C AHIERS DE
TOPOLOGIE ET GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CATÉGORIQUES
J ULIEN B ICHON
Trivialisations dans les catégories tannakiennes
Cahiers de topologie et géométrie différentielle catégoriques, tome 39, no4 (1998), p. 243-270
<http://www.numdam.org/item?id=CTGDC_1998__39_4_243_0>
© Andrée C. Ehresmann et les auteurs, 1998, tous droits réservés.
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TRIVIALISATIONS DANS LES CATEGORIES TANNAKIENNES
par Julien BICHON
CAHIERS DE TOPOLOGIE ET
GEOMETRIE DIFFERENTIELLE CATEGORIQUES
Volume XXXIX-4 (1998)
Abstract. In the paper
[D], Deligne gives
arepresentation
theo-rem for a certain kind of
symmetric
tensorcategories,
andthus shows that these
categories
are tannakiancategories.
Hisproof
uses a trivialisationproperty:
for everyobject
V ofsuch a
category V
he builds aring Av
ofInd(V)
such thatAv 0
V QÉAv 0 IdimV (I
is the monoidal unit of V and dimV is the internal dimension ofV).
Wegive
a directconstruction
of the trivialisation
rings Av (that Deligne
buildsby
an itera-tion). They
arecategorical
versions of theHopf algebras GLn.
While
checking
the trivialisationproperties,
we are led to atheory
of determinant and cofactors in an abstractsymmetric
tensor
category.
1 Introduction
Rappelons
brièvement les définitions et résultats relatifs auxcatégo-
ries tannakiennes. Soit k un corps
commutatif,
fixé dans tout lechapitre.
1.1 Catégories tensorielles
Une
catégorie
tensorielle sur k est la donnée :(CT1)
d’unecatégorie V,
abélienne etk-linéaire,
(CT2)
d’un bifoncteurk-bilinéaire - 0 - : V x V
- V et d’unobjet
I de V tels que
(V, 0, I)
est unecatégorie monoïdale,
(CT3)
pourchaque objet
V deV,
d’un dual àgauche (voir 2.2),
(CT4)
on suppose deplus
quel’algèbre
desendomorphismes
de l’unitémonoïdale est réduite à k.
1.2 Catégories tannakiennes
neutresUne
catégorie
tannakienne neutre sur k est la donnée d’uncouple (V,w)
où V est unecatégorie
tensorielle sur k(essentiellement petite)
et w : V ->
Vectf(k) (k-espaces
vectoriels de dimensionfinie)
est un0-foncteur
k-linéaire exact et fidèle. On dira que eu est un foncteur fibre neutre sur V.Exemple.
Soit A unek-algèbre
deHopf.
SoitCo j (A)
lacatégorie
desA-comodules à droite de dimension finie et soit ce le foncteur oubli
Cof(A)
-Vect¡(k).
Alors(Co¡(A),w)
est unecatégorie
tannakienne neutre.On a alors
(résultat
que l’on obtient en combinant[S]
et[U],
voiraussi
[Bl], 8.1):
Théorème
1 1)
Soit(V, w)
unecatégorie
tannakienne neutre sur k.Alors il existe une
algèbre
deHopf End V (w)
telle que le foncteur Li) sefactorise en une
O-équivalence
decatégories
suivie du foncteur oubli :2)
Si A est unek-algèbre
deHopf
et si w : :Cof (A)
-Vectf(k)
est le foncteur
oubli,
alors on a unisomorphisme d’algèbres
deHopf
V( A.
(La
notationEnd V(w)
est tirée de[JS1],
d’où onpeut également
déduirece
résultat.)
1.3 Catégories tannakiennes
Une
catégorie
tannakienne sur k est la donnée d’uncouple (V, w)
oùV est une
catégorie
tensorielle surk,
essentiellementpetite,
et cv : V ->Mod(B) (modules
sur unek-algèbre
commutativeB)
est un0-foncteur
Dans
[B1], Bruguières
décrit lesobjets
pourlesquels
on a unanalogue
du théorème 1 : ce sont les
k-bigébroïdes
deHopf
transitifs de base B(voir
aussi[D]).
Remarque.
Laterminologie "catégorie
tannakienne" est traditionnelle- ment réservée auxcatégories
tensoriellessymétriques
munies d’un fonc- teur fibresymétrique ([D]).
Celles-ci serontappelées catégories
tanna-kiennes
symétriques.
1.4
Un
problème
naturel se pose alors : si on se donne unecatégorie
tensorielle V sur
k,
est-elle tannakienne? En d’autres termespeut-on
construire un foncteur fibre sur V ?Deligne
donne uneréponse
à ceproblème
dans le cadresymétrique (commutatif) :
Théorème 2 Soit V une
catégorie
tensoriellesymétrique (essentielle-
ment
petite)
sur un corps k decaractéristique nulle,
telle que la dimen- sion interne dechaque objet
soit un entierpositif.
Alors Vpossède
unfoncteur fibre symétrique :
elle est tannakiennesymétrique.
Notons que ce résultat n’est
plus
vrai si lacaractéristique
de k n’estpas
supposée
nulle([GK]).
Notonségalement qu’un
résultat de même nature a été obtenu dans[DR],
avec une preuve bien différente.La preuve du théorème 2 est basée sur un
phénomène
de trivialisa- tion :Deligne
construit pourchaque objet
V de V un anneau commutatifAv
de lacatégorie
desInd-objets
de V tel queAv 0 V ~ -> AV O IdimV.
La construction de ces anneaux est faite par itérations et
peut paraitre
obscure. Nous donnons une construction directe des anneaux
Av :
cesont des versions
catégoriques
desalgèbres
deHopf GL,,,
où encore desalgèbres
de fonctionspolynomiales
sur les variétésIs(k n, V).
En montrant que les anneaux ainsi construits vérifient les
propriétés
de
trivialisation,
nous serons amenés à une théorie du déterminant et descofacteurs
dans unecatégorie
tensoriellesymétrique.
Le
problème
sera alors résolu pour lescatégories semi-simples,
pro- blèmedéjà
difficile([DR],
par.6).
En
revanche,
il est moins ardu de définir unquasi-foncteur
fibre([B2])
sur unecatégorie
tensoriellesemi-simple:
il suffit de définir uncaractère sur la
catégorie ([B2]) (ce
résultat estprouvé
dans[B2],
maisest
déjà
noté dans[DR],
par.6,
alors que lesquasi-objets
n’étaient paspopularisés).
En utilisant notre construction des
Av,
nous montrons defaçon
élé-mentaire que si V est une
catégorie
tannakiennesymétrique semi-simple
sur
C, algébrique,
elle admet un foncteur fibresymétrique
neutre(Le
résultat est vrai si on élimine
l’hypothèse semi-simple
et si onremplace
C par un corps
algébriquement
closquelconque,
par les résultatsgéné-
raux de
[D]).
Cerésultat,
combiné avec le théorème1,
montrequ’une
telle
catégorie
est monoïdalementéquivalente
avec lacatégorie
des re-présentations
d’un groupealgébrique complexe
réductif.1.5 Plan
Le
paragraphe
2 est consacré à diversrappels
et constructions bien connues,qui
nous ont paru difficiles à éviter.Dans la
partie 3,
nousrappelons
leprincipe
de construction d’un foncteur fibre dû àDeligne, qui
repose sur l’existence d’anneaux de trivialisation. Nous montronsqu’une catégorie
tannakiennerigide
neutre(ceci correspond
à labijectivité
del’antipode
pourl’algèbre
deHopf
duthéorème
1) possède toujours
un anneau de trivialisation.Dans la
partie 4,
nous donnons notre construction des anneaux detrivialisation, puis
vérifions lespropriétés
de trivialisation.Enfin,
dans lechapitre 5,
nous utilisons notre construction pour éta- blir defaçon simple
l’existence d’un foncteur fibresymétrique
neutresur certaines
catégories
tannakiennessymétriques.
Nous ne
rappellerons
pas certainesdéfinitions,
désormaisclassiques,
comme celle de
catégorie
monoïdale. L’unité d’unecatégorie
monoïdalesera
toujours
notée I.2 Rappels
2.1 Foncteurs monoïdaux
Soit C une
catégorie
monoïdale(non supposée stricte). Alors,
onpeut
trouver une
catégorie
monoïdale stricte monoïdalementéquivalente
à C.Ce
résultat,
dû àMacLane,
est montré de manière trèssimple
dans[JS2] (1.3
et1.4).
Il nouspermet
de ne considérer que descatégories
monoïdales strictes. En
effet,
il estéquivalent
de définir:- un foncteur fibre sur une
catégorie
tensorielle nonsupposée stricte,
ou- un foncteur fibre sur une
catégorie
tensorielle stricte monoïdalementéquivalente.
Rappelons
la définition de foncteur monoidal.Soient C et C’ deux
catégories
monoïdales. Un foncteur monoi*dal(on
dira un
0-foncteur
leplus souvent)
de C vers C’ est la donnée :- d’un foncteur F : C ->
C’,
-
d’isomorphismes
fonctorielsFX,Y : F(X) 0 F(Y) ~ -> F(X O Y),
- d’un
isomorphisme FI :
I~ -> F(I),
tels que :
2.2 Dualité
Soient C une
catégorie
monoïdale et X unobjet
de C. Un dual àgauche pour X
est la donnée d’untriplet (XV, ex, dx)
où Xv est unobjet
deC,
alors que eX : XvO X -> I et dX : I -> X O
X’ sont desflèches de C vérifiant :
Si un
objet
X d’unecatégorie
monoïdale admet un dual àgauche,
alors le foncteur sX = X 0 - admet un
adjoint
àgauche, qui
est deplus
de la forme Sxv
([JSI],
par.9).
On hérite alors des résultats d’unicité pour les foncteursadjoints.
Définition. On dit
qu’une catégorie
monoïdale estrigide
àgauche
sitout
objet
admet un dual àgauche.
On
peut
définir de même la notion de dualà, droite
pour unobjet
X(voir
parexemple [B1]) :
le foncteur sX = X O - admet alors unadjoint
à droite de la forme sx,, pour un
objet
X’. On dit alorsqu’une catégorie
monoïdale est
rigide
à droite si toutobjet
admet un dual droite.Définition. Une
catégorie
monoïdalerigide
à droite et àgauche
est diterigide.
2.3
Transposée
Soit
f :
X -> Y une flèche dans unecatégorie
monoïdalerigide
àgauche
C. On définit latransposée
def ,
notéet f :
Y v --->Xv,
ainsi:Il est clair que
t f
estl’unique
flèche Yv -> Xv telle que :C’est aussi
l’unique
élément deHomc(Yv , XV)
tel que :(1Y (D tf o8y
=(f O 1Xv) o dX.
Si
f et g
sont des flèchescomposables
deC,
alorst (g
of) = t f
otg.
En fixant pour
chaque objet
de C untriplet
dedualité,
on obtientainsi un foncteur contravariant
dualité,
dont la classed’isomorphisme
ne
dépend
pas du choix destriplets, qui
estpleinement
fidèle. Si deplus
C est
rigide,
ce foncteur est uneanti-équivalence
decatégories.
2.4 Symétrie
Une
symétrie
sur unecatégorie
monoïdale C est unisomorphisme
fonctoriel
CX,Y : x: 0
Y -> Y O X tel que :Une
catégorie
monoïdale munie d’unesymétrie
sera dite monoïdale sy-métrique.
Remarquons qu’une catégorie
monoïdalesymétrique qui
estrigide
àgauche
est nécessairementrigide.
Si C et C’ sont des
catégories
monoïdalessymétriques,
unO-fonteur
F : C -> C’ est dit
symétrique
si pour tousobjets
X et Y deC,
on a :Soit P la
catégorie
dont lesobjets
sont les entiersnaturels,
avec(m, n) - 0
sim # n
et(n, n)
=Sn,
le groupe despermutations
d’unensemble à n éléments.
Alors P est une
catégorie
monoïdalesymétrique:
leproduit
de deuxobjets
m et n de N est donné paraddition,
c’est à dire m 0 n = m + net si 6 E Sm,TE,Sn, on pose:
La
symétrie
est donnée par lespermutations :
Alors P est la
catégorie
monoïdalesymétrique
libreengendrée
parun
objet,
c’est à dire :Théorème 3 Soit C une
catégorie
monoi’dalesymétrique.
Alors pour toutobjet
X deC,
il existe ununique (à isomorphisme près) 0-foncteur symétrique Px :
P - C tel quePx (1)
= X .La preuve est donnée par
exemple
dans[JS2],
dans le cadreplus général
des
catégories
tressées. On aPx (n) = X On;
si Si ESn est
la trans-position (i, i + 1), Px (si)= lXoi-1
0Cx,x
(D1XOn-i-1; Px((m,n)) =
CX O,XOn.
2.5 Trace
etdimension
Fixons une
catégorie
monoïdalesymétrique
etrigide
C. AlorsEnd(I)
est un anneau commutatif.
Nous allons
définir,
pourchaque objet X,
uneapplication:
vérifiant les
propriétés
de la trace usuelle.Si f E End(X),
posons :Le résultat d’unicité du dual montre que
TrX (f)
nedépend
pas du choixde
(X’,
ex,8x).
On le notesimplement Tr(f ).
Soitdim(X)
=Tr(lx),
c’est la dimension de X. Voici les
principaux
résultats :Si
f
et g sont des flèchescomposables
dans les deux sens, on aTr(gof)
=Tr( f
og).
Enparticulier,
siX ~ -> Y,
alorsdim(X)
=dim(Y).
Si
f
EEnd(X),
alorsTr(f)
=Tr(t f),
doncdim(X)
=dim(X’).
Si
f et g
sont desendomorphismes,
alorsTr(f O g)
=Tr(f)
oTr(g),
donc
dim(X 0 Y)
=dim(X)
odim(Y).
Si X =
Xl OX2,
alorsdim(X)
=dim(X1)+dim(X2) (quand
lacatégorie
est
linéaire).
Dans
Vect ¡( k),
cesapplications
sont les traces et dimensionsusuelles,
pourvu que
car(k)
= 0.2.6 Puissances extérieures
Soit C une
catégorie
monoïdalesymétrique
abélienne et k-linéaire(c’est
à dire vérifiant CT1 etCT2).
Si X unobjet
de C et n un entierpositif,
on définit la n-ièmepuissance
extérieure de X par :Supposons k
decaractéristique
nulle. Pour unobjet X,
posons pourchaque
entier n,(notations
du théorème dans2.4).
AlorsAn(X)
EHomc(XOn,XOn).
C’est une
projection (la projection
totalementantisymétrique).
On vé-rifiera facilement que
Im(An(X)) = A n(X).
Pour tous
objets X
et Y deC,
on a unisomorphisme:
Les
morphismes
de sommes directes se définissentnaturellement,
et ilfaut ensuite écrire
An (X e Y)
en fonction desAk(X)O An-k(X) (voir [DR],
relation3.4).
Supposons
maintenant que C estrigide.
Notons la relation
tAn(X)
=An(Xv),
car Ver eSn,
on a’Px(a) = PXv(6-1).
La dimension d’un
objet X
est liée avec celle deAn(X) :
Théorème 4 Pour tout
objet
X deC,
on a :On
peut
trouver la preuve dans[DR],
où la trace estdécomposée,
oudans [D].
2.7 Puissances symétriques
On
garde
les mêmeshypothèses
et notations que dans le numéroprécédent.
Soient X unobjet
de C et n un entierpositif.
On définit lan-ième
puissance symétrique
de X par : .Si k est de
caractéristique nulle,
on pose eton
a Sn (X) = Im(Bn(X)).
2.8 Ind-objets
Considérons une
catégorie
abélienne k-linéaire C(et
essentiellementpetite).
On définit la
catégorie
desInd-objets
deC,
notéeInd(C) ([AGV]),
ainsi : un
objet (X)
deInd(C)
est un foncteur(X) : II
-> V où II estune
petite catégorie
filtrante. On notera(X) = (Xi)ieu,
ou bien X =lim -> Xi" .
iEu
Si
(X) = (X)iEII
et Y =(Y)jEj
sont desInd-objets,
on poseOn vérifie directement que ceci fait de
Ind(C)
unecatégorie.
On a un foncteur
pleinement
fidèle évident de C dansInd(C).
Si(X)
est un
Ind-objet
deC,
alors la limite inductive de(X)
estreprésentable
dans
Ind(C) (par
définition desmorphismes).
Une autre
desciption
deInd(C) ([AGV]) : Ind(C)
est lacatégorie
dontles
objets
sont les foncteurs contravariants exacts àgauche
de C dansVect f(k).
On sait alors de[Ga]
queInd(C)
est abélienne.Prolongement
de foncteurs : soit F : C --> C un foncteur. Il seprolonge
alors en un foncteurInd(F) : Ind(C)
->Ind(C)
tel queInd(F)((Xi)iEII) = (F(Xi»iEu.
On sait alors de[AGV]
queInd(F)
com-mute aux limites inductives filtrantes et que si F est
exact,
il en est de même deInd(F).
Soit maintenant V une
catégorie
tensoriellesymétrique
sur k(1.1).
Le
produit
tensoriel de V est alors exact enchaque
variable(car V
estautonome)
et seprolonge
àInd(V).
DoncInd(V)
est abéliennek-linéaire,
est une
catégorie
monoïdalesymétrique (la symétrie
de V seprolonge)
dont le
produit
tensoriel est exact enchaque
variable et commute aux2.9 Anneaux
Soit V une
catégorie
tensoriellesymétrique
sur k.Un anneau de
Ind(V)
est unobjet
A deInd(V)
muni d’unproduit
m :
AOA -->
Aassociatif,
et d’une unité u : I -> A tels quemo(u O1 A) =
lA = rrc o (1A O u).
Onimagine
la définition demorphisme
d’anneaux.On définit alors les A-modules: un A-module est un
objet
M munid’une
flèche y : A O M ->
M tellequeyo(uglm)
=lm
etuo (mO 1 M) = u O (1A O u).
Extension des scalaires : pour tout
objet M,
on munitA 0
M d’unestructure évidente de A-module.
Quand
A est commutatif(m
oCA,A
=m),
et M et N sont deux A-modules,
on poseM0AN
=coker (1M O uN -
Il est facile de vérifier que A-Mod est une
catégorie
abélienne k-linéaire monoïdalesymétrique.
Idéaux : un
sous-objet
i : J -> A est un idéal(à gauche)
si on aun
morphisme
Mi :A 0
J -> Jqui
fasse de J un A-module et tel quem
(1A O j) =
i 0 JlJ.Quand
A estcommutatif,
lequotient
de A par Jpeut
être muni d’une structure évidente d’anneau.2.10 Algèbre tensorielle
etsymétrique
Soit V une
catégorie
tensoriellesymétrique
sur k.Algèbre
tensorielle: pour V Eob(V ),
on poseT(V) =
OV O n
nEN
(V°
=I)
et on note ak :VQ9k
-->T(V)
lesmorphismes
évidents. La commutation duproduit
tensoriel aux limites inductives filtrantes per- met de définir m :T(V) 0 T (V) -> T(V)
tel que m o Ok 0 ai = ak+j.Alors
T(V)
est un anneau deInd(V)
etHomann(T(V), B) -2+ Hom(V, B)
pour tout anneau B de
Ind(V).
Algèbre symétrique :
Soit V Eob(V )
et soit Tk :VQ9k
->Sk (V )
la
projection canonique
pour tout entier k. Notons d’abord l’existence d’unmorphisme
Pk,b’i, j
E N:Sk(V)) O Sj(V) -> Sk+j(V)
tel queJlk,j 0 Tk
0 Tj
= Tk+.7Posons maintenant
et soit m :
Sym(V) O Sym(V) -> Sym(V)
tel quemOakOaj
= ak+jouk,j, où ak :Sk(V) -> Sym(V)
est lemorphisme
évident.Alors
Sym(V)
est un anneau commutatif deInd(V)
etpour tout anneau commutatif B.
3 Principe de construction d’un foncteur fibre
Rappelons
la méthode deDeligne ([D]).
Supposons que k
soit decaractéristique
nulle et fixonsV,
une caté-gorie
tensoriellesymétrique
sur k dont la dimension dechaque objet
estun entier
positif.
Alors unobjet
de V est non nul si et seulement si sadimension est un entier strictement
positif ([D], 7.3).
Définition. Soit V un
objet
non nul deV,
de dimension n. On ditqu’un
anneau A de
Ind(V)
trivialise V s’il existe unisomorphisme
A-linéaireAOV -> A O In.
Supposons
que l’on ait un anneau commutatif non nul A deInd(V) qui
trivialisechaque objet
de V. PosonsrA
=Hom(I, A)
=HomA(A, A) (c’est
unek-algèbre).
Définissons un foncteur P : V -->rA
-Mod par:Il est clair que F est exact à
gauche (
leproduit
tensoriel deInd(V)
est
exact).
D’autrepart
on on a desisomorphismes rA-linéaires (car
Atrivialise les
objets) :
La seule
propriété qui
manque à r pour être un foncteur fibre est l’exactitude à droite(c’est
d’ailleurs laplus importante : [B1]). Quand V
est
semi-simple (c’est
à dire les suites exactes courtes sontscindées),
cen’est
plus
unproblème
et nous avons ainsi un foncteur fibresymétrique
sur V.
Dans le cas
général, Deligne ([D], 7.14)
construit un anneau B telque
après
extension des scalaires àB,
les suites exactes courtes sont scindées et on obtient ainsi un foncteur fibresymétrique
en utilisantA O B.
Le résultat suivant montre
qu’une catégorie
tannakiennesymétrique
neutre
(ce qui correspond
à labijectivité
del’antipode
pourl’algèbre
deHopf
du théorème1) possède toujours
un anneauqui
trivialise tous lesobjets :
Proposition
1 Soit A unealgèbre
deHopf d’antipode
inversible(c’est
le cas si A est
commutative). Alors,
pour tout comoduleV,
il existeun
isomorphisme
de comodules A-linéaire : A OV ~ ->A
OVo. (Vo est
le comodule trivial dont
l’espace sous-jacent
estV,
les structures de A- modules sont données par extension desscalaires).
Donc A trivialise tous lesobjets
deCof(A).
Preuve.
Suposons V
de dimension finie et soientav : V
->V O A
lacoaction,
vl , ... , vn une base de V et(aij) 1i,j n
des éléments de A tels queav(vi) = E’l vj
0 aji, Vi E{1,... , nl.
Soitf
= mA Olv
olA O CA,A o 1A O av.
Si a EA,
on af (a O vi) - E j
aaji Q9 Vj, doncf
estA-linéaire,
et un calcul direct montre quef
est unmorphisme
decomodules : A 0 V --> A 0
Vo.
Soit g :
A OVo ->
A 0V,
définie parg(a
0Vi)
=Ej aS-1 (aji)
0. vj:g est inverse de
f.
Un A-comodule
quelconque
est limite inductive de ses sous-como-dules de dimension
finie,
et ainsi on a le résultat. IlRemarque.
Si A est unealgèbre
deHopf quelconque,
on a pour tout comoduleV,
desisomorphismes
de comodulesqui
sont A-linéaires à droite :V 0
A-> Vo O
A. Onpeut
ainsi introduire la notion de tri- vialisation àdroite,
moins restrictive que laprécédente. Evidemment, quand
lacatégorie
estsymétrique,
les deux notions de trivialisation sont les mêmes.4 Trivialisations
On fixe dans tout le
chapitre
unecatégorie
tensoriellesymétrique V
sur un
corps k
decaractéristique 0,
telle que la dimension dechaque objet
soit un entierpositif.
Nous voulons trouver un anneau non nul de
Ind(V) qui
trivialise tous lesobjets
de V. Nous commençons parconstruire,
pourchaque objet
Vde
V,
un anneau commutatif non nulAv
tel queAv0 V Av 0 I dimV.
4.1 Notations
etpréliminaires
Soit A un anneau de
Ind(V).
AlorsHom(I, A) ~->HomA(A, A):
sif
EHom(I, A),
on lui associe lemorphisme
A-linéaire mA olA 0 f.
L’application réciproque
associeà g
eHomA(A, A)
lemorphisme
go uA.Si
f
EHom(I, A),
alorsIm(mA
olA 0 f )
est un sous A-module deA,
c’est-à-dire un idéal de
A,
que nous noteronsf>.
AlorsA/ f >
vérifie lapropriété
universelle usuelle.Produit tensoriel d’anneaux : soit A et B deux anneaux de
Ind(V),
on définit un
produit
surA O B
ainsi: mA0B =mAOmBo1AOCB,AO1B.
L’unité est donnée par UA0B = uA 0 uB. Si
A, B, C
sont des anneauxcommutatifs,
on a:Fixons maintenant un
objet
V deV,
tel que n = dim V > 0. On sait alors du théorème 2.6An(V)
est de dimension et queAk(V)
0si k > n. Soit vn la somme directe de n cories de V. Posons :
Soient
(ui) 1 i n :
ln -->l,
et(vi) 1 in :
I -> I n lesmorphismes
telsque En i=1 vi o ui =1In, et ui ovj= dij1I.
Soient
(ui)1in :
V-> Vn,
et(ri)1in :
vn -> V lesmorphismes
tels que
Eni =1
ui o ri =lvn,
et ri o uj =dij1v.
On notera
Ak
laprojection
totalementantisymétrique
deVOk (res- pectivement Avk
celle deVvOk).
Soit Wk :
Ak(V)
->VOk ,
et 7rk :VOk
->Ak(V) (resp. wk : Ak(Vv)
->VvOk,
etn vk: Vv Ok
->Ak(Vv))
les
morphismes
tels que : 7rk o wk =1Ak(v),
et wk o 7rk =Ak (resp.
v
0v - 1
etv
0v - Avk).
Notons
Ík : (Vn)O k
->Sym(Vn)
lecomposé
desmorphismes
On définit de
même jk ; An(Vv)Ok
->Sym(A n(Vv)).
Enfin,
soit8n :
I -> V On 0VvOn,
défini par:8n
=(1 V On-1 080 1VvOn-1
o ... o(lv O d O 1 Vv)
o S. Ona Sn
=d VOn.
4.2 Construction d’un
anneaude trivialisation
Définissons D : I ->
Bv
ainsi :et soit Soit
Nous devons montrer que
Av
est non nul. Notons d’abord que D estnon nul : si D =
0,
alors on voit facilement que(1VOn O nvn) O dn
=0,
doncTr(An)
= 0 =dimAn(V),
cequi
est contraire àl’hypothèse
dimV = n.On utilise alors le lemme suivant :
Lemme 1 Soit A un anneau
commutatif
deInd(V)
etsoit 9 :
A --> Aun
épimorphisme
A-linéaire. Alors 9 est unisomorphisme.
Preuve. Soit 1 : J -> A un idéal. Soit h le
morphisme
A-linéaireobtenu en
composant
les flèchesJ ~->
A 0AJgOA1J ->
A 0AJ ->
J. C’estun
épimorphisme
A-linéaire par exactitude à droite duproduit
tensorielde A-modules. Alors i o h = g o
1,
et si J =Kerg,
on a i o h = 0 donci = 0.
D
Si maintenant l’anneau
Av
estnul,
celasignifie
quel’application Bv-
linéaire déduite de
f
est unépimorphisme,
et donc unisomorphisme
en vertu du lemme
précédent.
Enremarquant
queBv
est un anneaugradué,
unargument
dedegré
montre que c’estimpossible (D
est nonnul de
degré
strictementpositif).
Parconséquent Av
est non nul.4.3
Théorème 5 Soit V un
objet
non nul de dimension n > 0. Alors on a unisomorphisme Av-linéaire Av
0V ->Av
0 In.4.4 Construction des morphismes
Dans les
parties
4.4 et4.5,
on noteraAv
= A.Pour
i,
1 1 n, soitOi :
I n -> A (g) V défini ainsi :Oi
=(pOV)O(in-1Oj1O1V)o((-1)t-1U1 O... Ûi ... OUn O1An (Vv)O1V)o CV,VOn-1 O1 AN(Vv) o (lV0n
(g)rr v n) O dn O
Mi(où
p : B =Bv
-> A =Av
est lemorphisme canonique).
Soit :
Pour soit défini par :
jo) 0 ui) Ovi.
Soit :
Il est clair
que O
et W sontA-linéaires,
et nous allons montrerque $
etW sont
réciproques.
4.5
Pour le confort du
lecteur,
écrivons la preuve de 4.3 dans un casconcret. Nous relions ainsi le déterminant usuel à
l’application
D et lescofacteurs aux
applications 8i.
Soient G un groupe, et V une
représentation
de G de dimensionn >
0,
de base01,... , 0,,.
Soit Vn la somme directe de ncopies
deV,
et soient(ui)1in et (ri) 1 i n
lesmorphismes
de somme directe. Po-sons
Oi,, = ui(Yj). L’algèbre Sym(vn)
s’identifie aveck[Yi,j]. L’espace
vectoriel de dimension un
An(vv)
a pour basel’élément’
et G
opère
surAn (VV)
parg.S*
=det(g-1)S*.
AinsiBv
=Sym(Vn) 0 Sym(A n(Vv))
s’identifie donc àk[Yi,j, Z]
avec action de G sur la variable Z donnée parg.Z
=det(9-1)Z-
Définissons maintenant l’élément invariant D de
Bv (4.2).
SoitOn a
g.D’ = det(g)D’
et doncg.D’Z
= D’Z. SoitDo
= D’Z. Vérifions queDo
coïncide effectivement(à
un coefficient 1près
dont nous n’auronspas à tenir
compte)
avec le D défini en 4.2(on
aAv
=Bv/(D -1)).
Notons tout d’abord que
n vn(Y*k1 0... 0 Y* kn)
= 0 si il existe i différentde j
tels queki = kj
et quenvn (Y*T(1)
0...OY*(n)) = E(T)S*
pour T ESn.
On a
dn (1)
=Ek1,... ,kn "pkl
0 ... 0Ykn
0"pkn 0
... OO*k1,
donc(E(n/2)
est lapartie
entière den/2).
AinsiDo
=(_l)E(n/2)D.
Nous netenons pas
compte
du coefficient(-1)E(n/2)
en ne le mentionnant pas dans l’écriture dumorphisme
de 4.4.Ecrivons maintenant les
morphismes W
et (D de 4.4.Calculons d’abord
Oi(ej).
Posons:où
Sn(k)
est formé despermutations
7 telles que7(1)
= k.Un calcul direct montre que
8i(ej) = dij(-1)E(n/2) Ek eikz 0 Çk, et
donc
Y(1Av O e,) = (-1)E(n/2) £k BikZ O "pk.
D’autre
part, kk(Yi) = Yki O
ek, doncO(1Av O "pi) = Ek Oki
0 ek-Les relations
E k YkiBkj
=c5ijD’ et Ek "pik!3jk
=bijD’ (formules
clas-siques qui permettent
de montrerqu’un
matrice est inversible si et seule- ment si son déterminant estinversible) permettent
de voirque W
et (Dsont
réciproques.
L’objet
du lemme à venir dans la preuve de 4.3 est d’établir cesformules.
4.6
Preuve de
4.3Montrons tout d’abord
que O
0 BII =1 A (D 11-
(1A O ki) o 8j =
(faisons
passer Vi à la fin del’expression)
Par définition du
produit
sur un anneauquotient,
on amAO(pOp)=
p o mB, donc
D’autre
part,
mB o(in-1
Ojl
0il
Ojo) = (in
0ji)
o(1(Vn)On-1
OC An(Vv),Vn). (cf.
fin duparagraphe 2.10).
Donc
Comme
in
=in
oC(vn)0n-l,vn,
on a :Or
(CvOn-1,vO1An(Vv)) 0 (1Vv)) OC An(Vv),V OC
=1VOn O lAn(Vv),
donc on a :Nous avons maintenant besoin du résultat suivant :
Lemme 2 On a les
formules
de Cramer suivantes:1)
pourtout i,
avec 1 i n :Preuve du lemme.
1)
Soit 6iE Sn
lapermutation:
c’est à dire Alors
donc
D’autre
part,
entrainecar
Enfin,
pour toutepermutation
6 ESn,
on aPv(a)
oAn
=E(a)An,
etcommeE(a) = (-1)i-1,
on aprouvé 1).
2)
On a:Fixons 6 E
,S’n
et si ij,
soit ai =(1, i
+1).
Alorsin
oPVn (ai)
=i n
etPvn (ai) o (ui O u1 O ... Ûj ...0 un) = (ui 0 u1 0 ... Ûj ... &; Un) 0 Pvn (Qi),
donc
À chaque
terme x6 de la somme¿:aESn correspond
donc un terme x,,tel que xa = -x,,, ce
qui
montre que cette somme est nulle.Si i
> j,
onprend
ai =(1, i)
et on obtient le même résultat.1:1
Ce lemme et
l’expression (**)
montrent donc que:1) si i# j, on a (mA O1 In) 0 (1A 0 ki) 0 Oi = 0;
2) (mAO1In)o(1AOki)o 8i - ((poD)O1In)OViOui
=(uAO1In)o Vioui-
Alors
l’expression (*)
montrequant
à elle queOn finit maintenant la preuve de 4.3 de la même
façon
queDeligne
en([D], 7.17):
entraine où N est un A-module.
Rappelons
que A-Mod est unecatégorie
monoïdalesymétrique
k-linéaire
abélienne,
et donc le début duparagraphe
2.6s’applique :
pour tout A-module M et tout entierk,
onpeut
considérerA k(M)
et laformule de la somme directe de 2.6 est valable. On a
A k A(A
0V) - A0Ak(V).
Alors N est facteur direct deAn+1A (AOv) = A0An+l(V)
= 0car dim V = n, donc N = 0.
4.7
Nous sommes maintenant
capables
de construire un anneauqui
tri-vialise tous les
objets
de lacatégorie
tensoriellesymétrique V, supposée
essentiellement
petite.
Soit A :=
O Av (soit 1 l’ensemble
desparties
finies deob(V),
etV Eob(V)
soit i E
II, i 1 Wi,,
... ,WiJ},
on pose alorset
On vérifie directement que A est un anneau de
Ind(V)
et que pour toutobjet
V deV,
on a A 0V->A
(g)IdimV.
Ainsi ce
résultat,
combiné avec leparagraphe 3,
assurequ’une
caté-gorie
tensoriellesymétrique semi-simple (essentiellement petite)
sur uncorps de
caractéristique
nulle dont la dimension dechaque objet
est unentier
positif
est tannakiennesymétrique.
4.8 Le
casgénéral
Expliquons
très brièvement comment on obtient le théorème de De-ligne
dans le casgénéral.
Nous avonsdéjà
dit en 3qu’il suffit, après
trivialisation,
de construire un anneau non nul deInd(V)
tel queaprès
extension des
scalaires,
les suites exactes courtes soient scindées. Un ar-gument
similaire à celui utilisé en 4.7 ramène ceproblème
àconstruire,
pour
chaque
suite exactecourte,
un anneau non nul tel que cette suite exacte soit localement scindée(c’est
à direaprès
extension desscalaires).
Deligne
montre alors dans la preuve de 7.14([D]) qu’il
suffit de trouverune section locale à tout
épimorphisme f :
V -> I. Soit alors l’anneau :(où
u est l’unité deSym(Vv)). Deligne (7.12, [D])
note cet anneauSym(V’) 0svm(7)
l. Unargument
de même nature que celui utilisé en 4.2 montre que A est non nul.Notons j :
Vv -> A lemorphisme
évident.Alors
l’application A-linéaire g :
A ->A O V,
définie par :vérifie
(1A O f)
o g =1A.
Ainsi on a le résultat désiré.5 Foncteurs fibre neutres
On sait de
[S]
ou[D] qu’une catégorie
tannakiennesymétrique
al-gébrique (voir 5.2)
admet un foncteur fibresymétrique
à valeurs dansVectf (k’),
ou k C k’ est une extension finie.Nous allons obtenir une preuve
simple,
dans un casparticulier,
de cerésultat
important (sous
une forme un peuplus faible,
maislargement
suffisante pour couvrir le cas k =
C).
5.1
Rappelons
d’abord une constructionclassique.
Soit V une
catégorie
tannakienne sur uncorps k
avec foncteur fibre w : V ->Mod(A). Rappelons ([D], [BI])
que w est nécessairement à valeurs dans les A-modulesprojectifs
detype
fini. Si J est un idéal deA,
encomposant w
avec le foncteurMod(A)
->Mod(A/J),
M ->M/JM,
on obtient un nouveau foncteur fibre V.--tMod(A/J).
Enprenant
un idéalmaximal,
on voit ainsiqu’une catégorie
tannakiennesur k admet nécessairement un foncteur fibre à valeurs dans