A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION B
J. J ACOD
A. K LOPOTOWSKI
J. M ÉMIN
Théorème de la limite centrale et convergence fonctionnelle vers un processus à accroissements indépendants : la méthode des martingales
Annales de l’I. H. P., section B, tome 18, n
o1 (1982), p. 1-45
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Théorème de la limite centrale et convergence fonctionnelle
vers un
processus à accroissements indépendants :
la méthode des martingales
J. JACOD
(*),
A. KLOPOTOWSKI(**)
et J.MÉMIN (*)
(*) Département de Mathématiques et Informatique,Université de Rennes, Beaulieu, 35042 Rennes Cedex (**) Université de Torun, Institut de Mathématiques,
12-18 ul. Chopina, 87-100 Torun, Pologne
Ann. Inst. Henri Poincaré, Vol. XVIII, n° 1, 1982, p. 1-45.
Section B : Calcul des Probabilités et Statistique.
Depuis
Gnedenko etKolmogorov [7]
un nombre considérable d’auteurs ont contribué au théorème de la limitecentrale,
ordinaire oufonctionnel,
avec une loi limite normale ou indéfiniment divisible ou même
plus générale,
pour des « sommes discrètes »
(sommes
normalisées ou tableauxtriangu- laires)
ou des processus, à l’aide de méthodes dérivées de l’idée de « loiaccompagnatrice
».Il se trouve que, sous des
habillages parfois
assezdifférents, beaucoup
de ces démonstrations
reposent
sur une utilisation à peuprès identique
dela théorie des
martingales.
En outre, cette utilisationapparaît plus
claire-ment,
noussemble-t-il,
dans le cadre des processus que dans celui des sommesdiscrètes
(bien
que l’arsenaltechnique
pour les processus soit bien-sûrplus important).
Nous proposons donc ci-dessous une démonstration
unifiée, qui permet
de retrouver ungrand
nombre de résultats connus; citons parexemple,
sans
prétention
à l’exhaustivité : Brown[1],
Brown etEagleson [2],
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section B - Vol. XVIII, 0020-2347/1982/1/$ 5.00/
© Gauthier-Villars
McLeish
[19],
Durrett et Resnick[5],
Hall[9], Klopotowski [16], qui
toustraitent de sommes discrètes. Citons
aussi,
pour des théorèmes de conver-gence de processus, et avec des méthodes formellement
plus proches
de cequi
suit :Kabanov, Liptcer
etShiryaev [15],
Jacod et Mémin[11], Liptcer
et
Shiryaev [18]. Enfin,
nos résultatsenglobent également
les théorèmes fonctionnels obtenus par la méthode des «problèmes
demartingales
»lorsque
la limite est un processus à accroissementindépendants :
ceux parexemple
de Rebolledo[20]
ou deGrigelionis
et Mikulevicius[8].
Nous nous sommes
efforcés,
dans cetarticle,
dedégager
les idées debase,
et de démontrer des résultats aussi
généraux
quepossible ;
nous n’avons pas, par contre, laprétention
de faire une étudecomplète
dusujet,
et enparti-
culier nous n’avons pas donné
d’applications, renvoyant
pour cela à la littérature(abondante !),
avec toutefois uneexception :
nous avons traduitles théorèmes
généraux
obtenus dans le cadre des tableauxtriangu-
laires.
L’article est
organisé
comme suit : la section 1 a laprétention
deprésen-
ter de manière
pédagogique ( ?)
l’idéesous-jacente
et leshypothèses
« natu-relles )) dans ce genre de méthodes. Cette section est essentiellement non
technique,
enparticulier
onn’y parle
pas desemi-martingales,
avec le cor-tège
de notionsqui
y sontattachées,
alors que les sections suivantes sont au contraire fondées sur la théorie dessemi-martingales.
Dans la section 2 nous démontrons un résultat
général
de convergenceen loi d’une suite
(Xn)
de processus vers une limite Xqui
est un processus à accroissementsindépendants
sans discontinuités fixes : c’est le théo.rème
(2.21).
Ce théorème contient aussi un résultat de convergence en loi d’une suite de variables vers une limite dont la loi est indéfiniment divisible(ou
est unmélange
de telleslois).
Nousappliquons
ceci au cas où X est unbrownien
(§ 2-d)
et au cas où les X" sont obtenus àpartir
de tableaux trian-gulaires (§ 2-e).
Dans la section 3 nous démontrons le même résultat de convergence,
lorsque
X est un processus à accroissementsindépendants quelconque (avec
éventuellement des discontinuités
fixes) :
c’est le théorème(3.1).
Souli-gnons que, de manière assez
surprenante (étant
données les difficultésqu’on
rencontre habituellement à traiter des processus nonquasi-continus
à
gauche),
les conditions du théorème(3 .1 )
ne sont pasplus
restrictives que celles du théorème(2.21).
Enparticulier
les résultats obtenus ici sont bienplus
forts que ceux de[11],
danslequel
nous avions abordé le mêmetype
deproblème.
Enfinmalheureusement,
si le théorème(3 .1 )
est facile àénoncer,
il est trèslong
àdémontrer,
cequi
donne à la section 3 une allure trèstechnique
et difficile.THÉORÈME DE LA LIMITE CENTRALE ET CONVERGENCE FONCTIONNELLE 3
1. LES PRINCIPES FONDAMENTAUX
§ 1. a)
Autour d’un théorème trivial.On s’intéresse à la convergence en loi de variables ou de processus.
Quitte
à
prendre
desproduits
tensorielsd’espaces probabilisés,
onpeut
supposer que toutes les variables sont définies sur un même espace de base(H, F, P).
Les convergences en loi et en
probabilité
sont notées :~ , ~ .
Pour obtenir la convergence en loi d’une suite de v. a. à valeurs dans
IRd
vers une limite x, onpeut partir
del’hypothèse simple (voire
sim-pliste)
suivante.HYPOTHÈSE
(Hl).
- Pour tout u EIRd
il existe unedécomposition désigne
leproduit scalaire),
où les variablescomplexes J~n
etyn
véri- fient :1) yn
~ =iii)
les suites 1 sont uniformémentintégrables..
Sous
(Hl)
la convergence en loi de vers x est immédiate : en effety"
est « déterministe », donc
( 1.1 )
et~’)
entraînentd’après (1.1), iii)
eti),
layt‘) ~n>
1 est uniformément inté-grable
et tend vers 0 enloi,
donc dansL1,
donc -~(1.2) REMARQUE. -
On a tout un éventail de choixpossibles
dans ladécomposition (1.1). L’hypothèse-clé i)
est d’autantplus
« facile » à vérifier quey:
est «plus
déterministe ». On a ainsi les deux extrêmes suivants :a) yi
est « leplus
déterministepossible
», soit(on
supposeque 03B3un~ 0). i) équivaut
alors dans ce cas à la convergence en loi de vers x,auquel
cas(Hl)
est vérifié si et seulement siy" 5~
0.b) y:
est « leplus
aléatoirepossible
»,soit 03B3un
=et"
.xn et03B2un
= 1.i) équivaut
alors à la convergence en loi de vers x et au fait que x est p. s. déter-
ministe,
cequi
est donc très restrictif.Vol. XVIII, n° 1 - 1982.
Si donc on veut atteindre la
plus grande généralité possible,
il y a doncintérêt à
choisir 03B3un
aussi déterministe quepossible,
mais dans le cas extrêmea)
on arrive à une
tautologie !
.L’hypothèse (Hl),
et notammentiii),
estplus
restrictivequ’il n’y paraît :
par
exemple iii), i)
et(1.1)
entraînentque 03B3u ~
0. Dans le but d’affaibliriii),
et aussi pour étendre le
champ d’application
de ces résultats au cas des«
mélanges
de lois » et des processus, nous introduisons une autrehypo- thèse, plus
faible etbeaucoup plus compliquée.
HYPOTHÈSE
(H2). 2014 Soit 03BEn et Ç (resp.
xn etx)
des v. a. à valeurs dans C(resp.
dans(~d);
soit G une sous-tribu de F. On supposeque ( ~n ( 1,
|03BE|~ 1,
et que pour tous u E n, il existe des v. a.03B2unp
etyn
avecet
qui
vérifient :i)
xet Ç
sontindépendantes,
conditionnellement parrapport
àG;
ü) G) --~ E( ~ G) ;
iii) y" : - [ G)
ne s’annule pas, p. s. ;lv) yn
~ 3v) 1
G Vi
3vi)
les suites 1 sont uniformémentintégrables..
( 1. 4)
THÉORÈME. - Sous(H2)
on a[ [ G),
etdonc --~ pour tout u E
(~d.
Démonstration. Fixons u E Comme
[ y" [
> 0 p. s. et commey"
estG-mesurable,
il suffit de montrer que[ ( G)
surchaque ensemble ( [ yu [
>1/p ~,
cequi
revient à supposer que[ yu [
>1/p partout
pour un03C1 ~ N
donné. SiAn
=f [ yn [
>1/p }, iv)
entraîne alors que ~ 1 . PosonsEn
appliquant i )
etiii), puis v)
et(1.3),
il vientD’après ii),
le dernier terme de(1.5)
tend vers 0 enprobabilité.
On saitque
P(AD ~ 0,
etd’après vi)
la suite{ }n1
i est uniformé-5 THÉORÈME DE LA LIMITE CENTRALE ET CONVERGENCE FONCTIONNELLE
ment
intégrable,
donc le second terme de(1.5)
tend aussi vers 0 en pro- babilité. Enfind’après (1.3)
etvi),
la suiteest uniformément
intégrable (car y" ~ 1)
et tend vers 0 enprobabilité d’après iv),
donc lepremier
terme de(1.5)
tend vers 0 enprobabilité.
Parsuite
an ~
0 et on a le résultat.(1.6) REMARQUE. -
Parrapport
à(Hl), l’hypothèse (H2)
estplus
faiblepour trois raisons :
1)
l’introduction de~"
et~,
cequi
nous servira à démontrer les théorèmes de convergencefonctionnelle ;
2)
leremplacement de 03B2un
par les cequi
sert à affaiblir3)
l’introduction de la tribu G.L’usage
en est,typiquement,
le suivant :supposons
qu’on sache, grâce
à l’utilisation de(Hl)
parexemple,
prouver la convergence en loi de vers xquand x
suit une loi indéfiniment divi- sible(un
casfréquent !).
Grâce à G onpeut
alors obtenir des convergencesvers des «
mélanges ))
de telles lois.En
fait,
cela revient à considérer des versionsrégulières dx)
etdx)
des lois conditionnellesde xn
et x parrapport
à G et à démontrer que tend vers ~, étroitement enprobabilité.
Mais cela évite ainsil’usage
des
probabilités
conditionnellesrégulières
et l’introduction de la conver-gence étroite en
probabilité, t
§ 1. b) Application :
le théorème fondamental.Nous allons maintenant montrer comment le thérorème
(1.4) s’applique
dans la méthode des « lois
accompagnatrices
», enénonçant
un théorèmegénéral
dont laplupart
des résultats de la littérature sont des corollaires.La
première
remarque consiste àsouligner
que la méthode des lois accom-pagnatrices
est fondamentalement une méthodeadaptée
à la convergence des processus, etplus précisément
des processus indicés parI~ +
et à tra-jectoires cadlag (continues
à droite et pourvues de limites àgauche),
mêmequand
onl’applique
à la convergence d’une suite de v. a. : en effet dans ce cas on suppose que xn est la valeurprise
par un processus X" enun
temps (éventuellement aléatoire) in,
soit x" =X~n ; puis,
on donne desconditions sur les X"
permettant
d’obtenir la convergence des x"(ceci
estvrai en
particulier
dans le cas des tableauxtriangulaires,
comme on le verraplus bas).
Vol. XVIII, n° 1 - 1982.
Dans ce
paragraphe,
on suppose que Xn et X sont des processus indicés par(~ +, cadlag,
à valeurs dans nuls en 0. Pourchaque n e N,
soit une filtration rendant xn
adapté.
Pour les notions de« théorie
générale
des processus » nous renvoyons à Dellacherie etMeyer [4]
ou à Jacod
[10].
Soit D une
partie
de soit G une sous-tribu de F.(1.7)
DÉFINITION. - On dit que Xn convergefini-dimensionnellefnent
lelong
de D versX,
conditionnellement parrapport
àG,
et on écrit :si pour
tous q
E... , tq
ED, g
continue bornée sur on aQuand
G esttriviale,
cela revient à :(X71,
...,(Xtt,
...,Xtq)’
et onécrit
alors : Xn X.Quand
enplus
D =(~+,
c’est la convergence fini- dimensionnelle usuelle..(1.9)
DÉFINITION. - On dit que X est un PAI(processus
à accroissementsindépendants)
G-conditionnel lelong
de D si pour tous q EI~l, t 1
...tq
s ED,
les variablesXS - X tq
et(Xt1’
...,Xtq)
sont indé-pendantes,
conditionnellement parrapport
à G(si
G est triviale et si D = !? +,X est alors un PAI
ordinaire)..
HYPOTHÈSE
(H3).
-i)
G cFô
pour tout nii)
X est un PAI G-conditionnel lelong
deD ;
iii) G(u)t :
=G)
ne s’annule pas, p. s., sitE D;
iv)
pour tous n E~1,
u E!Rd,
il existe :a)
un processuscomplexe cadlag Gn(u)
tel queGn(u)o
=1,
queGn(u)t
= 0si t Tn(u) :
=inf (s :
=0),
etque |Gn(u)| (
soit un processusF~-prévisible
et à variationfinie ;
b)
un processuscomplexe cadlag Mn(u), qui
est uneF"-martingale
localesur l’intervalle
[0, Tn(u)[ :
celasignifie
que est une Fn-mar-tingale
locale pour toutF"-temps
d’arrêt S tel que STn(u)
p. s., et ces processus vérifient :(1 . 12)
THÉORÈME. Sous(H3)
on a Xn~f ~G’~
X.THÉORÈME DE LA LIMITE CENTRALE ET CONVERGENCE FONCTIONNELLE 7
Démonstration. On va démontrer
( 1. 8),
danslequel
onpeut
bien sûrsupposer t 1
...tq,
par récurrence sur q, ensupposant si q
2 quepour
toute g
continue bornée sur-1 ~.
Pour obtenir( 1. 8)
il suffit de montrer quepour tout choix
des vk
E!Rd
et de u E En d’autres termes, siil suffit de montrer que
A cet
effet,
onapplique
le théorème(1.4) :
il suffit de prouver que~n, ~,
xn, x,
G,
vérifient(H2).
On a
(H3-M) => (H2-i),
et(1.13) => (H2-ii) (si q
=1, (H2-ii)
esttrivial).
Si
G), (H3)
entraîneque 03B3u =G(u)tg/G(u)tg-1,
donc 0 p. s., et on a(H2-iii).
Dans la suite on fait la convention
a/0
= 0 si a E C. SoitIl est clair que
(1.11)
et(H3-ii)
entraînent(H2-iv).
Il reste à définir On fixe u E n, p E Pour
simplifier
lesnotations,
on écrit G = M = T =
Tn(u).
Soit R =inf (t
>tq- 1
:1 1 /p).
Letemps
R A T estF~-prévisible
et strictementpositif,
donc il existe une suite de
Fn-temps
d’arrêt croissant vers T A R etvérifiant
Sm
T AR;
comme M est unemartingale
locale sur[0, T[,
onpeut
même choisir lesSm
de sorte queMS"’ (comme d’habitude,
Ms’n
= soit unemartingale
uniformémentintégrable
pourchaque
m E Posons
Vol. XVIII, n~ 1 - 1982.
Si
tq-l
1 tR,
on a t T(car
G = 0 sur[T, ooj[),
donc(1.10)
etla définition de R entraînent
que
p. On adonc
p pour tout t > 0. CommeMsm
est unemartingale,
on adonc
tq)m est
unemartingale bornée,
et onpeut
poser Ona (~np ~
p, d’où(H2-vi).
On a = 1 = 1 sur
l’ensemble {
donc= 1 et comme G V 1 on a
(H2-v).
Il reste à prouver
qu’on
a(1.3),
et pour cela on va d’abord montrer que( G
est décroissant. Soit S unF"-temps
d’arrêt tel que S T. AlorsMS
estune
martingale locale, donc 1 MS (
est unesous-martingale
locale donton
note ( MS ~ - M
+ A ladécomposition
deDoob-Meyer (Mo
=~0,
M
martingale locale,
A processusprévisible croissant).
Mais(1.10)
entraîneque 1 MS 1 = 1 / ~ qui
estprévisible
et à variation finie parhypothèse.
L’unicité de la
décomposition
deDoob-Meyer
entraîne alors que A =1 / ~ donc
est décroissant. Ceci est vrai pour tout ST,
et G = 0 sur
[T, oo[, donc 1 G ( est
décroissant. Montrons alors(1.3) :
si1 (
>l/p
on a R et T >tq,
doncSm
pour m assezgrand
et=
(1. 3)
découle alors de(1.10)..
COMMENTAIRES SUR L’HYPOTHÈSE
(H3).
- Cettehypothèse
semble à pre- mière vue fort arbitraire et nous allonsvoir,
de manièreheuristique,
enquoi
ses différents constituants sont « naturels »quand
on utilise le théo-rème
(1.4).
Pourcela,
on examinepoint
parpoint
la preuveprécédente.
1) (H3-ii)
estindispensable :
c’est cequi permet
d’obtenir(H2-i). Lorsque
D est réduit à un
point (i.
e., on s’intéresse à la convergence de v. a. etnon de
processus),
elle est d’ailleurs vide.2) (H3-iii)
estindispensable :
c’est cequi permet
d’obtenir(H2-iii),
sans
laquelle
le théorème(1.4)
ne saurait être valide. Toutefois cettehypo-
thèse est liée au fait
qu’on
utilise les fonctionscaractéristiques;
on verradans la section 3
qu’on pourrait
aussi utiliser les transformées deLaplace (à
condition detronquer
convenablement :voir § 3-d),
pourlesquelles
l’ana-logue
de(H3-iii)
estautomatiquement
vérifié.3) M"(u)
est unemartingale
locale : cettehypothèse permet
d’obtenir desqui
nedépendent
pas des1)
et des2) :
cen’est certes pas
indispensable,
mais c’est unesimplification commode, qui
THÉORÈME DE LA LIMITE CENTRALE ET CONVERGENCE FONCTIONNELLE 9
permet
d’avoir des énoncésraisonnables;
remarquercependant
que(H2-v)
est
déjà
unepropriété
« dutype martingale
».4) 1 Gn(u) ( est prévisible
à variation finie : cettehypothèse joue
unrôle, technique
mais fortimportant,
pour obtenir des 1 uniformémentintégrables.
En outre,d’après
la remarque(1.2)
on a intérêt à choisirG"(u)
aussi déterministe que
possible,
et le mieuxqu’on puisse
faire dans cettedirection,
si on veut(1.10)
avec pourM"(u)
unemartingale locale,
estpré-
cisément de
prendre G"(u) prévisible.
5) (H3-i)
est anodine(en général,
G esttriviale).
A ce propos,signalons
que la filtration F" est
quelconque,
pourvu que G cF~
et que X" soitF~-adapté.
Mais on a engénéral
intérêt à choisir F" aussipetite
que pos- sible :plus
F" estpetite, plus G"(u)
estdéterministe;
et si F" esttrop
grosse, il n’existe pas dedécomposition (1.10).
(1.14) REMARQUE. -
Soit T" unF"-temps
d’arrêt fini. La même démons- tration prouve queG] ~ E[f(Xt) G]
pourf
continue bornéesur
IRd,
si onremplace (1.11)
par :G"(u)tn ~ G(u)t.
On
peut
aussi se ramener à(1.12) proprement
dit en faisant unchange-
ment de
temps :
soitf (s)
=s/(t - s)
si s t etf (s)
= 00si s >
t; onapplique
alors(1.12)
aux processusXs -
etX
=X,
et àD={t~. .
§ 1. c)
Utilisation du théorème fondamental pour les tableauxtriangulaires.
Un tableau
triangulaire
est une famille E =1, 2,
...,nz")
de v. a. à valeurs dans
IRd (on peut
éventuellement avoir m" =oo),
définiessur
(Q, F, P).
Soit G une sous-tribu deF,
et = G V 1q k)
pour 1
Le
problème
habituellementposé
est le suivant : étant donné pourchaque
n un d’arrêt ~" à valeurs dans
{ 0, 1,
..., étudierla convergence des sommes
ligne
parligne :
(1.15)
THÉORÈME. - Soit x une v. a. telle quey" - I G)
ne s’annulepas. Si les variables
Vol. XVIII, n° 1 - 1982.
convergent en
probabilité
versyu
pour tout u E(~d,
on a xn~
x et même
I G! P E[f(x) ( ~]
pour toutef
continue bornée surf~d.
Démonstration.
- Soit g(t)
=partie
entièrede t
1-tsi t1, et g(t) =
~si t > 1 . On considère le processus
Xt
= et àchaque ligne
1 on associe le processusqui
estadapté
à la filtrationF: =
Il suffit alors
d’appliquer (1.12)
avec D= { 1 } :
on a(H3-i, ii, iii)
avecG(u)
1 =yu.
On a aussi(H3-iv)
avec(remarquer
queG"(u)
1 =yn,
d’où(1.11)). N
’ ’
(1.16) REMARQUE. -
Ce théorèmepeut
évidemment se montrer direc-tement,
sans passer par l’intermédiaire de(1 .12),
et c’est alors un peuplus
facile
techniquement :
voir Jakubowski[13].
Il existe bien sûr une version « fonctionnelle » pour le
problème
de limiteci-dessus
(elle
sera étudiéeau § 2-e),
il existe donc aussi une version fonc- tionnelle du théorème(1.15),
pourlaquelle
le recours à(1.12)
est néces-saire..
2. APPLICATION AUX SEMI-MARTINGALES
§ 2. a) Rappels
sur lessemi-martingales.
Pour toutes les notions
qui
ne sont pasrappelées ici,
nous renvoyons à[4]
et à
[10].
Soit Y = unesemi-martingale
d-dimensionnelle surl’espace probabilisé
filtré(Q, F, F, P),
c’est-à-dire la somme d’unemartingale
localeet d’un processus
adapté cadlag
à variation finie. On suppose queYo
= 0.Soit
f : IRd
une fonction fixée une fois pour toutes, avecOn pose
où
0394Ys
=YS - YS-,
cequi
définit un processus à variation finieadapté
purement discontinu,
avec un nombre fini de sauts sur toutcompact (car
THÉORÈME DE LA LIMITE CENTRALE ET CONVERGENCE FONCTIONNELLE 11
0394Yes
= 0si ) 1 /2).
Y - Ye est encore unesemi-martingale,
dont lessauts sont bornés par
1,
et elle admet donc unedécomposition unique
enoù B est un processus
prévisible
à variationfinie,
Y~ est unemartingale locale continue, Yd
est unemartingale
locale sommecompensée
de sauts, etBo = Yô
= 0. On note ... , laième composante
deY~,
..., et onpose
(variation quadratique).
Soit enfin v = xdx)
laprojection pré-
visible duale de la mesure des sauts de Y
(système
deLévy
deY) :
c’estl’unique
mesure aléatoirepositive
surf~+
xIRd
telle queet que pour tout A borélien de
IRd
situé à une distance strictementpositive
de
l’origine,
le processus =v(cv; [0, t]
xA)
soitprévisible
etsoit une
martingale
locale.Le
triplet (B, C, v) s’appelle
letriplet
descaractéristiques
localesmodifiées
de Y
(«
modifiées », car dans[10]
onremplace B
par le processus défini de manièreanalogue,
mais avec lafonction/(~-)
=qui
n’est pascontinue).
On sait que pour tout t > 0 on atandis que
(CÎ (cv) --
est une matricesymétrique non-négative si s t.
Pour tout u E
IRd
on poseA cause de
(2.1)
et de(2.5),
cetteexpression
a bien un sens et définit unprocessus
prévisible complexe
à variation finie.(2.7)
LEMME. Il existe unemartingale
localeN(Y, u)
telle queVol. XVIII, n° 1 - 1982.
Démonstration.
- Appliquons
la formule d’Ito à la fonctioneiu.x :
On obtient le résultat en
posant
Rappelons
enfin la définition del’exponentielle
de Doléans-Dade6(A)
d’un processus à variation finie A :
(2.9)
LEMME. - Le processusG(u) = u)] vérifie : i)
si R =inf (t : G(u)t
=0),
on aG(u)t =
0 pour t >R ;
~’)
on a R = inf(t : u)t
= -1);
iii)
il existe unemartingale
localeM(u)
sur~0, (~~
avecM(u)o
= 1 etDémonstration.
i)
etü)
sont évidents.Remarquer
que R est untemps prévisible,
carA(Y, u)
estprévisible.
Posons A =A(Y, u),
N =N(Y, u),
X = G =
G(u)
et Z =X/G,
avec la conventiona/0
= 0. On sait quePour obtenir
z//)
il suffit de vérifier que pour touttemps
d’arrêt SR, ZS
est unemartingale
locale(on
posera alorsM(u)
=Z). D’après (2.7), (2.11)
et la formuled’Ito,
on a :Les deux
premiers
termes ci-dessus sont desmartingales
locales. Le troi-sième, qu’on
noteFt,
définit un processus à variation finie. Si13 THÉORÈME DE LA LIMITE CENTRALE ET CONVERGENCE FONCTIONNELLE
il s’écrit
donc c’est une
martingale locale,
d’où le résultat.(2.12) REMARQUE. - G(u)
n’est pasl’unique
processusprévisible
à varia-tion finie vérifiant
i)
etiii) ci-dessus;
mais il est « maximal » au sensoù,
siG’(u)
en est un autre et si R’ =inf (t : G’(u)t
=0),
alorsR’
Ret
G’(u)
=G(u)
sur[0, R’ [.
Revenons à
l’hypothèse (H3) :
si dans(H3-iv)
on suppose queG"(u)
estprévisible
à variation finie(et
pas seulement( ), ( 1.10)
entraîneque X" est une
semi-martingale
sur[0, T"(M)[[ : d’après
cequi précède,
la
décomposition (1.10)
est alors « presque »unique (et même,
il y a un seul choix raisonnable pour celui du lemme(2. 9),
car(1.11 )
et(H3-iii) impliquent
queT"(u)
soit aussigrand
quepossible)..
§ 2 . b) Convergence
desemi-martingales
et de processus vers un PAI.Revenons à la situation suivante
(celle du §
1.b) :
(2.13)
X" et X sont des processuscadlag
nuls en0; G cF;
pn est une filtration telle que G cF~
et àlaquelle
X" estadapté ;
F est laplus petite
filtration telle que G c
Fo
et àlaquelle
X soitadapté;
D est unepartie
de
R+ .
(2.14)
THÉORÈME.Supposons que
i)
X soit un PAI G-conditionnel lelong
deD,
etG(u)t :
=G)
ne s’annule pas, p. s., si t E
D ;
z/)
pourchaque
n E N il existe unedécomposition
Y" +Z",
où Y" estune
F"-semi-martingale,
et pour tous zr E t E D on aitalors X" X .
Démonstration. - Il suffit
d’appliquer
le théorème(1.12) : l’hypo-
thèse
(H3)
est satisfaite avec etd’après
le lemme(2.9). M
Vol. XVIII, n° 1 - 1982.
(2.16) REMARQUE. -
Onn’apas supposé
ici que xn(resp. X)
est une Fn-(resp. F-) semi-martingale.
Même si Z" =0,
donc si xn est une Fn-semi-martingale
pour tout X n’est pas nécessairement une F-semi-mar-tingale..
Ce
théorème,
en tant quetel,
n’est pas vraiment intéressant car les pro-cessus
u)]
ont uneexpression compliquée.
Nous allons maintenantdonner des résultats
plus
« concrets »,lorsque
X est unesemi-martingale quasi-continue
àgauche (dans
la fin de cettesection), puis
dans le casgénéral (dans
la section3).
§ 2 . c) Convergence
vers unPAI-semi-martingale
sans discontinuités fixes.
Dans tout ce
paragraphe,
nous allons fairel’hypothèse
suivante.HYPOTHÈSE
(H4).
- X est un PAI G-conditionnel lelong
de!R+,
et c’estune
F-semi-martingale quasi-continue
àgauche..
Si G est
triviale,
laF-quasi-continuité
àgauche
est exactement l’absence detemps
de discontinuitéfixe,
pour le PAI X.Rappelons (voir
parexemple [10]
que si X est uneF-semi-martingale,
alors c’est un PAI G-conditionnel si et seulement si ses
caractéristiques
locales
modifiées,
notées(Bx, Cx,
sontG-mesurables;
dans ce casA(X, u)
est aussi G-mesurable et, siG(u)t :
= E(exp iu.Xt G),
on sait que(2.17) G(u) = u)]
(cela découle,
parexemple,
de lapropriété
immédiate que estune
martingale
surl’ensemble { G(u) ~ 0 ~,
et de(2. 9)
et(2.12)).
En outre, le PAI G-conditionnel et
F-semi-martingale
X estquasi-continu
à
gauche
si et seulement si onpeut
trouver une versionde vx qui
vérifievx( { s ~
xIRd)
= 0 pour tout s, cequi
revient à dire que lesA(X, u)
sonttous
continus;
dans ce cas,(2.17)
entraîne queG(u)
ne s’annule pas, eten
particulier (2 .14, i )
est vérifié.Rappelons
maintenant un résultatclassique (voir
parexemple
Gnedenkoet
Kolmogorov [7]).
Pourchaque n E N
on considère--- c" une matrice d x
d, symétrique non-négative;
-- F" une mesure
positive
sur avecpn( { 0 ~)
= 0 etTHÉORÈME DE LA LIMITE CENTRALE ET CONVERGENCE FONCTIONNELLE 15
Soit
( f
esttoujours
lafonction, fixée, figurant
en(2.1)).
Soit aussi C
l’espace
des fonctions réelles surcontinues,
admettantune limite à
l’infini,
et nulles sur unvoisinage
de 0.Pour toute mesure
F(dx)
et toute fonctions g, on écrira indifféremmentF(g)
ou pourl’intégrale de g
parrapport
à F.(2.19)
LEMME. Pour queX"(M) -~ a°°(u)
pour tout Meil faut
et ilsuffit
queDans la
suite,
si Y" est uneFn-semi-martingale,
on noteCY", vY")
le
triplet
de sescaractéristiques
locales modifiées.Rappelons
encore queTout est
prêt
maintenant pour énoncer notre théorèmefondamental.
(2.21)
THÉORÈME.- a) Supposons qu’on
ait(2.13)
et(H4),
et que pourchaque
n E M il existe unedécomposition
Yn +Zn,
où Y~‘ est uneF"-semi-martingale,
et queOn a alors Xn
~f ~G’D~
X.b)
Considérons la conditionsi D est dense dans
R+,
les conditions[sup 03B2], [y],
entrainent que X"converge en loi vers X
(convergence
étroite des lois surl’espace
de SkorokhodD([0, ~[; ~)).
.Vol. XVIII, n° 1 - 1982. 2
Voici
quelques
commentaires sur cet énoncé :1)
Iln’y
a pas lieu d’êtresurpris
par l’énoncé deb),
danslequel
la condi-tion
[UP]
adisparu :
on verra que si D est dense dansf~ +
et si on a(H4),
alors
[5]
=>[UP].
2)
La condition[UP]
est une condition « d’uniformepetitesse
~~ des sautsprévisibles
de Y" : si Jndésigne
lesupport prévisible
de l’ensemble mince{ 0 ~,
c’est-à-dire exactement l’ensembleet si
m r
=Ijn(s), [UP] équivaut
à : ~t ~D,
3) Si,
dans ladécomposition (2.3)
deYn,
on pose Mn = ync +y"a,
lepremier
membre de[y]
n’est autre que lecrochet M"’, Mnk ).
4)
Les trois conditions[~3], [y], [b]
sont à comparer, dans le mêmeordre,
aux trois conditions du lemme
(2.19);
enparticulier
elless’y
ramènentexactement
lorsque
X et les Y" sont des PAIhomogènes,
avec G trivialeet D = en
prenant
Le théorème
(2 . 21 )
est nouveau, sauf dans le cas où la limite X est un mouvementbrownien,
casqui
est dû àLiptcer
etShiryaev [18].
Par contre, laproposition suivante, qui
sertd’étape
pour prouver(2.21),
étaitdéjà plus
ou moins connue(voir
parexemple
le théorème(5 . 5)
de[11] pour
unénoncé très
semblable).
(2.22)
PROPOSITION.Supposons qu’on
ait(2.13)
et(H4),
et que pourchaque
n E 101 il existe unedécomposition
X" - Yn +Z",
où Yn est uneF"-semi-martingale,
avec les conditions[~], [~], [UP]
etOn a alors
Xn Lf(G,D)X.
(2 . 23) REMARQUE. -
Etant donné(2 . 20),
il est clair que[y’]
+[p]
+[y],
donc les conditions de
(2 . 22)
sontplus fortes
que celles de(2 . 21 a).
Ellessont strictement
plus fortes,
ainsi que le montrel’exemple
suivant.Soit
(znp)p1
des v, a.indépendantes
uniformes surÎ 0, 1 n ] ;
soitTHÉORÈME DE LA LIMITE CENTRALE ET CONVERGENCE FONCTIONNELLE 17
où
[n2t] désigne
lapartie
entière du nombren2t.
Il est facile de vérifier queSoit Y" = X" et Z" = 0. On a
[sup 03B2]
avecBX =
0. On a[5] avec vX = 0,
et
[UP].
Il est facile de voirqu’on
a[y]
avecCf = t/12,
donc x" tend en loivers
W/B/12,
où W est un mouvement brownien.On a aussi
[y’] (avec Cf = t/3),
mais[p]
n’est pas satisfaite(heureuse-
ment, sinon on aboutirait à une contradiction
!) ;
en effetNous
découpons
la démonstration enplusieurs lemmes, qui permettent
de reconnaître àquoi
servent les différenteshypothèses. Rappelons
la pro-priété suivante, d’usage
constant dans la suite : pour que xn~
x, où xn et x sont à valeurs dans un espace
métrique,
il faut et il suffit que de toutesous-suite extraite de on
puisse
extraire une sous-sous-suitequi
converge p. s. vers x.(2 . 24)
LEMME. - On a[fl]
+[y’]
+[à]
+ iu .Z?
+A(Yn,u)t p A(x, u)i
(2 . 24)
LEMME. 2014 On a[03B2]
+[y’]
+[03B4]
+A(Y", u)
tpour tous t E
D,
u ERd.
Démonstration. Soit t E D.
Quitte
àprendre
unesous-suite,
onpeut
supposer que les convergences dans[~3], [y’]
et[5]
aupoint t,
et dans[5]
pour
toute g
ECo
oùCo
est une suite dense dans C(qui
estséparable
pour la convergenceuniforme),
ont lieu pour tout con’appartenant
pas à unepartie négligeable
N de Q. On a alors[0, t]
xg)
--~[0, t]
xg)
pour tous
N, g
E C. Le résultat est alors uneconséquence
immédiatedu lemme
~2.19), appliqué
pourchaque
N..(2. 25)
LEMME. - Si sont des suites de nombrescomplexes,
et sion a
Démonstration. - Elle est
évidente,
enpassant
aulogarithme,
et enremarquant
quel’hypothèse implique
quelim(n) sup(p) ( ap ~ -
0..Vol. XVIII, n° 1 - 1982~
(2.26)
LEMME. - On apour tous t E
D,
u EDémonstration.
D’après (2.6)
et(2.20)
on aIl existe une constante
ku
telleque 1 eiu.x
-1 ~ 1
~ A 1 et PosonsQuitte
àprendre
une sous-suite(comme
dans la preuve de(2.24)),
onpeut
supposer que dans[y’], [b], [UP], [p]
il y a convergence pour tout cv en dehors d’un ensemblenégligeable
N. On en déduit enparticulier
quecar les
quantités
ci-dessus sontmajorées
par lespremiers
membres de[y’], [~]
et[p] (pour
desfonctions g convenables; rappelons
queOn a
AA(yn, u)
=AByn
+Hn,
doncet (z . z~) entraîne que
On a
aussi u) ~ Z ~ u) ~ [ ~ AByn ( + !],
doncPar
ailleurs u)S (
+v yn({ s }
xf x : ~ x ~ >
B})],
donc[UP]
entraîne que
sups, t -~ o.
On déduit alors le résultat de l’iné-galité ci-dessus,
en utilisant(2.28), (2.29)
et[p] ..
Démonstration de
(2.22).
-D’après (H4)
on a(2.19)
et(2.14, i).
Etant donnée la forme de
u)],
les lemmes(2.24), (2.25)
et(2.26)
entraînent