Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Journal des débats politiques
et littéraires
Journal des débats politiques et littéraires. 02/12/1898.
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SOMMAIRE
UNELETTREDËM.DUPUY.
Au JOUR LE jeun. Uoe ~M~e~tu~tetac de Zxnc/t.
–L.
A L'ÉTRANGER. Potem~ucs ax~~o <ematt~e!.
Alcide Ebray.
L'AFFAIRE PiCQUART. L'AFFAIRE DREYFUS.
EN FLANANT. André Hallays. THÉRÈSE. Neera.
UNE
LETTRE
DE M.
DUPUY
Le
F~aro,
âpres l'avoir interviewé,a
fait unportrait de M. Charles Dupuy, où le modelé
s'est volontiers reconnu cependant, il
a
jugénécessaire de rectifier un des traits qui lui
avaientété attribues. « Sur un point seulement,
écrit-il,
nous ne nous
sommes pastrès
bien.compris. Vous me faites dire qu'il y a entre
l'armée et la démocratie une contradiction
né-cessaire, ~et que cette contradictioncrée dans
ce pays une équivoque qui dure depuis
vingt-huitans. Ce n'est pas tout &
fait
cela."Nous
en sommes sûrs d'avance, car, si M. Dupuy
avait tenu le langage et s'il éprouvait !e
senti-ment qu'on lui a
prêtés,
le
cas seraittrès
grave. « J'ai dit, continue-t-i!, que
c'était
mira-cle que nous eussions, depuis vingt-huit ans,
fait vivreet grandir,d'une part,une République dans l'Europe monarchique d'autre part, une
armée fortement hiérarchiséedans une
démo-cratieégalitaire. Et j'ai ajoutéqu'il y aurait eu
là une équivoque, si l'antithèse n'étaitefïacée
at résolue par l'amourde la patrie, culte
com-mun
et
indéracinable des Français. Vousvoyez la différence.
La différence est sensible,en effet. L'amour de la patrieest assezvif chez nous pour fondre et pourunifier, comme dans unardent creuset,
des éléments qui paraissent contraires. Aussi n'est-ce pas, à vrai dire, un «
miracle
H que
nous avons faitdepuis vingt-huit ans. Le mot de miracle s'applique à des faits qui ne sont
pas dans l'ordre naturel des choses aussi n'est-ce pas l'homme qui en fait. Si nous avons
maintenula République en Europe, et l'armée
dans la République, c'est qu'il n'y avait là
rien de contraire à la nature. Il a fallu,
sans doute, y.mettrede la sagesse, de la pru-dence, de la persévérance, simples qualités
hu-maines. Il n'est d'ailleurs pas vrai qu'il y
ait
une beaucoup plus grande contradictionentre
l'arméeet la démocratie qu'entre l'armée
et
tout
autrerégime
politique et social. Sansdoute, la démocratie favorise certains
pen-chantsqui n'ont riende militaire;mais la
ques-tion est beaucoup plus profonde. Qu'il soit en
République ou en monarchie, sous un régime
démocratiqueou sous.un autre, l'homme est le
même;il ne devient individuellement un
sol-dat et il ne forme collectivement une armée
que si on sait, par un effort lent et difficile,
ex-traire de sa nature des vertus qui y sont, ¡
mais qui ont besoin,pour se développer,d'une
culture spéciale. Ce n'estpas seulement le
sa-crifice
de
sa vie qu'on demande à un soldat. Ce sacrificen'est pas le plus difficile à obtenir, et, en somme, il ne s'accomplit qu'une fois.C'est un sacrificede tous les jours, de tous les
instants,qui subordonne l'homme tout entier
à une discipline continuelle. On n'a pasd'armée
en dehors de cela. Un vrai soldat est un être très noble, à quelques égards artificiel. Pour
l'obtenir, il faut l'entourer d'une atmosphère
particulière. Il a besoin,et rien n'estplus juste,
de se sentir enveloppéde confiance,de
sympa-thie et même de quelque chosedeplus, car il
importe
que
!esentiment
defierté
qu'il
porteen lui rencontre autourde lui du respect. Il
y
a là un ensemblede conditions qui ne s'obtien-nentpas en un jour;et si quelque chose a
peut-être afïaiblichez nous l'esprit militaire, c'est la brièveté du service, qui ne permetpas de
don-ner son plein achèvement à l'éducation du
sol-dat. Voilà pourquoi nous luttons contre toute aggravation de ce mai. °
Mais queviennentfaire ici la démocratieet
la République? Certes, si leur principe était
contraireà celui de l'armée, et si ieuridéal ne
se confondait pas aveccelui d'unepatrie grande et forte, un choix redoutable s'imposeraitaux consciences. Heureusement, il n'en est rien.
Nous ne raisonnons pas sur des hypothèses~
FEUILLETON DU JOURNAL DES DEBATS
du 2
décembre
t898
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rA
jrr
rF"7y
~~?
7~72~/2~
Le noave! Opera-Comiqu.e. La façade. Couloirs
et
1 escaliers. La salle. L'orchestre. Les peintures t décoratives. La. scène. La machinerie.Les
sdimensions de la.salle et de la scène. Lo répertoire de l'Opéra, et celui de l'Opera-Comiqne. Mozart à.
r
Munich. La. uoufeUe misa en scène de !a Flûte
e!:cyta.c. –L'inMg'ut'a.tionde 1~sn.lle Fs.varten1840.
Un feuilleton da Berlioz. C
.t'avais lu l'étude très comptotequeM.Fié- f
T
rens-Gevaert a naguère consacrée à
l'Opéra-
rComiqued~ns ~a Z~uMe
~'<
fïneMn-e~M!o~e?'nc, 1étude ciogtcuse où sont célébrées, avec
un
Igrand enthousiasme, les beautés diverses
du
i~monument nouveau. Ces louanges
avaient
Xpigu~ ma curiosité, et, puisque cethéâtreétait, s selonM. Fiérens-Gevaert,uneréponse
péremp-
rtoirc aux accusations de Tolstoï contre
l'art
Fmoderne,j'étais impatientde voir un tel chef-
t
d'oeuvre. Je l'ai vu
je
ne suis pas tout àfait
l' de l'avis de M. Fiérens-Gevaert.La façade est maintenant dégagée.
Comme
cle monumentest haut et que la place
Boïel-
Cidieu est
petite,
i!
faut se donner untorticolis
rpour bien regarder. Mais acceptons
cette
lépreuve avec résignation
et
plaignons i'archi- Ftecte qui eût sans
doute
préféré ne pointété-
dver sa construction au milieu d'un cut-de-sac. e
Matheureusement,nous ne sommes pas tout
à
{;fait récompensésde notrepeine.
Cette façade est une composition d'école l~
l
A~pro~efM.t<n<cr(!t<e. C
mais sur des fàiis,parcc que les faits seu!s
don-nent une leçon
claire.
Depuis 'vingt-huit ans,la.
Franceest
en Républiqueet la. démocratie,comme
on disait autrefois, y coule a pleins bords. Est-ce que jamais les, pouvoirs publicsqui la représentent ont refuse quoi que ce soit
à l'armée? Est-ce qu'on a même compte avec
d'autresnécessités, Lorsqu'il y a eu
un
besoinou un intérêt militaire à desservir? Est-ce
que les Chambres n'ont pas été généreuses,
avec une spontanéité et un élan de cœurqui
se sont renouvelés à toutes les occasions?
Est-ce que
le
pays, dans les fêtes qu'il s'estdonnées
a lui-même, n'a pas mis au premierrang les fêtes militaires? Est-ce que ce ne sont
pas celles qui lui ont laissé le plus cher souve-nir, mêled'enthousiasmeetd'espérance, depuis
la distributiondes drapeaux en 1880 jusqu'à la
revue de Châlons, passée devant l'empereur
de Russie en 1807 ? Est-ce que, dans aucun pays
du monde, on a vu l'armée et la nation plus
intimement
confondues? Et cela aurait-il été possible, s'il y avait eu contradiction entre ladémocratie
et
l'armée? Hâtons nous dedireque,dans
aucun pays non plus, ni-dans aucuntemps,
on n'a vu une armée plus
respec-tueuse de ses devoirs que la nôtre. A .une
époque
plus. lointaine, les circonstances luiont peut-êtrepermis derecuei.Ilirplusdegloirc;
.maiïjamais elle n'a mieux mérité d'être
admi-rée et aimée que depuis vingt-huit ans. Elle a
travaillé en silence à sa reconstitution maté-rielleet morale. Elle s'est te.nuo constamment
en
dehors des agitations politiques. A aucunmoment la pensée de
s'y
mêler ne lui estve-nue. Les orages qui ont àmaintes reprisesagité
nos têtes sont passés sur la sienne sans la
tou-cher. Le boulangisme même lui a été étranger.
Nou~ avons éprouvé d'autressouffrances, mais
du moins la plus aiguëde toutes, celle qui
se-rait venue d'une opposition entre le pays et
l'armée, nous a été épargnéejusqu'àce jour.
i Ce jour, où nous sommes, est pénible. Dans
l'assaut furieux des polémiques déchaînées,
l'armée n'a pas été ménagée comme elle aurait
pu l'être. Nous avons été les premiersa
protes-ter contre d'indignes attaques,où l'on rejetait sur tous les torts de quelques-uns. D'autres
voix, plus éloquentes, se sont élevées, depuis,
pour faire
entendre
la même protestation. Lepays a étérévoltéet, quoi qu'il arrive, il
n'excu-sera et ne pardonnera jamais certains
excès,
coupables et criminels en eux-mêmes. Maiscomment l'armée aurait-elle été respectée
alors'
que plusrien ne l'était, pas même
la
patrie?EMeaeuIe
sort commun dans la crise com-mune. Ce n'estlà que l'entraînement d'un jouret l'erreur de quelques personnes. Rien ne peut
rompre, rien ne rompra
le
lien qui existe entrela nation et l'armée qu'elle aime à appeler
na-tionale.Yja.confiancereste intacte. S'il en était
.autrement, c'est notre confiance en
nous-mêmes qui auraitétéatteinte, c'estla confiance obstinée que nous gardons dans notre avenir.
L'armée
et
la France ne font qu'un,et, comme l'a dit M. Dupuy, le sentiment qui les unit est -ûssez fortpour réduire la prétendueantithèsequi existeraitentre l'esprit militaire et la
dé-mocratie.
En
quarantaine.
Le public réclame depuis longtemps la création d'un service de tramwayet d'omnibus, passé minuit. Jusqu'à présentces récla-mations, parfaitementjustiHées,sont restées vaincs. Pourquoi ? Le Conseil municipal répond que c'est la faute de la Compagniedes omnibus.De son côté, laCompagnie affirma que !a faute en est au Conseil
municipal. Cette dernière assertion parait être la vraie. Voici comment les chosesse sontpassées.
Dé-sireusede donner satisfactionau public, la Compa-gnie des omnibus a.vait pris ses dispositions pour organiser des services de nuit. Mais elle avait besoin do l'autorisation du Conseil. Elle écrivit a.
l'Hôtel de ViUo mais la lettre est restée sans
ré-ponse. Dans ces conditions, que pouvait faire la Compagnie? Ce qu'il
y
a de piquantdans la chose, c'est que c'est !e bon public qui paye une fois encoreles fautesde sas représentants.Sous prétexteque la Compagnies'est montrée réfractaireà certaines som-mations n'ayant d'ailleurs aucun rapport avec l'af-faire en question, le Conseil a décidé qu'il n'au-rait plus 'de relations avec la Compagnie,qu'il la regardait comme n'existant plus et que ses communications resteraient sans réponse. Et voila. pourquoi les Parisiens sont obligés de rentrer a pied a "partir de minuit. C'est, d'ailleurs, un parti pris do la part do nos odi!es. Si, n Paris, on paye Jegaz 100 0/0 plus cher que dans toutes les capi-tales du monde civilisé, la faute en est uniquement
auConseil municipal, qui, dans sa haine aveugle et imbécite contre les grandes Compagnies, a mis la Comp:ignicdu gaz, elle aussi,enquarantaineet s'est refusé systématiquementà toute propositiondo
ré-froide
et correcte. Encore les portes du rez-de-chaussée sont-elles écrasées sous le balcon du premier étage où se dressent d'inévitables colonnes corinthiennes. Encoretes fenêtres del'attique
que
séparent deux pardeuxd'inévi-tables cariatides sont-elles d'une indigence
dé-corative
assez attristante!
De chaque côté de la façade, dans une
niche, il y a une statue de marbre. A
gau-che AfMS~M<? à droite Ja jPoc~M. L'une
et l'autre de ces deux allégories
sont
d'unmaniérisme divertissant: voilà bien les ges-tes traditionnels
et
les poses deconven-tion « de nos plus exquises cantatricesH. Ce
sontdebonnes enseignes.
Dans la palissade qui entourele pied du
mo-numentune petite porte est ouverte par où il
est expressémentdéfendu de
passer.
Cepen-dant, des personnages notables « appartenant
au mondede
la
politique, desarts etdes lettresfranchis&ent à tout moment
le
seuil interdit. Nous nous glissons derrière un ofiici.er de laLég'ion-d'Honneur. Nous voici dans la place. Des gens nous saluent, estimantque nous
som-mes « de l'administrationo. Quandil n'est pas
permis de pénétrerquelque part et qu'un pas-santpar hasard enfreint
la
consigne~le gardienne pensera jamais: « C'est un intrus »; son
premiermouvement s~ra de se dire « C'est un
privilégie;il doit avoir une
« carteM:
saluons-le.
Que de vestibules Que de couloirs Que d'es-caliers A
peine
a-t-on pénétré dans !c théâtrequ'on éprouve tout de suite une impression
rassurante. II fallait a tout prix reagir contre
l'inévitable appréhension du public dont
l'es-prit
serahante par les souvenirs de l'incendiede 1887. A cela on a réussi.La salle se videra
en un clind'œil; et, lorsqu'unnouvel incendie
(M. Berthelot, bon prophète,
a
un jourémis cet axiome que tout théâtre <~o~ brûler) fera,parmi
les
spectateurs,
de nouvelles victimes, l'ardu tecte n'aura nulle responsabilité dans lacatastrophe. Mais,
auta.ntqucj'enai
pu juger,!a
ductîonque la Compagnielu!
a
soumise. C'est une bette chose que l'intelligence, et les Parisiensnesau-raientpayer trop cher l'honneur d'être administres par dos'hommes & l'esprit si ouvert et toujourson quête du progrès matérielot
moral.
11<guestSons & M.
Loc!troy.
M. Lockroy aremporteune petite victoire a la un de la dernière séance de la Chambre des Députés. Des journaux
de Toulon avaient publié des révélations terribles sur la situationdes approvisionnementsde la marine etM. Ferrero,député do cette localité,avait cru utile de les porterà la tribune. Ce sont des Contes</e
!a
mcre t'0!'e, a réponduM. Lockroy, et il a ajouté qu'il avait autrechose a faire qu'à polémiquer avecla presse et a lui donnerdes démentis. Parolesage qui montre bien que le ministrede la marine n'est pas partisan de ces pratiques dont certain homme
politiquedo sa connaissanceintime a usé et abusé, alors qu'il
était
la
fois journaliste,député et aspi-rant ministre 1Mais nous pouvons dormir en paix; l'action per-sonnelle de M. Lockroy sur tous les services de la marineest si efficace que m5menous avons la.tréve des « charançons Autrefois, ils empoisonnaient notrestock doblé ils ont disparu, maintenant
On
avait parlé d'un enfouissàge do salaisons
ava-riées M. Lockroyne nie pas absolumentle
fait,
maisles révélationssesont trompées d'adresse. La ma-rine n'enfouitpas,elle jette a la mer! Et M.Lockroy eut pudonner,à ce sujet des explicationsqui eussent convaincu la Chambre. Si la marine n'enfouitpasles
objets d'alimentation avariés, c'est par sollicitude pour la pisciculture ello préfère les livreren pâture auxpoissons etdonnerainsiun encouragementa l'in-dustrie de la pèche.
M.
Lockroy est doncsorti victorieuxde cettepetite passed'armes;maison nousassuré qu'ilvasetrouver auxprises très prochainement,non plusavec un desreprésentantsdu port de Toulon, mais avec un
véri-table amiral.Le ministredelamarinevient, en eGet, de donner une nouvelle prouvedesa versatilité.Il ya quelquesjours, ila promu au gradedo contre-amiral un excellentofficier qui, avec l'ancien système, serait resté capitaine de vaisseaudeuxoutrois ans encore puisce jeune et brillantofûcier général, le dernierdo
la liste, a été pourvu d'un importantcommandement
&la mer. M. Lockroy a eu ainsi la main heureuse. Il
a rompu avec la tradition,et nousl'approuvonssans réserve quandil rajeunit les commandements. Nous avons, parminos amiraux, trop d'hommes usés et incapablesde supporterles fatiguesd'une campagne active.
Le souci du rajeunissement des cadres n'a
pas
cependant empêchéle ministrede prendre tout ré-: comment une décision qui est absolumentmauvaise,Voici do quoi il s'agit M. Lockroy vient de décider
que les commissions de classement ne porteraient
sur
la
liste d'avancement que les lieutenants dovaisseau ayantplus, de douze ans de grade. De la sorte, nous n'aurons plus dans l'avenirquede vieux
capitaines
de
frégate, de plus vieux capitaines devaisseauet do très antiques officiers généraux. Où
est donc l'idée maîtresse qui dirige M. Lockroy?
Nous avouons que nousno la voyons pas il va être
amenéa la développerà. la tribune du
Paiais-Bour-bon et peut-être parviendra-t-ila persuader a la Chambre qu'ilest bon que de jeunes commandants d'escadren'aient sousleursordres que de vieux
offi-ciers.C& que deviendraavec ce système la corps des
officiersde marine, M. Loekroy n'en a cure.
t,es
petites économies.
Il n'y a pasde po-titos économies.C'est en vertu do ce principeque la commission du budget est en train de faire la guerre auxjetons de présence. Elle a commencé par sabrerun créditsupplémentairede3,000fr. demandé par le
ministèredu commerce pourles jetons de présence des membres du comitéconsultatifdes artset manu-factures.Il faut espérer que la Chambre ratifiera cette décision pour doux motifs le premier, c'est que la dépense ne parait pas indispensable; le
second, c'est qu'il n'y a aucune raison d'ajouter
unnouveau crédit supplémentairepour une dépense
qu'ilétaitsi facile de faire rentrer dansle budget or-dinaire. La commission ne s'est pas arrêtée en si
bonne voie.Pendant qu'elle y était, elle a résolu de
supprimerles augmentationsdo traitement que
cor-tains fonctionnairess'octroientsous forme dojetons
do présence.Los hautsfonctionnaires,qui, seuls, pro-fitent de cette aubaine supplémentaire, sont déjà assez rémunérés pour qu'il soit nécessaire de leur allouer encore des jetons de présence. Cette mesure
aura aussi un bon effet elleréduira peut-être le nombre excessif des commissions et des comités donton abuse depuis quelque temps. En dehors des avantagespécuniaires, certainsgrands fonctionnaires profitent de l'occasion pour n'être jamais à leur ca-binet, sous prétexte qu'ils sont « en commission x, commedisentles huissiers des ministères.Donc, la commission a fait, par extraordinaire,una besogne
utile mais ce beau zèle se maintiondra-t-il?Ily
a
a élaguertant de crédits parasitaires, au moins aussi inutilesque ceux an'ectés aux jetons do présence, que la force et la patience pourront peut-être lui manquer. D'ailleurs, à quoi bon se donner tantde
mal, puisque, d'après toutes les probabilités, la Chambreso fera un devoir de rétablir les crédits que
la commission aura faitle simulacrede supprimer ?
les dégagements de la scène paraissent beau-coup moins vastes que ceux de la salle. De
côté-là, les issues sont encore nombreuses,
mais terriblementétroites.
L'aspect de la salleest charmant.Les
propor-tions sont élégantes. La courbe des balcons
est
gracieuse.Lespeinturesbianc-cremerehaussées d'or clair sont d'une tonalité délicate quis'har-monise bien avecle rouge sombre des
tentures
dont sontrevêtusles sièges et les loges. Même
dans la décoration sculpturale, il y
a
de jolismorceaux. Les pendentifsde la coupole ont de la légèreté. La série des cariatides qui
soutien-nentte balcondu second étage, et qui sont de M. Coûtant, m'a paru moins heureuse ces
al-légories sont furieusementcontournées;et l'on
sentquelque gaucherie dans la façon dont on leur a imposé le décor blanc et or qui règne
partout.
Le plus choquant, c'est l'ornementation
ex-travagantedes loges d'avant-scène et du cadre
même
de,la
scène. On a accumulé là dedésas-treuses pâtisseries.
Sous le plafond, un cartouche portant R. F. est soutenu par des ngures volantes. Les
plis du rideau,sont retenus par deux
fer-mes ailées d'une banalité cruelle. Naturel-lement, l'une d'elles n'est couverte que d'unvoile transparent et l'autre est toute nue.
Quand
donc
les sculpteurs renonceront-ilsà cette pensée vraiment saugrenue qu'une
nudité
est un motif de décoration? Et qui expliquera pourquoi les mêmes gens quitrou-vent naturel qu'on leur montre en marbre,
en pierreou en stuc l'image d'une femmenue,
sortiraient brusquement du théâtre, accusant
la
police et les mœurs, si par aventure, sur lascène, unedanseuse s'avisait de faire comme
les statues? « L'idéalisation du
nu par l'art
est une des farces les plus bouffonnesde
l'es-thétiquemoderne. Maispassons
il
seraitpué-ril de reprocher
a
un pauvre sculpteurcequi
est l'aberratien
de
tous tes civilisés depuisquatresiècles.
AU
JOUR
LE
JOUR
UNETEMPÊTE SUR LE LAC DE ZURICH
La Suisse
est
en proie à la discorde. Unear-dente
polémique sévit dans les journaux. On échange des articles foudroyants, pleinsd'apos-trophes véhémentes et d'amères ironies. C'est Zurich qui est le centre de ce cyclone.
Voici l'affaire. Il existe à Zurich un musée na-tional. Entendez bien national, et non pas can-~o;M/. On a vouluen décorerles murs de fresques
représentantdes épisodes de l'histoiresuisse. Un concours fut ouvert. Lejury attribuale premier
prix à M. Hodler, un peintre bernois encore peu
connu en France, mais-qui a fait déjà beaucoup
de bruit dans sa patrie. M. Hodier n'est pas
dé-pourvu de défauts. Sa couleur est volontiers dure et brutale, et son goût pour la laideurva
souventjusqu'à la caricature. Mais c'estun dessi-nateur singulièrementénergique et expressif; et si dans ses œuvres il est des partiesdéplaisantes,
l'ensemble laisserarementindifférent. On ne peut
lui dénierdes qualités rares et une forte origina-lité. M. Hodier a des partisans enthousiasteset des adversaires acharnée. Les projets de fresques qu'il avait envoyés, fresques dont la principale figure la retraite des Suisses après la bataillede Marignan, obtinrent, après te suffrage du jury, celui de la commission des beaux-arts du Conseil
fédéral. Ilsemblaitque la victoirelui fût acquise
et qu'il n'eût plus qu'à exécuter sur les murs du
musée national les travaux définitifs.
On
était loin de compte. Le comité, dedirec-tion du muséese compose de classiques austères. Les journaux suisses en parlaient comme d'une rassemblée érudite
d'archéologues,d'épigraphis-tes, d'historiens, gardiens jaloux des traditions,
épris de l'art du passé et naturellementhostiles à toute nouveauté Quand cette sage Compagnie
apprit quele peintre Hodler venait d'obtenir le
premier prix et qu'il serait désigné pourla déco-ration d'unedessalles dumusée,cefut une stupeur
et une longue indignation. Une défense savante
fut organisée. On mobilisa les gazettes de Zurich, on excita les amateurs, le public, la ville entière.
Et on résolut d'opposerune résistance désespérée
àl'exécutionen fresque descartonsde M. Hodler.
La lutte eut ses péripéties. Finalement.'comme
U
était malaisé de combattreface à face un voteofficiel, on employa un détour subtil
pour
dé-barquer élégamment M. Hodier et ses œuvres,en
mêmetemps que le jury et la commissiondes beaux-arts. Le comité, après mûre délibération,déclara qu'il lui paraissait décidément inutile
d'orner de fresques les murailles du musée et ut
approuversa sentence par la municipalité. Or, le musée de Zurich n'étant pointcantonal, mais na-tional, ainsi que vous vous en souvenez; les par-tisans de M. Hodier proclament illégale
l'inter-vention de la Ville. Ses adversaires soutiennent
énergiquementleur opinion. Le débat doit être
porté devant le Conseil fédéral, qui jugeraen dernier ressort. En attendant, les deux parties se jettent réciproquementà la tête des articles
co-pieuxet des paroles malsonnantes. Et l'on parle
de
justice, d'arbitraire,de droitetd'iniquité.
Etc'estune simple question d'art qui bouleverseà
ce point l'Helvétie et les Helvètes. Doux pays.
` L.
Toutes les personnes qui se plaisent à taquiner
legoujonsavent que la pêcheà la ligneest
inter-dite après le coucher du soleil. C'est une règle universellement connue; mais si le principeen
est très simple, sonapplicationpeut, au contraire,
soulever beaucoup de difficultés, et, notamment, celle de savoir à quel moment précison doit
con-sidérer que le soleil est couché. Le pêcheurest-il
jugede la question ? Peut-il s'en fier à ses yeux ? Faut-il qu'il s'en réfère aux indications de
l'Ob-servatoire ou des almanachs
et
doit-il consulter,sa montreou les horloges publiques ? Autant
de
graves questions que vient de trancherunde ces
jugementsdéfinitifs et lapidaires qui ont fait la
réputationde M. Paul Magnaud,présidentdu tri-bunal de Château-Thierry
<x Attendu, dit ce. magistrat,que M.
X.
estpoursuivi pour avoir pêché à la ligne après le
coucher du soleil, à cinq
heures
quarante-cinqminutes, dans l'arrondissement de Château-Thierry,le y octobre i8<)8;
Attendu que, d'après les indications fournies
au tribunal par l'Observatoirede Paris, le soleil s'est couché ce jour-làexactement à cinq heures
vingt-six minutes, mais que le crépusculecivil
a
duré trente-quatreminutes, prolongeantla clartédu jourjusqu'àsixheuresdu soir;
H Que c'estdonc même avant la fin de ce
cré-puscule, c'est-à-dire alors qu'ilfaisaitencorejour,
que M.
X.
a été surpris pêchant;En revanche, on peut, sansscrupule, blâmer l'idée singulière qu'ont eue les décorateurs de
l'Opéra-Comiqueen imitantles rideaux par des
sculptures. En généra), tes tentures des loges
d'avant-scène sont en velours bordé de crépi-nes d'or. C'est laid, c'est lourd,c'estbêtec'omme
tout ornementqui n'est qu'un ornement,
puis-que ces rideauxne sauraient être baissés que
quandla salle est vide. Mais, enfin, ce sont des
rideaux d'étoffé et l'on
peut,
à ta rigueur,trou-ver quelque agrémentaux plis du velours.Or, ici, on les a remplacéspardes rideaux en
pâtis-serie blanc et or. C'est ce qu'on appeUe
renou-veler l'artdécoratif!1
Etde mêmepourle manteau d'Arlequin. Cent
fois
nous nous sommes demandé àquoibon cestoiles peintes fixes, inamovibles, où sont
figu-rés en trompe-t'œil les plis d'un rideau rouge.
Cette décoration traditionnelle a, sans doute,
parusurannée.Mais, que pensez-vousqu'on ait
misa !aplace? Un cadre bien simple pouvant s'accommoder aux tableauxles plus divers,un simple passe-partout, qui conviendra àdes pay-sages aussi bien qu'à des scènes d'intérieur, à
des comédies a ariettes du dix-huitième siècle
aussi bien qu'à des poèmes légendaires?Peut-être vous imaginez-vousque,tenant comptedes
œuvres infiniment diverses par le caractère et le costume quisontreprésentéessur ce
théâtre,
ona, tout autour de la scène, composé unedé-coration plus discrète et évité le « style ? Non.
C'est toutjustement à cette place qu'on
a
d6-chaînéles statuaires et.~au trompe-i'œil
peint
qu'on voit ailleurs et sur lequelnotreœil estdu
moins blasé, on substitue un trompe-t'œiisculpté d'une intolérable lourdeur. Voilà la
trouvaille.
Entre la scëne et la salle il y
a
un grand trou c'est l'orchestre. Quelques musiciensse-ront
môme placés sous la scène. Cette disposi-tion est empruntée à certains théâtres alle-mands ou elie aété reconnue indispensab!epour l'exécution des dernières œuvres de Wagner.Qu'il n'a pu se douterquele soleilétait
astro-nomiquement couché lorsque l'agent
verbalisa-teur est intervenu;
MQue, d'ailleurs,une
erreur
mêmede vingtàtrenteminutes, alorsque le jour
n'a
pascomplè-tement disparu et que les montreset horloges
d'un même pays marchentdans le plus parfait désaccord, ne sauraitsuffirepour faire apparaître l'intentiondélictueuse, basede tout délit;
» Qu'il la faut évidente pour amenerla
répres-sion pénale, surtout en une matière où ce qui est
licite une minute avantcesse de l'êtreune minute plus tard
»Attendu que, dans l'espèce, cette intention délictueuse n'est pas suffisamment établieet qu'il y a d'autantpluslieu de renvoyerle prévenu des fins de la poursuitesans dépens qu'il ne passe pas
pour braconnierde pêche et qu'il se servait du mode de pêche le plus pacifiqueet le moins
des-tructeur,
& Par
ces.motifs,
& RenvoieM.
X.
des fins de la préventionsans
dépens.~
On
ne sauraitmieux dire et Salomon lui-mêmen'auraitpas gratifié les pêcheurs d'une
jurispru-dence plussagace, plus ingénieuse et plus
hu-maine.
On avait annoncé que le prince de Galles se
rendrait,
l'année prochaine, en Amérique pour
honorer de sa présence les fêtes du centenairede
Washington.Mais cette nouvelle
a jeté dans un
vif émoi toute l'Angleterre.Le cant britannique
s'accoutume mal à la pensée qu'un princede sang royal pourrait, sans déroger, accepterl'invitation d'un simple Président de la République et
rece-voirà la Maison Blanche une hospitalité
toute
démocratique. On estime généralement à
Lon-dres que le prince de Galles est trop grand sei-gneur pour assister en personneà ces fêtes d'outre-mer et que la <: correction exige qu'il s'y fasse
simplementreprésenter.Mais si grand que soit le
désir des Anglais de garder en toute circonstance
la
~correctionla
plus parfaite, ilsvoudraientbien aussi ne pasfroisserles Américains, dont l'amitiéleur paraîtde plus en plus enviable et nécessaire. Aussi propose-t-on, au lieu
d'envoyer~Washing-ton un simple officier de la suite du prince, d'y
expédier un membre de la famille royale qui ne serait pointl'héritierde la Couronne le duc d'York, par exemple, ou le duc de Connaught. Encore s'arrangerait-onpour que
le
voyagen'eûtpoint le caractère d'une démarche officielle et
pour que le jeune prince, visitantcomme par
ha-sard le Canada, parûtprofiter d'une heureuse
coïncidence pour faireaux Etats-Unis une rapide
excursion. Reste à savoir ce que penseront de
cet arrangementles citoyens de la grande Répu-blique. Us s'étonneront peut-être que prince de
Galles qui ne dédaigne point de déjeuner à
l'E-lyséesemble
faire
tantde façons pour dîner à laMaisonBlancheet ilfaudratrouver quelqueautre
combinaison qui, sansiéserla vanité britannique, satisfasse un peu mieuxl'orgueilaméricain.
A
L'ETRANGER
POLÉMIQUES AUSTRO-ALLEMANDES
La politique du « gantelet de fer M, appliquée,
non plus à la Chine, mais a l'Allemagne
elle-même, commenceà créer de sérieux embarras
au
gouvernement de Berlin. Il est vrai, ainsique nous l'avons annonce hier, qu'on tient
pour arrangée l'affaire de Lippe-DetmoId, qui
nous avait fait voir Guillaume II traitant un
prince confédéré comme un vassal et cherchant
à empiéter
sur
ses droits; en sorte que lesau-tres souverains allemandsdurentconsidérerce procède commemettanten danger
le
pactefé-déral, et témoigner leur mécontentement
à
l'empereur.
Onassure,
en effet, que c'està l'intervention'des principaux d'entre eux,
les rois de Bavière et de Wurtemberg et le
grand-duc de Bade, qu'il faut attribuer
l'apla-nissementdu différend.Mais voici que surgit
une autre difficulté, celle-là assez grave et
d'ordre international, à propos des expulsions en masse auxquelles le gouvernementprussien
procède depuis quelque temps, et que nous avons signalées comme une des nombreuses
manifestations de la politique à poigne actuel-lement en faveur en Prusse.Jusqu'ici,la presse
de différents pays avait seulecritiqué
publique-ment, au nom de l'humanité, la rigueur dont
faisaient preuve les autorités prussiennes.
Au-jourd'hui, cependant, il s'agit d'une véritable protestation faite
au
Parlement autrichien parle premierministre, à la suite de laquelle les
Etait-elle bien utileà l'Opéra-Comique,puisque
les œuvres qu'on y exécute ont, toutes, été
écrites pour des orchestres placés se]on
l'an-cienne mode? Sans doute, grâce
à
cette fosse, le spectateur, lorsqu'il resarde la scène, n'estplus importuné par le mouvement des archets et la gesticulation du chef d'orchestre et cet
avantage n'estpas
a.
dédaigner. Mais on peutcraindreaussi que les sonorités ne sortentun
peu diminuées de ce précipice. On ne sauraà
quoi s'en tenir que le lendemain de lapremière
représentation.Dans tous les cas, il eût été
peut-être
prudent d'installer un planchermo-bile qui permît, selon les œuvres exécutées,
d'élever
ou d'abaisser l'orchestre.Il y a quelquesjours, a un reporter qui lui
demandait
s'il
était candidatà
l'Institut,M. Fantin-Latour fit cette simple réponse:
« Je
ne suis pas de ceux qui badigeonnent .des
Opéras-Comiques,»
Elle est considérable,
la
troupe desbadigeon-neurs réunie par
M.
Bernier. Je sais que lesbureauxontleurs peintres et qu'un architecte
bâtissantau comptede l'Etat est oblige
d'em-ployer, même à son corps défendant, les
pein-tres des
bureaux.
D'ailleurs, peu importe le choix de ses badigeonneurs. Mais, vraiment,leurnombre est excessif. Pourquoi,ici, tant de
peintures et aussi tant de sculptures? Les
locaux duLuxembourg sont étroits, sans doute,
et
il
serait souhaitable qu'on donnât un plusgrand muséeaux artistescontemporains. Mais
un théâtreest unthéâtreet n'est pointune
gale-rie de peinture.
On eûtcompris qu'on livrât la. décoration de
l'Opéra-Comique à unartiste unique q-ui,
sous la direction de l'architecte et secondéparses
propres élevés, eût tenté de créer une œuvre
complète
et
harmonieuse.Mais detelieschoses
sontaujourd'huiimpossibles ledt-oità
la
eom-piande
est
indiscutable etchaque
peintre
peut réclamer sa sportule à l'administration l
journaux
d'Autricheet
d'Allemagnese livrentà despolémiques très aigres, mettant mêm<t en question l'alliance austro-allemande.
L'af-faire présente
donc
désormais un caractère beaucoup plus sérieuxquepar lepassé, etmé-s
rite
qu'on la considèrede très près.<
On sait que la politique d'expulsion était fort
goûtéedu prince deBismarck,
qui
y voyait unmoyen de germaniserles confins de l'empire,
où Alsaciens, Hollandais, Danois, Polonais ou
autres
Slaves résistaient à l'influencealle-mande,
et montraient peu d'empressementàs'identifier avec cet être moral et politique que
les Allemands désignent parce mot
intraduisi-blé:
Z~M~cA~M.Aussi, lorsque, ily
aquel-ques semaines, on vit les autorités prussien-nes, vers les frontières de la Hollande, duDa.
nemark et de la Bohême, expulser sans autre forme de procès des foules de malheureux,
auxquels on ne pouvait reprocherque de ne
pas être de race allemande, et pour qui
ex-pulsion
était
synonyme de misère,personnene douta qu'un mot
d'ordre,
venu deBer-lin,
n'eût enjoint aux autorités derecou-rirde
nouveau a un procédé qui semblaitcpn-)
damné,nonseulementcommeinhumain, mais
surtoutcommeinefficace. II est vrai que M.de
'Kceller, ancien ministre de l'intérieur et
gou-)verneuractuel du Schlesvig, interviewé
par un
journaldanois, le
Po/~en,
déclare avoir agide
sa propre autorité, sans instructionsvenues
de Berlin, et accuse les journaux allemands,
dene jamais rien savoir N'en déplaise &
l'ancien ministre, la politique d'expulsion est
aujourd'hui trop généralement pratiquée en
Prusse pour qu'on ne la considère pas comme
dictéede Berlin, sinon dans les détails
d'éxe-cution, du moinsd'une manière générale. Tant que les victimes de ces procédés d'un
autre âge nefurentque des Danois où des
Hol-landais, on put, à Berlin, se désintéresserdes protestations qui se faisaient entendre au delà
des frontières, ou même ne pas tenir compte
des représentations officielles faites, dit-on,par le gouvernement de Copenhague.Mais
l'expul-sion de sujetsautrichiens de la Silësie prus-sienne devait avoir beaucoup plus de
retentis-sement, et cela pour trois ~raisons. D'abord, les
expulsés étant deraceslave, immédiatement la.
question s'est posée,en Autriche,surle terrain
de lalutte des nationalités; cela est si vrai que l'attitude de lapresse autrichienne n'est
nulle-ment uniforme en présence du tort causé àdes sujets~
autrichiens:
les journaux duparti
allemand témoignent une certaine indulgence à l'égard du gouvernement deBerlin, tandis que
les journauxslaves sont fort indignés. D'autre
part, l'Autriche-Hongrieétantunegrande puis-sance,elle ne peut être traitéeavec la même
dé-sinvolture que le faible Danemark. Enfin', cette
monarchieétantalliée a l'Allemagne, tout
dif-férend qui s'élèveentre les deux Etats, surtout
à
propos .dela
questionbrûlante desnationali-tés, doit être envisagésousunpoint de vuetout
à fait
spécial.
On attendait donc avecimpa-j
tience,et même un peu d'inquiétude, laré-ponse
que devait fairele comte Thun,présidentdu Conseil en Autriche, aux interpellations présentées par MM. Enget et Jaworski,
qui ont cru devoir attirer l'attention
du
gouvernement sur les procédés étranges dont
étaient victimes des sujets autrichiens de la
part d'un Etat allié. Le comte Thun a
ré-pondu or, ses déclarations, dont nousavons
donné hier un extrait télégraphique, et dont
les journaux de Vienne nous apportent
au-jourd'hui le texte complet, équivalent a un
blâme non déguisé
à
l'adresse dugouverne-ment de Berlin.
H ne faut pas se laisser abuser,'en effet,
par
la forme éminemmentcourtoiseétirés
diplo-matique que le comte Thun a donnée a saré-ponse. Elle eût été de rigueurde la part d'un
~gouvernementquelconques'adressantàun
au-"tre
gouvernement ami, à
plus
forte raisonen-tre
gouvernementsalliés.
Trèsclairement,
quoique
affectant de parler par prétérition,lepremier
ministre autrichiena fait comprendreque la politique d'expulsion pratiquée par la
Prusselui paraissaitnon seulement injustifiée,
mais même. contraire au droit des gens, et
surtout incompatible avec les égards dus
par l'Allemagne à son alliée. S'il pouvait
y
avoir un doute sur le sens qu'il fautdon-ner aux déclarations du comte Thun, la
phrase qui les termine le dissiperait
aisé-ment le premier ministre menace la Prusse
de réciprocité, lisez représailles. Or, ces re-présailles seraientjustifiées, si du moins l'on
admet que lesexpulsions prussiennes lesoient.
des beaux-arts. Il faut donc, ai l'on construit. quelque part une muraille, la partager, tout
de suite, entreun certain nombredepostulants.
Peu importe que ces postulants aient en art des
goûts divers. Il nes'agitpas de peindredes
mu-railles il s'agitdenourrirdespeintres. Et nous
sommesà ce point pervertisparl'abus des mu-sees.ou sontfatalemcntrapprochéesdesœuvres
disparates, que nous ne sentons plus ta
niaise-rie d'unepareille mcthode.
Un des inconvénients de ces mœurs
ridicu-les, c'est d'amener peu à peu les architectes a.
perdre de vue l'essentiel d'une construction,
c'est-à-dire sa destination; ils s'occupent
uni-quement de « donner de.l'ouvrage aux
pein-tres et aux sculpteurs. Chaque monument nouveau devient une sorts d'ate)ier national.
Voyezce quis'estpassé à l'Opéra-Comique.On
a fait travaillerM. Benjamin Constant,M.
Luc-Olivier Merson, M. FIameng,M. Meignan,M.
Collin, M. Toudouze, M. Gervex, M. Blanc,
M. Guiiard,
etc.
Ce que j'ai aperçu, l'autre jour, de ces œuvresdiverses fait trembler. Maisfussent-elles pleines de goût et fort agréables
à regarder, il n'en serait pas moins vrai que fa.
décoration picturale est ici secondaire et que
le premier mérite d'un théâtre est de convenir
à la représentation d'ouvrages dramatiques. A l'Opéra-Comiqueon a tout fait pour orner
les foyers, les escaliers et les couloirs on n'a.
presquerienfait pouraménager la scène.
Quand on a annoncé qu'on allait bâtir
un
nouvel Opéra-Comique,quelques personnesun peu naïves se nattèrent de l'espoirqu'onvou"
lait enfin sortir de la routine et construire
un.
théâtre ou seraientappliquéestoutc-s lesinven-tions de la. science. Leurs vœux d'ailleurs' étaient modestes. Elles savaient bien que, si: par hasard
un
architecte se rencontraitpour
concevoirune salle deformenouvelleetoù
tousles spectateurs pourraient, sans courbature,
vo.r et entendre, il ne se trouveraitpas un
jury
françaispour adopter un projet aussi