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Enjeux socio-économiques et impacts des pertes agricoles et alimentaires

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Academic year: 2021

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HAL Id: hal-02630081

https://hal.inrae.fr/hal-02630081

Submitted on 27 May 2020

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agricoles et alimentaires

Catherine Esnouf, Christian Huyghe

To cite this version:

Catherine Esnouf, Christian Huyghe. Enjeux socio-économiques et impacts des pertes agricoles et ali- mentaires. Innovations Agronomiques, INRAE, 2015, 48, pp.1-10. �10.15454/1.462270130032544E12�.

�hal-02630081�

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Innovations Agronomiques 48 (2015), 1-10

Enjeux socio-économiques et impacts des pertes agricoles et alimentaires Esnouf C.

1

, Huyghe C.

2

1

Direction scientifique alimentation, INRA, 147 rue de l’université, F-75007 Paris

2

Direction scientifique agriculture. INRA, 147 rue de l’université, F-75007 Paris Correspondance : catherine.esnouf@paris.inra.fr; christian.huyghe@lusignan.inra.fr

Résumé

La question des pertes alimentaires est présente dans les agendas politiques au niveau national, européen et international, car elle représente un levier majeur pour la sécurité alimentaire mondiale.

Estimées au nouveau mondial à 30% de la production, elles conduisent à une consommation de ressources inutile et aux impacts environnementaux, et économiques correspondants. Situées au niveau de la production dans les pays les moins développés et au niveau de la distribution et de la consommation dans les pays développés, elles représentent ainsi des émissions de gaz à effet de serre de 3,3GT équivalent Carbone, une consommation d’eau de 250 km

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par an, soit le premier rang de la consommation agricole des différents pays, et la consommation de 28% des terres agricoles mondiales.. En termes économiques, l’impact représente 750 Milliards de $ au niveau agricole, 2 à 3 fois plus au niveau du consommateur. Toutes ces estimations sont des ordres de grandeur, les chiffres étant variables selon les sources, les pays et les types de produits.

Mots-clés : Pertes, Aliments, Agriculture, Impacts, GES, Eau, Economie

Abstract: Social and economic impacts of agricultural and food losses and wastes

Food losses and wastes are a cutting edge question for national, European and international politics, as they represent a major lever for global food security. They represent around 30% of global production and consume useless resources with linked environmental and economic impacts. These losses are agriculture dependent in less developed countries and at the retail and consumption stage in developed countries. On global level they emit 3.3GT carbon equivalent greenhouse gases, use 250 km

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of water, first rank of every country’s agriculture water consumption, and consume 28% of agricultural land surface. Economically, they represent 750 billion $ at agricultural level, and 2 to 3 times more at the consumer level. All these are rough estimates, as figures differ depending on references, countries and typology of products.

Keywords: Losses, Food, Agriculture, Impacts, GHG, Water, Economy

 

1. Une question présente dans les agendas politiques

Depuis 2007, avec la prise de conscience des changements majeurs qui attendent les systèmes alimentaires (changement climatique, événements extrêmes, épuisement des ressources…) et du défi démographique (9 à 10 milliards d’habitants en 2050 aux habitudes nutritionnelles en évolution), la question des pertes alimentaires est revenue sur la scène politique, en refusant de les considérer comme une composante intrinsèque et inévitable de nos systèmes agricoles et alimentaires.

Un premier rapport de la FAO (2011) a fait un état des lieux des pertes au niveau mondial, chiffrant une

moyenne de 30%. D’autres rapports ont suivi et une action a été lancée sur le partage d’expériences et

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le suivi de l’agenda des événements visant la réduction des pertes dans les différents pays (FAO SAVE FOOD save-food@fao.org).

En parallèle, l’Union Européenne s’est saisie du sujet, au départ dans l’objectif de réduire le volume de déchets à traiter. En 2011, la Commission Européenne adressait une communication au Parlement, au Conseil, au Comité Economique et Social et au Comité des Régions, la « Feuille de route pour une Europe efficace dans l’utilisation des ressources » (Document COM (2011)571 du 2.9.2011). Cette feuille de route fixait l’objectif de réduire de moitié d’ici 2025 le gaspillage d’aliments encore propres à la consommation dans l’UE.

Une résolution du Parlement Européen en 2012 « Eviter le gaspillage alimentaire : stratégies pour une chaîne alimentaire plus efficace dans l’Union Européenne » (2011/2175 INI) reprend les différents chiffres existants, constate qu’en Europe et en Amérique du Nord les gaspillages alimentaires ne constituaient pas une priorité stratégique dans les dernières décennies en raison d’une production alimentaire abondante, et recommande une mobilisation de tous les acteurs sur l’ensemble de la chaine alimentaire pour diviser par deux les gaspillages d’ici 2025. La directive 2008/98/EC (the Waste Framework Directive - WFD) définit les concepts de base et définitions relatives à la gestion des déchets alimentaires, et dans son article 4 définit la hiérarchie des usages : (a) prévention, (b) réutilisation, (c) recyclage, (d) autre récupération, par exemple par production, et (e) déchets.

Au niveau français, le ministère de l’agriculture lançait en 2012 une campagne de lutte « anti-gaspi » et mobilisait les acteurs dans un comité national de pilotage de lutte contre le gaspillage alimentaire. Pour poursuivre ces actions, Guillaume Garot se voyait confier en 2014 une mission pour formuler des propositions pour une politique publique de lutte contre le gaspillage alimentaire. Ce rapport, remis en 2015, propose de nombreuses mesures dont certaines, en particulier concernant les dons de la distribution alimentaire, ont été reprises. L’ADEME est chargée de la mise en œuvre de plusieurs propositions.

2. Etat des lieux des pertes

Sur un total d’1,3 milliards de tonnes de pertes au niveau mondial, le rapport FAO de 2011 identifie des pertes selon les catégories de produits et les étapes de la chaine : 47% pour les racines et tubercules, 45% pour les fruits et légumes, 30% pour les céréales, 35% pour les poissons et produits de la mer, 22% pour la viande, 17% pour les produits laitiers (Figure 1).

Au niveau européen, le rapport FAO estime les pertes à 89 millions de Tonnes (MT) par an (UE à 28), soit environ 280 à 300 kg/personne/an sur l’ensemble de la chaîne et 95 à 115 kg/pers/an de pertes évitables au niveau du consommateur.

Une étude plus récente et plus détaillée au niveau européen (Vanham et al., 2015), basée sur des enquêtes et statistiques précises au Royaume Uni, aux Pays-bas, au Danemark, en Finlande, en Allemagne et en Roumanie montre la grande variabilité : les pertes au niveau consommateur sont estimées à une moyenne de 60 MT/an soit 123 kg/pers/an (de 55 à 190 kg /pers/an) au niveau du consommateur en direct ou via la restauration hors foyer, valeurs en équivalent carcasse et matières premières. Cette masse représente 16% (de 7 à 24%) de la nourriture arrivant chez le consommateur.

Les valeurs les plus élevées sont au Royaume Uni et les plus basses en Roumanie.Sur cette masse,

80% sont considérées comme évitables ou potentiellement évitables, soit 47 MT/an ou 97 kg/pers/an

(de 45 à 153 kg/pers/an). Une autre étude minimise cette estimation, 35% étant considérées comme

évitables (Bernstad et Andersson, 2015). Les principaux produits jetés sont les produits céréaliers, les

fruits et légumes, en particulier en raison de leur faible durée de vie.

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Au niveau national, les estimations du ministère de l’agriculture indiquent les niveaux de pertes à 10 MT/ an dont 6,5 MT par les foyers, 2,3 MT par la distribution et 1,5 MT par la restauration. On ne compte pas ici les pertes agricoles.

Figure 1 : Pertes de matières par produits dans les étapes de la chaîne alimentaire dans le monde (D’après FAO, 2013b)

Au niveau mondial, c’est l’étape de la production agricole, qui est la plus génératrice de pertes, à hauteur de 33%. Si on ajoute les étapes de gestion de la post récolte et du stockage, on obtient 54%

des pertes totales (FAO, 2013b). Cette estimation est relativement homogène entre les régions (Figure 2).

Figure 2: Part relative des pertes alimentaires par région et par étape de la chaîne alimentaire (d’après FAO,

2013b).

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3. L’enjeu de la sécurité alimentaire mondiale

Les dernières estimations de la FAO (FAO, FIDAM, PAM, 2014) montrent que la lutte contre la faim dans le monde continue sur sa lancée. On estime qu’environ 805 millions de personnes étaient en situation de sous-alimentation chronique en 2012-2014, soit une diminution de plus de 100 millions de personnes sur la dernière décennie, et 209 millions de personnes de moins qu’en 1990-1992. Pourtant, environ 1 personne sur 9 dans le monde n’a toujours pas assez de nourriture pour mener une vie saine et active. La grande majorité de ces personnes sous-alimentées vivent dans les pays en développement, dont on estime qu’ils comptaient 791 millions de personnes souffrant de faim chronique en 2012-2014. Bien que ce soit dans les pays en développement que l’on a constaté les progrès les plus marqués sur les 20 dernières années (ensemble, ces pays comptent 203 millions de personnes sous-alimentées en moins qu’en 1990-1992), environ une personne sur huit, soit 13,5 % de la population totale, y souffre encore de sous-alimentation chronique. Il faudra donc déployer des efforts considérables pour atteindre la cible de l’Objectif du Millénaire pour le développement (OMD) concernant la faim d’ici à 2015, en particulier dans les pays qui n’ont pas assez progressé.

L’Afrique subsaharienne concentre la majorité des pays en déficit, avec 23,8% de sous-alimentés soit 214 millions de personnes. L’Asie de l‘Est et du Sud sont également concernées avec respectivement 18, 8% et 10,8% de sous-alimentés soit 276 et 161 millions de personnes.

La réduction de la faim appelle une approche intégrée, qui comprendra les éléments suivants : des investissements publics et privés propres à améliorer la productivité agricole ; un meilleur accès aux intrants, aux terres, aux services, aux technologies et aux marchés ; des mesures favorables au développement rural ; des mesures de protection sociale pour les personnes les plus vulnérables, notamment le renforcement de la résistance de ces personnes face aux conflits et aux catastrophes naturelles ; des programmes de nutrition spécifiques destinés à pallier les carences en micronutriments .

Même si les pertes des pays développés ne sont pas systématiquement utilisables pour les pays en développement, les ordres de grandeur sont frappants. En effet, l’ensemble des pertes des pays développés (220 MT/an) est équivalent à la production alimentaire nette de l’Afrique subsaharienne (FAO, 2011). Considérant que la FAO prévoit une augmentation nécessaire de la production de 60%

d’ici à 2050, si on réduit de moitié les pertes, seuls 20% d’augmentation seraient nécessaires (Parry et al., 2015), ce qui situe bien l’importance de l‘enjeu.

Les impacts pour l’environnement sont, par contre, à considérer à l’échelle mondiale.

4. Les impacts des pertes sur l’environnement

Le rapport FAO de 2013 sur l’empreinte des pertes sur les ressources naturelles donne des estimations de ces impacts.

Basé sur les 7 grandes régions du monde et sur 8 catégories de produits (céréales, racines amidonnières, oléagineux et protéagineux, fruits, viande, poisson et produits de la mer, produits laitiers et œufs, légumes), il estime les impacts sur les gaz à effet de serre, la consommation d’eau, l’usage des terres et la biodiversité. Les calculs ont été effectués sur l’ensemble des parties consommables et non consommables des produits.

4.1 Impact sur les gaz à effet de serre

Les émissions liées au changement d’usage des terres ne sont pas considérées, ce qui minore l’impact

de 25 (Hörtenhuber et al., 2012) à 40% (Tubiello et al., 2013). En effet, à titre d’ordre de grandeur, le

GIEC estimait en 2007 que l’agriculture contribuait à 14% du total de l’émission de GES tandis que le

changement d’usage des terres y contribuait pour 18%.

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L’empreinte carbone globale est estimée à 3,3 GT d’équivalent CO

2

en 2007, ce qui place ces émissions en troisième position mondiale après les émissions de la Chine et des USA. Elle représente en moyenne 500 kg CO

2

par personne et par an.

Les contributeurs majeurs sont les céréales (34%), la viande (21%) et les légumes (21%). Les produits d’origine animale représentent 33% du total, ce qui est à rapporter à leur part des pertes en volume de 15% (Figure 3).

Figure 3: Contribution des produits aux pertes alimentaires (bleu) et à l’empreinte carbone (magenta) en pourcentage

La contribution des différentes régions du monde montre qu’elle est située majoritairement en Amérique du Nord et en Europe (liée à la part de la viande). Elle est très importante en Asie en raison des pertes céréalières, en particulier du riz (Figure 4).

Figure 4: Contribution de chaque région aux pertes (bleu) et à l’empreinte carbone (magenta) en pourcentage Rapportée au nombre d’habitants, l’émission est de 23 t CO

2

/pers/an aux USA, de 10,7 au Japon et de 8,4 en France.

L’empreinte carbone est majoritaire à l’étape de la consommation (37% du total) contre 22% de sa part

des pertes, car chaque étape de la chaine alimentaire ajoute son propre impact sur les GES.

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4.2 Empreinte sur l’eau

N’est considérée ici que la consommation d’eau puisée dans les ressources souterraines ou de surface (à l’exception de l’eau de pluie et de l’évaporation des végétaux). Sachant que 92% de la consommation d’eau dans le monde est due à l’agriculture (Hoekstra et Mekkonen, 2012), seule cette étape de la chaîne a été considérée dans le rapport FAO de 2013.

L’empreinte en eau des pertes en 2007 est de 250 km

3

par an, ce qui représente 38 fois la consommation des ménages américains et la place en premier rang par rapport à la consommation agricole des différents pays (Figure 5).

Figure 5: 10 principaux pays consommateurs d’eau pour l’agriculture (bleu) et celle des pertes (magenta) en km

3

/an.

Les contributeurs majeurs sont les céréales (52%), les fruits (18%) contre une contribution aux pertes de 26% et 16% respectivement. A l’inverse, les racines amidonnières contribuent à l’empreinte eau pour 2% contre 19% des pertes, en raison d’une faible irrigation, d’une forte productivité à l’ha et d’une récolte de la plante entière.

Au niveau européen, Vanham et al. (2015) estime la consommation liée aux pertes à 27 l/pers/an (variation de 13 à 40 l/p/an), ce qui est un peu plus que la consommation totale d’eau distribuée au niveau municipal.

4.3 Usage des terres

On considère ici les terres utilisées pour la production, y compris prairies et pâturages, utilisées pour produire des aliments non consommés.

Au niveau mondial, 1,4 milliards d’ha étaient ainsi consommés en 2007, soit 28% de l’ensemble des terres agricoles. Ceci place les pertes au deuxième rang des pays les plus utilisateurs d’espace (Figure 6).

Sans surprise, les produits les plus consommateurs d’espace sont la viande et le lait, 78% à eux seuls,

pour une contribution aux pertes de 11% seulement. Ces espaces, essentiellement constitués de

prairies et de pâturages, sont considérés ici comme des terres non arables ; mais les cultures dédiées à

l’alimentation animale représentent aussi 40% de l’ensemble des terres arables. Toutefois, les

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différences d’intensité et de rendements des différentes cultures et élevages font que ces moyennes ne sont pas valables localement.

Figure 6: 20 pays les plus consommateurs d’espace (bleu) et espace lié aux pertes (magenta) en milliards d’hectares

La Figure 7 représente les usages par grandes régions du monde. La région d’Afrique du Nord/Asie centrale et de l’ouest a une occupation des terres à 90% non arables, tandis que cette part est de 47%

en Europe et de 71% en Amérique du Nord.

Figure 7: Terres arables (magenta) et non arables (bleu) pour les pertes, par régions en millions d’hectares

 -­‐            

 0,2          0,4          0,6          0,8          1,0          1,2          1,4          1,6          1,8        

Milliards  d'hectares  

20  pays  les  plus  consommateurs  d’espace  et  espace  lié  aux  pertes  

(9)

Il faut noter que 99% des pertes agricoles ont lieu dans des régions dont les sols sont soumis à une dégradation moyenne à forte. Ceci constitue un facteur particulièrement inquiétant.

4.4 Impacts sur la biodiversité

Cet impact n’est calculé que pour l’étape de la production agricole. Il est mesuré, au niveau des écosystèmes, par l’intensité de la déforestation due à l’agriculture, et au niveau des espèces par l’impact sur la liste rouge des mammifères, oiseaux et amphibiens menacés par l’agriculture.

Dans la mesure où ces indicateurs ne peuvent être différenciés par type de production, on ne peut directement les relier à des taux de pertes, mais on met en évidence une tendance qualitative.

L’intensité de la déforestation se situe dans des pays à bas revenu, principalement en Afrique tropicale et sub tropicale, en Asie de l’ouest et du sud-est et en Amérique latine. L’essentiel est dû aux productions agricoles plus qu’aux productions pour l’énergie qui représentent une part limitée de l’occupation de l’espace et de la biomasse produite (Matthijs et al., 2015).

De même, la pression sur les espèces est majeure dans ces pays avec 44% d’espèces menacées dans les pays développés contre 72% dans les pays en développement. Les cultures ont en moyenne un impact deux fois plus important que l’élevage, du fait de l’usage des prairies mais avec une grande variabilité entre régions.

Le lien avec les pertes montre un parallèle entre les pays à plus fort taux de pertes et ceux à impacts environnementaux. Par exemple, la production de céréales, source principale des pertes en volume, est aussi la menace principale sur la biodiversité (déforestation et espèces), essentiellement dans les zones tropicales. Par contraste, les légumes et fruits, source majeure des pertes, et avec une forte empreinte sur l’eau, représentent une menace moindre sur la biodiversité. Les pertes en viandes ont un fort impact en raison de leur consommation d’espace, contribuant pour 1/3 de celles des céréales aux menaces sur les espèces.

5. Impacts économiques

Les données disponibles au niveau mondial correspondent aux prix des produits agricoles. Les pertes représentent 750 milliards de US$ (FAO 2013). La perte en bout de chaîne, au niveau du consommateur, est estimée à 2 à 3 fois plus, sans compter les coûts environnementaux et sociaux.

Figure 8 : Contribution de chaque catégorie de produits aux pertes (bleu) et au coût économique (magenta) en

pourcentage

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Les légumes sont les plus gros contributeurs à ce coût (23% du coût total) suivis par la viande (21%), les fruits (19%) et les céréales (18%) (Figure 8).

La part des pertes et gaspillages au niveau du consommateur peut être estimée à 600 milliards de US$

(Parry et al., 2015), soit 420 £ par foyer au Royaume Uni (Secondi et al., 2015).

6. Conclusion et pour aller plus loin

Les impacts présentés montrent bien que l’enjeu est essentiel pour assurer une alimentation pour tous en 2050 sans conséquence majeure sur les ressources et l’environnement. Elles ne sont évidemment pas les seules mais, par rapport à une évolution des régimes alimentaires des consommateurs, probablement plus à notre portée qu’une augmentation massive de la production de biomasse par unité de surface ou qu’une augmentation des surfaces de terres cultivées.

Les chiffres présentés ici sont, pour l’essentiel, issus de rapports FAO. Des estimations différentes des pertes existent dans les rapports UNEP, WRI (World Resource Institute), World Business Council on Sustainable Development. Ils pointent la nécessité de s’accorder sur les définitions et méthodes d’évaluation, en définissant un standard.

Ce standard est la condition indispensable pour identifier les cibles les plus pertinentes et que celles-ci donnent lieu à des actions partagées par tous.

Des résultats ont déjà été obtenus par les interventions au niveau du consommateur. Au Danemark, on a obtenu 25% de réduction de 2010 à 2015 par les distributeurs et les ménages, et en Grande Bretagne 24% des pertes évitables par foyer ont été économisées, soit 15% de réduction totale au niveau du consommateur, de 2007 à 2012 (ceci représente 210 US$ évités et 4,4 tonnes de gaz à effet de serre par foyer).

Par ailleurs, peu de résultats existent sur l’origine des pertes au niveau agricole et de la première et seconde transformation. Elles sont spécifiques par filière et des estimations faites par l’INRA sont présentées dans ce numéro de la revue Innovations Agronomiques : fruits et légumes, céréales, porc, volailles, lait, poules et œufs, bovins viande, truite, oléagineux, protéagineux, vigne et vin.

La réduction des pertes, une fois identifiées les cibles les plus pertinentes, devra faire appel à des innovations technologiques et organisationnelles, dans toute la chaîne de valeur, y compris la logistique. Le concept de bioéconomie, avec l’objectif d’une valorisation complète de la biomasse, pour des usages alimentaires et non alimentaires trouve ici toute sa place. Elle peut intervenir par des bioraffineries adaptées, ou par des usages en cascade des ressources.

Références bibliographiques

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FAO, 2011. Global Food Losses and Waste. Extent, Causes and Prevention (available at http://www.fao.org/docrep/014/mb060e/mb060e00.pdf )

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http://www.fao.org/docrep/018/i3347e/i3347e.pdf

FAO, 2013b, FAOSTAT, 2013. Food and Agriculture Organization of the United Nations. Statistics Division. Available at: http://faostat3.fao.org/home/E

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Tubiello F.N., Salvatore M., Rossi S., Ferrara A., Fitton N., Smith P., 2013. The FAO Stat Database of Green Gas Emissions from Agriculture. Environ. Res. Lett. 8(1). DOI: 10.1088/1748-9326/8/1/015009

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