HAL Id: jpa-00208224
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Étude du transfert d’excitation et de cohérence dans la fluorescence sensibilisée mercure-cadmium : I. - Étude
théorique
B. Chéron
To cite this version:
B. Chéron. Étude du transfert d’excitation et de cohérence dans la fluorescence sensibil- isée mercure-cadmium : I. - Étude théorique. Journal de Physique, 1975, 36 (1), pp.17-27.
�10.1051/jphys:0197500360101700�. �jpa-00208224�
ÉTUDE DU TRANSFERT D’EXCITATION ET DE COHÉRENCE
DANS LA FLUORESCENCE SENSIBILISÉE MERCURE-CADMIUM :
I.
2014ÉTUDE THÉORIQUE
B.
CHÉRON
Laboratoire de
Spectroscopie Atomique (*)
U.E.R. deSciences,
Université de Caen14032,
CaenCedex,
France(Reçu
le 21juin 1974)
Résumé. 2014 L’auteur étudie le transfert d’excitation et de cohérence lors de collisions de seconde
espèce non résonnantes entre un atome de mercure excité optiquement et un atome de cadmium dans l’état fondamental :
Hg(6 3P1)
+ Cd(51S0) ~
Hg(61S0)
+ Cd(53P1)
+ 1,08 eV. Un modèle de collision dans lequel les collisions frontales jouent un rôle prépondérant estprésenté
et les taux detransfert d’orientation et
d’alignement
sont calculés. Dans ce modèle, le degré d’orientation oud’alignement
des atomes de cadmium dépend de la direction de la vitesse de ces atomes après letransfert d’excitation. L’influence du spin nucléaire est étudiée.
Abstract. 2014 The author studies the coherence and excitation transfer in non-resonant second kind collisions between an optically excited mercury atom and a ground state cadmium atom :
Hg(6 3P1)
+ Cd(51S0) ~
Hg(61S0)
+ Cd(53P1)
+ 1.08 eV. A model for the collision in which head-on collisions predominate is presented, and orientation andalignment
transfer rates are cal-culated. In this model, the degree of orientation or alignment of cadmium atoms depends on the direction of the
velocity
of these atoms after the excitation process. The influence of nuclear spin isstudied.
Classification
Physics Abstracts
5.250 - 5.280
1. Introduction. - Si un
mélange
de vapeurs demercure et de cadmium avec des
pressions partielles
convenables est éclairé par la raie d’intercombinaison du mercure de
longueur
d’onde 2 537A (6 ’SO-6 3pl)@
on observe d’une part, la réémission de cette dernière raie
(résonance optique)
et d’autre part, avec une intensitébeaucoup plus faible,
la fluorescence de la vapeur de cadmium sur lalongueur
d’onde 3 261A (5 ’SO-5 3pl).
C’est lephénomène
de fluorescence sensibilisée(Fig. 1) qui
résulte du transfert d’exci- tation lors d’une collision de secondeespèce
et quel’on peut
représenter
parl’équation :
Ce
phénomène
a faitl’objet
d’un nombreimportant
de travaux
expérimentaux depuis
une dizaine d’an-nées. Les études ont
porté
sur la détermination de la section efficace de transfert d’excitation 0"(0)[1, 2].
Elles ont
également
montré que la fluorescence sen-sibilisée mercure-cadmium est bien le résultat d’une collision
atomique représentée
parl’éq. (1) [3, 4].
FIG. 1. - Schéma des processus qui interviennent dans la fluores-
cence sensibilisée mercure-cadmium.
La lumière de résonance émise par l’atome de
mercure
(2
537Á)
et détectée defaçon convenable,
est en
général polarisée.
Dans certainesconditions, l’application
d’unchamp magnétique
modifie letaux de
polarisation
de la lumière émise : c’est l’effet Hanle[5]
utiliséfréquemment
dans l’étude des niveaux excités des atomes:Il est donc intéressant de savoir si la lumière émise par l’atome de cadmium excité (*) Associé au C.N.R.S., no 19.Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:0197500360101700
par collision suivant le processus décrit par
l’éq. (1)
est
également polarisée. L’expérience
a été tentée pour lapremière
fois par Mitchell[6]
mais le résultatfut
négatif, probablement
en raison de la faible sensi- bilité dudispositif
de détection et de la valeur exces-sive de la
pression
de vapeur de cadmium(0,5 torr),
entraînant une
importante dépolarisation
de la vapeur de cadmium sous l’action de la diffusionmultiple
etdes collisions cadmium-cadmium.
L’expérience
a étéreprise
parGough [7] qui
a observé la courbe dedépolarisation magnétique
de la fluorescence sensi- bilisée et mesuré un taux depolarisation
variantselon les conditions
expérimentales
entre 2 et 5%.
A
partir d’hypothèses simples,
cet auteur a calculé[7]
le taux de
polarisation
attendu dans les conditions de sonexpérience.
Dans unprécédent
article[8],
nous avons, à
partir
des mêmeshypothèses,
calculéla forme
théorique
de la courbe d’effet Hanle enfluorescence sensibilisée et nous l’avons
comparée
à la forme
expérimentale
en reprenantl’expérience
de
Gough [9].
L’accord est satisfaisant mais nous verrons dans un deuxième article consacré aux résultatsexpérimentaux
que leurinterprétation
estdélicate.
Dans
leprésent article,
nous calculons toutd’abord à
partir d’hypothèses
trèsgénérales,
la formethéorique
dessignaux
d’effet Hanle en fluorescence sensibilisée(§ 2).
Dans leparagraphe 3,
nous essayons depréciser
le mécanisme de lacollision,
compte tenu des idéesqu’on
peut avoir sur l’interaction entre les atomes de mercure et de cadmium. Nous calculons ainsi les taux de transfert d’orientation(a(1) / a(O»)
et
d’alignement (a(2) /a(O»)
et nous les comparons aux valeurs déduites deshypothèses
formulées parGough.
Ces résultats sont confrontés à
l’expérience
dans unsecond article. Le modèle de collision
proposé prévoit
l’existence de
signaux
d’effet Hanledépendant
de lafréquence
lumineuse émise par les atomes de cadmiumen fluorescence sensibilisée. Les calculs correspon- dants sont effectués dans le
paragraphe
4. Nosexpé-
riences sont réalisées avec du mercure et du cadmium naturels. Afin de tenir compte de la
présence
desisotopes impairs,
nous étudions l’influence duspin
nucléaire dans le
paragraphe
5.Dans tout ce
qui suit,
nousdésignerons
par A l’atome de mercure et par B l’atome de cadmium.Nous
appellerons
fluorescence sensibilisée(F. S.),
l’émission de la raie 3 261
A
de l’atome de cadmium excité par collision contre un atome de mercureporté
dans le niveau 63p
1 parabsorption
de la raie de résonance 2 537A,
et fluorescence directe(F. D.)
de l’atome A ou
B,
l’émission lumineuse de cesmêmes atomes excités
optiquement
par les radiations 2 537A
et 3 261A respectivement.
2. Etude
générale
du transfert depolarisation.
-L’évolution d’un atome de mercure et de cadmium peut être
représentée schématiquement
par laligne
brisée de la
figure
2 : excitationoptique
de l’atome A suivant AB et évolution dans l’état excité suivant BC.En C, l’atome A se désexcite soit par émission spon- tanée soit en transférant son
énergie
à l’atome B(segment CD).
L’atome B évolue alors dans l’état excité(segment DE)
et se désexcite par émissionspontanée
suivant EF. Dans leparagraphe 2.1,
nous étudions le transfert entre les 2 atomes
(seg-
ment
CD).
Nous étudions ensuite dans le para-graphe
2.2 l’évolution des atomes A et B excitésen
présence
d’unchamp magnétique statique
et enfonction de la
polarisation
du rayonnement incident.Nous calculons alors les
signaux
d’effet Hanle enF. D. et en F. S.
FIG. 2. - Schéma de l’évolution des atomes de mercure et de cadmium : AB excitation optique de l’atome de mercure ; BC évolu- tion dans l’état excité ; CG retombée à l’état fondamental par émission spontanée ou par transfert d’énergie à l’atome de cadmium suivant CD ; DE évolution de l’atome de cadmium dans l’état
excité et EF émission de la fluorescence sensibilisée.
Remarquons
que si le taux de transfertd’alignement
ou d’orientation est lié au mécanisme détaillé de la
collision,
la forme dessignaux
d’effet Hanle n’endépend
pas. Ceci résulte de larépartition isotrope
des vitesses relatives des atomes A et B et est bien mis en évidence si on utilise le formalisme des
opé-
rateurs tensoriels irréductibles.
2.1 ETUDE D’UNE COLLISION. - 2.1.1
Trajectoire
relative des deux atomes. - Considérons le mouve- ment relatif des deux atomes A et B et soient
Oz;
ladirection de la vitesse relative initiale v et
Ozf
ladirection de la vitesse relative
finale v’après
transfertd’excitation, lorsque
les deux atomes sont sansinteraction
(Fig. 3).
Contrairement au cas des colli- sions résonnantes pourlesquelles
la section efficacede transfert d’excitation est élevée
(0’(0)
est voisinde 1 200
A2
pour le transfert entreisotopes
du mer-cure dans l’état
6 3P1 [10, 1 l, 12])
iln’y
a aucuneraison de considérer une
trajectoire rectiligne [fi = (Oz;, Our) = n].
La section efficace de transfert d’excitation 0’(0) du processusenvisagé
ici est infé-rieure à 1
A2 [1, 2].
Elle estbeaucoup plus
faibleque la section
cinétique (O’cin ~
30A 2). L’hypothèse
d’une
trajectoire
très courbée(j9
voisin de0)
n’estpas à exclure et nous verrons que les résultats
expé-
rimentaux sont en bon accord avec cette
hypothèse.
FIG. 3. - Trièdre de référence fixe Oxyz, axe initial de collision Oz;
et axe final de collision Oz f. Les axes Oxi et Oxf confondus sont perpendiculaires au plan de la collision.
2.1.2 Matrice de
transfert.
- Nous associons à l’axeOz; (Fig. 3)
le trièdre de référenceOx;
y; z;qui
se déduit du trièdreOxyz
par la rotation3t(eti’ Pi’ y;) d’angles
d’Euler Wi =(eti’ Bi, Y;) ;
y; est choisi defaçon
que l’axeOx;
soitperpendiculaire
auplan
de la collision défini par les axes
Oz;
etOzf.
Demême,
nous associons à l’axe
Ozf
le trièdre de référenceOxf
yf zfqui
se déduit du trièdreOxyz
par la rota-tion
R(af, Pc, yf) d’angles
d’Euler cof =(etc, Bf, Yf) ;
y f est choisi de
façon
que les axesOx;
etOxf
coïncident.Le trièdre
Oxf
yf zf se déduit du trièdreOx;
y; z;par la rotation
R(n/2, B, - n/2).
Nous considérons
uniquement
le cas dutransfert
entre
isotopes pairs
de mercure et de cadmium.Ces atomes ont un moment
cinétique électronique égal
à 0 dans leur état fondamental etégal
à 1 dansles états excités mis en
jeu.
Nousdésignons
parp(A) l’opérateur
densité de l’atome de mercure,juste
avant la collision.
p’(A, z ;)
est le coefficient du déve-loppement
del’opérateur p(A)
sur la base desopé-
rateurs tensoriels irréductibles
T:(Zi) (k
=0, 1,
2 ;q
= 0,
±1,
±2).
L’axeOz;
estpris
comme axe dequantification.
Demême,
nousdésignons
parp(1(B, zf)
le coefficient du
développement
del’opérateur
densitéde l’atome de
cadmium, juste après
le transfert etdans le référentiel
Oxf
yf zf(Ozf
estpris
comme axede
quantification).
Sans restreindre la
généralité
duproblème,
nouspouvons poser :
les coefficients
M§1§
sont dans le casgénéral
des fonc-tions de
l’angle p
=(Oz;, Ozf).
2.1.3
Moyennes angulaires.
- Nous supposonsconnus les coefficients
pq(A, z)
dudéveloppement
del’opérateur
densité de l’atome A avant la collisionet dans le référentiel fixe
Oxyz
et nous cherchons les coefficientsp’(B, z)
relatifs à l’atomeB, juste après
le transfert. Nous ferons le calcul pour une collision d’axe initial
Ozi
et d’axe finalOzf
et nous effectuerons ensuite la moyenne sur tous les axesOzi possibles (moyenne
sur et etPi)
et sur tous les axesOz f
telsque fi = (Oz ;, Dzf)
= Cte(moyenne
sury ;).
Noussupposons que les axes
Oz;
sontrépartis
defaçon isotrope.
Demême,
pour unangle fi donné,
noussupposons que la
répartition
des axesOzf
autourd’un axe
Ozi
donné est uniforme. La moyenne surl’angle fl
ne peut être effectuée que si on connaît la loi derépartition
de cetangle
ainsi que ladépen-
dance
en fl
des coefficientsM;’;.
Le schéma du calculest alors le suivant :
Le calcul détaillé est donné dans la référence
[13].
Le résultat est de la forme :
avec :
R:’q"(rx, f3, y) désignent
les éléments de la matrice de transformation des vecteursket k, q >
dans larotation
:R(et, fl, y) [14].
Interprétation.
- La relation(4)
montre que,quel
que soit le mécanisme détaillé de la
collision,
il y a conservation de l’ordre tensoriel k et de la compo- sante q lors du transfert :(i) k
= 0 .OEO =
Moo.
Nous supposons que l’excitation esttransférée de l’atome A à l’atome
B,
c’est-à-dire que :Nous avons alors : oco =
Moo
= 1(ii)
k :0 0Gel et a2
représentent
les taux de transfert d’orien- tation etd’alignement. Supposons
que l’onpuisse
calculer les valeurs moyennes al et
OC2
par rapport àfi.
(¡ 0)
désignant
la section efficace de transfert d’exci-tation,
nous définissons les sections efficaces de transfert d’orientation(1(1)
etd’alignement
u (2) par les relations :2.2 SIGNAUX D’EFFET HANLE. - Dans ce para-
graphe,
nous omettrons l’indice z et lesigne
devaleur moyenne pour
désigner
l’élémentp’(B)
del’opérateur
densitép(B)
des atomes de cadmiumdans le référentiel fixe et
après
avoir effectué lamoyenne sur les
angles (a;, Bi, y;).
Nous supposeronségalement
que la moyenne surl’angle fi
a été effectuée.D’autre part
p(A)
etp(B) désigneront
lesopérateurs
densité d’un ensemble d’atomes A excités
optique-
ment et d’atomes B excités par collisions et contenus dans le même volume-unité.
En
présence
d’unchamp magnétique
Hparallèle
à l’axe Oz,
l’équation
d’évolution dep(A)
s’écrit[15], [16] :
où : WA est la
pulsation
de Larmor(1iWA
= gApH).
FA
=1 /iA
est l’inverse de la durée de vie du niveau excité. Nousnégligeons
la diffusionmultiple.
Nousdésignerons
par a% etTB
les mêmesquantités
rela-tives à l’atome B dans l’état excité.
[dp(A)/dt]col.
est le terme dû au transfert d’excitation par collision
contre les atomes B. Il
représente
le processus de désexcitation non radiative des atomes A. Dans notreexpérience,
ce terme estnégligeable
devantTA p(A) qui représente
l’émissionspontanée,
c’est-à-dire que le temps moyen
séparant
deux collisionsde transfert entre A et B est
grand
devant la duréede vie moyenne de l’atome A excité.
lA po(A)
est le terme de pompage(excitation
lumi-neuse).
A l’état stationnaire :l’équation
d’évolution dep(B)
s’écrit :où
[dp(B)/dt]col. représente
pour les atomes B le transfert d’excitation par collision.D’après
les relations(4)
et(6),
nous obtenons :où v est la vitesse relative moyenne des atomes A et B et
NB
le nombre d’atomes B dans l’état fondamental par unité de volume. A l’étatstationnaire,
nous obte-nons en reportant
(8)
dans(9)
où on a
posé :
2.2.1
Alignement.
- Nous examinerons le cas où les atomes A sontalignés
par excitationoptique
enlumière
polarisée linéairement,
le vecteurchamp électrique
de l’onde lumineuse eo étantperpendicu-
laire au
champ magnétique
H(H//Oz).
La lumière de fluorescence sensibilisée est détectée suivant Oz enlumière
polarisée
linéairement aveceD//eo.
Dans cesconditions,
lapartie
S(2) dusignal dépendant
de Hest
proportionnelle
àP’l 2(B)
+ps-2(B)
et l’on apô2(A)
=p2 -2(A) [15, 16].
La relation(11)
donnealors :
Désignons
parS12)
lesignal
d’effet Hanle obtenu surla lumière de fluorescence de l’atome A dans les condi- tions
géométriques
mentionnées ci-dessus et parSB(2) le signal
d’effet Hanle obtenu sur la lumière de fluorescence de l’atome B excitéoptiquement.
Nousavons :
S(2) peut se mettre sous la forme :
où
gA et
9B sont les facteurs de Landérespectifs
desniveaux excités des atomes A et B et
AHA
etAHB
sont les
largeurs respectives
des courbes d’effet Hanle des atomes A et B excitésoptiquement.
Nous retrou-vons le résultat de la référence
[8].
Si a >
0, S(2) apparaît
comme la différence de deux courbes d’effet Hanlecaractéristiques
des atomes Bet A et dont le rapport des
amplitudes
estégal
à a.Dans le cas du
couple mercure-cadmium, a
vaut20,4
à la limite des très faiblespressions
de vapeur.Si a
0,
c’est-à-dire si les facteurs de Landé des niveaux mis enjeu
sont designes opposés,
la courbeS(2)
neprésente plus
de minimumnégatif
et salargeur
est
comprise
entre celle deSi2)
etSB(2).
2.2.2 Orientation. - Les atomes A sont excités
en lumière
polarisée circulairement,
se propageantparallèlement
à l’axe Ox. On détecte la fluorescence sensibilisée émise dans la directionOy
en lumièrecirculaire
gauche (u_)
ou droite(u +).
Le mode dedétection est sensible à
1[pl,(B)
+pl- i(B)]
alors quel’excitation est telle que
pi(A) = - pô-1(A) [15, 16].
Si on effectue la différence entre les
signaux
r+ et y_, on élimine le termed’alignement
et lesignal
observé est alors
proportionnel
à[le
calcul utilisela relation
(11)] :
Avec les mêmes notations que
précédemment,
nousobtenons en fluorescence directe et en fluorescence sensibilisée :
La relation
(19)
a la même forme que la relation(15) qui
relie81.2), Sà2)
et S(2).3. Modèle de collision. - 3.1 POTENTIEL D’IN-
TERACTION. - Les courbes de
potentiel
de la molé- culeHg2
dansquelques
niveauxélectroniques
sontconnues au moins de
façon approximative [17].
L’état fondamental
(instable) correspondant
à deuxatomes de mercure dans le niveau
6 ’So
est notéX1
Eg .
Considérons lerapprochement
de deux atomesHg(6 3p 1) + Hg(6 ’SO).
On obtient 4 états électro-
niques
distincts : A3Oû ,
A30;, A3 lu
etA3 1
Les2 états A3
Oû
etA3 Og correspondent
à une valeurmoyenne nulle
(mj
=0)
de laprojection
sur l’axemoléculaire du moment
cinétique électronique
total Jdes deux atomes. Chacun des deux états
A31 g
etA3 lu
est doublementdégénéré
etcorrespond
à1 mJ 1
= 1. Dans le casprésent,
l’interactionspin-
orbite est
plus
forte que l’interaction avec l’axemoléculaire,
tout au moins pour des distances inter- nucléaires pas troppetites :
lecouplage
entre lemouvement
électronique
et le mouvement de rotation de la moléculecorrespond
au cas c de Hund[18].
Seuls les états A3
0+
et A3lu
sont reliés à l’étatfondamental
X’ Eg
par des transitionsélectroniques
et de ce fait sont assez bien connus.
La molécule
Cd2 possède
une structure semblable.Il est raisonnable de penser que les courbes de poten- tiel des
quasi-molécules
résultant durapprochement
des atomes
Hg(6 3P1)
etCd(5 ’S,)
d’une part etHg(61So)
etCd(5 3p,)
d’autre part, sontanalogues
àcelles observées pour les molécules
Hg2
etCd2.
Sur la
figure
4 nous avonsreprésenté
les différentsétats
électroniques possibles (il n’y
a pas lieu ici de faire la distinction entre étatspairs (indice g)
etétats
impairs (indice u)
car les deux noyaux nepossè-
dent pas la même
charge).
Laprésence
depotentiels
attractifs est
hypothétique :
à notreconnaissance,
les bandes de fluorescence
correspondantes
n’ontpas été mises en évidence. Les courbes de
potentiel
des états
A31
et B31 d’une part, et A3 0+ et B3 0+d’autre part, ne peuvent se croiser car les fonctions d’onde
correspondantes
ont la mêmesymétrie.
NousFIG. 4. - Allure des courbes de potentiel en fonction de la dis- tance internucléaire R des couples d’atomes : Hg(6 ’S.)-Cd(5 ’S,), Hg(6 3p 1)-Cd(5 ’SO) et Hg(6 ’So)-Cd(5 3p 1)’ Les états moléculaires
obtenus correspondent au cas c de Hund.
n’avons pas
représenté
les étatsélectroniques
corres-pondant
aux niveauxatomiques Hg(6 3Po), Hg(6 3P2), Cd(5 3po)
etCd(5 3P2).
Leurénergie
est voisine de celle des états considérés dans cette étude et ils ont trèsprobablement
une influence sur la forme réelledes courbes de
potentiel représentées schématiquement
sur la
figure
4.3.2 TRAJECTOIRE RELATIVE CLASSIQUE. - La
justi-
fication
théorique
del’hypothèse
de collisionquasi
frontale
(fl = 0)
est délicate.Cependant,
on peut choisir dereprésenter
lepotentiel
d’interaction s’ilest attractif par un
potentiel
du type Lennard-Jones :Les valeurs
typiques
de rm sont de l’ordre dequel-
ques
A. Désignons
par El’énergie cinétique
relativeinitiale des deux atomes de mercure et de cadmium.
La détermination de la
trajectoire
par un calcul demécanique classique
montre que, dans le cas d’unediffusion élastique, l’angle fl
entre l’axe initial etl’axe final de la collision reste inférieur à 100
lorsque E/8 = 0,1
et pour desparamètres d’impact
b tels queb/rm 0,1.
Dans le cas d’un
potentiel
purementrépulsif
dela forme :
on obtient des résultats très voisins pour les mêmes valeurs des
paramètres.
3.3 APPROXIMATION ADIABATIQUE. - Le transfert d’excitation entre un atome de mercure et un atome de cadmium est caractérisé par un temps efficace de
collision T,,
défini comme le temps mis par uneparticule possédant
la vitesse relative moyenne v pourparcourir
une distanceégale
au diamètre corres-pondant
à la section efficace de transfert d’excitation0-(0). AE
désignant
l’écart entrel’énergie
interneinitiale et finale du
couple
d’atomes de mercure et decadmium, l’approximation adiabatique
estjus-
tifiée si
r,,,. AElh »
1. Or, si onprend
v = 400m/s,
AE =
1,08
eV et 0-(0) =0,3 A2,
on obtient :Considérons le
rapprochement
des 2 atomesHg(6 3p 1)
etCd(5 ’S,).
L’état dusystème
est carac-térisé par la valeur moyenne mi de la
projection
dumoment
cinétique électronique
total sur la direc-tion
Oz;
de la vitesse relative initiale. Enpremière approximation,
aucun transfert n’estpossible :
lemouvement est lent et le
système
suitadiabatiquement
les variations de R. Le
système
ressort dans le mêmeétat m J
quantifié
sur la directionOzf
de la vitesse relative finale.Cependant,
du fait du mouvementdes noyaux, certaines transitions sont
possibles
siles
énergies potentielles
sont voisines(croisements
ou
anticroisements).
Les transitions avecAmj
= 0(transitions A30+ -+
B3 0+ etA31
-+B31)
fontintervenir
uniquement
la variation de R. Si lamole-,
Bcule tourne, on peut alors avoir des transitions avec
mJ =1=
0(transitions A31
1 -+ B3 0+ et A3 0+ -+B31).
3.4 MATRICE DE TRANSFERT. - Nous ferons les
hypothèses
suivantes :- Nous
négligeons
les transitions avecAmj #
0.- Les états A31 et B31 restent chacun 2 fois
dégénérés.
Ceci n’est vrai en touterigueur
que si la molécule ne tourne pas. Dans le cascontraire,
ladégénérescence
est levée(dédoublement Q).
Onobtient les sous-niveaux A3
le
etA3 ld
d’une part,et B 3
le
etB3 1,
d’autre part[18]. Remarquons
que chacun des sous-niveaux c et d necorrespond
pasgénéralement
à une orientation bien déterminée du momentcinétique électronique
sur l’axe nucléaire.L’écart
énergétique
entre les sous-niveaux c et d est suffisammentpetit (de
l’ordre ducm-1)
pour que ledéphasage
entre les fonctions d’onde des états mi = ± 1après
la collision soitnégligeable.
Onadmettra donc que la cohérence éventuellement
pré-
sente avant la collision entre les états mj = 1 et mJ = - 1 de l’atome A* est conservée lors du trans-
fert d’excitation à l’atome B. Par contre, en raison de l’écart
d’énergie important
entre les étatsA3 0+
et A3 1,
la cohérence entre les états mi =0 et mj =
± 1est détruite.
- Il
n’y
a aucune raison de considérer que lesprobabilités
de transfert entre les états A3 0+ etB3 0+ d’une part, et
A31
1 et B3 1 d’autre part, sontégales.
On admettra donc que, dans une
représentation
d’axe
Ozf,
les éléments de la matrice densitép(B)
des atomes de cadmium aussitôt
après
lacollision, s’expriment
en fonction des éléments(dans
unereprésentation
d’axeOzi)
de la matrice densitép(A)
des atomes de mercure
juste
avant lacollision,
sous la forme :
à
etÀ,1
sont desquantités proportionnelles
aux pro- babilités de transfert entre les états A3 0+ et B3 0+d’une part et
A31
et B 3 1 d’autre part. Nous suppo-serons que le rapport r =
À,l/À,O
estindépendant
del’angle fi
=(Oz;, 9Zf).
Si r est différent de1,
nous dirons que le transfert d’excitation estanisotrope.
3.5
CONSÉQUENCES.
- Les coefficientsM§1§
reliantles éléments
pq(A, z;)
de la matrice densité de l’atome A avant la collision aux élémentspq;(B, zf)
de la matricedensité des atomes B
après
la collision[relation (3)]
sont tels que :
tous les autres coefficients étant nuls.
La relation
(5)
se met alors sous la forme :Nous avons :
La normalisation choisie
(§ 2.1.3)
conduit à :§(2 Ài
1+ Ào) =
1.3.5.1 Collisions
frontales (fl
=0).
- Nousexpri-
merons les taux de transfert d’orientation
(oc’)
etd’alignement (a2)
en fonction du rapport r =Â,/Âo :
al
etOC2
sontreprésentés
sur lesfigures
5 et 6 respec- tivement.3.5.2
Influence
de la rotation de l’axe moléculaire(P =F 0).
- Nousexprimerons
oc’ et a2 en fonctionde r =
Al/Ao
et del’angle
derotation
de l’axe molé-culaire
(0 % fl % n) :
FIG. 5. - Taux de transfert d’orientation al en fonction du paramètre d’anisotropie r.
FIG. 6. - Taux de transfert d’alignement a2 en fonction du paramètre d’anisotropie r.
oc 1 et OE2 sont
représentés
en fonctiondes
sur lesfigures
7 et 8respectivement
et pour r =0, 1/4, 1,
4et oo. Nous constatons en
particulier,
que le transfertd’orientation se fait avec
changement
designe
pourf3 > Î :
on observe cet effet dans le cas des collisions résonnantes pourlesquelles
latrajectoire
relativeest
quasi rectiligne (P n) [ 10] [12] [19].
3.6 COMPARAISON AVEC LE MODÈLE PROPOSÉ PAR
Gough [7].
- Cet auteurnéglige
la rotation de l’axe moléculairependant
la collision(B
=0)
et supposequ’il
y a conservation despopulations
dans lesystème
d’axes lié à la collision.
Dans ce
modèle,
la relation(20)
devient :On en déduit :
FIG. 7. - Taux de transfert d’orientation (Xl en fonction de l’angle
de rotation de l’axe moléculaire fi et pour différentes valeurs du
paramètre d’anisotropie r.
FIG. 8. - Taux de transfert d’alignement a2 en fonction de l’angle
de rotation de l’axe moléculaire fl et pour différentes valeurs du
paramètre d’anisotropie r.
La
comparaison
avec les résultatsprécédents (§ 3. 5.1)
montre que pour r =1,
le taux de transfert d’orientation al a la même valeur dans les deux modèles(al - 3) ;
par contre, le taux de transfertd’alignement
est 3 foisplus
élevé que dans le modèle deGougb.
4. Détection
monochromatique.
- Dans ce para-graphe,
nous montrons comment lapolarisation
dela lumière émise en F. S. peut
dépendre
de sa fré-quence, contrairement à ce
qui
se passe dans uneexpérience
de résonanceoptique.
4.1 RELATION ENTRE LA
FRÉQUENCE
LUMINEUSE ÉMISE PAR LES ATOMES DE CADMIUM ET LEUR VITESSE FINALE. - Les calculsprécédents
sont basés surl’hypothèse
de larépartition isotrope
des axes decollision.
Or,
si onnéglige
la vitesse initiale des atomes avant lacollision,
tous les atomes de cadmium excités par collisionpossèdent
la même vitessev6
égale
en module à 1 080m/s
dans lerepère
du labo-ratoire
[4].
La vitesse finalev6
des atomes de cadmiumest alors
parallèle
à la vitesse relative finale v. Parconséquent,
si on détecte la F. S. émise dans la direc- tionOz,
le nombre d’onde J est tel que(6o
étant le nombre d’onde central de laraie, (r 2013 ao)
le
déplacement Doppler
et c la vitesse depropagation
de la
lumière).
Achaque
direction de l’axe final de collisionOzf
caractérisé parl’angle Bf
=(Oz, Ozf), correspond
unefréquence particulière
émise.Or,
dans tous les modèles de
collision,
l’orientation etl’alignement
finaux de l’atome de cadmiumdépendent
non seulement de l’état initial de l’atome de mercure, mais aussi de la direction de la vitesse relative finale :
on doit donc observer des variations du taux de
polarisation
en fonction de lafréquence
lumineuseémise. Le calcul n’est
simple
que dansl’hypothèse
des collisions frontales
[fl = (Oz ;, Ozf)
=0].
Nousnous limiterons à ce cas.
4.2 MOYENNE SUR Xf ET yf - Comme
précédem-
ment
(§2.1.3),
nousappelons p’(A, z)
les coefficients dudéveloppement
del’opérateur
densité de l’atome A avant la collision et dans unereprésentation
d’axe Ozfixe. Pour une collision frontale caractérisée par les
angles
d’Euler(oci, Bi, y;)
=-(otf, Pc, yf),
nous avons :Nous effectuons la moyenne sur otf et yf :
4.3 ACTION D’UN CHAMP
MAGNÉTIQUE
STATIQUE. - Auparagraphe
4.4 nous calculerons lessignaux
obtenus suivant que la direction de détection est
parallèle
ouperpendiculaire
auchamp magnétique
H.Il est commode de
prendre
la direction de détectionparallèle
à l’axe Oz et de caractériser la direction de H par lesangles polaires
0 et 0. A cettedirection,
nous associons le trièdre Ouvh
(Oh // H) qui
se déduitdu trièdre
Oxyz
par la rotationd’angles
d’EulerQ ==
(P,6,
tl’ =0).
Connaissant les élémentspôq(A, z)
de
l’opérateur
densité de l’atome Ajuste après
l’exci-tation
optique,
nous calculons les élémentspfq(A,
z,H)
à l’état stationnaire et En fonction du
champ magné- tique
H. Apartir
de la relation(30),
nous calculonsalors les éléments
pl,,(B,
z,H, Bf)
de’l’opérateur
densité de l’atome B
juste après
letransfert,
etpour toutes les collisions caractérisées par
l’angle (Oz, Ozf) = /?f. Enfin,
nous obtenons les élémentspSq(B,
z,H, Pr)
del’opérateur
densité de l’atome Bà l’état stationnaire. Nous schématisons ces différentes
opérations
de la manière suivante :Les facteurs de
Landé gA
et gB étant trèsvoisins,
nouspouvons, dans ce
calcul,
poser W A = COB = w. Nous obtenons alors ennégligeant
la diffusionmultiple :
4.4 APPLICATIONS. - Nous examinerons
quelques
cas
particuliers.
4 . 4.1 H
//
Oz(W
= 0 =0) ;
excitation et détectionen lumière
polarisée rectilignement (eo
= e, =j).
-Le
signal
total détecté dans la direction Oz est pro-portionnel
à :où
Nous constatons
(i)
que lapartie
dusignal dépendant
du
champ magnétique
H est fonctionde Pr
et par suite du nombred’onde, (ii)
que l’intensité totale émise dans la direction Oz(mesurée
en l’absence depolariseur
à ladétection) dépend également
deBf.
Le détail des
phénomènes
observésdépend
du rap- portÀi/Ào.
4. 4. 2 H // Ox (0 = 0, 0=7c/2);
excitation en lumière circulaire se propageant dans la directionOy.
-La différence entre les
signaux polarisés
6+ et J-et émis dans la direction Oz est