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La fortification du Bas-Empire

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Academic year: 2021

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HAL Id: halshs-00610901

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Submitted on 7 Feb 2020

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Sylvie Mouton-Venault

To cite this version:

Gertrud Kuhnle, Alexandre Burgevin, Bérangère Fort, Jean-Pierre Mazimann, Sylvie Mouton-Venault.

La fortification du Bas-Empire. Gallia - Archéologie de la France antique, CNRS Éditions, 2007,

Dossier : Epomanduodurum, une ville chez les Séquanes : bilan de quatre années de recherche à

Mandeure et Mathay (Doubs), 64, pp.407-426. �10.3406/galia.2007.3322�. �halshs-00610901�

(2)

dans la ville antique et constituer, probablement, le repère monumental majeur du paysage urbain.

Les prospections menées depuis 2001 sur l’ensemble de l’agglomération ont considérablement enrichi la parure monumentale de la ville antique, en particulier dans le secteur du théâtre qui se voit désormais doté d’une riche série d’édifices publics (fig. 4 et pl. x, hors texte). Comme à Avenches, l’esplanade qui séparait le sanctuaire de l’édifice de spectacle est encadrée par toute une série de construc- tions qui ont été révélées aussi bien au sud qu’au nord du théâtre. Seule une fouille permettra de les identifier plus précisément, mais on devine déjà des lieux de cultes secondaires ou des édifices nécessaires pour l’accueil ou le confort des pèlerins. d’autres grands bâtiments se laissent entrevoir dans le centre de l’agglomération, dans la courbe du doubs par exemple. Ce constat d’un riche équipement architectural, que l’on pouvait déjà faire au vu des décou- vertes anciennes par F. Morel-Macler d’un lapidaire abondant attestant l’existence de plusieurs constructions monumen- tales, a donc été confirmé par les prospections réalisées depuis trois ans. Si l’on ajoute à ces observations que les premières études menées sur la décoration architecturale ont établi qu’il faut restituer aux monuments publics une décoration architecturale riche et soignée, on conviendra que nous avons probablement affaire avec ce site à une métropole urbaine qui présente tous les attributs de l’ urbanitas romaine. Reste à ajouter que le théâtre a probablement joué un rôle directeur dans la mise en place de ce paysage monu- mental : on a pu en effet remarquer que bon nombre des édifices repérés en prospection, à proximité du théâtre bien sûr mais également dans la courbe du doubs, sont alignés sur celui-ci, comme si l’équipement architectural s’était trouvé aimanté en quelque sorte par l’édifice de spectacle.

Ces premiers résultats confirment pleinement l’impres- sion que donnaient déjà, outre les dimensions considérables de la ville antique, 180 ha urbanisés, le grand sanctuaire à péribole ovale et temple périptère sine postico, l’établissement thermal de Courcelles (Mougin, Watts, 1997), l’inscription évergétique de Catullus (CIL, xiii, 5416 a et b, et 5417), la présence du culte impérial, la statue de Mars (Pichot, 1995a et b), etc. : Epomanduodurum était une importante ville gallo-romaine. il n’est pas question de discuter ici du statut de cette ville. Mandeure était, au sens juridique du terme, une agglomération secondaire, mais son épiderme monumental et son importance dans la géographie urbaine de la région étaient, quant à eux, loin d’être secondaires. il convient d’insister sur ce point pour s’inscrire en faux contre une synthèse publiée très récemment qui pourrait laisser

penser que Mandeure n’était qu’une simple bourgade à peine dotée des éléments de composantes urbaines (Walter, 2003). Un rapide coup d’œil aux plans les plus récents de la ville antique ou même une simple visite sur le site du théâtre suffisent à démentir complètement de telles conclusions, il est vrai, écrites avant le début de nos travaux.

CONCLUSION

La reprise des recherches sur le théâtre antique de Mandeure, recherches qui se poursuivront dans les années qui viennent pour aboutir à une publication monographi- que, s’inscrit dans un contexte de reprise des études sur les théâtres antiques des provinces de Gaule ou de Germanie (dumasy, 2000). Les édifices de spectacle d’Augst et d’Aven- ches, pour ne citer que deux exemples très proches géo- graphiquement de Mandeure, ont fait l’objet de travaux importants ces dernières années

17

. il était temps car le débat sur la forme architecturale du théâtre gallo-romain et sa fonction commençait à « tourner en rond » (dumasy, 1989). on sait que la plupart des édifices de spectacle ont souvent été fouillés avant la Première Guerre mondiale, la grande majorité entre 1850 et 1900. C’est dire que la docu- mentation ne s’est guère renouvelée depuis A. de Caumont, le premier qui regroupa les théâtres des provinces du nord- ouest de l’Empire dans cette catégorie à la fois topique et fonctionnelle. depuis les années 1960, les fouilles ou la reprise des dégagements des théâtres d’Alésia, de Grand, de Ribemont-sur-Ancre (Cadoux, 1992), de Canouville (Le Maho, Nicolle, 1979), de Vendeuil-Caply (dufour, 1992), de Lenzburg (Niffeler, 1988), de Ladenburg (Filzinger dir., 1976) ou de dalheim (Krier, Wagner, 1985), attestent certes un regain d’intérêt pour les édifices de spectacle dans les Gaules et les Germanies, mais on déplore toujours l’absence de véritables publications monographiques.

J.-Y. M., P. M., S. B., N. A.

LA FoRtiFiCAtioN dU BAS-EMPiRE

Notre premier bilan ne repose qu’en partie sur les

acquis de deux campagnes de fouilles, réalisées dans le

cadre du PCR en 2002 et 2003. ils constituent, en fonction

du programme du PCR 2001-2004, avant tout les résultats

tirés de l’analyse et de l’exploitation d’un grand nombre

de données et d’objets récoltés au fil des années par de

17. Pour Augst : Schwarz, 1991 et Horisberger, 1997 (avec la biblio-

graphie des dernières campagnes). Pour Avenches : Matter, 1999 et

Bridel, 2004.

(3)

nombreux chercheurs et autres passionnés. La majorité des données concernant Mandeure au Bas-Empire provient de l’emprise de la fortification. L’existence de cette dernière resta inconnue, même au moment des investigations anciennes menées dans les proches ruines du théâtre et du sanctuaire. Sa présence ne fut supposée qu’au milieu du xx

e

s. et confirmée par une série de sondages réalisés à la fin des années 1990. Avec la mise au jour d’une partie de son enceinte, en 2002 et 2003, nous avons pu obtenir des certitudes en ce qui concerne son tracé et des préci- sions au sujet de son architecture. L’enceinte, munie de tours saillantes demi-circulaires, a la forme d’une cloche qui s’appuie sur le doubs. Par conséquent, les similitudes entre la fortification de Mandeure et celles connues sur l’Aare (Suisse), à Soleure ou à olten par exemple, sont grandes.

il est important de souligner que nous adoptons de manière délibérée et exclusive le terme de « fortification », de loin le mieux approprié. En effet, le mot « fortin », qui a pu être utilisé anciennement, renvoie à une image fausse de l’ouvrage. d’autre part, en l’absence de preuves formelles, il est trop tôt pour employer à juste titre les termes latins castrum ou castellum.

PROBLÉMATIqUE DE LA REChERChE

Après le retrait des militaires romains du limes germano- rhétique dans la seconde moitié du iii

e

s. de notre ère, l’agglomération romaine de Mandeure ne se trouve plus qu’à une soixantaine de kilomètres de la nouvelle frontière rhénane de l’Empire. Située sur un axe de communica- tion important, à mi-chemin entre Vesontio/Besançon, ancienne capitale de la cité des Séquanes, promue capitale de la province de Maxima Sequanorum vers la fin du iii

e

s., et Cambete/Kembs au bord du Rhin, l’intérêt stratégique de Mandeure paraît évident aussi bien sur le plan militaire que commercial. Les dynamiques urbaines ne sont plus les mêmes que sous le Haut-Empire, mais les facteurs de localisation n’ont guère changé ; la situation particulière de Mandeure reste un critère essentiel dans la nouvelle carte géopolitique qui se met en place après la « crise » du iii

e

s. L’agglomération est toujours implantée au bord d’un coude du doubs, à un point de rupture de charge. C’est très probablement à cet endroit que les marchandises, acheminées jusqu’ici par voie d’eau (Rhône-Saône-doubs), devaient être déchargées pour pouvoir être transportées ensuite par voie terrestre, passant entre les Hautes Vosges

et l’arc jurassique (trouée de Belfort) vers les aggloméra- tions ou les établissements militaires s’échelonnant le long du Rhin.

on comprend aisément, pour toutes ces raisons, que l’agglomération qui revêtait au Haut-Empire les caracté- ristiques d’une véritable ville (plus de 180 ha urbanisés répartis sur 300 ha), à la parure monumentale exception- nelle, se soit transformée en site urbain fortifié. de taille plutôt modeste par rapport à l’étendue de l’agglomération du Haut-Empire puisque l’enceinte ne circonscrit qu’en- viron 1,5 ha, cette fortification perpétuait probablement le pouvoir et le prestige d’Epomanduodurum au-delà du iii

e

s. Le site fortifié assurait certainement la protection d’un port fluvial et peut-être aussi celle d’un pont sur le doubs.

C’est à la spoliation des édifices publics et au réemploi des matériaux de démolition de ces derniers dans un nouveau programme d’urbanisme, dont fait partie la forti- fication, que nous devons, pour l’essentiel, la conservation des éléments architecturaux de la ville du Haut-Empire. La destruction d’anciens édifices publics et la construction de la fortification, toutes deux réalisées sous une autorité forte (au moins municipale pour la première action et vraisem- blablement impériale en ce qui concerne la seconde), ont modifié en profondeur la trame urbaine d’Epomanduodurum et entraîné un nouveau dynamisme, dont quelques points forts peuvent être dégagés.

dans le présent bilan, nous nous intéressons dans un premier temps à la topographie, la forme et l’architecture de l’ouvrage à travers les indices anciens et les données récentes. L’examen synthétique des principales catégories de mobilier archéologique permet ensuite de compléter l’image de la fortification en ce qui concerne notamment sa chronologie et sa fonction.

G. K.

LOCALISATION DE LA FORTIFICATION DU BAS-EMPIRE

La fortification tardive occupe une position assez centrale. Elle se trouve, par exemple, à distance égale (environ 2 km) des thermes de Courcelles (Mandeure) et du quartier artisanal de l’Essarté (Mathay). Située sur la rive droite du doubs, au lieu-dit le Clos du Château, à moins de 400 m du théâtre et du sanctuaire, elle est orientée vers le nord-ouest, côté rivière (fig. 2).

G. K.

(4)

LES INTERVENTIONS ANTÉRIEURES AUx CAMPAGNES DU PROJET COLLECTIF DE REChERChE

Malgré l’ancienneté des recherches archéologiques menées sur l’antique Epomanduodurum, la découverte de la fortification du Bas-Empire est très récente. Cela tient bien sûr à la nature des vestiges correspondant, les fouilles anciennes ne s’intéressant qu’aux vestiges de maçonneries romaines « classiques ». C’est l’architecte F. Morel-Macler qui au début du xix

e

s. fut le premier à lever les vestiges antiques de Mandeure. outre le théâtre et quelques murs, il releva l’emplacement d’un grand nombre d’amas pierreux issus des récupérations et appelés murgers (Golbéry, 1828, pl. 4 ; Morel-Macler, 1847, pl. 2) (fig. 3). Ces vestiges d’épierrements, qui nous renseignent sur la localisation des murs antiques victimes de spoliations, furent réper- toriés et cartographiés, au même titre que les vestiges et les découvertes archéologiques traditionnelles ; mais rien, dans tout ce qu’il mit au jour dans le secteur de la forti- fication, ne signalait à ses yeux une occupation du Bas- Empire. on verra plus bas l’importance de ces murgers, dont l’inventeur ne saisit pas la signification. Quant aux autres vestiges découverts alors, ils correspondent tous au Haut-Empire

18

.

En 1893, P. Barbier réalisa, à l’initiative de la Société d’émulation de Montbéliard, un plan du site archéologique de Mandeure-Mathay (archives du musée de Montbéliard, quatre feuilles A2). il avait à sa disposition le levé du géomètre Roland, dit improprement « cadastre napoléo- nien ». P. Barbier reporta sur ce fond cadastral toutes les données du plan de F. Morel-Macler, rajouta les édifices, sanctuaire et théâtre, dégagés dans la seconde moitié du

18. F. Morel-Macler produisit deux plans qui ne sont pas tout à fait iden- tiques : le premier fut publié dans l’Annuaire du Doubs en 1822, p. 124, et le second par P. de Golbéry en 1828 (Golbéry, 1928, pl. 4). C’est le second plan, intitulé Carte topographique du village de Mandeure et de ses environs avec indication des Ruines Romaines que F. Morel-Macler publia en 1847 dans son ouvrage sur les Antiquités de Mandeure (Morel-Macler, 1847, pl. 2).

Si l’emplacement des murgers est quasi identique sur les deux plans, ce n’est pas le cas pour les autres vestiges :

• sur le plan de 1822, un « Portique » est mentionné non loin de la rive droite du doubs. En face, sur la rive gauche du cours d’eau, est indiquée la « Culée d’un pont » ;

• sur le plan de 1828-1847, ce sont les points 10, 11 et 12, légendés respectivement « Porte triomphale déc. en 1783-1836-1837-1844 »,

« temple de Jupiter Ammon » et « Culée de pont », qui peuvent, par leur localisation, être mis en relation avec le site de la fortification tardive.

La « Culée d’un pont », l’unique vestige mentionné sur les deux plans, est localisée d’abord à 80 m au sud-ouest de l’actuel pont (plan de 1822), puis à l’emplacement de ce dernier (plan de 1828-1847 : n

o

12).

xix

e

s. et compléta le document par le levé de nombreux vestiges rendus visibles par l’importante sécheresse de 1893.

on constate que le lieu-dit occupé par la fortification tardive s’appelle, dès la fin du xix

e

s., Champs des Cloux du Château. outre les murgers, cinq découvertes y sont men- tionnées, mais aucune n’est attribuée à une fortification tardive

19

(fig. 3 et pl. xiV, hors texte).

Entre 1950 et 1960, des découvertes fortuites furent réalisées à l’occasion de la construction d’habitations privées de part et d’autre de la rue du Pont. Parmi elles, on compte une fibule cruciforme trouvée sur l’une des quatre parcelles bâties au nord de la rue (n

os

134-136-138-140, rue du Pont) et surtout plusieurs monnaies provenant des maisons Jacquets, situées au sud de la rue du Pont (n

os

1bis- 3-5, impasse du Clos). Ces trouvailles sont datées du iv

e

s.

(Mazimann, 1992).

C’est Y. Jeannin qui, dans les années 1960, émit l’hypo- thèse de l’existence d’une fortification tardive. En effet, il établit une corrélation entre le nom du lieu-dit le Clos du Château, qui ne s’explique par aucun vestige médiéval, le fait que Mandeure était qualifié de « castrum » au haut Moyen âge, la découverte d’objets du iv

e

s. dans ce secteur et une anomalie du parcellaire figurant sur le cadastre napoléonien (les parcelles affectent un arc de cercle en bordure du doubs) qui évoque une fortification en forme de cloche s’appuyant sur le cours d’eau (Jeannin, 1966 et 1986).

En 1984, Y. Jeannin eut l’occasion de vérifier son hypo- thèse en suivant, dans le cadre d’une fouille de sauvetage, la tranchée du gazoduc (pl. xii, hors texte). deux sondages sur les cinq réalisés se situent dans l’emprise hypothétique

19. Les découvertes suivantes sont reportées sur le plan :

• un alignement de quatre colonnes, orienté nord-est/sud-ouest, annoté « P

orte triomPhale

1783 ». il est curieux que P. Barbier associe cette légende au « Portique » du premier plan de F. Morel- Macler (1822) alors que le point 10, appelé sur le second plan de F. Morel-Macler « Porte triomphale », se situe à une cinquan- taine de mètres au nord-est de l’alignement des quatre colonnes ;

• une petite croix de localisation marquée « A

Pollon

» : il s’agit d’une statuette en bronze (musée de Montbéliard, n

o

d’inv. 2191) qui fut découverte en 1894 et que C. Lalance décrivit dans sa notice (Lalance, 1895) en spécifiant que le point de fouille avait été rajouté avec précision sur le plan dressé en 1893 par P. Barbier ;

• l’indication de « t

emPle De

J

uPiter

a

mmon

1781 », sans loca- lisation précise au sein de l’emprise estimée de la fortification ;

• l’indication « s

tatue De

J

uPiter

1781 » à l’est de l’emprise supposée de l’enceinte : il s’agit en fait d’une statue colossale de Mars dont les fragments ont été trouvés dans un des murgers du lieu-dit Champs des Fougères (Pichot, 1995a et b) ;

• une maçonnerie formant un U, légendée « Ancienne culée d’un

Pont », sur la rive gauche du doubs.

(5)

de la fortification tardive (sondages A et B). il découvrit à 45 m de la culée du pont actuel, le bord d’un empierrement long de 6 m (sondage A) et, à 120 m, un massif de mortier et des blocs entassés de façon à former une sorte de mur long d’environ 12 m, orienté obliquement en direction du doubs (sondage B). Y. Jeannin pense avoir affaire, dans le sondage B, à une digue refoulant le cours du doubs pour éviter de saper la berge devant la fortification. Quant à l’empierrement remarqué dans le sondage A, il correspond à un aménagement antique indéterminé qui se situe à peu près dans l’axe de la fortification et dans lequel l’auteur propose de voir le blocage éventuel d’une pile de pont en bois.

J.-P. Mazimann publia en 1992, avec la collaboration de P. Mougin, une première synthèse portant sur l’occu- pation tardive de l’agglomération antique, à travers l’étude des monnaies, des molettes d’Argonne et d’autres objets retrouvés à l’occasion de prospections de surface sur le site fortifié et ses environs (Mazimann, 1992, fig. 2).

En 1997, la Société terra Nova fut chargée par le Service régional de l’archéologie de Franche-Comté de procéder à une prospection magnétique sur une surface de 1,6 ha au sud de la route nationale, sur le site présumé de la fortifica- tion tardive (dabas, Aubry, 1997) (pl. xiii, hors texte).

Le document permit d’établir que le fossé de la fortifica- tion se développe selon une courbe régulière et que l’espace intérieur de celle-ci est subdivisé en un secteur bâti au nord- ouest et un secteur sans maçonneries notables au sud-est.

Ce dernier correspond à une très large voie orientée nord- est/sud-ouest. Perpendiculairement à celle-ci se dessine au nord-ouest un îlot bâti mesurant environ 60 m dans le sens parallèle à la voie et au moins 80 m dans le sens perpendi- culaire. Au nord-est de cet îlot, se distingue un axe très marqué, perpendiculaire à la rivière mais décalé par rapport à l’îlot. Par conséquent, il est fort probable que cet axe fonc- tionne avec la fortification du Bas-Empire. En revanche, le tracé exact du mur d’enceinte resta difficile à établir sur ce document aussi longtemps qu’il n’y eut pas de données de fouille qu’on aurait pu confronter aux anomalies de la carte de prospection magnétique (voir infra, p. 411-414).

En 1998, B. Chazaly réalisa un levé microtopographique sur les terrains accessibles au sud et au nord de la rue du Pont qui correspondent à l’emprise supposée de la fortifica- tion et à ses abords immédiats (pl. xiV, hors texte).

Ces données corroborent et complètent celles de la pros- pection magnétique. Au sud de la rue du Pont, on devine la moitié d’une plate-forme polygonale, circonscrite par un faisceau de courbes serrées qui inclut la courbe des 335 m

NGF. En ce qui concerne ses dimensions maximales, cette demi-plate-forme, qui atteint une altitude absolue de 336 m NGF, mesure dans le sens perpendiculaire au doubs, 140 m et, dans le sens parallèle au cours d’eau, 90 m. La plate- forme semble correspondre à la surface enclose par le mur d’enceinte.

Le levé microtopographique permet de situer aisément la berge actuelle du doubs puisque l’altitude chute sur une distance de 12 à 20 m, de 335 m NGF à 333,70 m NGF. Mais la question est posée de savoir si cette berge correspond à la berge antique. dans ce cas, l’alignement de quatre colonnes relevé en 1893 à l’emplacement d’un vestige que F. Morel-Macler avait appelé « portique » serait à mettre en relation avec un aménagement antique de berge. Même si la localisation concorde, nous devons rester prudents car nous ne disposons d’aucune information altimétrique en ce qui concerne ces vestiges. Par conséquent, nous ne pouvons pas exclure l’hypothèse selon laquelle la berge du doubs se situait, dans l’Antiquité, plus près du cours d’eau.

En 1998, des fouilles de sauvetage, dites Béhra, ont été menées au 73, rue du Pont (parcelles 225 et 226) sous la responsabilité de J.-P. Mazimann et de P. Mougin (zone 1000) (pl. xii, hors texte).

En plan, les vestiges de l’Antiquité, bien que perturbés par plusieurs creusements modernes très étendus, révé- laient une structuration de l’espace qui est marquée d’est en ouest par :

• la tranchée de fondation du mur d’enceinte tardif ;

• un vaste espace, large d’environ 20 m, interprété comme une cour ;

• la chaussée d’une voie en graviers, orientée nord-est/sud- ouest, large de 7 m, pourvue de fosses qui ont été creusées dans l’ultime recharge conservée ;

• un espace initialement réservé à un hypothétique dou- blement de la bande de roulement de la voie et qui a finalement été occupé par des constructions légères sur poteaux ;

• un habitat avec portique, longeant la limite nord-ouest de l’espace réservé, qui a été plusieurs fois remanié entre le ii

e

et le iv

e

s.

La même année, une première fouille programmée fut réalisée sous la direction de J.-P. Mazimann sur la parcelle 7 du cadastre : zone 2200 à 2700 (pl. xii, hors texte) (Mazimann dir., 1999).

Elle consistait en une tranchée discontinue, large de

2,40 m qui traversait, perpendiculairement au doubs,

toute l’emprise interne de la fortification. orientée

sud-est/nord-ouest, elle commence au bord du chemin

(6)

d’exploitation n

o

19 pour s’arrêter à une soixantaine de mètres de la rive du cours d’eau. Situé dans la zone pros- pectée en 1997, le tronçon le plus long (72 m) traverse l’espace bâti (zones 2200 à 2500) et l’espace dépourvu de maçonneries (zone 2600). Le tronçon qui se trouve près du chemin d’exploitation (zone 2700, 15 m de long) coupe le mur d’enceinte.

dans l’espace bâti (zones 2200 à 2500), cinq murs ont pu être attribués au Haut-Empire et onze au Bas-Empire.

du Bas-Empire date également une série de trous de poteau aménagés dans la chaussée de la voie (zone 2600), déjà observée sur la fouille Béhra. dans la zone 2700, la tranchée de fondation du mur d’enceinte coupe un angle maçonné, mais arasé, d’une construction indéterminée dont la couche de démolition a livré deux tessons de sigillée d’Argonne décorée à la molette, associés à une monnaie de Constant frappée à Lyon vers 340 (US 2715).

En 1999, deuxième année de fouille programmée, l’in- tervention réalisée sous la responsabilité de P. Mougin fut beaucoup plus limitée en raison d’un budget fortement réduit (Mougin, 2000). il faut distinguer deux opérations (pl. xii, hors texte) :

• la fouille de la zone 3000 (tranchée longue d’environ 33 m, large de 3,50 m) a essentiellement permis d’identifier les niveaux du Haut-Empire et une tranchée de fondation large d’environ 2,70 m. il pourrait s’agir du mur d’enceinte du côté du doubs : quelques rares pierres de la semelle de fondation encore en place reposaient sur un pilotis de piquets (diamètre estimé entre 9 cm et 12 cm), matérialisés par leurs trous disposés en quinconce tous les 20 à 30 cm

20

;

• cinq sondages (S. 1 à S. 5) ont été effectués au tracto- pelle pour confirmer ou infirmer la présence du fossé et du mur d’enceinte entre la zone 2700 et le doubs. Leur faible largeur (1 m) et leur profondeur d’au moins 2 m ont contraint les archéologues à ne faire que des observations succinctes depuis le haut des tranchées sur des coupes non nettoyées. Par conséquent, ces sondages n’apportent que peu d’informations exploitables.

G. K.

LES PRINCIPAUx APPORTS DES FOUILLES PROGRAMMÉES DE 2002 ET 2003

Les deux campagnes de fouille en aire ouverte (zones 4000 et 4100), réalisées dans le cadre du projet collectif de recherche sur Mandeure, ont porté sur une superficie 20. dispositif qui sera reconnu par la suite pour la fondation de l’enceinte du Bas-Empire.

d’environ 1 500 m

2

(fig. 29 et 30). Elles concernaient une portion du front sud et sud-est de la fortification du Bas- Empire, c’est-à-dire le tracé de l’enceinte et une partie du fossé. Les vestiges tardifs y affleurent directement sous la terre arable de faible épaisseur (0,05 m à 0,30 m).

dans la zone étudiée, le substrat est formé de graviers et de galets mélangés à du sable jaune qui sont surmontés d’un limon d’origine alluvionnaire. La stratigraphie des couches d’occupation antérieures à la fortification atteint jusqu’à 0,90 m de haut. Le tronçon de l’enceinte étudié coupe, en biais, l’importante voie du Haut-Empire qui se dirige tout droit vers la zone de gué située face au sanctuaire (ce gué a pu être reconnu en 2003 par des recherches subaqua- tiques). La voie, matérialisée par une succession d’apports de graviers incluant parfois des couches à dominante limoneuse, atteint – bas-côtés inclus – un peu plus de 20 m de large. Elle est bordée au sud-est par un mur et au nord- ouest par un fossé latéral. À une dizaine de mètres au nord-ouest de la voie et toujours parallèle à celle-ci, a été rencontré un autre mur du Haut-Empire. immédiatement au nord-ouest de ce dernier, une stratigraphie complexe témoigne d’une occupation dense du secteur (milieu du i

er

s. et fin du ii

e

s.) correspondant à l’îlot bâti repéré par la prospection magnétique de 1997.

Les fouilles ont permis de mettre au jour, sur une longueur d’environ 85 m, le tracé incurvé de l’enceinte (fig. 29). Sont conservées les fondations semi-circulaires de deux tours saillantes, de la courtine qui les relie et d’un segment de courtine qui se dirige vers le nord-est. Le fossé, distant de 8 m à 12 m de l’enceinte, est également incurvé.

Ses dimensions, qui peuvent être estimées à environ 15 m de largeur et 3 m de profondeur, sont considérables.

La largeur de la tranchée de fondation du mur d’enceinte varie entre 3,20 m et 3,85 m ; sa profondeur conservée atteint 1,40 m entre les deux tours et près de 2 m dans le segment nord-est. Larges de 8 m, les fondations semi-circu- laires des tours sont saillantes de 4 m par rapport au front du mur d’enceinte. Entre les deux tours, le front extérieur de la tranchée de la courtine mesure précisément 39,69 m de long. Ainsi, les tours sont distantes de 50 m, mesure prise entre les axes (fig. 29 et 31).

dans la mesure où les fondations n’étaient pas entiè-

rement spoliées, la technique de construction a pu être

observée (fig. 31 à 33). La tranchée du mur d’enceinte ainsi

que les excavations semi-circulaires des tours se caractérisent

par des parois quasi verticales et un fond plat. Les fondations

du mur et des tours reposent sur un radier de pieux battus

qui a fait l’objet d’un examen dans un tronçon de 4,40 m,

(7)

0 10 m 281 840

281 820 281 860

935 840 935 860 935 880 935 900

N

zone de fouille 2003 (4100)

zone de fouille 2002 (4000)

tour 1

mur voie

tour 2 mur

fossé

PR 1 : 334,45 m NGF chemin d'exploi

tation n° 19 fossé

latéral

sondage 4 (1999)

Haut-Empire Bas-Empire post-romain traces de poteaux de fondation

Fig. 29 – Plan d’ensemble des fouilles menées sur la fortification de Mandeure en 2002 et 2003 (DAO : G. Kuhnle, INRAP).

Fig. 30 – Vue aérienne du théâtre,

du sanctuaire et de la fortification

de Mandeure, situés sur la rive droite

du Doubs ; la zone de fouille de 2003

sur la partie sud de l’enceinte est visible

(cliché : G. Kuhnle, INRAP).

(8)

ouvert entre les tours 1 et 2 (fig. 33). on compte 110 trous de piquet sur une surface d’à peine 16 m

2

, soit en moyenne presque 7 piquets (6,875 exactement) par mètre carré. En réalité, on peut trouver jusqu’à 11 piquets par mètre carré.

ils sont espacés de 0,05 m à 0,40 m, soit en moyenne d’une vingtaine de centimètres. Au niveau du fond de la tranchée, ces trous de piquet ont un diamètre qui oscille entre 0,10 m et 0,22 m ; à 0,20 m sous ce niveau, leur diamètre ne mesure plus qu’entre 0,10 m et 0,14 m. Nous n’avons jamais atteint le fond de ces trous car les piquets étaient sans aucun doute profondément enfoncés dans le substrat graveleux.

Pour comparaison, les rondins de chêne épointés de faible diamètre, employés dans le pilotis des murs extérieurs de la fortification tardive d’Aegerten-isel (Suisse) avaient une longueur moyenne de 3 m (Bacher, Suter, 1989).

La fine couche grisâtre, composée d’un mélange d’argile, de sable et de gravier, qui couvre par endroits le fond de la tranchée peut être mise en relation avec la présence d’une équipe d’ouvriers dans la tranchée lors de l’enfoncement des piquets et de la mise en place de la première strate de pierres. Certains piquets n’avaient pas été entièrement enfoncés puisque leurs têtes dépassaient cette couche de travail, comme en témoignent les vides observés dans la première strate de pierres, à l’aplomb des trous de piquet.

La semelle de fondation du mur d’enceinte est réalisée en pierres sèches. Les pierres, dont de nombreux spolia, sont posées en biais de façon à constituer un hérisson, Fig. 31 – Vue du nord-est du mur d’enceinte de Mandeure avec la

tour 1 en premier plan ; on note quelques grands blocs posés à plat sur le hérisson de pierres (cliché : G. Kuhnle, INRAP).

Fig. 32 – Vue du nord-ouest du détail des deux niveaux de hérisson conservés dans la fondation du mur d’enceinte de Mandeure à l’ouest de la tour 1 (cliché : G. Kuhnle, INRAP).

Fig. 33 – Radier de pieux battus au fond de la tranchée de fondation

du mur d’enceinte de Mandeure entre les tours 1 et 2 (vue du nord)

(cliché : G. Kuhnle, INRAP).

(9)

orienté dans le sens du mur (fig. 32). Le toit de chaque strate est approximativement nivelé à l’aide d’une couche de limon légèrement argileux, bien tassée, qui facilite la mise en place des pierres du niveau suivant. Les pierres sont alors disposées dans le sens opposé à celui de la strate sous-jacente. Au mieux, trois niveaux du hérisson sont conservés.

dans la tranchée de la courtine, à l’arrière de la tour 1, quelques grands blocs posés à plat constituent les restes de deux assises surmontant le hérisson (fig. 31). L’assise infé- rieure, haute de 0,20 m à 0,28 m, est constituée de blocs de taille différente qui sont liés à du limon argileux brun incluant du gravier et des cailloux. de l’assise supérieure, il ne reste qu’un seul bloc de grande taille mesurant 0,87 m x 0,82 m x 0,28 m. Cet aménagement témoigne certainement de la technique de fondation employée de façon systéma- tique au-dessus de la semelle de fondation constituée par le hérisson de pierres. S’il reste si peu d’éléments en place, c’est que ces grands blocs étaient plus intéressants pour les spoliateurs que les pierres de moindre calibre ou les éléments sculptés.

de manière générale, la largeur de la fondation (plus de 3 m), la présence de tours saillantes vers l’extérieur et l’emploi de spolia sont typiques des enceintes du Bas-Empire.

Les indices de datation liés à l’existence du radier de pilotis offrent une fourchette trop vaste puisque des pieux ou piquets de chêne employés en fondation se rencontrent au Haut- et au Bas-Empire, surtout dans des secteurs maréca- geux ou instables. Certes, le pilotis se retrouve couramment sous les fondations des enceintes du Bas-Empire, peut-être aussi parce que celles-ci sont en général beaucoup plus larges que celles du Haut-Empire. En revanche, on note à Mandeure l’absence d’un radier de poutres, aménagé sous ou/et dans la semelle de fondation, en relation avec le radier de pieux

21

.

G. K.

21. L’emploi de poutres semble caractéristique – en l’état actuel de la recherche dans la partie de l’Empire romain concernée (soit surtout en Allemagne et en Suisse) – des fortifications érigées sous le règne de Valentinien. Le dernier exemple mis au jour, cette fois-ci situé en Alsace, est la fortification d’Altkirch à Biesheim-oedenbourg, fouillée par l’équipe du professeur Nuber de Fribourg dans le cadre du projet franco-allemand-suisse (direction : M. Reddé) (Nuber, Reddé, 2002, p. 225-226). La technique de construction observée à Biesheim et celle employée dans les fondations de la tour défensive du lieu-dit Kleiner Laufen/Summa Rapida (Suisse) au bord du Rhin, datée par une ins- cription de Valentinien, sont identiques (Stehlin, von Gonzenbach, 1957, p. 114 ; CIL, xiii, 11537).

SYNThèSE SUR LA TOPOGRAPhIE ET L’ARChITECTURE DU SITE FORTIFIÉ AU BAS-EMPIRE

La superposition et la mise en corrélation de toutes les données topographiques disponibles à ce jour permettent de faire un certain nombre d’observations sur le site fortifié au Bas-Empire.

Le tracé du fossé défensif est connu sur presque toute sa longueur si l’on juxtapose la carte magnétique, sur laquelle on peut le suivre sur plus d’une centaine de mètres, et le cadastre napoléonien sur lequel les parcelles affectent un arc de cercle (pl. xiii, hors texte). Le fossé a la forme d’une cloche dont la base est constituée par le doubs (fig. 30).

délimité par la berge du doubs et le fossé, le terrain plat pouvant servir d’assise à la fortification maçonnée mesure jusqu’à 170 m dans le sens parallèle au cours d’eau (nord-nord-est/sud-sud-ouest) et jusqu’à 140 m dans le sens perpendiculaire (ouest-nord-ouest/est-sud-est). Les murgers repérés par F. Morel-Macler sur le site de la fortification sont tous localisés sur cette « plate-forme » (pl. xiV, hors texte).

Le front nord-nord-est de la fortification se trouve de toute évidence dans le secteur de la rue du Pont. Si on se fie à la forme du parcellaire du cadastre napoléonien et au grand murger (A) dessiné par Morel-Macler, l’enceinte passerait sous les maisons actuelles aux n

os

136, 138 et 140 de la rue du Pont (pl. xiii et xiV, hors texte). En effet, on peut supposer que les trois parcelles incurvées correspon- dent au fossé et le grand murger (A) à l’enceinte.

Au sud de la rue du Pont, nos connaissances sur les fronts de la fortification sont mieux renseignées, grâce essentiellement à la portion du front sud-sud-est qui a pu être étudiée sur 85 m de long en aire ouverte lors des deux campagnes de 2002 et 2003 ; d’une largeur supérieure à 3 m en fondation, elle est incurvée et munie de deux tours semi- circulaires, distantes de 50 m d’axe en axe.

À la lumière des données de fouille, le segment muni de la

tour 1 est finalement bien lisible sur la carte de prospection

magnétique (pl. xiii, hors texte). En revanche, le secteur du

front sud avec la tour 2 l’est moins bien, mais son prolonge-

ment vers le doubs y est à nouveau perceptible. deux petits

murgers (F, G) et le point 11 du relevé de F. Morel-Macler se

trouvent localisés sur son tracé (rappelons que le point 11

est le lieu de découverte des spolia attribuées par l’auteur au

temple de Jupiter Ammon) (pl. xiV, hors texte). Un troi-

sième petit murger (H) pourrait marquer l’angle de l’enceinte

si la berge antique correspondait à peu près à la berge

actuelle. Enfin, le sondage B du gazoduc se situe aussi dans

(10)

le prolongement du front sud, en bas de la berge. Y. Jeannin y a observé les restes d’un mur ou d’un massif maçonné qu’il interprète comme une digue et qui pourrait rejoindre le doubs à la manière des enceintes des burgi avec embarcadère (Heukemes, 1981), à moins qu’il faille y voir un aménage- ment de berge plus « classique ».

En ce qui concerne le front nord-ouest de la fortifica- tion, plusieurs données convergentes nous renseignent sur l’hypothétique tracé de l’enceinte parallèle au doubs.

La zone 3000 (fouille programmée 1999) a livré une tranchée de fondation perturbée par des creusements post- romains et mesurant environ 2,70 m de large (pl. xii, hors texte). Grâce aux fouilles extensives menées dans le cadre du PCR (2002 et 2003), les vestiges lacunaires d’un radier de pilotis et d’une semelle de fondation en pierres sèches posées en hérisson dans la zone 3000 peuvent être inter- prétés comme typiques du système fortifié de Mandeure.

il est intéressant de constater que l’emplacement et l’orientation nord-nord-est/sud-sud-ouest de ce petit tronçon d’enceinte concordent avec la courbe des 135 m NGF dont la signification a déjà été remarquée (pl. xiV, hors texte). de plus, on distingue sur la carte de la prospection magnétique une anomalie sombre et rectiligne dont l’axe n’est décalé que de très peu par rapport à celui du tronçon d’enceinte observé en zone 3000 (pl. xii et xiii, hors texte). Si l’on prolonge de manière rectiligne le tracé de l’anomalie magnétique, celui-ci rejoint au sud-sud-ouest le petit murger d’angle (H) et au nord–nord-est l’extrémité nord-ouest du grand murger (A). La concordance entre la microtopographie, l’anomalie magnétique, la localisation des murgers et la découverte de la tranchée de fondation dans la zone 3000 suggère ainsi un tracé probable du front nord-ouest de la fortification (fig. 40 et pl. xiV, hors texte).

dans la mesure où la zone 3000 se situe près de l’axe de la fortification perpendiculaire au doubs, on ne peut toutefois exclure que la fondation coupée appartienne déjà à une hypothétique porte d’accès aux berges aménagées en port.

Excepté cette hypothétique porte ou tour-porte et d’éventuelles tours d’angle qui pouvaient être saillantes vers le doubs, nous supposons l’absence de tours du côté du cours d’eau. on serait donc en présence d’un mur d’en- ceinte rectiligne, dépourvu de tours intermédiaires, dont l’épaisseur semble être plus faible par rapport à celle de l’enceinte incurvée et munie de tours intermédiaires. Ce double phénomène – mur moins épais et absence de tours le long d’une voie d’eau – a été observé sur plusieurs fortifi- cations du Bas-Empire appuyées à un cours d’eau (Kuhnle, 1991, p. 71-82).

En ce qui concerne l’axe nord-ouest/sud-est de la fortifi- cation, il est assuré à la fois par la prospection magnétique (pl. xiii, hors texte) et par la présence de trois murgers (B, C et d) disposés en enfilade (pl. xiV, hors texte). il est important de noter que le sondage A du gazoduc (existence possible d’une pile de pont) se situe dans le prolongement de cet axe nord-ouest/sud-est. En revanche, le point 12 intitulé

« Culée d’un pont » sur la carte topographique de F. Morel- Macler (1847) et la structure interprétée comme étant une

« Ancienne culée d’un pont » sur le document de 1893 sont tous deux beaucoup trop décalés par rapport à cet axe. S’il y a eu pont, il doit se trouver entre ces deux emplacements cartographiés et passer approximativement par l’endroit où est localisé le sondage A du gazoduc. Nous émettons donc l’hypothèse que l’axe nord-ouest/sud-est corresponde à une rue bordée de bâtiments qui sort de l’enceinte au nord-ouest par une porte pour accéder au port et qui pourrait aussi être prolongée par un pont traversant le doubs.

Si cette hypothèse devait se confirmer, une question importante se poserait pour le front sud-est de la fortifica- tion où la prospection magnétique n’a pas pu être effectuée faute de possibilité d’accès. En effet, un petit murger (E) double celui de l’axe médian qui se trouve le plus au sud-est (d) et les courbes du levé microtopographique forment au même endroit (au nord-est de la zone 2700) une excrois- sance par rapport au tracé supposé du mur d’enceinte (pl. xiii et xiV, hors texte). il pourrait alors s’agir d’une tour, voire d’une porte-tour

22

.

Enfin, à l’extérieur du fossé, F. Morel-Macler a relevé deux murgers (i et J) qui se trouvent dans le prolongement de l’axe perpendiculaire au doubs ; malheureusement inac- cessibles car localisés sous quatre constructions modernes (n

os

1bis-3-5, impasse du Clos), ils couvrent une surface de 48 m sur 36 m. Ce n’est probablement pas un hasard si plusieurs monnaies du iv

e

s. et les fragments de la statue colossale de Mars proviennent de cet endroit (Pichot, 1995a et b). La découverte en 2003, dans la tranchée d’épierre- ment de l’enceinte, d’un avant-bras de statue en marbre qui recolle presque Bruch am Bruch avec la main de l’effigie colossale de Mars, découverte un siècle plus tôt, pourrait d’ailleurs confirmer l’appartenance de ces murgers à la for- tification. on pourrait alors imaginer la présence de la tête d’un pont permettant d’enjamber le fossé et d’accéder par l’hypothétique porte à la fortification.

G. K.

22. Les fouilles programmées en 2006-2007, dirigées par J. Monnier

(université de Lausanne), porteront sur cette zone.

(11)

LES MONNAIES

Les opérations archéologiques réalisées au lieu-dit Champs des Cloux du Château jusqu’en 2004 ont livré 364 monnaies antiques.

Le premier lot est composé de 43 monnaies découvertes avant 1998 sur le site de la fortification, essentiellement lors de la construction de maisons individuelles (liste aimable- ment fournie par Y. Jeannin) et au cours de prospections réalisées par MM. Augé, Chambrelland, Lame, Mazimann et Mougin. Ce lot a déjà fait l’objet d’une étude prélimi- naire dans la synthèse consacrée à Mandeure au iv

e

s.

(Mazimann, 1992).

Le deuxième lot, fort de 266 monnaies, est issu des fouilles menées en 1998 et 1999. Ces monnaies proviennent de l’opération Behra (fouille Mazimann et Mougin, 1998), de la tranchée de la parcelle 7 (zones 2200 à 2700 : fouille Mazimann, 1998) et de son prolongement vers l’ouest (zone 3000 : fouille Mougin, 1999), ainsi que des prospections au détecteur de métaux, réalisées sur les déblais de ces inter- ventions par MM. Guillot, Grut et Mottaz.

Le troisième lot se compose des 55 monnaies trouvées pendant les deux campagnes de fouilles programmées du PCR (fouilles Kuhnle, 2002 et 2003).

il est à noter que les monnaies retrouvées en fouille in situ sont rares et ne constituent pas plus de 13 % de l’ensemble, ce qui n’empêche en rien l’étude de la circula- tion monétaire.

Les 364 monnaies découvertes sur la fortification tardive peuvent être classées en quatre groupes chronologiques.

Le premier concerne un potin gaulois, non attribuable.

Le deuxième est constitué de trois monnaies dont un as au nom de tibère frappé à Lyon entre 9 et 14 apr. J.-C., un autre probablement au nom de Claude frappé à Rome entre

41 et 54 et une imitation non déterminée frappée au i

er

s.

ou au ii

e

s.

Le troisième regroupe quatre antoniniens : un au nom de Gallien frappé entre 260 et 268, un autre au nom de Victorin frappé entre 268 et 270 et deux imitations, dont une au nom de tetricus, frappées dans le troisième quart du iii

e

s.

Le quatrième groupe, le plus important, se compose de 356 monnaies frappées entre 299 et 378. il peut être divisé en sous-groupes reprenant les périodes chronologiques établies par R. Reece (1987) (tabl. i).

P ériode   AllAnt   de  294 ( réForme   monétAire   

de  d ioclétien à  318

Elle est représentée par 9 monnaies frappées dans les ateliers de Londres (1 ex.), trèves (4 ex.), Lyon (2 ex.), Arles (1 ex.) et Ticinum (1 ex.). deux monnaies datent de la réforme de 294 : un nummus au nom de Maximien (Hercule ou Galère) et un antoninien de dioclétien. Les autres monnaies ont été frappées après la troisième dévaluation du nummus en 310 et sont toutes au nom de Constantin. Les types présents sur les 9 revers sont Soli invicto comiti (6 ex.), Genio populi romani (1 ex.), Marti conserv (1 ex.) et une marque votive Vot/xx (1 ex.).

P ériode   AllAnt   de  318  à  330

Elle compte 44 nummi issus des ateliers de Londres (7 ex.), trèves (15 ex.), Lyon (5 ex.), Arles (4 ex.), Ticinum (4 ex.), Siscia (2 ex.) et thessalonique (1 ex.) ; les marques de provenance des 6 nummi restants ne sont pas identifia- bles. Les droits sont majoritairement au nom de Constantin (26 ex.), puis de ses fils : Constantin ii (5 ex.) et Crispus

ind. IVe s.

294-307 307-318 318-330 330-341

341-348 ––

348-353 353-364 364-378

Total

Londres –––

1 7 – – – – – – 8

Trèves –

4 15 33 16 3 –

1 – 72

Lyon 1 1 5 23 11 6 – 21

68

Arles –

1 4 16 4 –

1 14 – 40

Ticinum 1 – 4 – – – – – – 5

Rome – – – 10

1 – – 4 – 15

Aquilée – – – –

– – 2 – 2

Scicia – – 2 3 ––

– – 4 ––

9

Thessalonique – – 1 1 – – – – – 2

Heraclea – – – 3 – – – – – 3

Constantinople – – – 2 – – – – – 2

Nicomédie – – – 1 – – – – – 1

Cyzique – – – 1 – – – – – 1

Antioche – – – 2 – – – – – 2

Imitations – – – 26 7 2 1 – – 36

Ind.

– – 6 35 16 – 1 12 20 90

Total 2 7 44 156 55 11 3 58 20 356

Tabl. I – Répartition des monnaies du

ive

s. par période et par atelier.

(12)

(7 ex.). Les autres monnaies représentent Licinius (1 ex.) et son fils Licinius ii (3 ex.). Les droits de deux pièces de cette période ne sont pas identifiés. Les revers sont plus diversifiés avec les types suivants : Soli invicto comiti (2 ex.), Iovi conservatori (1 ex.), Victoria caess nn (1 ex.), Victoriae laetae princ perp (9 ex.), Dominorum nostrorum caess (2 ex.), Virtus exercit (2 ex.), Beata tranquillitas (11 ex.), Caesarum nostrorum (2 ex.), D n constantini max aug (1 ex.), Sarmatia devicta (6 ex.), Providentiae augg (4 ex.), Virtus augg (1 ex.) ; deux sont indéterminés.

P ériode   AllAnt   de  330  à  348

Forte de 211 nummi, elle est la plus abondamment repré- sentée sur le site. Les ateliers présents sont trèves (49 ex.), Lyon (34 ex.), Arles (20 ex.), Rome (11 ex.), Siscia (3 ex.), thessalonique (1 ex.), Heraclée (3 ex.), Constantinople (2 ex.), Nicomédie (1 ex.), Cyzique (1 ex.) et Antioche (2 ex.). L’origine de 51 monnaies n’a pu être déterminée du fait de leur mauvais état de conservation. 33 monnaies sont de provenance « locale » puisque ce sont des imi- tations aux noms de Constantin (1 ex.), Constantin ii (1 ex.), Constance ii (8 ex.), Constant (2 ex.), Rome (3 ex.), Constantinople (4 ex.), Constance ii ou Constant (5 ex.) et 9 imitations indéterminées.

Les frappes officielles sont aux noms de Constantin (21 ex.), Constantin ii (19 ex.), Constance ii (19 ex.), Constant (16 ex.), delmace (1 ex.), Hélène (4 ex.), théodora (1 ex.), Rome (17 ex.), Constantinople (18 ex.) et 14 sont indéterminées.

Les revers de cette période forment deux groupes.

Le premier concerne les types frappés sous le règne de Constantin : Gloria exercitus à deux enseignes (40 ex.), la Louve et les Jumeaux (20 ex.), la Victoire sur une proue (22 ex.) et Gloria exercitus à une enseigne (57 ex.). Le second rassemble les types frappés sous le règne des fils de Constantin : Aeterna pietas (2 ex.), Constantin sur un quadrige (7 ex.), Pax publica (4 ex.), Pietas romana (1 ex.), Virtus augg nn (1 ex.), VN-MR (1 ex.) et Victoriae dd augg q nn (54 ex.). Seuls deux revers sont indéterminés.

P ériode   AllAnt   de  348  à  364

Elle compte 14 monnaies dont 11 maiorinae ( aes ii), 2 maiorinae légères ( aes iii) et 1 demi-maiorina (aes iV). Neuf monnaies proviennent des ateliers de trèves (3 ex.) et de Lyon (6 ex.) ; la provenance de deux autres est « locale » puisqu’il s’agit d’imitations au nom de Magnence alors que

celle des trois monnaies restantes est indéterminée. Les frappes officielles présentent les portraits de Constance ii (2 ex.), Constant (2 ex.), Magnence (7 ex.) et Julien, César (1 ex.). Les revers portent les types suivants : Fel temp reparatio (5 ex.), Gloria romanorum (5 ex.), Victoriae dd nn aug et cae (1 ex.), Felicitas rei publice (2 ex.) et Spes rei publice (1 ex.).

P ériode   AllAnt   de  364  à  378

Cinquante-huit monnaies concernent l’ère valenti- nienne. Ce sont des maiorinae légères qui ont été frappées dans les ateliers de trèves (1 ex.), Lyon (21 ex.), Arles (14 ex.), Rome (4 ex.), Aquilée (2 ex.) et Siscia (4 ex.), 12 exemplaires n’étant pas attribuables ; 12 droits sont dédiés à Valentinien, 23 à Valens et 15 à Gratien, 8 restent indéter- minés. Les revers se répartissent entre trois types : Gloria romanorum (22 ex.), Securitas rei publicae (31 ex.) et Gloria novi saeculi (5 ex.).

Enfin, au groupe des monnaies du iv

e

s. s’ajoutent 20 monnaies indéterminées, attribuables par leur aspect à ce siècle.

s ynthèse

Les monnaies romaines découvertes dans l’emprise de la fortification du Bas-Empire couvrent un arc chronologique compris entre 9 et 378 apr. J.-C.

Au sein de cette plage temporelle, il est possible de dégager deux ensembles cohérents.

Le premier concerne les trois monnaies frappées avant 260. Celles-ci témoignent de l’occupation antérieure à l’édi- fication de la fortification (niveaux non fouillés). Les deux frappes officielles proviennent l’une de Rome et l’autre de Lyon.

Le second ensemble comprend les monnaies frappées entre 260 et 378. Les quatre antoniniens sont à rapprocher des 356 monnaies du iv

e

s., puisqu’ils peuvent être en cir- culation jusque dans les années 300. Les ateliers de pro- venance de ces monnaies sont nombreux puisque, depuis la réforme de dioclétien en 294, la frappe du numéraire est décentralisée. En outre, la situation géographique de Mandeure sur un axe de circulation important explique la présence de tous ces ateliers, même si les officines les mieux représentées sont les plus proches du site : trèves avec 72 ex., Lyon avec 68 ex. et Arles avec 40 ex.

La répartition des monnaies du iv

e

s. se caractérise par

deux temps forts, l’un à l’époque constantinienne et l’autre

à l’époque valentinienne (fig. 34).

(13)

Le premier est marqué par les 211 nummi de la période 330-348. Cette forte représentation nous conduit à penser que c’est durant cette période que la fortification est édifiée par les militaires, seuls capables de concevoir et construire un tel ouvrage.

La faible représentation des monnaies de la période suivante (14 monnaies frappées entre 348 et 364) corres- pond à un phénomène déjà connu dans la région. Les problèmes d’approvisionnement en numéraire frais ne doivent pas forcément être mis en relation avec un abandon du site, mais peuvent plus vraisemblablement s’expliquer par les troubles politiques de la période comme l’usurpation de Magnence et « l’invasion de 352 ». Ces événements contri- buent à ralentir le commerce et la circulation monétaire.

Cette dernière, fortement affaiblie, devait avant tout être liée aux déplacements de contingents militaires.

Le nombre de monnaies de la période 364-378 (58 ex.), largement plus important que celui de la période précé- dente, peut coïncider avec une (ré)occupation militaire de la fortification.

L’abandon de la fortification semble être intervenu dès la fin de l’époque valentinienne puisqu’aucune monnaie de la période suivante (378-402) n’a été mise au jour sur la fortification.

A. B., J.-P. M.

LES PETITS OBJETS

Les différentes opérations archéologiques menées sur la fortification tardive de Mandeure ont permis de mettre au jour 27 objets rattachés à cette période. Ces objets peuvent être classés en deux groupes fonctionnels : les militaria (9 ex.) auxquels s’ajoutent les fibules cruciformes (8 ex.),

considérées comme liées à la sphère militaire puisqu’elles étaient portées par les soldats et par les dignitaires de l’Empire, et la parure féminine (10 ex.).

Parmi les neuf militaria identifiés, on compte :

• 1 fer de lance en forme de feuille de saule et à épaulement bas, typologiquement mal daté (fig. 35, n

o

1) ;

• 1 lest de plumbata dont l’identification est presque certaine (fig. 35, n

o

2). L’apparition de ce type d’objet est datée du iv

e

s. (Bishop, Coulston, 1993 ; Feugère, 1993) ;

• 1 ou 2 pontets de suspension de fourreau de spatha (fig. 35, n

os

3 et 4), l’épée longue dévolue aux fantassins aux iii

e

et iv

e

s. L’exemplaire n

o

3, bien identifié, est atypique. il peut être rapproché du type Carnap-Bornheim iiiC dont il pourrait constituer une variante inédite (Carnap-Bornheim, 1991). L’identification du fragment n

o

4 est plus incertaine ;

• 1 plaque-boucle de ceinturon apparentée à la classe 1, forme A de Sommer (Sommer, 1984) et datée de la première moitié du iv

e

s. (fig. 35, n

o

5) ;

• 1 ferret de ceinturon proche des modèles attestés au iv

e

s.

(fig. 35, n

o

6) (Aurrecoechea-Fernandez, 2001) ;

• 1 plaque décorative de ceinturon ornée d’ocelles estampées et de lignes parallèles incisées, caractéristiques du iv

e

s.

(fig. 35, n

o

7) (Boube-Picot, 1994) ;

• 2 appliques de harnachement, appartenant à un type tant militaire que civil, en usage du ii

e

au iv

e

s. (fig. 35, n

os

8 et 9) (Voirol, 2000).

Sur les huit fibules cruciformes mises au jour, trois appartiennent au type Keller-Pröttel 1 (fig. 36, n

os

1-3).

Les fibules n

os

1 et 2 sont rattachées à la variante A alors que la n

o

3 est apparentée à la variante B. Elles sont toutes trois datées typologiquement des années 280-320 (Pröttel, 1988, p. 352). Les fibules n

os

4-6 et 8 de la figure 36 appar- tiennent au type Pröttel 3/4, variante B pour les n

os

4 à 6, variante d pour le n

o

8. d’autre part, il est fort possible que le bouton n

o

7 appartienne également à une fibule de ce type. Les fibules de type Pröttel 3/4 sont datées des années 330-340 à 410 (Pröttel, 1988, p. 363).

Au sein des dix objets de parure féminine mis au jour (fig. 37), on dénombre quatre perles en verre (fig. 37, n

os

1 à 4), dont les types sont tous attestés dans les contextes tardifs (Riha, 1990 ; Swift, 2000).

Parmi les quatre bracelets découverts, deux (fig. 37, n

os

7-8) sont en métal (alliage cuivreux), un en verre (n

o

9) et le dernier en schiste (n

o

10). ils se rattachent tous à des types tardifs (Riha, 1990 ; Swift, 2000).

deux épingles à cheveux ont également été découvertes (fig. 37, n

os

5 et 6). typologiquement mal datées, elles sont,

250 200 150 100 50 0 nombre

294-318 318-330 330-348 348-364 364-378 période

Fig. 34 – Histogramme de répartition des monnaies

selon les périodes définies par R. Reece (d’après Reece, 1987).

(14)

de par leur contexte de découverte, liées à l’occupation de la fortification.

La partition des petits objets du Bas-Empire découverts sur le site de la fortification de Mandeure en deux lots seulement, celui des militaria et celui de la parure, nous indique à la fois une fréquentation du site par des militaires, comme on le supposait a priori pour ce type de fortification, et une fréquentation par des civils comme le suggèrent les objets de parure féminine.

Les petits objets n’étant pas de très bons fossiles direc- teurs, ils ne nous permettent pas d’affiner la chronologie du site. toutefois, les fibules cruciformes confortent les données chronologiques livrées par les monnaies. Elles

forment deux lots : celui des fibules de type Keller-Pröttel 1, daté autour des années 280-320, et celui des fibules de type Pröttel 3/4, daté des années 330/340 à 410. Si l’on ne retient que la datation typologique, on compte trois fibules de type 1 et cinq de type 3/4. or, la fibule n

o

2, de type 1, associée à des monnaies plus tardives, se rattache au groupe chronologique des fibules de type 3/4. Ainsi, la période 280-320 n’est plus représentée que par deux individus, alors que la période 330/340-410 en compte six.

La datation de ces fibules indique donc une fréquentation militaire (ou officielle) importante à partir de l’époque constantinienne.

B. F.

0 5 cm

3

4

1 2

5

6

7 8 9

Fig. 35 – Militaria provenant de Mandeure : 1, fer de lance ; 2, lest de plumbata ; 3-9, équipement en alliage cuivreux

(dessins : n

os

1-3, 5, 7, 8, J. Gelot, INRAP ; n

o

4, I. Dard ; n

os

6, 9, J.-C. Mottaz, ARESAC).

(15)

1 2

0 5 cm

7

3

5 4

6 8

Fig. 36 – Fibules cruciformes en alliage cuivreux découvertes à Mandeure (dessins : I. Dard).

(16)

LA CÉRAMIqUE

L’étude du mobilier céramique attribuable à l’Antiquité tardive ne permet d’approcher la chronologie d’occupa- tion de la fortification que de façon sommaire (fig. 38).

Corrélée à l’interprétation stratigraphique, l’étude céra- mologique permet d’inscrire les événements qui ponctuent la vie de la fortification dans une trame chronologique plus ou moins lâche. La construction de la fortification peut ainsi être située vers la fin du premier tiers du iv

e

s.

Les arguments concernant la durée de son occupation sont ténus et ceux concernant son abandon, plus encore.

S’il est certain qu’elle fut occupée pendant tout le iv

e

s., son existence au v

e

s. ne se lit plus qu’en filigrane. Ainsi, l’étude du mobilier céramique complète l’analyse des séries monétaires.

dans le cadre du présent bilan, nous portons notre attention plus particulièrement sur l’identification des différentes importations céramiques. Cette approche met en lumière un faciès d’approvisionnement où la variété et l’exotisme des importations posent à la fois le problème de la situation géographique de Mandeure et celui de la nature de l’occupation de la fortification.

l es   Productions   ArgonnAises

Les sigillées tardives

Leur présence est largement attestée. Le répertoire typo- logique est varié et bien illustré : il ne se restreint pas à la seule présence de Chenet 320, mais est aussi constitué des formes Chenet 301, 307, 313, 314 et 324

23

.

La forme Chenet 320 est présente dans sa variante la plus précoce, la moins carénée, comme dans sa variante plus tardive, à profil plus massif et carène fortement marquée (Brulet, 1990, pl. 26). Les pâtes ne sont pas zonées.

Les molettes appartiennent principalement aux groupes 2 et 3 de W. Hübener

24

. Elles s’inscrivent dans un créneau chronologique axé sur le premier tiers du iv

e

s., défini par la phase 1 de Bayard et l’évolution typochronologique des groupes de W. dijkman (Bayard, 1990 ; dijkman, 1992).

L’ensemble de ces critères permet de définir une four- chette chronologique pour ces productions argonnaises, qui couvre la totalité du iv

e

s. Les éléments pour raisonner sur le v

e

s. sont plus ténus : les productions argonnaises se limitent principalement à la variante la plus tardive du Chenet 320 et à une coupelle Chenet 314. on note l’absence de molettes à motifs chrétiens. Elle peut être imputable à la nature de l’échantillon ou traduire des modifications dans les réseaux d’approvisionnement, car l’occupation du site au v

e

s. est suggérée par la présence d’autres productions céramiques.

23. Pour la typologie de référence des productions d’Argonne, consulter les travaux de G. Chenet (1941, pl. 12-22). Cet ouvrage intègre et complète les premiers travaux de W. Unversagt publiés en 1916 (Unversagt, 1916). Pour un premier essai de regroupement typo- logique, se rapporter à l’ouvrage de W. Hübener (1968). La chrono- logie de ses groupes typologiques a été revue par W. dijkman en 1992.

24. L’identification détaillée des molettes a été réalisée par P. Van ossel.

3

1 2 4 5

0 5 cm

6

9 7

8 10

Fig. 37 – Objets de parure découverts à Mandeure : 1-4, perles en verre ; 5, 6, épingles à cheveux en os ; 7-8, bracelets en alliage cuivreux ; 9, bracelet en verre ; 10, bracelet en schiste

(dessin : I. Dard).

(17)

0

P

ROSPECTIONETSONDAGE

C

ONSTRUCTIONDELAFORTIFICATION

O

CCUPATIONDELAFORTIFICATION

production savoyarde, type Portout 37 à décor d'ocelles production argonnaise, Chenet 320 décorés à la molette et Chenet 324 production bourguignonne (Jaulges et Villiers-Vineux), Drag. 45

production locale, type Alzei 27

production argonnaise, Chenet 307 production régionale (Chaumergy ?), type Gueugnon 1 et type Nied. 33 production bourguignonne (Jaulges et Villiers-Vineux), Chenet 323a amphore orientale, type LRA 4A amphore orientale, type bag-shapes

Fi g. 3 8 A pe u de s di ffé re nt es ra m iq ue s co uv er te s su r le si te de la fo rt ifi ca tio n de M an de ur e (d es si n : S . M ou to n) .

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