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Processus de catégorisation émotionnelle : temps de latence comme fonction du rapport entre le contexte et son prototype

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Academic year: 2021

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PROCESSUS DE CATÉGORISATION ÉMOTIONNELLE :

TEMPS DE LATENCE COMME FONCTION DU RAPPORT

ENTRE LE CONTEXTE ET SON PROTOTYPE.

Mémoire

présenté

à la Faculté des études supérieures

de Γ Université Laval

pour l’obtention

du grade de maître en psychologie (M.Ps.)

École de psychologie

FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES

UNIVERSITÉ LAVAL

JUILLET 2002

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La présente étude démontre, pour la première fois, l’influence du rapport au prototype d’une émotion sur le temps de catégorisation (TC) des contextes situationnels présentés sous forme de nouvelles annoncées au téléphone. La relation au prototype est déterminée en fonction de l’entente interjuges sur le choix d’une catégorie émotionnelle comme meilleur descripteur de l’état interne de la personne qui apprend une nouvelle. De façon générale, le TC des 30 contextes utilisés augmente avec leur éloignement des prototypes les plus proches pour être le plus long en cas des catégories se situant à la frontière de ces prototypes. Également, le TC est court lorsqu’il s’agit des catégories non reliées aux contextes. Les résultats obtenus sont discutés à la lumière de l’approche basée sur les prototypes élaborée par E. Rosch (e.g., 1973) et du modèle des frontières

décisionnelles avancé par Ashby et Maddox (e.g., 1994).

M. Arvid Kappas, Ph.D. Directeur de recherche M™ Natalia Poliakova, B.Ps.

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TABLE DES MATIÈRES

Page

RÉSUMÉ... i

TABLE DES MATIÈRES... ii

LISTE DES TABLEAUX... iv

LISTE DES FIGURES... v

LISTE DES ANNEXES... vi

CONTEXTE THÉORIQUE... 1

Approche basée sur les prototypes ... 4

Temps de catégorisation ... ... —... 9

MÉTHODE... 15

Préparation des stimuli ... 15

Enregistrement des stimuli ... 15

Numérisation et filtrage des stimuli... 16

Création des listes de catégories associées à chaque stimulus... 16

Participants ... 16

Matériel... 16

Procédure... 16

Compilation des résultats de la catégorisation libre des stimuli ... 17

Sélection des termes... 18

Étude sur le temps de catégorisation émotionnelle ... 19

Participants... 19 19 Procédure

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RÉSULTATS ... 21

Analyses initiales... 21

Prototypicité et type de relation ... 22

Rapport au premier prototype versus discriminalité entre deux premières catégories utilisées ... 25

Types de réponses ... 28

Comparaisons entre les catégories émotionnelles ... 31

DISCUSSION... 32 RÉFÉRENCES... 42 ANNEXE A ... 49 ANNEXE B ... 50 ANNEXE C ... 62 ANNEXED ... 63 ANNEXEE ... 65 ANNEXEE ... 66 ANNEXE G ... 67 ANNEXEE ... 68 ANNEXE I ... 93 ANNEXE J ... 94 /INNEXE K ... 96 97 ANNEXE L

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Moyennes et écarts-types pour le temps de réaction selon le niveau de clarté des stimuli et le type de leur relation avec le terme suggéré...

Coefficients des corrélations non paramétriques de Spearman pour les temps moyens de catégorisation corrélés avec différents critères de position des stimuli dans l’espace perceptif...

Moyennes du temps de latence pour les réponses positives et négatives en fonction de la relation entre les contextes et les termes proposés.... Tableau 1.

Tableau 2.

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LISTE DES FIGURES

Page Figure 1. Moyennes du temps de réponse aux stimuli ambigus et prototypiques

en fonction de leur relation avec le terme proposé... 25

Figure 2. Moyennes du temps de catégorisation pour les réponses positives et

négatives en fonction de la prototypicité des stimuli... 28

Figure 3. Moyennes du temps de catégorisation pour les réponses positives et négatives en fonction de la relation entre les contextes et les termes

proposés pour les stimuli prototypiques et ambigus séparément... 30

Figure 4. Moyennes des temps de réponses pour les stimuli ayant Joie comme première catégorie de la liste et les stimuli avec toute autre catégorie comme première en fonction des types de relation entre les termes

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LISTE DES ANNEXES

Page ANNEXE A. Résultats des analyses de clusters de 135 termes émotionnels

(tiré de Shaver et al.,1987, p. 1067 et traduit par N. Poliakova), utilisés lors de la compilation de réponses obtenus au cours de

la tâche de catégorisation libre... 49

ANNEXE B. Textes des énoncés téléphoniques utilisés comme situations

contextuelles... 50

ANNEXE C. Formulaire de consentement utilisé lors de la tâche de

catégorisation libre... 62

ANNEXE D. Version écrite des instructions concernant le déroulement de la

tâche de catégorisation libre... 63

ANNEXE E. Grille-questionnaire utilisée lors de la catégorisation libre... 65

ANNEXE F. Photo de la personne à qui tous les messages étaient adressés,

présentée aux participants des deux tâches... 66

ANNEXE G. Liste des termes éliminés lors de la compilation des résultats de la catégorisation libre faisant référence aux traits, aux états physiques

ou aux processus cognitifs... 67

ANNEXE H. Compilations des résultats de la tâche de catégorisation libre sous forme d’histogrammes avec les catégories retenues et leurs fréquences respectives, ainsi que les listes des termes regroupés sous chaque

catégorie et les termes exclus pour chaque stimulus... 68

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Version écrite des instructions concernant le déroulement de la

tâche de catégorisation chronométrée... 94

Formulaire de consentement éclairé utilisé lors de la tâche de

catégorisation chronométrée... 96

Taux des réponses positives pour tous les stimuli en fonction de leur prototypicité et de leur relation avec le terme suggéré de la

tâche de catégorisation libre... 97 ANNEXE J.

ANNEXER.

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La perception juste de l’état émotionnel d’autrui joue un rôle important dans !’interaction entre les individus. En effet, elle offre aux gens des informations précieuses pour prédire le comportement de leurs interlocuteurs et pour ajuster le leur en fonction de celui-là. Pour pouvoir identifier l’état émotionnel d’autrui, l’observateur dispose de

plusieurs sources d’information : le contenu des échanges verbaux, les indices non verbaux provenant soit de l’individu lui-même, comme par exemple l’expression faciale, la voix, la posture, les mouvements corporels, soit des éléments provenant d’événements externes à la personne, comme par exemple, le contexte. La présente étude s’intéresse au processus d’inférence émotionnelle chez les observateurs lorsqu’ils ne possèdent qu’une seule source d’information en l’occurrence, le contexte situationnel, c’est-à-dire la description du contexte objectif dans lequel une expression émotionnelle est émise.

Un grand nombre d’études mettent en évidence la capacité des individus à inférer l’état émotionnel de leur partenaire à partir de sources non verbales (e.g., Wallbott, 1991; Carroll & Russell, 1996; Scherer, 1981). La majorité de ces études, dont l’éventail a été réalisé, entre autres, par Ekman, Friesen et Ellsworth (1982), s’intéressent particulièrement aux composantes faciales des expressions émotionnelles. De même, l’effet du contexte sur la perception des émotions est aussi suffisamment considéré dans un certain nombre

d’études. Il est à souligner qu’une majeure partie des recherches qui tentent d’établir le rôle du contexte le font à partir de combinaisons des expressions faciales et du contexte. Là où ces deux sources d’information suggèrent le même état émotionnel ou des états différents, on demande aux participants d’identifier l’émotion ressentie en leur faisant choisir une catégorie émotionnelle à partir d’une liste proposée. Les jugements des combinaisons sont comparés aux jugements faits à partir de chaque source d’information prise séparément. Les résultats de ces recherches s’avèrent divergents quant à la dominance d’une de ces deux sources d’information (pour une revue générale, voir Wallbott, 1991; Femândez-Dols & Carroll, 1997). La méthodologie de ces recherches présuppose que l’expression faciale et le contexte sont des sources d’information comparables quant à la quantité et quant au type d’information transmise. Elle sous-entend aussi que la procédure habituelle de jugement catégoriel peut être applicable également aux deux sources. Ces prémisses sont remises en question par une série de recherches menées par Femândez-Dols et ses collaborateurs (e.g.,

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Femândez-Dols, Sierra & Ruiz-Belda, 1991,1993; Femândez-Dols, Wallbott & Sanchez, 1991; Carrera & Femândez-Dols, 1994) qui soulignent le caractère inéquitable de

l’expression faciale et du contexte. Ainsi, selon l’étude de Carrera et Femândez-Dols (1994), la dominance de l’expression faciale n’est pas due au contenu émotionnel de cette dernière, mais plutôt à sa saillance encore plus grande aux yeux des juges, créée par !'interaction de l'expression avec des contextes clairs et inhabituels. D'ailleurs, les résultats des études antérieures de Frijda (1969) et de Watson (1972) démontrent qu'une expression faciale neutre (sans contenu émotionnel particulier) est aussi dominante qu'une expression faciale ayant un contenu émotionnel prototypique. Les participants ont tendance à ignorer le message émotionnel du contexte et à évaluer la combinaison des deux stimuli comme étant neutre. De plus, Femândez-Dols et al. (1991) soulignent que le niveau d'accessibilité des catégories émotionnelles n'est pas le même pour des sources d'information différentes. De cette façon, lorsque les participants jugent l'état émotionnel d'un autre individu, le processus de recherche de l'information-clé à partir du contexte ne se ferait pas en termes de catégories émotionnelles mais, probablement, davantage en termes de plans d'action qui impliquent les émotions. En se basant sur ces éléments, Femândez-Dols et Carroll

suggèrent que, comme source d'information, le contexte soit beaucoup plus complexe que l'expression faciale. Ainsi, les muscles du visage permettent d'exécuter quelques centaines de mouvements, tandis qu'il existe une variété infinie de situations contextuelles avec des quantités importantes d'information sensorielle qui doit être filtrée, catégorisée et stockée d'une façon particulière.

De façon générale, le contexte peut être représenté par quatre éléments essentiels : émetteur(s), inducteur(s), situation(s) et récepteur (Nakamura, Buck & Kenny, 1990). L'émetteur est représenté par la personne-stimulus dont les caractéristiques fixes (âge, sexe, traits physiques, etc.) fournissent de !'information. L'inducteur fait référence au stimulus qui provoque l'émotion chez l'émetteur. La situation représente !'environnement qui entoure l'émetteur, l'inducteur et parfois, le récepteur. Elle est caractérisée par les cadres physique et social. Et, finalement, le récepteur est l'individu exposé qui reçoit !'information des trois autres éléments du contexte. Les travaux qui explorent la question de l'importance relative des sources d'information différentes dans le processus d'inférence émotionnelle, utilisent

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divers types de contextes en passant par des descriptions verbales de situations, en cas de l'approche "person-scenario", jusqu'à l'utilisation de photos d'événements émotionnels de la vie quotidienne, tirées par exemple de journaux et de magazines, en cas de l'approche

"candidpicture". Souvent, les contextes proposés aux participants à l'intérieur de la même

étude, que ce soit sous forme de textes écrits ou de photos, divergent entre eux quant au contenu, en accordant une importance plus ou moins grande aux éléments différents identifiés par Nakamura et al. (1990). Ainsi, ces derniers auteurs soulignent un des problèmes majeurs des études antérieures, soit le manque de définition et de contrôle de !'information contextuelle disponible pour l'observateur. Cette défaillance méthodologique pourrait être une des raisons de la divergence des résultats de ces études.

Ainsi, même avant de combiner le contexte avec l’expression non verbale, il est important d'étudier de façon systématique les composantes et les caractéristiques de

chacune des sources d’information qui peuvent influencer de façon considérable l'inférence émotionnelle faite à partir de la combinaison de ces sources. Déjà en 1982, Ekman et al. mettaient l'accent sur les critères de clarté comme caractéristiques particulières de l'expression faciale et du contexte. Dans ce sens, d'après Ekman et al., la clarté fait référence à la qualité et la quantité de !'information disponible aux juges, exprimée en termes d'ambiguïté, de complexité et de "force" de chaque stimulus. Tout d’abord, la force peut être mesurée par l’intensité de l’émotion exprimée, sans tenir compte de la nature de l’émotion. Tandis que la complexité fait référence à une seule ou à un mélange de plusieurs émotions exprimées en une seule fois. Le premier cas est considéré comme ayant une moindre complexité que le deuxième. Quant à l’ambiguïté, elle se définit comme l’accord interjuges concernant le choix d’une émotion dans une tâche de reconnaissance des émotions ou bien elle se mesure par la variance des jugements des observateurs lorsqu’ils évaluent une dimension émotionnelle. Ekman et al. soulignent l’importance de considérer tous les trois aspects de la clarté de chaque source d’information utilisée lors des études. D’après ces auteurs, c’est seulement en combinant des situations contextuelles et des expressions émotionnelles d’une clarté équivalente qu’il est possible d’établir leur influence relative sur la perception des états émotionnels.

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Plus récemment, Femândez-Dols, Sierra et Ruiz-Belda (1993) ont mis au point les critères proposés par Ekman et al. (1982) et ils ont parlé de la prototypicité (ou manque d'ambiguïté) et de la saillance comme indicateurs plus puissants de la clarté des stimuli. Ces deux critères prennent source dans l’approche des concepts naturels comme prototypes, tels que définis dans les travaux de Rosch (e.g., Rosch, 1973,1978 ; Rosch, Mervis, Gray, Johnson & Boyes-Braem, 1976).

Approche basée sur les prototypes

Les études transculturelles sur la taxonomie des couleurs, réalisées par Eleanor Rosch, ont permis à cette dernière d’avancer l’approche des concepts naturels comme prototypes. Dans un texte datant de 1973, elle souligne que les catégories naturelles ne seraient pas définies en termes de traits nécessaires et suffisants, mais par des combinaisons d’attributs représentés par des caractéristiques les plus fréquentes ou idéales et situés, pour la majorité d’entre eux, sur des échelles continues. De tels concepts seraient organisés autour de leurs exemples les plus clairs, représentés par les prototypes. Comme

conséquence, les stimuli faisant partie d’un concept donné, varieraient dans leur degré de ressemblance « familiale » par rapport aux prototypes. Dans ce sens, un prototype serait l’exemplaire ou le type idéal qui réunirait le plus grand nombre d’attributs associés à une catégorie donnée et le plus petit nombre d’attributs associés à d’autres catégories (voir aussi, Páez & Vergara, 1991). Ainsi, les catégories n’auraient pas de frontières précises et leurs différents membres auraient des degrés d’appartenance plus ou moins forts par rapport à elles.

En expérimentant le processus de formation de catégories de couleurs et de formes géométriques chez les membres de la population Dani de la Nouvelle Guinée, Rosch (1973) a démontré que les stimuli considérés comme étant les plus représentatifs des concepts sont plus saillants, au niveau de la perception, que d’autres stimuli de domaines respectifs. Ces stimuli attirent davantage !’attention des individus. Aussi, ils sont plus facilement

remémorés que les stimuli moins saillants (voir aussi Heider [Rosch], 1971, 1972). En se basant sur ces constats, Rosch critique les deux modèles explicatifs de la formation des concepts, soit le concept-formation model de Boume (1968, cité dans Rosch, 1973) et

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I’abstraction-process model de Posner (1969, cité dans Rosch, 1973), et propose un modèle

alternatif stipulant que l’apprentissage même des noms des catégories se fait en les

attachant en premier lieu aux stimuli les plus saillants de celles-ci et en les généralisant par la suite aux autres membres. Ainsi, les « prototypes naturels » ou les stimuli les plus saillants deviennent les points tournants de !’organisation des catégories.

De plus, Rosch (e.g., 1978) postule l’existence d’une hiérarchie verticale et taxonomique des concepts naturels. Les systèmes ainsi structurés peuvent être situés sur deux dimensions : verticale et horizontale. La dimension verticale représente les relations hiérarchiques entre les catégories situées sur trois niveaux conceptuels, soit un niveau intermédiaire ou de base, un niveau supérieur plus général et un niveau subordonné plus concret. Au quotidien, les gens utiliseraient davantage les termes appartenant au niveau de base qui fait des distinctions suffisamment précises et informatives entre les objets, sans toutefois référer aux détails superflus. Ces termes seraient généralement appris en premier lieu au cours de !’acquisition du langage et seraient rappelés le plus rapidement en présence d’un objet pertinent. Ils formeraient les catégories les plus abstraites pouvant être

représentées par une image singulière ou bien les catégories avec lesquelles les interactions peuvent s’effectuer avec des mouvements moteurs communs (Rosch et al., 1976).

Les systèmes de catégories seraient disposés aussi sur une dimension horizontale qui, selon Rosch (1978), contient des segmentations de catégories au même niveau

d’inclusion, comme par exemple, en cas des catégories : instrument de musique, fruit, outil faisant partie du niveau supérieur ou guitare, piano, batterie se situant au niveau de base (tiré d’une des taxonomies utilisées par Rosch et al., 1976). Ce sont les catégories situées au niveau de base qui seraient le plus conceptualisées comme des ensembles « flous » séparées par des frontières vagues plutôt que précises et définies par leurs prototypes.

L’approche des concepts naturels comme prototypes, initiée par Rosch et ses collaborateurs, a été reprise et développée par d’autres chercheurs de disciplines diverses touchant des objets animés et non animés, des catégories grammaticales, des taxonomies du domaine psychiatrique, des catégories de situations sociales, etc. (pour la revue des

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recherches, voir Shaver, Schwartz, Kirson & O’Connor, 1987). De la même façon, Fehr et Russell (1984) ont réalisé une série d’études afin de vérifier la possibilité que le concept d’émotion soit basé sur des prototypes. Les résultats de ces recherches suggèrent que pratiquement toutes les prédictions faites à partir de la théorie de Rosch s’appliquent bien au domaine de l’émotion (voir aussi, Fehr, 1988; Russell, 1989). Ainsi, les données de ces recherches témoignent en faveur de l’existence d’une « structure interne » (ou d’une relation par rapport au prototype) des concepts d’émotions, exprimée dans diverses opérations corrélées à cette mesure : fréquence dans la tâche de génération libre de

catégories émotionnelles, classement direct selon le niveau de prototypicité, degré d’entente interjuges dans le jugement d’appartenance à une catégorie émotionnelle, scores de

ressemblance « familiale » et autres. De cette façon, la prototypicité ou le degré auquel un terme constitue un exemple représentatif d’une catégorie émotionnelle serait liée, entres autres, à la fréquence avec laquelle ce terme est reconnu comme désignant une émotion, à la rapidité avec laquelle il vient à l’esprit lorsqu’un nom d’une émotion est demandé ou encore à l’indice de sa ressemblance avec d’autres catégories émotionnelles traduit en termes de caractéristiques partagées (Fehr & Russell, 1984).

D’autres auteurs (e.g., Ekman, 1984; Kagan, 1984) ont suggéré aussi que le concept d’émotion ainsi que les termes émotionnels spécifiques puissent être considérés comme des concepts « flous », sans frontières précises où certains membres seraient plus représentatifs d’une catégorie que d’autres, en accord avec les principes de l’approche basée sur les prototypes. Ainsi, par exemple, Russell (1980) soutient que « each emotion word can... be considered a label for a fuzzy set, defined as a class without sharp boundaries, in which there is a gradual but specifiable transition from membership to nonmembership »

(p. 1165).

De plus, les travaux de Phillip Shaver et de ses collaborateurs sont aussi connus comme des applications de l’approche basée sur les prototypes dans le domaine des émotions (e. g., Shaver et al., 1987,1992). Ainsi, dans l’article de 1987, Shaver et ses collaborateurs ont appuyé l’idée, en accord avec les données de Fehr et Russell (1984), que l’approche basée sur les prototypes constitue une façon appropriée pour représenter le

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domaine des émotions ainsi que pour y mener des investigations. En ayant utilisé la tâche de triage par ressemblance des termes émotionnels, les auteurs ont confirmé, à l’aide de l’analyse de clusters, !’organisation hiérarchique à trois niveaux (voir ANNEXE A pour la figure tirée de l’article original représentant la structure hiérarchique obtenue) qui distingue les émotions positives des émotions négatives à son niveau supérieur et situe six émotions au niveau intermédiaire, soit Amour (Lové), Joie (Joy), Surprise (Surprise), Colère (Anger), Tristesse (Sadness) et Peur (Fear). Ces catégories émotionnelles, identifiées comme des concepts de niveau de base de l’approche fondée sur les prototypes, correspondent aussi à celles nommées le plus souvent par des participants de l’étude de Fehr et Russell (1984). De même, elles sont similaires aux termes émotionnels appris en premier lieu au cour de la petite enfance (Bretherton & Beeghly, 1982) et coïncident de façon importante avec les listes des émotions de base de certains théoriciens (e. g., Ekman, 1984 et Izard, 1977; Epstein, 1984, cités dans Shaver et al., 1987, p.1064). Finalement, le niveau le plus bas contient 25 catégories avec les termes suggérés, comme par exemple, Affection (Affection), Fierté (Pride), Soulagement (Relief), Honte (Shame) et autres, qui ont été choisies, suite à des analyses de clusters, comme étant les plus représentatives ou comme les exemples les plus prototypiques des catégories émotionnelles par rapport aux autres termes du groupe correspondant.

Différentes façons empiriques d ’ opérationnaliser les mesures de prototypicité des stimuli ont été proposées (e.g., Rosch & Mervis, 1975; Hampton, 1979). Par exemple, en utilisant huit catégories naturelles dans son étude de 1979 (ustensile de cuisine, véhicule, sport, fruit, etc.), Hampton se base sur les traits caractéristiques de ces concepts pour identifier la prototypicité de leurs membres en partant de la définition même du rapport au prototype qui met l’accent sur le partage de caractéristiques communes. Ainsi,

!’applicabilité de chaque trait est évaluée pour chaque item et la somme de ces valeurs de !’applicabilité est utilisée pour prédire la décision concernant cet item dans la tâche de catégorisation. Hampton propose que différents traits caractéristiques d’un concept soient activés successivement dans le temps et qu’une réponse positive soit émise dès que le recouvrement des traits reliés au prototype et de ceux liés au stimulus présenté atteint un

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certain seuil. De la même façon, les juges peuvent décider de donner une réponse négative au moment où l’absence de recouvrement des traits répond à un certain critère.

En 1993, Femândez-Dols et al., à leur tour, appliquent l’idée des concepts naturels comme prototypes au domaine de l’étude de l’influence respective et de l’expression émotionnelle et du contexte sur le processus de décodage en proposant une autre façon d’opérationnaliser le rapport au prototype. Comme dans beaucoup d’autres études (e. g., De Gelder, Teunisse & Benson, 1997; Levenson, Carstensen, Friesen & Ekman, 1991; Young et al., 1997), Femândez-Dols et al. ont utilisé des expressions prototypiques de certaines émotions de base déjà identifiées comme telles à partir de la banque de photos créée par Ekman et Friesen (1976). De plus, étant donné que !’information contextuelle constitue une part du concept de l’émotion, il existerait, selon ces auteurs, des contextes prototypiques pour des émotions spécifiques. Comme pour Fehr et Russell (1984), selon la conception de Femândez-Dols et de ses collaborateurs, le terme de prototypicité fait référence au rapport entre un stimulus et le prototype d'une catégorie donnée. Par contre, ces auteurs ne mettent pas l’accent sur les caractéristiques partagées entre les items et leurs prototypes, mais ils opérationnalisent la prototypicité, comme Ekman et al. (1982), par le plus haut pourcentage de juges ayant attribué une catégorie émotionnelle à un contexte situationnel. Différemment de ces derniers auteurs, Femândez-Dols et al. soulignent que cette attribution doit se faire, non à partir d’une liste de catégories proposées, mais lors d’une tâche de catégorisation libre, ce qui assurerait !’applicabilité des catégories émotionnelles aux contextes. Effectivement, plus un contexte situationnel est prototypique, plus une catégorie

émotionnelle lui est applicable (voir aussi, Russell & Bullock, 1986) ou, autrement dit, les individus sont davantage capables de catégoriser une situation prototypique en utilisant des termes émotionnels. Ainsi, selon ces auteurs, la prototypicité pourrait servir de critère plus juste que celui d’ambiguïté d’Ekman et al. pour la sélection des contextes équitables comme source d’information par rapport à l’expression émotionnelle. De plus, en demandant aux juges de nommer tous les états émotionnels qu’un contexte situationnel peut induire, il est possible, d’après ces auteurs, d’améliorer le critère de complexité d’Ekman et al. De même, Femândez-Dols et al. suggèrent d’évaluer l’intensité des stimuli en terme de saillance, qui est parallèle au critère de « force » d’Ekman et al. Comme étant

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saillantes, les auteurs considèrent les situations qui sont inhabituelles mais, en même temps, prototypiques en induisant une émotion spécifique (voir aussi, Gonzalez, 1990, cité dans Femândez-Dols et al., 1993). Par exemple, en Espagne, d’après ces auteurs, le fait de gagner à la loterie est perçu comme une cause inhabituelle mais fréquemment mentionnée, de joie. Ainsi, la réponse émotionnelle à un tel événement saillant serait plus forte et plus intense qu’à un événement commun.

Les critères de prototypicité et d’intensité sont d’autant plus importants, lorsqu’ils sont appliqués à !’information contextuelle. Effectivement, Femândez-Dols et al.

soulignent que l’étude du décodage émotionnel a pris racine dans l’étude des expressions faciales et que son origine explique le manque d’attention pour les particularités de !’information contextuelle. Ainsi, les critères méthodologiques de clarté d’Ekman et al. (1982) seraient adaptés aux études de jugement catégoriel des expressions faciales qui posséderaient une fonction communicative spécifique développée probablement au cours de l’évolution. Par contre, en ce qui a trait au contexte, il ne transmettrait pas le message émotionnel de la même façon que les expressions faciales. N’ayant pas une fonction communicative explicite, la détermination de la signification émotionnelle du contexte exige une analyse beaucoup plus active de la part des décodeurs qui impliquerait une recherche des indices reliés aux émotions spécifiques (voir aussi Femândez-Dols et al., 1991). Ainsi, le respect des critères de prototypicité et d’intensité faciliterait le processus de jugement émotionnel du contexte.

Temps de catégorisation

Afin de détecter les différences qui surgissent dans les processus de reconnaissance menant à la catégorisation des contextes émotionnels, Femândez-Dols et al. ont élaboré en 1991 une étude à caractère exploratoire, inspirée des recherches sur les catégories naturelles comme prototypes. Ainsi, ils ont avancé que le temps employé par les participants pour attribuer un contexte à une catégorie émotionnelle peut se révéler un indicateur objectif de la prototypicité de ce contexte, et indirectement des inférences possibles que les

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la littérature scientifique actuelle possède des démonstrations robustes des variations significatives du temps de catégorisation pour les membres de la même catégorie (e.g., Larochelle & Pineau, 1994).

L’approche des catégories naturelles comme prototypes était parmi les premières à avancer une explication cohérente et structurée des différences de temps de réaction en postulant que ce temps de réaction diminuerait avec une augmentation de la similarité entre un stimulus catégorisé et le prototype de cette catégorie (e.g., Rips, Shoben, & Smith, 1973; Rosch, 1973). Aussi, ce modèle permet de situer la similarité sur une échelle

multidimensionnelle (e.g., Shin & Nosofsky, 1992). Plus spécifiquement, les stimuli peuvent être représentés comme des points dans un espace multidimensionnel où la similarité entre une paire de stimuli diminue avec !’augmentation de la distance entre ces deux points. Ainsi, pour un stimulus donné X, le prototype le plus similaire serait le prototype A, le plus proche dans l’espace perceptif. Dans une tâche où le participant doit décider si ce stimulus X appartient à une catégorie A, le temps de réaction diminuerait au fur et à mesure que X s’approcherait de A.

De même, deux hypothèses spécifiques ont été proposées à partir du modèle basé sur les prototypes pour la tâche où les participants doivent choisir entre deux catégories, A et B par exemple (Ashby, Boynton, & Lee, 1994). En accord avec l’hypothèse du temps de réaction en fonction du prototype le plus proche (RT-nearest-prototype), ce temps de réaction augmente avec la distance entre le stimulus X et le prototype le plus proche. Selon cette hypothèse, le prototype possède un statut privilégié où les temps de réaction les plus courts sont pour les deux prototypes A et B. Les prédictions de cette hypothèse traduisent bien le critère de prototypicité de Femândez-Dols et al. (1993). D’autre part, l’hypothèse du temps de réaction des prototypes comparés {RT-comparative-prototype) met l’accent sur la différence entre les similarités aux deux prototypes. Ainsi, le temps de réaction diminue avec la différence entre la similarité du stimulus X au prototype A et sa similarité au prototype B. Les temps de catégorisation les plus courts seraient pour les stimuli les plus discriminatifs par rapport aux prototypes A et B. Selon cette hypothèse, le prototype ne

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possède pas de statut privilégié et le temps de réaction associé à sa catégorisation serait équivalent au temps de réaction d’un autre stimulus avec la même différence de similarité.

De plus, Ashby et al. (1994) ont avancé une hypothèse du temps de réaction basé sur la distance dans l’espace perceptif (RT-distance hypothesis), formulée à partir du modèle des frontières décisionnelles de catégorisation (decision bound, models; voir aussi, Ashby, 1992; Ashby & Gott, 1988; Ashby & Maddox, 1990,1994). Les modèles des frontières décisionnelles avancent que les individus apprennent à rapporter les réponses à des régions de l’espace perceptif. Ainsi, au cours de chaque essai, les juges déterminent la région dans laquelle tombe la représentation du stimulus et émettent une réponse

appropriée. Les frontières décisionnelles fractionnent l’espace dans des régions associées à des réponses différentes où le temps de catégorisation augmente au fur et à mesure que la représentation perceptive du stimulus catégorisé s’approche de la frontière décisionnelle. De plus, Maddox, Ashby et Gottlob (1998) soulignent que le temps de catégorisation est invariable lorsqu’il s’agit de stimuli placés à la même distance de la frontière d’une catégorie.

Une autre application majeure découlant de l’hypothèse de RT-distance consiste en l’émission de l’hypothèse de strength-latency (Ashby et al., 1994). Cette dernière

hypothèse part de l’idée que chaque décision dans la tâche de reconnaissance mnésique est basée sur la force de la trace mnésique d’un stimulus (Norman & Wickelgren, 1969; Wickelgren & Norman, 1966, cités dans Ashby et al., 1994). Les anciens stimuli

posséderaient une trace plus forte que les nouveaux et la frontière décisionnelle séparerait aussi l’espace en des régions associées à des réponses positives et négatives. Ainsi, selon l’hypothèse de strength-latency, le temps de catégorisation diminuerait de façon symétrique de chaque côté de la frontière Oui-Non. Lorsque les hypothèses découlant de l’approche basée sur les prototypes et du modèle des frontières décisionnelles sont comparées au niveau de l’aspect de la valence de la réponse, elles prédisent toutes une augmentation du temps de catégorisation pour des réponses positives en cas d’éloignement des prototypes ou du rapprochement des frontières. Par contre, lorsque les participants répondent Non,

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dans ce cas, la réponse négative serait équivalente à l’éloignement de la frontière

décisionnelle. Il est important de préciser que cette prédiction est faite seulement pour des essais où la réponse négative est considérée comme bonne dans une tâche de catégorisation dichotomique avec une seule catégorie (A) ou dans une tâche avec un choix entre deux catégories (A ou B) dont les régions ne se recoupent pas. Effectivement, lorsque les régions associées à chaque catégorie se recoupent partiellement, certains stimuli appartenant à une catégorie risquent davantage, par erreur, d’être catégorisés comme appartenant à une autre. Dans ce cas, l’hypothèse de RT-distance prédit que les réponses négatives incorrectes seraient données avec un délai plus long que les réponses correctes. Cette prédiction est avancée car la plupart des stimuli incorrectement catégorisés se situeraient plus près de la frontière décisionnelle et seraient associés, ainsi, au temps de catégorisation plus long.

Bien que les hypothèses avancées à partir du modèle basé sur les prototypes ou à partir du modèle des frontières décisionnelles se servent de différents indices pour expliquer les dissemblances au niveau du temps de catégorisation, ils ne sont pas

complètement incompatibles. Au niveau conceptuel, les deux approches s’entendent pour dire que la perception associée à une exposition isolée à un stimulus peut être représentée à l’aide d’un point dans un espace multidimensionnel (Ashby & Maddox, 1993). De plus, en suivant la conception de l’espace perceptif décrit par le modèle des frontières

décisionnelles, le prototype serait le point central de chaque région associée à une réponse différente. Effectivement, dans leur étude de 1994, Ashby et al. utilisent des stimuli artificiels qui varient sur des dimensions continues, normalement distribués autour d’une valeur prototypique de chaque dimension (voir aussi, Ashby & Gott, 1988; Ashby & Maddox, 1990, 1992). Ainsi, les augmentations du temps de catégorisation, associées au rapprochement des frontières décisionnelles, correspondent en même temps à l’éloignement des prototypes.

De nombreuses études, ayant utilisé divers stimuli artificiels ou naturels, ont

démontré qu’un pourcentage considérable de la variance des temps de réponse est expliqué par la mesure de la similarité au prototype (e.g., Rips et al., 1973; Rosch & Mervis, 1975; Hampton, 1979; McClaskey & Glucksberg, 1979; Shortess, Clarke, Richter, & Seay, 2000).

(21)

D’autres chercheurs ont obtenu des résultats qui confirment que le temps de catégorisation moyen des réponses correctes tend à diminuer lorsque la distance entre le stimulus et la frontière décisionnelle augmente (e.g., Bomstein & Monroe, 1980; Ashby et al., 1994; Maddox et al., 1998). Dans le domaine des études des émotions, les résultats de l’étude de Femândez-Dols et al. (1991) confirment ce patron de temps moyen de catégorisation qui est significativement plus court pour les situations prototypiques, reliées aux quatre

émotions : joie, colère, peur et tristesse. Par contre, les différences intrasujets dans le temps de catégorisation de chaque situation n’ont pas démontré un patron unique de résultats. En effet, 12 situations parmi les 31 au total démontrent une polarisation dans le temps de catégorisation : le temps de latence associé à une des quatre catégories proposées (joie, peur, tristesse et colère) est significativement plus court que pour les trois autres, mais encore là, parfois c’est la bonne catégorie qui est la plus « rapide », parfois c’est la moins applicable. De plus, pour 3 situations, le temps de catégorisation ne respecte pas le schéma bipolaire : il se produit une polarisation de deux catégories émotionnelles face aux deux autres. En ce qui concerne les 16 situations restantes, les temps de catégorisation pour les quatre catégories proposées ne sont pas différentiables, autrement dit, la reconnaissance de la pertinence ou non des quatre émotions considérées exige un effort cognitif similaire.

La recherche de Femândez-Dols et al. est exploratoire et touche un sujet qui semble être prometteur car, non seulement le temps de catégorisation fournit certaines informations quant aux caractéristiques des situations, mais de façon plus générale, il pourrait donner des indices concernant le processus d’inférence émotionnelle à partir du contexte ou d’autres sources d’information. En effet, le temps de catégorisation peut fournir beaucoup plus d’informations qu’une simple analyse des résultats de catégorisation. Les résultats obtenus pour le temps de catégorisation sont particulièrement intéressants lorsqu’ils sont appliqués à la notion de la prototypicité d’un stimulus. En effet, lorsque la prototypicité est

opérationnalisée en terme de pourcentage de juges ayant accordé une catégorie émotionnelle à un stimulus (voir Femândez-Dols et al., 1993), ce pourcentage peut représenter l’éloignement de ce stimulus des frontières d’un prototype. Par exemple, un stimulus, jugé en terme de colère par 98% des juges, se trouve très proche du prototype de la colère et loin de ses frontières. Par contre, un autre stimulus, perçu par 2% des juges

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comme étant de la colère, se situe près des frontières de cette catégorie émotionnelle. De plus, le stimulus jugé comme colère par 50% des juges se place entre les frontières de cette catégorie et son prototype. En n’étant pas très prototypique pour la colère, ce stimulus peut partager certains attributs propres à une autre catégorie émotionnelle. En utilisant les critères développés par Femandez-Dols et al. et par Ekman et al. (1982), ce stimulus pourrait être défini comme ambigu.

D’ailleurs, Femândez-Dols et al. n’ont pas tenu compte qu’une situation ou un autre stimulus, tout en demeurant prototypique d’une catégorie émotionnelle, peut partager un certain nombre d’attributs propres à une autre catégorie. Ainsi, Tagiuri (1969) remarque que, prises séparément, la personne et la situation souvent suggèrent chacune, non une, mais deux ou trois interprétations alternatives qui permettent des jugements indéterminés, mais non aléatoires (voir aussi Wallbott, 1988). Aussi, d’après Wallbott, les catégories choisies pour chaque source d’information ne posséderaient pas toutes la même probabilité d’être sélectionnées. Ce que Wallbott nomme comme probabilité d’être sélectionné fait référence à la prototypicité de Femândez-Dols et al. (1993). En effet, lorsqu’on demande à des juges d’indiquer une catégorie qui décrirait le mieux un stimulus émotionnel, il est possible d’organiser les réponses obtenues en terme d’accord interjuges en formant une liste des catégories alternatives associée à chaque stimulus. Le pourcentage d’accord associé à chaque catégorie de la liste servirait d’indice d’éloignement du stimulus du prototype de cette catégorie (voir !’ANNEXE B pour deux exemples hypothétiques de situations hautement et moyennement prototypiques en fonction des taux de

reconnaissance).

L’objectif de la présente étude consiste à démontrer que le temps nécessaire pour la catégorisation du contexte situationnel ayant une charge émotive est une fonction de l’éloignement de ce contexte des frontières du prototype d’une catégorie émotionnelle. De meilleures connaissances sur le processus d’interprétation du contexte situationnel

constituent un élément important dans la compréhension de !’interaction des informations contextuelle et non verbale dans !’attribution d’un état émotionnel à autmi.

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1. De façon concrète, les hypothèses de cette étude avancent, qu’en cas de contextes fortement prototypiques, le temps nécessaire, pour décider si l’état émotionnel produit par le contexte peut être défini en terme d’une catégorie donnée, sera plus long pour les catégories faiblement reliées au prototype (catégories-frontières) que pour les catégories très proches du prototype, ainsi que pour les catégories non reliées au prototype;

2. En cas de contextes ambigus, le temps de décision concernant les catégories non reliées sera plus court que le temps de décision concernant les catégories modérément reliées au prototype;

3. Finalement, en accord avec les résultats de Femândez-Dols et al. (1993), nous avançons que le temps de décision, concernant les catégories les plus proches des prototypes à l’intérieur des listes des catégories alternatives associées à des contextes, sera plus court en cas de situations fortement prototypiques qu’en cas de situations ambiguës.

Méthode

Préparation des stimuli

Enregistrement des stimuli. Soixante (60) stimuli contextuels représentent les

énoncés d’un interlocuteur au téléphone concernant des événements ou des nouvelles que l’on suppose pertinents pour l’autre personne. Les situations suivantes sont des exemples d’annonces utilisées : le fait de gagner à la loterie*, la mort d’un être cher*, l’invitation à un mariage, la naissance d’un enfant, un héritage*, un incendie*, etc (pour une liste

complète des annonces et leurs textes, voir l’ANNEXE B). Les textes des annonces ont été composés en s’inspirant de certaines situations(*) utilisées par Femandez-Dolz et al.(1993) comme étant prototypiques et saillantes et aussi, de scènes de vie rapportées par l’entourage de l’auteur du mémoire.

Six acteurs (3 hommes et 3 femmes) de la troupe théâtrale Les Treize de l’Université Laval ont enregistré chacun les soixante contextes à l’aide du

lecteur/enregistreur Minidisque Portable Sony MZ - R37. Une seule version de chaque situation a été retenue en portant attention à la véridicité apparente de !’enregistrement, selon le jugement de l’auteur, et en tâchant de varier les acteurs le plus possible.

(24)

Numérisation et filtrage des stimuli. Les stimuli ainsi obtenus possédaient une très

bonne qualité sonore contrairement à celle d’enregistrements qui auraient pu être obtenus à partir de véritables conversations téléphoniques. Alors un filtrage a été appliqué aux stimuli visant à leur procurer les caractéristiques d’ondes téléphoniques. Les enregistrements ont été transférés du lecteur/enregistreur Minidisque à l’ordinateur iMac à l’aide du logiciel SoundEdit™ 16, version 2 où ils ont été numérisés en format Audio IFF avec une vitesse d’échantillonnage de 44.1 kHz et une qualité d’enregistrement de 16 bits.

Deux types de transformations ont été appliqués à chacun des documents sonores : à l’aide de l’effet Equalizer, les fréquences en haut de 1.2 kHz ont été réduites de 10 dB et par la suite, les enregistrements ont été passés par le filtre de l’effet Emphasize.

Deux séquences de stimuli ont été créées à partir de ces 60 enregistrements filtrés. À l’intérieur de chaque version, les situations ont été placées en ordre aléatoire avec une seule condition, soit éviter le voisinage de deux enregistrements faits par le même acteur. Le cas échéant, le deuxième contexte a été alterné avec le suivant.

Création des listes de catégories associés à chaque stimulus

Participants. Trente participants (16 femmes et 14 hommes), composés d’étudiants

de l’Université Laval de différentes disciplines, recrutés au moyen d’affiches apposées sur le campus et d’annonces faites dans les cours, avec une moyenne d’âge de 25 ans, ont participé à la tâche de catégorisation libre des stimuli.

Matériel. Les enregistrements ont été diffusés à l’aide du lecteur/enregistreur

Minidisque Portable Sony MZ - R37 et des boites de son d’ordinateur, Cambridge Soundworks.

Procédure. La tâche de catégorisation libre s’est déroulée au sein de petits groupes

de 2-3 participants à la fois et chaque groupe a été exposé de façon aléatoire à une des deux séquences de stimuli audio. Afin de minimiser le phénomène de la contagion sociale, les participants ont été placés dos à dos ou en triangle, ils ont été invités à demeurer silencieux

(25)

pendant l’expérience et ils ne pouvaient pas avoir de contact visuel avec 1 ’expérimentatrice. Chaque participant recevait un exemplaire de la lettre de consentement (voir l’ANNEXE C), une version écrite des instructions concernant le déroulement de 1 ’ expérimentation (voir ΓANNEXE D), une grille-questionnaire (voir !’ANNEXE E) et la photo de la personne à qui tous les messages étaient adressés (voir !’ANNEXE F). Les participants écoutaient les instructions préenregistrées tout en pouvant les suivre sur leur exemplaire écrit. Les instructions prévoyaient le temps pour la signature de la lettre de consentement et deux périodes de questions avant le début de 1 ’expérimentation.

La tâche des participants consistait à écouter un enregistrement attentivement, à imaginer comment la personne représentée sur la photo aurait pu se sentir après avoir entendu une telle nouvelle et à indiquer un seul terme qui décrirait le mieux l’état de cette personne sur la grille-questionnaire. L’enregistrement suivant était présenté une fois que toutes les personnes du groupe avaient terminé d’écrire le terme associé. Après avoir complété la tâche au complet, les participants recevaient des explications concernant le but et les hypothèses de l’étude.

Compilation des résultats de la catégorisation libre des stimuli. En s’inspirant de la

procédure utilisée par Shaver et al. (1987), tous les termes donnés dans leur forme adjective ont été transformés en noms correspondants ( par exemple, tristesse pour triste, déception pour déçu, excitation pour excité). En même temps, les mots faisant référence davantage aux traits de caractère, aux états physiques ou aux processus cognitifs ont été éliminés (voir Γ ANNEXE G pour la liste complète des termes éliminés). Après avoir compilé les noms ainsi obtenus, une liste de termes avec leurs fréquences respectives a été créée pour chaque situation. De plus, afin de réduire le nombre de termes associés aux stimuli, en se basant sur les résultats de l’étude sur la similarité des catégories émotionnelles de Shaver et al., les termes, pouvant faire partie de la même sous-catégorie, ont été considérés comme synonymes et ont été remplacés par les mots-clés de chacune des sous-catégories

respectives identifiées par les auteurs. Par contre, des exceptions ont été faites pour 5 sous- catégories où le terme Enthousiasme (Enthusiasm) a été retenu à la place du mot Entrain

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rapport à la Réjouissance (Cheerfulness), Inquiétude (Worry) pour Nervosité (Nervousness) et Découragement (Dejection) pour Négligence (Neglect) . Ces termes ont été choisis comme étant les meilleurs représentants des jugements des participants de cette étude, considérant leur plus grande fréquence par rapport aux autres termes à l’intérieur de chacune des sous-catégories. Le résultat final de la compilation des résultats de la tâche de catégorisation libre des stimuli est présenté à !’ANNEXE H.

À partir de ces derniers résultats obtenus, deux groupes distincts de stimuli contextuels ont été retenus parmi tous les autres pour l’étude portant sur le temps de catégorisation des contextes, soit 15 stimuli hautement prototypiques avec la première catégorie émotionnelle mentionnée par 60% des participants et plus et dont la différence entre la première et la deuxième catégorie dépassait 50%, et 15 stimuli ambigus, pour lesquels la première catégorie a été choisie par plus de 20% et moins de 55% des

participants et dont la différence entre la première et la deuxième catégories ne dépassait pas cette fois-ci 35%.

Sélection des termes. Les termes les plus proches des prototypes, les termes-

frontières et non reliés ont été déterminés à partir des listes de catégories associées aux stimuli contextuels retenus. De cette façon, les catégories le plus fréquemment nommées pour un contexte donné et considérées, par définition, comme le terme le plus proche du prototype associé à ce même contexte, ont donné huit catégories émotionnelles, soit Joie, Surprise, Inquiétude, Colère, Déception, Tristesse, Soulagement et Enthousiasme. De plus, la première catégorie de chaque liste, nommée par 13.3% de participants et moins et faisant partie de ces huit dernières catégories, a été retenue comme terme-frontière pour un

stimulus donné. Il est à noter que parmi les 60 termes ainsi retenus, pour lesquels une réponse positive était possible, les huit catégories émotionnelles ne se rencontraient pas à la même fréquence. En effet, les termes Joie et Surprise revenaient 11 fois chacun, Colère et Inquiétude - 9 fois chacun, Déception - 7 fois, Tristesse - 5 fois et Soulagement et

Enthousiasme - 4 fois chacun. Bien que cette fréquence inégale des termes prédisposait certains d’entre eux à une plus grande familiarité aux yeux des participants, il était encore plus important qu’au cours de 1 ’expérimentation, ce rapport de fréquence entre les termes

(27)

demeure le même, autant pour les réponses positives possibles, en cas de relation la plus proche et frontière, que pour les réponses négatives, en cas de termes non reliés. Ainsi, en respectant cette condition, les fréquences suivantes ont été attribuées à chacun des termes : 6 répétitions pour Joie et Surprise, 4 répétitions pour Inquiétude, Colère et Déception et 2 répétitions pour Tristesse, Soulagement et Enthousiasme respectivement. Afin de

déterminer un terme non relié pour chaque situation contextuelle, un mot était tiré au hasard de cette dernière banque de catégories en prenant soin qu’il ne se retrouve pas sur la liste des termes associés à cette situation donnée (voir l’Annexe G pour les termes les plus proches des prototypes, les termes-frontières et les termes non reliés associés à chaque situation contextuelle).

Etude sur le temps de catégorisation émotionnelle

Participants. Les résultats de trente quatre personnes (18 hommes et 16 femmes),

recrutées au moyen d’affiches apposées sur le campus et d’annonces faites dans les cours, avec une moyenne d’âge de 24 ans, ont été retenus pour cette étude (2 participants n’ont complété que deux des trois passations et une personne a du être exclue de !’échantillon à cause d’erreur de manipulation).

Procédure. Quatre-vingt-dix paires stimulus-terme ont été obtenues en combinant

les situations contextuelles aux trois termes représentant trois relations possibles entre le contexte et la catégorie émotionnelle. Ces combinaisons ont été distribuées, de façon aléatoire, dans trois groupes à partir desquels trois versions expérimentales ont été créées. Chaque participant a été soumis en individuel aux trois versions présentées en ordre aléatoire, avec un intervalle minimum de 24 heures entre chaque passation. Une

compensation monétaire d’une valeur de 15$ a été versée à chaque participant à la fin de la troisième rencontre.

Ne pouvant pas divulguer l’intérêt porté sur le temps de réaction lors de c expérience, seul le but général de cette recherche, soit l’étude du processus de

catégorisation des contextes situationnels a été présenté aux participants. De plus, il a été précisé que les détails concernant l’objectif et les hypothèses de la recherche seraient

(28)

donnés à la fin de la troisième passation et que les commentaires et les questions des participants seraient recueillis à ce moment. Ainsi, avant de procéder à 1 ’expérimentation, les participants signent le premier formulaire de consentement (voir !’ANNEXE I).

Chaque séance, exécutée sur l’ordinateur à l’aide du logiciel SuperLab Pro 1.74, était composée de deux blocs. Le premier avait comme objectif de permettre aux

participants de se familiariser avec les termes utilisés et le deuxième constituait le bloc expérimental comme tel.

Lors du premier bloc, chacune des huit catégories émotionnelles utilisées lors de cette expérience, apparaissait au milieu de l’écran d’ordinateur en caractère Times New Roman de 72 points précédé d’une croix et du mot Attention. Les participants ont été invités à appuyer rapidement sur la barre d’espacement du clavier dès que le mot affiché était compris.

Le bloc expérimental contenait 30 essais, présentés en ordre aléatoire à chaque fois. La séquence d’un essai était toujours la même, soit : un écran blanc avec une croix au milieu qui s’affichait pendant 1000 msec, suivi par la photo d’une dimension de 9x9 cm, utilisée dans la tâche de catégorisation libre (voir l’ANNEXE F) accompagnée d’un enregistrement sonore diffusé par un casque d’écoute Beyerdynamic DT 211, à la fin duquel la photo disparaissait, laissant place à un terme émotionnel inscrit en caractère Times New Roman de 72 points qui se suivait, une fois la réponse donnée, par un intervalle interstimuli d’une durée de 1000 msec .

Au cours de chaque essai, la tâche des participants consistait à imaginer comment la personne représentée sur la photo pouvait se sentir en apprenant la nouvelle en question et à répondre le plus vite possible si, d’après eux, le terme affiché à l’écran correspondait à l’état interne de la personne (voir l’ANNEXE J pour une description détaillée des

instructions). Dès que le participant répondait à la question, la séquence recommençait avec un nouvel enregistrement.

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Les participants répondaient à l’aide de deux doigts de la main dominante placés sur deux touches du clavier de l’ordinateur : l’index sur , et le majeur sur -> . Chaque touche correspondait à une réponse Oui pour une moitié des participants et h Non pour l’autre. L’attribution des participants à la disposition des réponses Oui/Non se faisait de façon aléatoire. De plus, pour s’assurer du lien entre les touches et les réponses qui leur sont associées, deux petits écriteaux portant chacun une étiquette claire de Oui ou de Non ont étaient apposés devant leurs touches respectives. De même, les participants ont été invités à ne pas déplacer leurs doigts au cours de 1 ’ expérimentation et à garder leur main sur une feuille placée devant le clavier avec les réponses indiquées en gros caractères de chaque côté de la main. Un court bloc de pratique de deux essais a été proposé aux participants afin de se familiariser avec la tâche.

À la fin de la troisième passation, 1 ’ expérimentatrice répondait aux questions des participants en indiquant les objectifs exacts de cette expérience, en précisant le type de mesure utilisée, soit le temps de réaction et en leur proposant de signer la deuxième lettre de consentement éclairé (voir !’ANNEXE K).

Résultats

Analyses initiales

Les analyses initiales réalisées sur les données intégrales des temps de réaction obtenus ont dévoilé une asymétrie positive relativement forte de la majorité des

distributions des scores. En effet, selon la statistique de Shapiro-Wilk, calculée pour chaque groupe de données, seules 10 distributions sur 90 répondaient aux critères de normalité. Ainsi, une transformation logarithmique dans la base 10, qui est la plus appropriée selon la forme de distributions rencontrée (Tabachnik & Fidell, 2001), a été réalisée sur chaque donnée. Effectivement, grâce à cette dernière transformation, en se basant sur les résultats du test de normalité de Shapiro-Wilk, seulement 15 distributions ne répondaient pas aux critères de normalité. De plus, cette transformation a réduit le nombre de données extrêmes définies comme étant des valeurs se situant à une fois et demi la longueur de l’étendue interquartile du premier et du troisième quartiles pour chaque groupe de données (Tukey,

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enlevées de la banque de données et ont été remplacées par les moyennes de leurs groupes respectifs.

Afin de s’assurer de la réussite des manipulations par rapport aux deux variables dépendantes, soit la Prototypicité des stimuli, exprimée par l’entente interjuges à partir des résultats de la tâche de catégorisation libre, et la Relation entre les contextes et les termes, les taux moyens de réponses positives, sur le total des réponses obtenues par cellule et aussi pour chaque stimulus, ont été calculés. L’étude de ces taux, présentée à l’ANNEXE L, permet de tirer certains constats. En premier lieu, comme attendu, le terme le plus proche du prototype obtient une réponse positive plus souvent en cas des stimuli prototypiques comparés aux stimuli ambigus (91.6% contre 83.1%, en moyenne). De plus, en ce qui concerne les termes-frontières, les taux de réponses positives qui leur sont associés dépassent les fréquences fixées comme critères de sélection pour ces termes, à partir des résultats de la catégorisation libre. Ce dernier fait est attribuable à la différence dans les types de questions posées aux participants lors des deux tâches. En effet, la question à savoir si le terme, se situant à la frontière du prototype, correspond à l’état ressenti prédispose davantage à donner une réponse positive que la question qui demande le meilleur descripteur de l’état. Par contre, de façon inattendue, les termes non reliés ont été fréquemment choisis par les participants comme correspondant à l’état ressenti dans le cas de plusieurs stimuli ambigus et de quelques stimuli prototypiques ( par exemple, 3AC3,

12AE6, 7PJ1). En tenant compte de ce dernier résultat, 17 stimuli contextuels, soit 1AI5, 2ASu5, 4AI3, 5AC4, BATI, 1PJ4, 2PJ1, 4PSu5, 5PJ4, 8PT1, 9PSu2, 10PJ5, 11PD1, 12PJ1,

13PI3, 14PI4, 15PS02, possédant un taux de réponse positive pour le terme non relié ne dépassant pas 15% et ayant une différence entre ces termes et les termes-frontières plus grande que 50%, ont été retenus pour les analyses conséquentes afin de préserver les trois types de relation étudiés entre les stimuli et les termes (voir l’ANNEXE L où les 17 stimuli retenus sont marqués d’un souscrit).

Prototypicité et type de relation

Afin d’évaluer l’effet de la prototypicité des contextes et l’effet de leur relation avec les réponses suggérées sur le temps de réaction des participants, une analyse de variance à

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un facteur répété et un facteur fixe, pour un plan factoriel en blocs aléatoires, a été réalisée à partir des temps de catégorisation transformés des 17 stimuli retenus. Les effets

intrasujets sont définis en termes du facteur Relation entre les termes utilisés et les

contextes avec trois niveaux (le plus proche du prototype, terme-frontière et non relié) et les effets intersujets sont définis en terme du facteur Prototypicité des contextes avec deux niveaux (prototypiques et ambigus). L’effet de la Relation, ainsi que son interaction avec la Prototypicité des contextes ont été testé en utilisant le critère multivarié de la Trace de Pillai. Les résultats de l’analyse de variance indiquent des effets significatifs pour les facteurs Prototypicité avec F( 1, 576) = 13.17, p < .01, η1 2 multivariée = .02 et Relation avec

F(2, 575) = 52.47, p < .01, η2 multivariée = .15, ainsi que pour leur interaction, F(2, 575) = 38.61, p < .01, η2 multivariée = .12'.

De plus, afin de répondre aux hypothèses spécifiques de cette recherche, neuf tests t pour échantillons appariés ont été réalisés afin de comparer les temps moyens de réaction sous forme logarithmique, présentés en données brutes au Tableau 1, pour les stimuli prototypiques et ambigus en fonction de leur relation avec les termes utilisés. Le taux d’erreur de type I a été contrôlé à l’aide de la procédure de Dunn où le niveau de signification associé à chacun des tests est de .005 (.05/9 = .005).

De façon générale, le temps de réaction paraît être significativement plus long pour les stimuli ambigus (M = 3.06, É.T. =0.16) que pour les stimuli prototypiques (M = 3.01,

É.T. = 0.18). Par contre, en considérant la relation entre les contextes et les termes, ce

dernier fait n’est vrai que pour les termes les plus proches des prototypes, ¿(33) = 6.23,

p < .01, et les termes-frontières, ¿(33) = 7.43, p < .01. En effet, la relation est inverse pour

les termes non reliés avec ¿(33) = -5.27, p < .01 (voir Figure 1 pour les moyennes présentées sous forme logarithmique).

1 L’analyse de variance réalisée à partir du même groupe de données non transformées à l’aide du logarithme ne démontre les effets significatifs que pour le facteur Relation, F(2, 575) = 32.8,

p < .01, η2 multivariée = .10 et pour l’interaction des facteurs Prototypicité et Relation avec F(2, 575) = 13.9, p < .01, η2 multivariée = .05.

(32)

Tableau 1

Moyennes et écarts-types pour le temps de réaction selon le niveau de clarté des stimuli et le type de leur relation avec le terme suggéré

Ambigus (n· = 5) Prototypiques (n = 12) M combinée Type de relation M É.T. M É.T. Le plus relié au prototype 1238.92. 517.43 970.63b 557.86 1095.19 Frontière 1492.87c 801.10 1280.55a 901.99 1391.21 Non relié 1360.98, 397.33 1216.91d 809.37 1171.74 M combinée 1257.01 1203.70

Note. Les moyennes dans la même colonne ou la même rangée qui ne possèdent pas le même souscrit

diffèrent significativement aux tests t réalisés à partir des données sous forme logarithmique avec alpha <.005.

Le temps moyen de réaction considéré en fonction de la variable Relation est décrit par une relation quadratique, F(l, 576) = 105.03, p < .01, η2 multivariée = .15, où le temps de réaction augmente pour les termes-frontières en comparant aux termes les plus proches des prototypes et diminue pour les termes non reliés. De plus, pris séparément en fonction du facteur Prototypicité, le temps moyen de réaction pour les stimuli prototypiques est significativement plus court lorsque ces derniers sont combinés avec les termes les plus proches du prototype qu’avec les termes-frontières, ¿(33) = 11.37, p < .01, de même,

lorsqu’ils sont combinés avec les termes non reliés aux prototypes, ¿(33) = 6.54, p < .01. La différence entre les moyennes est non significative pour les stimuli combinés avec les termes-frontières et les termes non reliés. Quant aux stimuli ambigus, c’est le temps de réaction pour les combinaisons avec les termes non reliés qui s’avère être significativement plus court que pour les combinaisons avec les termes-frontières, ¿(33) = 10.2, p < .01, et les termes les plus proches des prototypes, ¿(33) = 3.96, p < .01. De plus, la différence de

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temps de réaction entre les stimuli combinés avec les termes-frontières et les termes les plus proches est significative avec ¿(33) = 5.51 ,p < .01. Ainsi, la Figure 1 permet de constater que le temps de réaction augmente lorsque les deux groupes de stimuli sont combinés avec les termes-frontières et diminue, mais seulement pour les stimuli ambigus, lorsque combinés avec les termes non reliés.

— ־♦ — Ambigus Prototypiques S

1

I

1 O g

RELATION AVEC LE PROTOTYPE

Figure 1. Moyennes du temps de réponse aux stimuli ambigus et prototypiques en fonction

de leur relation avec le terme proposé. Les barres verticales représentent F intervalle de confiance à 95% des moyennes.

Rapport au premier prototype versus discriminalité entre deux premières catégories utilisées

Les analyses réalisées jusqu'ici permettent de répondre aux questions quant au rôle de la prototypicité des stimuli sur le temps de leur catégorisation en manipulant aussi les types de relation qu'ils peuvent entretenir avec les termes utilisés lors de cette tâche. Tout de même, les temps moyens de catégorisation peuvent aussi être analysés du point de vue des hypothèses qui expliquent les modifications du temps de catégorisation des stimuli en lien avec leurs positions dans T espace perceptif, soit par leur éloignement du prototype le plus proche, soit par la similarité aux deux prototypes qui peuvent leur être appliqués. Ainsi, les résultats de la tâche de catégorisation libre permettent non seulement d'isoler

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deux groupes de stimuli selon leur prototypicité, mais aussi de concevoir le rapport au prototype sur une échelle continue, dans le but de tester les meilleures correspondances entre les hypothèses avancées et les données recueillies. Bien que toutes les hypothèses présentées auparavant ne fassent des prédictions qu'au niveau de l'échelle ordinale et n'avancent rien sur la forme des changements du temps de catégorisation, il est possible de tester ces hypothèses en calculant les corrélations non paramétriques entre les temps moyens de réaction aux catégories les plus proches ou les catégories-frontières et

Γéloignement des stimuli par rapport à ces catégories. Par exemple, pour tester l'hypothèse du prototype le plus proche, il est possible de placer en ordre croissant les temps moyens de réaction et d'ordonner les stimuli selon leur éloignement par rapport au premier prototype et, finalement, de calculer la corrélation entre ces deux listes. Pour ces analyses, les

données obtenues auprès de trente situations peuvent être utilisées, n'ayant pas la contrainte de représenter les trois types de relation entre les stimuli et les termes proposés. De cette façon, les corrélations de Spearman ont été calculées entre Γ éloignement des stimuli des catégories les plus proches, ainsi que des catégories-frontières, exprimé par les valeurs de Γentente interjuges, et les temps moyens de réponse respectifs à ces catégories. De plus, afin de tester l’hypothèse des prototypes comparés, les temps de catégorisation ont été corrélés avec l’indice de discriminalité de la première catégorie par rapport à la catégorie- frontière, exprimé par la différence de pourcentage entre ces dernières.

Selon les valeurs des coefficients calculés, présentés au Tableau 2, les temps de réaction aux catégories les plus proches aussi bien qu’aux catégories-frontières sont fortement corrélés avec l’éloignement des stimuli par rapport à la catégorie la plus proche et avec la mesure de discriminalité de la première catégorie par rapport à la catégorie- frontière. De plus, comme cela a été attendu en lien avec les prédictions des deux

hypothèses testées par ces analyses, les corrélations significatives observées sont négatives. Autrement dit, les temps de catégorisation diminuent à mesure que les stimuli se

rapprochent du prototype le plus proche et à mesure que la première catégorie désignant ce prototype devient plus saillante par rapport à la catégorie-frontière. Ces résultats vont dans le sens des deux hypothèses testées, soit l’hypothèse du prototype le plus proche et celle des prototypes comparés. Π est à souligner que la force d’association pour des paires de

(35)

Tableau 2

Coefficients des corrélations non paramétriques de Spearman pour les temps moyens de catégorisation corrélés avec différents critères de position des stimuli dans l’espace perceptif

Éloignement des stimuli

de la de la

première catégorie catégorie-frontière

(nearest-prototype)

Discriminalité par rapport aux deux catégories (<comparative-prototype) Temps de réaction à la première catégorie -.648* .152 - .674* Temps de réaction à la catégorie- frontière - .553* .090 - .552*

Note, n = 30 pour chaque groupe de données. *p < .01.

variables est comparable pour les deux hypothèses. Effectivement, ayant des variations relativement restreintes des pourcentages associés aux catégories-frontières, les stimuli se situant plus proche des prototypes sont aussi plus discriminatifs par rapport aux catégories- frontières. Ainsi, un autre coefficient calculé indique une forte corrélation entre

T éloignement du premier prototype et T indice de discriminalité entre deux catégories avec

rs = .97, p < .01. En examinant les coefficients présentés au Tableau 2, un autre point attire

T attention : le temps de réaction aux catégories-frontières n’est pas corrélé de façon significative avec l’éloignement par rapport à ces mêmes catégories, mais il est fortement corrélé avec l’éloignement par rapport à la catégorie la plus proche. Ce type de résultats, témoignant en faveur de l’hypothèse du prototype le plus proche, n’a pas été obtenu dans les études antérieures recensées portant sur les variations du temps de catégorisation, car seuls les rapports des stimuli aux catégories les plus proches ont été étudiés de façon systématique.

Figure

Figure 1. Moyennes du temps de réponse aux stimuli ambigus et prototypiques en fonction  de leur relation avec le terme proposé
Figure 2. Moyennes du temps de catégorisation pour les réponses positives et négatives en  fonction de la prototypicité des stimuli
Figure 3. Moyennes du temps de catégorisation pour les réponses positives et négatives en  fonction de la relation entre les contextes et les termes proposés pour les stimuli
Figure 4. Moyennes des temps de réponses pour les stimuli ayant Joie comme première  catégorie de la liste et les stimuli avec toute autre catégorie comme première en fonction  des types de relation entre les termes proposés et les contextes

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