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THM et prévention de l'ostéoporose : état des lieux depuis la WHI

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Academic year: 2022

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Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XX - n° 8 - octobre 2016 241

w w w . g r i o . o r g

Coordonné par : T. Thomas (Saint-Étienne)

G R I O

THM et prévention de l’ostéoporose : état des lieux depuis la WHI

F. Trémollières*

Le traitement hormonal de la méno- pause (THM), développé dès la fin des années 1940, a été pendant longtemps l’option thérapeutique de première intention pour la prévention de l’ostéoporose. Le déve- loppement de l’ostéodensitométrie au début des années 1990 a contribué à mettre en évi- dence l’impact de la carence estrogénique de la ménopause sur la perte osseuse et à promouvoir l’efficacité préventive du THM.

Les années 1990-2000 ont ainsi représenté l’âge d’or du THM et, en France, 50 à 60 % des femmes en début de ménopause étaient alors traitées. Bien sûr, tout n’était pas parfait, y compris sur le versant osseux du traitement : le faible niveau de preuve des études sur la prévention du risque fracturaire, la problé- matique de la dose minimale efficace, voire la question de la durée du traitement étaient souvent avancés pour remettre en cause son intérêt dans l’ostéoporose. En juillet 2002, la publication des résultats de l’étude de la Women’s Health Initiative (WHI) [1] a repré- senté un véritable tsunami pour le THM dans le monde de la gynécologie et au-delà. Cette étude, réalisée chez plus de 16 000 femmes ménopausées et répondant pour la première fois à la méthodologie de l’evidence-based medicine, témoignait d’un impact négatif du THM sur la santé des femmes, en raison, en particulier, d’une augmentation du risque de cancer du sein, mais surtout, des accidents cardiovasculaires (CV) : accidents coronariens, accidents vas culaires cérébraux, thromboses veineuses et embolies pulmonaires. Sur le plan osseux, en revanche, elle apportait la preuve irréfutable et définitive de l’efficacité du THM, qui s’associe à une réduction du risque frac- turaire, toutes fractures confondues, de 25 à 30 %, soit une épargne de 47 à 56 fractures pour 10 000 patientes- années (2). Ce point

est d’autant plus remarquable que la grande majorité des femmes de cette cohorte étaient à faible risque de fracture, du fait notamment d’un pourcentage élevé de femmes en surpo- ids, voire obèses. Face à la déferlante média- tique qui a suivi la publication de ces résultats, de tels effets ne pouvaient être mis en pers- pective avec l’augmentation des risques mam- maires et CV. De fait, l’utilisation du THM s’est effondrée dans les années suivantes, avec une diminution de l’ordre de 75 % du nombre de femmes traitées. Dans la dernière enquête réa- lisée par le Groupe d’Étude sur la Ménopause et le Vieillissement hormonal (GEMVi), en 2013, avec l’aide de l’institut de sondage CSA et des laboratoires Boiron, seuls 8 % environ des femmes en début de ménopause prenaient un THM (3). Quatorze ans après la publication des résultats de la WHI, où en sommes-nous ? Tout d’abord, les effets délétères du THM ont été largement remis en cause (4). Il serait trop long de reprendre ici tous les biais d’analyse des résultats, mais il est actuellement clair que la balance bénéfice/ risque négative rappor- tée dans l’étude WHI était surtout le fait d’un THM donné à distance de la ménopause, chez des femmes âgées et à haut risque CV.

Elle ne doit pas être extrapolée à la situation de la femme en début de ménopause, chez laquelle toutes les sociétés savantes interna- tionales s’accordent maintenant à souligner les effets positifs du THM en termes de cor- rection des signes du climatère ou de pré- vention de l’ostéo porose postméno pausique, qui sont largement supérieurs aux risques potentiels (5). Ensuite, et cela en est certaine- ment un effet collatéral, la diminution extrê- mement importante depuis plus de 10 ans de la prescription du THM a contribué pour partie au recul du dépistage de l’ostéoporose (– 6 % d’examens d’ostéo densito métrie faits

par an depuis plus de 5 ans) et à l’émergence de situations à haut risque fracturaire chez des femmes encore relativement jeunes.

La mécanique derrière ce phénomène est que moins on traite, moins on dépiste et moins on fait de prévention, qu’il s’agisse du THM ou des autres thérapeutiques de l’ostéoporose…

La réalité de l’augmentation du risque frac- turaire, particulièrement chez des femmes relativement jeunes, reste encore mal docu- mentée. Dans une vaste étude de cohorte réalisée aux États-Unis (6) dans les années qui ont suivi la publication de l’étude de la WHI, il existait une augmentation significative de toutes les fractures touchant des sites osseux riches en os trabéculaire (poignet, côtes, ver- tèbres) avec, par exemple, une augmenta- tion de 43 % de l’incidence des fractures du poignet dans les années 2004-2005 par rap- port aux années 2000-2001. Il est à craindre que les années à venir soient marquées par une augmentation des fractures les plus graves, notamment celles du col du fémur.

Le début de la ménopause devrait donc rester le moment privilégié du dépistage de l’os- téoporose alors que nous pouvons, avec le THM, mettre en œuvre une véritable politique de prévention primaire du risque fracturaire.

En l’absence de contre-indication, il devrait toujours se discuter en première intention chez une femme débutant sa ménopause avec un risque d’ostéoporose, d’autant que la disponibilité d’autres traitements réduisant le risque fracturaire ne justifie plus un traite- ment nécessairement de longue durée (et donc susceptible d’augmenter le risque de cancer du sein). Un relais thérapeutique peut être ainsi envisagé chaque fois que le rapport bénéfice/ risque du THM n’est plus jugé aussi favorable qu’en début de ménopause et/ ou après plusieurs années d’utilisation.

* Service ménopause et maladies osseuses métaboliques, hôpital Paule-de-Viguier, Toulouse. L’auteur déclare avoir des liens d’intérêts avec Teva (interventions ponctuelles).

© La Lettre du Rhumatologue 2016;424:46.

1. Rossouw JE, Anderson GL, Prentice RL et al. Risks and benefits of estrogen plus progestin in healthy postmenopausal women: principal results from the Women’s Health Initiative randomized controlled trial. JAMA 2002;288(3):321-33.

2. Cauley JA, Robbins J, Chen Z et al. Effects of estrogen plus progestin on the risk of fracture and bone mineral density: the Women’s Health Initiative randomized trial. JAMA 2003;290(13):1729-38.

3. Enquête Boiron-CSA-GEMVi. Explorations des freins et motivations des femmes pour le traitement des symptômes de la ménopause. 24 avril 2013. www.gemvi.org/membres/actumbr-article-33.php

4. Lobo RA. Where are we 10 years after the Women’s Health Initiative? J Clin Endocrinol Metab 2013;98(5):1771-80.

5. De Villiers TJ, Gass MLS, Haines CJ et al. Global consensus statement on menopausal hormone therapy. Climacteric 2013;16(2):203-4.

6. Islam S, Liu Q, Chines A, Helzner E. Trend in incidence of osteoporosis-related fractures among 40- to 69-year-old women: analysis of a large insurance claims database, 2000-2005. Menopause 2009;16(1):77-83.

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