Etude de la régénération naturelle contrôlée
en
forêt tropicale humide de Guadeloupe.
II - Installation et croissance des semis
après les coupes d’ensemencement
M. DUCREY
(*)
INRA, Station de Re,P. LABBÉ erches forestiè INRA, Station de Recherches forestières
Centre de Recherches des Antilles et de la Guyane
Domaine Di.ielos, F 97170 Petit-Bourg, Guadeloupe
Résnmé
Une étude de la
régénération
naturelle provoquée et assistée a été entreprise en forêt tropicale humide deGuadeloupe
àpartir
de décembre 1979.Le dispositif
expérimental
est constitué de 5parcelles
dont deux ont subi une coupe d’ensemencement dite forte ayant enlevé 28 p. 100 du nombre de tiges et 20 n. 100 de la surface terrière, deux autrcs une coupe d’ensemencement dite faible ayant enlevé 12 p. 100 du nombre detiges
et 5 p. l0t) de la surfaceterrière,
lacinquième
étant letémoin sous forêt naturelle. Cet ensemble de 5 parcelles a été
répété
en 4 « forêts »différentes
réparties
du Nord au Sud de laGuadeloupe.
Le bilan actuel est
présenté
à partir des données recueillies pendant les 3 années qui ont suivi les coupes d’ensemencement et concerne l’effet des paramètres expérimentaux : laforêt, l’espèce
(Dacryodes M<"f/.m, A manoa caribaea, Simarllba aJ1/ara et Ri<.he>;1«grandis) et le type de coupe d’ensemencement sur la densité des semis. leur évolution au cours du temps, le pouvoir de
régénération
de chaqueespèce
(nombre de semis par semencierpotentiel)
et la croissance des semis.Le nombre de semis est
significativement
différent d’une forêt à l’autre (entre 21 000 et 64 000 par hectare) et d’uneespèce
à l’autre (14 000 par hectare pour Dacryodes excelsa, 22 000 pour Anaanocr caribaea, 1 800 pour Simarlll1a am am et 1 250 pour 7?/c/;!Mgrandis. Il n’y a pas d’effet du type de coupe sur la densité des semis en raison du nombre différent de semenciers d’une parcelle à l’autre. Par contre, le pouvoir de régénération pour l’ensemble des
espèces
est significativementplus
élevé sous coupes fortes et faibles que sous le témoin.La croissance en hauteur des semis a été étudiée
pendant
environ 1 annéc dans 2 des 4 forêts. On observe des différencessignificatives
d’une forêt à l’autre et aussi entreespèces.
L’accroissement total annuel a été de 15,1 cm pour Simarll.7a amara,
10,9
cm pour Afraama caribaea et 4,8 cm pour Dcrcryodes excelsa. Les coupes d’ensemencement ont un effetpositif
sur l’accroissement en hauteur qui est pour l’ensemble des
espèces
de 17,7 cm pour la coupeforte, 6,3
cm pour la coupe faible et 3,3 cm pour le témoin. L’accroissement enhauteur pour chaque
espèce
est liépositivement
au rayonnement solaire mesuré sous le couvert et aussi à l’inverse de la surface terrière.("
’
) Adresse actuelle : INRA, Station de Sylviculture méditerranéenne, avenue A.-Vivaldi, F 84000 Avignon.
Ces résultats donnent une
première
idée dutempérament
desespèces
étudiées que l’onpeut classer de la plus
sciaphile
à la plushéliophile
dans l’ordre suivant :Dacryocies
excelsa, Amanoa caribaea, Ricfzeria grandis et Simaruba amara. Cette classification permet de comprendre laplace respective
de chaqueespèce
dans la forêt naturelle et de tirer lespremières
conclusions sylvicoles de cetteexpérimentation.
1. Introduction
Nous avons
entrepris
l’étude de larégénération
naturelle contrôlée et assistée de la forêttropicale
humide deGuadeloupe
dans un double but. Ils’agissait
toutd’abord de
répondre
à la demande de l’Office National des Forêtsqui souhaite,
dans le cadre del’Aménagement
de la forêt soumise deGuadeloupe,
traiter lesparties
les
plus
riches de cette forêt en futaieirrégulière
d’essences locales(O.N.F.,
1979).Il
s’agissait aussi,
auplan scientifique, d’acquérir
les connaissances lesplus complètes possibles
surl’écologie
desprincipales espèces précieuses
afin de mieuxcomprendre
ce
qui
se passe lors des différentesopérations sylvicoles qui
interviennentpendant
la
phase
derégénération
naturelle. Ces connaissancesécologiques
nouvelles nouspermettront
de proposer, si le besoin s’en faitsentir,
dessylvicultures
différentes telles que, parexemple,
laplantation
enplein
de cesespèces
locales.Dans un article
précédent (D UCREY
&L ABB É, 1985)
nous avonsprésenté
endétail les motivations de cette étude en
partant
d’unepart
d’uneanalyse
biblio-graphique
des différentes études de larégénération
naturelle des forêtstropicales,
essentiellement des forêts denses
humides,
et d’autrepart
de lacomposition floristique
de la forêt
hygrophile
deGuadeloupe.
A cette occasion nous avons donné lesprincipales caractéristiques (anatomie, morphologie, bois)
des essences commerciale- ment intéressantes : legommier (Dacryocles
excetsaVahl., Burseraceae),
le bois rougecarapate (Aznanocz
caribaea Kr. etUrb., Euphorbiaceae),
le marbri(Richeria grandis Vahl., Euphorbiaccac), l’acajou
blanc(Simaruba
aznaraAubl., Simarubaceae),
lepalétuvier jaune (Symphonia globulifera L., Clusiaceae),
le mauricifpatagon (Byrso-
nima
con’!cca, Malpighiaceae),
le résolu(Chimarrhis
cymosaJacq., Rubiaceae)
et le bois douxchypre (Phoebe eforzgata Vahl., lauraceae).
Nous avons ensuite décrit la méthode de
régénération
naturelle que nousexpéri-
mentons ainsi que le
dispositif
mis enplace
pour étudier les différentesphases
decette
régénération.
Nous avons mis l’accent sur la caractérisation de l’état initial desparcelles expérimentales
ainsi que sur laquantification
des coupes d’ensemencement fortes et faiblesqui
constituent lapremière phase
active de larégénération
naturelle.Dans le
présent article,
nous nous proposons de faire unpremier
bilan de cetteexpérimentation.
Cebilan,
effectué àpartir
des données recueillies auplus
tardpendant
lepremier
semestre de1983,
soit 18 à 40 moisaprès
les coupes d’ensemence- ment,permet
de caractériser l’effet des coupes d’ensemencement sur la densité etla croissance des semis
d’espèces précieuses
avant que n’interviennent lespremières
coupes secondaires.
2. Le
dispositif expérimental
L’ensemble des
dispositifs expérimentaux
a été décrit en détail dans l’articleprécédent (D UCREY
&L ABB É, 1985).
Nous n’enrappellerons
que cequi
est strictement nécessaire à lacompréhension
de cet article.2.1. Les
dispositifs sylvicoles
Quatre
dispositifs
ont été installés entre 1979 et 1981 dans 4 forêts de la zonehygrophile réparties
du Nord au Sud de la Côte-Au-Vent de laGuadeloupe : Choisy, Jules,
Sarcelle et laDigue. Chaque dispositif
a une surfaceexpérimentale
de 9 hectareset une surface totale de 16 hectares. Il contient 2
parcelles
de 2 hectares danslesquelles
nous avons fait une coupe d’ensemencement dite forte
qui
a enlevé en moyenne 28 p. 100 du nombre detiges correspondant
à 20 p. 100 de la surfaceterrière,
2
parcelles
de 2 hectares danslesquelles
nous avons fait une coupe d’ensemencement dite faiblequi
a enlevé en moyenne 12 p. 100 du nombre detiges correspondant
à5 p. 100 de la surface terrière et une
parcelle
d’un hectare de forêt naturelle servant de témoin.2.2. Les observations
M!;cYoc/f;n!o/og<!Mcs
Dans le
dispositif
installé en forêt de Sarcelle nous avons effectué des observationsmicroclimatologiques
pour caractériser les modifications créées par les coupes d’en- semencement. Latempérature
de l’air sous abri(maximum
etminimum)
ainsi que lepouvoir évaporant
de l’air(évaporomètre piche)
ont été mesurés hebdomadairement da:ns chacune des 5parcelles expérimentales pendant
unepériode
de 7 moisd’octobre 1981 à mai 1982.
L’estimation du microclimat lumineux a été faite en utilisant la méthode des
photographies hémisphériques (D UCREY , 1975).
Desphotographies hémisphériques
ont été
prises
àl’emplacement
despiquets
délimitant les 25placettes
dechaque parcelle,
c’est-à-dire à raison de 36 clichés parparcelle.
On n’a retenu par la suite que la valeur moyenne caractérisantchaque parcelle expérimentale.
2.3. L’observation des semis
Pour dénombrer les semis nous avons réalisé un inventaire
statistique
enutilisant un taux
d’échantillonnage
de 1 p. 100. Ce taux a été choisid’après
lesconclusions de BARNARD
(1950) qui préconise
dans le cadre del’échantillonnage
linéaire par
bandes, fréquemment
utilisé en forêttropicale,
un tauxd’échantillonnage
variant de
0,5
à 2 p. 100 selon la taille des semis inventoriés. Pour cequi
nousconcerne nous avons choisi un
échantillonnage systématique
avec 100placeaux
circulaires de 2 m2 par
parcelle
de 2 ha. Cesplaceaux
ont étédisposés
à raison de4 par
placette
et sont situés sur lesdiagonales
à 5 mètres desangles
dechaque placette.
Cettedisposition
a été choisie pour faciliter lerepérage
desplaceaux.
Les mesures de croissance ont été effectuées dans
chaque parcelle
au niveau des64
placeaux
intérieurs.(On
a dû éliminer lesplaceaux périphériques,
les travauxsylvicoles n’ayant
pas encore été faits dans les zonestampon
au commencement desmesures.)
Aproximité
dechaque placeau,
nous avons choisi un bois rouge, ungommier
et unacajou
blanc.Quelquefois
laprésence plus fréquente
d’une autreespèce
nous a amenés àprendre
enplus
un marbri ou unpalétuvier jaune.
Les semisont été choisis dans les diverses classes de hauteur
présentes,
c’est-à-dire entre 10 et 100 centimètres.Les dénombrements de semis ainsi que les mesures de croissance ont été faits à intervalles très
irréguliers (les plus proches
étantséparés
de 2mois)
en fonctiondes
possibilités
et couvrent dans le cadre de cet article lapériode
allant d’avril 1981 àjuillet
1983.2.4.
Analyse statistique
des donnéesLes données recueillies au niveau des
placeaux,
enparticulier
le dénombrement dessemis,
ne suivent pastoujours
une distribution normale(voir chapitre 3.2.).
D’autre
part
certaines données ont étésynthétisées
directement au niveau desparcelles.
Pour ces 2 raisons nous avons effectuél’analyse
des données àpartir
des moyennes obtenues surchaque parcelle.
Le modèle
d’analyse
de variance retenu est le suivant :Y
jjkl
= M +A i + B j
+C,,
+(AB) ; , ;
+(AC) ; ,,
+(BC)j,!
+E ;ji , 1
et des intéractions d’ordre 1 entre ces trois facteurs sur les différentes variables.
Les moyennes de
chaque
variable pour les différents niveaux des facteurs ont étécomparées
entre ellesgrâce
à un test de Duncan.3. lnstallation des semis d’essences
précieuses
La
première opération sylvicole
effectuée lors de l’installation desdispositifs expérimentaux,
donc avant les coupes d’ensemencement a été un nettoiementgénéral
des
parcelles,
destiné à faciliter leurpénétration.
On a ainsi enlevé toutes lesherbes,
broussailles et lianes ainsi que tous les brinsd’espèces
indésirables d’une hauteur inférieure à 4 mètres. Les brinsd’espèces précieuses
ont enprincipe
étépréservés
mais les
jeunes
semis enparticulier
ont souffert dupiétinement.
Il n’a pas été
possible
d’effectuer descomptages
de semis avant le nettoiement desparcelles ni,
sauf à laDigue,
immédiatementaprès
les coupes d’ensemencement.Ceci ne
permet
donc pas d’avoirvéritablement
lepoint
dedépart
de larégénération.
Aussi,
nous avons concentré notreanalyse
sur lessemis, préexistants
ou non,présents
à un moment donné et leur évolution au cours du
temps.
Il n’existe pas
beaucoup
d’indications sur la floraison et la fructification desespèces qui
nous intéressent. Seul MARSHALL(1939)
donnequelques renseignements
concernant les îles de Trinidad et
Tobago, renseignements qu’il
faudrait nuancer car ces îles sontplus
au Sud que laGuadeloupe
et la succession des saisonsn’y
estpas
rigoureusement
la mêmequ’en Guadeloupe.
Le déterminisme de la floraison semble peu lié auphotopériodisme
dont les variations sont d’ailleurs très faibles mais davan-tage
rattaché aux saisonshydriques,
elles-mêmes très variables d’une année à l’autre : ilpeut
ainsi y avoirplusieurs
floraisons et fructifications au cours d’une même année.De
plus chaque espèce
se situe différemment parrapport
aux saisonshydriques
sèches et humides. Ceci
explique
que dans unpremier temps
nousn’ayons
pas tenucompte
despériodes
de fructification pour établir le calendrier des interventionssylvicoles.
3.1. Dénombrement cles semis titi cours du 4’ trimestre 1982 3.11. Densité des semis
L’ensemble des résultats est
reporté
dans le tableau 1. On note tout d’abord le nombre élevé de semisqui atteint,
toutesespèces précieuses
confondues(et
pourune hauteur de 10 cm à 1 mètre donc incluant les
préexistants éventuels),
40 000 semispar hectare pour
Jules,
64 000 pourSarcelle,
34 000 pour laDigue
et 21 000 pourChoisy.
Le nombre de semis de
gommier
esttoujours
assez faible etcompris
entre1 et 4 par
placeau
de 2 M2 soit entre 5 000 et 20 000 par hectare. On observe des différences de densité d’uneparcelle
à l’autre et enparticulier,
la densité dans lesparcelles
témoins de laDigue
et de Sarcelle estplus
faible que dans lesparcelles
éclaircies. Mais on ne
peut
pas en tirerd’enseignement général quant
à l’effet des coupes, notamment en raison du nombredifférent,
d’uneparcelle
àl’autre,
dessemenciers
potentiels.
Les semis de bois rouge, par
comparaison
avec legommier,
sont relativement abondants au moinspendant
laphase
derégénération
que nous étudions et on trouvefréquemment
de véritables brosses de semis :jusqu’à
100 par mètre carré.Le nombre moyen de semis par
parcelle
varie de 0(pas
de bois rouge dans laparcelle
3 deChoisy)
àprès
de 60 000 par hectare dans laparcelle
2 de Sarcellece
qui
dénote unegrande variabilité
d’uneparcelle
à l’autre et d’undispositif
à l’autre.Par contre on ne
peut
pas mettre en évidence de différences entre les 2types
de coupe d’ensemencement ni entre les coupes et le témoin.L’acajou
blanc est lui aussiprésent
dans tous lesdispositifs
en nombre souventtrès faible : de 350 par hectare à
Jules
à 3 750 par hectare à Sarcelle. Son portparticulier :
feuillescomposées
rattachées en rosetteprès
dubourgeon
terminal etavec 13 à 15
paires
de folioles le rend facilement reconnaissable. C’estpourquoi,
parsimple observation,
on a tendance à en surestimer la densité dans lesrégénérations.
Les semis de marbri sont eux aussi
présents
dans tous lesdispositifs,
en nombremoins
grand
quel’acajou blanc,
et àl’exception
deChoisy
où l’on en rencontretrès peu mais où il y a aussi très peu de semenciers.
Les
palétuviers jaunes
sontplus
rares, aussi ne les rencontre-t-on pas, etti fortiori
leurs
semis,
dans tous lesdispositifs.
C’est le cas enparticulier
de Sarcelle où iln’y
a aucunpalétuvier jaune
et deChoisy
etJules
où on n’en trouve que dans certainesparcelles.
3.12. Relations entre semis et semenciers
potentiels
Nous avons vu dans l’article
précédent (D UCREY
&L ABB É, 1985)
que la compo- sition enespèces précieuses
était très différente d’uneparcelle
à l’autre et d’undispositif
à l’autre. Ceci nous amène à comparer le nombre de semis d’uneespèce
au nombre d’arbres de cette même
espèce.
Nous considérons ainsi que tous lesarbres
pris
en compte dans l’inventaire(diamètre supérieur
à12,5
cm) sont dessemenciers
potentiels.
Cette affirmation est bien entendu à nuancer, car on nesait pas à
partir
dequel âge
ni dequelle
taille les différentesespèces
somfructifères. On suppose aussi que tous les arbres portent des fruits ce
qui
n’estpas le cas des
espèces dioïques,
mais on n’a pas derenseignements
suffisammentprécis
sur labiologie
florale desespèces
étudiées pourpouvoir
en être certain. Nousavons donc défini pour
chaque parcelle
le« pouvoir
derégénération
» dechaque espèce
comme étant le rapport du nombre de semis au nombre de semencierspotentiels.
Ces résultatsfigurent
aussi sur le tableau 1.Pour le
gommier
on constate que des densités de semisidentiques
d’undispositif
u l’autre ont été obtenues avec des nombres de semenciers
potentiels
très différents et que le «pouvoir
derégénération
» varie de 61 à 200 semis par semencier de Sarcelle àCf 1 01Sy.
Pour le bois rouge, si on se réfère aux valeurs moyennes de
Jules
et de laDigue
en ce
qui
concerne le nombre de semenciers et le nombre de semis par semencieron voit que
Choisy
a relativement peu de semis en raison du nombre peu élevé de semenciers et que Sarcelle a au contraire un nombre très élevé de semis en raison du nombreimportant
de semis par semencier(plus
de700)
traduisant une forte fructification que nous avons observée en mars-avril 1981.Pour
l’acajou blanc,
le même nombre de semenciers àJules,
Sarcelle et laDigue
donne des nombres de semis trèsdifférents, près
de 10 foisplus
forts àSarcelle
qu’à
laDigue.
Les résultats médiocres deChoisy
sont dus à unpetit
nombrede semenciers
n’ayant produit qu’un
nombre moyen de semis.Pour le marbri on remarque
Choisy
dont les semenciers n’ontpratiquement
pas donné de semis. Les autresdispositifs
avec des nombres de semis par semencierassez voisins donnent des résultats
qui
sont fonction du nombre de semenciers.Le
palétuvier jaune, représenté toujours
par un nombre réduit d’individus(moins
de 3 parhectare)
a un« pouvoir
derégénération
» trèsimportant, supérieur
à celui du bois rouge, et 4 arbres sur uneparcelle
de 2 ha suffisent à donner 15 000 semissur cette même
parcelle (forêt
de laDigue).
3.13.
Effet
desdif férents /acteurs expérinzentaux
Le tableau 2
récapitule
les résultats del’analyse
de variance faite àpartir
desdonnées du tableau 1. Cette
analyse
permet dedégager
des tendancesplus générales
que ne l’autorise le
simple
examen du tableau 1. On trouve pour chacune des trois variables étudiées : nombre de semis par unité desurface, pouvoir
derégénération
et nombre de semenciers par unité de surface un effet
significatif
au seuil de 1 p. 100 des facteurs FORÊT et ESPÈCE ainsi que de l’interaction entre ces 2 facteurs et uneffet
significatif
au seuil de5 p.
100 pour le facteur COUPE.En ce
qui
concerne le nombre desemenciers,
c’est-à-dire lacomposition
initialedes
peuplements,
tous les niveaux des facteurs ESPÈCE et FORÊT sontdifférents,
cequi
est normal car lespeuplements
initiaux n’ont pas la mêmecomposition
enespèces.
Pour le facteurCOUPE,
les niveaux coupe forte et coupe faible ne sont passtatistiquement différents, conséquence
d’une bonnerépartition
des traitements. Lesparcelles témoins,
du fait de leur tailleinférieure,
ont été choisies dans des zonesplus
riches enespèces précieuses
que les autres traitements.En ce
qui
concerne le facteurFORÊT,
c’est Sarcellequi
a leplus
de semisparce
qu’ayant
leplus
de semenciersproduisant
chacundavantage
de semis. Il est à noter que l’ordre des forêts est le même pour les 3 variables et que les forêtsqui
ontle moins de semis ont moins de semenciers
produisant
chacun peu de semis.En ce
qui
concerne le facteurESPÈCE,
le bois rouge a leplus grand
nombre desemis ainsi que le
plus
fortpouvoir
derégénération
alors que les semencier spotentiels
lesplus
nombreux sont ceux degommier.
Le nombre moinsimportant
de semis de
gommier
est dû à unpouvoir
derégénération
assez faible de cetteespèce.
Pour le marbri etl’acajou
blanc on obtient un nombre à peuprès identique
de
semis,
mais 10 fois inférieur à celui des essencesprincipales.
Le faible nombred’acajou
blanc estcompensé
par unpouvoir
derégénération
élevé pour cetteespèce.
L’interaction
FORÊT/ESPÈCE
estsignificative.
Ceci est dû essentiellementau bois rouge
qui
fluctuebeaucoup
d’une forêt à l’autre alors que les autresespèces
restent relativement stables.L’examen du facteur
COUPE,
nousrenseigne
sur l’effet des coupes d’ensemence- ment. Au niveau desplaceaux,
le nombre de semis estplus
élevé pour les coupes faibles que pour les coupes fortes et le témoinqui
ne sontstatistiquement
pas dif- férents. Ces résultats doivent êtreinterprétés
en fonction du nombre de semenciers et si on se réfère aupouvoir
derégénération
c’est-à-dire au nombre de semis par semencierpotentiel
on obtient les valeurs lesplus
fortes et très voisines pour les coupes fortes et faibles tandis que celles du témoin sontprès
de 2 foisplus petites.
Ces résultats sont d’autant
plus
intéressantsqu’il n’y
a pas d’interactionFORÊT/ /
COUPE ni
ESl’ÈCE/COUPE
etqu’ils
sont doncglobalement
valables pourchaque espèce
danschaque
forêt.On
peut
voir là un effet des coupes d’ensemencementqui
ont assuré une meilleurefloraison et une fructification accrue ou
qui
ontpermis
une meilleure survie desplantules.
L’évolution des semis au cours dutemps
permettra de mieuxrépondre
àcette
question.
3.2.
Répartition spatiale
des semisLe tableau 1 donne
quelques
informations sur larépartition spatiale
des semis.La
répartition
des semis degommier
est assez uniformepuisque
seulement un quart deplaceaux
n’ont pas de semis etqu’il
y aplus
de 10 semis dans seulement 10 p. 100 desplaccaux.
Ceci est confirmé parsimple
observation car nous n’avonsjamais
vu de taches de semis degommier.
Le fruit dugommier
est unedrupe
de2,5 à 3 cm de
diamètre,
donc assez grosse, mais est fortementappréciée
de certainsoiseaux.
Ceci,
enplus
du fait que lesgommiers
sonttoujours présents
en nombreimportant, explique
larépartition
assezhomogène
des semis degommier.
D’après
ROLLET(1969)
la distribution des semis dans les forêts naturelles nonperturbées
de laGuyane
vénézuélienne suit une loi de Poisson : 100 x&dquo; e-,V’
où
X,,
est le nombre deplaccaux
en p. 100ayant
nsemis,
le nombre de semis parplaceau
variant de 0à N,
et x est le nombre moyen de semis parplaceau.
En
appliquant
cette loi de distribution aux semis degommier comptabilisés
dans le
dispositif
de Sarcelle en mars 1982(fig. 1)
on obtient pour Ics 121placeaux
du témoin sous forêt naturelle une distribution
proche
de la réalité. Pour les 371pla-
ceaux
pris
dans les 2types
de coupeconfondus,
on obtient une distributionqui s’éloigne
un peu de la loi dePoisson,
le nombre deplaceaux ayant
peu de semis étant dans la réalitéplus
élevé. Ceci peut être considéré comme un effet des coupes d’ensemencement sur larépartition
des semis, deux ans environaprès
la réalisation de ces coupes.Pour le bois rouge on n’observe pas la même
régularité.
D’uneparcelle
à l’autrcle
pourcentage
deplaceaux
vides est très variable etpeut
aller de 20 à 90 p. 100.La distribution de ces semis s’écarte dans tous les cas de la loi de Poisson et on n’a pas pu mettre en évidence un effet des coupes d’ensemencement. La distribution se
caractérise en
particulier
par un nombreimportant
deplaceaux
ayantplus
de 10 semis(entre
10 et 30 p. 100 suivant lesdispositifs)
etqui
traduit laprésence
de taches de semis. L’existence de ces taches desemis, toujours
situées sous lessemenciers,
est due à une fructification très abondante observée en avril-mai 1981 et à une
absence de dissémination des
graines qui,
bien que moins lourdes que celles degommier,
ne sontcependant
pasdispersées
par le vent et ne sont pas nonplus
consommées par les oiseaux.
3.3. Evolution du nombre de semis au cours du temps et mortalité 3.31.
Le gomrnier
La
figure
2 montre l’évolution du nombre de semis entre 1981 et 1983 pour lesquatre dispositifs.
La tendance
générale
est une diminution du nombre de semispendant
la saisonsèche,
dedécembre-janvier
àavril-mai,
et à uneaugmentation pendant
tout le restede l’année
qui correspond
à la saison despluies.
Le bilan est
globalement positif
pour laDigue
et Sarcelle où le nombre de semis s’accroît d’une année sur l’autre tandisqu’il
estpratiquement
nul pourJules
et
Choisy
pourlesquels
on nedispose
pas d’observations suffisammentlongues.
PourSarcelle cette
augmentation
estimportante,
et la saison sèche 1983 provoquesimple-
ment un ralentissement de l’accroissement du nombre de semis. Il y a donc bien une
mortalité des semis mais elle reste très faible et ne
compromet
pas la survie de larégénération.
L’évolution au cours du
temps
est assez semblable pour toutes lesparcelles
d’unmême
dispositif
et on nepeut
pas mettre en évidence unchangement
decomportement
lié à la nature des coupes d’ensemencement.3.32. Le bois rouge
carapate
La fructification
importante qui
a eu lieupendant
la saison sèche 1981(fig. 3)
s’est traduite par une
augmentation
du nombre de semis de bois rouge tout aulong
de la saison des
pluies
suivante.A la
Digue
où il ne restaitpratiquement plus
de semis de bois rougeaprès l’exploitation
des coupesd’ensemencement,
on obtient fin 1981jusqu’à
50 000 semis par hectare dans certainesparcelles.
A Sarcelle on arrive mêmejusqu’à
75 000 semis par hectare. Mais dès le début de la saison sèche 1982 la mortalité devientimportante
dans les 3
dispositifs
de laDigue,
Sarcelle etJules
et n’est pascompensée
par une nouvelle fructification. La mortalité est un peu ralentiependant
la saison despluies
1982 maisaugmente
à nouveaupendant
la saison sèche 1983 dans le cas de Sarcelle.On assiste donc à une diminution
régulière
du nombre de semis de bois rouge,aucune fructification
importante n’ayant
suivi celle de1981,
saufpeut-être
àJules qui
arrive à conserver un nombre de semis à peuprès
constant. Nous n’avonsmalheureusement pas d’informations sur la
fréquence
de fructification du bois rouge et il est doncimpossible
deprévoir
l’évolution future de cetterégénération.
La
figure
3 nepermet
pas de mettre en évidence un effetquelconque
des coupes d’ensemencement sur l’évolution du nombre de semis.3.33.
L’acajou
blancL’examen de la
figure
4 montre une certaine stabilité dans le nombre de semisd’acajou blanc,
àl’exception
toutefois de laparcelle
1 deIules
naturellement richeen
acajou
blancayant
faitl’objet
d’une fructificationimportante
mais viteperdue
que l’on ne retrouve ni à Sarcelle ni à laDigue.
Cette stabilité est presque
parfaite
à laDigue
avec une densité de sciiii,,, très faible et dont la moitié sont despréexistants.
Elle l’est aussi il peuprès
à Sarcelle où l’on note milieu 1983 une tendance àl’augmentation
du nombre de scmis.3.34. Le J11arbri
On note pour le mai-bri une forte
augmentation
du nombre de semis à la fin de 1981(fig. 5).
Cette fructification ne serépète
pas en 1982 aussi le bénéfice de laNombre de semis
mu nl;:J!p’;;I11 de ?m2
fructification de 1981 est
pratiquement
nul dans le cas de Sarcellc tandisqu’à
la
Digue
legain
estpositif
parrapport
auxquelques préexistants qui
restaientaprès
les coupes d’ensemencement.
4. Croissance des semis
d’espèces précieuses
Les mesures de croissance en hauteur sont le
complément logique
à notre étudede
régénération
naturelle car ellespermettent
d’unepart
de déterminerl’aptitude
à la croissance des semis dans les conditions
particulières
des coupes donc leurcapacité
àéchapper
à la concurrence herbacée etarbustive,
et d’autre part d’obtenir des informations sur letempérament
des différentesespèces
vis-à-vis de la lumière.4.1. Mesure de la croissance eu lzcruteur
Ces mesures ont été faites entre novembre 1981 et avril 1983 sur des
périodes
de13 mois à la
Digue,
15 mois à Sarcelle et 17 mois àJules (sauf parcelles
3 et 4 :4
mois).
Pourplus
defacilité,
les accroissements en hauteur ont été ramenés à unedurée annuelle et sont rassemblés sur la
figure
6.GOMMIER BOIS ROUGE ACAJOU BLANC
La croissance en hauteur du
gommier
restetoujours
faiblecomparée
à celle des autresespèces. Cependant
l’influence des coupes esttoujours
favorable. Ainsi les maximums d’accroissement se situent dans les coupes fortes de Sarcelle et de laDigue
et à undegré
moindre dans celles deJules (respectivement 6,5
cm,8,2
cmet
4,9 cm)
tandis que les minimums d’accroissement se situent dans les témoins(2,5
cmen
moyenne).
L’accroissement en hauteur du bois rouge
peut
atteindre des valeurs assez fortes : souventplus
du double des accroissements mesurés sur legommier.
Cetteespèce
sembleréagir
aussi très favorablement à l’ouverture du couvert. Les maximums d’accroissement sont observés dans les coupes deSarcelle,
laDigue
etJules (respec-
tivement
20,3
cm,17,2
cm et8,7 cm)
tandis que les valeurs intermédiaires sontobservées dans les coupes faibles
(respectivement 6,3
cm,6,7
cm et5,9 cm)
et lesplus
faibles dans les témoins(respectivement 3,1
cm,5,0
cm pour Sarcelle et laDigue).
L’acajou
blanc estl’espèce qui réagit
leplus
favorablement aux coupes bien que les différences entreparcelles
soient souvent assezimportantes.
Pour Sarcelle et laDigue,
les accroissements en hauteur sontrespectivement
de19,5
cm et34,8
cm pour les coupesfortes, 4,9
cm et13,2
cm pour les coupes faibles et pour les témoins1,6
cm et5,2
cm. Les accroissements àJules
sont de8,9
cm pour les coupes forteset
5,2
cm pour les coupes faibles.Les autres
espèces précieuses réagissent
aussi favorablement à une ouverture du couvert. C’est le cas du marbri pourlequel
on observe des accroissements en hauteur de7,2
cm àJules
et15,6
cm à laDigue
pour les coupes fortes et de3,2
cm àJules
et
9,7
cm à laDigue
pour les coupes faibles. C’est le caségalement,
mais dans unemoindre mesure, du
palétuvier jaune qui,
à laDigue,
a un accroissement de9,8
cmsous coupe forte et
9,1
cm sous coupe faible.4.2.
Effet
desdifférents facteurs expérimentatix
L’analyse
de variance montre un effetsignificatif
des 3 facteurs étudiés(tabl. 3).
Les
accroissements,
total etrelatif,
sontplus importants
à laDigue qu’à
Sarcelle.L’acajou
blanc pousseplus rapidement
que le bois rouge en valeurabsolue,
mais lesaccroissements relatifs sont inversés car, nous l’avons vu, il y a
davantage
depréexistants parmi
lesacajous
blancs et ils sont de taillesupérieure
aux bois rouges.Le
gommier
pousse moins vite que les 2 autresespèces.
Les
régénérations poussent plus rapidement
dans les coupes fortes que dans les coupes faibles et le témoin. Bien quel’analyse
ne montre pas de différencessignifi-
catives entre les coupes faibles et le témoin on a pu voir
(fig. 6)
que les accroisse- ments sonttoujours légèrement plus
faibles dans le témoin. L’examen de l’interactionCOUPE/ESPÈCE, significative
au seuil de 1 p.100,
montre que lesespèces réagissent
de manière différente aux coupes bien que
globalement
il y ait un effet COUPE bienmarqué.
Enréalité,
l’effet des coupes va bien dans le même sens pour toutes lesespèces ; seulement,
cet effet estbeaucoup plus
fort pourl’acajou
blanc que pour lesautres. Si on se réfère à l’accroissement total dans les
témoins,
la mise en lumière dans les coupes fortesmultiplie
la croissance en hauteur par 3 pour legommier,
par 4 pour le bois rouge et par 9 pour
l’acajou
blanc. Leparagraphe
suivantpermettra
depréciser
l’effet des coupes, donc de la lumière sur la croissance des semis.4.3.
Influence
du microclimat lumineux sur la croissanceLes mesures de
perméabilité
relative dufeuillage
aurayonnement
solaire faites parphotographies hémisphériques
dans ledispositif
de Sarcelle donnent une estimation moyenne du microclimat lumineux danschaque parcelle.
L’accroissement total en hauteur a été relié à la
perméabilité relative
pour chacune des troisespèces principales (fig. 7).
C’estl’acajou
blancqui réagit
leplus
favorablement à la
lumière,
suivi du bois rouge et dugommier.
Les coefficients de corrélation sont bonsstatistiquement,
mais il ne faut pastrop
y attacherd’importance
en raison du nombre réduit de
couples
de mesures.En raison de la relation existant entre la
perméabilité
relative et la surfaceterrière
(D UC nEY
&LnsBÉ, 1985)
nous avons relié l’accroissement total à la surface terrière pour lesdispositifs
de Sarcelle et laDigue
et nous avons trouvé une relationlinéaire entre l’accroissement total et l’inverse de la surface terrière
(fig. 7).
Lescoefficients de corrélation obtenus sont du même
ordre,
sinonmeilleurs,
que ceuxobtenus avec la
perméabilité
relative. Lerayonnement
solaire a dans tous les casun effft
positif.
On n’a donc pas encore atteintl’optimum
de croissance des diffé-rentes
espèces.
Onpeut
penser que des coupesplus
fortes auraientpermis
une meilleure croissance dessemis,
mais ce n’est pas certain car il faut tenircompte
de la concurrence des lianes et desplantes
herbacéesqui
devientrapidement
trèsimportante.
! ! - !-.. - 1 . _._1.-
4.4. Variation saisonnière de la croissance
Le tableau 4 montre, pour
Sarcelle,
degrandes
différences de croissance des semis suivant lespériodes
de mesure. L’accroissement enjanvier-février
est, à 2exceptions près, beaucoup plus
faible quependant
les 2 autrespériodes.
On a relié cesaccroissements,
pourchaque espèce,
à la moyenne destempératures
maximales de lapériode
considérée. Nous obtenons :. Pour le
gommier C (p. 100) = 1,76 TM—41,18 (r
=0,73)
. Pour le bois rouge
C (p. 100) = 3,21 TM - 73,94 (r = 0,78)
. Pour
l’acajou
blancC (p. 100) = 2,61 TM - 62,15
5(r = 0,83)
Ces relations
englobent
d’unepart
les différences detempératures
maximalesobservées dans
chaque parcelle pendant
la mêmepériode
et donc liées aux coupes, et d’autrepart
les différences detempératures
maximales d’unepériode
àl’autre,
ces différences étant d’ordre saisonnier.
On
peut
aussi penser que le ralentissement de la croissance est lié à lapluvio-
métrie. C’est en
partie
vraipuisque
l’on passe de 907 mm depluie
pour novembreet décembre 1981 à 291 mm en