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ÉTUDES SUR LES VARIATIONS DE LA RICHESSE EN CONSTITUANTS AZOTÉS DES LAITS DE VACHE. I. - INFLUENCE DE LA MISE A L’HERBE
R. Jarrige
To cite this version:
R. Jarrige. ÉTUDES SUR LES VARIATIONS DE LA RICHESSE EN CONSTITUANTS AZOTÉS
DES LAITS DE VACHE. I. - INFLUENCE DE LA MISE A L’HERBE. Annales de zootechnie,
INRA/EDP Sciences, 1953, 2 (1), pp.33-53. �hal-00886585�
ÉTUDES
SUR LES VARIATIONS DE LA RICHESSE ENCONSTITUANTS AZOTÉS DES
LAITS DEVACHE
I. - INFLUENCE DE LA MISE A L’HERBE
R. JARRIGE
Station de Recherches sur
L’Elevage,
Jouy-en-Josas( i )
I,es laits individuels
présentent
des teneurs en constituants azotéslargement différentes ;
ces variations revêtent une doubleimportance,
pour
l’hygiène
alimentaire et pour l’industriefromagère.
Celle-ci traite environ z5p. 100de laproduction
laitièrefrançaise
et laquasi
totalité des laits commercialisés dans certainsdépartements (Doubs, Jura, Savoie,
Hautre-Savoie, Cantal).
Ilapparaît
donc nécessaire de tenircompte
de la richesse enprotéines
du lait dans la sélection de notre bétaillaitier, plus spécialement
des races à vocationfromagère (Pie Rouge
del’F,st-Salers).
Pour
pouvoir interpréter (facteurs
decorrection)
et utiliser au maximum(progeny test)
les variations individuellesenregistrées
par le contrôle desaptitudes,
il faut connaître tous les facteursqui
les déterminent.Or,
ilsn’ont fait
l’objet
que d’unpetit
nombre de travaux assezfragmentaires,
que nous avons
précédemment rapportés ( 12 ).
Nous avons donc entre-pris
une série de recherchessystématiques
sur cesproblèmes ;
nous enexposons ici un
point particulier :
l’influence de la mise àl’herbe.
Elle
représente,
en effet, unchangement complet
de l’alimentation ets’accompagne
de modifications dans lacomposition
du lait. Effectuéesans
transition,
la mise enpâturage peut
entraîner une chute trèsimpor-
tante du taux
butyreux (cf.
Me C>·,yMOrrTig 5 o),
mais ellel’augmente temporairement
si elle estprogressive.
Elledétermine,
d’autrepart,
uneamélioration de la richesse en constituants azotés que DAVWS et PROVAN
( 1927
)
ont, lespremiers,
mise en évidence :comparant
les laits indivi- duelsproduits
par 6 vaches immédiatement avant la mise à l’herbe et 15jours plus tard,
ils ont constaté que la teneur en matières azotées totales étaitpassée
en moyenne de 34 à3 6
g p. 1000.Cette
augmentation
a étéplusieurs
foisconfirmée,
notamment parF!ATH!RSTOrr!,
RICKABy et C_B1,7ELL(z 95 z)
et surtout par les chercheurs du N. I. R. D. àReading, qui
en ont étudié les causes( 21 - 22 ).
C’est(’) Avec la collaboration technique de M"" E. HUDZIKet de 31. R. DUPIN.
ainsi que KAy
( 194 8)
a montréqu’elle
seproduit
même si les vaches ont été bien alimentéespendant
l’hiver etqu’elle
estplus importante
si ellesont reçu une ration insuffisante en
protéines
ou enénergie.
Pour
préciser
cette influencecaractéristique
de la mise à l’herbe surla teneur en constituants azotés du
lait,
nous avons effectué desprél è-
vements
plus fréquents
etséparé
lesprincipales
fractions azotées.PROTOCOLE
EXPÉRIMENTAL
Animaux
Nous avons
choisi,
dans letroupeau
du C. N. R. Z., un lot de IIjeunes
vaches : 3 de race Normande(n O 1 - 4 -6)
et 8 de race Hollandaise Pie Noire(n O 13 - 14 - 1 8
à23 ),
toutes à leurpremière
lactation. Elles ont été suiviesrégulièrement depuis
leurvêlage (situé
entre le mois d’octobre et le mois dejanvier)
pourétudier,
au cours de lalactation,
l’évolution :- de la
production
laitière :pesée journalière,
- du taux
butyreux :
déterminationhebdomadaire,
- de la teneur du lait en constituants azotés :
analyses
à intervalles allant de 2 à 3semaines,
- de l’état sanitaire de la mamelle : contrôles
bactériologiques
effectués par la Station centrale de
Microbiologie
et de Recherches Lai- tières
(1) .
Au mois
d’avril,
toutes ces vaches se trouvaient ainsi dans laphase
décroissante de leur courbe de lactation et dans la
phase
d’enrichissement du lait en matières grasses et en constituants azotés. On sait en effet que la teneur du lait enprotéines
diminuerapidement pendant
lepremier
mois de la
lactation, jusqu’à
unpalier
minimum autourduquel
ellefluctue
quelque temps,
pouraugmenter
ensuite defaçon plus
ou moinsrégulière ;
cetteévolution,
mise en évidence par les études anciennes de EcKLES et SHAW( I9I3 ),
a été confirmée par les résultatsplus
récentsd’AzARME
( 193 8),
NESENI et KORPRICH( 1047 ),
HANSSON et al.(I(!5I).
Alimentation
Au cours des deux derniers mois de
stabulation,
nos animaux ont reçu :- une ration de base
composée d’ensilage
de vesce avoine( 15 kg),
du
mélange classique pulpes
de betteraves ensilées-menuepaille ( 30 -
35
kg),
de foin de luzerne de 2e coupe( 5 -6 kg)
et depaille ;
- un
mélange
concentrécomprenant
20p. Iood’orge,
20p. 100de son, Io p. Ioo de tourteau de
soja,
Io p. 100de tourteaud’arachide,
35p. Ioo de (’) Nous remercions b9. !IOCQT-TOT, Directeur de la Station centrale de Microbiologie et de Re-cherches Laitières, de nous avoir communiqué les résultats de ses observations.
tourteau de
coprah
et 5 p. 100d’unmélange minéral ;
ce concentré était distribué à raison de 5oo g parkg
de laitproduit
au-dessus de 7kg.
I,e 2
avril,
les vaches sont sorties pour lapremière
fois aupâturage,
mais seulement de IO à 16 heures. Dès le
lendemain,
elles y ontpassé
toute la
journée (traite
du soirexceptée),
ainsi que la nuit àpartir
du2
8 avril. Elles ont continué à rentrer à
l’étable pour
les deux traitesjusqu’au
1er mai. Apartir
de cettedate,
elles vécurent continuellementau
pâturage
et étaient traites sous un abrispécialement
construit.Sauf au cours des deux
premières journées,
la surface àpâturer
a étéstrictement
limitée,
parl’usage
de la clôtureélectrique, déplacée chaque jour pendant
la traite du soir.Du 21 au 28
avril,
nous avons réalisé une transitionprogressive
entrel’alimentation hivernale et le
régime
d’été. Les deuxpremiers jours,
lesvaches ont reçu leur ration normale de
stabulation ;
le 3ejour,
nous avonssupprimé l’ensilage
vert et le 5ejour,
lemélange pulpes
de betterave-menue
paille. Quant
aumélange concentré,
nous avons diminué sa teneuren matières azotées et sa
quantité,
pour n’en donner finalementqu’une quantité
minimum de ikg
par vache et de 5oo g parkg
de laitproduit
au-dessus de 15
kg. Enfin,
les vaches ont eu à leurdisposition
du foinad libitum.
Ce
plan
d’alimentation a été établi et contrôléd’après
laproduction
laitière moyenne du
troupeau.
Nous l’avonsexposé
avecquelques
détailspour faciliter
l’interprétation
des résultats.Prélèvements
Nous avons échantillonné le lait
produit
àchaque
traite par chacune desvaches,
entre le 13avril et le 7mai ;
mais le manque de moyens tech-niques
ne nous a paspermis d’analyser
les échantillonsjournaliers.
Pourserrer au maximum les variations de la
composition
du lait dans la limite de nos moyens, nous avons donc constitué pourchaque vache,
àpartir
des échantillons de
chaque traite,
3 échantillons par semaine :- i pour les 4 traites du lundi soir au mercredi
matin,
- i pour
les 4
traites du mercredi soir au vendredimatin,
- i pour les 6 traites du vendredi soir au lundi matin.
Nous avons ainsi finalement
analysé
io échantillonssuccessifs ;
notons immédiatement que les vaches étant sorties au
pâturage
pour lapremière
fois le lundi 21 en fin dematinée,
nous avons ainsiséparé
ledernier lait de la stabulation
(échantillon
n°4 )
dupremier
lait de la miseà l’herbe
(échantillon
n°5 ).
Cette
période
deprélèvements
continus s’est insérée dans la série desprélèvements
parquinzaine,
effectués pour suivre l’évolution de la com-position
du lait au cours de la lactation.I,’échantillon
prélevé
àchaque
traite a été immédiatementporté
à laglacière, après
addition de toluène à raison d’unegoutte
par 100 cc ; ce traitement assure en effet une très bonneconservation,
selon les résultats récents de SAHANIet SoM!z!R(r95r).
Analyses
Nous avons déterminé la teneur du lait en matières grasses par la méthode de GERBER et la teneur en constituants azotés par la méthode de R
OW I,
AND
( 193 8),
avecquelques
modifications de détail dont laprinci- pale
est letitrage
direct de l’ammoniac au cours de la distillation.’
Nos moyens ne nous ont pas
permis
deséparer
tous les constituantsazotés ;
nous avons donc seulement dosé l’azote total(Nt),
l’azote «noncaséine » sur le filtrat
acétoacétique
et l’azote nonprotidique
sur le filtrattrichloracétique,
cequi
nous a donné finalement les teneurs en :- matières azotées totales
(Nt
X6, 3 8),
-
caséines,
-
holoprotéines :
albumine !-globuline
-!-polypeptides (protéoses
+
peptones),
- azote non
protidique.
Interprétation statistique
Le lait des 3 vaches Normandes
(r- 4 -6)
étant nettementplus
riche enmatières grasses et en constituants azotés que celui des 8 vaches Hollan-
daises,
nous n’avons soumis àl’interprétation statistique
que les résul- tats fournis par ces dernières.Nous avons
pris
comme valeur de référence les moyennesenregis-
trées au cours de la dernière semaine de stabulation
(moyenne
desprélè-
vements 2, 3 et
4 ).
Nous avonscomparé
à cette valeur les moyennes de chacun desprélèvements
successifs des laits depâturage ;
le tableau ci- dessous donne les résultats de cetteanalyse statistique :
Signification statistique
desdiférences
observéespar rapport
à lamoyenne de la dernière semaine de stabulation :
-
di!éyences
nonsignificatives :
+ «
significatives
au seuil 5p.
100 ++ «significatives
au seuil 1p.
100RÉSULTATS
Production laitière
La mise à l’herbe a déterminé une
légère augmentation
de la pro- duction laitière. Celle-ci a été successivement deI 1 , 5 - Io, 9 - I I,o-I I, 7 -I I ,6 kg
pour les deux dernières semaines de stabulation et les trois
premières
semaines de
pâturage ;
elle est notammentpassée
de 10,4kg
pour le dernierjour
de stabulation à z2,zkg
pour la 3ejournée
depâturage (Fig. z).
Même si on tient
compte
du fait que toutes les vaches se trouvaient dans laphase
décroissante de leurlactation,
cet accroissement demeure faible et surtout relatif : en effet laproduction
laitière avait sensiblement diminué au cours de la dernière semaine de stabulation les vaches ayant peud’appétit
par suite de latempérature
ambiante élevée.Taux
butyreux
La
mise à l’herbe s’estaccompagnée
d’uneaugmentation temporaire
du taux
butyreux
moyen, que met en évidence legraphique
n° 2. De34p. 1000au cours des trois dernières semaines de
stabulation,
il est monté à3 6,8
p. 1000 dès le 3ejour
depâturage ;
il s’est maintenu à cette valeurpendant
12jours,
avec unepointe
à3 8
les8-g e jours après
la mise à l’herbe. Auxi 5 -i6 e jours,
il est descendu à 35,4p. 1000, pouraugmenter
ensuite au cours du mois de mai.
I,’examen des résultats détaillés du tableau i montre que toutes les vaches ont
présenté
cetteaugmentation,
mais avec des différencesimpor-
tantes dans la
régularité
et dansl’amplitude
des variations.Ainsi,
le tauxbutyreux
de la vache Normande n° i aaugmenté régulièrement
de 41 à50p. IOOOau cours des huit
premiers jours
depâturage,
alors que celui des vaches n° 4 et I8 a diminué dans lespremiers jours.
C’estpourquoi,
parrapport
au tauxbutyreux
moyenenregistré
au cours de la dernière semaine destabulation,
seuls les accroissementsprésentés
par lesprélè-
vements n° 6 et 7et par la moyenne de la Ire et de la 2esemaine de
pâtu-
rage ont été
significatifs.
Teneur du lait en matières azotées totales
Le
graphique
n° 3présente
les variations de la teneur moyenne des laits en matières azotées totales(azote
total p. iooo X6, 3 8) .
Comme le taux
butyreux,
elle aprésenté
uneaugmentation temporaire
à la mise à l’herbe :
30 ,8
g au cours de la dernière semaine destabulation, 32
,8
g pour lapremière
semaine depâturage, 32 ,8 5
g pour ladeuxième,
31 , 4
g au début de la troisième et 30,7 au début de la
quatrième. Cepen- dant,
cetteaugmentation
moyenne a étéplus
immédiate que celle du tauxbutyreux :
30,75 g pour les trois derniersjours
de stabulation et3 2,
45 g pour les deux
premiers jours
depâturage.
Ces valeurs moyennes traduisent très
imparfaitement l’amplitude
des accroissements
individuels,
car ceux-ci ont étéplus
ou moinsrapides
suivant les vaches
(graphiques
n° 7et8).
C’est ainsi que lespremiers
laitsde
pâturage
des vaches n° 2r, 22 et 23ontprésenté
une teneur maximumimmédiate en matières azotées
supérieure
d’environ 4 g p. i ooo à celle des derniers laits destabulation ;
aucontraire,
ce maximum n’a été atteintqu’au
bout de8,
10et z3jours
depâturage
pour les vaches n° 13,19et 14
respectivement. Malgré
cettedispersion
desrésultats,
les accrois- sementscorrespondant
auxprélèvements
n° 5, 7,8,
9 et 10 ont étésigni- ficatifs,
dont 3 au seuil i p. IOO,Ces différences de
rapidité
mises àpart,
lesaugmentations
de lateneur du lait en matières azotées totales à la mise à l’herbe
présentent,
pour toutes les
vaches,
deux caractères communs :- elles sont
importantes :
parrapport
à la moyenne au cours de la dernière semaine destabulation,
les accroissements maximum pourchaque
vache ont ététoujours supérieurs
à 2 g p. z ooo, avec une valeur maximum de6, 2 (vache
n°23 ) ;
- elles sont
temporaires :
pourchaque
vache àpartir
de ce maxi-mum atteint
plus
ou moinsrapidement,
la teneur en matières azotéestotales a diminué
jusqu’au
début de la troisième semaine depâturage.
Évolution
des différentes fractions azotées Azote non protidique(graphique
n°6)
La teneur moyenne en azote non
protidique
a diminué de 0,33p. 1 o00au cours de la dernière semaine de stabulation à 0,30 p. i ooo pour la
première quinzaine
depâturage
et 0,27 p. i ooo un moisaprès
la mise à l’herbe(tableau V). Corrélativement,
laproportion
de cet azote dans l’azote total estpassée
de 7 à 6 p. ioo.Caséine
(graphique
n°q)
1,’examen des
graphiques
n° 3 et 4et de tous les résultats individuels montre que les variations de la teneur en matières azotées totales tradui- sent essentiellement celles de la teneur en caséine :- celle-ci a
augmenté
à la mise à l’herbe de 23,9 g p. i ooo la der- nière semaine destabulation,
à 25,5 g p. i ooo au cours de chacune des deuxpremières
semaines depâturage ;
- à
partir
d’une valeur maximum de2 6, 1
g p. i ooo atteinte à la fin de lapremière semaine,
elle a diminuérégulièrement jusqu’au
débutde la
quatrième ;
- cette amélioration a
été,
non seulementtemporaire,
mais aussitrès variable d’une vache à l’autre.
Les différences
présentées
par lesprélèvements
7,8,
9 et 10 ont étésignificatives,
les troispremières
au seuil i p. 100,Holoprotéines
(graphique
n°5 )
Les variations de la teneur moyenne en
holoprotéines
ont été beau-coup moins
régulières
que lesprécédentes :
- elle a
augmenté
defaçon importante (près
de 20 p.100 )
etimmédiate,
à la mise à l’herbe : de 4,9 à5 ,8
g p. i ooo dans lepremier
laitde
pâturage ;
- elle s’est ensuite maintenue aux environs de 5,2 g p. o0o
pendant
une
quinzaine,
pour diminuerjusqu’à 4 ,8
g p. 1000 trois semainesaprès
la mise àl’herbe ;
- mais cette évolution a été
interrompue
par une valeur très élevée( 5 ,8 5
g p. 1000 observée pour leprélèvement
n° io des 3-4-5mai ;
cetaccroissement a seul été
significatif.
Ainsi,
la teneur moyenne enholoprotéines
aprésenté
une augmen-tation
temporaire
à la mise àl’herbe,
avec deux valeursparticulièrement élevées ; qui
résultent de variations individuelles et seront discutéesplus
loin.Distribution de l’azote total
I,a mise à l’herbe a donc déterminé un enrichissement
temporaire
du lait en caséine et en
holoprotéines.
1/évolution despourcentages
de l’azote total sous chacune de ces deux formes nouspermet
de voir si cetteaugmentation
s’estrépartie également
entre elles :- le
premier
lait depâturage
a été caractérisé par uneaugmenta-
tion
plus
forte de l’azoteholoprotéique :
sonpourcentage
estpassé
demoins de 16 p. IOO à
17 ,6
p. 100, tandis que lepourcentage
d’azote caséine diminuait de 77,1 à76, 3
p. iOO ;- dès les 3e-4e
jours
depâturage (prélèvement
n°6),
lepourcentage
d’azote caséine est remonté à 77,9p. ioo pour s’élever ensuitegraduelle-
ment
jusqu’à
une valeur de 79,4 p. ioo un moisaprès
la mise à l’herbe.Le
pourcentage
d’azoteholoprotéique
a corrélativement diminué de1 6 à 15
p. ioo
’-
cependant,
la forte teneur enholoprotéines
observée les 3-4-5 mai a introduit un accident dans cette évolution :y ,6
p. ioo de l’azote sousforme
d’holoprotéines
et7 6,
2 p. ioo sous forme dé caséine pour ceprélè-
vement n° IO.
’
Corrélations entre taux butyreux et constituants azotés
Pour l’ensemble des laits individuels
analysés
entre le 5 avril et le21
mai,
nous avons établi les coefficients de corrélation entre la teneur enconstituants azotés et le taux
butyreux.
,- . ! - .
Ces valeurs
particulièrement
élevéess’expliquent
par les variationsparallèles
des teneurs en matières grasses et encaséine,
dont la mise à l’herbe a stimulé simultanément lasynthèse.
DISCUSSION Taux
butyreux
Nos observations montrent que la mise à l’herbe faite dans de bonnes
conditions,
c’est-à-direprogressivement, s’accompagne
d’une augmen- tation nette maistemporaire
du tauxbutyreux.
Elles ne font que con- firmer au passage les résultats obtenus antérieurement par divers auteurs,notamment en 1951 sur le même
troupeau
du C. N. R. Z., par L!ROY,FRA NÇ O
IS
et FÉVRIER.Nous ne discuterons pas en détail les causes et les modalités de ces
variations ; cependant,
il faut insister sur le fait que la mise à l’herbetrop brusque détermine,
non pas uneamélioration,
mais une chuteimportante
du taux
butyreux.
C’est cequi
seproduit
souvent dans lapratique, lorsque
les réserves
fourragères
sontépuisées prématurément
à la fin de l’hiver.Ainsi,
auprintemps
1952, le Contrôle Laitier de Seine-et-Marne a enre-gistré
une baisse de 5 à 6points (
de 34 à 28 p. Iooo)
dans la moyenne denombreuses
étables,
et des valeurs extrêmement basses pour certaines vaches(jusqu’à
15 p.i ooo).
Me CLYMONT et PAXTON
( 194 8)
ont lespremiers
attribué ces dimi-nutions à un manque d’aliments
grossiers
dans la ration : ils ont en effet constaté une chute du tauxbutyreux
de 43 à 26 p.Io0o chez 6 vachesAyrshire pâturant pendant
4 heures parjour
unejeune
avoine très feuillueet ne recevant par ailleurs que du concentré. Partant de ce
principe,
Me CI,YUIONT
( 1950 )
a déterminé des variations semblables(de
40 à30 p. I ooo
environ)
dans différentes conditions depâturage.
D’autrepart,
on a obtenu des résultatséquivalents
àl’étable,
en réduisant à 2-
3
kg
parjour
laquantité
defoin,
seul alimentgrossier
de la ration(POWÈLL,
1939, LOOSU, LUCAS et MAYNARD I(!c!5,STODDARD,
ALLEN etP ETERSON
I9c!.(!, BALCH et al.
Ig52).
Il semble donc que le maintien du taux
butyreux
chez la vache de- mande laprésence
d’une certainequantité
d’aliments fibreux dans la ration : cecis’expliquerait
par l’utilisation dans lasynthèse
des matières grasses du lait de l’acideacétique produit
par ladégradation
bactérienne desglucides
structuraux dans le rumen(cf.
Revue deP OPJAK 1951 ).
Constituants azotés
Pour notre groupe de II
vaches,
nous avons constaté une augmen- tation moyenne de la teneur en matières azotées totales du lait de 2 gp. i ooo environ entre la dernière semaine de stabulation et les deux pre- mières semaines de
pâturage,
et uneaugmentation
maximum de2 ,6
g p. i ooo. Ces valeurs sont du même ordre que celles initialement obser- vées par DA VIES et PROVnN( 192 8) ( 2 g),
maisplus
faibles que celles obtenues par KAY( 194 8) ( 3 ,6 g). Cependant,
les variations individuelles ont étéplus importantes,
avec un maximum de6, 3
g(vache
no23 ).
Au cours de cette
période,
la teneur en constituants nonprotidiques
a nettement diminué. Ce fait est assez
surprenant
àpriori,
car on sait que lajeune
herbe deprintemps
esttrop
riche en matières azotées pour des vachesproduisant
10 à 12 litres de lait. Nous pouvonscependant
en trou-ver deux
explications :
- d’une
part,
dans lasuppression
del’ensilage
vert dès le 2emejour
de
pâturage ;
or, l’introduction de cetensilage
dequalité
médiocre(pH 4
, 25
-acide butyrique
7,25°/°°)
dans la ration avaitlégèrement augmenté
la teneur en azote non
protidique ;
- d’autre
part,
dans des conditions de récolte et de conservation meilleures pour les laits depâturage
que pour les laits de stabulation : cette amélioration a étéparticulièrement
sensible àpartir
du IerMai,
date àlaquelle
les vaches ont été traites dehors.L’enrichissement du lait en matières azotées à la mise à l’herbe cor-
respond
à une stimulation de lasynthèse protéique
dans la mamelle. Ellea
porté
à la fois sur la caséine et lesholoprotéines,
et ceci dans les mêmesproportions,
sauf pour les deux séries d’échantillons n° 5(premier
lait depâturage)
et no 10( 3 - 4 -5 mai) ;
celles-ci sont caractérisées par une teneur moyenne enholoprotéines
très élevée( 5 ,8 0
g p. iooo)
et, parsuite,
unedistribution aberrante de l’azote total :
y ,6
p. ioo sous formed’holopro-
téines et
7 6, 2
p. 100 sous forme de caséine. Ces variations résultent engrande partie
de laprésence
dequelques
laits anormaux :- pour le
prélèvement
no5 :vache n° i : 72,10 p. ioo d’azote
caséine,
vache n° 4 : 74,25 p. ioo, vache n° i3 : 72,go p. ioo, vachen o i 4 : 72,65
p. ioo, vache n°z8 : 74 , io p.
100.- pour le
prélèvement
n° IO :vache n° i : 73,75p. ioo d’azote
caséine,
vache n° 13 : 74,40 p. ioo, vache n° 18 : 73,70 p. ioo, vache n° 22 : 72 p. 100.Ces anomalies sont
généralement caractéristiques
des laits de réten- tion et des laits de mammites dont elles seraient un critèrebiochimique
(R OWLAND
( 193 8 b).
Or, nous n’avons constatéqu’une
mammiteclinique (vache
n°i)
causée par desstreptocoques ;
d’autrepart,
seules les ma-melles des vaches no
6,
13 et 22 ontprésenté
desmicrocoques
au contrôlebactériologique ; enfin,
au cours de lalactation,
nous avons notéquel-
ques modifications semblables de la
composition
du laitproduit
par des mamelles saines à l’examenbactériologique
et neprésentant
aucunsigne
clinique
de mammite.On
pourrait
attribuer cesvariations,
soit à des infections trèsfugaces
de la mamelle entre deux examens
bactériologiques, obligatoirement espacés (cf.
MATTICKzg 5 z),
soit à des troubles passagers de la sécrétion de matières azotées.Cependant,
leurfréquence
élevée dans deux séries deprélèvements
montrequ’elles
sont vraisemblablement associées à des modifications de « l’environnement» (facteurs climatiques, qualités
del’herbe,
traitesincomplètes
associées àl’agitation
desvaches)
etpeut-
être à une conservation assez défectueuse des laits du
prélèvement
n° 10qui présentent
en effet une forte teneur en azote nonprotidique.
Ces faitsne
permettent
pas de conclure(comme
on aurait pu être tenté de le faire par la seule considération des moyennes de lapremière
série de lait depâturage),
que la mise à l’herbe a stimulé d’abord la sécrétiond’holopro- téines,
et ensuite celle decaséine,
et d’en déduire que lesholoprotéines participent
à lasynthèse
de la caséine(selon
la théorie de GRAHAM et al.193 8).
Il est ainsi trèsregrettable
que nousn’ayons
pu suivre deplus près
les variations au cours despremiers jours
depâturage,
enprocédant
à des examens
bactériologiques plus fréquents,
à desanalyses séparées
à
chaque
traite et à la détermination des «globulines
».Quelles
sont les causespossibles
de cet enrichissement enprotéines
du lait à la mise à l’herbe ?
Nous pouvons admettre
schématiquement
que la mise à l’herbes’accompagne
de troiscatégories
de modifications dansl’environnement ;
elles
portent
sur :- les conditions ambiantes : passage de la stabulation à la vie libre
en
plein air ;
- le niveau
quantitatif
del’alimentation ;
- la
composition qualitative
de la ration.Nous allons examiner le rôle
possible
de chacun de ces facteurs dans l’enrichissementtemporaire
du lait enprotéines ;
nous nous réfèreronsnotamment à la série de travaux réalisés au N. I. R. D. à
Reading (rap- ports
des années194 8
et1949 )
sur les variations de la teneur en extraitsec
dégraissé
dulait,
variationsqui
résultent essentiellement de celles des constituants azotés.Changement des conditions ambiantes
ta mise au
pâturage représente
unchangement complet
des condi-tions de vie de l’animal :
température, humidité, lumière, soleil,
vent, exercice... On connaît très mal les réactionsphysiologiques
de la vache laitière à ces différentsfacteurs ; cependant,
ils ne semblent pasjouer
unrôle
important
dans les variations de lacomposition
du lait auprintemps.
En
effet,
on obtientl’augmentation
de l’extrait secdégraissé
caractéris-tique
à la mise à l’herbe enapportant
auprintemps
de l’herbe fraîcheaux vaches en
stabulation ;
les chercheurs du N. I. R. D. ont ainsi cons-taté une
augmentation
de 2,9g p. i ooo, trèscomparable
à celleprésentée
par le groupe témoin normalement mis à
l’herb!,
soit 3,4 g.Certes,
cette dernière amélioration estlégèrement plus élevée,
la différence étantpeut-être
duejustement
aux conditionsambiantes ;
celles-ci nepeuvent
donc rendrecompte
que d’une fraction mineure des variations observées à la mise àl’herbe,
dont ellesn’expliqueraient
d’ailleurs pas le caractèretemporaire
et les différences individuelles.Niveau de l’alimentation
Dans la
pratique,
la mise à l’herbe constitue unchangement
duniveau d’alimentation : d’une ration de fin d’hiver
insuffisante,
les vachespassent
à une nourriture abondante etparticulièrement
riche en pro-téines. Or, la sous-alimentation
énergétique
ou azotée diminue les teneurs du lait en extrait secdégraissé
et enprotéines (IsAACHS!rr
et ULVESLI1935
- 3
6,
RIDD!T et al. I94I, ROWLANDigq.6).
C’est notamment cequi expliquerait,
avec le stade del’actation,
la baisse de l’extrait secdégraissé
observée
régulièrement
à la fin de l’hiver(R OWLAND rgq.6).
Dans cesconditions,
la mise àl’herbe,
faisant suite à la sous-alimentation hiver-nale, s’accompagnerait
d’un retour à des valeurs normales des teneurs enextrait sec
dégraissé
et enprotéines ;
cetteaugmentation
serait doncplus apparente
que réelle etpurement passive.
En
réalité,
il n’en est pas ainsi : lechangement
du niveau d’alimen- tation n’intervientqu’accessoirement,
car la mise à l’herbe détermine unenrichissement du
lait,
même si les vaches ont été convenablement ali- mentéespendant
l’hiver. KA!( 194 8)
a ainsi observé desaugmentations
de la teneur en extrait sec
dégraissé
et en matières azotées de 4,z et3 ,6
g,6,
9
et5,6
g et 4,9 et 4,2 grespectivement,
selon que les vaches avaient reçu une alimentation hivernalenormale,
insuffisante enénergie
oudéficiente en
protéines.
Dans notre
expérience,
nous avons éliminé l’intervention du niveaud’alimentation,
la ration des vaches ayant étééquilibrée
parrapport
aux différents besoins et
apportée
enquantités supérieures
aux normesadmises en France. Nous en avons une preuve indirecte dans le fait que la
production
laitière n’a pasaugmenté
sensiblement à la mise àl’herbe,
De même, considérant la richesse en
protéines caractéristique
del’herbe de
printemps,
onpourrait
attribuer son influence à un accroisse- ment de la consommation deprotéines.
Deux faitspermettent
d’écartercette
hypothèse :
d’unepart,
la suralimentation azotéen’augmente
pas la teneur enprotéines
du lait(P!RKrrrs 1931 ) ;
d’autrepart,
les cher-cheurs du N. I. R. D.
(rapport 194 8)
ont constaté la mêmeaugmentation
de l’extrait sec
dégraissé
à la mise aupâturage
chez deux groupes de vachesayant
reçu, au cours des 4 dernières semaines destabulation,
desrations à teneur en matières azotées différentes : une normale et l’autre
deux
foisplus
élevée.Notons enfin que ces variations
quantitatives
de l’alimentation nepeuvent
pas rendrecompte
du caractère souvent immédiat ettoujours temporaire
des modifications de lacomposition
dulait ;
eneffet,
au cours des deuxpremiers jours,
les vaches n’ont consomméqu’une quantité
relativement faible
d’herbe ;
d’autrepart,
nous avons ensuite maintenu à peuprès
constantes laquantité
et laqualité
de l’herbe mise à leurdisposi-
tion par le
système
dupâturage
contrôlé.Ainsi,
l’enrichissementtemporaire
du lait enprotéines
est une pro-priété caractéristique
de l’herbe deprintemps :
celle-ci doit contenir un ouplusieurs
facteursqualitatifs qui
stimulent lasynthèse protéique
dans la mamelle.
Caractères qualitatifs de l’herbe de printemps
Quels
sont les facteursqualitatifs qui peuvent
caractériser l’herbe deprintemps ?
Dans l’état actuel de nosconnaissances,
nous pouvonsen
envisager
au moins trois :- le carotène,
- un
équilibre spécial
des acidesaminés,
- la
présence
de substancescestrogènes.
I,a richesse en carotène de l’herbe
jeune
n’intervient pas, car on amontré
qu’elle
n’a aucune influence sur lacomposition
du lait. Par contre,selon MORRIS, WRIGHT et FOWLER
( 193 6),
lesprotéines
de l’herbe deprintemps
ont une valeurbiologique
pour laproduction
laitièreparti-
culièrement élevée
( 75
à 80 p.ioo), supérieure
parexemple
à celle desprotéines
de l’herbe d’automne(6 0 -6 5
p.ioo). Cependant,
nous ne pou-vons actuellement retenir
l’hypothèse
d’une intervention des acides aminés del’herbe,
car il faudrait pour cela que soient démontrés les trois faitssuivants, qui
sont encore mal connus ou controversés : lacomposi-
tion des
protéines
de laplante
varie defaçon
sensible avec le stade dedéveloppement ;
les différentesprotéines
n’ont pas des valeurs biolo-giques
semblables pour la vachelaitière ;
lacomposition
en acides aminésde la ration modifie la
composition
du lait.Les auteurs
anglais
ont ainsi finalement attribué l’action stimulante de l’herbe deprintemps,
aussi bien sur lacomposition
que sur la pro- duction dulait,
à laprésence
d’une vitamine ou d’une hormonespéci-
fique, plus spécialement
à laprésence d’oestrogènes.
On sait eneffet,
depuis
les travaux de FOLLEY( 193 6)
que lesoestrogènes augmentent
lateneur en extrait sec
dégraissé
du lait. D’autrepart,
à la suite des tra-vaux de BENNETTS sur le trèfle souterrain en
Australie,
BAkT!,!TT et al.( 194
8)
ont recherché et démontré laprésence d’cestrogènes
dans l’herbedes
pâturages anglais.
Cette activitéoestrogénique
varie avecl’organe,
lestade de
développement
etl’espèce (I, EGG -Cu R Now
et SIMPSON1950 ) ;
elle est
plus
élevée dans la feuille que dans latige ;
chez lesgraminées (ray grass-dactyle),
elle estimportante
auprintemps,
faible ou nulle enété et en automne.
Ces variations
expliqueraient
le caractèretemporaire
de l’enrichisse- ment du lait à la mise à l’herbe. D’autrepart,
onpeut interpréter,
danscette
hypothèse,
les différencesenregistrées
entre les vaches dans leur vitesse deréaction,
non pas par des consommations d’herbe différentes(comme
ce serait le cas si on avait affaire à des facteursquantitatifs),
mais par des différences dans le taux des
oestrogènes
circulant dans leur sangà la mise à l’herbe.
Ainsi,
laprésence d’oestrogènes
rend assez biencompte
des
propriétés
stimulantesspécifiques
de l’herbe deprintemps.
Elle cons-titue,
pour le moment,l’hypothèse
laplus satisfaisante,
mais celle-ci nesemble
pas
avoir reçu de confirmation directejusqu’ici :
eneffet,
aucours des
premiers
essais réalisés àReading (rapport i 949 ),
l’administra- tion d’hexoestrol per os à des vaches en stabulation n’a déterminéqu’une augmentation
de l’extrait secdégraissé
faible et nonsignificative.
Par contre, DENANIUR
( 1952 )
a récemmentconstaté,
sur un groupede 9
chèvres,
quel’implantation
de i5o mg d’hexoestrol améliorait à la fois le tauxbutyreux
et la teneur en matières azotées totales(de
44,15 à46,05 g).
RÉSUMÉ
ET CONCLUSIONSi. -
Ayant
constitué un lot de mvaches,
nous avons étudié l’in- fluence de la mise à l’herbeprogressive
sur la teneur des laits individuelsen matières grasses et en constituants
azotés ;
nous avons ainsianalysé
i 3
séries d’échantillons entre le 7 avril et le ai mai
(cf,
tableaui).
2
. - Par
rapport
à la moyenne de la dernière semaine de stabula-tion,
nous avons observé les variations suivantes :a)
uneaugmentation
de 10%
du tauxbutyreux
moyen de 34,5 g p. i ooo à unmaximum
de3 8,
atteint au bout de 8jours ;
b)
uneaugmentation rapide
de 8%
de la teneur moyenne en ma-tières azotées totales : de
30 ,8
g p. 1 o0o à un maximum de 33,3 réalisé à la fin de lapremière
semaine depâturage ;
c)
uneaugmentation
de 9%
de la teneur moyenne en caséine de 23,
9 g p. i ooo à un maximum de