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374 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXVII - n° 6 - juin 2018

DOSSIER

Actualités sur la cancérologie digestive vues par la FFCD

Cancer colorectal métastatique, de l’intérêt des monothérapies ?

Metastatic colorectal cancer, of the monotherapies’ interest?

L. Muzellec*, J. Bennouna*

* Service d’hépatogastroentérologie et d’oncologie digestive, centre hospi- talier universitaire de Nantes.

La prise en charge thérapeutique des cancers colorectaux métastatiques (CCRm), avec métastases définitivement non résécables, est le plus souvent définie selon une stratégie multiligne dont l’objectif est l’augmentation de la survie globale associée à une qualité de vie optimale.

Chacune des séquences thérapeutiques est choisie selon les caracté ristiques cliniques du patient (âge, comorbidités, performans status [PS]) et des facteurs biologiques et moléculaires liés à la tumeur (BRAF, KRAS, NRAS, voire microsatellite instability [MSI]).

Dans ce contexte, l’indi cation d’une monothérapie peut être retenue, qu’il s’agisse des fluoropyrimi- dines, des anticorps anti-EGFR, du trifluridine/

tipiracil, du régorafénib ou plus récemment de l’immunothérapie pour les CCRm MSI+.

Première ligne métastatique : fluoropyrimidines

avec ou sans bévacizumab

Au début des années 2000, les premières études ont comparé la capécitabine, prodrogue orale du 5-FU, à des schémas intraveineux avec bolus de 5-FU et acide folinique. En termes de survie sans progression (SSP) et de survie globale (SG), les résultats étaient comparables, de l’ordre de 3 à 4 mois et 12 mois, respectivement (1).

Puis les combinaisons fluoropyrimidines et irino- técan ou oxaliplatine (schémas FOLFIRI et FOLFOX) ont permis d’obtenir des médianes de SSP et de SG d’environ 6 et 16 mois (2, 3).

La monothérapie en première ligne métastatique a de nouveau suscité l’intérêt grâce à 3 études rando- misées de phase III ayant intégré la stratégie multi- ligne dans leur schéma thérapeutique. Il s’agissait des études CAIRO, FOCUS et FFCD 2000-05, qui ont comparé la monothérapie à la bichimio-

thérapie, en définis sant les deuxième et troisième lignes. Les conclusions étaient similaires pour ces 3 études, avec des SG identiques, que la stratégie multiligne soit initiée par une monothérapie de type fluoropyrimidine ou par une bichimiothérapie d’emblée (4-6).

L’étude AVEX, qui a inclus des patients de 70 ans ou plus, a évalué le bénéfice de l’ajout du bévaci- zumab à la capécitabine. La médiane de SSP, objectif principal de l’étude, était de 9,1 mois dans le bras expérimental contre 5,1 mois dans celui capécitabine seule (HR = 0,53 ; IC95 : 0,41-0,69) ; on note une tendance à l’amélioration de la SG sans différence statistiquement significative (20,7 versus 16,8 mois ; HR = 0,79 ; IC95 : 0,57-1,09) [7].

Tout récemment, l’étude allemande AIO KRK0110 a comparé FOLFIRI + bévacizumab à fluoropyrimi- dine + bévacizumab suivi de FOLFIRI + bévacizumab à progression. L’objectif principal de non- infériorité de la monothérapie n’a pas été atteint. De plus, il semble préférable que le schéma fluoropyrimi- dine + bévacizumab soit réservé aux patients ayant une tumeur RAS muté (8).

Deuxième ligne métastatique et au-delà

Tumeur RAS et BRAF non mutés :

les anticorps anti-EGFR en monothérapie Les essais de troisième ligne métastatique avec les anticorps anti-EGFR (9-11) ont permis de conclure que les patients traités au-delà de la deuxième ligne métastatique bénéficient d’un anticorps anti- EGFR en monothérapie par comparaison avec les meilleurs soins de support. L’absence de gain en SG avec le panitumumab s’explique par un effet

“cross-over” (9). En monothérapie, le panitumumab et le cétuximab sont équivalents (11).

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La Lettre du Cancérologue • Vol. XXVII - n° 6 - juin 2018 | 375

Résumé

Traitement antérieur

par fluoropyrimidine, oxaliplatine, irinotécan, et anticorps anti-EGFR pour les tumeurs RAS non muté

Le régorafénib, inhibiteur multicible de tyrosine kinase agissant sur les cellules endothéliales, les péricytes et la cellule tumorale, a été évalué en monothérapie chez les patients multitraités atteints d’un CCRm (12).

L’étude CORRECT, menée sur 600 patients, a démontré un avantage en SG en cas de traitement par régo- rafénib comparativement au placebo (6,4 versus 5,0 mois ; HR = 0,77 ; IC95 : 0,64-0,94) [13].

Le TAS-102 est composé d’un produit actif, la triflu- ridine (FTD), et d’un inhibiteur de sa dégradation, le tipiracil. La trifluridine, analogue de la thymi- dine, s’incorpore à l’ADN et est responsable de son dysfonctionnement. Le métabolisme du TAS-102 diffère de ceux du 5-FU et de la capécitabine. Il peut être utilisé après résistance au 5-FU et être admi- nistré chez les patients porteurs d’une mutation de la dihydropyrimidine deshydrogénase (DPD). L’étude RECOURSE a inclus 800 patients multitraités rando- misés selon un ratio 2:1 entre le bras expérimental recevant le TAS-102 et le bras placebo. Un bénéfice en SG était observé dans le bras chimiothérapie orale (7,1 versus 5,3 mois ; HR = 0,68 ; IC95 : 0,58-0,81) [14].

Une niche thérapeutique :

les patients avec un CCRm MSI+

Les patients atteints d’un CCRm exprimant un statut MSI+ représentent approximativement 4 % de l’ensemble des malades porteurs de CCRm.

Ces tumeurs, caractérisées par un taux de mutations élevé, sont particulièrement sensibles à l’immuno- thérapie, et notamment aux inhibiteurs des “immune checkpoints”.

L’efficacité du pembrolizumab, anticorps anti-PD-1, a été évaluée en situation métastatique réfractaire dans une population MSI et une autre, MSS. Aucune réponse n’a été obtenue dans la population des CCRm MSS.

À l’inverse, dans la population MSI, 40 % des patients présentaient une réponse objective (15).

De façon similaire, le nivolumab, également anti- corps anti-PD-1, a montré des résultats impression- nants avec un taux de réponse objective de 31 % et de stabilisation de la maladie de 69 % (étude de phase II CheckMate 142). Ces résultats étaient associés à une amélioration de la qualité de vie (16).

Conclusion : la monothérapie, dans quelles situations ?

La monothérapie peut donc être proposée dans de nombreuses situations cliniques dans les CCRm, et en particulier, lorsque les métastases ne sont pas résécables :

en première ligne métastatique avec fluoro- pyrimidine + bévacizumab, notamment chez les sujets âgés. Cette combinaison peut aussi être retenue quel que soit l’âge du patient, plus parti- culièrement lorsque la tumeur est RAS muté ;

au-delà de la deuxième ligne, avec les anticorps anti-EGFR, le trifluridine/tipiracil et le régorafénib ;

pour les CCRm MSI+ avec les anticorps anti-

PD-1.

Parmi les options disponibles pour le traitement des cancers colorectaux métastatiques, la monothérapie peut être proposée dans différentes situations : en première ligne métastatique, fluoropyrimidine + bévaci- zumab, plus particulièrement chez les sujets âgés ; au-delà de la deuxième ligne, cétuximab ou panitumumab, pour les tumeurs RAS et BRAF non mutés ; après échec des chimiothérapies standards et des anticorps anti-EGFR avec trifluridine/tipiracil et régorafénib. Les anticorps anti-PD-1 nivolumab et pembrolizumab sont indiqués dans une niche thérapeutique, les cancers colorectaux métastatiques MSI+.

Mots-clés

Monothérapie Métastatique Cancer colorectal

Summary

In the therapeutic options avai- lable in metastatic colorectal cancer, monotherapy can be offered in different settings:

in metastatic first line, fluoro- pyrimidine plus bevacizumab, especially in elderly patients;

beyond the second line, cetu- ximab or panitumumab, for non-mutated RAS and BRAF tumours; after failure of stan- dard chemotherapies and anti-EGFR antibodies with trifluridine/tipiracil and rego- rafenib. Anti-PD-1 antibodies, nivolumab or pembrolizumab, are indicated in a thera- peutic niche, MSI+ metastatic colorectal cancer.

Keywords

Monotherapy Metastatic Colorectal cancer

L. Muzellec déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.

J. Bennouna déclare avoir des liens d’intérêts : advisory board et symposium : AstraZeneca, BMS, Boehringer- Ingelheim, Roche, Amgen, Novartis.

1. Hoff PM, Ansari R, Batist G et al. Comparison of oral capecitabine versus intravenous fluorouracil plus leuco- vorin as first-line treatment in 605 patients with metastatic colorectal cancer: results of a randomized phase III study.

J Clin Oncol 2001;19(8):2282-92.

2. Douillard JY, Cunningham D, Roth AD et al. Irinotecan combined with fluorouracil compared with fluoro uracil alone as first-line treatment for metastatic colorectal cancer: a multicentre randomised trial. Lancet 2000;

355(9209):1041-7.

3. de Gramont A, Figer A, Seymour M et al. Leucovorin and fluorouracil with or without oxaliplatin as first-line treat- ment in advanced colorectal cancer. J Clin Oncol 2000;

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4. Koopman M, Antonini NF, Douma J et al. Sequential versus combination chemotherapy with capecitabine, irinotecan, and oxaliplatin in advanced colorectal cancer (CAIRO): a phase III randomised controlled trial. Lancet 2007;370(9582):135-42.

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Références bibliographiques

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Actualités sur la cancérologie digestive

vues par la FFCD Cancer colorectal métastatique, de l’intérêt des monothérapies ?

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Références bibliographiques (suite p. 375)

Références

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