• Aucun résultat trouvé

PROLIFÉRATIONS DE MICROALGUES ET IMPACTS SUR LES MAMMIFÈRES MARINS

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "PROLIFÉRATIONS DE MICROALGUES ET IMPACTS SUR LES MAMMIFÈRES MARINS"

Copied!
2
0
0

Texte intégral

(1)

HAL Id: hal-02916401

https://hal.inrae.fr/hal-02916401

Submitted on 17 Aug 2020

HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.

PROLIFÉRATIONS DE MICROALGUES ET IMPACTS SUR LES MAMMIFÈRES MARINS

Stéphan Jacquet

To cite this version:

Stéphan Jacquet. PROLIFÉRATIONS DE MICROALGUES ET IMPACTS SUR LES MAM-

MIFÈRES MARINS. Subaqua, 2017. �hal-02916401�

(2)

33

SUBAQUA Septembre - Octobre 2017 - N° 274

INFOS RECHERCHE

SUBAQUA Septembre - Octobre 2017 - N° 274

32

L’idée n’étant pas de traduire l’ensemble du rapport mais de focaliser notre attention sur le dernier point évoqué ci-dessus, voici ce qu’il faut retenir.

Tout d’abord, les microalgues productrices de toxines dans les milieux aquatiques appartiennent à un nombre limité de groupes, les cyanobactéries, les dinofl agellés et les diatomées, mais le nombre d’espèces toxiques dans chacun de ces groupes peut être, lui, relativement important. Les toxines sont aussi variées. Il existe des toxines neurologiques, hépatiques, gastriques ou encore dermatologiques. On comprend dès lors que suivant la présence de telle ou telle espèce, son abondance, le type de toxines produites et leur concentration, l’impact sur les mammifères marins peut être variable et suivre différentes routes (via la chaîne alimentaire, par contact direct ou indirect, par inhalation/aspiration, par ingestion accidentelle).

Dans le rapport, on peut lire que l’on sait aujourd’hui que les effl orescences de ces microalgues toxiques ont déjà souvent été associées à des cas de mortalité possible ou avérée de certains mammifères, et ce, même s’il reste parfois diffi cile de connaître avec précision quels ont été les effets réels des toxines, depuis quand, leur concentration initiale et donc la toxicité du bloom, le ca- ractère chronique ou accidentel, la santé de l’animal avant sa mort, l’effet conjoint éven- tuel avec d’autres « polluants », etc. Ceci est d’autant plus vrai que les autopsies ne sont quasiment jamais faites tout de suite et que l’animal est donc mort depuis longtemps, et donc dégradé. Il a toutefois pu être établi de fortes relations entre de fortes concentrations de toxines issues de microalgues et la mort de certains animaux : ciguatoxines (neurotoxines produites par le Dinofl agellé Gambierdiscus) et phoques moines d’Hawaï (Neomonachus schausinlandii) via la consommation des poissons de récifs, saxitoxines (neu- rotoxines ayant pu être produites par des Cyanobactéries et/ou des Dinofl agellés) et baleines à bosse (Megaptera novaeangliae) via la consommation de coquillages et/ou de poissons, brevetoxines (neurotoxines produites par le Dinofl agellé Karenia) et grands dauphins (Tursiops trun- catus) via l’inhalation par aérosols et/ou consommation de poissons ou coquillages contaminés, d’autres saxi- toxines et un cortège de différents animaux (invertébrés, poissons, oiseaux de mer, phoques, loutres, dauphins, baleines), acide domoïqe (neurotoxine produite par la Diatomée Pseudo-Nitschia) et lions de mer (Zalophus ca- lifornianus) par consommation de poissons, coquillages et/ou invertébrés benthiques, microcystines (hépato- toxines produites par des Cyanobactéries) et loutres de mer (Enhydra lutris) par consommation de coquillages contaminés, etc. Dans tous les exemples cités, le nombre d’animaux concerné peut être très élevé.

Réaliser un suivi scientifi que régulier dans un objectif fi - nalisé de comprendre et alerter les expositions animales

et/ou humaines, à la fois temporel et spatial, de ces ef- fl orescences, s’il est vraiment critique, est aussi et sur- tout très compliqué et coûteux. Ce que l’on peut imaginer sur des espaces connus, dans le cadre de terrains scien- tifi ques côtiers par exemple ou de zones observatoires devient un autre problème à l’échelle de l’océan tout entier. On comprend pourquoi un grand espoir est mis dans l’imagerie satellitaire, sachant qu’elle a encore des limites importantes. Aujourd’hui, à tous les inconnus et diffi cultés mentionnés, il faut aussi garder à l’esprit que l’occurrence des blooms, leur toxicité et donc leur impact sur la santé animale est susceptible de s’accentuer dans le contexte du changement climatique actuel qui aurait tendance à favoriser les blooms phytoplanctoniques.

En guise de conclusions, il est écrit dans ce rapport que les études manquent sur le rôle de ces effl orescences toxiques sur la morbidité et mortalité des mammifères marins et des efforts devraient être consentis dans ce sens. Il est également fait mention de la nécessité pour les scientifi ques travaillant sur les cétacés de se rappro- cher plus de la communauté des microbiologistes et de tout ce qui concerne les études portant sur les effl ores- cences. Les outils existent déjà au travers d’Internet, des congrès, workshops réguliers organisés par les uns et les autres. Il n’y a plus qu’à ! ■

Article qui a inspiré cet article

International Whaling Commission. Report of the workshop on harmful algal blooms (HAB) and associated toxins 7-8 May 2017, Bled, Slovenia

APPEL À CONTRIBUTION

Vous venez de publier un article scientifi que et vous voulez nous le faire connaître. Contactez notre colla- borateur : stephan.jacquet@inra.fr

I N F O S R E C H E R C H E

Au mois de mai 2017, un rapport scientifi que de 22 pages de la commission baleinière internationale est paru et est passé relativement inaperçu. J’ai décidé de le résumer ici.

Son intérêt et son originalité sont, à mes yeux, qu’il faisait le point sur la relation entre développements phytoplancto- niques et toxines associées et le risque avéré ou encouru par les mammifères marins. Photos Vincent Maran.

S. JACQUET

INRA & LONGITUDE 181 Responsable

de rubrique

Rappelons tout d’abord que le phytoplancton est le premier maillon de la chaîne alimentaire marine et que, en tant que végétal réalisant la photosynthèse, son im- portance dans le fonctionnement global de l’océan est primordiale. Il produit de l’oxygène (autant que les végétaux terrestres) et sert de proie pour les maillons trophiques supérieurs. Pas de phytoplancton, pas de vie pour faire simple.

Il arrive toutefois que le phytoplancton se développe en masse. Il prolifère. On parle alors de prolifération algale, d’effl orescence, fl eur d’eau ou encore de bloom (terme anglo-saxon couramment employé). La dominance d’une espèce unique, outre le fait d’engendrer une perte de diversité notable, conduit généralement au dysfonc- tionnement (trophique et donc écologique) du système, sa désoxygénation, jusqu’à la mort de certains organismes (typiquement les poissons). Comme si cela ne suffi - sait pas, beaucoup de ces espèces qui prolifèrent (et cela peut d’ailleurs les y aider) produisent de puissantes toxines de différentes natures.

La prolifération nuisible des microalgues toxiques est bien connue, partout dans le monde, même si on ne sait pas toujours bien expliquer les causes, mécanismes, et autres raisons de ces effl orescences et encore moins combien elles seront toxiques ou pas. On constate toutefois que leurs occurrence, durée, expansion sont grandis- santes. Le rapport fait donc état de ces espèces phytoplanctoniques susceptibles de proliférer, des toxines qu’elles peuvent produire et des conséquences connues ou possibles sur le fonctionnement des écosystèmes avant de s’intéresser à l’im- pact sur les cétacés et autre pinnipèdes.

Les effl orescences de microalgues nuisibles sont dues et sont affectées par de multiples facteurs (de nature physique, chimique et biologique), naturels et d’origine anthropique. Elles ont, en retour, des effets potentiels directs ou indirects sur les cétacés (incluant l’impact in utero).

Une effl orescence d’algues toxiques peut avoir des effets majeurs…

N. scintillans, maillon de la chaîne alimentaire pélagique.

Le schéma ci-dessous résume les facteurs impli- qués dans la présence des blooms phytoplancto- niques toxiques, la production de toxines, et les impacts sur les cétacés. Une solution pourrait venir de la science participative.

L’impact des microalgues productrices de toxinessur les mammifères marins peut être variable et suivre différentes routes.

PROLIFÉRATIONS DE MICROALGUES

ET IMPACTS SUR LES MAMMIFÈRES MARINS

>

Références

Documents relatifs

Le photo- réacteur, un capteur solaire en forme de tubes, capte le maximum de lumière nécessaire aux algues pour réaliser la photosynthèse, c’est-à-dire transformer le dioxyde

Dans cette filière majeure de la production mondiale,les microalgues sont utilisées directement pour subvenir aux besoins des stades larvaires des mollusques bivalves et des

« On ne force pas les professeurs ou les départements à passer à la formation en ligne [...] mais, de temps en temps, on leur rappelle que s'ils veulent se faire connaître,

Nous avons d´ emontr´ e la validit´ e et l’int´ erˆ et de trois concepts pour les bioproc´ ed´ es : la culture et la production de mol´ ecules d’int´ erˆ et en capsule, la

Phaeodactylum tricornutum Introduction du gène de résistance á la  Zeocine & phleomycine. Bombardement par  microparticules Phaeodactylum tricornutum Phytochrome

Parmi les centaines de milliers d’espèces de microalgues marines existantes, seul un faible nombre a été étudié et, parmi celles-ci, quelques-unes ont montré un intérêt

Les faiblesses méthodologiques, notamment dans la définition des variables, et dans l'absence de certains éléments d'analyse s'ajoutent au risque toujours présent de tomber dans

Rivière souterraine!. Aujourd’hui, je suis