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Professionnels de l’éducation et de la santé

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Academic year: 2022

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Journée d’études internationale ARDECO

Association pour la recherche et le développement des compétences

http://www.ardeco-association.fr

Professionnels de l’éducation et de la santé :

Identités, pratiques et compétences en éducation en santé

Vendredi 22 Janvier 2016 8h30-17h30

Université Paris Descartes, Faculté de Médecine Salle du Conseil (1

er

étage)

12 Rue de l’école de médecine

75006 Paris

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Argumentaire

Les recherches en sciences de l’éducation dans le domaine de l’éducation et de la santé ont progressé depuis une quinzaine d’années autour des questions des représentations des populations en santé, de la compréhension de leurs connaissances et pratiques

1

. Progressivement se sont développées des études cherchant à mieux appréhender et développer les outils et méthodes pédagogiques à promouvoir pour favoriser l’éducation à la santé

2

. Aujourd’hui des équipes distinctes de chercheurs peuvent étudier des pratiques et compétences de différents professionnels, les unes se préoccupant davantage des professionnels de l’éducation, les autres se consacrant aux professionnels de la santé. Pour cette journée d’études internationale, nous regrouperons les problématiques d’éducation en santé des professionnels de l’éducation et de la santé, et réfléchirons à leurs pratiques et compétences respectives, leurs points de convergences et de divergences et leurs interactions et échanges possibles. Les uns et les autres peuvent apporter des éléments cruciaux de compréhension à l’ensemble de l’éducation en santé et à son développement et devenir.

Trois notions principales composeront chacune des interventions tout au long de cette journée : l’identité professionnelle, les pratiques des acteurs et les compétences développées.

La première notion abordée sera celle de l’identité, notamment nous réfléchirons à l’influence d’une préoccupation nouvelle de la santé sur l’identité des professionnels de l’éducation et de la santé. Autrement dit de quelle manière et pour quelles raisons prendre soin de la santé changerait la fonction du professionnel et son identité au travail ? Ainsi, au-delà des résistances et des clivages, intégrer l’éducation en santé dans sa profession pourrait permettre de concevoir différemment son identité professionnelle et pallier peut-être à un certain nombre de problèmes rencontrés par les professionnels ?

La deuxième notion présentée et discutée sera celle des pratiques des acteurs, en prenant en compte le décalage possible entre pratiques déclarées et réelles des acteurs et pratiques observées et analysées par les chercheurs. L’ensemble des intervenants réfléchira aux pratiques développées en éducation en santé et à la manière de les analyser en recherche, en prenant en compte les multiples variations et enjeux politiques, économiques, culturels et sociaux, éducatifs et médicaux.

Seront mises en perspective et analysées les interactions et confrontations des professionnels de santé et d’éducation et les variations des pratiques engagées.

La troisième et dernière notion abordée sera celle des compétences à développer en éducation en santé. Chaque intervenant, que ses travaux s’intègrent dans un cadre historique, sociologique ou didactique, montrera de quelle manière les acteurs apprennent, avec quels outils et méthodes, quelles sont leurs propres logiques et schèmes d’apprentissage, de quelle manière ils interagissent avec des connaissances savantes et avec d’autres acteurs et outils. Ainsi sera présenté et discuté l’ensemble des compétences à acquérir en éducation en santé par les professionnels et les acteurs et la manière d’incorporer des transformations et mutations induites par de nouveaux contextes sanitaires, sociaux, culturels et éducatifs.

L’enjeu pour les professionnels sera de développer leurs réflexivités sur leurs identités, leurs pratiques et leurs compétences, leur permettant d’aborder un certain nombre de problèmes et de besoins en éducation et santé et d’envisager différemment leurs partenariats à venir.

L’ensemble de la journée s’enrichira de la confrontation continue de ces trois notions (identité, pratique et compétence) entre les disciplines (histoire, sociologie, anthropologie, philosophie, didactique etc.), entre les siècles (comparer XIXe, XXe et XXIe siècles), entre les acteurs et professionnels (de l’éducation, de la santé, des individus), entre les pays et cultures. Il constituera un état des lieux de la recherche dans le domaine, propice à d’autres rencontres et partenariats futurs.

1 Les travaux dans le domaine sont nombreux, cf. notre dernier ouvrage Séverine Parayre et Alexandre Klein, Education et santé : des pratiques aux savoirs, Paris, l’Harmattan, 2014.

2 Ainsi en 2010 fut diffusé un outil au service de la formation des enseignants en éducation à la santé appelé Profedus, initié par plusieurs équipes (ACTé, IUFM-auvergne, INPES, UNIRéS) et dirigé par Didier Jourdan, Cf. site de l’INPES : http://www.inpes.sante.fr/professionnels-education/outils-profedus.asp

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Programme

8h30-9h00 : accueil

9h10 : Introduction de la journée : Régine Sirota (Université de Paris Descartes) ; Jeanne Guiet-Silvain et Séverine Parayre 9h30-10h20 : Conférence de Georges Vigarello (EHESS, Centre Edgar Morin) : L’éducation à la santé entre hier et aujourd’hui

10h30-12h30 : L’éducation en santé par les professionnels de l'éducation

Modératrices : Sophie Lerner-Sei (Université de Paris Descartes) et Aleksandra Pawlowska (Université de Strasbourg)

Séverine Parayre (ICP, ISP-Faculté d'éducation) : De nouveaux éducateurs en santé parmi les enseignants (XIXe siècle, France) Xavier Riondet (Université de Lorraine) : L'Ecole Freinet de Vence et la question de la santé (XXe siècle)

Aurélie Maurice (Université de Paris Descartes, INRA) : Mettre en place un projet d'éducation alimentaire en collège: Quand les principes normatifs de l'éducation à la santé font face aux profils professionnels des personnels éducatifs

Sylvie Condette (Université de Lille 3) : Améliorer les conditions de travail et de vie au sein de l’établissement scolaire. Quels obstacles et leviers pour le chef d’établissement et son équipe ?

40 minutes : Questions-Discussion 12h30-14h : pause déjeuner

14h-16h : L’éducation en santé par les professionnels de la santé

Modératrices : Eliane Rothier Bautzer (Université de Paris Descartes) et Line Numa Bocage (Université de Cergy-Pontoise)

Jeanne Guiet-Silvain (Université de Paris Descartes) : L’intelligence du geste en question chez les étudiants infirmiers

Marc Nagels (Université de Rennes 2) : Utiliser les séries télévisées pour former aux soins infirmiers.

Quelles perspectives ouvertes en didactique professionnelle ?

Corinne Oloa Tessier (ICP, ISP-Faculté d'éducation) : étude comparée des identités, pratiques et compétences des professionnels de santé (France-Cameroun)

Bernard Andrieu (Université de Paris Descartes) : Le malade émersif : un conflit d'expertise en éducation en santé

40 minutes : Questions-Discussion

16h30 : Présentation des ouvrages des intervenants

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Résumés

Séverine Parayre De nouveaux éducateurs en santé parmi les enseignants (XIXe siècle, France)

Docteure en sciences de l’éducation de l’Université Paris Descartes, enseignante en sciences de l’éducation, Institut Catholique de Paris, ISP-Faculté d’éducation, chercheure associée ACTé EA 4281 Clermont-Ferrand et TEC EA 3625 Paris Descartes.

En 1860 en France, les conditions de scolarité dans les écoles publiques du milieu rural sont tellement désastreuses (manque de chauffage, humidité, local réduit, maladies, malpropreté), que le ministre de l'Instruction publique Gustave Rouland ouvre une enquête-concours auprès des instituteurs ruraux. Ainsi, il leur demande de répondre à une question ouverte et large de pédagogie : « Quels sont les besoins de l’instruction primaire dans une commune rurale, au triple point de vue de l’école, des élèves et du maître ? »1. L'enquête est importante de par son originalité (c'est la première fois que les instituteurs ruraux sont questionnés), son ampleur (sur tout le territoire), sa localisation (concerne l'éducation primaire en milieu rural), l'écoute et la parole données aux instituteurs ruraux. Pour les motiver à répondre, le meilleur écrit, recevra l'équivalent de deux années de salaire. Les 5940 enseignants rédacteurs

1 Arrêté du 12 décembre 1860 ouvrant un concours entre les instituteurs publics sur une question de pédagogie.

sont d’autant plus motivés, car pour la première fois leur hiérarchie leur permet de s'exprimer pour améliorer l'instruction publique.

Ce corpus a été étudié par les historiens de l'éducation (Jacquet-Francillon, 1999 ; Nicolas, 2012 ; Gherardi, 2012)2, principalement sous l'angle de la pédagogie et des disciplines enseignées, mais pas encore sous l'angle de l'histoire de la santé. Nous avons dépouillé 2136 mémoires (32 départements) en choisissant des départements caractéristiques pour leurs avancées ou pour leurs carences dans l'instruction et dans la médicalisation (de l'Ouest à l'Est, du Nord au Sud). Notre analyse de corpus est quantitative et qualitative. Elle s'effectue par l'intermédiaire d'une base de données composée de 21 tables (de l'hygiène des lieux à l'hygiène des corps, des interventions en santé aux changements de pédagogie).

Nous présenterons les discours des instituteurs sur la santé des élèves, depuis les termes employés à leurs représentations en santé, des connaissances et pratiques promulguées au sein de leurs écoles aux difficultés rencontrées auprès des populations dans la diffusion de nouveaux savoirs et habitudes de santé. Cette étude met en évidence ce qui a pu conditionner les instituteurs à devenir des éducateurs de santé et révèle des surprises en matière de médiation auprès des populations et des choix pédago-sanitaires effectués. Elle donne un autre regard sur les comportements pédagogiques à l'égard du corps et de la santé dans la France rurale avant la Troisième République et l'instauration de l'instruction obligatoire, laïque et gratuite.

La comparaison des départements, choisis au Nord, Sud, Centre, Est et Ouest de la France, permet de comprendre ce qui a pu modifier durablement l'implication de certains enseignants passant d'instructeur (attaché à l'enseignement des disciplines) à médiateur de santé (attaché aussi à se préoccuper de la santé et à en diffuser certains savoirs et pratiques). Cette comparaison a permis également de mettre en évidence de grandes disparités et de nombreuses inégalités éducatives et de médicalisation entre les départements et au sein d’un même département parmi la profession enseignante.

2 Le corpus est conservé aux archives nationales à Paris, cf. A. N. F17 10758-10798 : concours ouvert aux instituteurs 1861.

Recherches sur le corpus : Gherardi Eugène F.-X., Être instituteur en Corse sous le Second Empire, Ajaccio, Albiana, Università di Corsica, Collection Bibliothèque de la Corse, 2012. Jacquet-Francillon François, Instituteurs avant la République, La profession d’instituteur et ses représentations de la monarchie de Juillet au Second Empire, Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 1999. Nicolas Gilbert, Quand les instituteurs répondaient au ministre : mémoires des maîtres de l'enseignement primaire sous le Second Empire, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012.

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Xavier Riondet L'Ecole Freinet de Vence et la question de la santé (XXe siècle)

Maître de conférences en sciences de l’éducation à l’Université de Lorraine, LISEC Notre communication a pour objectif d’évoquer la question de la santé dans le cadre de la pensée de Célestin et d’Elise Freinet, et plus particulièrement dans le contexte de la création de l’Ecole Freinet à Vence en 1935. À cette occasion, nous montrerons comment la santé se pose très tôt dans la biographie des Freinet comme un problème central de la société de l’Entre-deux-guerres et également de l’Ecole républicaine.

Nous verrons également comment cette expérience très originale de l’Ecole Freinet de Vence articule concrètement les questions d’éducation et de santé et surtout, de quelle manière les identités professionnelles se retrouvent reconfigurées dans ce contexte. L’Histoire nous permet ici de réfléchir sur un point très particulier : le fait que l’éducateur dans cette expérience ne passe pas outre le fait que les élèves concernés sont également des corps et des organismes et se retrouve ainsi explicitement en charge des questions de santé.

Aurélie Maurice Mettre en place un projet d'éducation alimentaire en collège : Quand les principes normatifs de l'éducation à la santé font face aux profils professionnels des personnels éducatifs

Docteure en sciences de l’éducation de l’université Paris Descartes, post-doctorante à ALISS (INRA) et chercheure associée au CERLIS (Paris Descartes)

Grâce à la comparaison de deux collèges de la banlieue parisienne, différents du point de vue de leur recrutement social, cette communication s’intéresse à la façon dont est mise en place une action d’éducation alimentaire dans deux classes de 5ème. En réalisant 127 jours d’observation participante dans ces deux classes (une année scolaire a été passée dans chaque établissement scolaire), nous avons pu étudier dans le détail comment le projet « Alimentation » se déroulait dans chaque contexte.

Nous mettons en évidence l’influence de la distance sociale entre élèves et enseignants sur la représentation qu’ont les enseignants des pratiques alimentaires des élèves et donc sur la façon dont ils considèrent que doit se dérouler une séance d’éducation alimentaire. Dans le collège le plus défavorisé, la distance sociale enseignants - élèves est plus forte : les enseignants considèrent que les élèves mangent « mal », et qu’il est nécessaire de les remettre dans le droit chemin.

Certains enseignants tiennent donc un discours très normatif lors des séances du projet qu’ils animent, alors que dans l’autre collège, au recrutement social davantage

mixte, la distance sociale est moins grande : les enseignants ne se sentent pas investis d’une mission de réforme des pratiques alimentaires de leurs élèves.

D’autre part, les profils professionnels et sociaux des deux porteuses du projet (l’infirmière dans le collège défavorisé et l’enseignante d’arts plastiques dans l’autre) sont très contrastés. Cela implique qu’elles construisent le projet de façon complètement différente : l’infirmière reste très proche de l’action pensée par le Conseil général puisqu’elle avait participé à sa conception, alors que l’enseignante d’arts plastiques imagine un projet inédit, beaucoup moins emprunt des recommandations du Programme National Nutrition Santé.

Un projet d’éducation alimentaire prend donc des formes variées selon le porteur du projet et les enseignants qui y prennent part. Finalement, on peut s’interroger sur ce qu’apporte un tel projet multiforme aux élèves.

Sylvie Condette Améliorer les conditions de travail et de vie au sein de l’établissement scolaire. Quels obstacles et leviers pour le chef d’établissement et son équipe ?

Maître de conférences en sciences de l’éducation à l’Université de Lille 3, EA 4354 - CIREL - Centre Interuniversitaire de Recherche en Education de Lille

En quelques années, la notion de santé a pris un essor considérable dans le champ scolaire d’une façon assez inédite, mettant en particulier l’accent sur le bien-être et le bien vivre ensemble. Ce qui est tout à fait marquant, c’est que la santé n’est plus considérée comme le domaine d’activité des seuls personnels dédiés à ces questions (infirmière, médecin, assistante sociale…), mais elle touche plus largement l’ensemble des professionnels de l’école, et en tout premier lieu le chef d’établissement. Quatre points d’appui nous semblent intéressants pour rendre compte de cet élargissement: tout d’abord les enquêtes sur le climat scolaire permettent de diagnostiquer finement un certain nombre de dysfonctionnements, de comportements non adaptés, et mettent en évidence des situations de mal-être chez les élèves ; le conseil pédagogique constitue de son côté un espace de dialogue qui facilite l’organisation et la division du travail mais ouvre aussi vers des temps de collaboration et de transversalité qui peuvent révéler cette fois des difficultés vécues par les enseignants ; enfin, la relance d’instances comme le comité d’éducation à la santé et la citoyenneté ou le conseil de vie lycéenne qui voit d’ailleurs son homologue se mettre en place au niveau du collège, offre également des espaces de communication qui soulèvent des problèmes et apportent des réponses concertées.

Pour autant, le chef d’établissement et son équipe, s’ils portent une politique volontariste de promotion de la santé, contributive à la réussite individuelle et collective, se heurtent à des obstacles qui sont en partie externes, liés par exemple aux demandes institutionnelles, aux attentes parentales, et internes, correspondant ici à la division complexe du travail.

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La notion de santé apparaît ainsi comme un puissant révélateur des tensions et contradictions au sein de l’établissement. Elle met clairement en évidence la difficulté de rapprocher d’une part la volonté d’améliorer les conditions de vie et de faire émerger des formes de reconnaissance, et d’autre part l’injonction à la performance et la pression croissante au travail.

Notre contribution se propose d’interroger, en prenant appui sur une enquête sociologique que nous avons réalisée dans cinq collèges et cinq lycées, les dynamiques d’établissement à l’œuvre dans le champ de la promotion de la santé, qui se montrent attentives au bien-être des élèves et des personnels, tout en essayant de répondre aux exigences de performance qu’impose l’Institution.

Jeanne Guiet-Silvain L’intelligence du geste en question chez les étudiants infirmiers

Maître de conférences en sciences de l’éducation à l’université Paris Descartes, chercheure au CAREF EA 4697 Amiens, chercheure associée ACTé EA 4281 Clermont-Ferrand.

L’action engagée par l’étudiante en soins infirmiers possède une double caractéristique dont le repère et la prise de conscience s’avèrent être fondamentaux pour engager un ensemble de décisions relatives à une classe de situations données.

L’étudiante sait, pour les avoir étudiés, quels sont les gestes professionnellement efficaces autant que les gestes répondant aux précautions élémentaires en milieux infirmiers. Son action concrète, celle de tous les jours, « résiste » pourtant à de tels repères, habitée le plus souvent par des références que le formateur croit dépassées ou oubliées. Il faut multiplier les entretiens et les observations pour constater combien la pratique professionnelle quotidienne de ces étudiantes demeure traversée par des schèmes d’actions acquis dans l’expérience quotidienne, comme des sensations ou des représentations, toutes entrant en contradiction avec les principes appris et venant les perturber jusqu’à quelquefois les « nier ». Pourquoi cette résistance ? Comment s’organise-t-elle ? Telles sont les questions auxquelles notre recherche tente de répondre.

Marc Nagels Utiliser les séries télévisées pour former aux soins infirmiers.

Quelles perspectives ouvertes en didactique professionnelle ?

CREAD-Université de Rennes 2, Consultant-formateur, 17 Mars Conseil

En 2015, nous avons conduit une recherche auprès de 838 lycéens (bac ST2S), étudiants en soins infirmiers et cadres de santé formateurs, français et libanais. Nous voulions analyser comment ces professionnels du soin comprenaient l’activité d’une

infirmière mise en scène dans une série télévisée (Nurse Jackie). A l’aide de trois courts extraits de la série, nous avons recensé les perceptions relatives à l’identification de la situation, aux buts du personnage, à la sélection des indicateurs pertinents sur le cours d’action, sur les méthodes employées et sur le raisonnement tenu par l’infirmière. Autant de ressources cognitives intégrées dans un schème pilotant le diagnostic, la réalisation de l’action et son évaluation.

Les réponses qualitatives ont été recodées pour les agréger en un score permettant de comparer les sous-populations, les réponses d’un groupe de cadres de santé experts ayant permis d’étalonner le test. Nous avons constaté que la distribution des scores présentait des différences significatives entre les lycéens, les étudiants en soins infirmiers et les cadres de santé formateurs français. Plus les individus avancent dans la carrière plus leur score augmente. C’est le cas pour les échantillons libanais, à la réserve près que leurs scores ne présentent pas de différence statistique significative. Nous avons aussi pu isoler un ensemble de cadres de santé formateurs qui se différencient de leurs collègues et obtiennent des scores faibles comme les ST2S et une part des étudiants en soins infirmiers. Il ne s’agirait d’ailleurs pas tant d’un manque d’expertise chez ces formateurs mais plutôt du reflet de paradigmes professionnels différents.

Nos résultats nous indiquent que : 1) les séries télévisées apportent une connaissance et des croyances sur les soins à l’hôpital ; 2) le suivi d’une formation paramédicale fait évoluer ces représentations pour les rapprocher du niveau d’expertise des cadres de santé formateurs ; 3) Les apprentissages lors de l’exposition aux séries hospitalières se font sur un mode vicariant, en partie hors d’un dispositif formel de formation.

Cette communication nous donnera l’opportunité de nous interroger sur deux plans.

Le premier est celui de l’analyse de l’activité à grande échelle et donc de discuter la méthode employée. Un schème se présente toujours comme une ressource cognitive individuelle mais comme l’avançait Pierre Pastré, avec la notion de concept pragmatique, certains éléments du schème peuvent être partagés au sein d’une communauté professionnelle. Ils sont alors susceptibles de faire l’objet d’une transmission formelle ou informelle. Repérer, de manière fiable, ces éléments à l’intérieur de groupes de plusieurs centaines d’individus est très utile pour qualifier plus précisément les cultures professionnelles mais aussi les prescriptions en matière de compétences attendues.

Le deuxième porte sur les perspectives didactiques en formation professionnelle en soins infirmiers. Des formateurs utilisent déjà des vidéos montrant des actions en situation professionnelle. Quelle efficacité pédagogique pouvons-nous escompter de l’usage de fictions et de séries dramatiques ? Comment les transformer en autant de supports didactiques ? Les séries télévisées sollicitent la réflexivité des apprenants, toutefois, elles peuvent être trop démonstratives ou, au contraire, ne suggérer qu’une partie des éléments de compréhension alors qu’il s’agit de faire apprécier la

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complexité des situations et la variabilité des modes d’activité. En conséquence, l’angle de vue, toujours orienté, de la caméra constitue un obstacle pédagogique intéressant en didactique professionnelle. Les formateurs réfléchissent alors à la relation entre le niveau de complexité proposé par la séquence vidéo et le développement cognitif constaté des étudiants. Il se peut que les étudiants apprennent les bonnes pratiques, celles qui sont conformes à l’état de l’art et qui assurent le niveau indispensable de sécurité et de confort dans les soins, mais ils peuvent aussi apprendre à se débrouiller, à ruser et à faire face à des situations standards ou plus inattendues.

Corinne Oloa Tessier Étude comparée des identités, pratiques et compétences des professionnels de santé (France-Cameroun)

Doctorante en sciences de l’éducation à l’Institut Catholique de Paris, ISP-Faculté d’éducation

Notre objectif est de présenter les liens entre l’éducation et la santé. Elle questionne ces liens selon l’angle du professionnel de la santé et celui du professionnel de l’éducation. Nous avons été confronté à ce questionnement dans notre pratique en tant que professionnelle de la santé, de l’aide et du service à la personne ; en tant qu’enseignante de la santé et des soins infirmiers, puis en tant que chercheure en sciences de l’éducation.

La complexité de l’éducation et de la santé rattachée à des identités, à des pratiques et à des compétences, va néanmoins trouver une issue possible que nous identifions au sens de l’existence en tant que personne dans la société. Une vision que nous tenterons de rendre explicite à travers le rôle culturel de la santé et de l’éducation dans une étude comparative entre la France et le Cameroun. L’enjeu

étant de savoir comment y parvenir en l’état actuel des formations et des institutions telles qu’elles existent actuellement.

Bernard Andrieu Le malade émersif : un conflit d'expertise en éducation en santé

Philosophe, Professeur en STAPS à l’Université de Paris Descartes, directeur du laboratoire EA 3625 TEC Techniques et Enjeux du Corps, coordonnateur du GDRI 36 CNRS Body Ecology by Physical, Adapted & Sport Activity. Dernier ouvrage : De mon vivant : Le malade émersif, Dijon Ed Le Mumure, 2016.

Comment parler de ce vivant qui se réveille par les douleurs et les désordres dans mon corps ? Devant les signes cliniques qui m’envahissent que se passe-t-il dans mon corps que je ne connaissais pas jusque-là ? L’éducation thérapeutique du patient a cru pouvoir contenir le vif de la parole des malades : le partenariat médecin- malade nourrit des savoirs co-construits qui consolent l’institution sur la prise en compte de l’expérience de la maladie. Mais qu’en est-il vraiment ?

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Présentation de quelques ouvrages des intervenants

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Plan

Université Paris Descartes, Faculté de Médecine

12 rue de l’Ecole de Médecine, 75006 Paris

Salle du Conseil : 1

er

étage (prendre l’escalier central) puis à droite

Accès : station de métro odéon ou station RER St Michel

Entrée gratuite

Inscription obligatoire (bulletin à imprimer) :

http://www.eventbrite.com

(accès dans parcourir les événements en entrant : Journée d’études ARDECO)

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