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Chemin faisant, avec Bachelard

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Academic year: 2021

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HAL Id: hal-01818324

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Submitted on 19 Jun 2018

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Chemin faisant, avec Bachelard

Julien Lamy

To cite this version:

Julien Lamy. Chemin faisant, avec Bachelard. Bachelardiana, Il melangolo, 2006 - 2012. �hal- 01818324�

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Par Julien LAMY

« Rationaliste ? Nous essayons de le devenir »1

Héritage. Le mot est lâché ! En cette année de commémoration du cinquantième anniversaire de la disparition de Gaston Bachelard, il semble légitime de vouloir prendre acte de l’influence de sa pensée et de son œuvre, d’en mesurer les diverses réceptions, qu’elles soient savantes ou profanes, d’en examiner les réactualisations plurielles et fréquemment contradictoires, parfois trop soucieuses de la lettre et bien souvent plus inspirées par l’esprit, ou encore de sonder les divers hommages qui leur sont rendus en France et à l’étranger, l’œuvre bachelardienne pouvant apparaître aujourd’hui comme l’occasion d’une authentique internationale des esprits, et des cœurs.

Mais que veut dire, aujourd’hui, être un héritier de Bachelard ? Faut-il voir dans cet héritage la jouissance d’une tradition particulière et constituée, qu’on désignerait en général par le mot « bachelardisme » ? Ou alors faut-il au contraire s’orienter en direction de la reprise et de la continuation d’un élan, d’un geste, d’un souffle, dont Bachelard serait le passeur, le chantre et le héraut ?

Au sens propre, dérivé de la technique juridique, le mot « héritier » désigne toute personne qui dispose d'un droit dans une succession. Hériter, c’est ainsi recevoir par voie légitime un patrimoine, une propriété, un bien, qui peuvent être de différentes natures. C’est bien de là que semble dériver le sens figuré de l’héritage, à savoir ce qui est transmis comme par succession, au sens où l’on parle en général de l’héritage culturel, c’est-à-dire d’un héritage de croyances et de coutumes, ou encore de l’héritage d’une tradition. Dans les deux cas, c’est l’objet, non moins que les conditions de sa légitime transmission, qui sont mis en avant, et qui peuvent poser problème. Si l’on devait employer une langue plus technique, nous parlerions d’une logique objective, ou objectiviste, soucieuse dans le cas présent du

« patrimoine » en lui-même, de sa valorisation et de sa transmission. En l’occurrence, pour ce qui nous occupe, la pensée et l’œuvre de Gaston Bachelard. Mais l’on oublie par-là qu’il ne peut y avoir d’héritage, de transmission, sans héritiers et sans passeurs. Ce truisme, qu’il paraît d’abord inutile de rappeler, vise en fait à souligner que la tradition ne peut vivre, vibrer et suivre son conatus propre, que par les hommes qui en reçoivent le bénéfice et la charge, et qui décident dans le meilleur des cas d’en poursuivre la transmission, dans le pire des cas d’en laisser le soin aux contingences de l’histoire, voire aux drames de l’oubli. Hériter, tout particulièrement dans le domaine des idées et des œuvres, c’est selon nous recevoir en partage un bien qui ne nous appartient pas vraiment en propre, mais qu’on se doit de transmettre à ceux et celles qui viendront. Hériter est peut-être un droit, mais surtout le sens d’un devoir.

Serait-il juste de laisser dans l’occultation une pensée aussi riche, complexe et féconde que celle de Bachelard, dont la prise sur notre actualité et la sourde inactualité, ont tant à nous dire sur nous-mêmes, et à nous apporter aujourd’hui ?

1 Gaston BACHELARD, L’eau et les rêves, José Corti, 1942, réédition 1986, p. 10

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L’héritage n’est donc pas simple jouissance, prestige de la position dans une tradition, privilège d’une place gardée au sein d’une lignée, mais implique au contraire un patient travail, un engagement quotidien, une adhésion active bien que sourde aux sirènes du moment, une fidélité à soi-même – vertu maîtresse selon Georges Gusdorf – qui nous intime de faire nôtre l’expérience socratique, et de suivre les recommandations de notre daimon.

Cependant, le risque est toujours présent d’une adhésion aveugle, ou bien dogmatique, qui consisterait à se croire investi d’une mission personnelle, d’une charge qui nous reviendrait de droit, au point de vouloir engendrer ou défendre une orthodoxie, ce qui signifierait pour nous un « bachelardisme officiel », non seulement « inutile et incertain » comme dirait l’autre, mais surtout contraire à l’esprit pluraliste et ouvert de la pensée du philosophe. Si l’héritage de Bachelard est un bien, c’est avant tout un bien commun, auquel un espace doit être ménagé de façon publique, espace de discussion au sein duquel une communion et des échanges féconds deviennent possibles. L’Association des Amis, par les actions concrètes de ses membres disséminés de par le monde, ainsi que par l’engagement quotidien des membres de son bureau, veille à cet aspect public de l’héritage bachelardien. Sa mission n’est-elle pas – s’il était besoin rappeler ici l’article 2 de ses Statuts – « de perpétuer le souvenir de Gaston Bachelard et de contribuer au rayonnement de son œuvre » ? N’est-ce pas également ce que nous voulions suggérer dans le premier numéro de Cogitamus, paru à l’automne 2009, en écrivant dans la « Tribune Libre » que « le patrimoine que nous a légué Bachelard n’appartient pas seulement à une élite qui détiendrait un quelconque monopole sur son œuvre – ce serait d’ailleurs contraire aux valeurs d’ouverture et d’égalité si chères au philosophe – mais se présente bien plutôt comme un « bien commun » qu’il nous appartient de faire rayonner ». Voilà ce qu’il en est selon pour l’héritage commun que les bachelardiens ont en partage, du point de vue de l’expérience collective.

Mais qu’en est-il de ce qu’en fait chacun, dans la sphère de son existence individuelle ? N’est-ce pas là que se jouent les réinvestissements possibles de la pensée bachelardienne, en fonction de nos situations singulières, de nos préoccupations propres, de nos recherches personnelles, de nos travaux académiques, en bref de nos intérêts divers et variés ?

Aujourd’hui, ce n’est pas du côté de l’héritage commun que nous insisterons. Loin des actions quotidiennes de l’Association des Amis de Gaston Bachelard, détaché des responsabilités qui incombent à l’engagement pour le rayonnement et la diffusion de la pensée bachelardienne, nous délaisserons un instant le sérieux du travail pour une réflexion plus libre, parfois proche de la confidence, méditant modo peregrino vers notre réception personnelle de l’héritage bachelardien. C’est d’ailleurs l’invitation qui nous est faite dans le cadre de ce numéro spécial de Bachelardiana, vecteur actif de la transmission bachelardienne.

Ainsi, en nous permettant de paraphraser Bachelard dans La poétique de l’espace, nous dirions qu’« en nous obligeant à un retour systématique sur nous-même, à un effort de clarté dans la prise de conscience »2, nous sommes conviés à explorer la réception bachelardienne du côté de l’expérience intime, de la trajectoire personnelle, ce qui n’est pas sans poser des difficultés. Car il ne s’agit pas finalement de savoir ce que c’est qu’être un héritier en général, ou un héritier de la tradition bachelardienne en particulier, mais plutôt d’essayer de ressaisir ce qui fait que je puisse être, ou me penser concrètement, comme un héritier de Bachelard.

2 Gaston BACHELARD, La poétique de la rêverie, PUF, 1960, réédition 1999, p. 1.

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Quel sens puis-je donc donner à cette façon d’éclairer mon parcours personnel ? Que veut-dire pour moi, du point de vue du retentissement intime, être un héritier de Bachelard ? Quel rôle Bachelard a-t-il joué dans ma formation en tant que professeur de philosophie, mais aussi et surtout dans ma formation au « métier d’homme », comme on disait jadis ?

Recevoir, accueillir, admirer, écouter, dialoguer avec, repenser, enseigner, appliquer la raison à des expériences … voilà les dimensions intimes de mon héritage bachelardien, du point de vue des actes concrets qu’il implique. Or ces réappropriations intimes se trouvent des expressions changeantes dans des situations pour le moins bigarrées, non moins que dans des actions concrètes par la lecture, l’étude, l’écriture, la parole vivante de la conférence et de l’enseignement, que je subsumerais finalement sous l’idée de « cheminer » avec Bachelard.

Car parler de soi est finalement un exercice des plus difficiles. Peu nombreux sont ceux qui sont parvenus à parler à chacun d’entre nous tout en parlant d’abord d’eux-mêmes, d’autant plus chez les philosophes de formation, dont les exigences intellectuelles d’objectivité et d’analyse se traduisent le plus souvent par un certain goût de l’impersonnel, et une écriture habituellement sèche, sans relief. En dehors de Montaigne et de Rousseau, qui sont parvenus à se dépeindre eux-mêmes sans verser dans la vulgarité crasse, mais en nous éclairant bien plutôt sur l’humaine condition ; mais aussi de Kierkegaard et de Nietzsche, qui ont su innerver leur pensée philosophique par leur existence personnelle et singulière ; et de Bachelard lui-même, qui a su parfois user des confidences et de souvenirs personnels pour mobiliser son lecteur, les contraintes de l’écriture philosophique commune conduisent bien souvent à l’habitude austère de l’impersonnel. C’est chose convenue, et bien légitime, pour les études savantes et les travaux académiques. Mais que faut-il en penser quand cet habitus tend à empêcher, dans des circonstances autres, l’expression plus personnelle ? N’y a-t-il pas un risque que les habitudes contractées au travail des idées, dans la patience du concept, ne deviennent une posture systématique, et ne transpirent dans l’écriture en général ? Bachelard le savait bien, lui qui a dû renoncer aux exigences du concept et de la pensée rationnelle abstraite, pour aborder le territoire sensible et vibrant de la poésie. Il n’y a qu’à relire les introductions des deux dernières Poétiques pour s’en rendre compte… Toujours est-il que le point d’équilibre entre, d’un côté l’expansion invasive du moi privé, de l’autre l’impersonnalité formelle de la réflexion abstraite, se présente comme matière à perplexité, et à interrogations. Faut-il restituer un parcours personnel dans ce qu’il a de plus contingent, voire d’arbitraire, suspendu qu’il est aux décisions et aux rencontres du moment, au risque alors de basculer manifestement dans l’« universel reportage » et le « bavardage » ? Ou alors peut-on envisager de faire retour sur soi de manière intelligente, féconde et utile pour autrui, en vue de ressaisir l’intrication de la vie et de la pensée qui participe à l’élaboration d’une réflexion et d’une pensée personnelle ? Si la philosophie boîte, comme le disait justement Merleau-Ponty dans son Eloge de la philosophie, parce qu’elle a un pied dans la vie et un pied dans la pensée, nous essayons de cheminer avec Bachelard, au risque de boiter.

Mais pourquoi prendre ici la métaphore du cheminement ? Quel sens ce choix herméneutique donne-t-il à la compréhension de mon héritage bachelardien ? Du point de vue de l’étymologie, ainsi que l’établit le Dictionnaire historique de la langue française,

« cheminer » c’est avant tout « marcher, faire du chemin », mais aussi, dans son sens figuré,

« faire des progrès ». Il y a donc, dans le fait de cheminer, l’idée d’un mouvement, dans le sens d’une « progression dans une voie d’accès ». Car le chemin désigne concrètement une

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voie, plus précisément une voie tracée dans la campagne par les pas de l’homme, au fil d’une histoire immémoriale et anonyme qui se perd dans les limbes du temps, par opposition à la rue ou à la route, résultats d’une volonté prométhéenne et des impératifs de l’action présente.

Mais si le « grand chemin » désigne une voie très fréquentée, le chemin renvoie à l’espace parcouru, formant voie et désignant une direction. D’où l’idée de « se mettre en chemin ».

Depuis le XIVe siècle, le mot « chemin » hérite d’un sens métaphorique plus convenu, voire rebattu et usé, fondé sur l’assimilation du déroulement de la vie à un chemin à parcourir.

N’est-ce pas ce que veut dire l’expression populaire du « chemin de la vie » ? Néanmoins, les syntagmes qui mobilisent le chemin font le plus souvent signe vers l’idée de progression vers un but (aller, faire son chemin), ou mobilisent l’opposition de la ligne droite (droit chemin) et de la ligne courbe ou de la voie anormale (chemin de traverse). Pourquoi dès lors se fier à une image vieillie, voire banale, devenue simple métaphore ? Peut-elle encore dynamiser l’imaginaire, en vue de mieux se comprendre grâce à une puissance symbolique renouvelée ? La statique de la direction n’occulte-t-elle pas en effet la dynamique de l’acte de cheminer ? Ne faut-il pas minimiser la visée vectorielle vers un lieu plus ou moins métaphorique, qui engage un changement de place, pour souligner la dimension dynamique du changement d’être qu’implique le cheminement lui-même, au sens où l’on dit que ce n’est pas la destination qui importe, mais le voyage ? Le cheminement n’a-t-il pas alors pour sens l’initiation ? Pour moi, le sens du cheminement avec Bachelard est celui d’un mouvement en compagnie d’une pensée à l’écoute, et surtout en marche, loin de la ligne droite de l’opinion courante et des autoroutes du prêt-à-penser, ouverte aux chemins de traverse de l’esprit, attentive aux sentiers discrets de l’âme. Cheminer avec Bachelard, c’est ainsi s’acheminer vers quelque vérité, intime et universelle à la fois, difficilement formulable à l’aide des mots de la pensée claire. Oserai-je dire un acheminement vers la vérité, au moins celle de l’être ? Bachelard serait-il le nom pour un chemin et une vérité à découvrir par soi-même ? Ce qui est sûr, en ce qui me concerne, c’est que le cheminement avec Bachelard n’est pas un chemin qui mène à une destination préétablie, ou alors ce n’est pas celle que l’on attendait au départ.

Peut-être qu’il s’agit finalement d’un « chemin qui ne mène nulle part », si ce n’est peut-être à soi-même. Cheminer, voyager, être en route, n’est-ce pas un mode d’être de l’homme, de l’homo viator ? Au-delà d’une image de la pensée, d’une manière de dire le travail intellectuel – en parlant par exemple de nomadisme intellectuel avec Nietzsche ou Kenneth White, matrice d’où je sortais avant la rencontre avec l’œuvre bachelardienne – il est plus sûrement question d’une image princeps, qui cherche à dire l’existence humaine dans son mouvement propre, dans ses aspirations diverses, dans son être de devenir. Mais de Nietzsche, Heidegger, Kenneth White ou Deleuze à Bachelard, quelle est la trajectoire personnelle et intellectuelle ? Comment passer d’une forme plus ou moins affichée d’irrationalisme à l’engagement rationaliste ? N’était-il pas question, dès le départ, d’une préoccupation existentielle, de chercher à équilibrer, bien que de façon maladroite et peut-être simpliste, les deux tendances d’abord antagonistes de la vie diurne et de la vie nocturne ? Bachelard n’était-il pas une solution à l’impasse d’une pensée chaotique et vouée à l’errance, sourde et parfois hostile aux élans d’une rationalité qui peut être ouverte et plurielle ? Ou alors plutôt une façon de mieux poser le problème des limites de la rationalité, dans le cadre d’un dialogue complexe entre raison et imaginaire, visant à transformer en articulation ce qui au départ, dans l’opacité et la confusion des commencements, était tension, déséquilibre, voire conflit intérieur ?

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Au regard du chemin parcouru ces dernières années avec Bachelard, au fil des lectures solitaires, des enquêtes passionnées, des réflexions savantes, mais aussi des méditations personnelles et des nombreux échanges avec d’autres, il apparaît finalement que comprendre l’auteur Bachelard impliquait tout aussi bien de mieux me comprendre moi-même. Telle était déjà la leçon, entraperçue en cours de route mais non encore vécue dans une expérience totale, de Ricœur et de la pensée herméneutique. En y regardant de plus près, plusieurs axes se dessinent, au point que pour sacrifier aux exigences de la ressaisie réflexive je dégagerais plusieurs axes de préoccupations, plusieurs thèmes susceptibles de circonscrire ce qui se joue dans mon expérience intime de l’héritage bachelardien. Pour emprunter une image proposée par Bachelard lui-même, notamment dans La psychanalyse du feu, je dirais qu’il s’agit d’un rayonnement en étoile, de ramifications à partir d’un centre vivant, ou d’un foyer commun, qui expriment mon rapport vivant à la pensée bachelardienne, ainsi que les questions qu’elle me pose encore… et toujours.

La rencontre, un destin ? : Ma rencontre avec l’œuvre de Bachelard s’inscrit avant tout sous le signe de la contingence. Il y a déjà le parcours classique de l’étudiant en philosophie, pour qui Bachelard renvoie à quelques poncifs sur l’épistémologie, ainsi qu’à des perspectives originales sur l’imagination. Dans mon parcours personnel, c’est en classe de terminale que ce premier contact a eu lieu, voué à rester en sommeil pendant de longues années. Il y a même eu l’achat inopiné, sur l’étalage d’un bouquiniste, d’un exemplaire usé de L’eau et les rêves, laissé en friche sur les étagères d’une bibliothèque modeste, en attendant son heure… Il aura fallu attendre la rencontre décisive avec Jean-Jacques Wunenburger, et la conduite d’un mémoire de recherche sur La pensée nomade et le nomadisme intellectuel, pour que resurgisse la figure de Bachelard. A l’heure de choisir un auteur plus académique pour le doctorat, et sur les suggestions du directeur de thèse, j’ai eu le plaisir et la chance de découvrir une pensée en accord avec mes préoccupations personnelles, une œuvre riche et prometteuse, dont les premières lectures m’ont enthousiasmé. Délaissé alors même que je travaillais sur la question de l’habiter, sur la possibilité d’une rationalité en accord avec une sensation du monde, Bachelard me dévoilait toutes les potentialités d’une philosophie qui ne cède rien aux facilités des « philosophies de résumé » et aux cloisonnements des systèmes. L’aventure intellectuelle, et humaine, pouvait commencer. Je ne peux vraiment dire, si je suis sincère, ce qui relève de la réalité des faits, du récit de soi et de la cohérence du jugement rétrospectif. Y avait-il vraiment une vocation et un appel ? Peu importe finalement, un engagement existentiel et intellectuel s’est joué, en écho à une œuvre, ainsi que la rencontre d’un maître. Et d’un maître authentique, selon les vœux mêmes de Nietzsche, à savoir un maître qui nous apprend à nous libérer des maîtres et de la tentation de nous soumettre à des autorités extérieures, pour devenir son propre maître. La lecture patiente et progressive de Bachelard, de concert avec les conseils avisés et suggestifs de mon directeur de recherches, m’a permis d’apprendre à penser, à travailler de manière autonome, sans sacrifier à la paresse et à la lâcheté d’une pensée sous tutelle. Un pas donc vers l’émancipation intellectuelle, sans oublier qu’apprendre à marcher seul demande des efforts, du temps, non moins que les rencontres opportunes ! Il ne s’agit bien évidemment pas de minimiser ici les maîtres réels rencontrés – et il y a en a eu parmi les initiateurs, les formateurs, les guides – mais de souligner une révélation intime au contact de l’œuvre de Bachelard, de son style personnel… qui m’ont conduit à faire de la contingence initiale une ligne de vie, et une communauté de destin.

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La passion de comprendre : Les premières lectures de Bachelard n’ont pas été sans peine, notamment en raison d’une culture scientifique grossière, insuffisante, héritière de la combinaison malheureuse d’un enseignement scientifique indigent dans les filières littéraires, et d’un manque d’intérêt pour ces matières lors des drames intellectuels de l’adolescence. J’ai alors connu les joies et les peines de la patiente lecture, de l’instruction dans des livres difficiles, « un peu trop difficile pour moi »3 disait Bachelard pour son propre compte. Mais au prix de la découverte d’un univers insoupçonné, celui de la passion de la connaissance, de la science, de la méthode. Une découverte tardive, s’il en est, mais durable ! Bachelard m’a permis de comprendre ce que signifie vraiment, au-delà des formules de circonstance, le désir de connaissance tant plébiscité par les philosophes, et les enseignants. Il s’agissait néanmoins d’une « raison vivante », dynamique, ouverte, plurielle, soucieuse de concilier rigueur et inventivité, audace et prudence, fonction de surveillance et fonction d’invention. On était aux antipodes du rationalisme au « petit goût scolaire, […] élémentaire et pénible, gai comme une porte de prison, accueillant comme une tradition »4. Ainsi ce sont développées en moi, ou plutôt réveillées, la passion de l’étude, au point que je pourrais faire mienne aujourd’hui cette formule bachelardienne : « J’étudie, je ne suis que le sujet du verbe étudier. Penser, je n’ose.

Avant de penser, il faut étudier »5 ; ainsi qu’une véritable « pensée de derrière » au sens pascalien, un habitus rationaliste, consistant à se surveiller soi-même, à exposer ses pensées à l’expérience (appliquer la raison) et surtout aux autres (socialiser ses convictions), afin de les mettre à l’épreuve. Ce n’est pas selon moi la plus mince des suggestions bachelardiennes, condensée dans une formule célèbre dès l’avant-propos de La psychanalyse du feu : « se moquer de soi-même. Aucun progrès n’est possible dans la connaissance objective sans cette ironie autocritique »6. J’aurais même tendance à aller plus loin que Bachelard, et dire qu’aucun progrès moral ou humain n’est possible sans cette forme d’ironie envers soi-même.

Sans vouloir nous appesantir et par-là fatiguer le lecteur, nous ne pouvons néanmoins oublier de mentionner l’inspiration que Bachelard nous prodigue, sur ces questions, dans la pratique de l’enseignement, dans la mesure où la volonté de transmettre cette passion de comprendre, appliquée au contact quotidien avec de jeunes élèves, nous permet de vivre intimement, parfois dans le découragement s’il faut être honnête, l’idée selon laquelle le maître devrait rester un élève, et que l’erreur est une condition nécessaire de l’acte d’apprendre.

La joie de s’émerveiller : Toutefois, le tableau ne serait pas complet sans l’apport spécifique de l’autre versant de la production bachelardienne, dont la fréquentation m’a été plus tardive, mais non moins décisive que la lecture des travaux épistémologiques. Certes les lectures de Nietzsche et de Kenneth White m’avaient déjà familiarisé avec l’idée que la littérature, et surtout la poésie, n’est pas qu’une affaire d’écrivain et de lecture savante. Sans aller jusqu’à dire avec Proust que « la vraie vie, […] c’est la littérature », il n’en demeure pas moins que l’essentiel de la littérature m’a toujours apparu dans son lien intime avec la vie, son intrication dans la vie, pour mieux appréhender la vie, l’enrichir, l’augmenter, la renouveler.

Or si « la vie use vite les premiers étonnements »7, comme le rappelle bien Bachelard, la

3 Gaston BACHELARD, La flamme d’une chandelle, PUF, 1961, pp. 111-112.

4 Gaston BACHELARD, « Le surrationalisme », in L’engament rationaliste, PUF, 1972, p. 7.

5 Gaston BACHELARD, La flamme d’une chandelle, PUF, 1961, p. 55

6 Gaston BACHELARD, La psychanalyse du feu, 1938, réédition Folio Essais, 1949, p. 18.

7 Gaston BACHELARD, La poétique de l’espace, PUF, 1957, réédition 2001, p. 107.

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poésie nous permet de réveiller la sensation d’univers, de débusquer l’inouï sous l’évident, de faire revivre l’inédit sous le banal, bref de vivifier notre inscription à la fois intelligente et sensible dans le monde. Mais « il faut alors étudier à part, loin de la science, un énorme domaine de convictions qui tiennent à une sorte de matérialisme inné, inscrit dans toute chair […]. Nous restons là dans le domaine de la chair natale »8. C’est bien notre être-au-monde qui se joue et se dénoue dans une existence promue au poétique, qui se révèle à elle-même au contact des œuvres des poètes, ces maîtres à rêver comme les présente souvent Bachelard.

Plutôt que l’être-au-monde en général, il serait même plus opportun de parler d’un rapport à notre monde, ressaisi dans une relation singulière et inédite, souvent dans la solitude rêveuse.

De ce point de vue, Bachelard est d’une lucidité foudroyante : la vie au-dehors, régie par les contraintes de la vie communautaire et l’adaptation à une réalité estampillée par des valeurs sociales, est morcelante. Nous nous dispersons bien souvent loin de nous-mêmes, et paradoxalement c’est la médiation des œuvres, et tout particulièrement des poètes pour Bachelard, qui nous reconduit à la fontaine de Siloé, aux sources de notre personne.

Bachelard, bien sûr, n’impose en aucune façon les poètes et ses préférences, il nous fait plutôt part de ses lectures et de ses joies de lecteur, dans la libre jouissance des tempéraments personnels : « Quant à nous, adonné à la lecture heureuse, nous ne lisons, nous ne relisons que ce qui nous plaît, avec un petit orgueil de lecture mêlé à beaucoup d’enthousiasme »9. Après les responsabilités du travail de la pensée, nous voilà rendus aux libertés du loisir, au sens noble du terme, et de la vie poétique, que chacun peut réinventer par sa propre rêverie.

Pour ma part, les choix de Bachelard en matière de poèmes et d’images ne me conviennent pas toujours, bien que je m’en accommode la plupart du temps pour mes travaux. Mes préférences personnelles vont plutôt à la poésie japonaise du haïku – très bachelardienne soit dit en passant…– ainsi qu’au contact direct du corps avec les éléments naturels, réélaboré par la méditation poétique, tels que l’envisage notamment la géopoétique d’un Kenneth White.

Toujours est-il que Bachelard recueille mes suffrages sur le principe d’une vie poétique, alchimie subtile du corps, de l’esprit, de l’âme et du monde, dans laquelle l’individu peut goûter au bien-être de son existence terrestre, dans la bonne conscience des passions sublimées. Bachelard n’est pas dupe, là encore, de notre enracinement dans les puissances du désir. Et si « le monde est intense avant d’être complexe »10, si « l’homme est une création du désir, non pas une création du besoin »11, si « tout est passion chez l’homme »12, alors l’ouverture de la raison ne peut que prendre acte des multiples dimensions de la totalité humaine, pour lui accorder une place et nous permettre de lui donner du sens, car sans cela nous risquerions fort de ressembler à « une grimace d’homme »13, figée dans une posture réductrice de rationaliste radical ou d’irrationaliste forcené. Ainsi le commerce intime qui se joue en chaque individu entre les passions du jour et les passions de la nuit, dans une optique bachelardienne, implique la solitude : « les passions cuisent et recuisent dans la solitude »14.

8 Gaston BACHELARD, Le matérialisme rationnel, PUF, 1953, réédition 2000, p. 21.

9 Gaston BACHELARD, La poétique de l’espace, PUF, 1957, réédition 2001, p. 9.

10 Gaston BACHELARD, « Fragment d’un journal de l’homme », in Le droit de rêver, PUF, 1970, réédition 2001, p. 237.

11 Gaston BACHELARD, La psychanalyse du feu, 1938, réédition Folio Essais, 1949, p. 38.

12 Gaston BACHELARD, L’activité rationaliste de la physique contemporaine, PUF, 1951, p. 4.

13 Gaston BACHELARD, La poétique de la rêverie, PUF, 1960, réédition 1999, p. 79.

14 Gaston BACHELARD, La poétique de l’espace, PUF, 1957, réédition 2001, p. 28.

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La vie dialoguée : Toutefois, ce serait se méprendre sur la fécondité de la pensée bachelardienne que de l’enfermer dans les chemins de traverse secrets de la solitude.

Bachelard le rappelle à plusieurs reprises dans ses Poétiques, l’anima n’est pas l’être de toute une vie15, « il faut aussi donner un destin de dehors à l’être du dedans. [… ] Quoique nous centrions nos recherches sur les rêveries du repos, nous ne devons pas oublier qu’il y a une rêverie de l’homme qui marche, une rêverie du chemin »16. Or il semble bien s’agir là d’un idéal régulateur, d’un horizon irréductible de notre humaine condition, nous acheminant vers une forme de sagesse inactuelle, mais renouvelée et réinvestie par Bachelard. Nous choisirons de désigner ici cette sagesse comme une vie dialoguée, avec soi-même et les autres hommes, dans l’horizon d’un monde. En ce qui concerne la deuxième option, elle révèle le caractère profondément ouvert de la pensée bachelardienne, où la figure d’autrui ne cesse d’apparaître comme dimension irréductible de notre expérience, parfois certes pour nous détourner de nous-mêmes et nous disperser, mais le plus souvent comme occasion d’une meilleure connaissance de soi, voire comme une condition de la construction de soi. J’ai déjà évoqué l’importance de la question de l’éducation, de la pédagogie et du rapport à autrui dans le champ de la connaissance, désigné souvent comme commerce ou communication des esprits.

Dans le champ proprement poétique, il ne faudrait pourtant pas oublier qu’au-delà de la solitude du lecteur, ou peut-être même à fond de solitude rêveuse, nous participons d’une communion des âmes, où se joue une transsubjectivité du poétique et le contact avec l’humain immémorial. Dans cette perspective, Bachelard va même jusqu’à évoquer l’idée d’une Enfance primordiale. Finalement, il n’y a qu’à relire les lumineuses pages consacrées à la grâce de la rencontre, à l’occasion de la préface au livre Je et Tu de Martin Buber, où Bachelard n’hésite pas à nous livrer ses vues les plus suggestives sur ce que devrait être l’intersubjectivité humaine, empreinte de sympathie et de sincérité. Toujours est-il que la vie dialoguée se trouve également un destin au-dedans, car il s’agit pour chacun de trouver une harmonie intérieure. Si nous sommes faits d’une pluralité d’éléments disparates, à la façon d’une gerbe mal liée de contingences, si « l’individu n’est déjà qu’une somme d’accidents »17, alors il est peut-être bien « inutile de répéter que l’homme est ondoyant et divers. Il

« ondoie » faiblement et sa diversité contingente cache mal une pauvreté profonde. Pour trouver, dans l’homme même, une véritable richesse psychologique, une voie certaine est d’aller chercher cette richesse au sommet des pensées »18. Mais Bachelard souligne bien que la pensée est une voie, non pas la seule. Il y a aussi la rêverie, la méditation poétique. Son œuvre et sa vie nous montrent qu’il y a au moins deux voies possibles, celle de la science et celle de la poésie, que chacun peut s’efforcer de conjuguer, car « la rêverie travaille notre être intime, […] une rêverie de poète peut mettre de l’ordre en nous »19, et « tout ce que peut espérer la philosophie, c’est de rendre la poésie et la science complémentaires, de les unir comme deux contraire bien faits »20.

15 Gaston BACHELARD, La poétique de la rêverie, PUF, 1960, réédition 1999, p. 183

16 Gaston BACHELARD, La poétique de l’espace, PUF, 1957, réédition 2001, p. 29.

17 Gaston BACHELARD, L’intuition de l’instant, Editions Gonthier, 1932, p. 70.

18 Gaston BACHELARD, Le matérialisme rationnel, PUF, 1953, réédition 2000, p. 2.

19 Gaston BACHELARD, Fragments d’une poétique du feu, texte établi par S. Bachelard, PUF, 1988, p. 35.

20 Gaston BACHELARD, La psychanalyse du feu, 1938, réédition Folio Essais, 1949, p. 12.

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Acheminement vers la sagesse : Dans cette perspective, l’un des acquis de la sagesse bachelardienne, dans sa vérité profonde, est peut-être bien la conscience de la diversité des chemins possibles pour atteindre au bien-vivre, à condition bien sûr de rechercher les sommets de l’être, armé d’une générosité courageuse, dans un sens non-cartésien, c’est-à-dire non réduite à l’usage exclusif de l’entendement pour « marcher avec assurance dans cette vie ».

Mais si la question du sens de l’existence est une affaire personnelle21, au sens où elle se pose à une personne dans toute sa radicalité existentielle, alors il y a peut-être – espérons-le ! – diverses voies possibles. Heidegger ne disait-il pas, en exergue aux Holzwege, ces chemins qui ne mène nulle part, que « chacun suit son propre chemin, mais dans la même forêt » ? Bachelard le savait bien, malgré son cheminement propre, typique, spécifiquement dédoublé, quand il rappelait aux Rencontres internationales de Genève que « l’humanité réelle a toutes les possibilités et que nous devons être des hommes de plusieurs façons »22. Nous rappellerons ainsi, au terme de ce bilan intermédiaire sur un cheminement au jour le jour avec Bachelard, où les leçons sont quotidiennes, ces paroles en guise de questionnement, et d’ouverture d’un champ de travail intellectuel et existentiel :

« L’être humain est une ruche d’êtres. Ce sont les pensées lointaines, les images folles qui font le miel de l’être, la substance poétique de la vie. La vie d’un homme n’a pas de centre. En quelle périphérie s’anime la vie ? […] L’être humain n’est jamais fixé, il n’est jamais là, jamais dans le temps où les autres le voient vivre, où il dit lui-même aux autres qu’il vit. On ne peut prendre la vie comme une masse qui coule d’un flot et qui emporte tout l’être dans un devenir général de l’être. Souvent, presque toujours, nous sommes des êtres stagnants traversés par des remous. Où est la direction du mouvement de la vie en nous ? […] Où est le temps qui marquerait d’un trait fort la dynamique de notre être, les dynamismes multiples de notre être. Il suffit de changer d’images pour changer de temps »23.

Faut-il voir là une invitation à une poétique de l’existence ? N’est-il pas question de faire du temps, à la fois le fond du problème, et la matière plastique de notre existence ? Autant de questions qui nous renvoient à l’existentialisme problématique de Bachelard, où se dessine, comme « par petites touches », une philosophie « comme manière de vivre », pour reprendre la formule heureuse de Pierre Hadot, et non pas comme simple discours théorique ; mais aussi un engagement vers une théorie de la sagesse, au sens où Kant parlait par exemple des « fins essentielles de la raison humaine » (ici une raison élargie, ouverte à l’imaginaire !), de « destination de l’homme », ou encore de philosophie cosmique, et pas scolastique.

Toujours est-il en guise de conclusion ouverte, provisoire et approchée – pourrait-il en être autrement, le chemin bachelardien n’étant pas arpenté dans tous ses détours, et ses retours ? – que nous sentons encore vivre en nous la joie, et l’enthousiasme, d’explorer jusqu’au bout les promesses de la « sagesse dynamique » de Bachelard, qui enjoint chacun de nous, sans sacrifier aux illusions des tentations prométhéennes, mais en reconnaissant notre finitude, d’assumer notre « destin d’être des transformations »24… et de mieux vivre !

21 Nous prenons ici la notion d’« affaire personnelle » au sens où J. Bouveresse l’applique à Wittgenstein : « Il semble, en tout cas, avoir eu une tendance assez caractéristique à considérer qu’un problème moral était avant tout une « affaire personnelle », par quoi il faut entendre, non pas un problème que chacun peut résoudre selon des normes personnelles, mais un problème posé à une personne ». Cf. Jacques BOUVERESSE, Wittgenstein : la rime et la raison. Science, éthique et esthétique, Editions de Minuit, 1973, p. 143.

22 Gaston BACHELARD, L’homme devant la science, Editions de la Baconnière, 1952, p 385.

23 Gaston BACHELARD, Fragments d’une poétique du feu, texte établi par S. Bachelard, PUF, 1988, pp. 47-48.

24 Gaston BACHELARD, L’activité rationaliste de la physique contemporaine, PUF, 1951, p. 4

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