Après avoir d'abord résisté assez fortement aux hypothèses et aux "images", comme les appelait Boltzmann, de l'atomisme, Poincaré est devenu tout à la fin de sa vie un atomiste convaincu. Six ans après la mort de Boltzmann, il constate que les conceptions atomistes sont à nouveau à l'ordre du jour : « Depuis quelque temps, la tendance est à l’atomisme, la matière nous apparaît comme formé d'atomes indivisibles, l'électricité n'est plus continue, elle n'est plus divisible à l`infini, elle se résout en électrons tous de même charge, tous pareils entre eux ; nous avons aussi depuis quelque temps le magnéton, ou atome de magnétisme. A ce compte, les quanta nous apparaissent comme des atomes d'énergie. Malheureusement la comparaison ne se poursuit pas jusqu'au bout. »
Poincaré n'est pas convaincu que l'idée de l'atome d'énergie soit réellement en mesure de surmonter les difficultés considérables auxquelles elle se heurte pour l'instant. Mais il se demande si la discontinuité ne va pas régner finalement sur l'univers physique et si son triomphe peut être considéré comme définitif.
Jacques Bouveresse, La philosophie naturelle de Boltzmann. Philosophia Scienciae, tome 3. n°2.