A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
H ENRI M ASCART
Sur quelques opérateurs linéaires différentielles
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 4
esérie, tome 24 (1960), p. 5-75
<http://www.numdam.org/item?id=AFST_1960_4_24__5_0>
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ANNALES
DE LA
FACULTÉ DES SCIENCES
DE L’UNIVERSITÉ DE TOULOUSE.
POUR LES SCIENCES MATHEMATIQUES ET LES SCIENCES PHYSIQUES.
INTRODUCTION
’
Les
opérateurs linéaires, qui
fontcorrespondre
une fonctionanalytique
à unefonction
analytique
etqui
sontpermutables
avec la dérivation ont faitl’objet
denombreuses
études, parmi lesquelles
il faut citer enparticulier
celles deHilb [4],
von Koch
[5], Muggli [6],
Monsieur Perron[7],
Ritt[10].
Dans ce travail on se propose deprésenter plus simplement
certains résultats de Monsieur Sikkema[11], [12], [13], lorsque
lesopérateurs
sontapplicables
aux fonctions entières de croissancedonnée;
par
ailleurs,
encomplétant
sur unpoint
unimportant
article de Valiron[14],
onest conduit à une formule donnant la
transformée,
par unopérateur donné,
d’unefonction
holomorphe
dans un cercle centré àl’origine.
Le
chapitre
II a pour but de montrer que cette formule est vraie pour desopé-
rateurs linéaires d’un type très
général;
ceux-ci avaient été étudiés par Bourlet[2]
et Pincherle
[8], [9], puis
par Flamant[3] ;
mais cetteformule,
que nous croyonsnouvelle,
conduit à despropriétés topologiques
intéressantes de cesopérateurs;
ceci permet en
particulier
degénéraliser
un théorème sur la continuité dû à Monsieur Boas[1]
dans le cas desopérateurs permutables
avec la dérivation etapplicables
aux fonctions de type
exponentiel
donné. Il faut remarquer aussi queplusieurs
résultats peuvent être étendus aux
opérateurs, qui
fontcorrespondre
une fonctionanalytique
dep variables
à une fonctionanalytique
de n variables.Dans le
chapitre
III on considère lesopérateurs, qui
transforment l’une dans l’autre deuxpuissances
entières de la dérivation. On s’est attaché enparticulier
au
problème
de l’inversion dans le cas des fonctions entières de croissance donnéeavec un ordre inférieur à 1.
Le
chapitre
suivant traite desopérateurs
satisfaisant à uneégalité fonctionnelle, importante,
à savoir ceuxqui
transforment l’un dans l’autre deuxopérateurs
connus;des
propriétés
des solutions de cetteégalité
sontindiquées
dans le cas où l’on connaîtune solution
particulière,
surtout si celle-ci admet un inverseunique
à droite età
gauche
pour les fonctionsconsidérées;
desexemples simples
illustrent ces résultats et permettent de résoudre certaineségalités importantes.
6
Une étude
plus
détaillée d’un casparticulier
et des remarques sur les résultatsgénéraux
forment lechapitre V;
on considère surtout lesopérateurs, qui
transformenten une
puissance
de la dérivation unopérateur
différentield’Euler,
où les exposantsqui
affectent la dérivation sontsupérieurs
à ceux portant sur leproduit
par la variable.Le
chapitre
VI traite desopérateurs permutables
avec certains de cesopérateurs d’Euler;
mais son butprincipal
est d’étudierquelques égalités,
où intervient unopérateur
inconnu etqui
se déduisentsimplement
les unes des autres enmultipliant
les deux membres de la
précédente
par unepuissance
duproduit
par la variableou de la
dérivation;
on compare les solutions de ceségalités;
certaines d’entre elles peuvent êtreprévues,
mais pour les obtenir toutes il faut leplus
souvent refaireà
chaque
fois une étudeparticulière.
Ces résultats sont
complétés
dans lechapitre VII;
on yenvisage
lesopérateurs permutables
avec unopérateur d’Euler,
où les sommes des exposants despuissances
de la dérivation et du
produit
par la variable sontégales.
Enfin ongénéralise
lanotion
d’opérateurs permutables
avec unepuissance
de ladérivation,
introduitsau
chapitre III,
en cherchant lesopérateurs permutables
avec unopérateur donné,
lui-mêmepermutable
avec ladérivation;
ce dernier ne peut êtrequelconque,
sil’on veut obtenir des conclusions
simples.
CHAPITRE 1
OPÉRATEURS
PERMUTABLES AVEC LADÉRIVATION
’Dans ce
qui suit,
sauf auchapitre IV,
les espaces vectoriels E defonctions analy- tiques
considérés sont des espaces vectoriels sur le corps K descomplexes
de fonctionsholomorphes
àl’origine;
ils sont tels que, si la fonctionappartient
àE,
il en est de même des sommespartielles
du
développement
en série entière def(z)
autour del’origine.
Un
opérateur
linéaire L sera ditapplicable
auxfonctions
deE,
si Lapplique l’espace
E sur un espace E’ de fonctionsholomorphes
en unpoint donné, qui
seraen
général l’origine,
et si dans unvoisinage
de cepoint
on a leségalités
où f (z)
et g(z) appartiennent
à E et a à K.Si E est fermé par
dérivation,
considérons unopérateur
linéaireL, permutable
avec la dérivation et
appliquant
E sur un espace de fonctionsholomorphes
àl’origine.
On a
où les
quantités lq
sont constantes(cf.
parexemple [1]). Supposons
en outre que, pour toutefonctionnez)
deE,
L vérifieen
chaque point
d’unvoisinage d’
del’origine,
d’pouvant dépendre
def (z);
lafonction
ainsi définie dans d’ doit donc être
holomorphe
àl’origine
pour la suite infinie considérée.On se propose de faire l’étude de certains ensembles
remarquables
de telsopérateurs.
REMARQUE. -
Sij(z)
est unpolynôme, L ( f )
se met sous la forme~
si zo est une constante et si on
pose f (z)
=g(z - zo),
on a aussien
particulier
on remarque quesont des
polynômes
en z et z- zurespectivement,
définis par les mêmescoefficients.
l. PRODUIT
D’OPÉRATEURS.
Soient a et i deux nombres
positifs, finis,
non nuls.THÉORÈME.
- Si E estl’espace
desfonctions
entières decroissance ~, a )( ne dépassant
pas le type i de l’ordre de~),
on aréciproquement
desquantités vérifiant (3) définissent
unopérateur
Lapplica.
ble
aux fonctions
deE,
et pour l’une de celles-ci on aoù la série converge absolument en tout point à distance
finie
etuniformément
danstout domaine borné.
En
effet,
si(3)
n’est pasvérifiée,
on peut extraire de la suite une suite infinie~1,, ~
1 dequantités
nonnulles,
telles quelorsque n
-+ oo, ne converge pas àl’origine
pour la fonction de ESupposons
donc(3) vérifiée;
à une fonctionfez)
de E on faitcorrespondre
la fonction
qui appartient également
à E.g~n~( (z( )
est le coefficient du terme en(x - )z)
!du
développement
en série entière deg(x)
auvoisinage de |z|;
la sérieconverge donc pour toute valeur finie de z ; elle
majore
la série double(2);
celle-ciconverge absolument en tout
point
à distancefinie ;
en permutant l’ordre des som-mations,
on obtient la forme(4).
Lamajoration précédente
montre deplus
que la série(4)
converge uniformément dans tout domaineborné;
on peut la dériver terme à terme;l’opérateur
considéré est doncpermutable
avec la dérivation.Si on a
(1)
enchaque point
ded’,
sipetit soit-il,
cetteégalité
a lieu en toutpoint
à distance finie et la convergence est uniforme dans tout domaine borné.
D’autre part l’étude du cas où
f(z)
est unpolynôme
conduit à la remarque suivante : soittn(z)
la sommepartielle
de rang n dudéveloppement
en série entièrede f (z)
en Z-Zo autour d’unpoint
donné zo pour démontrer cethéorème,
on peutremplacer
la condition(1)
par la convergence deL (tn)
vers L( f )
enchaque point
d’un
voisinage
de zo,lorsque n
-+ oo ;l’expression (4)
est bienindépendante
dezo.
Si la condition
(3)
estsatisfaite,
pour lesfonctions
de El’opérateur
L estreprésenté
par la série
formelle.
en
désignant
par D lesymbole
de ladérivation ;
lasignification
des coefficientsln
montre que cette
représentation
estunique.
THÉORÈME.
- Lesopérateurs linéaires, permutables
avec D etapplicables
au.~fonctions
entières de croissance(~, i) forment
un domained’intégrité
pour ~ l. .Soient L et M deux de ces
opérateurs
définis par les séries formellesLe
produit
de ces sériesest
applicable
aux fonctions entières de croissance(7, r).
Soit en effet a’ laplus grande
des deuxquantités
A a tel que
on peut associer un
nombre b,
tel que l’on ait pour tout nD’où
Pour une fonction
f (z)
entière de croissance(7, r)
la série doubleconverge absolument en tout
point
à distancefinie;
elle estmajorée
par la série obtenue enremplaçant
la fonctionfez)
par lafonction g (z)
introduite dans la démonstrationprécédente,
mq, et z par leur modules: dans cette nouvelle sérieon peut regrouper les termes contenant mq en facteur, car ils forment le
produit
par Inq d’une somme convergente,
qui majore
la dérivéed’ordre q
de L( f ).
Ona donc
pour toute fonction entière de croissance
(r, r);
ceproduit
estcommutatif;
il n’estnul que si l’un des
opérateurs
estnul,
c’est-à-dire si l’une des séries formelles est nulle.Tout
opérateur
M de l’anneau considéré estapplicable
à la fonctioncelle-ci est donc entière de croissance
(Q, I)
car, s’il n’en est pasainsi,
onpourrait
trouver un
opérateur
M tel quediverge.
Cette
propriété
ne peut être étendue au cas où 6 > 1 .Le
produit
des séries formellespeut
ne pas êtreapplicable
à toutes les fonctions entières de croissance{o~, I)
parexemple
pouron a
D’où
et il suffit de choisir a de sorte que cette dernière
quantité
soitsupérieure
à(~~)" l~a.
De même L
( f )
n’estplus
nécessairement unefonction
entière de croissance(~, i).
2. INVERSION DES
OPÉRATEURS.
Soient E
l’espace
des fonctions entières de croissance(y, r)
avec u 1 et 2l’anneau des
opérateurs linéaires, permutables
avec D etapplicables
aux fonctionsde E. Un élément L de 2 admet-il dans ~ un inverse à
gauche L ?
Pour les fonctionsde E
l’égalité
L L = 1 conduit d’abord à chercher l’inverse de la sérieformelle
c’est-à-dire à résoudre le
système
Si
la
~0,
il reste à montrer que la série formelle ainsi obtenueappartient
à ~.LEMME. - Si p
désigne
un nombrepositif
et la suite descoefficients
de laformule
dubinôme,
on aEn effet soit
Q
un entiersupérieur
à4/p
et à2 ;
pour n >2Q
on aet
les termes de cette dernière somme, en nombre
fini,
tendent vers 0lorsque
n augmente indéfiniment.THÉORÈME.
- Lesopérateurs linéaires, permutables
avecD, qui
sontapplicables
aux
fonctions
entières de croissance(d, z)
avec Q 1 et dont lepremier coef- ficient
n’est pasnul, forment
un groupemultiplicatif abélien.
L’opérateur
L est.unique ;
montronsqu’il
estapplicable
aux fonctions entières de croissance(Q, i).
L’inverse deL/lo
estla[ ;
on peut donc supposerla
=1. Il existea
(Qi)-1~~
et b tels que l’on aitpour tout n. De
plus
il existe b’ tel que l’on aitpour q n; cette
inégalité
est encore vérifiée pour q = n, si n estsupérieur
à unnombre N que nous allons déterminer.
D’après
lelemme,
on peut trouver N tel que n > N entraîneOn obtient le résultat cherché en prenant
L’inégalité portant sur iq
estvérifiée, quel
quesoit q,
et donneCette
propriété
ne peut être étendue au cas où 03C3 = 1, comme on le verraplus
loin.
REMARQUE.
- Sila
= 0 et sitN
est lepremier
coefficient non nul deL,
on aL = M
DN,
où Mappartient
à J~f et admet dans 2/ un inverseunique M,
tel que3.
CONSÉQUENCES.
Les notations sont les mêmes
qu’au paragraphe précédent
et on suppose Lnon nul.
l. . Si N =
0, l’opérateur
L est àla fois
inverse à droite et àgauche
de L dans~,
car ~ est un anneau commutatif.
2. Si
fez)
est unefonction
entière du type i de l’ordre J, il en est de même de L(f).
L
( f ),
nous l’avonsdit,
est une fonction entière de croissance(~, I)
.si L( f )
n’était pas une fonction entière du type z de l’ordre Q,
serait une fonction entière de croissance
(J, z)
sans être du type z de l’ordre 6, cequi
est contraire àl’hypothèse,
carf(z)
et ses dérivées ont même ordre et même type.D’une
façon générale,
si,f(z)
est une fonction entière de croissance(~, i),
L
( f ) et f (z)
ont même ordre et même type.3. . On connaît les solutions entières de croissance
(Q, z)
del’équation différentielle, linéaire,
d’ordreinfini,
àcoefficients
constants L( f )
= g(z),
où g(z)
est unefonction
entière de croissance
(J, z).
En effet
ce
qui permet
de connaîtref (z)
par Nintégrations successives ;
la solution est doncunique
si N = 0(la
~0),
et si 0l’équation
admet une infinité de solutionsqui
ne diffèrent entre elles que par despolynômes
dedegré
N - 1 auplus.
Si
0,
remarquons que M est défini par une série formelle en D et que M(g)
est une série de la forme
uniformément
convergente
dans tout domaineborné;
dans un tel domaine onpeut intégrer
cette série terme à terme N fois.4. La ou les solutions entières de croissance
(Q, z)
de LCf)
=g(z)
sont desfonctions
entières de même ordre et de même type queg(z).
Si
g(z)
est unpolynôme,
il en est de même defez);
enparticulier
la solutiongénérale,
entière de croissance(7, r)
del’équation
L( f )
= 0 est unpolynôme
arbitraire de
degré
N - 1 auplus
si N 7~ 0et f (z)
= 0 si N = 0.L’opérateur
Lapplique l’espace
des fonctions entières de croissance(u, r)
sur
lui-même;
cetteapplication
estbiunivoque
si 0.5. Si on pose
l’équation
L( f )
=g(z)
estéquivalente
ausystème
d’uneinfinité d’équations
linéairesà une
infinité
d’inconnues anInversement la méthode
précédente permet
de résoudre un telsystème
« trian-gulaire »
siet si on se borne aux solutions telles que
REMA R
QUE.
- Sil’opérateur
est
applicable aux fonctions
entières de croissance( 1 , z),
la sériea un rayon de convergence
supérieur
à T. Soit s, si elleexiste,
l’une des racines nonnulles de
plus petit
module dec’est-à-dire de
l’équation caractéristique
del’équation
différentielle L( f )
= 0Prenons un nombre t tel que
Les résultats
précédents
sont conservés si Edésigne l’espace
des fonctionsentières de croissance
(1, 1)
et J~f l’anneau desopérateurs linéaires, permutables
avec D et
applicables
aux fonctions deE;
car l’existence del’opérateur
L ou Mrésulte directement de l’inversion de la série
holomorphe
et non nulle dansCeci est vrai en
particulier
dans le cas d’unopérateur
L necomportant qu’un
nombrefini de termes et dans celui d’une
équation différentielle, linéaire,
d’ordrefini,
àcoefficients constants.
4.
SYSTÈMES LINÉAIRES
ENTREOPÉRATEURS.
E et S ont, de nouveau, la même
signification qu’au §
2.1. . Résolution de
l’égalité
linéaire.où les
opérateurs
connus A et Bappartiennent
et oùl’opérateur
inconnu Lapplique
E dans lui-même.Puisque
A et Bappliquent
E surlui-même,
il en est de même de L. On a deux casà considérer :
a)
Le rang dupremier coefficient
non nul de B estsupérieur
ouégal
au rang n dupremier coefficient
non nul de A. En posantl’égalité
donnée devientor
l’espace
des dérivées d’ordre n des fonctions de E est Elui-même;
dans E on a doncen
multipliant
par l’inverseuniqueÂ’
de A’ dansL’opérateur unique
Lappartient
à
J~;
il est aussi solutionunique
de A L = B si n est nul.b)
Lepremier coefficient
non nul de B est de rang n - p( p
entierpositif ).
En
posant
B =B"D"-P,
on obtient dans Esi on
applique
les deux membres de cetteégalité
à une fonction h(z)
deE,
dontla dérivée d’ordre p
est f (z),
on asoit dans E
L’égalité proposée
admet donc une infinité desolutions,
pour l’ensembledesquelles
on a les résultats suivants :
si f (z)
est une fonction deE,
on ne connaît que la dérivée d’ordre p de L(/);
si L( f )
est une fonction donnée deE,
on ne connaît que la dérivéed’ordre p
def (z).
Aucun desopérateurs
L n’est linéaire dans E.Si A est
nul, l’égalité
n’estpossible
que si B estnul; l’opérateur
L est alorsindéterminé.
2. Résolution du
système
linéaire de qéquations
à p inconnues.où les
opérateurs
connusAi,j
etB~ appartiennent
et où lesopérateurs
inconnusL;
sont linéaires et
appliquent
E dans lui-même.Les
opérateurs
étantsupposés linéaires,
cette résolution s’effectue comme celle d’unsystème
linéaire ordinaire à l’aide des déterminants. Il convientcependant
de faire les remarques
suivantes,
endésignant par A
le déterminantprincipal
dusystème
et par r son rang.a)
Si r= p et si
les déterminantscaractéristiques
sontnuls,
on déduit dusystème
donné des relations de la forme
où les
opérateurs A
etA; appartiennent
à 2. Si le rang n dupremier
coefficientnon nul de A est inférieur ou
égal
à celui dupremier
coefficient non nul dechaque A;,
les
opérateurs Lisent uniques
etappartiennent
à 2. Si cette condition n’est pasréalisée,
lesystème proposé
n’admet aucune solution.b)
Si rp et si
les déterminantscaractéristiques
sont nuls. il sepeut
que lesystème
donné admette une infinité de solutionsLi
appartenant à2,
parexemple
dans le cas où n est
nul;
mais dans cette dernièrehypothèse
ce ne sont pas les seulessolutions,
car les inconnues nonprincipales
sont arbitraires etn’appartiennent
pas nécessairement à ~f.
5. FONCTIONS HOLOMORPHES DANS UN DOMAINE.
1. LEMME. - Si
l’opérateur
Lapplique l’espace
E desfonctions holomorphes
dansIzi
R sur un espacede fonctions holomorphes
àl’origine,
on aréciproquement
desquantités ln vérifiant (3’) définissent
unopérateur
Lapplicable
aux
fonctions
deE,
et pour l’une de celles-ci on aoù la série converge absolument dans le domaine d’ R - 1 et
uniformément
dans tout domaine contenu avec
sa frontière
à l’intérieur de d’.La démonstration est
analogue
à celle faiteau § 1 ;
si(3’)
n’est pasvérifiée,
il existe au moins une fonction de
E,
pourlaquelle
L(sn)
ne converge pas àl’origine lorsque
n - ce ; si on a(3’),
lesinégalités
deCauchy
relatives aux dérivées d’une fonctionholomorphe
prouvent la convergence en toutpoint
de d’ de la sériequi majore
la série double(2).
On peut faire ici des remarquesanalogues
à cellesfaites
au § 1,
concernant la convergence de(1);
ici la convergence est uniforme dans tout domainecomplètement
intérieur à d’ et zo doit se trouver dans d’.Remarquons que d’
ne peut êtreremplacé
par un autre domainecirculaire |z|
ravec r > R - 1 pour donner la forme
(4’)
à L( f ), quelle
que soit/(z)
dans E.En effet soient zo un nombre de module R et to un nombre tel que
f
n !diverge ; ( 03A3 ln vn diverge
pour z = zo - to.Puisque toi (
estn=0 Bn=0
aussi voisin que l’on veut de
l,
onpeut rendre |z|
-(R - /)
arbitrairementpetit,
en choisissant zo de même argument que to.
2. Fonctions
holomorphes
dans un domaine.Soient d un domaine
donné,
contenantl’origine
et a laplus
courte distancede
l’origine
à unpoint
de la frontière ded;
pour un nombre donné l a il existeun
domaine,
intérieur àd,
dont tous lespoints
sont à une distancesupérieure
à lde la frontière de
d;
on en considère la composante d’ connexe, contenantl’origine.
THÉORÈME.
- Si on aL est
applicable
auxfonctions holomorphes
dansd;
pour une de cesfonctions
on a en tout
point
à distancefinie
ded’,
où elle estholomorphe,
En effet
d’après
le lemme la série(2)
définit une fonctionholomorphe
dans uncercle centré à
l’origine
et contenu dansd’;
dans ce cercle cette fonction peut semettre sous la forme
(4 "), qui
donne sonprolongement analytique
dansd’;
carla série
(4 ")
converge absolument en toutpoint
à distance finie de d’ et uniformément dans tout domaineborné,
contenu avec sa frontière à l’intérieur de d’.Supposons
en outreque d
est borné et que la frontière C de d se compose d’un nombre fini de courbessimples,
rectifiables. Si uappartient
àC,
appartient
àl’espace
E des fonctionsholomorphes
dansd;
est définie dans d’ par la série
qui
converge absolument enchaque point
de d’ et uniformément dans tout domaine d"complètement
intérieur à d’.Si f (z) appartient
au sous-espace e deE,
dont les élémentssont continus dans d +
C,
on a dans d"où le contour C est décrit de
façon
à laisser le domaine d àgauche;
enpermutant
l’ordre dessommations,
on obtient dans d" pour toutefonction
de eCHAPITRE II
PROPRIÉTÉS TOPOLOGIQUES
DESOPÉRATEURS LINÉAIRES
Soit E un espace vectoriel de fonctionsholomorphes
àl’origine,
tel que, siappartient
àE,
il en est de même des fonctionssn(z) correspondantes I). Supposons
que
l’opérateur
linéaire Lapplique
E sur un espace E’ de fonctionsanalytiques, holomorphes
en unpoint
donné zo etqu’il
est soumis àl’hypothèse
de continuitéon
précisera plus
loin comment estprise
cette limite. Les fonctionscorrespondant
à une valeur de m pourlaquelle
le coefficient arn n’est pasnul,
appar- mtient à
E’,
car E contient1 ;
m.(1) prend
la formeIl est
important
de remarquer quel’opérateur
L soumis à la condition(1)
estdéterminé par les
fonctions
il faut vérifier deplus
que la fonction L( f )
ainsiformée est
holomorphe
en zo. On pose désormais zo = 0, sans diminuer lagénéralité
des résultats obtenus.
On supposera, dans ce
qui suit,
les fonctionshm (z) définies, quel
que soit m;il n’en serait pas ainsi par
exemple
pour un espace E de fonctionspaires.
Les déve-loppements
des fonctionshm(z)
en série entière en z auvoisinage
del’origine
permet-tent de construire une matrice
infinie, qui
définitl’opérateur
L à l’aide de(l’) ;
ainsile
coefficient
de zq/q !
dans ledéveloppement
dehm (z)
se trouve dans la colonne de rang m et dans laligne
de rang q de cette matrice. On conviendra dans le casd’un espace de fonctions
paires
deremplacer
par 0 les éléments des colonnes arbi- traires de rangimpair
de lamatrice;
cetterègle
segénéralise
aisément.1. FORMULE FONDAMENTALE.
Si l’on suppose que l’on a
(1)
enchaque. point
d’un cercle centré àl’origine,
on a dans ce cercle
Soit d un domaine
borné, qui
contientl’origine
et dont la frontière C se compose d’un nombre fini de courbessimples,
rectifiables.Si f (z)
estholomorphe
dans d etcontinue
dans d + C, (2)
peut encore s’écrireoù le contour C est décrit dans le sens
positif.
Il est intéressant de
pouvoir
permuter sommation etintégration.
Pour celaon considère la série double
THÉORÈME.
- Si la sér’ie(3)
admet r’ et1/r
comme rayons de convergence associés(convergence
absolue pourIz‘
r’ etIz’) 1/r),L applique l’espace
des
fonctions holomorphes
dansizl
r sur un espace defonctions holomorphes
dans
(zj
r’.En
effet,
sifez)
estholomorphe
dansIz)
r, elle estholomorphe
dans uncercle
(zI
ri avec ri > r; il existe donc un nombre a, tel que l’onait, quel
quesoit n,
|an|
a n!rl ";
cettemajoration
et les rayons de convergence associés de(3)
montrent que la série double
(2) correspondante
converge absolument dansIzl
r’et uniformément dans
Iz) ri r’;
sa somme estholomorphe
dansIz)
r’.En
particulier
les fonctionshm(z)
sontholomorphes
dansizl
r’.TaHÉ0REN1 E.
- Si C se trouve dansIzi
> r, on a dansIz)
r’En effet on peut choisir ri, de sorte que C se trouve dans > r; pour
/
1B
une valeur donnée de u sur C
L 2014- )
est donc une fonctionholomorphe
dansu-z
~zl r’;
lamajoration
obtenue dans la démonstrationprécédente
montre que la série(2) correspondante
converge absolumentdans |z| r’;
cette série doublese met aussi sous la forme
ceci permet de permuter sommation et
intégration
dans(2’);
d’où le résultat énoncé.Remarquons
que la formule(4)
est valable dansl’espace
des fonctions holo-morphes
dansIzi
~ r; mais la courbe C n’est pas la même pour toutes cesfonctions;
cependant
pour chacune d’entre elles on peut trouver une courbe C etappliquer
la formule
(4).
2. EMPLOI D’UN
OPÉRATEUR
AUXILIAIRE.Soit A un
opérateur linéaire, appliquant
un espace vectoriel F de fonctionsholomorphes
en unpoint
donné zo sur un espaceF’;
F est ici un espace vectorielsur le corps des
complexes, qui
n’estplus
nécessairement soumis à la condition de contenir les sommespartielles
desdéveloppements
en série entière enZ-Zo de
tous ses éléments.
Supposons qu’il
existe unopérateur linéaire,
auxiliaireA, appli- quant biunivoquement
les espace F et F’respectivement
sur les espace E et E’.Désignons
par Al’opérateur
inverse de A et supposons enfin que le transmué L deA par A soitl’opérateur qui
vient d’êtreétudié;
on a pour les éléments de E L = AA Xet pour ceux de F A = A L A.
Si I{z)
est une fonction deE, désignons par § (z)
etun(z)
les fonctions X(/)
et Si on suppose
l’opérateur
A soumis à la condition de continuitéen
chaque point
d’unvoisinage
del’origine
et à une conditioncorrespondant
à laconvergence de la série
(3),
les résultatsdu §
1 relatifs àl’opérateur
L donnentdes
propriétés
del’opérateur
A. Enparticulier,
si la fonction A(~)
estholomorphe
dans d et continue dans d +
C,
on peut luiappliquer
la formule(4)
et on obtientA
(~)
enmultipliant
àgauche
par A les deux membres del’égalité
ainsi formée.On vient de considérer le transmué A de L par un
opérateur
linéaireX;
cesrésulats s’étendent au cas où A n’est pas
linéaire;
ongénéralise
aussi ces résultatsen
supposant
différents lesopérateurs qui appliquent biunivoquement
F et F’ respec- tivement sur E et E’.3.
CONTINUITÉ.
Reprenons
l’étude faite au§
1.L’opérateur L,
dont la série(3)
admet r’ et1/r
pour rayons de convergence
associés, applique l’espace
E des fonctionsholomorphes
dans
(zl
~ r sur un espace E’ de fonctionsholomorphes dans Izi
r’. On se proposede munir E et E’ de deux
topologies
convenables T et T’ defaçon
à rendre L continu dans E. Il est naturel de supposer que pour toute fonction de Esn(z)
converge versf(z)
dans T etL (sn)
vers L( f ’)
dansT’, lorsque
n -+ ce .THÉORÈME.
- Si une suite defonctions
de E convergeuniformément
dansun cercle de centre 0 et de rayon
supérieur
à r, la suite~L ( fn)~
convergeunifor-
mément dans tout cercle de centre 0 et de rayon
inférieur
à r’.En effet il existe une courbe C située
dans |z|
> r, surlaquelle
lesfonctions fn(z)
sont
holomorphes
et convergent uniformément vers une fonctionf(z) appartenant
à
E, lorsque n -
oo ; le module de la série double(3’)
reste uniformément borné pour u sur C etIz ri r’;
la formule(4)
montre que, si n augmenteindéfiniment, L ( fn)
converge uniformément dansz i r~
vers L( f ).
L’opérateur
L est donc rendu continu par lestopologies
de la convergenceuniforme dans un cercle
jzj
~p (p
>r)
pour les fonctions de E et dans tout cerclerzr
r’ pour celles de E’.EXTENSION.
Reprenons
leshypothèses
faitesau §
2. Si les fonctions(n
=0, ...)
et~(z)
de F sont telles queA(4)n)
converge uniformément versA(~)
dansun domaine
lorsque n
-+ oo, on dira que~n(z)
convergevers § (z)
dans latopologie
de la convergence uniforme dans ce
domaine,
associée àl’opérateur
auxiliaire A.On a ainsi
COROLLAIRE. Grâce à
l’opérateur
auxiliaireA, l’opérateur
A est rendu continupour les
fonctions
de F par lestopologies
de la convergenceuniforme
dans un cercleJzl p (p
>r)
pour les éléments de F et dans toutcercle |z| ri
r’ pour ceuxde
F’,
associée àl’opérateur
A.APPLICATION. Soit F
l’espace
des fonctions entières de croissance(J, z).
Un
opérateur
Alinéaire, permutable
avecD, appliquant
F sur un espace de fonctionsholomorphes
àl’origine
et vérifianten tout
point
d’unvoisinage
del’origine (cf.
I§ 1)
est de la formeLa série double
(2) correspondant
à une fonctionquelconque
de F est absolumentconvergente en tout
point
à distancefinie ;
A est donc défini par une matrice infinietriangulaire,
dont leslignes
se déduisent les une des autres par translation lelong
de la
diagonale principale,
au-dessous delaquelle
tous les éléments sont nuls. Il est commode d’utiliser alorsl’opérateur
auxiliaireAd,
tel queL’espace
Ecorrespondant
est celui des fonctionsholomorphes
dansIzi
les sommes
partielles
dudéveloppement
en série entière en z autour del’origine
de
AO’Cf)
sontprécisément
les fonctionsAO’(sn).
Pour 6 1
l’opérateur
A est rendu continu par latopologie
de la convergenceuniforme
dans tout cercleIzl 03BE (03C303C4)-1/03C3,
associée àl’opérateur AQ.
En effet dans ce cas les espaces E et E’ sont les
mêmes;
la série double(3) prend
ici la forme
elle admet pour rayons de convergence associés r et
1/r
si r >1;
il suflit donc deprendre
r(~z)-li~
et aussiproche
que l’on veut de cettevaleur;
le corollaireprécédent
donne le résultat cherché.4. LIMITE D’UNE SUITE
D’OPÉRATEURS.
Soit
Lp (p
=0, ...)
une suited’opérateurs linéaires, jouissant
depropriétés analogues
à celles del’opérateur
L(§§
1 et3). Supposons
que la série doublecorrespondant
àl’opérateur Lp
défini par la matrice infinie etl/r p
pour rayons de convergence associés et
qu’il
existe deux nombres p etp’,
tels que l’on ait pour toute valeurde p p
> rp etp’ rp;
si cesinégalités
ne sont vérifiéesqu’à partir
d’un certain rang, on est ramené à ce cas ensupprimant
un nombrefini
d’opérateurs.
THÉORÈME. - Si,
lorsque
p ~ oo,Lp 20142014 )
convergeun iformément
sur|u| =
pet
Izl
=p’,
pour toutefonction holomorphe
dans pLp(f)
converge uni-formément
dans tout cercle|z| pi p’.
En effet la série
(5)
converge absolumentdans |z| p’
et1 /p,
où elle définit une fonction
holomorphe
de z etz’;
la convergence uniforme sur=
p’
etIz’l = l/p
de cette suite de fonctions entraîne sa convergence uniforme dansIz( p’
et1/03C1
vers une fonctionholomorphe
àl’origine
série double dont deux rayons de convergence associés sont
égaux
ousupérieurs
à
p’
et1/p.
Ainsil’opérateur
L défini par la matrice infinie estapplicable
auxfonctions
holomorphes
dansIzi
p. Pour une tellefonction f (z)
L(/)
est holo-morphe dans Izl p’;
deplus
la formule(4)
estapplicable
àl’opérateur L-Lp, car f(z)
estholomorphe
sur une courbe C situéedans |z|
> p ;l’expression
obtenuepour
(L - Lp) (J")
montrequ’elle
tend uniformément vers 0 dans tout cercleIzl
~pi p’, lorsque
p - oo.L’opérateur
L peut donc être considéré comme la limite de la suited’opérateurs
REMARQUES.
1. Ce résultat