HAL Id: hal-00900836
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Submitted on 1 Jan 1975
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ÉVOLUTION DES ANTICORPS CIRCULANTS CHEZ LES BOVINS TRAITÉS CONTRE L’HYPODERMOSE
Chantal Boulard, C. Hope, M. Jastrabsky
To cite this version:
Chantal Boulard, C. Hope, M. Jastrabsky. ÉVOLUTION DES ANTICORPS CIRCULANTS CHEZ
LES BOVINS TRAITÉS CONTRE L’HYPODERMOSE. Annales de Recherches Vétérinaires, INRA
Editions, 1975, 6 (2), pp.143-154. �hal-00900836�
ÉVOLUTION DES ANTICORPS CIRCULANTS CHEZ LES BOVINS
TRAITÉS CONTRE L’HYPODERMOSE
Chantal BOULARD
C. HOPE M. JASTRABSKY
Laboratoire de Zoologie, I. N. R. A., .,
Institut national agronomique, 16, rue Claude Bernard,
7.5005 Paris
SUMMARY
COMPARATIVE EVOLUTION OF BLOOD ANTIBODIES IN CATTI,E INFESTED WITH HYPODERMOSIS AND TREATED WITH DIFFERENT INSECTICIDES.
Immunological response to hypodermosis is studied by a passive hemagglutination method
in three groups of cattle naturally infested during the spring of 1972.
In the autumn, one group was treated with fenthion and another with niclofolan, a drug generally used for distomatosis, but also efficient in hypodermosis and free from side-effects.
The third group served as a control.
Two kinds of immunological response are observed after use of the insecticide. In the group treated with fenthion, there is a rapid drop in antibodies during the 3 days following treatment ; this increases for the next 2months up to a very low level, which is stable for 3 months (fig. 3,
4 , 5
). During the same period, antibodies in the control group increase regularly to reach a maxi-
mum in April or May (fig. 1, 2).
The immunological response of the host is closely related to the antigenic stimulation of the larvae.
In the group treated with niclofolan, the slow drop in antibodies suggests that there is a
parallel drop in the number of larvae during the month following treatment.
A study of the other group shows that larvae are affected in the z! hours following fenthion
administration. This agent, as well as all organophosphorous compounds, are well-known to act
efficiently on larvae and have anaphylactic-type side-effects on the host.
The massive degradation of larvae should have induced an important antigenic reaction, but no increase in the antibodies of the host is observed ; there is even a rapid drop in the number of larvae immediately after treatment.
This fact is investigated further by experiments on guinea pig : the role
of antigen-antibody
complexes is studied by passive anaphylaxis. It appears that shock reactions, following use of organophosphorus insecticides, have a true hyper-sensitivity origin, and are increased by the intrin- sic toxicity of the first instar larvae.Key-words : hypodermosis, Hypoderma lineatum, Hypoderma bovis,
cattlegrub,
serological antibodies, passive hemagglutination,
insecticidesorganophosphorus.
INTRODUCTION
La lutte contre
l’hypodermose
s’est intensifiée au cours des dernièresannées,
les éleveursdisposent
d’une gamme decomposés organophosphorés
très efficacescontre les
larves
d’H. bovis etd’H.
lineatumresponsables
de cette maladieparasitaire
des bovins.
Cependant,
en fonction de l’insecticide utilisé et de laphase
évolutivede la maladie lors du
traitement,
une série d’effetssecondaires,
aboutissantparfois
à la mort de
l’animal,
ont été observés.L’étiologie
en est obscure et la toxicité mêmedu
produit
ne semble pas en cause.Afin de mieux saisir
l’importance
des divers facteursinterférant
dans ces acci-dents,
il convient derappeler
brièvement lescycles
et lesparticularités physiolo- giques
des deuxparasites,
ainsi que les réactions de défense d’ordreimmunitaire
observées chez l’hôte normalement infesté.Les adultes d’H. lineatum et d’H. bovis s’observent en France
de juin
àseptembre.
Des oeufs fixés sur le
poil
des bovins à lafaçon
de lentes naissent de minuscules larvesqui pénètrent
dans l’hôte par voie transcutanée. Ces larves infestantes ou larves de ier stadepoursuivent
alors unelongue migration
de 8 à 10 mois dans letissu
conjonctif.
Deux voies demigration
sontempruntées
suivantl’espèce.
Leslarves d’H. tineatum suivent de
façon préférentielle
lesplans conjonctifs
de lapartie
antérieure de l’animal et
passent
engrand
nombre dans la sous-muqueuseoesopha- gienne.
Les larves d’H. bovismigrent plus fréquemment
dans lapartie postérieure
du corps du bovin en suivant les
gaines conjonctives
des nerfs etpénètrent parfois
par les trous de
conjugaison jusque
dans le canal rachidien. Les larves des deuxespèces
aboutissent finalement dans le tissu sous-cutané dorsal de l’hôte. C’est alors seulementque
s’effectuent lespremière
et deuxième mues larvaires donnant leslarves de
deuxième
et troisièmestades ;
celles-ci connues sous le nom de varons sontimmobiles, enkystées
dans un nodulegranulomateux
etpercent
unpertuis
à traversle derme et
l’épiderme
du bovinqui
les met en communication avecl’extérieur,
carelles sont aérobies. Cette
phase enkystée
est très courte, de l’ordre de 2 mois. Les larves au stade 3s’échappent
finalement de l’hôte par lepertuis
et tombent sur le sol où elless’empupent. Après
unmois,
la pupe libère un adulte ailé. Lecycle
est ainsi bouclé annuellement.Des
particularités physiologiques
caractérisent chacun des stades larvaires.Les larves
endoparasites
depremier
stadeont,
du fait de leurcomportement
demigration,
unéquipement enzymatique important qui
leurpermet
de progresser dans le tissuconjonctif
de l’hôte. Parailleurs,
elles ont laparticularité
d’avoir unintestin moyen
aveugle
dans lapartie postérieure,
où va s’accumuler un contenuamorphe
constitué des tissuslysés
del’hôte, mais, également, d’enzymes digestives
larvaires
qui
ont contribué à cettelyse (B OULAR D, i 9 69).
Les larves de deuxième et troisième stades ont une alimentation d’un tout autre
type,
senourrissant
audépens
desglobules
blancs abondants dans legranulome qu’elles
induisent etpossèdent
unéquipement enzymatique digestif
fondamenta- lement différent.Des travaux récents
(BO UL A RD
et W!rrr’rRaus,1973 )
ont mis enévidence
l’im-portance antigénique
des enzymesdigestives
des larves dupremier
stadequi sont, parmi
lesprotéines larvaires,
cellesqui
induisent chez l’hôtel’apparition d’anticorps
circulants les
plus précoces
et dont le taux croîtrégulièrement
tout aulong
de laphase endoparasitaire.
Au stade 2 et 3, les modifications
physiologiques
des larves sont telles que les réactions immunitaires de l’hôte apparues contre le stade irégressent
et s’annulenttotalement au début du stade 2.
Parmi les remaniements
profonds
que subit lalarve,
ce sont ceuxqui
affectentle tube
digestif qui
ont l’incidence laplus
nette sur l’évolution ducomportement
immunitaire de l’hôte.Dès la fin de la
première
muelarvaire,
il s’établit une communication entre l’intestin moyen et l’intestinpostérieur qui permet l’expulsion
de l’ensemble pro-téique qui s’y
est accumulé au cours dupremier
stade larvaire ainsi que des nom-breuses enzymes
digestives
dont le rôleantigénique
adéjà
étéprécisé (B OULARD , 1970
). Libérées
massivement dans les tissus de l’hôte en untemps
relativement court, deux àquatre semaines,
ellesprovoquent
chez celui-ci une remontéefréquente
de son taux
d’anticorps
circulants(fig. 2 ).
Cette réaction estcependant
de courtedurée,
elle s’atténuerapidement
et tend à s’annulerlorsque
toutes les larves sontpassées
aux deuxième et troisième stades. Aucune communautéantigénique
n’aété mise en évidence entre le
premier
stade larvaire et les deux stadessuivants,
niaucune réaction immunitaire vis-à-vis des larves
enkystées.
La
gravité
des troubles observésaprès
un traitement par uncomposé
organo-phosphoré peut
varier suivantl’époque
du traitement et l’insecticide utilisé.Par
ailleurs,
lessymptômes
observés revêtent diversaspects
enrapport
avecl’espèce d’Hypoderme
infestante.Cependant,
tous les animaux traitésprésentent
invariablement lessymptômes
suivants :inappétence marquée,
raideur des membrespostérieurs
et de larégion sacro-lombaire,
météorisation etfréquemment
diarrhée.Lorsque
les cass’aggravent,
ils évoluent suivant deux
types :
- Chez des animaux
parasités
par H.lineatum,
desoesophagites aiguës
avecoedème
empêchent
tant l’alimentation que laréabsorption
de la salive et donnentaux bovins une apparence de salivation
excessive,
que neprésente
pas un animalnon
parasité
et traité avec des dosesidentiques d’organophosphorés.
Puis l’étatpeut empirer,
les animaux restentprostrés
et en état dedyspnée
intense. Chez les animaux dont l’oedème nerégresse
pas etqu’il
estimpossible d’alimenter, l’abattage s’impose.
- Chez les bovins
plus particulièrement parasités
par H.bovis, l’apparition
d’oedème dans la
région
sacro-lombaire et à la racine des nerfsspinaux peut
entraîner desparalysies
uni ou bilatérales des muscles de larégion
lombaire et des membrespostérieurs. Parfois,
des lésionsplus
sérieuses des nerfs ou de la moelleobligent éga-
lement à
l’abattage.
’Dans ces deux
types d’accidents,
certainssymptômes
comme laparalysie
desmembres
postérieurs
oul’oesophagite
sont liés aux voiesspécifiques
demigration
propres à chacune des
espèces d’Hy!odeyme,
mais l’ensemble des réactions observéesrappelle
lesyndrome
d’un choc detype anaphylactique.
Afin de vérifier cette
hypothèse
etpuisqu’il s’agit
d’unphénomène
essentiel-lement
immunitaire,
nous nous sommesappliquée
à suivre l’évolution de cetype
deréaction chez les bovins infestés ayant subi des traitements insecticides entraînant des effets secondaires
plus
ou moins graves.Au cours de cette
étude,
nous avons abordé unaspect
de la réaction immunitaireen suivant
l’évolution
desanticorps
circulants.MATÉRIEL
ETTECHNIQUES
L’expérimentation s’est déroulée au domaine de l’I. N. R. A. à Theix sur quatre lots d’ani-
maux : 3 de 7 taurillons, nés au printemps 1972 et parasités naturellement par H. bovis et H
. lineatum au cours de l’été i9!2, et i de 11 animaux, nés au printemps 1973 et parasités au
cours de l’été 1973.
- Les animaux du lot n° i, de race Fvisonne, ont été traités au début de novembre 1972 par un insecticide organophosphoré, le fenthion (1), par application cutanée (méthode dite
du « pour-on ») à raison de mg/kg. Cet insecticide a été retenu pour sa bonne efficacité par voie générale et parce que des accidents de type anaphylactique ont été enregistrés après son emploi.
- Les animaux du lot n° 2, de race Salers, ont reçu début décembre 1972, par voie orale, du niclofolan (2) dinitro-3-3’
biphényl).
Cet anthelmintique utilisé couramment dans le traite- ment de la distomatose s’est révélé assez efficace contre l’hypodermose sans causer les effets secon-daires observés après l’emploi d’organophosphorés (MAGAT, FAURE, 1970).
- Les animaux du lot n° 3, de race Salevs, placés dans les mêmes conditions que ceux des deux lots précédents et non traités ont servi de lot témoin.
- Les animaux du lot n° 4, nés au printemps 1973 issus d’un croisement Salers Chavolais, ont reçu une application de fenthion (1) dans les mêmes conditions que le lot n° i.
Les réactions sérologiques en vue du diagnostic ont débuté une semaine à un mois avant
chaque traitement (sauf pour le lot n° i) et ont été poursuivis pendant 6 à 8 mois à raison d’un
examen toutes les trois ou quatre semaines pour les lots r, 2 et 3. Des examens plus fréquents
ont été pratiqués sur le lot n° .1 à l’époque du traitement. La détermination du titre des anticorps
a été réalisée par la technique d’hémagglutination passive, dans les conditions décrites précédem-
ment (BOULARD, SoRm et SORIA, i9!o). L’antigène sensibilisant les globules rouges est un extrait
partiellement purifié des larves de premier stade
d’Hypoderme.
RÉSULTATS
A. -
AnaLyse
des réactions des animauxparasités
et non traités(lot
témoin n°3)
Malgré
des fluctuationsindividuelles,
l’évolutiondes
titressériques
des animauxnon traités
(fig.
i etfig. 2 )
se caractérisependant
lapériode expérimentale
par un accroissementrégulier
du tauxd’anticorps
circulants. Chez certainssujets
les titresse
stabilisent,
maisjamais
nous n’avons observé de chute desanticorps
circulantsavant avril.
I,es
fluctuations
individuelles observées au cours des mois de décembre à avril ontété
attribuées à la mortsporadique
etplus
ou moins lente de larvesmigrantes.
La
lyse
de celles-ci libère momentanément un ensemble deprotéines,
dont celles stockées dans le tubedigestif,
àgrand pouvoir antigénique
etqui
sont àl’origine
d’un accroissementtemporaire
des titres.( 1
) Tiguvon Bayer.
( z
) Bilevon Bayer.
Il est certain
qu’à
côté de ces facteurs d’ordrepurement
immunitaire inter- viennentégalement
des fluctuations individuelles dues à l’étatphysiologique
del’hôte.
Les
prélèvements
de sang n’ont pu être réalisés au-delà de mai sur le lot témoin n° 3(fig. z).
Néanmoins les réactions immunitairesenregistrées jusqu’à
cettedate sont très
comparables
à celles observées chez les animaux de racedifférente,
situées dans des conditions voisines depâturage (fig. 2 ),
ou de celles décrites lors d’infestations artificielles de bovins(R OBERTSON , 19 66)
ou delapins (B OULARD
etWE
I
NTRAUB, 1973).
B. -
Analyse
des réactions des lots d’animauxparasités
et traités aux insecticides
organophosphorés
Les animaux
ayant
subi un traitement aux insecticidesorganophosphorés
onttous eu des réactions humorales très
caractéristiques
et ontréagi
d’unefaçon
homo-gène
au cours des deux années consécutives(fig.
3et5).
Bien que ces traitements ne soient
pas statistiquement comparables
parce queportant
sur des races différentes et avec des animaux soumis à des conditions variées deparasitisme,
nous avonsenregistré
une chute trèsmarquée
desanticorps
chez tousles bovins traités que nous avons suivis
(fig.
3, 4,5).
Les réactions des individus du lot i ont été
comparées
à celles du lot 3 témoin à titre indicatif car les animaux de ces deux lots n’étaient pas de même race, maisse trouvaient en même
temps
dans les mêmes conditions d’infestation aupâturage (fig. 4 ).
La
comparaison
aporté
sur les moyennes des titressériques
dechaque
lot en fonction dutemps. Ces
courbes sontportées
sur lafigure
4etchaque point
est enca-dré par son intervalle de confiance
(Q
=0 ,95).
En dehors de la
première
mesure, effectuée un moisaprès
letraitement,
les intervalles de confiance de ces deux séries de résultats ne coïncident pas, l’évolutionmoyenne des titres de chacun des lots se révèle dissemblable.
L’examen
des courbes de lafigure
4 et 5 met en évidence une chute du taux desanticorps
circulants au cours des deux mois suivantl’application
de l’insecticide.Les titres se stabilisent ensuite
pendant plus
de deux mois avant de subir les varia-tions que nous avons
déjà
observées dans le lot témoin. Cetteaugmentation
du tauxd’anticorps
àpartir
d’avril seproduit
chez desanimaux
dont toutes les larvesn’ont
pas été détruites par le traitement etqui
effectuent alors leurpremière
mue larvaire(fig.
I et2 ).
Ces résultats
manquaient de précisions
concernant lespremières phases
duphénomène.
Nous avons doncrepris
cetteétude
sur m bovins enmultipliant
lesprélèvements
au cours des deux mois suivantl’application
de l’insecticide.La
figure
3 illustre les réactions immunitairesenregistrées,
réactionsqui
s’ac-cordent
parfaitement
avec les observations réalisées sur le lot i(fig.
3,5).
Cettechute
d’anticorps
estperceptible
chez certainssujets
dès le troisièmejour après
letraitement et affecte tous les animaux dans la semaine suivante.
Paradoxalement,
alors que la mort des larves et leurlyse
devraient entraînerune libération de
protéines
larvaires et une montée desanticorps
circulants, nous n’avons observé ce faitqu’une
fois sur les m cas suivis.C. -
Anatyse
des yé,actio!2s des animaux du lot2, parasités
et traités au Bitevon(fig.
6 et7)
Les animaux traités au Bilevon
(lot 2 )
ont une réactionhomogène qui s’oppose
nettement à celle d’animaux traités aux
organophosphorés (fig.
5 et6).
Onpeut
constater
qu’aucune
chuted’anticorps
n’estenregistrée
au cours de la semainesui-
vant le traitement et que l’ensemble des animaux de ce lot se
comporte
commeceux du lot témoin
pendant
la mêmepériode (fig. 7 ).
Ce n’est que trois semaines environaprès
le traitement que nous constatons l’amorce d’une chute des titressériques qui
ira ens’amplifiant
au cours du mois suivant. Au troisièmemois,
on assiste à une stabilisation du tauxd’anticorps
ou à une atténuation de leur chute.Les animaux dont les titres sont restés élevés ont
présenté
en mai(fig. 6)
un nombreélevé de varons dont
beaucoup
n’ontcependant
pas atteint leurcomplète
maturité.Il semble que, dans cette
expérience,
le niclofolan aitprovoqué
une mort lente etprogressive
des larvesqui
s’est étalée sur trois mois. Ainsi se trouve réaliséeexpéri-
mentalement une série de
décharges antigéniques
semblables auxpremières
mueslarvaires se
produisant
chez les témoins au cours du mois de mai.DISCUSSION
L’évolution
du tauxd’anticorps
circulants que nous avons déterminée chez les animauxparasités,
traités ou non, est fonction de l’intensité de l’infestation et du mode de traitement utilisé.L’analyse
des résultatspermet d’approcher
certains mécanismesqui
sont àl’origine
des chocs observés chez lesbovins,
essentiellementaprès l’emploi
decomposés organophosphorés.
La diversité des réactions des bovins aux différents insecticidesemployés
dans la lutte contrel’hypodermose
a amenéplusieurs
auteursà en rechercher les causes. En 1971, KHAN aborda un des
aspects
de laquestion
ensuivant la
désagrégation
des larvesmigrantes
dans les tissus desbovins,
24 heuresaprès l’application
de diverscomposés organophosphorés
utilisés couramment. Il meten évidence une corrélation très nette entre la vitesse de destruction des larves et la sévérité des lésions tissulaires de l’hôte à leur contact. Il nous
paraît
difficile d’attri-buer ces
lésions, toujours oedémateuses, uniquement
à unelibération d’enzymes protéolytiques larvaires,
d’autantqu’elles s’accompagnent toujours
d’effets secondai-res de
type anaphylactique
affectantlargement
l’étatgénéral
de l’hôte.En examinant nos
résultats
sur lecomportement
immunitaire des bovinsaprès
ces
traitements,
il semble que lephénomène
soitplus complexe
et qued’autres
méca- nismes soient en cause, notamment des réactionsd’hypersensibilité.
La
comparaison
de la réaction immunitairejuste après
le traitement chez des animauxayant
reçu divers insecticides faitapparaître
une différencemarquée.
Alors que chez les animaux traités au
Bilevon,
on observe au cours de la semaine suivant le traitement un accroissementrégulier
des titressériques, comparables
àceux des animaux témoins au même stade
évolutif,
chez les animaux traités auxorganophosphorés,
on note une chute desanticorps
circulants immédiate etrapide.
La courbe des titres
sériques
des animaux traités au Bilevon ne commence à s’infléchirqu’au
cours du mois suivant letraitement, puis
les titres subissent une chute lente etrégulière pendant
trois mois sansprésenter d’importants
écarts avecle lot témoin
(fig. 7 ).
Dans ce cas, les larves sont tuéesprogressivement,
entraînantune
régression parallèle
de la sollicitationantigénique.
Il est intéressant de noter que ce traitement ne s’est pasaccompagné
de réaction detype anaphylactique
chezl’hôte.
Dans le cas d’un traitement aux
organophosphorés,
la mort des larves est presque immédiate et leurlyse
estenregistrée
dans les 24 heures. Les tissus de l’hôte à leur contactapparaissent
alors très cedématiés etlargement
infiltrés delymphocytes
etd’éosinophiles (Bou!,axD, 1975 ).
La libération massive desprotéines
larvaires est àl’origine
de cetteinflammation,
mais elle sembleamplifiée
par des facteurs secon-daires. En
effet,
cephénomène
inflammatoires’accompagne
d’une exsudationplas- matique
contribuant à mettre en contact lesanticorps
circulants et lesantigènes homologues qui
viennent d’être libérés. Lescomplexes antigènes-anticorps formés,
de par leurpouvoir inflammatoire, amplifient
la réaction et enconséquence
favo-risent
l’épuisement
desanticorps
circulants comme nous avons pul’enregistrer.
Les accidents
plus fréquents
etplus
graves observés en fin decycle
larvairemigratoire peuvent s’expliquer
par les différences de taille des larves. Celles-ci peu- vent atteindre 20 mm delong
en mars, elles ne font que 8 à 12 mm ennovembre,
par ailleurs les titres enanticorps
circulants croissentjusqu’en
avril. Lescomplexes antigènes-anticorps
formés sont doncplus abondants,
mais il estprobable
aussiqu’une
masseplus importante
deprotéines
larvaires est entraînée dans la circulationgénérale.
Cesprotéines
larvaires entrant en contact avec lesanticorps,
et notam-ment ceux
qui
sont fixés sur lesparois vasculaires,
sont àl’origine
de la libération de médiateurschimiques
commel’histamine,
labradykinine
et la sérotonine.Or,
l’ensemble dessymptômes enregistrés après
un traitement auxorganophos- phorés
laisse à penser que l’histamine a un rôlemajeur
dans leurs déclenchements.La
symptomatologie
de ces accidents semblerait relever alors del’anaphylaxie.
Des
expériences
de transmissionpassive
del’anaphylaxie
à descobayes,
parun sérum de bovin
immun,
nous ontpermis
d’observer des réactionsd’hypersensi-
bilité de
type
Arthus àl’injection
sous-cutanée debroyat
larvaire. Demême,
l’intro-duction par voie intraveineuse de
broyat
larvaire et de sérum immunprovoquent
chez le
cobaye
un choc.Cependant,
lescomplexes antigènes-anticorps
ne sont pas seuls en cause car lesbroyats
larvaires sontcapables
isolément d’induire à un moindredegré
desréactions semblables. De nombreux auteurs
(Arr DE xsom, K IRKWOOD , zg68 ;
BEES-LEY, 1971 ; BEL1NSKAYA et
al.,
1971 ;Orro, 1932 )
ontdéjà
noté lepouvoir anaphy-
lactoide des
protéines
larvaireslorsqu’elles
sontinjectées
à des animaux neufs.L’origine
des chocs consécutifs à un traitement larvicide faisantappel
auxcomposés organophosphorés
est donccomplexe.
Lesprotéines
des larves en voiede
lyse
interviennentdirectement dans
les manifestationsobservées,
mais l’étude de l’évolution desanticorps
circulants prouve que desphénomènes d’hypersensibilité
interfèrent
également.
L’importance
du choix de lapériode
du traitement et de l’efficacité de l’insec- ticide sont donc deux facteurs déterminants dans laprévention
des accidents aucours de la lutte
chimique
contrel’hypodermose.
Reçu pour publication en février 1975.
REMERCIEMENTS
Ces
expériences
ont été réalisées sur les bovins du domaine de l’I. N. R. A. à Theix, 63110 Beaumont.Nous tenons à remercier M. ROBELlN et les techniciens du laboratoire de recherches sur la
production de viande pour s’être chargés tant des traitements que des prélèvements de sang au
cours des années 1972-1973. ,
Nos remerciements s’adressent aussi à M. le Professeur MAGAT de l’École vétérinaire de
Lyon et M. YVORE, Directeur du Laboratoire de Parasitologie du Centre de Recherches de Tours, pour l’attention qu’ils ont bien voulu porter à notre travail.
RÉSUMÉ
Les réactions immunitaires de trois lots de bovins naturellement infestés par
Hÿpodevma
sp.ont été suivies.
Deux de ces lots ont fait l’objet d’un traitement d’automne, l’un par un insecticide organo-
phosphoré, le fenthion, l’autre
par
un produit antidistomien également efficace entrel’hypoder-
mose, le niclofolan. Seul l’emploi du fenthion a provoqué des troubles de type anaphylactique
chez les bovins parasités.
Les anticorps circulants ont une évolution caractéristique dans chaque lot. Ceux des ani-
maux traités au niclofolan présentent, au cours de la semaine suivant le traitement, une évolution
comparable à ceux du lot témoin, puis se stabilisent ou amorcent une chute au cours du mois suivant. Cette chute est lente et générale jusqu’en avril alors que chez les animaux témoins les titres continuent à augmenter régulièrement jusqu’en avril, période où se produisent les mues
larvaires.
Dans le lot traité au fenthion, tous les animaux ont présenté une régression
marquée
de leurstitres en anticorps circulants dans les trois jours qui ont suivi le traitement. Cette chute s’est accentuée au cours des deux mois suivants, puis les titres se sont stabilisés à un très faible niveau
jusqu’en avril.
Cette chute brutale est discutée et attribuée à la formation de complexes antigène-anticorps.
Les protéines libérées massivement après la mort des larves fixent les anticorps circulants et interviennent dans le déclenchement des chocs.
Par ailleurs, des expériences de transmission passive de l’anaphylaxie chez des cobayes ont
mis en évidence au moins deux facteurs interférant dans ces réactions, l’un d’origine immunolo- gique, l’autre inhérent à la larve et lié à l’activité
anaphylactoïde
de certaines protéines larvaires.Mots-clés :
hypodermose, Hypoderma lineatum, Hypoderma bovis,
varon,anticorps sériques, hémagglutination passive, insecticides, organophosphorés.
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