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Chapitre 3 : Celui où je me prend des baffes

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Academic year: 2022

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Chapitre 3 : Celui où je me prend des baffes

Par EveApplefield Publié sur Fanfictions.fr.

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Chapitre 3

Celui où je me prend des baffes

Je commence à avoir quelques doutes sur mon boulot.

Pas parce qu'il y a un type en train de pourrir dans le cellier, ça honnêtement j'en ai rien à battre, chacun ses emmerdes mon vieux. Je ne sais même pas s'il est encore en vie. Il me semble des fois il bouge mais après ça pourrait juste être que c'est tout noir en bas et que Crane se met des films d'horreur en fond sonore pour l'inspi. Taré. Je parie c'est juste pour nous faire flipper moi et le chauve. Mais bref, non, c'est pas pour ça que je regrette. C'est parce que je crois que le fermier non plus ne sait pas pourquoi il m'a engagée.

La première semaine c'était chouette, je lui piquais un bouquin puis j'allais me planquer dans un coin pour me faire oublier. Il me trouvait pas donc il ne pouvait pas me donner du travail à faire et je foutais rien de la journée, ce qui est normal pour moi. La deuxième semaine, comme c'est toujours dégueulasse chez lui, j'ai râlé en demandant qui c'est qui s'occupait du ménage ici et il m'a fourré un balais entre les pattes en disant que c'était gentil de se dévouer. Ouais j'ai pas choisi le bon moment pour l'ouvrir.

J'ai donc passé trois-quatre jours après à gratter toute sa baraque façon cendrillon et à regarder sur internet comment on fait pour effacer une gigantesque traînée de suie sur un mur ou

comment faire une lessive. Oui il me fait faire ça aussi, je suis sa bonniche. Mais bon pour le coup j'ai appris plus de trucs en trois jours sous la menace qu'en quatre ans dans ma chambre.

J'avais toujours eu la flemme de trier le linge avant, ou d'utiliser du produit anticalcaire pour les machines. Crane aussi je pense, mais il veut que je le fasse pour m'occuper, histoire de plus avoir à me retrouver ivre morte sur son canapé.

Il a aussi décidé que je devrais arrêter de venir bourrée, mais j'ai pas écouté.

D'ailleurs, il commence à s'énerver le roux, parce qu'il se rend bien compte que je glande rien.

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Je ne suis pas désolée, c'est lui qu'a décidé de foutre en l'air mon emploi du temps et il m'a toujours pas parlé de ma paie. Mais bon je flippe un peu parce que s'il commence à me mettre de claques je sens que ça va mal finir.

Tiens en parlant de ça, je viens de m'en prendre une. Je frotte donc ma joue en détournant les yeux pour ne pas qu'il voit mon regard noir, il n'aime pas ça non plus. Manquerait plus qu'il m'en mette une autre parce que soi-disant je suis malpolie. N'importe quoi. Quand je vous dis que c'est un connard.

"Ecoute quand je te parle."

Je grogne, il lève la main, je me dépêche de répondre.

"Ouais bon c'est bon j'écoute là !"

Sans rien dire il hoche un peu la tête et se retourne vers le bâtiment qu'on observe depuis dix minutes. Moi je m'en fous, je m'enfonce un peu plus profondément dans le siège de la

camionnette et je rumine. Tiens justement je viens de l'apprendre ce mot, quand tout à l'heure il m'a dit de cracher mon chewing-gum parce qu'il n'aimait pas parler à des ruminants. Sauf que j'ai rien compris alors il a dû m'expliquer qu'il me traitait de vache, au lieu de m'engueuler il a passé vingt minutes à m'expliquer l'étymologie, la prononciation tonique et toutes ces

conneries. Faudra que j'essaye cette combine-là, dès qu'il s'énerve je lui pose une question pour un mot et on verra s'il se calme un peu. Avant j'avais essayé de le distraire en

m'accrochant à son bras pour le presser contre mes seins, parce qu'ils sont assez gros, mais il a dit que si je recommence il me balancera dans les escaliers. Ca jette un froid, vous voyez ?

Crane me pince méchamment le bras pour me sortir de mes pensées.

"Tu peux répéter ce que je viens de dire ?"

"Non mais je peux te sucer si tu veux." Je réponds au tac-o-tac.

Ses paupières se plissent et Monsieur Esclave se ratatine dans son siège derrière le volant. Je crois que c'est un non. Il se penche vers moi et je recule instinctivement mais la paroi de métal de la camionnette m'empêche de fuir.

"Ilfautquetudonnesunpaquetaugardeenface" ! Couine Gimpy, me sauvant d'un étranglement

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prématuré.

Crane me regarde encore pendant une seconde, plaquée sur le côté pour rester le plus loin possible de lui. Puis il se rassoit et m'envoie un petit paquet Colissimo dans le ventre, que j'attrape in-extremis avant qu'il ne tombe par terre.

"Débrouille-toi comme tu veux, persuade le gardien de nuit de te faire entrer s'il le faut, mais je veux que ce colis soit caché au troisième étage."

Ah ça va, c'est pas compliqué en fait.

"Je peux l'ouvrir ?" Je demande par réflexe, truffe que je suis.

Il se fend d'un sourire malsain, sans même me faire les gros yeux pour l'avoir coupé. Limite je préfèrerais. Ce mec là il ne faudrait jamais qu'il sourit, ses dents sont tordues sur les côtés et il a quelques canines en trop, on dirait le croque-mitaine. Ça se trouve, je me dis en déglutissant, il a fait de l'orthodontie exprès.

"Oh mais je t'en prie."

"… Nan en fait j'ai plus envie." Je réponds en riant nerveusement. "Bon moi j'y vais hein, 'faut bien qu'y en aient qui bossent !"

Sans demander mon reste, je cale le carton sous mon bras et me jette hors de la camionnette, évitant de peu les griffes du patron. Je crois qu'il est énervé, je vais me dépêcher. Faire genre je suis utile alors qu'en vrai je suis juste là pour la déco. Comme ces espèces de petits cactus à un euro au supermarché qui crèvent tout le temps quoi qu'on fasse, vous voyez ?

…Je ne devrais peut-être pas me comparer à un truc mort. Juste au cas où.

Dans le doute, comme je sais pas si je devais être discrète, je me balade tranquille au milieu de la rue, avec mon t-shirt vert qui brille un peu parce que c'est la nuit. Ca non plus Crane l'aime pas, mais j'avais rien d'autre. J'accélère un peu sur la route pour éviter une voiture puis fait un petit saut pour rejoindre le trottoir en face. Le bâtiment est moche, gris, terne, la façade

craquelée, mais c'est la norme ici ; faut croire que le grunge est à la mode. Faute d'avoir écouté le plan et faute d'avoir un cerveau capable d'en créer un sur le pouce, je me dirige directement

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vers la loge du gardien. Pas besoin d'avoir des supers sens pour savoir que Crane a envie de se cogner la tête contre la paroi du van. Ou de me fracasser le crâne contre le pavé. Ça serait plus son genre.

Ne voyant personne dans la petite pièce, je donne quelques coups contre la vitre. Un gros type mal rasé se pointe par une porte dans le fond au bout d'une minute ou deux et vient s'assoir devant moi entre la boîte de pizza et les quelques documents un peu gras.

"Salut" Je commence "J'ai un colissimo pour..." Je regarde le paquet "...un mec qui s'appelle Smith au premier étage. Euh non troisième."

Ça va, il s'est pas foulé non plus le fermier. A tous les coups il a juste pris le premier nom qui lui est venu à l'esprit. Une bonne chose que mon vis-à-vis n'en ai rien à foutre. Lui il doit juste se contenter de rester le cul sur sa chaise toute la nuit, de passer le papier pour signer à tout le monde et de jamais rien vérifier. Je rêve d'un boulot comme ça. Une vie à glander.

Il sort une feuille et un stylo pour moi et les glisse à travers la trappe de la vitre en baillant. Je penche la tête et le regarde en haussant un sourcil.

"Je vais pas signer pour de la livraison de sucre candy, ça va pas ?"

"C'est la procédure" répond-il d'une voix nasillarde sans marquer aucun arrêt.

Je m'en doutais que ça le choquerait pas que quelqu'un se fasse livrer de la coke au bureau. Ils sont tous camés ici. Je hausse les épaules, signe 'Princesse Turlute' et lui laisse le paquet, maintenant c'est son problème.

L'espace d'une seconde je me dis que je pourrais peut-être fêter cette mission criminelle d'une complexion – c'est pas pour la peau ça ? – complexité –c'est mieux- extrême. Mais c'est sans compter la Mystery Machine cradingue qui m'attend de l'autre côté et la baffe qui va avec. Je sais pas encore pourquoi je vais me faire taper cette fois, mais je la sens déjà venir. Mon estomac se tord, je fais la gueule, mais retourne tout de même résolument d'où je suis venue.

C'est pas juste, je suis pas assez payée pour être traitée comme ça, merde je sais même pas si je suis payée ! Boulot de merde.

La porte de la camionnette s'ouvre dans un grincement de fin du monde, je suis entraînée à l'intérieur par la poigne du fermier et comme de bien entendu, je m'en prends une.

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"Mais qu'est-ce que j'ai fais ?" Je geins en me tenant la joue, prostrée sur la banquette. "Fallait envoyer le paquet, c'est fait là !"

Les ongles crochus bouffés par le tétanos de Crane choppent le lobe de mon oreille et il le tire jusqu'à lui, me faisant couiner de plus belle tandis que Gimpy se ratatine dans son siège.

"Et comment est-ce que tu peux savoir qu'il ne dira rien à la police une fois que le détonateur aura été enclenché ?"

Il me le murmure doucement mais je sens que je suis à ça d'être jetée dans le fleuve.

"Passquila couché avec Mimi et qu'on est mineures", j'invente.

Il ne dit rien pendant deux seconde avant de me lâcher. Je retombe sur les fesses et pose les mains de chaque côté de mon visage pour qu'il ne puisse plus atteindre quoi que ce soit. Je me tends en le voyant reculer d'un pas. Il fait ça pour l'élan ? Il me regarde pendant quelques secondes sans rien dire, c'est limite marrant je peux entendre le chauve avoir une hernie de l'autre côté.

"Tu n'es pas mineure."

Ah il s'en veut d'avoir maté mes seins maintenant !

"Bah si", je contre, "d'où tu crois qu'elle sort mon acné."

"D'un mélange nocif d'alcool, de drogue, de tabac, de manque de sommeil, de burgers et de nourriture chinoise." Il répond froidement. "Tu as trop de lignes sous les yeux pour être mineure."

…C'est probablement ça en plus. Faudrait peut-être que je ralentisse sur la vodka-bonbon.

"Ben justement, les lignes sous les yeux c'est à cause de euh de tout ça quoi. Mais je suis mineure."

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"Bien sûr." Il tape sur le dossier du chauve et j'entends le moteur démarrer, noyant mes protestations.

"Mais c'est vrai !"

Non en fait je mens, l'âge c'est comme le nom, j'en a pas la moindre idée.

Mais je remarque que pour le coup, l'épouvantail ne m'a pas tapée.

Notes :

-Goodwill c'est un magasin américain/une association qui vend des vêtements / livres / objets / meubles de seconde main, comme Emmaüs en fait.

- La Mystery Machine c'est le nom du van du gang des gentils dans Scooby-Doo.

- L'acteur qui fait la voix de Fred dans Scooby Doo a aussi doublé la voix française de Crane dans Batman Begins.

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