A NNALES SCIENTIFIQUES
DE L ’U NIVERSITÉ DE C LERMONT -F ERRAND 2 Série Mathématiques
C. L ANCZOS
Le tenseur de Riemann à quatre dimensions
Annales scientifiques de l’Université de Clermont-Ferrand 2, tome 8, série Mathéma- tiques, n
o2 (1962), p. 167-170
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LE TENSEUR DE RIEMANN A QUA TRE DIMENSIONS
C. LANCZOS (Dublin)
Je remercie Monsieur le Professeur Lichnerowicz
qui
m’a aimablement invité àparler
icide mes recherches en Relativité
pendant
les annéespassées.
Il se trouvejustement,
que l’annéedernière, j’ai
réussi à trouver, parhasard,
la solution dequelques problèmes qui
m’avaient in- téressédepuis longtemps.
Il est bien connu
qu’Einstein
n’a pas réussi à donner -uneinterprétation physique
du tenseurtotal de Riemann. Il a
obtenu,
parcontraction,
un nouveau tenseur du deuxièmeordre,
le"tenseur
de courburecontracté" Rik.
Deplus
le tenseur :possède
toutes lescaractéristiques
du"tenseur
dematière"
etapparait
commel’interprétation géo- métrique
de la matièrephysique.
En raison de la trèsgrande importance
de cettedécouverte,
letenseur
original
de Riemann n’ajamais joué
un rôle décisif dans ledéveloppement
de la Relativité.D’autre
part,
il était difficile de trouver dans lagéométrie
de Riemannquelque
chosequi correspondrait
auxphénomènes électro-magnétiques.
Si nousanalysons
leséquations
fondamentalesqui
décriventl’électro-magnétisme (c’est-à-dire
leséquations
deMaxwell) :
(la virgule désigne
la dérivationcovariante),
lesigne - désigne
le tenseurdual).
nous remarquons que le nombre de dimensions de notre univers
physique, qui
est4,
devrait avoirune
importance
décisive. Lasymétrie
de ceséquations
est unepropriété spécifique
d’un univers àquatre dimensions,
parce que le tenseur dual :(où représente
le tenseur depermutation antisymétrique
parrapport
à tous lesindices)
estaussi un tenseur d’ordre 2. En
général,
l’ordre du tenseur dual est n-2 et nous n’obtenons 2 que si n = 4. Demême, l’équation quantique
de Diracqui
décritl’électron,
utilisespécifiquement
ladimension
quatre
de l’universphy.sique.
Toutefois la construction d’Einstein estpossible
pour toutedimension,
sans caractère distinctif relatif à la dimensionquatre.
Commençons
par la remarque suivante.Habituellement,
nous supposons que le deuxième sys- tème deséquations
de Maxwell :est
équivalent
à l’existence d’unpotentiel vecteur (D,
tel que :En
fait,
cetteconséquence exige
quel’équation (2)
soit valable en touspoints
duchamp. Cependant ,
nous pouvons déduire cette
propriété
duchamp électro-magnétique
d’une manière locale enprocédant
comme suit : nous utilisons le
principe
variationnel :avec la condition auxiliaire :
ce
qui
nous donne par la méthode dumultiplicateur
deLagrange
le résultat(3).
Nous pouvons con- sidérer lemultiplicateur
deLagrange -
c’est-à-dire lepotentiel
vecteur - comme une"fonction
génératrice"
duchamp électromagnétique.
Il semble
remarquable qu’un développement
tout à faitanalogue
soitpossible
dans le domained’une
géométrie
riemannienne àquatre
dimensions. Nous définissons alors le tenseur dual du ten- seur de courbure par :On
peut
démontrer(1)
que .c’est une
conséquence
de la formulequi exprime
la courbure de Riemann en fonction des gik . En outre, l’identité de Ricci nous donne :et nous devons considérer cette relation comme une condition auxiliaire du processus de variation.
Nous observons que cette situation est tout à fait
analogue
à la situationprécédente. Cependant,
envue de la
propriété
non-linéaire du nouveauproblème,
nous devonsprocéder
d’une manièreplus prudente
dansl’application
duprincipe
variationnel.Dans la théorie de la Relativité
générale,
il est usuel de considérer lesquantités
gtk etrtk
kcomme des variables
indépendantes
du processus de variation. Nous allons utiliser cetteméthode ,
mais d’une manière encore
plus générale,
parce que nous voulons yajouter
lesquantités
comme variablesindépendantes -
c’est-à-dire que nous ne demandons pas que lesIi ijkm
soientexprimés
enfonction des
gik .
Nous voulons les considérer comme desquantités
purementalaeébriques.
Cela estpossible,
si nousajoutons
à notre fonctionlagrangienne
donnéegik)
les conditions auxiliaires :où
F(rj§ ) désigne l’expression
bien connue d’Einsteinqui exprime Rik
en fonction desIik m.
Ces con-ditions auxiliaires nous donnent la fonction modifiée de
Lagrange :
Les variables
canoniques
de notreproblème
sont :(1) C. Lanczos,. Annals of Math. 39, 842 (1938).
Le tenseur est
antirsymétrique
en iet j
etpossède
donc 24composantes indépendantes,
tandisque le nombre des
composantes indépendantes
deRi j km
n’estplus
que 20.L’équilibre
est conservégrâce
auxquatre
conditions :qui
réduisent en fait le nombre 24 à 20. En outre, nous voulonsremplacer Hj
parl’expression :
ou le
vecteur Oi
i est choisi defaçon
que :Avec cette
condition,
le nombre descomposantes
de est réduit de 20 à 16.Si nous
appliquons
cette méthode auprincipe
variationnel(7),
nous démontrons encore unefois l’existence d’une
"fonction génératrice" qui
est maintenant un tenseur d’ordre 3 ; mais nousn’obtenons pas ainsi le tenseur total de Riemann. Divisons
Ri,k.
en deuxparties
enposant :
Chacun de ces deux tenseurs
possèdent
10composantes.
Lepremier
tenseur est bien connu à la suite des recherches de Rainich(1925)
et Einstein(1926).
Ils’exprime
en fonction du tenseur con-tracté par la relation suivante :
Le tenseur
Vij km
contient toutes lescomposantes
dequi
ne sont pas absorbées par le tenseurRik.
Pour ce dernier tenseur, nous obtenons le résultat :où nous avons
posé :
Ce résultat nous montre que le tenseur total de Riemann
peut
être construit à l’aide du tenseur contractéRik,
si nousajoutons
uneopération qui
utilise les dérivations covariantespremières
d’unnouveau tenseur
H,.
Dans certaines conditions extraordinairementsimplifiées,
les 16équations qui
déterminent le tenseur etqui
sontéquivalentes
à 8équations complexes -
seséparent
endeux groupes
indépendants
dequatre équations complexes, correspondant
à unepaire d’équations
de Dirac dans
lesquelles
le terme de masse estsupprimé.
Nous obtenons un autre résultat intéressant.
Supposons
que nousremplacions
leprincipe
va-riationnel d’Einstein -
qui
utilise comme fonctionlagrangienne
la courbure scalaire R - par unprincipe
dont la fonction deLagrange
estquadrat i que
parrapport
auxcomposantes
de courbure. Ilest bien connu que la fonction L la
plus générale
de cetype
est :Cependant
cetteexpression
esttautologique
parce que leprincipe (7)
nouspermet
de réduire la variation dupremier
terme à celle des autres termes. Il m’asemblé,
dans mes recherches anté-rieures,
que nouspourrions
omettre lepremier
terme et doncsimplifier
notre fonction deLagrange
en
supprimant
le tenseur total de Riemann. Enfait,
c’était unetactique
bornée. Enpoursuivant
decette
façon,
leséquations qui
en résultent sont d’ordre 4 pour les gik et nous ne savons comment in-terpréter
de telleséquations ;
car habituellement leséquations
fondamentales de laphysique
théo-rique
sont deséquations
dupremier
ou du second ordre. Il est difficiled’opérer
avec deséqua-
tions d’ordre
plus
élevé.Nous découvrons alors
qu’il
estpossible
de choisir la constante a de manière que leséqua-
tions résultantes de
champ
soientin téérées.
Nous n’obtenonsplus
uneéquation
différentielle pour le tenseur dematière,
mais une expressionexpl
ici te en fonction dupotentiel
vecteur et du tenseuret de ses dérivées :
Einstein s’est
toujours opposé
à l’idée de mettrequelques
termespurement phénoménologiques
à ladroite de
l’équation
de la matière. Il considérait commeincompréhensible
de combiner desquantités purement géométriques
avec desquantités physiques qui
nepossèdent
aucun sensgéométrique.
Dans notre
étude,
cetteobjection
d’Einstein n’est pasvalable,
car nous n’avons pasajouté
d’éléments extérieurs ou
étrangers
à lagéométrie
de Riemann. Le second membre del’équation
de matière
apparait organiquement,
commeconséquence
duprincipe
d’actionquadratique,
sans ad-dition d’éléments
qui
ne sont pas déterminés par lagéométrie
elle-même(1).
DISCUSSION
M. LICHNEROWICZ - Il me semble que les résultats sont de deux sortes :
algébriques
pourune
part
et liés à lacomplète
réductibilité du tenseur de courbure en dimensionquatre,
différentiels pour une autrepart,
avec l’existence de cette sorte depotentiel-tenseur
de courbure.---
(1) Pour une exposition plus détaillée de ces idées voir C. Lanczos "The