A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION A
A NDRÉ B LANC -L APIERRE A LBERT T ORTRAT
Fonctionnelles causales markoviennes d’un processus à accroissements indépendants. Application à
la modélisation de systèmes déterministes non linéaires et non stationnaires
Annales de l’I. H. P., section A, tome 24, n
o4 (1976), p. 327-345
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327
Fonctionnelles causales markoviennes d’un processus à accroissements indépendants.
Application à la modélisation de systèmes déterministes
non
linéaires et
nonstationnaires
André BLANC-LAPIERRE et Albert TORTRAT Ann. Inst. Henri Poincaré,
Vol. XXIV, n° 4, 1976,
Section A :
Physique théorique.
SOMMAIRE. Soient :
N(t)
un processus à accroissementsindépendants
de type très
général
- non nécessairementgaussien
- etX(t) = ri { N(t) }
une fonctionnelle certaine causale de
N(t) exprimée
par undéveloppement
de Volterra :
On recherche les conditions à
imposer
à G pour que, pour le processusN(t) donné, X(t)
soit markovien. Sous réserved’hypothèses
peu restrictives pour lesapplications,
on montre que, pour queX(t)
soit markovien :[i] lorsque
lafonctionnelle G
estlinéaire,
ilfaut
et ilsuffit qu’elle
seramène,
par
changement
certain convenable de t, à un filtre linéaire causal àréponse exponentielle
combiné à desmultiplications
par des fonctions certaines de t[tout
aumoins,
ceci est-il vrai à condition d’exclure unecomplication
de ce schéma
analysée
en détail dans letexte], [ii]
dans le casgénéral
-G non linéaire -, il
faut
que Xsoit,
presquesûrement, égal
à une fonctioncertaine,
pouvantdépendre
du temps, d’une fonctionnellelinéaire,
causaleet markovienne de
N(t),
donc conforme à[i].
Ces résultats fournissent un modèle utile pour la
représentation
dessystèmes
S ayant lapropriété
suivante : à la fonction d’entréeN(t),
ilsAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Section A - Vol. XXIV, n° 4 - 1976. 24
associent une fonction de
sortie,
ouréponse,
markovienne. Desapplica-
tions sont données relativement à certaines
équations
différentiellesstochastiques
et relativement à la caractérisation des fonctions de corréla- tion de fonctions aléatoires stationnaires markoviennes.I . INTRODUCTION
De nombreux
problèmes
concrets[physique, mécanique, automatique,
traitement du
signal...]
introduisent des fonctions aléatoires(f. a.) X(t)
résultant de l’excitation de
systèmes macroscopiques
déterministes S pardes fluctuations microscopiques
~.Dans ce
qui suit,
b interviendra par une f. a.N(t,
réelle,
centrée[E ~ N(t, (0) }
==0 ;
E :espérance mathématique],
définiesur l’ensemble Q des
épreuves
~. Lesystème S,
nonaléatoire,
associe defaçon
déterministe àchaque N(t, ~),
une f. a.X(t, supposée
réelle. S estdonc défini par une fonctionnelle F non aléatoire que nous supposerons
causale,
c’est-à-dire telle que la valeur de X à un instant tquelconque
ne
dépende
que du comportement de N pour 8 t :Nous admettrons
que G
peut êtreexplicitée
au moyen d’undéveloppe-
ment de Volterra
[1] :
avec :
On supposera que les limites intervenant en
(1-2)
et(1-3)
existent enmoyenne
quadratique (m. q.)
et lesRK
«symétrisés »
par rapport à[01, 02,
...,0J (toujours possible).
Cettereprésentation
de Sprésente
une
grande généralité.
Elle recouvre, enparticulier,
lessystèmes
constituéspar une
succession,
dans un ordrequelconque, d’opérations
linéaires dutype
filtrage
etd’opérations
non linéaires instantanées[tout
au moins sousdes conditions très
générales
derégularité
portant sur lescaractéristiques
de
détection].
Sous des conditions trèsgénérales,
elle recouvre aussi lessystèmes
danslesquels
lacorrespondance
entrée-sorties’exprime
par uneéquation
différentielle - naturellement dupremier ordre, puisqu’on
veutune sortie markovienne. On notera
également l’aspect physique
de lareprésentation
utiliséequi sépare
bien les effets dupremier ordre,
du secondordre,
etc. des accroissementspassés dN(0) [0 t]
dans l’élabo- ration deX(t).
S est invariant au cours du temps si tous les
RK
le sont. Un cas trèssimple
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section A
329 FONCTIONNELLES CAUSALES MARKOVIENNES A ACCROISSEMENTS INDÉPENDANTS
qui jouera
ungrand
rôle dans lasuite,
est celui dusystème S;, linéaire,
invariant dans le temps et à
réponse percutionnelle exponentielle.
Si, pour S = N est à
accroissements
stationnaires[E { [dN(8)]2 ~
=pod8], alors,
il est bien connu que l’on a :La
question
centrale que nous nous proposons de traiter est la suivante :quelles
conditionsfaut-il imposer
àS,
c’est-à-dire à pour queX(t)
soitmarkovien ? Cette
question
estimportante
car le caractère markovien dessignaux, qui
est à la base de la notiond’état, joue
ungrand
rôle en théoriedes
systèmes.
Précisons laquestion posée :
il nes’agit
pasd’imposer
à Sdes conditions assurant le caractère markovien à
X, quelle
que soit la f. a. à accroissementsindépendants N(t),
mais de luiimposer
des conditions propres à assurer ce caractère pour une f. a.N(t)
fixée. Plus exactement - ceci seraimportant
pour lessystèmes
non linéaires - nous viserons àassurer ce caractère pour une f. a.
N(t)
et pour tous ses «multiples
certains »ÀN(t) [À
nombrecertain #
0quelconque] (Il
revient au même de dire quenous visons à assurer ce caractère
indépendamment
de l’unité choisie pour mesurerN(t)).
Les f. a.
N(t)
serontlargement quelconques [nous préciserons, ci-dessous,
les
hypothèses correspondantes] ;
enparticulier,
nous ne supposerons pasN(t) gaussien.
Demême,
S sera trèsgénéral :
nous ne le supposerons ni invariant dans le temps, ni linéaire. Nous traiteronscependant
d’abordle cas des
systèmes
linéaires[§ II]
à proposdesquels
nouspréciserons
desrésultats antérieurs et
auquel,
d’une certainefaçon,
on peut, comme nous le verrons, ramener le cas non linéaire[§ III].
Leparagraphe
IV seraconsacré à diverses
applications.
Ce travail
répond
à despréoccupations physiques
et leshypothèses
faites
paraissent
« raisonnables » pour lesapplications.
On n’a pas cherché à les réduire à leur minimum etplusieurs questions
demathématiques
pures que l’on rencontre dans cette direction
paraissent
encore ouvertes.Avant de clore ce
paragraphe d’introduction, précisons
les notations essentielles utilisées etexplicitons
leshypothèses
dedépart
surlesquelles
repose ce travail.
NOTATIONS. - Il sera utile de
distinguer,
dansX(t’),
les contributions desdN(0) correspondant respectivement
à 8 t t’ et à t 0’ t’.Pour
cela,
nous poserons :Vol. XXIV, n° 4 - 1976.
avec
où k03B1
etka
=K]
sont desentiers 0,
non nuls simultanément.De
plus,
ondésignera
parX(t, t’)
la valeur deX(t’),
conditionnellementlorsque
tous lesdN(o’) [t
o’t’]
sont nuls.D’autre part, nous poserons m =
E SZt ;
où
wt-
et concernentrespectivement
lesdN(0) passés [6 t]
ou futurspar rapport à t. Les
épreuves
etcvt
sontindépendantes.
HYPOTHÈSES. - En
plus
deshypothèses H
1 relatives aux convergencesimpliquées
par(1-1)
et(1-2),
nous faisons les suivantes :Hypothèse H2 :
àl’hypothèse H1 formulée ci-dessus,
nousajoutons
unehypothèse
d’ « homothétie », soitH2,
portant surN(o, (0),
que nous allonsexpliciter
ci-dessous.a)
Nous admettons d’abordqu’à
toutetrajectoire N(B, m) définie
parses accroissements, on peut associer une autre
trajectoire ~ ~,cc~ ~ ,
appartenantau processus,
homothétique
de lapremière [rapport 03BB],
c’est-à-dire carac-térisée
par le fait
que l’on a~N(0, {~} ) ~ ÀdN(0, m) [hypothèse H2~.
b)
Soit maintenantQ[t, t’]
l’ensemble desportions
Wtt’ destrajectoires
00de
N[O, 0153], envisagées uniquement
dupoint
de vue desdN[0, [0e [t, t’]] .
Le fait que les
dN(0, w)
soientindépendants
permet d’isoler ainsi la por- tion[t, t1
de l’axe des temps.Soit,
deplus,
un nombre réel À # 0.Désignons
par
t’]
un sous-ensemble deQ[t, t’]
deprobabilité >
0 et par4252 ~ t’], À )
l’ensemble destrajectoires qui
se déduisent decelles de par le fait que les
dN(0, [t
0t’]
sont tousmultipliés
par À. On peut, si l’on veut, dire que lestrajectoires
det’], ~, ~
sont, sur[t, t’]
où elles sontdéfinies, homothétiques
de celles de
t’]
dans le rapport À.L’hypothèse H22
consistera àaffirmer
que, pour t et t’ donnés[t t’]
quelconques,
il existedes 0394103A9[t, t’]
deprobabilité positive
tels que, VÀ ~0,
laprobabilité
det’], ~, ~
soit strictementpositive.
H2
est constituée par l’ensemble des deuxhypothèses Hi
etH~.
Cette
hypothèse, qui
porte surN, paraît,
àpremière
vue, fortement restrictive : elleexclut,
parexemple,
le cas très courant oùN(t)
est constituépar des sauts
poissonniens,
tousd’amplitude
+ 1 : iln’y
a, eneffet,
dans cecas, aucune
épreuve
où les sauts vaillent À # 1. Enfait,
iln’y
a pas là de restriction sérieuse. On peut, eneffet, toujours
considérer un tel modèlecomme limite de cas où les sauts ont des
amplitudes réparties
sur - oo,+ oo avec une accumulation de
probabilité
deplus
enplus
forteprès
dela valeur
1, tendant,
à lalimite,
vers l’existence d’une masse deproba-
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section A
FONCTIONNELLES CAUSALES MARKOVIENNES A ACCROISSEMENTS INDÉPENDANTS 331
bilité + 1 sur cette valeur 1. Il est
possible
d’ailleurs que, par l’étude minu- tieuse de tels passages à lalimite,
cettehypothèse puisse
être levée( 1 ).
Hypothèse H3 :
dire queX(t)
estmarkovien,
c’est affirmer que, pourX(to) fixé,
il y aindépendance
entre les événements relatifs à Xrespective-
ment futurs
[t
>to]
oupassés [t to]. L’hypothèse H3
a pour but de nouspermettre de
remplacer
l’énoncé ci-dessus par le suivant : dire queX(t)
est
markovien,
c’est affirmer que, pourX(to) fixé,
il y aindépendance
entreles événements relatifs à
X(t)
futurs et les événementspassés
relatifs àN(t).
Une condition
suffisante,
pourqu’il
en soitainsi,
estqu’il
yait, Vt, identité,
à une
complétion près,
entre les deux sous03C3-algèbres correspondant
auxévénements
qui, pour 0
t, sontrespectivement
relatifs àX(0)
et àN(O)
[condition H;]. H;
est, enparticulier,
vérifiée si lacorrespondance
N - Xpeut se mettre sous la forme :
Dans ce cas, pour
X(t) fixé,
la connaissance deX(6)
sur[t, t’] [t’
>t]
est, Vt et t’,
équivalente
à celle deN(0) - N(t)
sur ce même intervalle. Il est d’ailleurs alors évident queX(t)
est markovien.On peut assurer
H3
defaçon
moins stricte que parH;.
Ilsuffit,
parexemple,
d’admettre que, pour toutAti =
1 + >0),
la loide
N(0) - N(t 1) [0eAfJ dépend
« suffisamment » de celle deX(9)
sur cemême intervalle.
II
SYSTÈMES LINÉAIRES ( 2)
2-1. Résultats
préliminaires
LEMME I. - Si
X(t)
est markovien, il existe unejonction
certainet’)
telle que, p. s., on ait :
De
plus,
cettefonction 03A6 satisjàit
àDémonstration.
Compte
tenu del’hypothèse H2 qui
permet, enquel-
que sorte, d’effectuer des « homothéties » sur les
dN(0)
d’un certain inter- valle tout en ne tombant pas dans des AQ deprobabilité nulle,
le caractère markovien deX(t) implique
queX(t, t’)
soit p. s. une fonction certaine (~) L’énoncé de H2, donné dans [4], est trop strict. On n’a pas besoin de postuler H~pour tout AIQ[t, t’], mais seulement pour certains t’]. D’ailleurs, on sait que, pour N(t) de Wiener-Lévy, il existe pour chaque ~ 5~ 0,1, un t’] de probabilité 1 dont l’homo-
thétique dans le rapport À est de probabilité nulle (mais c’est un événement lié à une infinité de valeurs du temps, dans [t, t’]).
(~) Dans le cas linéaire, on précise, ici, des résultats donnés en [2].
Vol. XXIV, n° 4-1976.
de
X(t).
Le fait queX(t)
etX(t, t’) soient,
l’un etl’autre,
des formes linéaireset
homogènes
des mêmesdN(0) [0 t]
entraîne alors .immédiatement(2-1 ).
La relation
(2-2)
s’établit comme suit :D’où
D’où le
résultat,
avec,évidemment, t)
* 1.LEMME II. - La covariance
rX(tl, t2) satisfait
à :Conséquence
directe de(2-1)
si l’on note queX(t2) - X(ti, t2)
est centréet
indépendant
deX(t 1).
LEMME III. - On a : .’
(2-4)
s’obtient en considérant une réalisation deX(t 1)
danslaquelle
tousles
dN(8)
sont nuls sauf pour[ti
- E,t~] (8
trèspetit).
LEMME IV.
- X(t) satisfait
àl’équation différentielle
avec
conséquences
directes de~2-1 )
de(2-2)
et de ladéfinition
deR 1.
2-2. Réduction de la fonction ~
à la forme
exponentielle
parchangement d’horloge
certainPour
poursuivre
leraisonnement,
nous introduisons la fonction norméeNaturellement,
siX(t)
estmarkovien,
il en est de même deX(t)
etrécipro-
quement.On a :
et
avec
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section A
FONCTIONNELLES CAUSALES MARKOVIENNES A ACCROISSEMENTS INDÉPENDANTS 333
Il découle de
(2-2) appliqué à 0
et de(2-9)
que la fonction -Log t2) 1
définit sur l’axe des t, une mesure additive
positive cp,
caractérisée par le fait que la contributionà Cf
d’un intervalle[t1’ t2] (ti t2)
vaut :Sur
[ -
oo t +00],
il peut exister des intervalles dont la contribu- tion à qJ est nulle. SoitJj
l’un de ces intervalles.Vtl
et t2 intérieurs. àJj,
on
a t2) 1 ==
1 cequi,
compte tenu det)
= 1,implique,
sousréserve
d’hypothèses
de continuité :t2)
== 1. Dans cequi suit,
nousappellerons ~
l’ensemble des intervallesJj
et/
lapartie
de l’axe des tcomplémentaire
par rapport à J.Des relations
(2-8),
ondéduit,
pour t 1 t2 :où
2014
R(t1, t1) 03C3x(t1)
= = fonction dupoint
«initial » t
I( )
2014 =
r2(t2)
= fonction dupoint
« final » t2(3).
On
rappelle
que laréponse impulsionnelle RI [t2’
décritl’effet,
ent2 > d’une
impulsion
unité intervenant en ti.-
t2)
est tel que, si l’ondécompose [t 1, t2]
en intervallesjointifs [t1’ t1]’ t2]’ ..., [tK-1’ tJ, t2],
sa valeur s’obtient enmultipliant les $
relatifs à chacun de cesintervalles ;
deplus,
pour tout intervalle[t;, t;]
inclus dans unJj,
on a~[t J, t~]
= 1.Il découle de ce
qui précède
que, pour l’étude de$,
donc deRi,
on peut,tout au moins au
début,
se borner àel,
c’est-à-diresupprimer provisoire-
ment f de l’axe des temps. On introduit
alors,
dans,
un temps t’ variant(~) Pour éviter certaines complications, d’ailleurs mineures, nous supposerons ri et r2 continues.
Vol. XXIV, n° 4 - 1976.
. de
façon continue,
fonction croissante de t et tel que, pour t E~,
on aitdt’ = dt
[voir fig. 2-1],
et onremplace X(t)
parX’(t’) qui
s’en déduit ensupprimant
les accroissementsAX(f) correspondant
à des At c ~. Surla
figure 2-1,
les hachures visualisent larépartition
de la mesureposi-
tive ç
sur.
On voit aisément
qu’en
toutpoint t’ [correspondant
à unpoint tE ~],
on a :
[dérivée prise
du côté des s >0].
La f. a.
X’(t’)
est markovienne et obéit à uneéquation
différentielle du type(2-5) [ -
oo t’+00]
avec un coefficientA(t’)
strictementnégatif.
Faisons alors le
changement d’horloge certain,
monotone, défini par0’ est une fonction / de t’.
(2-6), appliqué à $
donne alors immédiatementIl reste à repasser de
~(e i, 82~,
d’abord à~(t l, t2~, puis
àtz~.
t>(t;, t~)
se déduit de(62 ’" 8Î ~ ~
par lechangement d’horloge
0’ - t’
qui
est défini sansambiguïté puisque t’
est unefonction
crois-sante de 0’. Il
faut, ensuite,
passer de~(t i, t2~
àt2)
cequi implique
la réintroduction de f sur l’axe - oo t + oo. Cela se fait aisément
en se
rappelant
que, si l’intervalle d’un seul tenant[t 1, t2]
E~,
on ac~(t 1, t2)
=l(t
1t2).
Lafigure
2-2 visualise le résultat de la réintroduction des intervalles de ~.4Y étant connu, on repasse à
R1(t2’
en utilisant(2-11 )
c’est-à-dire enmultipliant C
par deux fonctions certaines arbitrairesri(ti)
etr2(t2) :
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section A
FONCTIONNELLES CAUSALES MARKOVIENNES A ACCROISSEMENTS INDÉPENDANTS 335
La
multiplication
parr1(t1)
revient àremplacer
lesdN(O)
parrl(0)dN(0)
ce
qui, évidemment,
ne détruit ni leurindépendance
ni leur caractère centré. Lamultiplication
parr2(t2)
revient à substituerr2(t)X(t)
àX(t)
cequi
nechange
rien au caractère markovien de X. Lechangement
de temps certain et monotone neperturbe
pas, nonplus,
ce caractère.Nous avons établi ce que devait nécessairement être la structure de
S, supposé linéaire,
pour queX(t)
soit markovien.Réciproquement,
il est évidentque, si S a une telle structure,
X(t)
sera bien markovien(4).
Ils’agit
doncd’une condition sur S nécessaire et
suffisante.
Naturellement,
dans le passage[t’
~0’],
la densitép[t’]
=p[t]
pourqui
intervient dansl’expression
de la variancedt’
doit être
remplacée
parp(e’)
=p(t’)
Le processus
X(t)
sera stationnaire si sontremplies
les conditions suivantes :a) A(t’)
etp(t)
sont des constantes.b) r 1 (t)
etr2(t)
sont des constantes.c)
~ n’existe pas.Alors,
lafonction
de corrélation deX(t)
sera de typeexponentiel.
Pourles processus
considérés,
c’est le seul type defonction
de corrélation compa- tible avec le caractère markovien. Cecigénéralise
lerésultat,
bien connu, établi par J. L. Doob dans le cas des processusgaussiens
markoviens[cf. [3],
p.233].
2-3. Le résultat fondamental pour S linéaire .
A. Sous réserve que soit évitée la
complication
due à l’existencepossible
d’un domaine de mesure non nulle en t, nous avons donc établi le théorème suivant :
THÉORÈME I. La condition nécessaire et
suffisante
pour que lafonction-
nelle linéaire
X(t)
soit markovienne est que, par unchangement
certaind’ horloge convenable,
onpuisse
mettreR 1 [t, 0]
sous laforme :
où
ri(0)
etr2(t)
sont deuxfonctions
certaines arbitraires.(4) Remarques. - 1 ° On voit aisément pourquoi la réintroduction de f, conforme à ce qui précède, ne perturbe pas le caractère markovien de X’(t’). Ceci est facile si on porte
son attention sur la forme assignée à R1(t2, ti) par (2-15). C’est, peut-être, encore plus évident si on note que X(t) obéit à l’équation différentielle (2-5) avec A(t) = 0 pour et, en prenant le temps 0’, avec A(~) = 2014 1 dans ~.
2° L’étude qui avait été donnée en [2], et qui était essentiellement orientée vers le cas
stationnaire, ne mentionnait pas la possible existence du domaine ~, obtenue ici [4] dans
le cadre d’une analyse générale du problème.
Vol. XXIV, n° 4-1976.
On peut alors schématiser le
système
S par la succession de troisopéra-
tions : une
opération linéaire,
engénéral dépendant
du temps, soitMl,
consistant dans la
multiplication
desdN(0)
parri(0),
unfiltrage
linéaire ~à
réponse exponentielle,
et uneopération M2,
linéaire et engénéral dépen-
dant du temps, consistant dans la
multiplication
de la sortie de ~par r2(t) [cf. fig. 2-3].
B. On a vu, par
ailleurs,
comment ilfallait modifier
l’énoncéprécédent
pour tenir compte de l’existence
possible
d’un domaine f.III.
SYSTÈMES
SQUELCONQUES
[LINÉAIRES
OUNON]
Soit
Ko
l’indice leplus
basfigurant
dans(1-2).
SiKo
>1,
iln’y
a pas, dans cedéveloppement
de composante linéaire Celan’empêche
pas deconstruire,
conformément aux résultats obtenus dans le caslinéaire,
des fonctionnelles
causales,
linéaires ethomogènes
desdN(O)
et, éventuel-lement,
markoviennes.3-1. LEMME I. - Si
X(t)
est markovien1 °
XKo(t)
est markovien.2° Il existe une
jonction
certainet’)
telle que l’on ait p. s. :Démonstration :
1 ° Comme
indiqué
dansl’introduction,
nous partons d’une f. a. à accrois-sements
indépendants
bien définieN(t)
et nous voulons assurer le caractère markovien pourN(t)
et pour tous ses «multiples
certains »N~(f) = /LN(f) [~
nombre certain #0] (5).
Introduisons :X~(t)
construit suivant( 1-1 )
et(1-2)
àpartir
deN~(t)
(~) On notera bien qu’il s’agit ici du passage d’une fonction aléatoire N(t) à une autre fonction aléatoire ÀN(t) alors que, dans la formulation de l’hypothèse H2 [cf. p. 330], le fac-
teur À fait passer, pour une seule fonction aléatoire N(t) d’une épreuve 03C9 à une autre épreuve { ~.cc~ ~ dont les dN(0) sont À fois plus grands.
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section A
FONCTIONNELLES CAUSALES MARKOVIENNES A ACCROISSEMENTS INDÉPENDANTS 337
et
Par
hypothèse, X~(t)
est markovien M. Si À -0, X~(t~
tend versXKo(t)
en m. q.
Or,
sous des conditions trèslarges,
le caractère markovien estconservé dans le passage à la limite en m. q.
qui
entraîne la convergence des lois(6).
D’où laconclusion,
pour le 1 °.(6) Ce point réclame quelques commentaires. Soit une suite d’instants
que nous noterons, de façon condensée : tp t t f [ p : passé ; f’ : futur par rapport à f].
Soit u,
uf]
la fonction caractéristique relative aux valeurs de X~(t) pour les instants considérés : passés (fp - u), présent (t --~ u) et futurs (t f --~ u f). La fonction caracté-ristique u f ; x] relative aux valeurs passées et futures conditionnées par le fait que la valeur présente X(t) possède la valeur fixée x est donnée par la relation (a) ci-dessous [5] :
X étant markovien, il y a, pour X~(t) = x fixé, indépendance entre le passé et le futur.
u f ; x] se factorise donc sous la forme ~~[up ;
x]~~[u f ;
x] et on a :Faisons tendre À - 0 et admettons que, pour le premier membre, nous puissions inter-
vertir le passage à la limite ~, -~ 0 avec les signes d’intégration. Nous savons par ailleurs que, pour À - 0, on a, uniformément dans tout domaine borné des u :
où correspond à XKo(t).
Sous réserve que soit valide l’hypothèse sur la possibilité d’interversion évoquée ci-dessus,
on pourra donc écrire :
ce qui implique la factorisation de x] donc le caractère markovien de XKo(t).
La validité du raisonnement repose donc sur la possibilité d’effectuer l’inversion signalée.
Nous l’admettrons. Éventuellement, on l’assurerait par des conditions assez larges sur les
noyaux R et sur la convergence de (1-2).
Vol. XXIV, n° 4 - 1976.
2° La relation
(3-1 )
s’obtient en raisonnant sur la fonctionnelleXKo(t) homogène
et dedegré Ko
par rapport auxdN(o)
et dont on vient de montrerqu’elle
estmarkovienne,
comme cela a été fait auparagraphe
II dans lecas linéaire
[cf.
p. 331 et suivantes : introduction de la fonction1>].
3-2. LEMME II. Si
X(t)
estmarkovien,
il existe unefonctionnelle causale,
linéaire et markovienne des
dN(9),
soit X l(t,
et unejonction
certaineAKo(t)
telles que l’on ait, p. s. :
Démonstration. -
Appliqué
àXKo(t),
ledéveloppement ( 1-6)
donne :XKo(t’)
= + ... +t’]
+t’] (3-4)
XKo.o[t, t’]
=XKo(t, t’)
nedépend
que dupassé [~ t].
t’]
nedépend
que du futur[0’
>t]. t’]
est une fonc-tionnelle
homogène
dedegré Ko - j
par rapport auxdN(0) passés
et dedegré j
par rapport auxdN(0’) [t
0’ ~t’].
Ceci estvrai, avec y
=Ko - 1,
pour l’avant-dernier terme
X1,Ko- t’).
Ce terme là a, deplus,
laparticu-
larité d’être celui
qui, parmi
ceuxqui
sont liés aupassé, possède
ledegré
le
plus
élevé par rapport auxdN(0’) [t
o’t’].
Sonexpression,
selon(1-7),
peut se mettre sous la forme[ f dN(D‘) ~ , Ko - 1,
t,t’, 81]
est une fonctionnelle desdN(0’) [t
8’ ~t’]
homogène
et dedegré Ko -
1 par rapport à cesdN(0’),
etdépendant
de
0i. D’après
le lemmeI, XKo(t)
est markovien siX(t) l’est,
lui-même. Ceciimplique,
pourXKo(t) fixé, l’indépendance
vis-à-vis dupassé dN(~) [0 t]
[cf. hypothèse H3,
p.331]
d’un événementquelconque
concernant le futur deXKo
par rapport à t.Utilisons alors
l’hypothèse H2 appliquée
à l’intervalle(t, t’).
Elle nous permet deréaliser,
pour tous lesdN(8’) [t
8’ ~t’]
relatifs à au moinsun ensemble de
trajectoires
mu’ deprobabilité > 0,
une homo-thétie de
rapport À #
0 sanstomber,
de cejàit,
dans des domaines2Q { 4152[t, t’], ~ }
deprobabilité
nulle. Onconçoit
alors que, pourdes 1 À 1
assez
grands,
et pour tous lesdN(O) [8 t] fixés,
donc pourXKo(t) fixé,
la seule
façon
de rendreXKo(t’) indépendant
de tout autrerenseignement passé
consiste à faire en sorte quet’]
nedépende
desdN(8) passés qu’à
traversXKo(t).
XKo(t)
est une fonctionnellehomogène,
dedegré Ko,
desdN(0) passés, indépendante
desdN(0’)
futurs. Pour que lesdN(0) passés
n’interviennent dans(3-5),
linéaire par rapport à eux,qu’à
traversXKo(t),
et ceciquels
queAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Section A
339 FONCTIONNELLES CAUSALES MARKOVIENNES A ACCROISSEMENTS INDÉPENDANTS
soient les
futurs,
il fautque ,[ {dN(03B8’)}, Ko - 1,
t,t’, 81]
se facto-rise suivant :
et que la fonctionnelle linéaire
soit telle que l’influence du
passé qui
se transmet à travers elle nedépende
que de
XKo(t, m).
Ceci demande à êtreanalysé
defaçon différente
selon laparité
deKo.
a)
SiKo
estimpair.
- Pour des raisonsd’homogénéité
par rapportaux
dN(0),
la condition énoncée ci-dessus sur l’influence dupassé implique qu’en
posant,X1(t,
= t,m),
onait,
p. s. :Le caractère
bijectif
de(3-8)
assure que est markovienpuisque XKo(t)
l’est.
b)
SiKo est pair.
- a deux déterminations cequi
rendcaduc le raisonnement ci-dessus : il est
cependant possible
de respecter le caractère markovien deXKo(t)
avecKo pair,
mais cela ne peut êtrefait
que pour des
N(t)
ayant despropriétés particulières [invariantes
pour lechangement dN(0) - -
Alors(3-8)
n’estplus
valable que soussa forme de droite et
perd
son caractèrebijectif. Quoi qu’il
ensoit, (3-3)
estétabli. On
établit,
parailleurs,
même pourKo pair,
le caractère markovien deXi
en montrant que siX1
n’était pasmarkovien,
il en serait de même deXKo
d’où contradiction(’).
Remarque.
C’est à cause desparticularités
introduites par le cas oùKo
est
pair,
danslequel,
lacorrespondance XKo n’ayant
pasd’inverse,
le caractère markovien de
XKo
ne peut être assuré, àpartir
de celui deX 1,
que pour des
fonctions N(t) particulières,
que le théorème II que nousallons établir dans le cas
non-linéaire,
donne seulement une conditionnécessaire,
alors que le théorème I du cas linéaire[Ko
=1]
donnait unecondition nécessaire et
suffisante.
3-3. LEMME III. - Si
X(t)
est markovien, il existe, pour K[quelconque]
Ko,
unejonction
certaine du tempsAK(t)
telle que, X1 (t)
étantla fonc-
tionnelle linéaire causale introduite par le lemme II, on ait p. s. :
3-3-1. Considérations
préliminaires.
-[i]
On établit d’abord que la (’) Ce résultat, qui n’est pas évident, découle du fait que la fonctionnelle linéaire cau-sale Xi, ne peut être non markovienne, |X1| étant markovien.
Vol. XXIV, n° 4-1976.
paire
de f.X}
constitue une/
a. vectorielle markovienne à deux dimensions ce que nousnotons {X1, X}
EM2. [ii]
Il en est de même de~ X ~ y), X(t) -
ouX(t) -
t,v] ~
où F[X1(t),
t,v]
est un
polynôme
certain deX1(t),
dedegré
v, dont les coefficients peuventdépendre
de t.Démonstration du lemme. Pour K =
Ko,
c’est fait(lemme II).
Si lelemme III n’était pas
vrai,
il existerait un entier p > 0 tel que(3-9)
seraitvérifié pour
Ko, Ko
+1,
...,Ko
+( p - 1)
et pas pourKo
+ p. Nous allons montrer que c’estimpossible.
Montrons d’abord
que {X
~,XKo +p ~
EM2.
Nous réintroduisonsN~(f) = ~,N~t)
et lesX~(t) correspondants.
Pour K E[Ko,
...,Ko
+ p -1], (3-9)
est vérifié. La somme desXK(t) correspondant
à ces indices est donc unpolynôme P[t, X 1 (t) ; Ko
+ p -1]
dedegré Ko
+ p - 1 et,d’après (3-3-1 ),
on a :
soit, évidemment,
Si À -
0,
lepremier
membre tendvers {X1, XK0+p}
en m. q. et le carac-tère
M2
est conservé(voir
renvoi p.337).
Conséquence
sur l’évolution -Étudions
cette évolu-tion de t à t’.
Xi
étantmarkovien,
son évolution nedépend
dupassé
par rapport à tqu’à
traversX 1(t).
Par contre,XKo+p(t’), qui,
considéré isolé- ment, n’a aucune raison d’être une f. a. scalairemarkovienne, dépend,
a
priori,
de cepassé
à travers :Comme nous l’avons fait pour
XKo+ p(t’) (cf. équation (3-4),
p.338),
utilisonspour le
développement :
La différence
qui apparaît
est la suivante :XKo(t)
était markovien et celaimpliquait,
pourXKo(t) fixé, l’indépendance
vis-à-vis dupassé dN(0) [0 ~ t]
d’un événementquelconque
concernant le futur deXKo
par rap-port à t.
Ici,
nous devons dire : un événementquelconque
concernant le futur deXKo + p
par rapport à t estindépendant
de ces mêmespassés,
pour
XKo+p(t) et X 1 (t) _ f xés.
Continuant alors le raisonnement du lemme I I,on portera son attention sur le terme
X1,Ko+ p-1[t, t’J
pourlequel
onétablira que les
dN(0) [0 ~ t]
n’influencent son futur t’ > tqu’à
traversles deux seules valeurs
XKo +p(t)
etX 1(t).
En
opérant
alors defaçon analogue
à cequi
a été fait pour le lemme II,on aboutit à la conclusion suivante : l’étude du terme met en évidence une fonctionnelle causale
X i,p(t),
linéaire ethomogène
desAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Section A
341
FONCTIONNELLES CAUSALES MARKOVIENNES A ACCROISSEMENTS INDÉPENDANTS
dN(0) [0 t], qui,
à cause du caractère markoviende {Xi,
doitêtre fonction certaine de
XKo+p(t) et
deX ~ (t),
toutes deuxhomogènes
parrapport à ces mêmes
dN(0),
lapremière
dedegré Ko
+ p et la seconde dedegré
1. Pour Xmarkovien,
ceci n’estpossible qu’avec
D’où
(3-9). (3-13)
est, eneffet,
la seulepossibilité compatible
avec la struc-ture des fonctionnelles considérées et le caractère markovien de X. Par
exemple, XKo + p(t)
=X l’F
~X 1]
excl ut le carac-tère markovien
[X dépendant
alors deXl
et dedifférents].
Remarque. Evidemment,
pourKo
= 1,Xi,
introduit aux lemmes IIet
III,
est lepremier
terme dudéveloppement (1-2).
3-4. THÉORÈME II. Pour que
X(t), causal,
nonlinéaire,
soitmarkovien,
il
fàut qu’il
existe unefonction
certaineF { Xl ; t}
telle que l’on ait p. s. :où
X 1 (t, m)
est unefonctionnelle
causale linéaire markovienne desdN(9).
Démonstration évidente à
partir
des lemmes II et III. Si Fpossède,
àchaque
instant t, une inverse bien définie F -1 de telle sorte que l’on ait aussi p. s. :alors la condition constituée par
(3-14)
et(3-15)
est évidemment suffisante pour assurer le caractère markovien deX(t)
àpartir
de celui deX1(t).
Cependant,
ilfàut
noter que lafonction
Fqui
intervient dans la condition nécessaire(3-14)
peut, pour desfonctions N(t) particulières,
ne pas avoird’inverse bien
définie
sans que cela mette en cause le caractère markovien deX(t).
Parexemple,
supposons que lesdN(8)
aient des loissymétriques
par rapport à
dN(9)
= 0.Alors,
la f. a.X 1 (t)
est invariante pour[X
1 --~ -X]
et, dans ce cas, on voit aisément que
X(t)
=X 1 (t)
estmarkovien,
bien que lacorrespondance
X ---+X1
comporte deux déterminations.Naturellement,
pour
N(t) quelconque, F[X]
=X 1
ne convient pas. D’où le caractère seule-ment nécessaire et nullement
suffisant
de la condition donnée par le théo- rème III.La
fonctionnelle causale,
linéaire et markovienneX 1(t)
peut être absolu-ment
quelconque
et, notamment,faire
intervenir un domaine de l’axe des t[cf. §
2-2, p.333]
de mesure non nulle en t. Si l’on n’a pas à tenir compte de l’existence d’un teldomaine,
alors on pourra se ramener, par unchange-
ment certain du temps, à un cas
où,
dans les relations( 1-2)
et( 1-3)
donnantle
développement
deX(t),
onprendra,
pour0
l03B82
... t :Vol. XXIV, n°4-1976.