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View of LES LIENS ENTRE LES VALEURS, LES INTÉRÊTS, LES APTITUDES ET L’ESTIME DU SOI DES JEUNES FILLES ET LEURS CHOIX D’ÉTUDES ET DE CARRIÈRE

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CANADIAN JOURNAL OF EDUCATION 31, 1 (2008): 187‐210 

LES APTITUDES ET L’ESTIME DU SOI DES  JEUNES FILLES ET LEURS CHOIX D’ÉTUDES ET 

DE CARRIÈRE   

Jeanne d’Arc Gaudet  Université de Moncton 

Donatille Mujawamariya  Université d’Ottawa 

Claire Lapointe  Université Laval   

La sous‐représentation des femmes dans les domaines d’études et d’emploi non  traditionnels  est  une  tendance  continue,  particulièrement  chez  les  femmes  appartenant  aux  groupes  culturels  minoritaires.  Des  études  indiquent  que  les  déterminants liés au problème du développement de carrière des filles constituent un  ensemble complexe d’éléments interdépendants comprenant des influences sociales,  familiales et scolaires et des caractéristiques individuelles. Une enquête réalisée  auprès de jeunes filles vivant en contexte francophone minoritaire permet de mieux  éclairer cette problématique.  

Mots‐clés : choix de carrière, nouvelle économie, filles/femmes, système de valeurs,  langue minoritaire 

The under‐representation of women in non‐traditional jobs and fields of study is  continuing  trend,  particularly  among  women  in  cultural  minorities.  Research  indicates that the determining factors in women’s career development are a complex  group of interdependent elements including social, familial, and academic influences  and individual characteristics. This study of young girls in minority Francophone  environment helps to clarify the issue.  

Keywords: career  choice,  new  economy,  girls/women, value  systems,  minority  language 

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L’opinion populaire soutient qu’aujourd’hui, beaucoup plus de femmes  étudient en sciences, ingénierie et technologie qu’auparavant et que  femmes et hommes sont traités  équitablement. Cette opinion  serait  partagée par un grand nombre d’enseignantes et d’enseignants (Cronin  et  Roger,  1999).  Cependant,  des  études  soulignent  que  la  sous‐

représentation des femmes dans les domaines non traditionnels est une  tendance continue, particulièrement en ingénierie, en informatique et en  physique (AAWU, 2000 ; Cronin et Roger, 1999; Gaudet et Lapointe,  2005; Mujawamariya et Sethna, 2005; Sadker, 2000). Ce phénomène est  encore  plus  prononcé  lorsqu’il  s’agit  des  femmes  appartenant  aux  groupes ethniques minoritaires (Barton et Osborne, 2001; Brickhouse,  Lowery et Schultz, 2000; Chinn, 2002; Curtin, Blake et Cassagnau, 1997; 

Jayaratne, Thomas et Trautmann, 2003; National Science Foundation; 

1996). Des études indiquent que les déterminants liés au problème du  développement  de  carrière  des  filles  sont  un  ensemble  complexe  d’éléments interdépendants dont, entre autres, les influences sociales,  familiales  et  scolaires  (Gaudet  et  Lapointe,  2005)  ainsi  que  les  caractéristiques individuelles (Spain, Bédard et Paiement, 1998). Dans cet  article, nous nous intéressons plus particulièrement aux facteurs d’ordre  personnel et psychologique dans les choix de carrière des jeunes filles  vivant en contexte linguistique minoritaire avec un regard singulier sur  les domaines non traditionnels.  

Ce texte comprend six principales sections. La première brosse un  portrait succinct du cadre contextuel,  la  deuxième met en relief la  problématique de la sous‐représentation des femmes dans les carrières  scientifiques, technologiques et en ingénierie, la troisième explicite le  cadre théorique qui sous‐tend cette étude, et la quatrième précise les  aspects méthodologiques qui ont guidé la cueillette et l’analyse des  données. Alors que la cinquième section présente les résultats, la sixième  est consacrée à l’interprétation qu’en font les auteures. 

CONTEXTE : BREF APERÇU DU CONTEXTE MINORITAIRE  FRANCOPHONE CANADIEN 

La dualité linguistique constitue un des fondements historiques de la  société canadienne et dans toutes les provinces et les territoires sauf le  Québec, le français se trouve en situation minoritaire. L’article 23 de la 

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Charte  canadienne  des  droits  et  libertés  reconnaît  aux  minorités  linguistiques officielles du Canada le droit à l’éducation dans leur  langue. Le Nouveau‐Brunswick et l’Ontario sont deux provinces où vit  une concentration importante de francophones. À titre   d’exemple, le  Nouveau‐Brunswick compte environ 239 400 francophones, soit 32,2% 

de la population totale de cette province, ce qui fait d’elle la deuxième  province canadienne, après le Québec, où l’on retrouve le plus de  francophones. Comme ailleurs dans le monde, les Canadiennes vivant en  contexte minoritaire francophone ont eu accès à l’éducation plus tard  que les hommes. Ainsi, les Acadiennes et les femmes francophones  vivant au Nouveau‐Brunswick devront attendre presque la moitié du  siècle dernier avant d’avoir accès aux établissements d’enseignement  postsecondaires. La socialisation basée sur la division sexuelle des rôles a  en effet longtemps empêché les filles d’accéder aux études supérieures et  a conditionné les choix de carrière et le développement identitaire des  jeunes filles (Gaudet et Lapointe, 2001).  

Dans nos recherches, nous nous intéressons particulièrement aux  perceptions des jeunes filles vivant en contexte minoritaire francophone  face aux études et carrières scientifiques, technologiques et en ingénierie. 

Notre motivation repose sur l’hypothèse selon laquelle ces jeunes filles,  qui  vivent  en  milieu  linguistique  minoritaire,  seraient  doublement  désavantagées  dans  les  domaines  traditionnellement  masculins  par  rapport à celles vivant en milieu linguistique majoritaire.  

La sous‐représentation des filles dans les carrières scientifiques, technologiques  et en ingénierie 

Cronin et Roger (1999) ont clairement établi que la sous‐représentation  des filles et des femmes dans les secteurs des sciences, de l’ingénierie et  des technologies est à la fois progressive et persistante. Progressive dans  la mesure où, comme un entonnoir, un grand nombre de filles ont accès  à des cours de mathématiques, de sciences et de technologie au primaire  et au secondaire, tandis que très peu poursuivent des études ou font  carrière en sciences, ingénierie et technologie. Par exemple, au Canada,  les femmes représentaient en 2001 35 % de la main d’œuvre dans les  sciences de la vie, 20 % dans les domaines reliés aux sciences naturelles  et appliquées, 11 % en ingénierie, 28 % en sciences physiques et 27 % en 

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informatique  (Statistiques  Canada,  2001).  Ce  phénomène  de  sous‐

représentation est également qualifié de persistant dans la mesure où on  remarque que, bien que le nombre de femmes qui poursuivent des  études postsecondaires augmente, la proportion de celles qui s’inscrivent  en sciences, ingénierie, technologie et mathématiques reste quasiment la  même (Cronin et Roger, 1999; Mujawamariya et Sethna, 2005). 

Comme plusieurs études l’ont démontré (Hansen 1978, 1988; Tracey,  Robbins et Hofsess (2005); Caleb, 2000; Gallant, 2002; Gaudet, 1998 ;  Gaudet et Lapointe, 2005; Guilbert et Mujawamariya, 2003 ; Kahle, 1996; 

Mujawamariya et Guilbert, 2002 ; Seymour et Hewitt, 1997; Spain et al,  1998 ), les causes qui expliquent ce phénomène de sous‐représentation  semblent être un mélange  complexe de facteurs  interdépendants,  à  savoir: les différences d’intérêts entre les hommes et les femmes, l’image  même  des  sciences,  de  l’ingénierie  et  des  technologies,  présentées  comme des disciplines masculines centrées plutôt sur les choses que sur  les  personnes,  le  stress  de  se  savoir  en  minorité  et  le  sentiment  d’isolement,  les  attitudes  désobligeantes  des  collègues  étudiants  masculins et du personnel enseignant, le contenu restreint des cours, les  approches  didactiques  et  les  pratiques  pédagogiques  inéquitables,  l’absence  d’opportunités  d’apprentissage  coopératif  ou  interactif,  la  valorisation  de  la  compétition  individuelle,  l’insuffisance  des  renseignements offerts par les conseillers et conseillères en orientation, et  les préoccupations concernant la conciliation d’une carrière en sciences,  ingénierie et technologies avec la vie familiale. 

Quelques auteurs se sont également penchés sur la problématique de  la sous‐représentation des filles et des femmes dans les domaines non  traditionnels en milieu francophone canadien (CIRADE, 2000; Gaudet et  Lapointe, 2001). Il s’avère que dans ce contexte, les filières collégiales ou  universitaires dans lesquelles se retrouve la majorité des étudiantes  conduisent surtout à des occupations traditionnellement féminines qui  sont sous‐valorisées, sous‐payées et marquées par une précarité très  importante.  En  effet,  parmi  les  50  programmes  de  la  formation  professionnelle  et  technique  identifiés  en  1999 par le  ministère  de  l’Éducation du Québec comme étant ceux qui offrent les meilleures  perspectives d’avenir, et qui se retrouvent pour la plupart dans le volet  technologique, 84% sont pratiquement ignorés des filles et des femmes 

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(Bernier,  1999  cité dans  Gemme, 2002).  Toutefois,  selon  Gaudet  et  Lapointe (2001), les filles sont aussi nombreuses que les garçons à choisir  les cours de sciences et de mathématiques au secondaire. Quels sont  alors les déterminants qui influencent les choix de carrières des filles ?  Quelle place occupent les facteurs d’ordre personnel et psychologique  tels que l’intérêt, les aptitudes, les valeurs et en particulier la dimension  relationnelle dans le développement de carrière des filles ? 

Considérations conceptuelles et théoriques 

Parmi les nombreux auteurs qui se sont intéressés au développement de  carrières chez les femmes, Tracey, Robbins et Hofsess (2005) stipulent  que le genre  est  le facteur d’influence le plus puissant  et le plus  persistant  dans  les  comportements  liés aux  choix  de carrières des  adolescents et adolescentes. Spain, Hamel et Bédard (1994) vont un peu  plus loin en soulignant que la science de l’orientation professionnelle  s’est développée en fonction de la population à qui elle répondait le plus  souvent, en l’occurrence les hommes. En l’absence d’une théorie qui  tienne compte du vécu des filles et des femmes, ces auteures se sont  inspirées des travaux en psychologie pour contribuer à l’établissement  de  bases  théoriques  du  cheminement  de  carrière  au  féminin  sous  l’éclairage de la dimension relationnelle. 

Notre étude s’inscrit également dans la perspective relationnelle. 

Cette  perspective  s’appuie  sur  trois  fondements  théoriques  soit  la  dimension relationnelle, la perspective globale d’existence et la singularité des  parcours professionnels. Il s’agit d’un modèle théorique qui, selon Spain et  al. (1994), se veut avant tout une recherche de sens tant pour celles qui  sont en quête d’une identité professionnelle que celles qui veulent  structurer une démarche progressive d’orientation. Dans ce modèle, la  dimension relationnelle est définie comme le souci de créer et maintenir  des liens avec les personnes importantes et significatives. En s’appuyant  sur des travaux scientifiques en psychologie, et notamment ceux portant  sur la dimension relationnelle et le sens moral, des auteures (Josselson,  1987, Gilligan, 1986 ; Belenky, Clinchy, Goldberger et Tarule, 1986) ont  pu établir que le principe moteur du développement identitaire des filles  et  des  femmes  est  fondé  dans la  relation. Selon Spain, Bédard  et  Paiement (1998, p.97) « les cheminements de carrière des femmes sont 

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façonnés différemment par la dimension relationnelle en ce sens qu’ils ne  sont pas forcément linéaires, ni orientés vers le succès à tout prix, ni un  simple  cumul  du  mariage,  des  enfants  et  du  travail.  Des  notions  inhérentes au domaine de la vie professionnelle prennent de nouvelles  significations à la lumière du développement en relation ».  

Deuxièmement,  les  auteures  définissent  la  perspective  globale  d’existence comme la manière dont les femmes perçoivent leur avenir en  intégrant toutes les préoccupations d’ensemble de leur vie telles la  carrière, les amours, la maternité et la vie sociale. Il s’agit de prendre en  compte toutes les facettes de la vie lorsqu’on est en démarche d’un choix  professionnel. Ce fondement est en interaction direct avec le premier  dans la mesure où la dimension relationnelle est au cœur même des  décisions  que prennent les  filles  et les  femmes. Spain et  al (1998)  reconnaissent que plusieurs éléments issus d’autres sphères d’activité,  comme celles liées à la vie amoureuse, familiale ou sociale, interviennent  pour  contribuer  à  donner  une  direction  nouvelle  à  la  trajectoire  professionnelle. Les choix professionnels imposent ainsi une manière  particulière  d’agir  sur  d’autres  plans.  Toujours  selon  ces  mêmes  auteures, la  dimension  relationnelle ne peut  se  définir de  manière  restreinte comme une notion insérée dans le temps mais bien dans une  perspective globale où toutes les sphères d’activité interagissent par  l’entremise de la dimension relationnelle. 

Enfin, la singularité de la trajectoire professionnelle se résume au fait  que le cheminement professionnel des femmes est conçu de manière à ce  que la carrière ne détermine pas l’itinéraire de la vie des femmes, mais  bien  les  investissements  qu’elles  consentiront  dans  les  différentes  sphères d’activités, selon une séquence personnelle marquée par des  préoccupations relationnelles, d’ajustements de parcours et de gestion de  l’incertitude. Tel que le soulignent Spain et al. (1998 :101‐102)   «   c’est  précisément  la  dimension  relationnelle  qui  donne  un  sens  au  mouvement poursuivi et sert d’élément de continuité et de solidité dans  l’engagement professionnel, car la carrière occupe une place essentielle  (…) et les préoccupations relationnelles traversent la carrière pour y  inscrire une constante riche de significations susceptibles de contribuer à  l’accomplissement de soi ».  

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C’est à travers ce cadre théorique que nous cherchons à mettre en  lumière la place accordée à la dimension relationnelle dans le choix de  carrière des jeunes filles vivant en contexte minoritaire francophone et à  proposer  des  pistes  de  réflexion  susceptibles  de  contribuer  à  l’amélioration des pratiques des intervenantes et intervenants scolaires  afin de permettre aux filles et aux femmes de poursuivre des études qui  leur ouvrent des portes dans les domaines émergents de la nouvelle  économie et qui leur permettent de jouer pleinement leur rôle dans une  société démocratique.  

MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE 

Cet article présente les résultats d’une enquête réalisée auprès de jeunes  filles francophones du Nouveau‐Brunswick, entre janvier et juin 2005, au  moment où elles complétaient leur douzième année. La méthodologie  associe les approches qualitatives et quantitatives. En effet, malgré le fait  que la majorité des questions du guide d’entrevue sont de type qualitatif,  la partie se rapportant au profil « connaissance de soi » contient plutôt  des questions de type quantitatif. 

Population et échantillon 

Cinquante deux jeunes filles de douzième année ont participé à cette  étude. Pour les recruter, nous avons envoyé une lettre d’explication aux  directions  de  sept  écoles  francophones  réparties  dans  cinq  régions  différentes du Nouveau‐Brunswick. Des enseignantes et enseignants de  douzième année ont ensuite lu aux jeunes filles la lettre les invitant à  participer à notre étude sur une base volontaire. L’échantillon final des  participantes a été constitué à partir des listes des jeunes filles qui se sont  portées volontaires.  

Instrument de cueillette de données 

L’instrument utilisé a été développé et validé par Gaudet (2003). Il  comporte des questions fermées et des questions ouvertes divisées en  onze  sections.  Celles‐ci  abordent  différents  thèmes  concernant  le  processus de choix d’études ou de carrière. Nous avons utilisé le mot 

“profil” pour désigner chaque section étant donné que notre objectif était  de comprendre le rôle de chacune des composantes susceptibles d’avoir 

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une influence sur le choix du domaine d’études et de carrière des jeunes  filles. La première partie, désignée profil du « rêve », comporte des  questions ayant trait à ce que les étudiantes ont rêvé de faire comme  métier ou profession à différentes étapes de leur enfance et de leur  adolescence. Cette section est suivie des profils « processus décisionnel »; 

« connaissance de soi » (aptitudes, valeurs, intérêts et estime de soi); 

« activités »; « connaissance des disciplines »; « rôle de l’école »; « rôle de  la famille »; « rôle des amis »;«rôle de la société » et « connaissance du  monde du travail ». L’instrument comprenait aussi une partie sur les  caractéristiques démographiques des participantes. Pour les fins de cet  article, nous nous concentrons plus particulièrement sur les résultats qui  portent sur les aptitudes, les valeurs, les intérêts et l’estime de soi des  participantes.  

Collecte et analyse des données 

La cueillette des données s’est effectuée dans les écoles, par le biais de  rencontres  avec  les  étudiantes.  La  durée  moyenne  des  entretiens  individuels, dont le contenu a été transcrit de manière intégrale par la  suite, était d’environ une heure. Les réponses aux questions ouvertes ont  été analysées qualitativement selon la méthode des annotations. Les  réponses aux questions fermées ont été analysées quantitativement selon  la méthode des statistiques descriptives (moyennes, écarts‐types). Au  moment de l’analyse, nous nous sommes posé les questions suivantes :  Quel lien existe entre les choix professionnels des jeunes filles et les  aptitudes, les intérêts et les valeurs qu’elles ont identifiés? Est‐ce que  l’estime de soi est reliée aux choix professionnels faits par ces jeunes  filles? 

RÉSULTATS 

En analysant les données, nous nous sommes aperçues qu’il existait un  lien  entre  les  réponses  obtenues  dans  le  profil  du  « processus  décisionnel» et celles obtenues dans le profil de la « connaissance de soi »  qui mettent aussi en lumière les facteurs personnels qui conditionnent  les choix de carrière des jeunes filles. Les réponses aux questions du  premier  profil  indiquaient  le  domaine  d’études  postsecondaires  envisagé, tandis que le second profil contenait une liste de réponses 

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parmi lesquelles les jeunes filles choisissaient celles qui correspondaient  le mieux à leurs aptitudes perçues, leurs intérêts et leurs valeurs. Une  dernière  question,  qui  portait  sur  l’estime  de  soi,  demandait  aux  participantes d’identifier, sur une échelle de 1 à 10 (1 étant le plus bas et  10, le plus élevé), le chiffre qui correspondait à l’estime qu’elles avaient  d’elles‐mêmes.  

Tout  d’abord, nous avons demandé  aux jeunes filles (N = 52)  d’encercler, parmi les valeurs énumérées, celles qu’elles jugeaient les  plus importantes lorsqu’il s’agissait pour elles de choisir un programme  d’études ou une carrière. Elles pouvaient sélectionner plus d’une valeur. 

Les résultats obtenus sont représentés en pourcentage dans la figure 1.  

 

Figure 1. Valeurs des jeunes filles1Figure 1. 

Prendre soin des autres (relation d'aide),

15%

Travail d'équipe (dimension relationnelle), 12%

Créativité, 12%

Prestige, 11%

Salaire, 10%

Autonomie, 9%

Exercer son leadership, 7%

Travailler en solitaire, 6%

Travail manuel, 3%

Autres, 1%

Travailler avec les gens (dimension relationnelle), 14%

 

Sur les 169 réponses obtenues, parmi les valeurs les plus souvent  mentionnées par les jeunes filles figurent : « prendre soin des autres »  (15 %) ; « travailler avec les gens » (14 %) ; « créativité » (12 %) et « travail 

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d’équipe » (12 %). On remarque que dans 41 % des réponses fournies, les  jeunes filles accordent beaucoup d’importance à une valeur apparentée  aux  relations  humaines.  Bien  qu’elles  accordent  une  certaine  considération à la « question salariale », (10 %), elles accordent peu de  valeur au « travail manuel » (3 %). De ce fait, ces résultats corroborent les  études de  Spain et al. (1998) et de Belenky et al. (1986) selon lesquelles les  jeunes filles mettent de l’avant la dimension relationnelle quand vient le  moment de choisir une carrière. 

La dimension relationnelle transparait également dans les aptitudes  que ces jeunes filles se reconnaissent tel que cela apparaît dans la figure  ci‐dessous.  

 

Figure 2. Aptitudes des jeunes filles   

Mécaniques, 4%

Sociales, 24%

Manuelles, 8%

Musicales, 12%

Artistiques, 18%

Numériques, 14%

Linguistiques, 20%

 

Tel  qu’il  ressort  de  cette  figure,  les  principales  habiletés  que  s’attribuent  les  jeunes  filles  sont  sociales  (24 %),  linguistiques  (20 %), artistiques (18%), numériques (14 %), musicales (12 %), manuelles  (8 %) et mécaniques (4 %). Il est aussi intéressant de noter que les jeunes  filles se reconnaissent une aptitude « manuelle » (8 %), malgré que très  peu d’entre elles considèrent qu’elles ont les habiletés requises pour  travailler en « mécanique » (4 %). 

(11)

Les valeurs auxquelles souscrivent les jeunes filles et les aptitudes  qu’elles  se reconnaissent  vont  directement  influencer  leur  domaine  d’intérêt d’études  ou  carrière.  La figure  3 illustre les  secteurs qui  intéressent le plus les jeunes filles. Les choix ont été faits à partir d’une  liste préétablie comprenant 17 disciplines. Ayant la possibilité de faire  plus d’un choix, elles ont fourni 140 réponses au total.  

 

Figure 3. Domaine d’intérêt des jeunes filles 

Sc. Nat., math, physique, 12%

Droit, 9%

Ingénierie, 6%

Affaires et Gest., 6%

Sc. Infirm., 4%

Sc. Informatiques, 4% Foresterie, 0%

Métiers (coiffure, esthét.), 1%

Métiers(charpente- rie, soudure, 3%

Education, 12%

Sciences santé, 11%

Sciences sociales, 18%

Arts, 16%

 

Les secteurs qui intéressent le plus les répondantes sont les sciences  sociales  (18 %),  les  arts  (16 %),  les  sciences  naturelles/ 

mathématiques/physique et l’éducation ex aequo (12 %),  les sciences de  la santé (11 %), le droit (9 %), l’administration et l’ingénierie ex aequo  (6 %), l’informatique/les technologies de l’information et les sciences  infirmières ex aequo (4 %), les   métiers de type menuiserie et soudure  (3%) et finalement, les métiers de type coiffure et esthétique (1 %). 

(12)

Nous constatons entre autres choses que la majorité des secteurs  susceptibles  d’intéresser  les  jeunes  filles  relèvent  du  domaine  des  sciences humaines, en particulier les sciences sociales, l’éducation et les  sciences de la santé qui totalisent à elles seules 41 % des réponses  obtenues, et du domaine des arts (16 %). Les jeunes filles francophones  ont l’impression que ces disciplines leur donnent l’occasion d’être en  relation avec les autres tout en ayant la possibilité de s’affirmer. Ce qui  nous a le plus étonnées, c’est le faible pourcentage (3 %) récolté par les  sciences infirmières. Alors que beaucoup de jeunes filles embrassaient la  carrière d’infirmière il n’y a pas si longtemps, aujourd’hui, elles semblent  plus intéressées à se tourner vers des disciplines plus prestigieuses qui  leur permettent de monter dans « l’échelle sociale » de la profession  médicale.  Les  jeunes  filles  semblent  donc  être  intéressées  par  de  nouveaux choix d’études, mais nous croyons que certains facteurs, tels le  manque de reconnaissance, la surcharge de travail, le milieu et les  inégalités salariales, les dissuadent de se diriger vers ces professions. Par  ailleurs, les résultats indiquent que leur intérêt pour des domaines  comme les sciences naturelles, les mathématiques et la physique est plus  prononcé qu’il ne l’était pour les femmes dans le passé, alors que  d’autres  domaines « masculins »  tels  la foresterie,  la menuiserie, la  soudure, l’informatique et la technologie les attirent peu. Il semble donc  qu’en général, l’intérêt des jeunes filles se situe surtout dans les secteurs  réservés traditionnellement aux femmes. 

Nous avons ensuite posé deux autres questions aux participantes: 

Quelle  profession rêvez‐vous d’exercer  et pourquoi?  Quel  domaine  d’études avez‐vous choisi pour l’an prochain et pourquoi avez‐vous fait  ce choix? La figure suivante illustre la répartition, en pourcentage, des  réponses  obtenues  à  la  première  question  suivies  des  raisons  mentionnées par les jeunes filles pour ces choix. 

(13)

Figure 4. Rêves des jeunes filles par rapport à une carrière professionnelle 

19% 19% 19%

17%

6%

2%

18%

0%

5%

10%

15%

20%

Sc. Soc. Edu. Santé Indécis Sciences Métiers Autres

 

Un  bon  pourcentage  des  répondantes  (19 %)  rêve  de  devenir  enseignantes et justifient leur choix de la façon suivante : elles aiment se  trouver en compagnie des enfants; elles aiment les enfants et la profession; elles  aiment l’école, elles aiment les jeunes. L’une d’entre elles a aussi mentionné  que son père était enseignant. Dix‐neuf pour cent d’entre elles souhaitent  devenir  professionnelles  de  la  santé  (médecin,  vétérinaire,  pharmacienne, cardiologue, optométriste et nutritionniste). Parmi les  principales raisons sur lesquelles elles s’appuient pour justifier leur  choix, on retrouve : le désir d’aider les autres; l’amour des animaux; l’amour  de la science. Une d’entre elles a mentionné que sa mère était médecin. Un  autre  19 %  des  répondantes  désire  travailler  en  sciences  sociales,  notamment comme travailleuse sociale, psychologue, psychothérapeute,  sociologue ou intervenante communautaire. La majorité d’entre elles  disent qu’elles veulent aider les gens, aider les jeunes, faire une différence,  écouter et résoudre les problèmes. Parmi celles qui souhaitent travailler dans  le domaine des sciences, seulement 6 % désirent étudier en géologie,  ingénierie ou architecture. Elles expliquent leur choix par les raisons  suivantes : j’ai été influencée par un camp d’été en géologie; je suis intéressée  par la stabilité financière; j’aime travailler avec les gens et j’aime les aider. 

L’une  d’entre elles a mentionné qu’elle voulait aider son père qui  travaille dans ce domaine. Deux jeunes filles ont choisi le secrétariat, 

(14)

l’une parce qu’elle aime écrire, et l’autre parce qu’elle aime le travail de  bureau. Finalement, nous constatons la présence d’un pourcentage plutôt  élevé d’indécises quant à la carrière rêvée (17 %) au moment de la fin des  études secondaires. 

Pendant que la question précédente portait sur les carrières rêvées  des jeunes filles, la figure qui suit illustre ce qu’elles ont véritablement  choisi comme domaine d’études ou de carrière en fin d’année scolaire.  

 

Figure 5. Choix d’études des jeunes filles après l’obtention de leur diplôme  d’études secondaires 

Education, 23%

Sc. Sociales, 19%

Sc. Santé, 17%

Affaires, 8%

Ingénierie, 4%

Arts, 4%

Sc. Naturelles, 2%

droit, 2%

Secrétariat, 2%

Métiers, 2%

Communications, 2%

Indécises, 13%

Sc. Infirm., 2%

   

Il ressort de cette figure qu’aucune des répondantes n’a poursuivi des  études dans des métiers tels la menuiserie, la soudure, la mécanique,  l’informatique, la technologie des communications ou le secteur de la  foresterie. Parmi les principales raisons évoquées pour justifier leur  orientation vers des domaines comme l’éducation (23 %), les sciences  sociales (19 %) et le secteur de la santé (17 %) figurent la volonté d’aider 

(15)

les autres ; travailler avec les gens ; promouvoir la justice. D’autres raisons ont  été également mentionnées telles l’influence exercée par les parents et par  l’école et les perspectives d’emploi.  

Enfin, nous avons demandé aux participantes d’indiquer, sur une  échelle de 1 à 10 (1 étant le plus bas et 10 le plus élevé), le chiffre qui  correspondait le plus à leur propre estime de soi (Tableau 1). Quarante‐

six des répondantes disent avoir un niveau d’estime de soi supérieur à 6. 

Dans l’ensemble, les jeunes filles du groupe ont une bonne perception  d’elles‐mêmes puisque aucune d’elles n’a choisi une cote inférieure à 6.  

 

Tableau 1. Estime de soi chez les participantes   

Score attribué par la personne  Nombre de participantes 

10   4 

9   12 

8  19 

7  11 

6  5 

  Total :      51   

En lien avec cette question, nous leur avons demandé si leur niveau  d’estime d’elles‐mêmes a toujours été aussi élevé qu’au moment de notre  étude. Près du tiers d’entre elles ont répondu non. Voici quelques‐uns de  leurs commentaires à ce sujet : À l’école primaire, je n’avais pas confiance en  moi parce que je n’avais pas beaucoup d’amis; avant, lorsque j’étais confrontée  aux attentes des autres, je n’avais pas beaucoup confiance en moi; j’étais timide  quand j’étais jeune; j’avais un surplus de poids lorsque j’étais jeune et j’étais  mal dans ma peau; je me sentais inférieure aux autres lorsque j’étais jeune. 

Comme l’estime de soi ne semble pas poser problème, nous pensons que  d’autres facteurs influenceraient leur décision d’éviter les secteurs des  sciences, de la technologie, des mathématiques et de l’ingénierie. C’est ce  que nous essayons d’expliciter dans la section suivante. 

DISCUSSION 

Nous avons tenté, à travers cette étude, d’explorer la place qu’occupe la  dimension  relationnelle dans les choix de carrière des jeunes filles 

(16)

francophones  vivant  en  milieu  minoritaire.  L’étude  nous  permet  d’esquisser quelques éléments de réponse sur les raisons qui motivent  les  jeunes  filles  à  choisir  majoritairement  les  domaines  dits  traditionnellement féminins tels l’éducation, les sciences de la santé, les  sciences sociales et les arts, alors que peu d’entre elles optent pour les  sciences, les mathématiques, l’ingénierie et la technologie. Les résultats  d’une analyse croisée entre les réponses aux questions portant sur les  valeurs, les intérêts, les aptitudes et l’estime de soi d’une part, et les  réponses à la question sur ce qu’elles rêvent d’avoir comme profession  d’autre part, révèlent que la dimension relationnelle occupe une place  importante dans le devenir professionnel des participantes. Dans 41 %  des  cas,  les  jeunes  filles  s’accrochent  aux  valeurs  apparentées  au  développement  d’une  relation.  En  effet,  prendre  soin  des  autres,  travailler avec les  gens  et travailler en  équipe  s’avèrent  être leurs  principales priorités, pour ne pas dire leurs principales préoccupations. 

Deux décennies après l’étude de Belenky et al. (1986), la dimension  relationnelle reste encore aujourd’hui une valeur dominante dans les  choix d’études et de carrière des adolescentes. Or, comme indiqué dans  la problématique, l’image même des sciences constituerait un obstacle  majeur pour les filles puisqu’elles sont présentées comme des disciplines  masculines centrées plutôt sur des objets et pas suffisamment sur les  personnes. Ainsi, à moins d’avoir un proche qui œuvre dans le domaine  scientifique et auquel la jeune fille voudrait s’identifier afin de consolider  la relation qui les unit, elle aura tendance à se diriger dans un domaine  qui, de prime abord, favorise le contact humain, le développement de  relations et ce, en conformité avec l’interdépendance qui existe entre les  trois principes fondamentaux qui, selon Spain et al (1994), conditionnent  la démarche de conception du développement de carrière au féminin. En  effet, lorsque les jeunes filles rêvent d’une carrière ou disent vouloir  choisir une carrière  dans  les domaines traditionnellement féminins,  l’image qu’elles se font de ces domaines semble plus compatible avec  leurs valeurs. Ces carrières semblent susceptibles de leur permettre de  vivre des relations plus étroites avec les personnes pour lesquelles ou  avec lesquelles elles travaillent.  

De  plus,  la  conciliation  famille/carrière  constitue  une  donnée  importante dans le choix de carrière des jeunes filles. Dans notre étude, 

(17)

nous avons voulu savoir si le projet de fonder une famille avait une  quelconque  influence  sur  leur  choix.  Trente  neuf  pour  cent  des  répondantes ont dit que leurs projets de vie de famille influençaient leurs  choix de carrières, 34 % mentionnent qu’une carrière en enseignement  donne  plus de liberté en  raison  de  la perception  des  nombreuses  vacances qui lui sont associées, tandis que d’autres semblent privilégier  un emploi à heures fixes, le travail à la maison et un emploi donnant le  droit à un congé de maternité. Or, l’image des carrières scientifiques et  technologiques véhiculée dans la société semble évacuer la dimension  familiale. Il importe donc, comme le souligne d’ailleurs Mujawamariya  (2005), que la famille, l’école et la collectivité unissent leurs efforts pour  changer les construits de la société au sujet de ces disciplines afin de  permettre aux filles et aux femmes de s’engager dans des études et des  carrières non traditionnelles. Autrement dit, il faudrait modifier les  stratégies  quant  à  la  culture  des  sciences,  de la  technologie et  de  l’ingénierie en vue de mettre en évidence le caractère humain, social qui  caractérise ces disciplines, changer le système afin d’adapter les sciences  à toutes et à tous (Cronin et Roger, 1999) plutôt que de chercher à  changer les femmes pour qu’elles s’ajustent aux sciences. Mais changer la  culture  des  sciences,  des  technologies  et  de  l’ingénierie  signifie  également  de  revoir  les  pratiques  pédagogiques,  les  contenus  curriculaires  et  l’environnement  d’apprentissage  et  de  valoriser  la  carrière scientifique des femmes afin de leur permettre de disposer de la  liberté de choisir d’entreprendre une carrière dans ces domaines comme  c’est le cas pour les hommes. (Mujawamariya, 2005; Bianchini, Cavazos  et Helms, 2000; Mayberry, 1998; Gill et Grint, 1995) 

Par ailleurs, il semble y avoir un lien direct entre les aptitudes des  jeunes filles et leur choix de carrière car la plupart des participantes  estime avoir des aptitudes  sociales, linguistiques et  artistiques. Ces  habiletés, que les répondantes disent posséder, sont à la base de carrières  qui permettent d’être en relation avec les gens, comme dans le domaine  des langues et de la communication ou du travail social et de l’aide aux  personnes.  Ce  constat  concorde  avec  le  fait  que  les  filles  ne  se  reconnaissent pas d’aptitudes mécaniques et manuelles, qui sont par  ailleurs associées aux domaines des sciences, de l’ingénierie et des  technologies. Et malgré que les jeunes filles manifestent un haut niveau 

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d’estime de soi, nos résultats ne nous permettent pas d’affirmer qu’elles  se sentent confiantes lorsqu’il s’agit de faire des choix de carrière dans  des domaines non traditionnels. Sinon, comment expliquer qu’à la fin de  leur secondaire, aucune des 52 participantes n’a choisi de poursuivre ses  études ou de faire carrière en sciences, technologie ou ingénierie? De  quoi inquiéter et déconcerter les tenants de la promotion des femmes  dans ces divers domaines dits non traditionnels. D’où d’ailleurs notre  interrogation : Est‐ce possible d’avoir une bonne estime de soi tout en  manquant de confiance en soi lorsqu’il s’agit de choisir une carrière dans  les secteurs des sciences, des mathématiques, de l’ingénierie et des  technologies? Cet aspect mérite d’être approfondi par des études qui  permettront d’établir plus clairement les liens entre l’estime de soi des  jeunes filles et le choix de carrière dans les domaines non traditionnels. 

En effet, au‐delà du constat général selon lequel les participantes à cette  enquête manifestent un niveau élevé d’estime de soi, le faible échantillon  utilisé ne nous permet pas d’établir une corrélation entre le niveau  d’estime de soi et la carrière choisie. C’est pourquoi d’autres études  prenant en compte cette correspondance et impliquant de plus larges  échantillons sont nécessaires. 

Enfin, les résultats de notre étude mettent en évidence une certaine  sensibilité chez les répondantes face aux particularités de la vie en  contexte minoritaire. Certaines réponses réfèrent, en effet, à l’importance  des relations humaines dans leur communauté, des liens de solidarité et  de  la  lutte  pour  la  promotion  de  la justice.  Bien  que ces  aspects  s’inscrivent parfaitement dans le modèle théorique de Spain et al. (1994),  ne  serait‐il pas  légitime  de  penser  que le fait  de  vivre  en milieu  minoritaire a une quelconque influence sur le discours des participantes? 

Cette question mérite également une   investigation approfondie par le  biais  d’une  étude  comparative  entre  des  participantes  de  milieux  minoritaires et d‘autres de milieux majoritaires. 

CONCLUSION 

Les résultats de notre étude sur les facteurs qui influencent le choix de  programme d’études et de carrière des jeunes filles francophones vivant  en milieu linguistique minoritaire mettent en évidence l’existence d’un  lien entre les intérêts, les aptitudes et les valeurs des participantes et le 

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fait  que  très  peu  d’entre  elles  sont  intéressées  par  les  sciences,  l’ingénierie et les technologies. En conformité avec le modèle de Spain et  al  (1994),  la  dimension  relationnelle  semble  constituer  le  facteur  déterminant dans le développement de carrières des participantes. Les  jeunes filles s’intéressent aux carrières et professions qui vont  leur  permettre  de  créer  et  de  maintenir  des  liens  avec  des  personnes  significatives comme c’est le cas pour l’éducation, les sciences de la  santé, les sciences sociales et les arts. Quant aux sciences, à l’ingénierie et  aux technologies, la plupart des étudiantes ayant participé à notre étude  pensent que des carrières dans ces disciplines ne répondront pas à leurs  valeurs prioritaires d’aider les gens, d’en prendre soin et d’établir des  liens avec eux. De plus, elles semblent croire qu’elles n’ont pas les  aptitudes  nécessaires pour  réussir  dans ces  disciplines.  Ainsi,  qu’il  s’agisse de valeurs, d’intérêts ou d’aptitudes, la grande majorité des  jeunes filles s’intéressent aux carrières qui leur permettront de prendre  en compte toutes les facettes de la vie. Mais n’est‐il pas compromettant,  pour l’avenir des femmes et de la société, de tenir les jeunes filles à  l’écart du rendez‐vous avec les sciences et les technologies? D’où la  nécessité, selon nous, d’adapter les sciences aux femmes plutôt que de  vouloir changer les femmes, afin de tenir compte de leurs particularités  et aspirations professionnelles.  

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Jeanne  d’Arc  Gaudet  est  professeure  titulaire  à  la  Faculté  des  sciences  de  l’éducation de l’Université de Moncton. Elle est aussi responsable du programme  de doctorat à cette même faculté. La thématique qui mobilise ses intérêts est celle  de lʹinsertion professionnelle, et plus particulièrement lʹinsertion professionnelle  des filles et des femmes dans les domaines non traditionnels. Elle est membre du  Conseil  consultatif  de  la  Fondation  Historica,  du  Conseil  Canadien  sur  lʹApprentissage et de lʹAssociation des femmes de la francophonie en sciences,  technologie, ingénierie et mathématiques (AFFESTIM).  

 

Donatille Mujawamariya est  professeure agrégée à lʹUniversité dʹOttawa, Faculté  dʹéducation, et chercheure régulière au Centre de Recherche Interuniversitaire  sur  la  Formation  et  la  Profession  Enseignante  (CRIFPE).  Ses  domaines  dʹenseignement et de recherche sont la didactique des sciences, la formation à  lʹenseignement, lʹéducation multiculturelle et antiraciste ainsi que des questions  des inégalités en général.  

 

Claire Lapointe est professeure titulaire à la Faculté des sciences de l’éducation de  l’Université Laval et Directrice du Centre de recherche et d’intervention sur la  réussite scolaire (CRIRES). Ses intérêts de recherche portent principalement sur  le rôle joué par les directrices et directeurs d’établissements scolaires dans la  performance de l’école et la réussite des élèves, ainsi que sur l’analyse féministe  appliquée à l’éducation.  

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