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Submitted on 1 Jan 1987
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Application de la théorie cinématique à l’interaction Triplet-Doublet dans les cristaux moléculaires
F. Hénia, J.L. Monge, H. Bouchriha
To cite this version:
F. Hénia, J.L. Monge, H. Bouchriha. Application de la théorie cinématique à l’interaction Triplet-Doublet dans les cristaux moléculaires. Journal de Physique, 1987, 48 (12), pp.2097-2102.
�10.1051/jphys:0198700480120209700�. �jpa-00210657�
Application de la théorie cinématique à l’interaction Triplet-Doublet
dans les cristaux moléculaires
F. Hénia, J. L. Monge (*) et H. Bouchriha
Laboratoire de Physique de la Matière Condensée, Faculté des Sciences de Tunis, Campus Universitaire, 1060 Tunis, Tunisie
(*) Groupe de Physique des Solides de l’Ecole Normale Supérieure, Université Paris VII, Tour 23, 2 place Jussieu, 75251 Paris Cedex 05, France
(Requ le 23 juillet 1986, révisé le 19 mai 1987, accepté le 3 juin 1987)
Résumé.
2014Nous avons adapté la théorie cinématique de Suna à l’étude de l’interaction Triplet-Doublet dans
les cristaux moléculaires. L’application de cette théorie à l’anthracène où le mouvement des excitons triplets
est quasi bidimensionnel a permis de rendre compte convenablement de l’effet observé sur la modulation de cette interaction par un champ magnétique extérieur. En particulier la forme de la raie de résonance est mieux
reproduite par cette théorie que par la théorie cinétique de Johnson-Merrifield. La recherche du meilleur accord avec l’expérience nous a permis d’atteindre la constante d’interaction Triplet-Doublet (Rp ~
4 x 10-12 cm3 s-1) ainsi que la durée de vie de la paire corrélée Triplet-Doublet (03B2-1 ~ 1,4 x 10-9 s).
Abstract.
2014Suna’s kinematic theory is adapted to study Triplet-Doublet interaction in molecular crystals. The applicability of this theory to crystalline anthracene where the triplet exciton motion is nearly two-dimensional
permits us to describe correctly the static magnetic field effect on this interaction. In particular the resonance
line shape is better reproduced with this theory than with the kinetic theory of Johnson-Merrifield. Agreement
of the best fit between experiment and theory gives reasonable values of the Triplet-Doublet interaction rate
(Rp ~ 4 x 10-12 cm3 s-1) and of the Triplet-Doublet pair life-time (03B2-1 ~ 1.4 x 10-9 s).
Classification
Physics Abstracts
71.35
-72.20
-72.90
1. Introduction.
Nous avons etudie dans un travail antdrieur [1]
l’interaction Triplet-Doublet dans les cristaux mold- culaires et avons pu rendre compte a 1’aide de la thdorie de Johnson-Merrifield [2] des effets observes
sur la modulation par un champ magnetique statique
de la photoconductivite induite par les excitons
triplets dans I’anthrac6ne.
Cette th6orie qui est purement cinetique introduit
un concept d’6tats de paires Triplet-Doublet (TD) qui se forment et s’annihilent pour donner un doublet excite suivant le schema simple
ou les ki sont des constantes de vitesse li6es a la
cin6tique de formation-dissociation-réaction de la
paire.
Toutefois cette theorie ne s’int6resse qu’au destin
de la paire et peu aux mouvements qui president a sa formation, notamment les proprietes de transport des excitons sont completement ignores et l’influence de l’interaction sur leur distribution spatiale n’est
pas prise en consideration. De plus, bien que les variations de 1’effet en fonction de l’intensit6 et de l’orientation du champ magn6tique sont assez bien reproduites, il n’en demeure pas moins que les formes de raies pr6dites ne sont pas tout a fait conformes aux observations expdrimentales et que les constantes ki qu’on determine ne s’apparentent
pas r6ellement A des constantes physiques fondamen-
tales qui rendent compte explicitement de la physi-
que de l’interaction.
Ces insuffisances, ddja observ6es dans 1’etude de l’interaction Triplet-Triplet, peuvent 6tre comblees grdce A la th6orie cin6matique de Suna [3] ou le
mouvement de 1’exciton est explicitement pris en
consideration et ou l’on tient compte de la dynami-
que de la diffusion-r6action qui module le mouve-
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:0198700480120209700
2098
ment des spins et donc la reaction dissociation- association de la paire (TD).
L’objet de ce travail est donc d’adapter la thdorie cindmatique a l’interaction Triplet-Doublet et de reproduire les resultats experimentaux [1] relatifs à la modulation par un champ magn6tique de la photoconductivite dans un cristal typique
«l’anthra-
cene
».La recherche du meilleur accord entre 1’expd-
rience et la th6orie nous permettra d’atteindre les
parametres physiques qui ddcrivent cette interaction et d’avoir une vue ddtaill6e sur le mdcanisme micros-
copique de la reaction de formation de la paire et de
sa dissociation,
2. Th6orie cin6matique de l’interaction T-D.
2.1 MTCANISME D’INTERACTION ET DUREE DE VIE DE LA PAIRE.
-On considere les especes en
interaction comme des particules avec spin et on
decrit 1’esp6ce mobile (1’exciton) par un tenseur de diffusion Dij. Le mouvement de 1’exciton sera consi-
dere a la temperature ordinaire comme celui d’une excitation localisee sur une molecule et qui saute de proche en proche [4] avec un libre parcours moyen de l’ordre de grandeur de la distance intermol6cu- laire.
On considere 6galement que l’interaction se fera
uniquement lorsque le triplet est a une distance
minimale d’approche R du doublet et qu’elle s’effec-
tue avec une probability A (R). Cette interaction est en outre gouvern6e par deux processus successifs : le
premier concerne la migration du triplet vers un
doublet qui est dans notre cas un trou piege sur une molecule, le deuxieme consiste, une fois que les conditions de proximite sont r6unies en 1’annihilation de la paire pour donner un doublet excite ; c’est ce
dernier processus qui est sensible au champ magn6ti-
que.
On caract6rise la paire par une durde de vie
f3 - 1 qui correspond au temps pendant lequel les
deux especes en interaction restent en dtat de correlation spatiale. Cette duree de vie est limitee à la fois par la duree de vie naturelle /3 0 1 du triplet,
par la frequence de ses sauts et par la relaxation de
spin [3, 5, 6] qui r6sulte du changement de 1’etat de
spin du triplet ou du doublet ou des deux a la fois.
Cette relaxation peut faire disparaitre la paire tandis qu’une autre se cree simultanement sur le meme site mais dans un dtat de spin different. On se contentera de ddcrire cette relaxation par un temps ç-l qu’on
suppose independant de l’intensit6 et de la direction du champ magn6tique ext6rieur.
Dans le cas d’un transport bidimensionnel ou la diffusion des triplets se fait beaucoup plus dans un plan du cristal que perpendiculairement a ce plan,
on peut considdrer que les excitons sautent a l’intd- rieur du plan de diffusion avec une frequence de saut qii et sautent d’un plan de diffusion a 1’autre avec une
frequence t/J c plus petite, les deux frequences 6tant
li6es directement aux valeurs principales du tenseur
de diffusion [4]. Dans ce cas, et lorsque le terme de
d6clin monomol6culaire 60 est negligeable devant
ces fr6quences, la duree de vie 8 -1 de la paire va
etre limitee essentiellement par la relaxation de spin
et par les sauts de 1’exciton hors du plan de diffusion
qui mettent fin a la correlation spatiale du triplet et
du doublet. On aura alors simplement :
2.2 EVOLUTION DE LA PAIRE ET CONSTANTE D’INTE- RACTION. - Pour ddcrire revolution de la paire on
suivra une d6marche analogue a celle introduite par Suna [3] pour la description de l’interaction Triplet- Triplet. On utilisera un formalisme de matrice densite dont on decrit la cindtique dans 1’approxima-
tion du modele de saut. Comme 1’exciton est suffi- samment localise on se restreindra a une matrice
spatialement diagonale qui depend uniquement de la
distance R entre le triplet et le doublet.
L’dquation d’evolution s’dcrira donc :
. Le commutateur decrit 1’evolution de la matrice densite sous 1’effet du hamiltonien total H(R) de la paire, H(R) s’6crit sous la forme : H(R)
=Ho + V (R) ou H est 1’hamiltonien de spin [1] et V (R) repr6sente l’interaction dipolaire entre le moment magn6tique du triplet et celui du doublet. Pour des sites 6loign6s V (R ) est n6gligeable devant Ho [3].
9 f3 0 p (R) decrit la desactivation naturelle de la
paire par declin monomoldculaire.
9 Le troisieme terme tient compte des sauts qui
amenent un exciton en R et de ceux qui d6peuplent
ce site.
9 Le quatrieme terme rend compte de 1’annihila- tion de la paire pour donner un doublet excite, AD 6tant un projecteur de spin sur 1’etat doublet [1] :
. Enfin G est la matrice source et vaut :
n et N sont respectivement les densitds de triplets et
de doublets et v est selon la dimensionnalitd du mouvement de 1’exciton un volume, une surface ou
une longueur correspondant a la region du cristal ou
est localisee l’interaction.
On deduit a partir de I’dquation d’evolution une constante d’interaction Triplet-Doublet Rp qui est
telle que :
Rp a une forme voisine de celle obtenue par le modele cindtique de J.M. [1] mais a 1’avantage de s’exprimer en fonction de param6tres physiques
decrivant rdellement l’interaction.
Pour rdsoudre I’dquation d’evolution on peut remarquer que la base propre de Ho decouple les equations v6rifi6es par les differents elements de matrice de p, ceci nous conduit a ddfinir une fonction de Green complexe g (R, {3 + i E ) qui facilite la resolution. Cette fonction doit verifier 1’equation de
diffusion suivante :
Pour simplifier les calculs on se placera dans le
cadre de 1’ approximation dite « reguliere » ou g (R) et p (R) varient peu avec R puisque 1’annihila- tion et les sauts ont lieu uniquement entre plus proches voisins. On utilisera alors les valeurs moyen-
nes de ces grandeurs (p (R), g(R, f3 + i E)) et on
considdrera comme constante la probabilite totale
d’annihilation, de meme on prendra pour frequence
totale de saut la frequence moyenne de saut
wi a l’intdrieur du plan de diffusion (41i > 4’e) [4, 7],
de sorte qu’on peut écrire :
Cette approximation nous permet alors de calculer
9 (0, (3) à partir de 1’equation de diffusion (4) : on
obtient :
E p et EQ, 6tant les energies propres de la paire (T, D)
dans les 6tats I f ) et I f ’) .
Les elements de matrice p ff, s’ecrivent alors :
Dans le cas d’un transport bi ou quasi bidimension- nel et pour R non nul on peut montrer [3] que les fonctions de Green g (R, ff’) peuvent 6tre appro-
chdes par des fonctions de Bessel de troisieme
espece Ko(z) :
vab 6tant une surface de site dans le plan de diffusion
et Di le coefficient de diffusion moyen de 1’exciton dans le plan de diffusion (Di
=Daa
=Dbb) [7].
Pour exploiter facilement 1’equation (6) on va
6tablir une analogie formelle avec le formalisme J.M. en se plagant loin de la resonance et en
On posera :
et on approximera la fonction de Green par :
ou k_ 1 reprdsente la largeur a mi-hauteur de la
partie imaginaire de G(13ef,)-
L’6quation (6) prend alors la forme :
qui est similaire a I’dquation d’evolution dans le formalisme de J.M. (Eq. (16) et [1]).
La constante d’interaction (3) prend alors une
forme plus simple
ou les At sont tels que :
L’expression de Rp se simplifie davantage lorsqu’on
se place tres loin de la resonance [1] et que l’on
n6glige les interferences entre les niveaux de la
2100
paire, dans ce cas la matrice p devient diagonale et
Rp s’ecrit simplement :
En definitive, connaissant la nature du mouvement
excitonique et ses principaux parametres de trans- port on calcule d’abord les energies des dtats de la
paire et leurs poids doublet [1]. On calcule ensuite le
rapport R (H)/ R (0) en résolvant la matrice densité à
1’6quilibre et en cherchant le meilleur couple (À, 8) qui donne le meilleur accord avec 1’exp6rience.
3. Application a l’anthracène.
3.1 MOUVEMENT DE L’EXCITON.
-On se place
dans le cadre de l’approximation r6guli6re et on
considere que le mouvement des excitons est quasi
bidimensionnel et qu’il s’effectue dans le plan ab
comme l’ont confirm6 les mesures du tenseur de diffusion [7].
On prend comme distance minimale d’approche la
valeur moyenne R des longueurs des six vecteurs du reseau ( ± b, :t--1(a+ b )) qui vaut R = 5,5 x
2 q
10-8 cm [8] et comme surface de site la surface
qu’occupe une molecule dans le plan ab (vab
=25,8 x 10-16 CM2) [8].
On prend pour coefficient de diffusion a l’intdrieur du plan de diffusion la valeur Di = 1,5 x 10- 4 cm2/s
obtenue par Ern [7] ce qui nous fixe la frequence de saut qf i a 2 x 1011 s-1.
3.2 CONDITIONS EXPERIMENTALES. - Dans les
experiences que nous avions rdalis6es [1] le cristal
est place entre deux electrodes liquides dont l’une
est injectrice de trous [9] et est dclair6e dans sa
bande d’absorption triplet par la raie 6 328 A d’un laser helium-neon. Pour un 6clairement homog6ne
les densit6s de triplets (n) et de trous libres (NT ) sont donnees par :
ou a est Ie coefficient d’absorption triplet
(-10-3 CM- 1) [10], 0 Ie nombre de photons inci-
dents par cm 2 et par seconde, f30 l’inverse de la dur6e de vie du triplet (- 100 s- 1). TPp, Rt yz-r,
/?s les constantes d’interaction triplet-trou pi6g6, triplet-trous libre, triplet-triplet et singulet-trou pidg6 ; 10- 12 CMI S- elles valent [11], Rt t-- 2 x respectivement : 10-9 cm3 s- R = 5 [111, x
yTT
=5 x 10- 12 CMI s- 1 [3] et Rs =:::::: 10-8 CM3 s-1 1
[12]. Np et ns sont les densitds de trous pieges et de
singulets, a est la section efficace de d6pi6geage des
trous par les photons (0, t._z 10 - 11 cm-2) [11] et
Tp le temps de pi6geage des porteurs.
Nous avons travaiII6 en regime monomol6culaire
(o _ 1017 CM2 s-1, n - 1012 cm-3) de sorte que le terme yTT n2 est faible devant {3o n et donne au plus
une densite de singulets de l’ordre de 105 cm- 3. On a
alors RS n, -- Rp n et o’cP Rp n, le depiegeage des
trous par les singulets et les photons est donc n6gligeable devant le d6pi6geage par les triplets.
De meme, pour les tensions de polarisation utili-
sees (V 10 volts) la densite des trous libres est inferieure a celle des trous pieges (NfINp - 10- 4)
et on vdrifie aussi que Re NQ Rp Np.
La photoconductivit6 est donc essentiellement induite par le d6pi6geage des trous par les triplets et
sa modulation par un champ magn6tique reflete la modulation de l’interaction triplet-porteur piege.
3.3 RESULTATS ET DISCUSSION.
-Apres avoir
calcule les energies et les dtats propres de la paire en
utilisant les valeurs caractdristiques du tenseur de
structure fine de 1’exciton [3] on a cherche le meilleur accord entre 1’experience et le modele th6orique en ajustant la valeur de la probabilite d’interaction A
(par l’interm6diaire du parametre k) et la valeur de la duree de vie effective 13 - de la paire.
En fait A (ou k) sont relies par (9) et il s’agit de
determiner le meilleur couple (k, (3) ou (A, (3) qui
rende compte de fagon satisfaisante des observations
experimentales.
Les figures 1 et 2 montrent 1’anisotropie de 1’effet
observe sur la modulation de la constante d’interac- tion Triplet-Doublet par un champ magn6tique ainsi
que la variation de cet effet en fonction de l’intensit6 du champ : le meilleur accord avec 1’exp6rience est
obtenu pour :
Ces valeurs nous permettent de determiner à
partir du calcul de la fonction de Green (G(/3)
=-