, mêmes les enfants alémaniques du Gambach ne sont plus admis dans les classes primaires alé¬

maniques.

Cette année, la section primaire franco¬

phone est privatisée. Le CO alémanique fusionne avec celui de la Ville et l'ELPF met son bâtiment à disposition.

Christa Mutter

(21)

EN BREF

Casino-Théâtre aux Grand-Places Zone verte en danger

La commission fédérale chargée de la sélection des projets de casinos avait balayé d'un revers de main 5 des 7 projets présen¬

tés par le canton de Fribourg. Un tour de repêchage permettra peut-être au projet

«officiel», situé dans les sous-sol du futur théâtre des Grands Places, de recevoir la concession tant attendue. Sans cette manne providentielle, la construction et surtout l'ex¬

ploitation d'un Théâtre (au moins 2,5 millions de francs par année et autant pour la salle privue à Villars-sur-Glâne) deviendrait impos¬

sible. Pour autant aussi que le Grand Conseil accepte de soutenir une institution-phare cantonale. Ce qui n'est pas gagné d'avance.

En attendant, les architectes sélectionnés pour le concours planchent déjà sur ce thème. Espérons que ce ne soit pas en vain!

Pro Fribourg a cependant décidé de faire opposition aux changements d'affectation de la zone en question. La nouvelle régle¬

mentation envisagée est totalement insuffi¬

sante pour assurer la sauvegarde d'espaces publics de qualité dans ce secteur sensible de la ville. La gestion des flux automobiles et des accès aux parkings n'était notamment pas réglée. Dans les objectifs à court terme, Pro Fribourg demande aussi que la circula¬

tion privée soit supprimée sur l'Avenue de la Gare comme le prévoit le plan d'aménage¬

ment local. Une étude de circulation a confirmé que cette mesure était tout à fait réalisable à court terme.

Quant au changement provisoire d'affecta¬

tion du restaurant Manora en Casino, le Préfet, tout en octroyant le permis de construire, le qualifie comme suit: «Je tiens toutefois à relever quant au fond que le res¬

taurant Manora n'est pour l'heure pas conforme à la zone verte d'intérêt général.»

Ce changement d'affectation est pourtant important: de largement public et ouvert sur

le parc, le bâtiment deviendrait privé et intro¬

verti. Plus inquiétant encore, avec les nou¬

velles bases légales concoctées par la ville, un immeuble de plusieurs étages pourrait remplacer ce bâtiment pavillonnaire.

Comment la Commission fédérale des casi¬

nos a-t-elle apprécié ce tour de passe- passe?

Gare-Sud, projet revisité

La ville de Zurich finance une bonne partie de l'opération immobilière de Gare-Sud par l'entremise de la caisse de pension de ses fonctionnaires. Elle a été catastrophée en découvrant les plans concoctés par l'archi¬

tecte Serge Charrière: une façade métal¬

lique vitrée et hermétique à la mode des années 90 tournant le dos à l'Avenue de la Gare et aux touristes fraîchement débar¬

qués: «rentrez chez vous, y a rien à voir».

Toutes les sorties de gare n'ont certes pas le charme de celle de Venise, mais après une séance houleuse et une mise au pas, le pro¬

jet s'est amélioré: la façade sera de pierre, percée de fenêtres normales et surtout, elle offrira deux accès aux commerces au lieu d'un seul. C'est quand même plus agréable pour une rue qui devrait être bientôt pié¬

tonne. Ces revendications avaient déjà été exprimées par les associations écologistes, mais n'avaient pas été comprises. La ville de Zurich, qui regrette de n'avoir pas pu déve¬

lopper un vrai projet de qualité, s'est néan¬

moins engagée à éviter le pire. Une chance!

Addition salée pour le «Gothard»

La bourgeoisie de la ville de Fribourg, après s'être défait d'une bonne partie de son patri¬

moine immobilier, a décidé, sous la houlette du conseiller Pierre-Alain Clément, de le reconstituer. Alors, pourquoi ne pas acquérir un lieu symbolique de la vie politique locale -quel conseiller n'y a pas pris une cuite: le café du Gothard.

(22)

Les souvenirs ont dû embuer les yeux de nos édiles car le prix d'achat est exorbitant:

1,5 millions, auxquels il faut ajouter 300'000 francs liés à un mandat d'architecte, (au mépris de la loi sur les marchés publics), sans oublier un devis pour des transforma¬

tions s'élevant à 2,5 millions de francs.

L'addition est plutôt salée: 4,3 millions pour un complexe immobilier qui comprend 3 logements de 3 pièces, 4 de 2 pièces, sans oublier le célèbre établissement public.

Pour rentabiliser cet investissement, le revenu locatif annuel devrait être de 258'OOOfrancs. Ce qui conduit à des loyers mensuels de 2'000 francs pour les petits appartements et de 8'000 francs pour l'éta¬

blissement public. Pas de doute, le prix de la choucroute devra augmenter au Gothard si on veut éviter que Marie-Rose, tel un avion Swissair cloué au tarmac faute de liquidités, ne puisse plus offrir de cacahuètes. A moins que, là aussi, les pouvoirs publics...

Urbanisme fribourgeois en bonnes mains? Dominique Rosset pressenti La société d'art public et Pro Fribourg ne seront plus représentés au sein de la com¬

mission du patrimoine de la ville.

Explications officielles? «On ne veut plus que des professionnels». Pourtant les asso¬

ciations en question n'en manquent pas.

Personne n'est dupe. Cette commission - comme celle d'aménagement - avait pris trop d'indépendance.

Exit la possibilité d'exprimer d'autres idées et de contribuer de manière constructive au développement de la ville. Ce sera donc avec des oppositions et par avocats interpo¬

sés que la «discussion» continuera.

Non contente d'avoir mis au pas les com¬

missions précitées, la ville envisage la constitution d'une Super-commission d'ur¬

banisme qui serait composée, selon une source bien informée, d'architectes locaux

qui travaillent régulièrement avec la ville ou le canton. L'architecte Dominique Rosset serait même pressenti pour en devenir le président. Si l'idée de cette commission est en soit valable, le conflit des intérêts et des genres n'est pas acceptable. Pour être cré¬

dible et apporter un regard neuf et indépen¬

dant, cet organe doit être présidé et com¬

posé majoritairement d'experts extérieurs au canton. Un visionnaire comme l'architecte tessinois Luigi Snozzi serait parfait dans ce rôle.

Géraniums et nains de jardin interdits?

Fribourg est pionnier

Une des puissantes régies de la place - Weck-Aeby pour ne pas la nommer - est en charge d'une partie du parc immobilier de la ville de Fribourg. S'arrogeant un pouvoir de droit divin, elle interdit aux locataires des immeubles propriétés de la ville de Fribourg d'installer les traditionnels géraniums et autres bacs à fleurs à l'extérieur des bal¬

cons. Raisons invoquées? «Sécurité et esthétique»! Encore plus piquant, l'im¬

meuble incriminé fait partie des fameux....

«jardins de Pérolles».

Le débat est lancé: les bacs à fleurs doivent- ils servir uniquement de décors aux occu¬

pants du logement ou peuvent-ils contribuer à égayer un environnement urbain parfois stérile et contribuer, même modestement, à un meilleur équilibre écologique? Les urba¬

nistes et les sociologues ont depuis long¬

temps choisi leur camp: celui de la liberté!

Des villes comme Bâle ou Neuchâtel - même Villars-sur-Glâne, qui n'est pas si loin - encouragent les propriétaires et les loca¬

taires à «verdir» les façades des immeubles.

Weck-Aeby reste de marbre: puisque nous avons décidé d'interdire, c'est donc interdit!

L'absence de base légale sérieuse ne les arrête pas: ils n'hésitent pas à menacer d'ex¬

pulsion les locataires récalcitrants, prenant

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le risque de faire fuir les quelques bons contribuables et familles suisses que la commune a eu tellement de peine à faire venir en ville.

La loi sur les marchés publics veut que tout mandat de service supérieur à 50'000 francs

fasse l'objet d'un appel d'offres. La Commission financière de la ville serait bien inspirée de vérifier si cette règle a été appli¬

quée dans le cas présent. Ce serait l'occa¬

sion pour la ville de clarifier ses exigences en matière de gestion de son parc immobi¬

lier et de choisir une régie compétente à visage humain. A Fribourg, de grands inves¬

tisseurs institutionnels comme La Bâloise ont pris conscience de ce problème - qui serait assez lancinant - et ont fait remplir à leurs locataires des questionnaires de satisfaction incluant un jugement précis du travail accompli par la régie. Un exemple à suivre!

Grand-Fontaine: pavés dans la mare

«Remettre les pavés à la Grand-Fontaine nous coûterait 400'000 francs supplémen¬

taires», avait déclaré Philippe Dreyer, ingé¬

nieur de Ville, à l'association des riverains.

Quelques jours plus tard, son chef, le conseiller Claude Masset se veut rassurant:

il a toujours été question de remettre des pavés (pas les anciens mais des nouveaux posés «à l'ancienne») et c'est cette solution qu'il va présenter à ses collègues du Conseil communal. Son ingénieur aurait mal compris la consigne.

Paver ou ne pas paver, that is the question.

Et les édiles ont des soucis aussi existentiels que Hamlet: si le pont de la Poya se réalise, le nombre de voitures passant chaque jour à la Grand-Fontaine augmentera à 6545. Sous cet angle, il serait évidemment plus simple de goudronner, comme on l'a fait au Varis.

Dans un site d'une telle qualité architectu¬

rale, on pourrait pourtant espérer que de tels axes soient réservés aux riverains et qu'on privilégie la qualité de vie et l'image touris¬

tique.

La réglementation communale elle-même devrait soulager les insomnies de nos Hamlet fribourgeois. Car elle prévoit que dans la zone historique (appelée zone de

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ville I), «les surfaces pavées doivent être conservées» et même complétées. Cette mesure de protection implique une mise à l'enquête publique avec consultation des services cantonaux concernés (biens cultu¬

rels et service archéologique). Les riverains doivent aussi pouvoir faire valoir leurs droits dans le cadre d'une procédure équitable.

Certains, tels des rois trop tourmentés, en viennent à oublier qu'ils vivent en démocra¬

tie.

Ce non-respect des lois en vigueur a été dénoncé au préfet Nicolas Deiss qui n'a pas encore rendu sa décision finale. Saura-t-il faire respecter le droit alors qu'il est parte¬

naire de la ville pour tant de projets: casino, théâtre, culture, transports? Si ce n'est pas le cas, le Conseil d'Etat pourrait être amené à examiner la validité juridique de sa décision.

Affaire à suivre...

GOUVERNER, C'EST GOUDRONNER Une impasse bordée d'arbres, de murets et de grilles de style - un petit oasis à deux pas du boulevard de Pérolles. A la demande des habitants de mieux entrete¬

nir ce chemin, l'Edilité répond avec du goudron.

L'Edilité a informé les habitants de l'impasse du Bois que cet accès pittoresque allait être asphalté: son entretien serait difficile à cause des voitures mal parquées. Il faut donc des marquages de places de parc sur goudron pour mettre de l'ordre!

Une famille a répondu qu'il faudrait plutôt supprimer ces places de parc - il y en suffi¬

samment ailleurs - au lieu de détruire un des derniers chemins non-goudronnés de la ville. D'autres voisins se plaignent que les cantonniers ne passent jamais par là.

Au Conseil général, Claude Masset dit que deux personnes s'opposaient à l'asphaltage et que tous les autres le voulaient. Dans les faits, les habitants des quatre villas concer¬

nées souhaitent surtout ne plus marcher dans la boue quand il pleut. Un entretien correct et du gravier frais feraient l'affaire.

Mais l'Edilité veut mettre du bitume et des gravillons, solution dite «légère». Tout ça, bien sûr, sans mise à l'enquête.

Le goudron rendra le sol imperméable. Il faudra créer des rigoles et assainir les bases des anciens murs. Les travaux vont blesser les racines d'arbres. La solution „légère"

posera des problèmes tout en détruisant le charme d'un petit ensemble de valeur.

Et tout cela pour trois, quatre places de parc dont personne n'a besoin.

(25)

FÊTES DU BRUIT ET DE L'OZONE FRIBOURG: UNE VILLE À LA DÉRIVE

La ville tangue; mais que se passe-t-il donc?

Les panneaux publicitaires se multiplient jusqu'à obscurcir les fenêtres des bus ou occuper trottoirs et bancs publics. Tentes plastifiées ou pavillons de toile obstruent l'espace piétonnier gagné pied à pied sur l'automobile tandis que se vident des ton¬

neaux de bière. Le jeune tilleul des Places est éloigné en catimini pour installer tout l'été une gigantesque scène incongrue souvent inoccupée. Le petit tea-room des Grand- Places, à l'enseigne Parking Centre, s'agrandit, se mue en restaurant Manora et s'imagine déjà casino. Du 13 juin au 21 août 2001, le taux d'ozone en ville a dépassé seize fois la limite d'immission, alors que la loi ne tolère qu'un seul dépassement. La sonorisation des spectacles publics nous casse les oreilles jusqu'à une ou deux heures du matin. Mille pétards explosent au début du mois d'août quand d'innombrables fusées et feux d'artifice polluent sévèrement l'air de la vieille ville et du bourg. Le véhicule orange du nettoyage des rues brise nos rêves matinaux; hélicoptères et Pipers nous arrosent de décibels. Voilà: le populisme règne, le bruit tyrannise, la pollution triomphe. «Seriez-vous mal à l'aise?; défon- cez-vous et faites du bruit! » Tel est le dernier cri de la mode. Pourquoi cela?

La commune accorde des concessions: elle encaisse, quand elle le peut, des émolu¬

ments dérisoires pour l'usage accru du domaine public pendant le grand zime- boume de l'été. Elle gère mais ne dirige pas:

le pouvoir communal est réduit à consentir des dérogations aux heures de fermeture des établissements et des spectacles publics. On nous objectera qu'en ville les concerts sont gratuits durant l'été. Peut-être, mais les voisins en souffrent. Sauf à la mai¬

son de ville, tout le monde sait que le bruit assourdit, énerve, fatigue et cause de

graves lésions de la santé. Sauf à la maison de ville, où l'on ne semble pas lire La Liberté du jeudi, le tout Friburg a conscience que le taux d'ozone dépasse de beaucoup et bien trop souvent la limite du tolérable. Des asso¬

ciations et pétitons d'habitants doivent pal¬

lier la passivité du conseil communal.

Pourquoi des conseillers d'ailleurs, si ce sont les autorités supérieures, préfet et tribunaux, qui doivent répéter inlassablement à la com¬

mune qu'elle doit respecter et promouvoir le bien-être des habitants?

La cerise sur le gâteau, c'est bien sûr l'évic¬

tion, toujours officieuse au moment de mettre sous presse, de Pro Fribourg et de la société d'art public de la commission du patrimoine.

La commission du patrimoine est consulta¬

tive. Elle donne au conseil communal des avis sur des projets de constructions et d'aménagement touchant les zones et bâti¬

ments protégés. Elle est composée de fonc¬

tionnaires et d'édiles communaux, de délé¬

gués des partis et des services cantonaux des biens culturels et de l'archéologie. S'y joignaient des délégués d'associations d'ar¬

chitectes et, jusqu'il y a peu, de protection du patrimoine culturel. C'était «l'Age d'or»

de la démocratie. Lors de la récente recom¬

position de la commission, tous les membres ont été reconduits, sauf les délégués de Pro Fribourg et de la société d'Art public.

Comme leurs questions et avis dérangent, ils ne seront plus entendus. Dans cette

«nouvelle ère glaciaire», Pro Fribourg et la société d'art public sont donc renvoyés à dépouiller chaque semaine la feuille officielle du canton, à consulter les plans mis à l'en¬

quête, à formuler des propositions ou à s'op¬

poser aux projets de constructions et d'amé¬

nagement; quel gâchis!

0 tempora o mores.

Jean-Claude Morisod

(26)

MAX R. SCHNETZER-WYSS 1925-2001

Evoquer la mémoire de Max Schnetzer, c'est rendre hommage à l'ami indéfectible des bons et des mauvais jours.

J'ai connu Max à Genève, alors qu'il était directeur d'études au Centre Européen de la Culture, alors au faîte de son rayonnement sous la conduite de Denis de Rougemont.

Ce Saint-Gallois parfaitement bilingue, formé aux universités de Lausanne et de Heidelberg, devint journaliste free-lance dès 1957, correspondant de la NZZ et du TAGI, tout en étant rédacteur du Genevois, l'hebdo du parti radical. Par son humour et sa finesse, il a élargi mes horizons par une compréhension subtile de la Suisse aléma¬

nique et du parti fondateur de la Suisse moderne. Par tempérament, il sera plus qu'un observateur sagace de l'actualité: un acteur engagé des causes culturelles et sociales du temps.

En 1960, il unit sa destinée à une Soleuroise, Erna Wyss et, huit ans plus tard, il est appelé à prendre le poste de rédacteur en chef de l'Oltener Tagblatt. Tout fervent radical qu'il soit, il va libérer ce quotidien de ses allé¬

geances politiques et en faire un organe d'in¬

formation de grande ouverture. De cette plaque tournante de la Suisse, il va aussi contribuer avec talent et obstination à resser¬

rer les liens entre romands et alémaniques: il sera l'un des piliers du Centre de rencontres du château de Waldegg à Soleure et l'un des initiateurs de la Maison Latine à Berne. Il suit avec une sympathie active la création et le développement de Pro Fribourg et répond toujours présent quand on a besoin de lui. Il va ainsi associer son journal à notre mouve¬

ment pour entreprendre en 1970 une étude comparative des politiques culturelles des villes moyennes de Suisse. Au terme de cette consultation, Fribourg apparaîtra tenant la lanterne rouge en compagnie de ...Sion et Frauenfeld. Un retard qu'elle a trouvé moyen de conserver trente ans durant!

Sa dernière contribution à Pro Fribourg date de 1998. Nous voulions marquer dignement les 150 ans de la révolution de 1848 et qui, mieux que Max, pouvait replacer les événe¬

ments fribourgeois dans leur contexte suisse et européen? Il nous livra cette contribution magistrale dans un temps record, comme mû, me dira-t-il plus tard, par un pressenti¬

ment. Il ne pourra, de fait, venir à Fribourg pour la sortie de la publication «1848, les acquis du régime radical»: un cancer des poumons venait de se déclarer. Il luttera de toute sa vitalité, aidé par sa compagne et collaboratrice; il connaîtra un répit jusqu'à la rechute mortelle.

Nous adressons nos pensées fraternelles à sa femme et à ses amis, dans le souvenir fidèle d'un homme intègre, ouvert et stimu¬

lant.

Gérard Bourgarel

(27)

CHRONIQUE (SUITE)

également la population, la presse et les autorités que 12000 signatures en faveur de la régularisation collective des sans-papiers ont été recueillies en un peu plus d'un mois.

21 août

Le Collectif des sans-papiers apprend avec tristesse le décès d'un de ses soutiens les plus importants et les plus fidèles. Cornelius Koch, l'abbé des réfugiés et des sans- papiers, est mort après une brève et très grave maladie à l'hôpital de Bâle où des membres du Collectif avaient pu lui rendre encore visite.

22 août

La Direction de la justice et de la police du canton de Fribourg a choisi 7 dossiers (qui concernent 21 personnes) parmi 46 (84 per¬

sonnes) pour les présenter à l'autorité fédé¬

rale comme des cas de rigueur extrême. Ce tri arbitraire et minimaliste montre la volonté des autorités cantonales de discréditer le Collectif et ses revendications. Néanmoins, c'est une première petite victoire, puisque un premier groupe de sans-papiers vont être régularisés.

23 août

Le Collectif avait jusqu'à aujourd'hui pour quitter les locaux de Saint-Paul. Une large mobilisation a été organisée pour éviter l'ex¬

pulsion et pour marquer la solidarité avec les sans-papiers. Une centaine de personnes, dont plusieurs conseillers nationaux, syndi¬

calistes, prêtres et religieuses étaient pré¬

sentes. A la conférence de presse donnée le soir, le Mouvement de soutien annonce que les sans-papiers ne sont plus à Saint-Paul mais que, pour des raisons évidentes de sécurité, ils ont déménagé discrètement depuis deux jours à Fri-Art, Centre d'art contemporain dont la Ville de Fribourg est propriétaire. Face à la mobilisation impor¬

tante à Saint-Paul, le préfet n'a pas osé inter¬

venir de force pendant la journée. Il a préféré envoyer une centaine de policiers à 3 h. du matin pour évacuer les 20 militants qui étaient restés dormir sur place. La couver¬

ture médiatique de cette journée a été énorme. La solidarité manifestée aussi.

28 août

Afin de toucher également la problématique de la formation des enfants et des jeunes sans-papiers, une action est organisée devant plusieurs écoles de Fribourg. Elle tombe bien: la même semaine, la conseillère communale (socialiste) Marie-Thérèse Maradan refuse l'accès à l'école primaire à un enfant du Collectif. Après deux semaines, et sur l'ordre du Conseiller d'état démocrate- chrétien Augustin Macheret, elle sera obli¬

gée d'accepter que l'enfant soit scolarisé dans une classe de Fribourg. (Lire page 5 l'article de Christa Mutter.)

A Lausanne les sans-papiers kosovars du mouvement «En quatre ans on prend racine», qui occupaient l'église de Bellevaux depuis quatre mois, décident d'arrêter l'occupation.

Ils estiment que le maintien du refuge est désormais inutile car ils ont reçu des garan¬

ties suffisantes de ne pas être expulsés.

1er septembre

Le Mouvement des sans-papiers s'élargit à d'autres cantons pour devenir progressive¬

ment national. Une rencontre a lieu au refuge de La Chaux-de-Fonds entre des militants venus de Bâle, Berne, Fribourg, Genève, Vaud et Zurich pour faire un état des lieux et définir les perspectives. Les participants fixent leurs revendications communes dans une «Déclaration du Mouvement national de soutien aux sans-papiers» qui sera remise à la conseillère fédérale Ruth Metzler le 5 sep¬

tembre. (Lire page 28 les principaux pas¬

sages de ce texte.)

(28)

9 septembre

Une vingtaine de sans-papiers occupent la Marienkirche à Berne. Un large mouvement de soutien les appuie. Le Conseil de paroisse à déjà fait savoir qu'il respecte la lutte menée par les sans-papiers et qu'il ne va pas les expulser. Le nouveau Collectif bernois adhère aux revendications des sans-papiers de Fribourg et de La Chaux-de-Fonds.

14 septembre

Un jeune membre du Collectif des sans- papiers est arrêté devant Fri-Art et mis en détention dans le cadre des mesures de contrainte, en vue d'être renvoyé dans son pays. Suite à une forte pression du Mouvement et à plusieurs démarches juri¬

diques, il sera libéré par le Tribunal adminis¬

tratif le mardi 18 septembre. Une nouvelle petite victoire...

15 septembre

Près de 2000 personnes de toute la Suisse manifestent à Fribourg pour la régularisation collective des sans-papiers. C'est un grand succès. Les conseillers nationaux Nils de Dardel, Patrice Mugny et Jacques Neyrinck soutiennent la régularisation collective des sans-papiers et dénoncent l'hypocrisie des autorités cantonales et fédérales. Ce même jour, avant la manifestation, une nouvelle rencontre de la coordination nationale a eu lieu à Fribourg.

20 septembre

Le Bureau du Conseil national refuse de mettre à l'ordre du jour les interpellations urgentes déposées sur les sans-papiers. Il n'y aura donc aucun débat sur ce sujet durant la session parlementaire d'automne.

Le 27 septembre, le Conseil national refu¬

sera également d'entrer en matière sur les motions d'ordre déposées par Josef Zisyadis et Anne-Catherine Ménétrey. En

revanche, le Bureau a accepté l'urgence pour un débat sur le renflouement financier de Swissair... Cette attitude sera dénoncée dans le cadre d'une action du Mouvement national devant le Palais fédéral.

22 septembre

Une première rencontre de la Coordination nationale a lieu au refuge de Berne. Une cin¬

quantaine de sans-papiers provenant de Berne, Fribourg et Lausanne y participent.

Résolutions: multiplier les occupations dans toutes les villes, condamner le Conseil natio¬

nal qui a refusé d'entrer en matière sur le problème, exiger la publication d'une étude détaillée sur la situation des sans-papiers en Suisse. Il semble en effet que cette étude est déjà terminée mais que pour des raisons politiques, et au vu de résultats trop déran¬

geants, sa publication a été bloquée par Mme Metzler.

24 septembre

Le Collectif des sans-papiers de Fribourg participe à la journée nationale de mobilisa¬

tion organisée par le SIB dans le cadre de la campagne salariale. Les sans-papiers ont apporté leur soutien aux travailleurs du bâti¬

ment qui manifestaient devant leur chantier.

Les Collectifs de Berne et de Neuchâtel ont fait de même dans leurs villes respectives.

25 septembre

Le Mouvement national décide que le 24 novembre 2001, soit deux jours avant le début de la session parlementaire d'hiver, une grande manifestation sera organisée à Berne. D'autres occupations sont également prévues pour les prochains mois dans d'autres villes de Suisse.

Octobre

Au 1er octobre, environ 130 personnes font partie du Collectif.

(29)

LE MANIFESTE DES SANS-PAPIERS

Nous, les sans-papiers de Fribourg et de Suisse, faisons entendre notre voix au tra¬

vers de ce Manifeste.

Nous sommes des familles, nous sommes des célibataires ou encore des couples sans enfants.

Arrivés des quatre coins des cinq conti¬

nents nous sommes venus ici pour tra¬

vailler, pour vivre libres, loin de la guerre et de la misère. La plupart d'entre nous ont vu grandir leurs enfants ici, d'autres ne les voient jamais car ils sont restés au pays.

Comme n'importe quelle mère ou père de famille, nous souhaitons leur offrir un avenir heureux.

Après toutes ces années passées en Suisse, notre intégration n'est plus à faire.

Nous serions plus étrangers dans notre pays qu'en Suisse où nous vivons, payons nos impôts, nos loyers, nos charges sociales au même titre que n'importe quel résident de ce pays dit légal. Nous avons contribué et contribuerons encore à la croissance et au développement de ce pays, aussi bien sur le plan économique que sur le plan social et culturel.

La plupart d'entre nous sommes entrés en Suisse légalement. Nous n'avons pas choisi la clandestinité. Elle nous a été impo¬

sée par les lois. Nous ne sommes pas res¬

ponsables de cette situation et refusons l'hypocrisie des autorités qui vise à nous culpabiliser. Nous ne sommes pas des cri¬

minels mais des hommes et des femmes qui travaillent dur et assument toutes sortes de travaux que la plupart d'entre vous refu¬

seraient de faire dans des domaines tels que l'agriculture, la restauration, l'hôtellerie ou encore le bâtiment et les travaux

publics. Nous subissons des conditions de travail souvent inimaginables pour un Suisse: salaires misérables, horaires inter¬

minables, protection sociale inexistante, logements insalubres sont notre pain quoti¬

dien. Face à ces formes d'exploitation, nous ne pouvons nous défendre. Etre des sans-papiers fait de nous des sans-droits dont profite la démocratie suisse.

Nous ne demandons pas la lune, juste un titre de séjour pour nous tous. Tout comme vous, nous estimons avoir le droit de vivre dignement et en sécurité. Nous deman¬

dons des papiers pour ne plus être vic¬

times de l'arbitraire des administrations et des abus des employeurs. Nous deman¬

dons des papiers pour ne plus avoir peur de circuler librement dans la rue et risquer d'être arrêtés puis expulsés à tout instant.

Nous demandons des papiers pour être considérés comme des êtres humains à part entière, égaux en fait et en droit.

Pour toutes ces raisons nous revendiquons la régularisation collective des sans- papiers, et refusons le cas par cas. Tous victimes des mêmes lois injustes, nous revendiquons un droit à la migration. Les régularisations massives qui ont déjà eu lieu en France, en Italie, en Espagne, au Portugal, en Allemagne ou encore en Belgique prouvent, s'il était besoin, que la Suisse ne peut continuer de nous ignorer pour mieux nous exploiter.

Mai 2001

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UN SYSTEME VICIE

Déclaration du Mouvement national de soutien aux sans-papiers

(Le texte dont sont extraits les passages ci- dessous a été approuvé par l'assemblée de coordination des mouvements de soutien aux sans-papiers le 1er septembre 2001 à la Chaux-de-Fonds.)

«La présence des sans-papiers est un état de fait en Suisse, en Europe et ailleurs dans les pays riches (USA, Canada, Moyen-Orient, Japon, Australie). Cet état de fait est ancien.

Ce qui est nouveau, c'est que les sans- papiers commencent à sortir au grand jour, particulièrement en France, en Italie, en Espagne, en Grèce, en Belgique, en Suisse.

Ils veulent être reconnus et bénéficier d'un sta¬

tut conforme à leur humanité et à leurs droits.

«On ne sait exactement combien ils sont.

Dans notre pays, les estimations les plus récentes chiffrent à 2 à 300 000 le nombre de personnes n'ayant pas de titre de séjour. (...) Les raisons de leur présence, en Suisse comme dans les autres pays riches, sont à chercher du côté des inégalités profondes et croissantes qui déchirent la planète et des violations graves et permanentes des droits de la personne humaine dans un nombre très élevé de régions du monde. La globali¬

sation de l'économie marchande accentue ces disparités et persécutions, aggrave les écarts et les injustices et accule une fraction toujours plus importante de la population mondiale au désespoir. La seule issue est, comme dans toute l'histoire de l'immigration, celle de l'exil incertain vers les zones riches, là où l'accumulation, voire le superflu, peut faire espérer d'en recueillir les miettes.

«Face à cette réalité, les gouvernements occidentaux (...) adoptent une position dont la contradiction est choquante: tout est mis en œuvre pour une libéralisation aussi rapide que complète de la circulation des marchandises et des capitaux, et tous les efforts sont faits pour restreindre, voire

empêcher la libre circulation des personnes par la mise en place de coordinations régle¬

mentaires, policières, administratives et des moyens de contrôle électroniques.

«Ainsi, le mécanisme qui produit les sans- papiers est la législation elle-même. (...) En matière d'autorisation de séjour, l'actuelle loi sur les étrangers comme sa révision en cours produit les sans-papiers. Les sans- papiers sont de la sorte devenus les vic¬

times d'un système vicié, discriminatoire et violemment contraire aux droits fondamen¬

taux (...) au premier rang [desquels] nous citons la liberté de mouvement, le droit à la sécurité de l'existence, le droit à la dignité et à la considération, le droit à l'égalité, (le droit à I' Etat de droit).»

Les personnes et organisations rassem¬

blées dans le Mouvement national de sou¬

tien revendiquent la régularisation collective des sans-papiers, l'arrêt des expulsions, l'égalité de traitement en matière de condi¬

tion de vie, de travail, de salaire et d'assu¬

rances sociales pour toutes personnes habi¬

tant en Suisse et une réelle revalorisation des conditions de travail et de vie de tous les salariés par l'extension des garanties collec¬

tives bloquant tout dumping social et mise en concurrence de chacun contre chacun.

Vaud

Christoph Tafelmacher (En 4 ans on prend racine) 021 616 30 65 Fribourg

Jean Kunz (CCSI/SOS Racisme) 079 415 00 28 Neuchâtel

Emmanuel Farron (POP) 079 749 15 42 Genève

Dario Lopreno (c/o SSP): 022 347 05 60 Berne

Marc Kilchenmann (Libertäre Koordination) 078 801 26 34 Zurich

Theresa Jäggin (Zürcher Regionalkomitee zur Unterstützung von

«Sans-Papiers) 079 448 79 60 Bâle

Hannes Reiser (CEDRI et Forum civique européen) 061 262 01 11

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