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CONSOMMATION DE MÉDICAMENTS PSYCHOTROPES LES JEUNES COMPRIMÉS

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QUOTIDIEN NATIONAL

H orizons

L

eprésident du Conseil de la nation a réitéré que la France coloniale doit reconnaître tôt ou tard le génocide du

8 mai 1945. Des massacres qu’il a qualifiés de tache noire et indélébile.

Il a rappelé que cette date a été une rupture qui a poussé le Mouvement national à passer à l’option militaire pour arracher l’indépendance.

«Une tache noire et indélébile»

Le rêve de la finale s’éloigne pour l’ES Sétif

.

PAGE 2

LUNDI 9 MAI 2022

8 CHOUAL 1443 N° 7634 - PRIX 10 DA

AU CŒUR DE NOS RÉGIONS

Dans les entrailles d’Oran

.

PAGE 11

.

PAGE 23

AMINA MEKAHLI, POÉTESSE

«La dame au chapeau»

s’en va

.

PAGES 12-13

GOUDJIL À PROPOS DES MASSACRES DU 8 MAI 1945

CONSEIL DES MINISTRES

Loi sur l’investissement, nouvelles wilayas, Air Algérie, projet de Gara Djebilet…

Les instructions du président Tebboune .

PAGE 3

n ATTAQUE TERRORISTE EN ÉGYPTE

L’ALGÉRIE CONDAMNE DANS LES TERMES

LES PLUS FORTS

.

PAGE 24

CONSOMMATION DE MÉDICAMENTS PSYCHOTROPES

LES JEUNES COMPRIMÉS LES JEUNES COMPRIMÉS

l Manque de coordination entre les secteurs :

Un handicap

l Mahmoud Boudarène, psychiatre :

«Les addicts sont des personnes anxieuses et mal dans leur peau»

.

LIRE EN PAGES 5-6-7

FOOTBALL - C1 AFRICAINE

(2)

2

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HORIZONS • Lundi 9 Mai 2022

A LGÉRIE ACTUALITÉS

Les manuscrits, photographies ou tout autre document et illustration adressés ou remis à la Rédaction ne sont pas rendus et ne peuvent faire l’objet d’une réclamation.

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édité par la SPA HORIZONS"

au capital social de 160.000.000,00 DA

Horizons

PRÉSIDENTE-DIRECTRICE GÉNÉRALE DIRECTRICE DE LA PUBLICATION

Saliha AOUÈS

MÉMOIRE NATIONALE

La radio fait don d’un important fonds historique

L

aRadio nationale a fait, hier, don d’un fonds historique inestimable au ministère des Moudjahidine et des Ayants droit. Il s’agit de pas moins de 687 disques durs renfermant un volume horaire de plus de 928 heures et 43 minutes de témoignages et haltes historiques relatifs à la guerre de libération. Le directeur général de la Radio algérienne, Mohamed Baghali, a remis ces enregistrements au ministre des Moudjahidine et des Ayants droit, Laïd Rebiga, lors d’une cérémonie organisée au Centre culturel Aïssa Messaoudi, à laquelle ont pris part le ministre de la Communication, Mohamed Bouslimani, et le secrétaire général du Haut Commissariat à l’amazighité (HCA), Si El Hachemi Assad. «Ce don entre dans le cadre d’une convention-cadre conclue récemment entre l’Etablissement public de la radiodiffusion sonore et le ministère des Moudjahidine et des Ayants droit et en guise de célébration de la Journée nationale de la mémoire», a souligné le directeur général de la Radio nationale, Mohamed Baghali. «La Radio nationale concré- tise la première clause de la convention-cadre signée en remettant ce don, dont la valeur est inestimable. Il s’agit d’une première, tant ce fonds consiste en 687 disques durs avec 928 heures, 43 minutes et 19 secondes», a-t-il ajou- té. L’intervenant rappelle les efforts des diffé- rentes équipes de la Radio nationale consentis afin de faire réussir le concours national de «la chanson de la jeunesse», prévu sous le haut patronage du président de la République et encadré par la Radio nationale et ses partenaires sous le slogan «La jeunesse d’Algérie chante l’Algérie». Il précise, dans ce sens, que les délais de ce concours ont été prorogés jusqu’au 31 mai prochain. De son côté, Laïd Rebiga a souligné la symbolique du 77e anniversaire des massacres du 8 mai 1945, que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a consa- crée en officialisant cette date comme une Journée nationale de la mémoire. Par ailleurs, le ministre a fait savoir que les copies originales de la matière médiatique reçue s’ajoutent à un volume de 29.000 heures d’enregistrement, ce qui équivaut à pas moins de 36.000 témoi- gnages vifs. «Nous sommes en train de consti- tuer une banque d’un fonds historique en vue de préserver notre mémoire et transmettre le mes- sage de nos ancêtres moudjahidine. Il est temps de passer à l’exploitation, à bon escient, et la classification de cette matière audiovisuelle si importante, à travers un travail académique et scientifique en associant les universitaires et les chercheurs», a-t-il dit. Quant à la célébration du 60e anniversaire de l’indépendance, il est prévu d’organiser des festivités durant toute l’année et avec la participation des différents secteurs et acteurs. Pour sa part, le ministre de la Communication a salué l’initiative, soulignant qu’aucun autre pays au monde n’a vécu des massacres comme ceux endurés par le peuple algérien le 8 mai 1945. «Grâce aux sacrifices des chouhada et des moudjahidine, nous pou- vons aujourd’hui apprécier les réalisations de l’Algérie nouvelle», a-t-il dit

n Aziza Mehdid

G

oudjila évoqué de nombreuses haltes qui ont précédé le déclenchement de la lutte armée et les multiples crimes coloniaux notamment lors des manifestations du 8 mai 45 à Sétif, Guelma, Kherrata et d’autres villes. Pour Goudjil,

«c’est une tâche noire et indélébile que la France doit reconnaître, tôt ou tard». Le moudjahid a d’emblée relevé les acquis réa- lisés par le président de la République dans le cadre de ses 54 engagements avant de le saluer pour ce qu’il a entrepris au service de l’Algérie et de son peuple. Il n’a pas manqué de mettre en avant les efforts de l’Armée nationale populaire pour préserver la stabili- té, les frontières et l’armée blanche dans le cadre de la lutte contre la pandémie.

S’agissant de la mémoire, il a estimé que pour qu’elle soit bien assimilée il faut revenir à l’histoire. «Les massacres du 8 mai 45 sont intervenus juste après la défaite de la France face au nazisme. Les Algériens unis autour des amis du manifeste de la liberté ont décidé alors d’arracher par la force ce qui a été confisqué par la force», a-t-il noté.

En tant que témoin de la guerre de libération, Goudjil a rappelé que «le génocide du 8 Mai a eu lieu après que des manifestants aient brandi l’emblème national». «Les consé- quences du drame ont fait les choux gras de la presse internationale et le mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques a tranché en faveur de l’option militaire avec la création de l’organisation spéciale en 1947», a-t-il renchéri. «Les acteurs de la révolution ont pris le taureau par les cornes et

entamé les préparatifs de la lutte armée mal- gré les différends entre messalistes et centra- listes.» S’en suivra le conclave historique du groupe des 22 qu’avait présidé Mustapha Benboulaïd.

TEBBOUNE ACCORDE UN INTÉRÊT PRIMORDIAL À L’HISTOIRE NATIONALE Goudjil a raconté avoir rencontré Ben Bella et il lui avait fait part, trois mois avant le 1ernovembre, de ce qu’il faut pour réussir l’action militaire en impliquant tous les lea- ders révolutionnaires de toutes les régions.

Parlant de la réunion des six qui ont approu- vé la déclaration du 1ernovembre, il a souli- gné que «la révolution a été un élan national et non régional» et «son caractère singulier a mené à son internationalisation en un petit laps de temps malgré les tentatives d’étouffe- ment par l’ennemi». «Après la création de l’ALN, un coup d’accélérateur a été donné à la révolution jusqu’aux négociations d’Evian qui ont abouti à la libération de l’Algérie», a lancé Goudjil qui se dit «fier de nos acquis révolutionnaires». «Il ne suffit pas de se rap- peler notre mémoire mais de l’enseigner aux futures générations», a-t-il poursuivi en fai- sant remarquer que «la colonisation dans notre pays est particulière dans la mesure où il était question de remplacer un peuple par un autre». Goudjil a enfin mis en exergue les réalisations du chef de l’Etat à commencer par la révision constitutionnelle, le renouvel- lement de l’édifice institutionnel et la réfor- me structurelle visant la promotion de l’éco- nomie nationale. Assurant que Tebboune accorde un intérêt primordial à l’histoire nationale, il a plaidé pour l’assimilation de ses nombreux engagements pour comprendre le présent et le futur escompté par la plus haute autorité du pays dans le cadre de la nouvelle Algérie.

n Karima Alloun

GOUDJIL À PROPOS DES MASSACRES DU 8 MAI 45

«Une tâche noire et indélébile»

A L’OCCASION DE LA CÉLÉBRATION DE LA JOURNÉE NATIONALE DE LA MÉMOIRE COÏNCIDANT AVEC LA DATE DU 8 MAI, Salah Goudjil, ancien officier de l’ALN et président du Conseil de la nation, a accordé, dans la soirée de samedi dernier, une interview à la Télévision nationale.

RECONNAISSANCE PAR LA FRANCE DE SES CRIMES COLONIAUX

Des partis renouvellent leur appui à la démarche

D

espartis politiques ont réaffirmé, samedi dernier à l’occasion de la célébration de la Journée nationale de la mémoire commémorant les massacres du 8 mai 1945, leur sou- tien en faveur de la démarche revendiquant la reconnaissance par l’Etat français des crimes coloniaux commis à l’encontre du peuple algérien, appelant l’ancien colonisateur à «assumer sa responsabilité historique». A ce propos, le parti du Front de libération natio- nale (FLN) a affirmé, dans un communiqué, que la tragédie commise par le colonisateur français le 8 mai 1945, «témoin vivant que la criminalisation du système colonial qui a dépourvu les Algériens de leurs droits à la vie, à la liberté et à la souveraineté», était «une revendication légitime, historique, morale et politique». A son tour, le président du mou- vement El-Bina, Abdelkader Bengrina, a estimé que les massacres du 8 mai 1945 étaient

«un crime d’extermination au sens propre du mot commis par l’occupation française à l’encontre du peuple algérien sans défense». Qualifiant ces massacres de «legs empoison- né pour le colonialisme français»,Bengrina a affirmé que «ces crimes sont imprescriptibles».

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A LGÉRIE ACTUALITÉS

HORIZONS •Lundi 9 Mai 2022

3

L

e secrétaire général de l’Union générale des travailleurs algé- riens (UGTA), Salim Labatcha, a salué, hier, les mesures prises par le président Tebboune, en faveur des travailleurs, notamment celles liées aux revalorisations des salaires.

Dans son discours prononcé, lors d’une réunion qui s’est tenue avec les cadres syndicaux des unions de wilaya et des fédérations nationales au siège de la Centrale syndicale à Alger, le SG de l’UGTA de s’est félicité du bilan réalisé depuis le dernier congrès tenu les 20 et 21 juin 2019.

Labatcha s’enorgueillit des

«acquis  arrachés» qu’il estime importants et notables réalisés en un laps de temps court, en dépit de la conjoncture difficile marquée par une crise économique, aggra- vée par la crise sanitaire liée à la Covid-19. Il reconnaît que ces acquis ont été rendus «possibles»

grâce à l’accompagnement du pré- sident de la République. Parmi ces réalisations, il cite la révision de l’IRG et les augmentations sala- riales. La première, dit-il, «a concerné les bas salaires et la seconde a concerné toutes les caté- gories, outre la révision de la pen- sion des retraités à hauteur de 10%». «Une hausse inédite», a-t-il soutenu, ajoutant que l’UGTA a

toujours prôné le dialogue,

«contrairement aux syndicats auto- nomes qui ont engagé des grèves, menaçant la stabilité». Interrogé sur la dégradation du pouvoir d’achat, Labatcha a plaidé pour la révision des lois du marché écono- mique, tout en veillant à leur res- pect, insistant sur la lutte contre l’informel et la spéculation».

Concernant la réorganisation inter- ne de la centrale syndicale, le syn- dicaliste a soutenu avoir respecté ses engagement en œuvrant pour la restructuration de l’organisation syndicale, «  laquelle a dévié au cours d’une période antérieure de ses missions et ses objectifs», a-t-il déclaré.

Il affirme dans ce sillage  :

«Nous avons travaillé pour réhabi- liter un climat communicatif au sein de l’UGTA et révisé des lois, dont celles du règlement interne et du statut du travailleur.» Il regrette que parmi les responsables de l’UGTA, «certains ont rejeté cette nouvelle organisation». Une divi- sion qui a suscité une large opéra- tion d’assainissement dans les rangs des militants, dans l’objectif de restructurer l’UGTA. Il souligne que cette opération a été déclen- chée à la suite de certaines «ano- malies» relevées.

n Samira Azzegag

L

e président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa) a plaidé pour le placement de l’entreprise au cœur des politiques de dévelop- pement économique, et ce, dans le prolongement de la révision du code des investissements dont l’avant-projet a été exami- né en Conseil des

ministres. Intervenant sur les ondes de la Radio algérienne, Ziani a affir- mé que le nouveau code est attendu par les acteurs économiques qui espèrent des éléments de réponse à leurs préoccupations, notamment en matière de lutte contre la bureaucra- tie. Selon lui, le texte a fait l’objet de concertation. «Nous voulons un code des investissements qui donne la primeur aux entreprises natio- nales, libère les initiatives et encou- rage les investissements directs étrangers porteurs de technologie», a-t-il déclaré, mettant l’accent sur l’effort à concentrer sur la géostraté- gie économique pour améliorer la production et de ne plus dépendre des importations. «Nous pouvons devenir autonomes et excédentaires et placer nos produits à l’internatio- nal. Nos entreprises sont capables de relever le défi, il suffit juste de les accompagner et de lever tous les obstacles», a-t-il renchéri. Pour l’in-

vité de la Radio nationale, l’Algérie peut fournir à l’Europe du pétrole et du gaz, mais aussi des produits agri- coles et de l’hydrogène, soulignant l’intérêt à accorder aux énergies renouvelables. Le président de la Cipa a estimé que la sécurité alimen- taire est aussi importante que la sécurité énergétique.

Il a ensuite salué la réorganisa- tion de l’Agence nationale du déve- loppement des investissements et la création du guichet unique, l’une des revendications principales du patronat. Evoquant la première pla- teforme dédiée à l’investissement,  Algeria Invest en l’occurrence, Ziani a indiqué que celle-ci doit apporter des mesures de facilitation et d’accompagnement aux investisseurs nationaux et étran- gers, s’agissant notamment de l’ob- tention d’autorisations relatives à l’acte d’investir. «Nous peinons aujourd’hui à avoir ces autorisa-

tions», a-t-il lancé. «Il est attendu d’Algeria Invest qu’elle mette fin à la bureaucratie et constitue un guichet unique pour accom- pagner les projets à forte valeur ajoutée et créateurs de riches- se», a-t-il ajouté. Le président de la Cipa a appelé à l’assainisse- ment du climat des affaires et de l’environnement de l’entreprise et surtout à la stabilité du cadre législatif, car les opérateurs ont souffert de l’instabilité juridique et du décalage entre la promulgation d’une loi et les textes d’application.

«Il va falloir assurer la pérennité des textes de loi relatifs à l’investisse- ment pour rétablir la confiance et donner plus de garantie aux natio- naux et étrangers», a-t-il poursuivi, tout en invitant «à bannir définitive- ment le recours aux changements de lois par le biais d’une loi de finances». «La pérennité juridique est au minimum de 5 ans mais si elle est de 10 ans, elle ne peut être qu’excellente. Une discontinuité des lois dissuade les investisseurs», s’est-il exclamé. En conclusion, Ziani a proposé de moduler l’impo- sition de la TVA en fonction du nombre d’emplois créés et du mon- tant de l’investissement.

n Wassila Ould Hamouda

HAUSSE DES SALAIRES ET BAISSE DE L’IRG

L’UGTA salue les mesures prises par le président

Tebboune

CONFÉDÉRATION DES INDUSTRIELS ET PRODUCTEURS ALGÉRIENS

«L’entreprise doit être au cœur de la politique économique»

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, a présidé, hier, une réunion du Conseil des ministres consacrée à l’examen et au débat du projet de la nouvelle loi relative à l’investissement, du projet de loi relative aux conditions d’exercice des activités commerciales, en sus de deux exposés relatifs au suivi du pro- jet de la mine de fer de Gara Djebilet et du dossier des nouvelles wilayas.

Après l’ouverture de la séance par le chef de l’Etat et l’écoute de l’exposé du Premier ministre sur le bilan des activités gouverne- mentales au cours des deux dernières semaines, Tebboune a donné les instructions, consignes et orientations suivantes :

Projet de loi relative à l’investissement Charger le gouvernement de poursuivre l’enrichissement du projet de loi au regard de son importance et dans le souci d’assurer sa pérennité, le texte devant être présenté lors d’une réunion spéciale du Conseil des ministres le jeudi 19 mai 2022.

Projet de loi relative aux conditions d’exercice des activités commerciales

Revoir le projet de loi pour aboutir à une vision claire permettant d’encourager et inciter les opérateurs économiques et élaborer une conception globale des différents produits et marchandises importés, à travers la révision de la liste des produits interdits à l’exportation tout en les fixant lors de réunions de gouverne- ment avant leur publication par décret exécu- tif. Le chef de l’Etat a également insisté sur le fait que la définition de la liste de produits et marchandises interdits à l’importation a pour objectif de préserver et d’encourager la pro- duction nationale, en sus de favoriser la créa- tion d’un tissu industriel en mesure de satisfai- re les besoins du marché national. Il s’agit aussi de développer un système de contrôle des importations, notamment en ce qui concer-

ne les produits dédouanés dans la clause tari- faire douanière «divers». Tebboune a instruit le gouvernement de saisir les fluctuations du marché international et la flambée des prix des matières premières pour s’orienter vers l’ex- ploitation des produits locaux dans le dévelop- pement de la production nationale et de créer une banque de données permettant le recense- ment exact des différents produits locaux, en vue de définir nos véritables besoins.

Nouvelles wilayas

Tebboune a affirmé que leur création vise à alléger le fardeau et à rapprocher l’adminis- tration du citoyen, mettant l’accent sur la pour- suite de l’opération de réorientation des res- sources humaines au profit des nouvelles wilayas et la création d’une plateforme per- mettant de définir les postes en adéquation avec la densité démographique. Il s’agit aussi d’accorder la priorité en matière de postes d’emploi créés dans les nouvelles wilayas, en tenant compte du facteur de «lieu de naissan- ce» des fonctionnaires mutés depuis les

wilayas d’origine, avec possibilité d’ouvrir le recrutement par voie de concours en cas de besoin.

Mine de fer de Gara Djebilet

Mettre en œuvre ce projet stratégique sui- vant une approche intégrée assurant la complé- mentarité avec les différents projets industriels et les infrastructures y afférents, et ce, dans le cadre d’un agenda défini. Le chef de l’Etat a également insister sur l’importance stratégique du projet en ce qui concerne les opérations de production, d’exportation et de réduction de la dépendance à l’importation des matières pre- mières, ainsi que sur la contribution du projet dans la création de nouveaux postes d’emploi et la création d’une dynamique économique. Il s’agit aussi de moderniser le réseau de trans- port routier conformément à des normes spéci- fiques pour accompagner le projet et accélérer le lancement de la réalisation de la ligne ferro- viaire reliant les wilayas de Tindouf et Béchar.

Sur ce, le Conseil des ministres a approuvé le lancement de la première phase du projet qui

représente une source importante de revenus pour le pays et revêt une importance vitale dans l’accélération de la cadence de au double plan local et national.

Prise en charge des projets d’investissement en suspens

L’exposé actualisé des différents projets d’investissement ayant bénéficié d’une levée des obstacles a fait ressortir une augmentation du nombre de projets à 861 sur un total de 915 projets, en hausse de 7 nouveaux projets et 820 postes d’emploi créés. Le nombre total de postes créés s’élève désormais à 34.614 emplois.

Après avoir mis en avant les efforts de tous les acteurs ayant contribué à la levée des obstacles sur ces projets, le président de la République a souligné l’importance de :

- Tirer des enseignements de la levée des obstacles sur les projets à travers la détermina- tion des problèmes et obstacles ayant conduit au gel, afin de les éviter à l’avenir et de s’en servir lors de la révision des textes de loi régis- sant l’investissement local.

- Accélérer l’aménagement et l’organisation des zones industrielles selon une nouvelle vision.

Autres orientations

- Autoriser la compagnie aérienne Air Algérie à acquérir 15 avions pour l’ouverture de nouvelles lignes, notamment vers des pays africains et asiatiques, outre l’achat de navires de transport de voyageurs, de marchandises et de céréales.

- Approuver le nouveau programme des vols d’Air Algérie en prévision de la saison estiva- le. Ce programme devant être publié par décret exécutif.

- Assainir les assiettes foncières dans le péri- mètre du complexe d’El Hadjar des déchets ferreux, en vue de les utiliser comme matière première par le complexe permettant ainsi de créer d’autres industries et activités.

Avant la levée de la séance, le Conseil a approuvé nombre de décisions individuelles portant nomination et fin de fonctions dans des fonctions supérieures de l’Etat.

CONSEIL DES MINISTRES

LOI SUR L’INVESTISSEMENT, NOUVELLES WILAYAS, AIR ALGÉRIE, PROJET DE GARA DJEBILET…

Les instructions du président Tebboune

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S OCIÉTÉ

HORIZONS • Lundi 9 Mai 2022

« L

es activités sportives sont consi- dérées comme secondaires, d’où le désintérêt des respon- sables du secteur. Pour preuve, les élèves n’ont que deux heures par semaine d’activités spor- tives, encadrés par des ensei- gnants qui ne sont pas formés en la matière», indique Madjid Abbas, enseignant d’EPS et pédagogue. Les activités sportives dans les écoles sont conçues comme un com- plément aux programmes éducatifs. «Elles visent une pratique physique continuelle par laquelle les élèves canalisent leur énergie. Il s’agit également de développer les capacités physiques des enfants et de s’entraîner intensi- vement dans leur discipline de prédilection. Le sport scolaire est pour ainsi dire une passerelle entre l’école et les clubs spécialisés dans telle ou telle discipline», ajoute Abbas.

Dans ce sillage, les ministères de l’Education et de la Jeunesse et des Sports ont mis en place une commission mixte intermi- nistérielle, chargée de la relance du sport sco- laire, notamment dans le premier palier. Cette démarche vise à détecter les jeunes talents à un âge précoce lesquels constitueront l’élite de demain et de promouvoir la pratique des acti- vités physiques et sportives. «Des initiatives ont été prises dans ce sens précédemment.

Toutefois, aucune suite n’a été donnée. Ce sont des projets mort-nés. Cette fois-ci, le président de la République s’est engagé personnellement en inscrivant le développement du sport scolai- re dans le programme du gouvernement. A cet effet, nous avons bon espoir à la Fédération nationale du sport scolaire de voir l’aboutisse- ment de ce projet. Nous sommes présents dans

cette commission et avons des propositions», affirme, pour sa part, le président de la Fédération nationale du sport scolaire, Abdelhafidh Izem. Evoquant les conventions signées par les deux départements sur l’exploi- tation des structures sportives par les élèves du primaire, Izem a rappelé qu’«il existe un cadre législatif qui encadre l’exploitation des

établissements sportifs relevant du ministère de la Jeunesse et des Sports». «Les textes ont été jetés aux oubliettes. La convention n’a pas été appliquée sur le terrain. Seuls quelques res- ponsables locaux ont mis en exécution l’ac- cord entre les deux ministères.

Il est regrettable de constater la fermeture de ces structures de proximité pour lesquelles

l’Etat a déboursé des sommes faramineuses», ajoute-t-il. Dans un autre registre, l’enseignant d’EPS a fait savoir que ses collègues du pri- maire n’ont pas les qualifications requises pour se charger des cours d’éducation sportive.

«Nous avons proposé une formation au profit des enseignants du primaire pour qu’ils puis- sent prendre en charge cette matière dans les meilleures conditions. Cette démarche pouvait compenser l’absence d’enseignants spécia- listes, mais aucune réponse n’a été réservée à notre demande.

INCULQUER LA CULTURE DU SPORT AUX ENFANTS

Dans un second temps, nous avons suggéré que les étudiants en fin de cycle des instituts de sport effectuent leurs stages pratiques dans les établissements primaires, ce qui aurait été bénéfique pour les étudiants et les élèves. Et le ministère de l’Education n’aurait pas dépensé un sou», soutient notre interlocuteur. Le prési- dent de la Fédération nationale du sport sco- laire a mis l’accent sur l’impératif d’inculquer aux jeunes enfants la culture de la pratique sportive au quotidien. Concernant les bienfaits du sport scolaire sur la société dans son ensemble, il dira qu’«il est de notoriété que les activités sportives protègent de plusieurs maladies notamment le diabète». «L’objectif du sport scolaire est d’éduquer les enfants pour en faire des citoyens conscients et habi- tués à la pratique du sport même en amateur pour se maintenir en forme. Il est question aussi d’offrir une opportunité aux enfants de percer dans une discipline et pourquoi pas en faire des champions», conclut Abdelhafidh Izem.

nKarima Dehiles

ÉDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE À L’ÉCOLE

Relance et épanouissement

BLIDA

Le problème des fuites d’eau persiste

L

a wilaya de Blida fait face à un problème de perte de grandes quantités d’eau. Une situation due à la vétusté du réseau de distribu- tion. Des pertes estimées à plus de plus 48% de la quantité d’eau distribuée chaque jour. Le service d’entretien de l’Algérienne des eaux semble incapable de faire face au nombre important de fuites à cause du manque de moyens et de la bureaucratie des services de l’APC, qui refusent souvent d’accorder des autorisa- tions de réalisation de travaux d’entretien. Certaines fuites datent de plusieurs mois.

C’est le cas dans une vieille bâtisse, au niveau du souk, en plein centre-ville. «Nous avons sollicité à plusieurs reprises l’Algérienne des eaux, sans résultat. Nous avons tenté de réparer la fuite, mais il fallait de grands moyens», confie le loca- taire d’un petit commerce de fruits et légumes, situé dans ladi- te vieille bâtisse. Quelques mètres plus loin, une fuite d’eau date de plus d’une année, jusqu’à abîmer le bitume.

Les besoins en eau potable de la wilaya de Blida sont estimés à plus de 120.000 m3/j. Des besoins qui augmentent jour après jour dans une wilaya alimentée par plusieurs sources situées en majorité dans la montagne de Chréa. On en compte une quin- zaine, notamment celles de Sidi Aïssa, Bouchemla, Aïn Romana, Chiffa ou Sidi El Kebbir, dont le débit a nettement diminué.

D’autres ont carrément tari et le

stress hydrique, qui persiste depuis plus de trois années, s’est répercuté sur le niveau de la nappe phréatique qui a dangereu- sement diminué. Pour répondre à la demande de la population, la wilaya de Blida a  réalisé 360 forages dont 45 cette année.

Le déficit hydrique, causé par la rareté de la pluviosité ces der- nières années, est aggravé par les fuites d’eau. 

nM. Benkeddada 

L’ÉDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE RESTE MARGINALISÉE À L’ÉCOLE, alors qu’elle constitue un outil fondamental pour l’amélioration de la santé des enfants. Elle permet leur épanouissement sur les plans physique et mental et le développement et le suivi de certains enfants talentueux.

TLEMCEN

11 blessés dans une collision entre un train et un bus de voyageurs

O

nze personnes ont été blessées, samedi dernier, dans la wilaya de Tlemcen, suite à une collision entre un train et un bus de transport de voyageurs, a-t- on appris de la direction de wilaya de la Protection civile. L’accident s’est produit, samedi dernier aux environs de 16 h, sur la RN7 reliant les communes

de Tlemcen et d’Aïn Fezza, au niveau de la route menant aux grottes de Beni Add, lorsqu’un un train en provenance d’Oran vers Maghnia est entré en collision avec un bus de transport de voyageurs de la wilaya de Chlef, qui devait se rendre aux grottes de Beni Add pour une excursion touristique, a déclaré la chargée de l’information auprès de cette direction, le capitaine Djamila Aboudi. Les blessés, âgés de 15 à 31 ans, ont été transférés par les agents de la Protection civile au CHU Tidjani Damerdji de Tlemcen, selon la même source. Les services de sécurité ont ouvert une enquête pour déterminer

les circonstances exactes de cet accident, conclut la même source.

Le monoxyde de carbone fait deux victimes

D

eux personnes sont mortes, samedi dernier, dans la com- mune d’El-Hanaya, dans la wi- laya de Tlemcen, par asphyxie au monoxyde de carbone, a-t- on appris de la direction de wi- laya de la Protection civile. Une femme âgée de 30 ans et son fils de 5 ans sont morts suite à l’in- halation de monoxyde de car- bone émanant d’un chauffe- bain, dans leur domicile, sis à la cité El-Moustakbal, dans la commune d’El-Hanaya, précise la chargée d’information. Aler- tés par un proche de la famille, les éléments de la Protection ci- vile sont intervenus pour secou- rir le mari de la femme décédée et son autre fils âgé de 6 ans.

Ces derniers ont été transférés vers le CHU de Tlemcen pour recevoir les soins nécessaires et les corps des deux victimes ont été transportés à la morgue du même hôpital.

P

lusieursprojets de développement ont été ache- vés au niveau de deux villages relevant de la commune d’Aïn Boukhelil, dans la wilaya de Nâama, a appris l’APS, hier, du président de l’APC de cette collectivité locale, Zahzouh Mohamed.

Ces projets, ayant nécessité une enveloppe de 83 millions DA, ont été réalisés au niveau des villages de Sidi Moussa et Gaâloul, classés zones d’ombre, selon la même source. Ils portent sur l’aménage- ment des routes, la réalisation d’un transformateur électrique en vue de l’extension du réseau

d’alimentation de cette ressource énergétique, la réalisation et le renouvellement des canalisations d’assainissement et de drainage des eaux pluviales.

Un stade de proximité doté d’une pelouse en gazon artificiel a été aussi réalisé en plus de la réfection d’une salle de soins avec un logement d’astreinte et l’aménagement d’un puits et son équipement en kit photovoltaïque. Ces opérations s’inscrivent dans le cadre des projets de développement visant à amé- liorer le cadre de vie des habitants de ces villages isolés et classés zones d’ombre, a précisé le P/APC.

NAÂMA

Plusieurs projets de développement

concrétisés à Aïn Benkhelil

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HORIZONS • Lundi 9 Mai 2022

QUOTIDIEN NATIONAL

H orizons

Leprésident du Conseil de la nation a réitéré que la France coloniale doit reconnaître tôt ou tard le génocide du 8 mai 1945. Des massacres qu’il a qualifiés de tache noire et indélébile.

Il a rappelé que cette date a été une rupture qui a poussé le Mouvement national à passer à l’option militaire pour arracher l’indépendance.

«Une tache noire et indélébile»

Le rêve de la finale s’éloigne pour l’E S Sétif .PAGE 2

LUNDI 9 MAI 2022 8 CHOUAL 1443 N° 7634 - PRIX 10 DA

AU CŒUR DE NOS RÉGIONS Dans les entrailles

d’Oran

.PAGE 11

.PAGE 23 AMINA MEKAHLI,

POÉTESSE

«La dame au chapeau»

s’en va .PAGES 12-13

GOUDJIL À PROPOS DES MASSACRES DU 8 MAI 1945 CONSEIL DES MINISTRES

Loi sur l’investissement, nouvelle

s wilayas, Air Algérie, projet de Gara Djebilet…

Les instructions du président T ebboune.

PAGE 3

nATTAQUE TERRORISTEEN ÉGYPTE L’ALGÉRIE CONDAMNE DANS LES TERMES

LES PLUS FORTS .PAGE 24

CONSOMMATION DE MÉDICAMENTS PSYCHOTROPES

LES JEUNES COMPRIMÉS LES JEUNES COMPRIMÉS

lManque de coordination entre les secteurs : Un handicap l Mahmoud Boudarène, psychiatre :

«Les addicts sont des personnes anxieuses et mal dans leur peau»

.LIRE EN PAGES 5-6-7

FOOTBALL - C1 AFRICAINE

CONSOMMATION DE MÉDICAMENTS PSYCHOTROPES

La consommation de psychotropes prend de l’ampleur. Il suffit de consulter les bilans des services en charge de lutter contre ce mal qui font état de prises colossales. Les psychotropes, considérés comme des «drogues douces» et dont la vente est réglementée, n’en sont pas moins

dangereux. Un de nos journalistes s’est rapproché de nombreux jeunes et de leurs familles.

Les premiers racontent leur descente aux enfers et les difficultés de s’en défaire. Les secondes ne cachent pas leur désarroi face à la dérive de leurs enfants. Dans notre dossier, des praticiens

expliquent aussi les causes d’un phénomène qui nourrit la violence sociale. On présente enfin ceux qui mènent un combat, notamment à Tizi Ouzou et Blida, dans des structures ouvertes

à ceux qui veulent sortir de ce cercle vicieux.

La descente aux enfers

Par Ouali Mouterfi

I

l ne passe pas un jour sans que les services de sécurité fassent part, en quelque endroit du pays, d’une saisie de psychotropes et de l’ar- restation d’individus, isolés ou en gangs, s’adonnant au trafic et au commer- ce illicites de ces substances chimiques destinées, à l’origine, à des fins thérapeu- tiques pour les soins d’affections psycho- logiques ou de pathologies mentales plus graves. Ce détournement d’usage a été facilité par la prolifération de leur produc- tion à travers le monde et leur coût de revient désormais dérisoire comparative- ment au prix de leur vente illégal. De plus, le trafic est rendu des plus aisés par la facilité de transport et de dissimulation de ces substances. Traditionnellement en Algérie, c’est le cannabis qui dominait le marché des stupéfiants. Les drogues dures, comme la cocaïne ou l’héroïne, ou même l’ecstasy, n’ont jamais pu se tailler une part autre que marginale. Les

services versés dans la lutte contre le trafic de stupéfiants ont toujours été d’une redoutable efficacité, ce qui a gran- dement protégé la jeunesse algérienne d’une dangereuse dérive. La présence assez forte du cannabis sur le marché n’a été rendue possible que par l’existence aux frontières ouest de l’Algérie du plus grand producteur au monde de cette drogue, à savoir le Maroc. C’est un secret de Polichinelle que de révéler que le Makhzen, à cause de l’incroyable inimité qu’il voue à son voisin, protège les contrebandiers et encourage ce trafic transfrontalier illégal. La surveillance étroite de ses frontières, aujourd’hui tota- lement fermées, a toutefois drastiquement freiné ce commerce. De plus, sans cesse pourchassés, les dealers finissent tou- jours par croupir en prison. C’est dans cette situation que les trafiquants de psychotropes ont trouvé l’opportunité d’installer plus lucrativement leur sale business, profitant également des couacs du système de distribution de médica- ments et du développement de la produc-

tion locale de produits pharmaceutiques pour s’approvisionner et étendre leurs réseaux. Ce business est d’autant plus sale que les psychotropes provoquent des ravages dans le corps et détruisent inéluctablement le cerveau de celui qui s’y adonne. C’est ainsi qu’aujourd’hui la lutte ne peut plus se limiter à traquer les dealers ou surveiller les ports ; elle doit s’étendre à la surveillance des sites de production, de stockage et de distribu- tion, y compris des matières premières servant à leur fabrication, à renforcer les conditions de prescription et de vente, outre le raffermissement de l’arsenal juridique pour la répression des contreve- nants. Il est également essentiel de soute- nir les efforts des associations dans la sensibilisation de la jeunesse contre les effets néfastes des drogues et des psy- chotropes en particulier, et de mettre sur pied un réseau de prise en charge médi- cale des drogués pour les affranchir de leur addiction et aider leurs familles sou- vent démunies face à de si dramatiques situations.

nO. M.

UN SALE BUSINESS

Commentaire

LES PSYCHOTROPES SONT EN MÊME TEMPS DES DROGUES ET DES MÉDICAMENTS. Ils ont la propriété de modifier le psychisme soit

par leurs propriétés sédatives et/ou stimulantes. Ces médicaments sont censés

agir sur des états dépressifs tels que la tristesse profonde, l’épuisement

psychique et l’anxiété.

L

aconsommation de psychotropes (hypnotiques et psychodysleptiques) notamment chez les jeunes est un phénomène en expansion. Mais le problème réside dans le fait qu’ils soient uti- lisés en dehors de leur usage thérapeutique.

Le PrMohamed El Amine Bencharif, chef du service de psychiatrie légale à l’hôpital Frantz- Fanon de Blida, distingue six grandes catégo- ries, à savoir les antidépresseurs qui sont des médica- ments qui stimulent l’humeur et visent à développer l’état affectif des personnes dépressives. Les hypno- tiques ou somnifères sont prescrits en cas d’insomnie, provoquent ou maintiennent un sommeil normal c’est-à- dire avec conservation des cycles de sommeil. Ils appar- tiennent à la famille des benzodiazépines comme le Tranxène et une nouvelle classe de médicaments qui vient d’être mise sur le marché comme le Lysanxia. Les anxiolytiques ou tranquillisants servent à diminuer l’an- goisse et les manifestations de l’anxiété. Ils peuvent induire une dépendance en traitement prolongé. Les neu- roleptiques sont utilisés dans le traitement des maladies psychiatriques, notamment et principalement dans le cas de psychoses. Les thymorégulateurs, des régulateurs de l’humeur, constituent les traitements de fond du trouble bipolaire. En dernier lieu, les psychodysleptiques qui désignent les substances qui perturbent l’activité menta- le et la vigilance. Ils désignent les drogues illicites. Elles ne sont pas utilisées comme médicaments et provoquent une dépendance. «Comme tout médicament, l’usage abusif entraîne des effets secondaires. Tous les médica- ments psychotropes ou ceux utilisés en cardiologie ou dans n’importe quelle spécialité sont nocifs quand ils sont détournés de leur usage initial», souligne le PrMohamed El Amine Bencharif. Selon lui, les psy- chotropes sont détournés de leur usage initial, ce qui représente un grand danger pour la société. «Ces per- sonnes qui sont à la recherche d’un bien-être ne savent pas qu’elles sont en train de se détruire», a-t-il ajouté.

Selon le PrBencharif, les psychotropes ne sont pas les seuls médicaments utilisés en toxicomanie, il y en a d’autres consommés par les jeunes et connus sous le nom de Prégabaline, communément appelé Saroukh (missile, ndlr), destiné au traitement des douleursneuro- pathiques. Il a tenu à préciser que les saisies par les forces de l’ordre de quantités importantes de psycho- tropes ne proviennent pas exclusivement du secteur pharmaceutique ou du milieu hospitalier mais des labo- ratoires clandestins qui s’adonnent à la fabrication de ces produits avec des techniques de production très faciles. «En dehors des pharmacodépendants, il faut chercher ailleurs l’origine de ce mal et sauver l’avenir de ces jeunes», a-t-il recommandé. «La prévention est le maître-mot. Il faut aussi penser à donner des palliatifs à ces jeunes en développant chez eux la culture du volontariat et en associant également le mouvement associatif», a-t-il conclu.

nSamira Belabed

Un danger

en dehors

de l’usage

thérapeutique

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L

e Centre d’enseigne- ment, de recherche et de traitement des addic- tions (Certa), relevant du service de psychiatrie du CHU Nédir-Mohamed de Tizi Ouzou, a été inaugu- ré à la fin du mois de jan- vier 2017. Un centre d’une capacité de 40 lits dont 14 dédiés au traite- ment des addictions, notamment à celle des psychotropes. Selon le Pr Abbès Ziri, chef du servi- ce de psychiatrie dudit CHU, le Certa enregistre, chaque jour, depuis son inauguration, un nombre important de patients addicts aux psychotropes.

«Le Certa a traité, depuis son ouverture, près de 1.700 patients venant de plus de 25 wilayas du pays. C’est devenu un centre de référence dans le pays», soulignera Ziri.

Il faut dire que ce fléau social a pris des propor- tions alarmantes

en Algérie. En effet, selon les services de la sûreté de wilaya, il a été saisi, au cours des quatre pre- miers mois de cette année, 2.239 comprimés, contre 7.729 au cours de

l’année 2021. Ces com- primés, principalement du Lyrica, appelé au sein des initiés «saroukh» ou

«missile» du fait de ses rapides effets hallucino- gènes, ont été saisis chez des sujets de plus en plus jeunes. Ce «commerce»

florissant attire beaucoup la population juvénile en quête de gains faciles.

D’ailleurs, les mêmes ser- vices de sécurité ont révé- lé que depuis le début de cette année 2022, ce sont plus de 50 personnes, parmi lesquelles des lycéens ou collégiens, qui ont été interpellées dans le cadre de ce trafic, sans compter celles qui cou- rent encore dans la natu- re. Le Certa de TiziOuzou est le troisième centre traitant de l’addiction dans le pays avec ceux du CHU Frantz-Fanon de Blida et l’EHS de psy- chiatrie de Sidi Chami à Oran. Selon le PrZiri Abbès, «ce service per- met de soigner toutes sortes d’addictions : dépendance

aux drogues et psycho- tropes, à l’alcool, au tabac et autres addictions comme le jeu». «Outre des cures de sevrage, ce service assure le suivi thérapeutique des patients à moyen et long terme», fait savoir Abbès Ziri qui souligne aussi que «le Centre a également pour mission la recherche scientifique en matière d’addictologie».

Un centre qui, aujour- d’hui, souffre toujours, selon le même locuteur, du manque de moyens matériels et humains «au vu de la charge de travail et du nombre de consulta- tions en constante crois- sance. Nos équipes sont arrivées à épuisement.

Elles sont sollicitées à longueur de journée pour faire face et répondre à cette forte demande».

Des moyens humains et matériels dont le Certa a grandement besoin avec la prochaine mise en ser- vice de la nouvelle unité de méthadone pour le traitement des drogues dures. «La toxicomanie, notamment médicamen- teuse, fait des ravages aujourd’hui au sein de la société algérienne, en général, et de la popula- tion juvénile, en particu- lier. Des médicaments commercialisés légale- ment, à l’exemple du Lyrica, sont même détournés à des fins de consommation addicti- ve», souligne encore le Pr Ziri. Et de conclure :

«Certes, c’est un problè- me de santé publique, mais la santé seule ne peut faire face à ces nom- breux ravages. Il faut qu’il y ait une prise de conscience de toute la société, à commencer par la famille, l’école et autres institutions pour juguler et éradiquer ce fléau.»

nRachid Hammoutène

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HORIZONS • Lundi 9 Mai 2022

CONSOMMATION DE MÉDICAMENTS PSYCHOTROPES

La descente aux enfers

S

elon M

me Keddache, responsable de la prévention et de la commu- nication à l’ONLCDT, une étude d’évaluation de la stratégie natio- nale a été confiée, suite à un avis d’appel d’offres, au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) qui a relevé trois points faibles, à savoir le sys- tème de collecte de données non performant, le taux de réalisation des actions planifiées en deçà des attentes, malgré les moyens très importants mobilisés, et la carence dans la fonction de coordination de l’Office. «Un pro- gramme d’actions ou une stratégie nationale doivent être menés collectivement et non indi- viduellement», rappelle la responsable.

Pour MmeKeddache, «le manque de coordina- tion entre les différents secteurs impliqués dans cette stratégie nationale, à savoir, entre autres, les ministères de la Santé, de la Jeunesse et des Sports, de l’Education ou celui de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a empêché d’obtenir de meilleurs résultats». En effet, face à l’évolu-

tion préoccupante de la consommation de ces psychotropes en Algérie, des experts plaident pour un autre modèle de lutte contre l’utilisation illicite de ces substances.

Le bilan des deux premiers mois de l’année 2022 (janvier-février) relatif aux saisies de stu- péfiants et de substances psychotropes à l’échelle nationale par les trois services de

lutte (GN, DGSN et Douanes) se caractérise par la récupération de plus de 1,8 million de comprimés psychotropes de différentes marques et 61 flacons de solutions psycho- tropes. En comparaison avec les deux premiers mois de l’année 2021, au cours desquels il a été procédé à la saisie de 666.102 comprimés de substances psychotropes, 60 flacons de solutions psychotropes, il en ressort une aug- mentation de 1.166.257 comprimés de sub- stances psychotropes (+175,09%), 1 flacon de solution psychotrope (+1,67%).

Et pour le seul mois de février 2022, il a été procédé à la saisie de 91.268 comprimés et 57 flacons de solution psychotrope contre 91.9676 comprimés et flacons de solution psy- chotrope durant le mois de janvier 2022.

nM. Benkeddada

OFFICE NATIONAL DE LUTTE CONTRE LA DROGUE ET LA TOXICOMANIE

Les stratégies nationales ont échoué

BISKRA : Saisie de plus de 16.000 comprimés

TRAITEMENT DE L’ADDICTION À TIZI OUZOU

Le Certa, un centre de référence

MAHMOUD BOUDARÈNE, PSYCHIATRE

«Les addicts sont des personnes anxieuses et mal dans leur peau»

Entretien réalisé par Fatma-Zohra Hakem

L

a prise en charge des addicts aux psy- chotropes devrait intervenir en amont en créant un véritable obstacle entre les per- sonnes fragiles et les drogues. C’est la pré- conisation majeure du Dr Mahmoud Boudarène, psychiatre exerçant à Tizi Ouzou.

Qu’est-ce qui pousse les jeunes à consommer des psychotropes en dehors des prescriptions médicales ?

C’est le besoin de trouver du plaisir. Ceux qui prennent des psychotropes n’ont pas accès aux autres drogues ; donc, ils consomment ce qu’ils ont sous la main.

Ces consommateurs ont-ils un profil particu- lier ?

C’est le profil de la personne qui a des conduites d’addiction et d’intoxication aux substances. Ce sont des personnes qui sont a priori normales, mais qui se retrouvent à consommer des drogues. Certaines en deviennent des addicts. Mais en général, ceux qui sont à la recherche de psychotropes sont des per- sonnes anxieuses, mal dans leur peau. En se dro- guant, ils cherchent l’apaisement, la tranquillité, le plaisir.

Est-ce qu’il y a possibilité de sortir de l’addiction aux psychotropes ?

Si on arrive à trouver des substituts efficaces à la drogue, on peut s’en sortir. Mais généralement, c’est difficile parce qu’il faut changer de milieu, car ceux

qui prennent ce genre de substances se droguent en groupe. Ce sont en général des polytoxicomanes. Ce qui sous-entend l’impérieuse nécessité à ceux qui souhai- tent s’en sortir de quitter cet environne- ment. Souvent, la prise en charge requiert un autre milieu, puisqu’il faut éloigner la personne addicte de son environnement et lui trouver des substances de substitution qui peuvent l’aider à supporter le manque.

L’activité physique fait aussi partie de la thérapeutique car le cerveau fabrique des endorphines qui sont des substances qui ont des effets similaires aux psychotropes.

La prise en charge des toxicomanes peut-elle aussi relever de l’institutionnel ?

Oui, mais il faut agir sur plusieurs paramètres. Il ne faut pas uniquement agir sur les drogues, mais l’idéal est de s’éloigner des milieux où on en consomme. Il faut créer un obstacle entre l’individu fragile suscep- tible de devenir toxicomane et la substance. En plus de cela, il faudrait créer un environnement favorable à l’épanouissement des jeunes pour qu’ils vivent dans le bonheur, sans angoisse. Dans ce cadre, il y a néces- sité de leur assurer du travail, des loisirs...

Quid du rôle du milieu familial ?

Oui, les personnes qui sont à l’étroit chez elles vont chercher le confort dans la rue, en quête de drogues.

Il faut leur assurer des facilités sociales, des loisirs, leur ouvrir des salles de cinéma, de théâtre et de sports. Il faut aussi qu’il y ait plus de répression dans la lutte contre ce fléau. Tout comme il faut de la péda- gogie et la création d’associations pour aider et sou- tenir ces personnes.

nF. Z. H.

LES DEUX STRATÉGIES NATIONALES de prévention et de lutte contre la drogue et les addictions, mises en œuvre successivement par l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT), pour les périodes 2015-2018 et 2019-2023, n’ont pas connu de résultats probants.

Raisons : le manque de coordination entre les différents secteurs impliqués dans cette stratégie, ce qui a faussé l’objectif tracé axé sur une approche

équilibrée pour la réduction de l’offre et de la demande de drogues.

L

es services de la Gendarmerie nationale (GN) de la wilaya de Biskra ont saisi plus de 16.000 comprimés psychotropes et procédé à l’arrestation de deux individus suspectés d’être impliqués dans cette affaire, a indiqué, samedi dernier, le Groupement territorial de ce corps de

sécurité. Cette saisie intervient dans le cadre des descentes effectuées par les élé- ments de la Gendarmerie nationale au niveau du territoire de la wilaya donnant lieu à l’arrestation de deux individus qui transportaient 16.500 comprimés psycho- tropes à bord d’un véhicule touristique, a

précisé la même source. En plus de la sai- sie de ces psychotropes, dont la valeur est estimée à 6 millions DA, les mêmes ser- vices ont procédé à l’arrestation de deux individus âgés de 29 et 42 ans, suspectés d’être impliqués dans cette affaire, a-t-on souligné.

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I

l est 22 heures passées. Nous nous sommes aventurés dans l’un des quar- tiers populeux de Bab El Oued. Sous la vétusté des immeubles du Groupe Taine, des jeunes rôdent en contrebas.

Âgés de moins de vingt ans pour cer- tains, ils n’hésitent pas à orienter des passants de la même tranche d’âge en quête de «bonbons». Ils analysent le compor- tement et la carrure. Les consommateurs, nous dit-on, sont facilement repérables. Ce n’est qu’en acceptant de jouer le jeu de ces jeunes que nous mesurons l’ampleur de la toxicoma- nie chez la jeunesse. Après l’échange d’opi- nions, de conseils et de points de vue, les langues se délient. Les jeunes que nous avons rencontrés confient avoir du mal à se construi- re, à s’en sortir financiè-

rement et, brisés par l’addiction, ils n’avaient d’autre choix que de vendre de la drogue à leur tour pour pouvoir se la payer.

Mohamed (les noms ont été changés pour garder l’anonymat des concernés), est âgé de 21 ans. Il a commencé à toucher à la drogue à 17 ans. Il avait pourtant un travail, se confie le jeune, l’âme en peine, et ne manquait de rien.

«J’ai succombé aux ten- tations des copains.

Sincèrement, je ne me suis jamais imaginé tomber dans le piège des stupéfiants», raconte-t-

il. Cette initiation à la toxicomanie à travers les fréquentations est évoquée à l’unanimité par toutes les personnes rencontrées.

Mohamed nous présentera son ami et voisin, Ramel. A peine âgé de 18 ans qu’il connaît déjà tout un rayon sur les psychotropes.

Pourtant, le jeune a réussi à s’en défaire. Avec l’aide de ses parents, il a été admis au Centre de prévention et de lutte antidrogue, implanté à la forêt de Bouchaoui. Il nous invitera à les rencontrer et à recueillir leurs témoignages poignants. La maman, la cinquantaine consommée, nous raconte comment elle a sauvé son fils de la «perte». Aimant et affec- tueux, Ramel n’avait pas de mauvaises fré- quentations et ses amis étaient connus des parents. «Du jour au lendemain, son compor- tement a totalement changé. Il a commencé à être de plus en plus distant et était beaucoup sur la défensive», nous dit Nadia, sa maman.

Inquiète, elle n’hésite pas à informer le papa et

invitent leur enfant à discuter. «Il dormait énormément, mais nous étions loin de penser qu’il se dro- guait», poursuit le père d’un ton désem- paré. «Je n’avais rien décelé au début. Ma femme a remarqué que notre fils avait souvent les yeux rouges. C’est ce qui l’a alertée», poursuit notre interlo- cuteur. «J’ai tenté d’évoquer le sujet à maintes reprises, mais

Ramel avait du mal à se confier. Il niait et refu- sait d’admettre. Un jour, il a fini par avouer car il voulait en finir. Il nous a raconté avoir essayé avec ses copains des pilules et, rapide- ment, l’addiction s’est installée», raconte la maman, dont l’addiction de son fils a coûté cher à la famille, qui a dû payer les dettes contractées auprès du dealer par peur de repré- sailles. Ramel, de bon gré, a suivi des séances de désintoxication et affirme n’avoir touché à aucune drogue depuis plus de 5 mois.

«MA VIE NE TOURNE QU’AUTOUR DES DROGUES»

Sa sobriété est encore fragile et affirme mener un combat singulier contre lui-même pour ne plus y penser. Quel que soit le milieu social, qu’ils soient sportifs ou d’activité extra-scolaire, adolescents et moins jeunes finissent par succomber à la tentation des drogues, après une simple histoire d’imiter les copains. Une fois qu’ils y ont goûté, la tenta-

tion mène souvent sur le chemin de la perdition. Alors que les parents ont du mal à aborder le sujet des drogues avec leurs enfants, ces derniers éprou- vent également des difficultés à vivre pleinement. C’est le cas de Ramzi, résidant à Hussein Dey, qui admet avoir commis une

«irréparable erreur» en essayant de consom- mer des psychotropes. Il confesse qu’il a du mal à se «libérer de ses vieux démons». Il est consommateur depuis plus de six ans.

Aujourd’hui, il est âgé de 22 ans. Il a quitté l’école pour se consacrer pleinement à son addiction. Son univers ne tourne qu’autour des drogues. Cette déchéance lui a également fait perdre sa famille et ses amis qui ne lui adres- sent plus la parole. «Je ne contrôle plus ma vie.

J’ai commencé à l’âge de 16 ans alors que je me déplaçais avec des amis pour voir des matchs de football. C’est à ce moment-là, insouciant, que la descente aux enfers a com- mencé», souligne-t-il. Sans perspectives, il assure vouloir prendre sa vie en main. «Je vais arrêter de vendre et de consommer des stupé- fiants», affirme Ramzi avec amertume. Sa prise de conscience le pousse à en parler à sa famille qui l’encourage et l’accompagne dans sa désintoxication. «Je ne suis plus le même.

Je ne me reconnais plus. Depuis que j’ai com- mencé à me droguer, les choses vont mal pour moi. J’ai surtout sur la conscience la consom- mation de jeunes adolescents à qui j’ai vendu de la drogue et qui sont devenus par la suite accros. Cela me pèse énormément», confie-t- il. Le sourire tendre et plein d’espoir, Ramzi veut quitter le milieu du «Saroukh» et «El Hamra». «Quelques instants de bonheur éphé- mère ne valent rien devant une vie gâchée», admet-il.

LA PILULE NE PASSE PAS Au vu et au su de tous, dans plusieurs quar- tiers de la capitale, les psychotropes se ven- dent comme des petits pains, et ce, en plein jour. Au moins une centaine de lieux clandes- tins de vente de stupéfiants sont dénombrés, alors que certaines communes sont devenues de véritables plaques tournantes de trafic.

Ouled Fayet, Aïn Benian, Kouba, Alger- Centre, Chéraga, Staouéli, Zéralda, Bab Djedid, les Barreaux- Rouges et beaucoup d’autres localités ont le vent en poupe. On y vend le «Gendarme»,

«Saroukh», «CRB» ou encore «Milka». Ce ne sont là que quelques noms de psychotropes écoulés. Et pour mieux brouiller les pistes des services de sécurité, les jeunes vendeurs choisissent de donner des pseudos, tels que

«Castor», «Dokdok» et

«Flicha» pour n’en citer que ceux-là.

Quant aux prix des psychotropes, ils varient entre 100 et 800 DA le comprimé, selon l’intensité de l’effet provoqué. Pour les plus aisés, ce sont des pilules qui se négocient entre 1.000 et 3.500 DA. Au pied des immeubles des cités, dans les quartiers rési- dentiels et même au centre-ville, le voisinage dit souffrir de ces trafics qui mettent à mal leur quotidien. Ils craignent également de voir leurs enfants basculer dans ce milieu. Karim, quadragénaire, résidant à la cité Maya à Hussein Dey, fait savoir que le trafic de stupé- fiants est devenu tellement flagrant que même les parents sont au courant de qui sont les dea- lers et qui s’en procure. «Nous vivons un enfer. J’ai même peur que mes enfants n’es- saient à l’école. Je les sensibilise fréquemment pour qu’ils aient peur et n’y touchent pas.

Mais les stupéfiants sont tellement présents qu’il faudra employer les grands moyens pour éradiquer le phénomène», souligne notre inter- locuteur.

Il ajoute que le voisinage tente de limiter les ventes en allant voir directement les dealers et de les sensibiliser. «Avant le Ramadhan, une dizaine de volontaires se sont donné rendez- vous à la mosquée du quartier et sont sortis sensibiliser les jeunes sur la consommation des psychotropes. Cela a fini en émeutes. C’est très difficile pour les parents de voir leur pro- géniture prendre des chemins escarpés alors que l’avenir pourrait leur réserver de belles choses», poursuit-il. Aujourd’hui, des rive- rains s’attellent à la signature d’une pétition pour en finir avec la vente de stupéfiants dans leur quartier.

nWalid Souahi

D

ans sa campagne de lutte contre le trafic de drogue, les ser- vices de police continuent de saisir des quantités impor- tantes de psychotropes, à travers tout le territoire national. De pays de transit, l’Algérie est passé ces dernières années à celui de consommateur, de l’aveu même des officiels. Le phénomène prend des proportions alarmantes, malgré les moyens déployés par les forces de sécurité. Rien que pour le mois d’avril dernier, la brigade de lutte contre le trafic de drogue à la circonscription administrative ouest de la police judiciaire de la sûreté de wilaya d’Alger a saisi, suite à l’arrestation de plusieurs trafi-

quants, 127.200 comprimés psychotropes. En mars dernier, le service de wilaya de la police judiciaire d’Alger a réussi à mettre la main sur 34.678 comprimés de ces substances. Au mois de janvier, les services de la Gendarmerie nationale de Djenane Sfari à Alger ont également démantelé un réseau de trafic de stupéfiants et saisi 2.333 comprimés psychotropes de différents types. Durant la même période, la brigade mobile de la police judiciaire relevant de la sûreté de la circonscription administrative d’El Harrach a saisi 24.000 comprimés. Selon un rapport établi par les services de police, le trafic de stupé-

fiants est en nette croissance. Des saisies de quantités impor- tantes de stupéfiants sont réalisées quotidiennement par les ser- vices de sécurité. En se basant sur le bilan statistique de l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie, couvrant la période allant de janvier 2021 à août 2021, et qui englobe les saisies effectuées par les services de police, de la gendarmerie et des Douanes,«il y a eu la saisie 3.110.379 com- primés de substances psychotropes de différentes marques, 193 flacons de solutions psychotropes et 29.545 gélules».

nSamira Azzegag

DGSN ET GENDARMERIE

Saisies en hausse

ALGER SOUS LES PSYCHOTROPES

Jeunesse à la peine

ILS ATTENDENT, POUR LA PLUPART, que les rues se vident. A l’entrée des immeubles, en une poignée de main, les jeunes s’échangent. Entre dealer et consommateur, il y a comme une complicité. A Alger, malgré l’euphorie provoquée

par la drogue, de nombreux jeunes confient être coincés entre le marteau et l’enclume.

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HORIZONS •Lundi 9 Mai 2022

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CONSOMMATION DE MÉDICAMENTS PSYCHOTROPES

La descente aux enfers

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