ÉTUDE COMPARÉE DE LA VAGUE SPERMATOGÉNÉTIQUE
CHEZ LE TAUREAU ET CHEZ LE RAT
Marie-Thérèse IIOCHEREAU
Station Centrale de
Physiologie
animale,Centre national de Recherches
zootechniques, Jouy-en-Josas (Seine-et-Oise)
SOMMAIRE
Nous avons étudié chez le Taureau et chez le Rat la succession des stades du
cycle
del’épithé-
lium séminifère le
long
des tubes séminifères par latechnique
de reconstitution de ces tubes sémi- nifères sur coupeshistologiques
sériées. Nos résultats ont mis en évidence une continuité dans la successionnumérique
des stades et l’existence de la vaguespermatogénétique
définie par REGAUD.Cependant
celle-ci peutprésenter
des modulationsqui
sont des inversions locales de l’ordre de suc-cession des stades sans discontinuité dans l’ordre
numérique
de succession de ces stades.La
longueur
de segments de tubes occupée par un stade déterminé en différents endroits d’un même tube ou sur des tubes différents est variable. Iln’y
a donc pas de relation entre leslongueurs
individuelles des différents segments des tubes séminifères occupées par un stade déterminé et la durée de ce stade
qui
est constante. Mais il existe unecorrespondance
entre lalongueur
moyenne relative dechaque
stade et safréquence
relative calculée par comptage sur coupeshistologiques.
INTRODUCTION
La
plupart
des auteurs admettent que chez les Mammifères les différents pro-cessus
spermatogénétiques, depuis
lamultiplication
desspermatogonies
souchesjusqu’à
l’élimination desspermatozoïdes
dans la lumière du tubeséminifère,
se suc-cèdent et se
répètent
dans letemps
defaçon régulière.
Ceci
s’explique
par le fait que, d’unepart,
la « néoformation de nouvelleslignées spermatiques
sepoursuit
sur toute la surface interne de la membrane dutube,
sansattendre que les
lignées précédentes
aient achevé leur évolution et aientdisparu
sous forme de
spermatozoïdes
»(R EGAUD , igoi) ;
mais surtout la néoformation d’unelignée
est reliée defaçon précise
à l’évolution des autresgénérations
cellulaires situées dans la même sectionorthogonale
du tube séminifère.De cette évolution
régulière
et coordonnée des différentesgénérations
cellulaires de lalignée spermatogénétique
découle la formation d’associations cellulaires oustades dont la
répétition
forme lecycle
del’épithélium
séminifère. Onpeut
penserque de même le
long
du tube les différents stades se succèdent dans le même ordre que dans lecycle
del’épithélium
séminifère. Cettehypothèse
est à la base de la notion de vaguespermatogénétique proposée
par VoN EBNER( 1 8 71 )
et définie par REGAUD(igoi)
de lafaçon
suivante « la vaguespermatogénétique
est dansl’espace
ce que lecycle
del’épithélium
séminifère est dans letemps
».L’existence de cette vague a été
grossièrement
vérifiée par VoN EBNER( 1 87 1
et
1 888)
chez le Rat, par BENDA( 1 88 7 )
chez différentsMammifères (Lapin,
Rat,Taureau, Bélier),
par FURST( 1 88 7 )
chez lesMarsupiaux
et par CURTIS(igi8)
chezle
Lapin,
leChien,
et la Souris.R
EGAUD
( I goI )
a mêmepensé
que les différents stades ducycle
del’épithélium
séminifère
occupaient
dans le tube unelongueur proportionnelle
à leurdurée ;
la
longueur
de la vaguespermatogénétique complète
devait donc êtreproportion-
nelle à la durée du
cycle
del’épithélium
séminifère.Cependant
cetteconception rigide
de la vaguespermatogénétique
a été con-testée par de nombreux auteurs.
Déjà
VoN EBNER( 1 8 71 )
avait observé chez le Rat laprésence
de vagues sper-matogénétiques
delongueurs
variables. En outre de nombreusesirrégularités
dansl’ordre de succession des stades ont été
rapportées
chez leLapin,
le Chien et la Sourispar CuRTis
( 191 8)
et chez le Taureau par KRAMER(ig6o).
Mais si les auteursprécé-
dents admettent l’existence d’une vague
spermatogénétique
mêmeperturbée,
GOELAND(ig 5 i)
niecomplètement
l’existence de celle-ci chez leCobaye.
Cet auteurconclut à l’absence de «
séquence régulière
des stades lelong
du tube séminifère » le tube est divisé en unitésqui
évoluentindépendamment
les unes des autresempê-
chant toute
organisation
d’ensemble de laspermatogenèse
et l’existence de vaguesspermatogénétiques
lelong
du tube séminifère.Il est vraisemblable
qu’une
telledivergence d’opinions peut
résulter de l’uti- lisation soit detechniques
de reconstruction des tubes séminifèrestrop grossières
soit d’une définition insuffisante des associations cellulaires.
En
effet,
les résultats obtenus récemment par PEREY, Cr,!RMO!rT et I,!B!,orrn(rg6i)
chez le Rat en utilisantplusieurs techniques
de reconstitution des tubes sémi- nifères et une classificationprécise
des stades ducycle
del’épithélium séminifère,
ont montré que la vague
spermatogénétique
existait réellement bien que laprésence
de « modulations » ait pu par endroit faire douter de sa réalité.
Dans le cadre d’une étude
générale
de laspermatogenèse
chez les animaux domes-tiques,
nous avons effectué une étude de la vaguespermatogénétique
chez le Tau-reau en
comparant
nos résultats avec ceux obtenus chez le Rat.MATÉRIEL
ETMÉTHODE
1
°)
Animaux étudiésNos études ont été effectuées sur 4taureaux de 2à 6 ans, donc
pubères
et appartenant aux racesfrançaises
Pierouge de
l’Est, Normande et Chayolaise. L’examenpréalable
deséjaculats
récoltésau
vagin
artificiel avait montré laprésence
de sperme enquantité
etqualité
normales.Les 4rats,
âgés
de 3mois, étaient des Wistar de souche « 03Jouy-en-Josas
»; la fertilité de cesanimaux avait été contrôlée par
accouplement.
2
°)
Techniques histologiques
Les testicules des taureaux ont été
prélevés
dans lescinq
minutesqui
suiventl’abattage
enconservant une
partie
du cordon testiculaire pour effectuer une préfixation parperfusion,
renduenécessaire par le besoin de prélever de gros blocs allant du yete-testis à
l’albuginée.
Unepremière perfusion
de sérumphysiologique
à37 °C
dans l’artère testiculaire est suivie immédiatementaprès
élimination du sang par une deuxième
perfusion
à l’aide duliquide
de fixation : ioo à 200 ml sont nécessaires dans ce cas. Les testicules de rats furentprélevés
et fixés dans leur totalité.Après
essai de différents fixateurs, nous avons finalement retenu un fixateur decomposition proche
de celle du HELLY mais dont la concentration en bichromate de K( 1 )
a été diminuée pour réduire la contraction des tubes séminifères. La fixation à la température ambiante dure 26 heures pour les testicules de Rat et 36 heures pour lesfragments
de testicule de Taureau.La
déshydratation
à l’alcooléthylique
doit être trèsprogressive
et se termine par des bains de benzoate deméthyle,
avant une inclusionclassique.
La durée de cette inclusion varie de 33 heures pour le Rat à ¢z heures environ pour le Taureau.Les coupes sériées de r5[1.
d’épaisseur
pour le Taureau et de 10Utd’épaisseur
pour le Rat ont été colorées au réactif de Schiff, suivant la coloration de FEULGEN et au bleuAlcyan (M OWRY , r
9 6 0 ).
g°) Reconstitution des tubes
séminifères
Nous avons
procédé
à la reconstitution de tubes séminifères in situ en déterminant la nature et lalongueur
des différents stades ducycle
del’épithélium
séminifère, soit directement sur coupeshistologiques,
soit surphotographies
de celles-ci.a) Le type de classification utilisé a été celui défini par CURTIS
(igi8),
ROOSEN RUNGEet GIE-SEL
( 1950 ),
ORTAVANT( 195 8)
et AMMAN( 19 6 1 )
car il permet de suivre facilement lesgrands
événe-ments de la
spermatogenèse :
divisionméïotique,
transformation desspermatides,
libération desspermatozoïdes ; nous avons défini 8 stades
(planches
n°a i à 10).b) La longueur d’un segment
quelconque
de tube séminifère a été confondue avec celle de son axelongitudinal.
Les sections des tubes séminifères
repérées
dans la coupehistologique
sont circulaires ouellip- tiques
selon que leplan
de coupe estorthogonal
ouoblique
par rapport à l’axelongitudinal
du tube.Elles
proviennent
soit deportions grossièrement rectilignes,
soit deportions
situées au niveau decirconvolutions. Nous avons cherché à déterminer la
longueur
de l’axelongitudinal
du tube danschaque
cas.i. - Dans le cas de
portion rectiligne
de tube séminifère :- si la section est circulaire, la
longueur
de l’axe du tube se confond en fait avecl’épaisseur
de la coupe ;
- si la section est
elliptique,
cettelongueur
doit être calculée en fonction del’obliquité
duplan
de coupe. A cet effet on peut représenter le segment de tube séminifère dans leplan
passant par l’axe du tube et legrand
axe del’ellipse
selon le schéma de lafigure
i.Les
règles classiques
de lagéométrie
destriangles
semblables nous ontpermis
de déduire la formule suivante :dans
laquelle :
L =longueur
dufragment
de tube étudié ;D =
grand
axe de la sectionelliptique ;
d =
petit
axe de la sectionelliptique ;
e =
épaisseur
de la coupe.2
. - Dans le cas de
portion
de tube située au niveau d’unecirconvolution,
nous avons assi- miléchaque
branche A et B du coude à un tuberectiligne coupé obliquement
etreprésenté
dans leplan
passant par l’axe du tube et legrand
axe del’ellipse,
par unparallélogramme
MKPH(fig. 2 ).
La
longueur
de l’axe DC = 1 de la branche du coude A, peut être confondueapproximativement
avec celle du segment DI
égale
à la moitié de la médiane DD’ = 1 duparallélogramme MKPH;
cependant l’erreur commise est faible. La hauteur
P J de
ceparallélogramme
estégale
auproduit
del’épaisseur
dechaque
coupe par le nombre n de coupes situées entre lepoint
dejonction
K desdeux branches A et B du tube et le
point
dedisparition
L de la membrane basale du tube.( 1
) 1 ooo cc eau distillée ; 50 g sublimé mercurique ; 10g bichromate de K ; 10g de sulfate de Na. Au moment de l’emploi 30 p. 100 de formol neutre, 5 p. 100acide acétique.
RÉSULTATS 1
0
)
RÉPARTITION DES STADES DU CYCLE DE L’ÉPITHÉLIUM SÉMINIFÈRELE LONG DES TUBES
Chez le
Rat,
les tubes séminifères s’ouvrent dans le yete testis par les deux ex-trémités ;
leur diamètre est d’environ 250 [1.. Ilsprésentent
de nombreuses circon- volutionsséparées
par desportions rectilignes longues
de 2à
5 mm ;généralement
les tubes ne
présentent
pas deramification, cependant
nous avons trouvé dans uncas l’existence d’une branche latérale
(fig. 3 ).
Cephénomène
a étéégalement signalé
par CLERMONT et HUCKINS
( I9 6 I ).
Chez le
Taureau,
les tubes séminifères diffèrentprincipalement
de ceux du Ratpar une
multiplication
des circonvolutions. Lesportions rectilignes
sontbeaucoup plus
courtes, engénéral
de o,g à I,2 mm. Le diamètre moyen des tubes est de 230[1- environ.a)
Existence de la vaguespermatogénétique
Une vague
spermatogénétique
est caractérisée par la succession lelong
du tubedans un ordre croissant ou décroissant d’une série
complète
des différents stades ducycle
del’épithélium
séminifère(définis précédemment)
avec retour au stade dedépart ;
parexemple,
si nouspartons
d’un stade i nous devons rencontrer par défi- nitiondans l’ordre les stades 2,3,4, 5,
6,
7, 8 et i ou les stades8 , 7 , 6 ,
5, q, 3, 2, 1. Ceci est valablequel
que soit le stade dedépart.
Effectivement chez le Taureau et chez le Rat, nous avons constaté l’existence de telles vagues lelong
des tubes sémi- nifères que nous avons reconstitués(fig. 4 ). Jamais
nous n’avons observé de dis- continuité dans l’ordre de succession desstades ; chaque
stadeprécède
et succèdeun stade
portant
un numéro immédiatement voisin dans la classification.b)
Existenced’irrégularités
à l’intérieur de la vagueS!f!W!i’Og’gM!!Mg Cependant, localement,
l’ordre de succession des stadespeut
êtreperturbé
par des
irrégularités :
eneffet,
sur une courtelongueur
de tubeséminifère,
cet ordrepeut
être localement inversé sans que pour cela que les numéros de stades ne soient pas immédiatement voisinspuis
ilreprend
son cours normal. On définit par modu- lation(P EREY ,
Cr,!RMO.·rT et LEBLOND,ig6i),
une inversion de l’ordre de succes-sion des stades intercalés dans une série croissante ou décroissante : par
exemple
dans la
figure
5, nous voyons une succession des stades décroissant de lagauche
vers la droite sauf dans les deux zones ombrées où cet ordre est localement croissant.
L’importance
de cette modulation est variable : ellepeut porter
soit sur un seul stade(fig. 8),
soit surplusieurs
stades(fig. 5 )
et se rencontre dans les deuxespèces.
Il résulte de la continuité dans l’ordre de succession des stades que si la modulation met en cause
plusieurs
deceux-ci,
leur ordre de succession à l’intérieur de celle-ci s’inversetoujours
pour retrouver le numéro du stadeprécédant
immédiatement le début de la modulation. Ainsi une modulationporte obligatoirement
sur un nombreimpair
de stades. Nous en avons trouvé en effetportant
sur i ou 3stades chez le Rat et allantjusqu’à stades
chez le Taureau. Nos observationscorrespondent
à ce quePu
R e y
,
Ia!BI,OND et CLERMONT(ig6i)
ont observé chez le Rat.2°)
LONGUEUR DES SEGMENTS DE TUBE OCCUPÉS PAR CHACUN DES STADES DU CYCLE DEL’ÉPITHÉLIUM
SÉMINIFÈREAprès
avoir examiné larépartition spatiale
des stades ducycle
del’épithélium
séminifère le
long
destubes,
nous avons déterminé lalongueur
dessegments
de tubesoccupés
parchaque
stade. Les résultats sontconsignés
dans les tableaux i et 2.Les
longueurs
individuelles des différentssegments occupés
par un stade déter- miné sont très variables à l’intérieur d’untesticule,
non seulement d’un tube à l’autre maiségalement
lelong
d’un même tube séminifère. Ceci est valable pour les deuxespèces
étudiées(fig.
3et 5pour leRat,
6 et 7pour leTaureau).
Ainsi chez le Taureau lalongueur
du stade q.peut
varier de 60li à 1 720 [1., soit une variation de i à 28 et chez le Rat de 540 y à 15 8 0
!t soit de i à 3.Les
longueurs
moyennes dessegments occupés
par les différents stades varient d’un stade à l’autre(tableaux
i et2 ).
Ainsi chez le Rat, le stade 6 occupe une lon- gueur moyenne de 3 255[ 1. alors
que le stade i ne s’étend que sur 682 !t ; chez le Tau-reau le stade i occupe une
longueur
moyenne de 13 8 5
[1. et le stade 5 ne s’étend quesur 145 [1..
3°)
LONGUEUR DE LA VAGUESPERMATOGÉNÉTIQUE
L’étude de la
longueur
moyenne dessegments
de tubesoccupés
parchaque stade,
nouspermet
de définir unelongueur
moyennethéorique
de la vague sperma-togénétique :
elle est de 4 340chez
le Taureau et deI2 6IO chez
le Rat.En fait cette
longueur
diffère de lalongueur
réelle de la vague par suite de l’existence de modulations. Enpratique,
nous avons trouvé des vaguesplus longues
que la vague
théorique: 7 860 chez
leTaureau,
14 9IO[1.
à 213 8 2
!t chez le Rat.4°)
COMPARAISON ENTRE LA LONGUEUR MOYENNE DES STADES DU CYCLE DE L’ÉPITHÉLIUM SÉMINIFÈRE ET LEURFRÉQUENCE
RELATIVEEntre divers animaux d’une même
espèce,
la constance desfréquences
relativesdes stades du
cycle
del’épithélium
séminifère a été montrée par ORTAVANT( I g 5 8),
Cr,!RMO!T et I,EBr,oND
( 1952 ).
Cesfréquences
relatives sontproportionnelles
à lalongueur
dessegments
de tubes séminifèresoccupés
par chacun desstades ;
nousvenons de voir que les
longueurs
sont fortement variables.Cependant
si nous compa-rons la
fréquence
relative déterminée directement avec celle obtenue àpartir
deslongueurs
moyennes dessegments
de tubes séminifèresoccupés
par chacun des stades nous constatons que les deux séries de données coïncident assez bien danschacune des
espèces.
Les différences trouvées au niveau du stade 8 chez le Rat sont dues vraisemblablement au nombre relativement peu élevé de données. Par con-séquent,
lesfréquences
relatives des stades ne sont que lereflet
deslongueurs
moyennesoccupées par
lesdi#érents
stades etpas
du tout lereflet
d’une constancequelconque
dela
longueur occupée par
chacun des stades lelong
des tubesséminifères.
DISCUSSION
i o
)
LA VAGUESPERMATOGÉNÉTIQUE
Nos résultats
permettent
d’affirmer que la vaguespermatogénétique
définiepar REGAUD
(igoi)
comme étant la succession dans un ordrenumérique
croissantou décroissant de tous les stades du
cycle
del’épithélium séminifère,
existe aussi bien chez le Taureau que chez le Rat. Chez cesespèces,
nous avons pu reconstituer des vaguesspermatogénétiques
entières. Si chez le Rat, nos résultats confirmentceux obtenus par PEREY, Cr,!RMONT et I,EBI,oNn
(Ig6I)
au moyen detechniques
de reconstitution et avec une classification différentes de la
nôtre,
ils diffèrent de ceuxde KRAMER
(ig6o) qui
n’avait pu obtenir de vaguespermatogénétique complète
chez le
Taureau, ayant
reconstitué detrop
courtssegments
de tube séminifère.Il
n’y
a pas de modification du déroulement de la vaguespermatogénétique
mêmequand
le tube séminifèreprésente
un embranchement. La vaguespermatogénétique
est donc un
Phénomène général.
Cependant
nous avons observé aussi bien chez le Taureau que chez le Rat laprésence d’irrégularités
mineures ou modulationsqui perturbent
la vaguespermato- génétique
sans en abolir le déroulementgénéral.
L’étude d’une certainelongueur
de tube séminifère montre bien que même dans le cas de modulation
portant
surplusieurs stades,
il y a ungradient
continu de cet ordre lelong
du tube comme nousl’avons observé. Nos résultats confirment ceux obtenus chez le Rat par PEREY, CLER-
MONT et LEBLOND
( 19 6 1 )
alors que KRAMER(ig6o)
avaitpensé
que chez le Taureau iln’y
avait pas ungradient
continu deprogression
de la vaguespermatogénétique
mais que le tube se divisait en un certain nombre de
petites
unitéspossédant
un « cen-tre d’activité
spermatogénétique
o.Ces
irrégularités déjà
observées par CUPTIS( I g I 8)
chez laSouris,
leLapin
etle Chien ont été bien étudiées chez le Rat par PEREY, CLERMONT et I,!Br,o:!rD
( I g6 I ) qui
ont introduit le terme de « modulation » et ont montré chez cet animalqu’elles
ne détruisaient pas la continuité de la vague
spermatogénétique.
Cecis’oppose
auxrésultats de Cr,!!,nrrn
( I g 5I )
chez leCobaye qui pensait
avoir observé l’existence de discontinuité dans l’ordre de succession des stades. Mais dans le cadre de son étude de laspermatogenèse
cet auteur n’a pas défini de stades ducycle
del’épithélium
séminifère et l’examen de ses propres reconstitutions de tubes séminifères
permet
de mettre en évidence des modulationsplutôt
que des discontinuités. TIBBA(com-
munication
personnelle)
chez leTaureau,
àpartir
de coupeslongitudinales
de tubesséminifères conclut à la
présence
de discontinuité dans l’ordre de succession des stades.Cependant
l’observation de ses coupes nous apermis
de constater lapré-
sence de tous les stades intermédiaires entre deux stades donnés
qui
semblaient endiscontinuité même
lorsque
ces stadesoccupaient
une trèspetite
surface del’épi-
thélium séminifère. Ceci
peut
seproduire
à tous les stades etreprésente
une modu-am
lation sur un nombre réduit de cellules de
l’épithélium
séminifère(fig. g). Cependant
au niveau de
quelques
cellules et nonplus
à celui des associations cellulaires ilpeut
exister des discontinuités : parexemple,
unespermatide
austade peut parfois
se trouver à côté d’une
première
divisionméïotique.
Ceci a été trouvé aussi chez le Rat parPEREY,
CLERMONT et I,EsI,oND(Ig6i).
2°)
RELATION ENTRE LA LONGUEUR DES STADES DU CYCLE DE L’ÉPITHÉLIUM SÉMINI- FÈRE ET LEURFRÉQUENCE
RELATIVE DÉTERMINÉE SUR COUPESHISTOLOGIQUES.
..REGAUD
(igoi) pensait
que lalongueur
de tubeoccupée
par un stade étaitproportionnelle
à la durée de ce stade dans letemps
donc constante. Nos résultats ainsi que ceux de TIBBA(communication personnelle)
et dePE R E Y ,
CI,!RMOxT et LE-sr,o
ND
( I g6 I )
montrent aucontraire
que lalongueur
des différentssegments
detube
occupés
par un même stade est variable. Lalongueur
de la vaguespermatogé- nétique
est donc elle-même très variable ainsi que l’avaitdéjà
observé VON EBNER(1871).
Cette variation de la
longueur
dessegments
de tubeoccupés
par un stade n’est due ni à laprésence
de circonvolutions lelong
des tubespuisque
nous avons effectuédes corrections en fonction de
celles-ci,
ni auxtechniques histologiques employées.
Ceci conduirait à admettre que ni la durée d’un stade ni celle du
cycle
del’épithé-
Annales de Biologie animale. - 1963.
lium séminifère ne sont constants.
Or,
des travaux récents à l’aide deradio-isotopes
ont montré que la durée des divers processus
spermatogénétiques
était constantepour une
espèce donnée,
ORTAVANT( I g58)
chez leBélier, CLERMONT,
LEBLOND et MESSIER( 1959 )
chez le Rat, ORGEBIN-CRIST( 19 6 1 )
chez le Taureau. Lesstades,
re-flets des associations
cellulaires,
constituant lecycle
del’épithélium
séminifère ont donc une durée constante ; ainsi leurfréquence
n’est quel’image
desproportions
relatives de la
longueur
moyenne de ces stades dans une vaguespermatogénétique.
Cette
longueur
moyennedoit, elle-même,
être fixe pour un stade et uneespèce
donnés.3°)
PROGRESSION ET ORIGINE DE LA VAGUESP!RMATOG!,NkTI(,ZU!
R
EGAUD
(igoi)
émitl’hypothèse
que la succession des stades dansl’espace
nese faisait pas selon une
génératrice
du tube mais selon une bande enroulée en hélice dont le pas étaitproportionnel
à la durée relative des stades. Il avait basé cette théorie sur laprésence
pour une section circulaire de tubeséminifère,
d’unepart
de deux stades consécutifs et d’autrepart
de l’orientation hélicoïdale desflagelles
des
spermatozoïdes
au stade 8. Or l’examen dessegments
de tubes séminifères ne nous a paspermis d’étayer
cettehypothèse.
Si le mode de
progression
de la vaguespermatogénétique
n’est pas connu avecprécision,
il en est de même de sonorigine.
Cr.!I,AND
( I gS I )
suppose que « la structure de la vaguespermatogénétique typique
ne
pourrait
être obtenuequ’après
un fonctionnement continu etrépété
du tube ».Ceci tendrait à dire que la vague
spermatogénétique
n’existerait que chez des ani-maux
âgés.
Or nous avons étudié des taureauxpubères d’âge différent ;
chez lesuns et les autres, nous avons trouvé l’existence de la vague
spermatogénétique.
La succession continue de
plusieurs
vaguesspermatogénétiques
lelong
du tubeséminifère a été
expliquée
par PEREY, Cr.!RMONT et I,!BLOND( I g6 I )
de lafaçon
suivante : le tube séminifère serait divisé en un certain nombre d’unités dans les-
quelles
ledémarrage
a lieu concomitamment et danslesquelles
la vaguespermato- génétique
évolue dans un senspréférentiel ;
les modulations existeraient dès le début de laspermatogenèse ; quoi qu’il
en soit cetteorigine
ne pourra être étudiée que sur des animaux en cours depuberté.
CONCLUSION
’
Nous avons étudié la vague
spermatogénétique
sur 4taureaux et 4ratspubères
par la
technique
de reconstitution des tubes àpartir
de coupes sériées. Lecycle
del’épithélium
séminifère formé par les différentes associations des cellulesgerminales
est divisé en huit stades selon la classification de CURTIS
( I g I 8),
ROOSEN-RUNGEet GIESEL
( 195 o)
et ORTAVANT( I g58).
Les résultats
indiquent
l’existence d’une continuité dans la succession numé-rique
des stades ducycle
del’épithélium
séminifère lelong
du tube : unsegment
de tubeoccupé
par un stade déterminé esttoujours précédé
et suivi par dessegments
portant
le numéro directementsupérieur
ou inférieur dans la classification définie,,!...,-, ’-’.£..4 ...£..4&dquo;&dquo;&dquo;&dquo;&dquo;&dquo;&dquo;&dquo;.&dquo;’’’’’’--’’’-’.£..4.’.£..4’’’’’’’’!’-’.£..4 !7
plus
haut.L’arrangement
de cessegments
aboutit à la formation de la vague sperma-togénétique
définie comme la sériecomplète
des huit stades ducycle
del’épithélium
séminifère
juxtaposés
dans un ordre croissant ou décroissant.La vague
spermatogénétique peut cependant présenter
desirrégularités
appe- lées « modulations» qui
sont des inversions locales de l’ordre de succession desstades, mais,
même dans ce cas, les numéros des stadesadjacents
restenttoujours
immédia-tement voisins.
Ces modulations
peuvent porter
sur un seul ou surplusieurs
stades.Le
long
d’un même tube les vagues se succèdent selon un ordrepréférentiel.
La
longueur
dusegment
de tubeoccupé
par un stade déterminé enplusieurs
en-droits d’un même tube ou sur des tubes différents est
variable ;
onpeut cependant
calculer la
longueur
moyenne dechaque
stade.Par suite des variations de la
longueur
desegment
de tubeoccupé
parchaque
stade et de l’existence de modulations il en résulte une certaine variabilité de la
longueur
de la vaguespermatogénétique.
Mais onpeut
l’évaluer trèsapproximati-
vement à 10 mm chez le Taureau et à 20 mm chez le Rat.
Ces résultats ont été discutés en fonction de la
fréquence
relative des stades calculée directement sur des coupeshistologiques.
Nous avons trouvé que lalongueur
moyenne relative des
segments
de tubes séminifèresoccupés
par les différents stadescorrespond
assez bien avec lafréquence
relative de ces stades dans les deuxespèces.
Maisil
n’y
a pas de relation entre leslongueurs
individuelles des différentssegments
de tubes séminifèresoccupés
par un stade déterminé et la durée de ce stadequi
estconstante. La vague
spermatogénétique
n’est donc!as
dansl’es!ace
ce que lecycle
del’é!ithélium séminifève
est dans letemps.
Reçu pour
publication enfévrier
i963.SUMMARY
A COMPARATIVE STUDY OF TIIE SPERVTATOGFNETIC WAVE IN TfIE HULL AND TfIE RAT
The arrangement of the stages of the
cycle
of the seminiferousepithelium
in adult and fertile bulls and rats had been studied. Thetechnique
employed was that ofreconstituting
the seminife-rous tubules after
histological
sectioning in series, after which the nature of the stages and the lenghtof the tube affected
by
these were determined.Results showed that there was a
continuity
in the numerical succession of the stages and the existence of thecomplete spermatogenetic
wave as definedby
REGAUD. However, this wave couldshow modulations which were due to local inversions of the order of succession of the stages, without the numbers of the stages being for that matter immediate
neighbours.
Once the modulation was ac-complished
the wave returned to its normal course. The degree of this modulation was variable : it could affect avarying
number of stages, but this number wasalways
odd.The individual
lengths
of the different segmentsoccupied by
agiven
stage were notregular
wi-thin the testicule, for instance, stage 4in the bull varied from 60! to r 7 zo [1.. Ia urthermore, the average
length
of the segments occupiedby
the different stages differed from one stage to another.As the result of this variation in the
length
of the segments of the tubeoccupied by
each of the stages and of the modulations, there occurred a certain variation in thelength
of the spermatogenicwave which could be measured very
approximately
at 10mm in the bull and 20 mm in the rat.The average relative lengths of the segments of the seminiferous tubules
occupied by
the dif-ferent stages
corresponded approximately
with the relativefrequencies
of these stages in the twospecies,
but there was norelationship
between the individual lengths of the differentsegments of the
seminiferous tubule
occupied by
anygiven
stage and the length of that stage, which latter was aconstant.
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