Tt?* rsTV*.
-.,— -
INSTRUCTION
SUR LA CONSERVATION
ET LES USAGES
des pommes
-de
-TERRE
*Publiée
Par
laCommission D’Agriculture
ET DESArts,
Et
aeialpa/oiée pjr ordre du Outeici Di.RcMjys.
.1,_jA CoiYimlssion d’Agriculture pi clés Arts^
pénétrée des avantages mnUipliés
que
1éco-nomie
rurale et domestique peut retirer despommes-de-teire
, considérées sous l'-.^^ro différens rapports, croit qu’il est de son devoir de ptendre lesmesures
necessairespour
tourner les regards des habitans de lacampagne
sur la culture de cette précieuseracine.
Mais
à quoi servirent ses efforts, oi,an moment
de jOuirdune
pareille ressouîci ,elle alloit leur être enlevee par la gelt^fî NU par la ‘germination!
A
( 2 )
D’un
autre côté,comme
l’abondance d’une denrée devient superfluequand
onn’entrouve pas laconsommation
, il a paru indispensable
de
retracer ici,en
abrégé, l’étendue des usages auxquelson
peut faire servir celledont il s’agir.
Sans
doute, dans
un moment
où les amisdu
bien publicne
pensent et n’agissentque
pour le salutde
la patrie, toutes les vues, toutes les sollicitudes doivent tendre vers lesmoyens
d’augmenter la subsistance etde diminuer la
consommation
desgrains.Cést
dans 1 espérancede
concourir à opérer cedouble
bienfait,
que
laCommission
acm
nécessaire
de
consigner, dansune
nouvelle Instruction sur lespommes-de-terre
, les
meilleures pratiques à suivre
pour
leur con-servation, et d’indiquer en
même
tems les différens emplois qu’on peuten
faire pourla nourriture des
hoinmes
et des animaux.h
Conservation des Pommes-de-terre,
JL objet
de
la conservation despommes-
de-terre est d’un intérêt si majeur, que, pour
sa. omettre d’essentiel à cet égard, oh
t, 3 )
va réunir les pratiques les plus avantageuses, usitées
en
différens cantons : les cultivateurs choisirontcelle qu’ils croiront la plusconforme
à leur position.La
provision depommes-de-terre
quine
consiste que dans quelques setiers,
n
est pasdune
garde difficile, parcequon
peut, sansembarras et sans frais, la transporter sui-le-
champ
de la caveau
grenier , des angardsau cellier, selon la tempéiatare; mais les grandes quantités prescrivent d’autres
mé-
thodes de conservation. Voicicellesen
faveur desquelles l’expérience a prononcé.Première pratique.
On
peut conserver les pommes-dc-terrecomme
les autres racines potagères , danstous les endroits secs,
pourvu
qu’on n’y laisse point pénétrer lechaud
, le froid et lesanimaux
, qu’on les éloigné desmurs
, qu’onles divise par tas de
deux
à trois piedsau
plus d’épaisseur, qu’on les sépare etquon
les recouvre au
moyen
de planches , oude
paille , ou de feuilles séchées ,
ou de
sable.Une
précaution dont 1 usage est quelquefois indispensable ,quand on
s’appen;oit que^A
al.*omir,e5-c]e-ien-e vont «echaurfer inte'-
rr:;. ~ài.pe„e,
I tonneaux,
.orsqueue.
y
sontrenfermées; cemouvement
es r„uaielui, et
uuem.mpr
lafermematien
eiti! pourrott
s>
é ebiir et les clétéiierer.•^cconae pratique.
On
place lesrimmef-ct-terre à l'air sur
en
terram soc,à i'abn des besiiaux,"et 'lent on fait des tas séparé- en forme
de
F-u. de sr ere,te
trois pieds de hauteur;en CS couvre de trois à epratre povees
de
l'aiile, et on jette sur ce’te
paille, cinc à
SIX pouces de terre, «u'on bat
bien avec'iè
>n s de î,a b.'cbe pour
que
les eaux de phiio plussent glisser dessus sans s'indhrerdans
ie tas.
On
ttouve aisément la terrenécessaire
peur
faire cene cotivcrin-e , en pratiquant, autour de chaque ta',un
petit fossépour
faije
ëcomer
les eauy. Enîîn, lorsque les grr.nds froids surviennent, on tes couvre avec
du
fumier sec, d'un pied d'épaisseur,pour
les pré.server de.la gelëe.Quand
on voudraconsommer
les
pommes-
de-terre
,
on en
tram:p,ortera à la maisonun
ras tout
ender,
parce qu’il seroitdimciîe de
( )
les recouvrir assez bien pour le garantir des inîempérics de la saison.
Au
];eri de former les tas ainsi qu’il io-ntdette dit, on pourra les (aire en long dau.s la direction du midi, s’il peut, touiouis de îrois pieds de hauteur et rn dos-d'âne >
en
les recouvrira de lamême
manière , et alors on eti placera davantage dansun peut
espace.
En
ouvrant les tas par l’extréirimdu
côtédu
nord, on aura soin de lesrefermer oxactemeiit avec de lapailleou
des paillassons.Troisicme pratique.
Il est
une
troisième pratique qui consiste à creuser dans le terrain le plus élevé, le plu5 sec et le plus voisin de lamaison
,une
fosse d’une profondeur et largeur propor- tionnées à la quantité de pomraes-de-terre qu’on a dessein de conserver;
on
garnit lefond et les parois avec de la paille longue.
Les
racines ,une
fois déposées , seront recouvertes ensuite d’un autre lit de paille ;on
pratiquera , après cela ,une meule en
talus, et on aura soin
que
la fosse soitmoins
profondedu
côté d’oùon
tirera lespomracs-de-tene pour la
consommation
,en
A
3( 6 )
©bservam
de clore rentrée chaq'iie fois qu’onen
ôtera.Quatrième pratique.
Une
quatrième pratique supplée aux fosseï à conserver lespommes-de-terre
sansaucun
inconvénient; il s’agit deménager, dans
1inferieur d’une grange ou de tel autre en- droit dont
on
pourra disposer, avec des claies qui servent ordinairementaux
parcsde moutons,
ou avec des planches,un
espace plus oumoins
considérable selon la récolte,
en
réservantun
passage poury
conduire , déposer et enlever ces racines àmesure de
la
consommation
;on
conçoitque
cet espaceest entouré
, tous les ans
, par les grains et les fourrages.
Pour
prolonger la durée despommes-de-
terre en substance au-delà
du
terme ordinaire,il existe encore
deux moyens
de conservation,n
^st utile de les présenter ici.Cinquième pratique.
Elle consiste à faire subir
aux pommes-
dc-terre, sans les laver, quelques bouillons dans
une
eauun peu
salée , ce qu’onnomme
vulgairement blanchir’
on
les pele eton
les<;oupe par tranches,
on
les expose au-dessus( 7 )
d'un four
de boulanger;
elles acquièrentalors la sécheresse , la solidité et la trans-
parence d'une corne , et peuvent se conserver
ainsi
pendant
des siècles sans s'altérer, quelque
soit l'endroit où elles seront mise»en
rëssrvie.
SixUmc
pratique.Elle concerne la nourriture des bestiaux.
Après
avoir lavé les pommes-de-îerre .on
les porte au pressoir
comme
lespommes
pour faire le cidre.
On
divise lemarc
parpetits pains
qu on
expose dansun
lienaéré ; Us y sechent aisément et servent avec avantage
pendant
tonte l’année àaugmenter
la subsistance des
animaux,
sans avoir besoin de recourir àaucune
autre préparation pouren
formerun
aliment.Septième pratique.
Un
derniermoyen
de perpétuer, déten- dre l’usage despommes-de-terre
, den
tirermême
parti lorsque quelques acctdensinopinés les rendent
peu
propres à servir de nourritureen
substance, cestd
extraireleur farine , fécule ou
amidon;
mais aloisil faut qu'elles
ne
soient ni cuite , ni séchées,A
4( 8 )
ra^ aîterëes jusqu a
un
certain point;chaque ménagé
peuten
faire saprovision au
moyen dune
râpe et d’un tamis.Une
livre de ces racinesen donne
depuisdeux
jusqu’à trois onces ; ellesen
fourmssent d’autantplus quelles ont été récoltées
sur des terrains éleves, légers, et
que
la saison n’a pas éta.trctp liumide.
Observation sur ces pratiques.
Tous
les autresmoyens de
conservation proposés et vantés doivent être absolumentlejettés, sur - tout celui qui prescrit de couper les pommes-de-terre par rouelles
,
de
les exposer ensuite sur des claiesà la
chaleur
du
soleil oudu
feu, et de les por-ter apres cela au.
moulin
pouren
faire dela farine.
Ce moyen
seroit, sans contredit, le plus Simple, le plus naturel et le plus expéditifpour
letemps
où lapomme-de-terre
nouséchappé
etdemande
à retourner à la terre ;mais les racines qui ont subi cette dessiccation
Jie saiiroicnt reprendre ni par la cuisson , ni par la païuficaLion, leur première saveur.
loujoLirs elles offrent
une
matièrede-
sagréable à la vue et au goût ,
qui
répugne
même
auxanimaux
qu’on voudroit contimuerde nourrir avec ces lacines.
li faut donc
que
ceux qui voiidroienten
avoir.en réserve ,
afm
de pouvoir attendrela prochaine récolte , fassent précéaer la dessiccation d’un
commencement
de cuisson,et cette opération simple
en
apparencene
sauroit c;iière convenir
qu
aux petitsmé-
na9;es.O
Pommes
-de-terre auxquelles il est survenudes accidens.
IMalgré les soins
de
la prévoyance la plusattentive pour garantir |usqn au piintems ÎCj
]>omnies-de-îerre de tout
événement
fâcheux,un
froid inopiné , excessif et durable , tel ,par
exemple
,que
celui de 1788 ;une
températuredouce
,humide
et continuecomme
celle de 1 hiver de t/^7 iune
saison tardive et des gelées blanches dès
le
commencement de
Fructidor ; tous cescontie-tems peuvent mettre
en
défaut lespratiques
de
conservation indiquées , etfaire perdre en
un
instant la ressourcede 1 hiver pour tout
un
canîcm. li estaonc
( 10 )
necessaire
de
faire connoître les usages aux- quels , clans ces diffdrens étals, ces racines
peuvent
encore êtreemployées
, sans aucnt.
...convenient
, pour la santé; rignorance e,
le^nt
de système ontdonné
des conseils^rfcles a cet egard , il est à propos
de
les«Jissiper par les
armes
de l'expérience.-^ommes-de-terre non mûres.
Lorsque
la végétation a été languissante etque
les gelées blanches ont debonne
Leure flétri le feuillage,les
pommes
-de-•erre depou,liées
, par cet accident , de la faculté d'attirer les
fluides essentiels à leur entier accroissement . restent
au point
de
maturité ou elles étoient alors.
L'examen
«.es pommes-de-terre
non mûres comparées
àcelles des
pommes-de-terre
qui ontparcouru sans
événement
le cercle de leur végétationne
présente d'autre différence ,, si ce n'est quelles fournissent moins d'amidon, qu'elles sont plus susceptibles
du
froid et de la ger- mination, qu'elles cuisent plus facilement
,
sont plus fades : toutes circonstances
qui dépendent
de la surabondance d'eauqu'elles contiennent
; maisellesjouissent déjà de t«mc.s leurs propnétes physiques et
économiques,
nouvelle preuve
que
lorganede
laùon
nest point la derniere opération de la naKire végétante.Pomvics-de-tene gelées.
Lorsque
cet accident est arrive ,au lieu d'abandonner les ponimes-de-terre , en
peu
encore
en
tirer lemême
parti qu avant lagelée ,
moyennant
l'emploi de qt.elqueSprécautions praticables par-tout.
Une
fois surprises par le Iroid ,leS
poinmes-de-terre doivent rester dans cet
état , autant
que
l’on peut ; etquand
ilS'agit de les
employer
, il fant , amesure
nuon
lesconsomme
. les mettre t.emperLns
l'eau la plus froidependant
quelquesheures ; elles reprennent , à
peu
de choseprès , leur saveur et consistance ordinaires , mais
aucun moyen
ne sauroitempêcher que
le principe de leur reproduction ne soit
détruit.
.
Dès que
la température s adoucit , les pommes-de-terre gelées se ramollissent;l'eau qui , dans l'état naturel , tient leurs parties écartées les unes des autres , s erl sépare, se rassemble
en masse
, ruisselé de, et
dlient
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dans les blancheset "e
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propres qu'à
jeter sur le fumier.
^
Pommcs-de-tene
fermées.
Si
. par négligence ou autrement
,
on
aatsse les
pommes-de-,erre
s'échauffer da,t le tas elles devieturent dures et filandreuses
iëtT’ -'goût
sauva-fro
Te T
''“'-'ration où se•roue
leur pulpe nourricière, ellesnom
rienA
( i3 )
pertlu de leur avantage pour îa plantation.
En
supposant toujoursde
grandes provi-sions de pommes'de-terre gerniëesà l
époque
encore éloignée de la plantation , il ne faut pas différer ,pourprévenirun
grand désordre,de
lesemployer
à la boulangerie et à 1 ami-donnerie.
On
arrête bien le travail de la germliiation,en
arrachant les ]eunes pousses,en
étendantles racines dans
rm
endroit sec et frais; alorson yeut
en
tirer particomme
alimentiusqu’au rt'tonrdu
priniems ; elles n’en sont pasmoins
projnes a la reproduction.Ohservarlon.j sur
Us
pommes-cle-terregdéâs
^
pcrniees ou non mûres.
O
I.e froid etla chaleur
humide
continus sont donc les plus piiissansennemis que
lespom-
més-de-terre aient 'î redouter.L’im leurenlevs
la faculté de se conserver etde se reproduire;
l’autre porté à
un
certain degré, lesmet
hors delat de servir de nourriture eu substance, sans peur cela les rendre moins propres à la végétation ; mais quels que soient lesmoyens
puüllespourramener
ces racines àleur premier- état, les resuhats ne sont jamais aussi parfaits.(
^
)L’emplüi le plus utile auquel il soit pos- sible de consacrerles pommes-d.e-terre gelées,
c’est de les faire entrer dans la composition
du
pain, après les avoir traitées ainsi qu’il a 6te
recommande. Ce
pain dont on pourroitfaire
en
avance plusieurs fournées, se tenant
frais long-tems sans se moisir,
pourvu
qu’onle place dans
un
endroit sec, offre
un
puis- santmoyen
de tirer parti d’une denrée qu’il faudroit nécessairement jetter, dès
que
ledégel l’auroit tout-à-fait pénétrée.
L’amour
des primeurs fait souventmanger
les pommes-de-terre avant qu’elles soient parfaitement
mures
, sansque
leur usage soit suivid
aucuns inconveniens. Cette circons- tance bien avérée, devroitempêcher de
pros-crire l’emploi
de
ces racines, sous le simple soupçon qu’alors elles peuvent,comme
les grains, devenir dangereuses à la santé.
Quant
auxpommes-de-terre germées
jus-qu’à
un
certain point , ellesne
sont plusbonnes que
pourla plantation. Ainsi, qu’elles soient gelées
,
germées ou non mûres,
ellespeuvent
encore offrir des ressources auxhommes
et aux animaux.On
seroit coupable( )
i\e cliercher à les en priver sur des cramtes puériles et
mal
fondées.1 I.
Usages des Pommes-de-terre.
Usage
des poinmes-de-terre pour l’homme.Moins une
denrée subit de préparationpour
l’usage auquel on la destine , plus elleréunit de points d’utilité.
Les
ponimes-dc-terre cuites
simplement
à la vapeurde
leati bouillante et assaisonnées de quelquesgrams de
sel, sont, par conséquent, la nourriturela plus
commode
, la pluséconomique
et la plus salutaire.La
nature paroît les avoir des-tinées à être
mangees
de cette manière. C’est ainsique
des nations entières s’en nourrissent.Elles offrent
un
aliment tout fait, etl’homme
des
champs
peut aller les déterrer àonze
heures , et se procurer à midiun
alimentcomparable
au paifi.Cuisson des pommes-de-terre.
L’unique moyen
de parvenir à operer îa cuisson despommes-dc-terre
sans rien dimi- nuerde
leur saveur et de leur consistance ,c’est
de
leur appliquer la vapeur deIca»
...
^ >bouabute. La
cuisson sous les cendres, ,lomie
mente
estconnu, ne
sauroit co-tvenirpour<!e grandes quantités.
En
lesabandonnant
comme
cela se pratique par-tout ,, à
grande
eau , dans des vases découverts, à toute la violence Jufeu, les
unessecrasenten
bouillie,les autres restentfermes
, mais toutes devien-
nent
fades et perdentleur caractère farineux, illautdonc
changerde méthode
, et préférer celle adoptée par les
marchands
de châtai- gnes bouillies.Toute
]îiarmite de fonte , toutchaudron
de cuivre est milepour
cette opération.Peu
importe le vase donton
se servira,
pourvu
quil sy
trouve trois à quatre pouces d’eaiique
lespommes-de-terre
,y
contenueseu
soient éloignées aussi
de quelques pouces, et
qu’il se trouve garni d’un couvercle qui ferme assez exactement pour s’opposer à l’échappe-
ment
de la vapeur de l’eau bmiillante.Un
grillage de fer ouun
simple clayon ouim
panier d’osier qui emreroitdans
une mar-
ïmte , àquelque
distancedu
fond et desparois
, suffiroient
, avec la précaution de fermer
exactement
la marmite. L’eau venantà se réduire en ébullition
, est refoulée surles
racines
( î; ) racines
) les baigne , les chauffede maniéré à déterminer la cuisson dans leur propre
humi”
dilé.Quand les pommes-de-terre sont cuites î
on
les retire aumoyen
dedeux
ansesd
osief attachées au reborddu
panier.Le déchet
léger qu’elles éprouvent
en
cuisant ainsi*tourne au profit de leur saveur, qui peut
augmenter en
exposant lespommes*de-terre
au feu surun
gril au sortir de la marmite.Lorsque
les pommes-de-terre ont été trai- tées suivant le procédé indiqué à la septiemt pratique de conservation, elles n’éprouvent 'aucunchangement
dans leur saveur et leurs aut»es propriétés economiques.Cette réduction sous
un
petit ycrlumcdonne
de plus l'avantage de conserver pendant long- tems le superflu de la provision dechaque
hiver
,
que
la germination détruiroit néces- sairement au retourdu
priiitems, de la serrer par-iout et de se procurer dans tous les lems de 1 année la ressource de ce légume.
Les pommes
-de-terre ainsi conservées reprennent bien leur mollesse et leur flexibi- lité , lorsqu’on a soin de les exposer àune
doucechahmr
dansun
vase bien couvert, avecun pqu
d’eau. Divisées so»s l’effortdu
pilonon
B
'( )
par î action des
meules
, onen
obtient encoreune poudre
jaunâtre semblable au saîep ^ dont«n
peut fairedesgruaux
et des potages; mais,il faut l’avouer, ces préparations ne sont pas
compensées
par l’iitilité des produits qui en résultent ; elles sont d’ailleurs impraticablesen
grand , et ne conviennent qu’aux petitsménages,
qui peuvent se livrer aux soins qu’elles exigent , etne
craignent pas ladépense
du
combustible etdu
tems qu’elles entraînent; il ne fautcependant
pas les négliger.Depuis
long-îems , c’estun
des gruaux les plus estimés par les Suisses et lesAllemands.
On
prépare l’amidondepomraes-
de-terre au gras
ou
aumaigre
, et la bouillie quien
provient , est légère , nourrissante etinfiniment préférableà celle de froment: elle peut servir tout à la fois d’aliment et de
remede
; elle coAvientaux
vieillards , aux enfans , aux malades etaux
convalescens ;elle
augmente
le lait aux nourriceset prévientle lait dont elles sont tourmentées : ce seroit
i
nc
mauvaiseéconomie
que de le faire entrer dans le pain , outre qu’il le rendroit pluscompact
et ]dus pesant.Ou
ne cessera de le répéter , c’est dans( 19 )
ieiir état naturel
que Ton
doitconsommer
lejpommes-de-terre.
Un peu
de beurre ,dé
graisse
, de lard ou d’huile , de la
crème
,du
lait,
du
miel suffit pouren
formeruu
excel-lent comestible ; mais le Cultivateur qui
en
a récoltéabondamment
,ne
doit pas se borner à chercher et à trouver dans ces racines labonne
chere ; elleslui offrent encore la facultéd’augmenter, de bonifier son pain,
de
faireune
épargne sur laconsommation
des grains,d’obtenir
en un mot
cette réunion davantagesinestimables détaillés ci-après ; il séroit inex- cusable de n’en point profiter.
.ProcédépourJaire le pain de pommes-de-tciTô mélangée
On
pourra juger de l’influenceque peuvent
avoir dansles
campagnes
les pommes-de-terre sousforme de
pain ,comme supplément
desgrains ou
comme
objet d économie, par 1 exé- cution soutenuedu
plocëdé suivant.C
est lemeilleur
que
doiventemployer
les citoyens qui cuisent à la maison ; car jusqu’à présent il paroît impraticable pour les boulangers , sur- tout pour ceux des grandescommunes
,‘à
vÆBse
du nombre
de leurs fournées , de leuri
)emplacement
toujours trop circonscrit, des
di/Ficuîiës extrêmes d’assimiler ce pain
,
pour
ie prix, à
aucun
autre pain, enfindu mode
de
police impossible à établir sur ce pointde commerce.
ManipnUtion.
Prenez
, par
exemple
, vingt-cinq livres de*
farine de fioment , de seigle ou ciorge
, suivant
1 usage etles ressources
du
canton; délayez-v,le soir, a la fin de la veiiloe
, le
morceau de
levain
de
la derniere fournée avec suffisam-ment
d’eauchaude
pouren
formerune
pâteextrêmement
femieque
tous couvrirez etque
vous laisserez dans le pétrin
pendant
toute la rmit ,comme
vous le faites pour le levain ordinaire.Le lendemain
matin, ayez vingt-cinq livres de pommes-de-terre préalablement cuites
;
mêlezdes
touteschaudes
au levain avecun
demi-quarteron de sel et assez d’eau pour le fondre; le
mélange
se fera par portions ,au
moyen
d’un rouleau de bois ; dès qu’il sera achevé, tournez siir-lc-diamp vos pains; ilsne
doivent pas etie de plus de quatre livres ; mettez-lcs sur couclics , etquand
ils auront atteint leur apprêt , enfournez-les , avec la( 21 )
précautica de chauffer
moins
le four etdy
laisser la pâte plus long-tems séjourner.
Il faudra avoir
une
livre de farine enviroapour manier
et sécher la pâte ; et cette farine réunie aux ratissuresdu
pétrin avec lemoins
<r«au possible , formera le levain de chef
pour
la fournée avenir.En
suivant exactement cette manipulation,«n
est assuré de réussir et d’obtenir le paiw.qui vient d’être décrit.
Observations sur et procédé.
Ce
procédé consistedonc
à n’employer lafarine, de quelques grains qu’elle provienne,
que
sous la forme de levain; a ymêler
les pommes-de-terre à parties égales , au sortirdu chaudron
; à les incorporer , aumoyea
d’un rouleau, sans avoir besoin
de
les peler etdu
concoursde l’eaupour
pétrir ; àdonner
aumélange une
grandeconsistance, à chauffer le fourmodérément
, à diviser la pâte et àne
l’enfourner
que quand
elle est parfaitement levée.En recommandant
dene
faire qlie des painsdu
poids de quatre livres , de tenir la pâteextrêmement
ferme etde
nvettreen
levain la.B
ç( 22 )
lotaîitG de la farijie destinoG à la fuiirndej c est
d
abord dans la vue de favoriser la cuisson dans l intérieur, qui se ressuieroit difficile-ment. Pourquoi le cultivateur est-il dans l’har
bitude de faire de plus grosses masses ?
C
estpour que
le pain se sechemoins
d’une fournée à 1 autre.Mais
si celui dont il s’agit, quelqu en
soit levolume
, conserye toujours sa fraîcheur, son objet sera rempli,A
1 egard de la consistance de la pâte , elle laperd
par 1additionde
lapomme-de-terre
quien
lui portant sa propre humidité la ramollit bientôt. O’esten
partie de cette con- ditionque dépend
le succès de la panification,
comme
ausside
1 étatde
levain qu’on luidonne
avant lemélangé
des racines.Rien n
est plus facileque
dediminuer
les proportionsde
pommes-de-terre ; mais l’éco-nomie
quien
résultene
vaut pas la peinede
s’en occuper.
On
pourroit plus difficilementi
augmenter
et la porter jusqu’auxdeux
tiersde
la farineemployée
, mais alors il faudroitque
ce fût avec le gruaude
fromentque
sefît le
mélange
: or,comme
le pain de-s habi- îans descampagnes
estrarement
de pur froment, qu’il entre toujours dans sa
compo-
( îS )
sition
du
seigle, seurentmême
de loi^e, qu’on n’exlrait de îa farine de ces graines qu’une partiedu
son , il s’ensuitque
la pâte seroir trop grasse, trop molle pour absorberla surabondance d’humidité contenue dansune
aussi grande quantité de pomnies-de-terre j
et qu’on n’obtiendroit
qu un
pain très-defec- tueux : il fautdonc
s’arrêter à la proportionde
parties égales. C’est la seule à Laquelle ilfaille se restreindre.
On
ponrroit, sans ciontc , peler les ponimos-f de-terre , mais ce travail niiiiutienx ,embar-
rassant et long pour de grandes fournées ,
n’est pas indispensablement nécessaire ; il
fait perdre d’ailleurs aux racines la chaleur qui fàrorise leur broiement, leur
mélange
au levain , et la fermentationde
la pâte;d
ail-leurs , àpeine cette
peau
qui n’est pas sensibleûu
goût , le devient-elle à la vue , et iln
es.résultera jamais la différence qu’il y a
du
pain blancau
pain bis ; car , la proportion deU
peau
à la pulpe dela racine n’est pas , à beau-coup
près, lameme que
celledu
sonaux
grains. C’est
un
simpleépiderme
dont à peine^«n
rencontre les vestiges.Au
reste, l’invitation aux cultivateurs d’in-( ^4 )
rodinre des pommes-de-ierre dans le paîn, a pourobjet deleur épargner toutce qui
pourroit embarrasser et nuire au succès
du
procédé et à le rapprocher de celui qu’ils suiventpour
préparer la base de leur nourriture, sans trop s occuper de blancheur et de légéreté
, pourvu
qu’il soit de
bonne
qualité, véritablement
economique
et très-susbtantiel. C’est là le but auquel doivent tendre toutes les recherchesen
ce genre.On
vient de publierun
autre procédéqui estplus gênant
que
celuique
nous conseillons»mais
que
nous croyons devoir rapportercomme
encore plus
économique. Ce
procédéque
leC. Costel a exécuté plusieurs fois
avec succès sur
un
demi-quintal demélange
, consiste à
former
, le soir,
un
levain avec le levainde
chef, la moitié des pommes-de-terre et de la farine destinées à la fournée, dans la proportion de dix livres de
pommes-de-terre
surseptlivres de farine, sans
y employer
d’eau, et à ajouter lelendemain
matain, à ce Içvain
, le
restant de la farine et des pommes-de-terre*
La
pâte qui en provient, étant divisée, tournée Pt suffisamment levée,
on
l’enfournecomme
à lordinaire.
‘( )
l\îaîs il ert nécessaire d’observer
que
ce procédé n’esî praticable qu’avec de lafarme
de froment ou tout au plusd
orge , parceque
la farine des autres grains avec lesquels
on
prépare égalementdu
pain plusou moins
défectueux , est naturellement trop grassepour
absorberlatotalité de l’eaucontenue dansune
aussi grande quantité de pommes-de-ierre,Alachine à faire La pâte.
On
désircroit proposerun moyen moins
pénible
que
n’est le rouleau, pour convertir la
pomme-de-terre
en pulpe , et la mêler aulevain. L'instrument dont se sert le vermicel"
lierpour faire ses pâtes
,
pourreitle remplacer ;
mais le C. Ivhistel a
annoncé,
dès 1767 ,une machine
plus expéditive encore pour broyer,peu
detemps
,«ne
grande quantité de ces racines , eten
faireune
pâte très-hne; en.yoici la description ;
Deux
cylindres de bois d’environun
piedde
diamètre et dedeux
de longueur , p osés iiorizontalement et parallèlement ,forment
cette
machine
jon
adapteune
manivelle à l’extrémité et au centre d’un desdeux
cylindres.
Un
ouvrier,en
tournant cette mani- velle, fait tourner le cylin dre auquel elle est( 26' )
ai.îaptée , et le
frottemem
qui résulté desa ïotation, fait tourner l’autre cylindre dans
un
sens opposé.
Une
espece de coffre enforme de
trémiede moulin
, mais plus longque
large,
est
suspendu
au-dessus, et entre les
deux
cylindres j cest dans cette espece de trémie, plus évaseeen
hautquen
bas, qu’onmet
successivement les pommes-de-terre cuites ; elles
tombent
entre lesdeux
cylindres àmesure que
se fait le broyemenr.Un
baquet,ou
tout autre réceptacle, placé dessous
,
que
Ion
a soin de vider de teins en teins, reçoit la pâte quitombe
continuellementen pulpe
très-hne.
Avantage du
pain de pommes-de-lerre mélangé.C
est particulièrement pour les fermiers environnés de terrains propres à la culture despommes-de-terre
et qui en ontamplement
récolté cette
année
, ayantbeaucoup de
gens etun
bétailnombreux
h nourrir,que
ces racines sous forme de pain procureront
une
foule d’avantages dont il suffira d’exposerles principaux.
Si le froment et le seigle
ensemble
ou( 27 )
séparément
donnent
d excellent painsans c]n il soit nécessàive d’y rien ajouter , il s en iant Lien que l’orge , 1 avoine , le saiasiu , se mais, le millet, les pois , les fèves, les vesces ,donc on prépare le pain dans les campr.gnes
de
plusieurscantons de la Republique, oiirentun
aussibon
aliment.Les pommes
-ae-teiraajoutées à parties égales à la
farme
c;e ces grains réduire à l'état de levain, y aupor- teroientdes cliaiigernens utiles , etrécoucmie
rpii pourra
en
résulter ,dépendra
au prixlocal des pommes-de-terre
comparé
à celui des grains que ces racines remplaceront; tousles calculs donnés à cet égard sont plus
ou moins
fautifs.Mais
voici où l’économie doitêtre singulièrement attentive : la
pomme-
cle-terre laisse à la farine de froment la qualité
que
la meilleure peut avoir; elle corrigemême
ledéfautqu
elle auroitcontracte, soit aumoulin
, soit au grenier ; elle tient,
pendant
huit jours aumoins que
dure l’inter- valle d’unefournée à l’autre, le pain aussi fraisque
quelques heures après qu’iî est tirédu
four; elle a de plus la propriété d’enlever à
la farine d’orge et à celle des antres grains