• Aucun résultat trouvé

Université de Liège

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Université de Liège "

Copied!
92
0
0

Texte intégral

(1)

Analyse de la communication intergénérationnelle chez les enfants de sept à douze ans

Auteur : Fickers, Elena

Promoteur(s) : Adam, Stephane

Faculté : þÿFaculté de Psychologie, Logopédie et Sciences de l Education

Diplôme : Master en sciences psychologiques, à finalité spécialisée en psychologie clinique Année académique : 2017-2018

URI/URL : http://hdl.handle.net/2268.2/5665

Avertissement à l'attention des usagers :

Tous les documents placés en accès ouvert sur le site le site MatheO sont protégés par le droit d'auteur. Conformément aux principes énoncés par la "Budapest Open Access Initiative"(BOAI, 2002), l'utilisateur du site peut lire, télécharger, copier, transmettre, imprimer, chercher ou faire un lien vers le texte intégral de ces documents, les disséquer pour les indexer, s'en servir de données pour un logiciel, ou s'en servir à toute autre fin légale (ou prévue par la réglementation relative au droit d'auteur). Toute utilisation du document à des fins commerciales est strictement interdite.

Par ailleurs, l'utilisateur s'engage à respecter les droits moraux de l'auteur, principalement le droit à l'intégrité de l'oeuvre et le droit de paternité et ce dans toute utilisation que l'utilisateur entreprend. Ainsi, à titre d'exemple, lorsqu'il reproduira un document par extrait ou dans son intégralité, l'utilisateur citera de manière complète les sources telles que

mentionnées ci-dessus. Toute utilisation non explicitement autorisée ci-avant (telle que par exemple, la modification du document ou son résumé) nécessite l'autorisation préalable et expresse des auteurs ou de leurs ayants droit.

(2)

Université de Liège

Faculté de Psychologie, de Logopédie et Sciences de l’Éducation

A

NALYSE DE LA COMMUNICATION INTERGENERATIONNELLE CHEZ LES ENFANTS DE SEPT A DOUZE ANS

Fickers Elena

Travail présenté en vue de l’obtention du titre de Master en Psychologie à finalité spécialisée en Psychologie clinque

Promoteur : Monsieur Adam Stéphane Lecteur et lectrice : Monsieur Schmitz Xavier Madame Geurten Marie

Année académique 2017-2018

(3)
(4)

REMERCIEMENTS ... - 1 -

INTRODUCTION ... - 2 -

1. L’ÂGISME ... -3-

1.1. Les conséquences de l’âgisme ... - 6 -

1.2. L’elderspeak ... - 13 -

1.3. Les origines et le développement de l’âgisme ... - 17 -

2. L’ÂGISME CHEZ LES ENFANTS ... -19-

2.1. La perception des personnes âgées ... - 19 -

2.2. Le développement de l’âgisme ... - 21 -

2.3. Le contact intergénérationnel et les interventions ... - 23 -

3. RÉSUMÉ ... -27-

HYPOTHESES DE RECHERCHE ... - 29 -

ANALYSE PERSONNELLE ... -29-

3.1. Adaptations de l’attitude verbale en fonction de l’âge de l’interlocuteur ... - 29 -

3.2. Adaptations langagières en fonction de l’âge de l’enfant ... - 31 -

3.3. Adaptations dans l’attitude verbale en fonction du sexe de l’enfant ... - 31 -

3.4. Adaptations dans l’attitude verbale en fonction de la vision du vieillissement ... - 31 -

ANALYSE PAR LES JUGES EXTERNES ... -32-

METHODOLOGIE ... - 33 -

1) ÉTUDE DE BASE (FLAMION ET AL., IN PREPARATION) ... -33-

Exemple d’un enregistrement ... - 34 -

2) ANALYSE PERSONNELLE ... -35-

3) ANALYSE PAR DES JUGES EXTERNES ... -36-

Procédure ... - 36 -

4) SUJETS ... -37-

Les enfants ... - 37 -

Les juges ... - 37 -

RESULTATS ... - 38 -

1. ANALYSE PERSONNELLE ... -38-

1.1. Adaptations langagières en fonction de l’âge de l’interlocuteur dans l’échantillon total ... - 41 -

1.2. Adaptation de l’attitude verbale en fonction de l’âge de l’enfant ... - 42 -

1.3. Adaptation de l’attitude verbale en fonction du sexe de l’enfant ... - 43 -

1.4. Adaptation de l’attitude verbale en fonction de la vision du vieillissement ... - 46 -

2. ANALYSE PAR DES JUGES EXTERNES ... -64-

3. EFFET DORDRE ÂGE ... -65-

(5)

ÉCHANTILLON TOTAL ... -67-

AGE ... -70-

SEXE ... -71-

ANALYSE PAR LES JUGES EXTERNES ... -72-

LIMITES ... -73-

CONCLUSION ... -74-

BIBLIOGRAPHIE ... - 76 -

RÉSUMÉ ... - 87 -

(6)

R EMERCIEMENTS

La réalisation de ce mémoire a été possible grâce à l’aide de plusieurs personnes auxquelles je voudrais témoigner toute ma reconnaissance.

Tout d’abord, je voudrais remercier le promoteur de ce mémoire, Monsieur Adam Stéphane, de pouvoir réaliser ce travail dans l’Unité de Psychologique de la Sénescence, pour son aide et le temps qu’il m’ait consacré.

Je désire également adresser toute ma gratitude à Madame Flamion Alisson pour sa supervision tout au long de la rédaction de ce travail, sa disponibilité, et ses judicieux conseils, qui ont contribué à ma réflexion.

Ensuite, je tiens à remercier Monsieur Didone Vincent, Assistant en Psychostatistique Descriptive et Inférentielle à l’Université de Liège, pour l’aide et la patience qu’il m’a fournie ainsi que pour la qualité de ses conseils.

Je souhaite remercier particulièrement Madame Volkova Alessia pour s’être investi sur différentes parties de ce travail, pour son avis critique et dernièrement pour le soutien émotionnel.

Dernièrement, je voudrais exprimer un grand merci à ma famille et mon copain, pour leur amour, leurs conseils, ainsi que leur soutien inconditionnel. De la même manière, j’adresse également mes remerciements les plus sincères à toutes les personnes que je n’ai pas citées, mais qui ont contribué au bon déroulement de ce travail.

(7)

I NTRODUCTION

L’âge est une des premières, et la plus importante dimension utilisée depuis le plus jeune âge pour organiser la perception d’autrui (Brown, 2010). La catégorisation fondée sur les caractéristiques de l’âge commence dès l’enfance et les enfants sont capables d’identifier une personne âgée sur base de son apparence et de ses caractéristiques vocales. La catégorisation basée sur l’âge a attiré une grande attention des chercheurs, étant donné qu’elle évoque les stéréotypes liés à l’âge et l’impact que ceux-ci peuvent avoir sur l’interaction humaine. Les interactions entre la population jeune et la population âgée gagnent en importance puisque l’Organisation Mondiale de la Santé estime que la proportion de la population mondiale de plus de 60 ans doublera entre 2000 et 2050 et que le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus augmentera de 605 millions à deux milliards (“OMS | Faits marquants sur le vieillissement,”

n.d.). Le 1er janvier 2016, l’espérance de vie en Belgique était en moyenne de 77 ans pour les hommes et de 82 ans pour les femmes. La population de personnes âgées de plus de 64 ans a été estimée à 2 062 561 personnes.

Le vieillissement constant de la population accentue la nécessité de comprendre la façon dont l’âge est perçu à travers les générations. Le nombre de personnes âgées accroît constamment, et ces personnes vont nécessiter l’aide de la jeunesse plus qu’avant. De plus, la population jeune doit se préparer elle-même au vieillissement. Étant donné que la catégorisation basée sur l’âge apparaît dès l’enfance, cette période a été privilégiée dans cette recherche, dans le but d’étudier l’expression de cette catégorisation et d’en connaître l’étendue dans les interactions humaines.

(8)

1. L’âgisme

L’âgisme est un concept clé dans le domaine de la catégorisation basée sur l’âge et va constituer une notion importante tout au long de ce travail. La définition de l’âgisme a été créée par Butler en 1975. Il définit ce concept comme « un processus par lequel des personnes sont stéréotypées et discriminées en raison de leur âge et qui s’apparente à celui du racisme et du sexisme (Butler, 1975). Actuellement, la notion de l’âgisme est utilisée dans plusieurs contextes. Pour clarifier ce concept, il est désormais important de prendre en compte ses différentes composantes. Dans la littérature, les auteurs distinguent la composante cognitive, affective et comportementale. Les stéréotypes, qui font partie de la composante cognitive, sont les croyances et connaissances par rapport à un groupe particulier. La composante affective, qui regroupe les préjudices, inclut l’évaluation et les sentiments positifs ou négatifs envers un stimuli. La composante comportementale qui s’observe à travers la discrimination, est la disposition ou une impulsion de se comporter d’une certaine manière face à une cible particulière (Nicolaj Iversen et al., 2009).

Les stéréotypes liés à l’âge sont multidimensionnels, et la littérature suggère que les trois composantes (cognitive, affective et comportementale) de l’âgisme peuvent s’exprimer de façon négative, mais également positive. Nicolaj Iversen et al. (2009) citent des exemples de l’âgisme positif. Ainsi, les stéréotypes positifs peuvent se rapporter à la sagesse des personnes âgées, qui augmente au fur et à mesure des années d’expérience de vie. Certaines personnes estiment que l’individu peut devenir plus heureux et plus sociable avec l’âge et ont, dès lors, une attitude positive face au vieillissement. De plus, les personnes âgées sont souvent décrites comme étant affectueuses et aimables. D’un autre côté, l’âge peut être associé au déclin cognitif et physique, et les personnes âgées sont considérées comme étant seules, inactives, malades, fragiles et déprimées (Swift et al., 2013) et comme ayant des troubles de la marche et des troubles auditifs (Montepare & Zebrowitz, 2002). Ces stéréotypes et croyances liés aux personnes âgées, induisent une distinction « eux/nous » qui est un phénomène qui a été largement étudié en psychologie sociale. La distinction « eux/nous » crée un « endogroupe » (ingroup) et un « exogroupe » (outgroup). L’endogroupe est constitué de personnes auxquelles l’individu tend à s’identifier et avec qu’il considère avoir des caractéristiques communes.

L’exogroupe, par contre, constitue le groupe auquel l’individu ne s’identifie pas, étant donné qu’il le considère comme différent du groupe auquel il appartient. L’âgisme génère la création de deux groupes – personnes jeunes, personnes âgées, conduisant à la création de stéréotypes par rapport à l’exogroupe.

(9)

Fiske, Cuddy, Glick et Xu (2002) ont proposé un modèle pour mieux comprendre la nature complexe et parfois ambivalente de ces stéréotypes. Ainsi, le Stereotype Content Model (SCM;

Fiske, Cuddy, Glick & Xu, 2002) propose que les stéréotypes associés au groupe des personnes âgées peuvent s’organiser sur base de deux sous dimensions : la chaleur et la compétence. La chaleur est composée de traits comme la gentillesse, la convivialité et la fiabilité. Tandis que la compétence se base sur des caractéristiques comme l’habileté, la confiance et l’intelligence. Le modèle décrit différentes combinaisons de ces dimensions et propose quatre catégories de stéréotypes. Deux de ces catégories sont cohérentes et classiques (élevé/élevé, bas/bas) tandis que les autres sont mixtes et ambivalents (élevé/bas, bas/élevé) (John, 2013).

COMPETENCE

CHALEUR

Élevé Bas

Élevé Admiration Stéréotypes paternalistes

Bas Stéréotypes envieux Stéréotypes méprisants

Cuddy, Norton et Fiske (2005) ont démontré que généralement et de manière classique, l’endogroupe est évalué positivement par rapport à ces deux dimensions, c’est-à-dire comme étant chaleureux et compétent. Tandis que l’exogroupe est généralement considéré de manière négative, comme étant incompétent et antipathique. L’évaluation de l’exogroupe peut également être mixte. L’exogroupe est alors évalué comme étant chaleureux mais incompétent ou comme étant compétent mais antipathique. L’évaluation mixte s’applique aux personnes âgées qui sont alors perçues comme étant chaleureuses mais peu compétentes, conduisant à des stéréotypes paternalistes.

John (2013) s’est basé sur ces deux dimensions pour étudier l’âgisme dans différents groupes d’âge. Il a démontré que le groupe des adolescents, adultes et personnes âgées attribuaient des scores élevés pour la chaleur et des scores moins élevés pour la compétence au groupe des enfants, ce qui démontre la présence de stéréotypes paternalistes. D’un autre côté, les adultes sont considérés comme étant plus compétents que chaleureux par les autres groupes d’âge. Ils sont généralement respectés mais ils sont également considérés comme étant peu sympathiques et l’auteur parlera donc des stéréotypes envieux.

(10)

Les adolescents sont admirés par tous les autres groupes d’âge et constituent ainsi l’objet d’admiration générale. Ils sont considérés comme étant chaleureux et compétents, ce qui peut être mis en lien avec le biais en faveur de la jeunesse (« pro-youth bias ») (Hummert et al., 2002). Dans cette étude, les personnes âgées sont évaluées comme étant à la fois peu chaleureuses et peu compétentes. Les stéréotypes méprisants ont dès lors été mis en évidence face à ce groupe d’âge. Cette évaluation négative des personnes âgées a été largement déterminée par les évaluations données par les enfants. Les adolescents ont des attitudes paternalistes et donc des stéréotypes moins négatifs envers le groupe des personnes âgées.

Vauclair et al. (2017) considèrent que les croyances stéréotypées négatives se centrent sur les caractéristiques physiques et cognitives, qui sont supposées être diminuées chez les personnes âgées. Tandis que les caractéristiques interpersonnelles sont perçues plus positivement, comme par exemple la gentillesse. Ceci suggère que l’âge est évalué de manière ambivalente au long de ces deux dimensions de compétence et de chaleur. Ainsi, les changements physiques liés à l’âge (la marche altérée, l’audition et la vision diminuées, etc.) sont généralement associés à la perte de compétence. Ce mélange des stéréotypes permet de comprendre les attitudes spécifiques et la discrimination face à certains groupes.

La discrimination qui résulte de ces stéréotypes et attitudes trouve son expression à différents niveaux. McGowan (1996, cité par Nicolaj Iversen et al., 2009) suggère que l’âgisme peut s’exprimer au niveau « micro », dans les relations interpersonnelles ou au niveau « macro » où la discrimination est institutionnelle. Au niveau institutionnel l’âgisme négatif crée un système dans lequel le groupe des personnes âgées est discriminé et exclu du pouvoir et de l’influence.

La discrimination positive (ou bienveillante) par contre, est le résultat des stéréotypes et attitudes positives face aux personnes âgées et s’exprime par le fait que certaines faveurs sont accordées à ce groupe. Le niveau « méso », le réseau social, joue un rôle crucial dans les relations entre le niveau « micro » et « macro ».

L’European Social Survey (ESS) démontre qu’en 2008-2009, 34,5% des personnes interrogées indiquaient qu’elles ont déjà été victimes de discriminations à cause de leur âge. En comparaison, 24% reportaient la même expérience à cause de leur sexe et 16% pour l’ethnicité (Ayalon, 2014). En outre, dans tous les pays de l’ESS, l’âgisme se présentait sous une forme subtile, comme par exemple un manque de respect, de l’ignorance ou des comportements condescendants (Abrams, 2010).

(11)

Abrams (2010) indique que la discrimination basée sur l’âge est fréquemment observée dans les contextes dans lesquels il y a exclusion ou interdiction d’accès à un produit, un service ou un traitement pour les personnes âgées. La discrimination dans ces domaines peut être directe ou indirecte. Ainsi, il s’agit d’une discrimination directe lorsqu’une personne traite autrui de manière défavorable à cause de son âge. Tandis que la discrimination indirecte indique qu’une coutume, une politique, une pratique ou procédure établie et partagée par le groupe met une personne en désavantage à cause de son âge (Centre for Policy on Ageing (CPA), 2009 cité par Swift et al., 2017). La perception de cette discrimination constitue un facteur de risque psychosocial et altère le bien-être subjectif, ainsi que l’état de santé subjectif (Swift et al., 2017).

1.1. Les conséquences de l’âgisme

La discrimination liée à l’âge, qu’elle soit bienveillante ou hostile, constitue donc un important facteur de risque psycho-social lequel augmente la probabilité de mauvaise santé chez les personnes âgées (Vauclair et al., 2015). Nous expliquerons les mécanismes sous-jacents à travers lesquels l’âgisme exerce son influence, notamment l’internalisation des stéréotypes et leur menace pour la population âgée.

L’influence de l’âgisme s’exprime dans de nombreux domaines de la vie de tous les jours et peut ainsi impacter le vieillissement actif. Afin d’explorer cette influence, Swift, Abrams, Lamont, et Drury (2017) ont créé le « Risk of Ageism Model » (RAM). Les auteurs se basent sur la définition du vieillissement actif de l’Organisation Mondiale de la Santé qui indique que

« vieillir en restant actif est le processus consistant à optimiser les possibilités de bonne santé, de participation et de sécurité afin d’accroître la qualité de la vie pendant la vieillesse » (OMS, 2002, p.12). Ainsi, le terme « actif » désigne-t-il une implication constante dans les activités économiques, sociales, spirituelles, culturelles et citoyennes, et non pas uniquement l’aptitude à la seule activité physique et ou à l’emploi (OMS, 2002, p.12). L’âgisme exerce son influence sur le vieillissement actif à travers trois voies qui sont l’internalisation des stéréotypes, la menace du stéréotype et le vécu de l’âgisme.

(12)

1.1.1. L’internalisation des stéréotypes

Les personnes développent d’abord les stéréotypes par rapport aux exogroupes. N’étant pas personnellement concernées les personnes ne ressentent pas forcément le besoin de s’en défendre. Par conséquent, en ce qui concerne les stéréotypes basés sur l’âge, ils sont d’abord fortement intégrés avant de devenir pertinents pour la personne elle-même.

En comparaison à d’autres formes de discrimination comme, par exemple le sexisme, le racisme, etc., l’âgisme a la particularité d’être inévitable et toutes les personnes peuvent alors devenir membre de l’exogroupe et par conséquent, la cible des stéréotypes, des préjudices et de la discrimination. Ainsi, l’âgisme est un stéréotype qui se retourne contre soi-même au cours du temps et qui atteint potentiellement chaque personne au cours de la vie. Les stéréotypes et croyances associés à l’âge s’auto-réalisent de façon inconsciente par des comportements et décisions qui sont en lien avec ces stéréotypes. Si les personnes considèrent que le vieillissement entraine inévitablement l’inactivité et la maladie, elles sont moins enclines à rechercher de l’activité physique, des activités qui augmenteraient leur satisfaction ou sont moins motivées à mettre en place un mode de vie sain ou à rechercher des soins médicaux. La littérature démontre que l’internalisation des stéréotypes peut prédire les facteurs influençant le bien-être et la santé, comme par exemple la satisfaction dans la vie (Kornadt & Rothermund, 2011 ; Mock & Eibach, 2010), la santé physique et la performance (Levy, Slade & Kasl, 2002a ; Sargent-Cox, Anstey, & Luszcz, 2012), l’activité physique (Sarkisian, Prohaska, Wong, Hirsch,

& Mangion, 2005) et la mortalité (Kotter-Grühn, Kleinspehn-Ammerlahn, Gerstorf, & Smith, 2009 ; Levy, Slade, Kunkel, & Kasl, 2002b). Les personnes âgées peuvent parfois même avoir des attitudes plus négatives envers l’âge que les jeunes adultes (Hummert, Garstka, O’Brien, Greenwald, & Mellott, 2002). Par exemple, les personnes âgées sont plus enclines à accepter les affirmations agistes négatives comme « les personnes âgées sont un fardeau pour la société » (Kruse & Schmitt, 2006).

1.1.2. La menace du stéréotype

La menace du stéréotype se réfère à la menace qu’une personne peut vivre lorsqu’elle se trouve dans une situation qui la met à risque de confirmer un stéréotype négatif associé à son groupe d’appartenance. Les mécanismes sous-jacents affaiblissent la performance de la personne et augmentent la probabilité que la personne se comporte conformément au stéréotype négatif (Swift et al., 2017).

(13)

La menace du stéréotype atteint surtout les personnes pour lesquelles les stéréotypes sont devenus auto-pertinents, qui reconnaissent qu’elles sont membres du groupe stigmatisé et les personnes qui sont conscientes du stéréotype rattaché à ce groupe. La menace constitue une atteinte à l’identité de la personne en mettant en question la valeur et la singularité du groupe auquel elle appartient. Elle réduit différents aspects du fonctionnement cognitif, comme la mémoire et les capacités intellectuelles. Fernández-Ballesteros, Bustillos et Huici (2015) ont effectué une étude dans laquelle les participants étaient âgés de 55 à 78 ans et étaient aléatoirement répartis en trois groupes. Un groupe recevait une information négative avant une épreuve mnésique. Plus précisément, l’information négative était présentée sous forme d’un extrait relatant que les personnes âgées obtenaient généralement de moins bons résultats au test de mémoire. Un autre groupe recevait une information positive, c’est-à-dire que dans cette condition la tâche était introduite par un extrait qui indiquait que les personnes âgées reçoivent généralement de bons résultats aux tâches de mémoire lorsqu’elles sont très motivées et que la tâche leur est familière. Le groupe contrôle participait uniquement à la tâche et ne recevait aucune information supplémentaire. En outre, les auteurs ont rajouté une mesure de la perception du vieillissement. Les résultats de cette étude indiquent que les personnes âgées se trouvant dans la condition « négative » avaient les scores les plus bas en performance mnésique.

Ceci était d’autant plus vrai lorsque les personnes âgées obtenaient un score bas pour la perception du vieillissement. En d’autres termes, plus les personnes âgées avaient une perception négative du processus de vieillissement, plus elles obtenaient un score bas dans la tâche. Dans la condition « positive » dans laquelle les stéréotypes positifs avaient été activés, les résultats montrent que même les personnes âgées avec une vision négative du vieillissement obtenaient de meilleurs résultats que le groupe contrôle.

1.1.3. Le vécu de l’âgisme et les conséquences sur le vieillissement actif

Les croyances associant l’âge au déclin sont les croyances les plus robustes et sont activées dans la cognition le plus rapidement (Hummert, 1999). Comme déjà mentionné auparavant, les personnes âgées sont généralement considérées comme étant incapables d’apprendre des nouvelles tâches, comme moins productives ou créatives, plus fragiles et malades, dépendantes, isolées de la société et constituant un fardeau pour la famille et la société (Swift et al. 2017).

(14)

Cette perception des personnes âgées restreint leurs possibilités dans de nombreux domaines de la vie. L’OMS donne ainsi six séries de variables qui ont un impact sur le vieillissement actif et qui sont particulièrement pertinentes pour les personnes âgées.

Ces six déterminants sont :

▪ les facteurs économiques (les revenus, la protection sociale, le travail,…)

▪ les facteurs sanitaires et sociaux (la promotion de la santé et la prévention des maladies, les services curatifs, les soins de longue durée,…)

▪ les facteurs comportementaux (la consommation de tabac ou d’alcool, l’alimentation saine, l’activité physique, la santé bucco-dentaire, la médication,…)

▪ les facteurs personnels (la biologie et la génétique, les facteurs psychologiques, l’éducation, l’alphabétisme,…)

▪ les facteurs tenant à l’environnement social (le soutien social, la violence et la maltraitance,…)

▪ les facteurs tenant à l’environnement physique (le milieu physique, un logement sûr, un air non pollué et une nourriture saine,…)

Ces six déterminants influenceraient les trois aspects clés du vieillissement actif. Il s’agit de l’autonomie, la liberté de choix et le contrôle perçu. En outre, ces aspects concernent l’indépendance, la capacité à réaliser des actions liées à la vie de tous les jours de façon indépendante, et dernièrement, la qualité de vie. L’âgisme et les attitudes négatives envers l’âge auraient comme conséquence une réduction de l’autonomie, de l’indépendance et de la qualité de vie dans chaque domaine cité.

a. Les facteurs économiques du vieillissement

L’âgisme affecte les travailleurs âgés au niveau organisationnel et interpersonnel.

Premièrement, les travailleurs âgés sont défavorisés à travers le montant de la retraite insuffisant, et à travers l’internalisation des stéréotypes et la menace du stéréotype. Les stéréotypes positifs (comme la fiabilité, la loyauté, etc.) ont souvent moins d’influence sur la manière de laquelle les travailleurs âgés sont perçus que les stéréotypes négatifs (comme par exemple, la moindre productivité, le manque d’énergie et de flexibilité, de motivation et de connaissances en technologie) (Abrams, Swift, & Drury, 2016 ; Finkelstein, Ryan, & King, 2013 ; Posthuma & Campion, 2008). Par conséquent, les personnes âgées sont jugées moins favorablement dans les entretiens et évaluations professionnelles (Posthuma & Campion, 2008).

(15)

En outre, elles sont exclues des équipes ou du personnel, et ont moins de facilités pour participer à des formations. Dans ce contexte de travail, les situations d’épreuve peuvent être fréquentes et augmentent la vulnérabilité de la personne âgée à la menace du stéréotype.

D’un autre côté, l’âgisme perçu peut avoir comme conséquence la décision de quitter l’entreprise ou de se retirer du marché du travail, étant donné que les travailleurs ne se sentent pas reconnus et n’ont pas la possibilité d’évoluer dans leur travail (Thorsen et al., 2012).

b. Les facteurs sanitaires et sociaux du vieillissement

Les stéréotypes négatifs, tenus par les professionnels des soins de santé, ont également de nombreuses conséquences sur l’état de santé des personnes âgées. Malheureusement, les stéréotypes négatifs, selon lesquels les personnes âgées sont fragiles, malades ou dépendantes sont confirmés et donc renforcés dans le contexte médical et hospitalier. Par conséquent les recherches montrent que d’un côté, les personnes âgées ne sont pas suffisamment traitées puisque les affections médicales sont attribuées à l’âge. Ainsi, les plaintes des patients âgés le plus souvent sous-évaluées sont la douleur, la fatigue et les troubles cognitifs. La dépression et l’anxiété peuvent être non-diagnostiquées et non-traitées si elles sont erronément mises en lien avec le vieillissement. D’un autre côté, les recherches démontrent également un

« sur-traitement » dû à l’usage excessif des tests de dépistage, d’interventions chirurgicales, etc., qui peuvent parfois même avoir des conséquences négatives pour les patients âgés (Ouchida & Lachs, 2015). Pour éviter le « sur- ou sous-traitement », la communication entre le patient et les soignants est d’une grande importance. Pourtant, les études indiquent que les professionnels de la santé communiquent différemment avec les patients âgés qu’avec les patients plus jeunes. Green et al. (1986) ont démontré que les médecins mettaient en place une meilleure prise en charge, une anamnèse plus approfondie et des soins de meilleure qualité face aux jeunes patients. Tandis qu’ils montraient moins de patience et étaient moins engagés et réactifs avec les patients âgés. De plus, les médecins répondaient moins aux problèmes reportés par les personnes âgées. Swift et al. (2017) indiquent que pour les mêmes symptômes, le diagnostic peut être différent en fonction de l’âge et que pour un même diagnostic les traitements administrés ne sont pas les mêmes pour un jeune patient ou pour un patient âgé. La qualité de contact entre les patients et les soignants se généralise aux contacts que les soignants peuvent avoir avec les personnes âgées en société. Ainsi, les soignants qui ont des contacts de mauvaise qualité avec les patients, ont des attitudes plus négatives envers d’autres adultes âgés.

(16)

c. Les facteurs comportementaux du vieillissement

Il a été démontré que l’adoption d’un style de vie sain et l’activité physique peuvent améliorer le processus du vieillissement, augmenter l’espérance et la qualité de vie. Les études démontrent néanmoins que les personnes avec une perception négative du vieillissement mettent moins de comportements sains en place et s’engagent moins dans les activités physiques. Les stéréotypes liés à l’âge entrainent également certains mythes selon lesquels il serait trop tard d’adopter un style de vie sain, lorsque la personne a déjà un certain âge et que le déclin lié à l’âge est inévitable (Erber & Szuchman, 2014). Marques Lima, Abrams, et Swift (2014) ont démontré que simplement déclencher les stéréotypes négatifs lié à l’âge suffit pour diminuer la motivation des personnes âgées pour une vie plus longue, et par conséquent leur envie de vivre. Plus spécifiquement, elles recherchent moins les soins de santé, l’activité physique, ou des traitements améliorant leur santé. En outre, la menace du stéréotype entraine un évitement d’activités et tâches physiques, suite à la crainte des personnes âgées de confirmer les stéréotypes négatifs liés à la performance et à la compétence.

d. Les facteurs personnels du vieillissement

Les facteurs personnels regroupent la biologie, la génétique et les facteurs psychologiques (mémoire, intelligence et la capacité cognitive). La littérature démontre que l’âgisme affecte également ces facteurs, et ceci surtout à travers la menace du stéréotype et l’internalisation des stéréotypes. Une étude longitudinale de Robertson, King-Kallimanis, & Kenny (2016) a démontré que les attitudes négatives envers l’âge peuvent conduire à un déclin cognitif plus important, en comparaison au vieillissement cognitif des patients ayant une vision positive du vieillissement. De plus, les patients souffrants de la maladie d’Alzheimer peuvent être conscients de leurs déficits dans les stades précoces de la maladie, ce qui peut susciter de l’auto- stéréotypisation et renforcer la menace du stéréotype. De la même manière, elles peuvent alors avoir tendance à éviter les situations embarrassantes ou même humiliantes (Scholl & Sabat, 2008). D’autres recherches supposent en outre un lien entre les attitudes face au vieillissement et la génétique et la biologie. Ainsi, Levy et al. (2016) ont effectué une étude longitudinale afin d’évaluer le lien entre ces attitudes et les biomarqueurs de la maladie d’Alzheimer. Les résultats de cette étude ont démontré que chez les participants qui avaient des stéréotypes négatifs face à l’âge, la diminution du volume hippocampique était plus accentuée que chez les personnes ayant des stéréotypes positifs. Cette diminution était trois fois plus importante que chez les personnes détenant des stéréotypes positifs.

(17)

De plus, le score composite de plaques amyloïdes et d’enchevêtrements neurofibrillaires est plus important chez les personnes ayant des stéréotypes négatifs.

e. Les facteurs liés à l’environnement social du vieillissement

L’environnement social constitue une importante ressource et un important support pour les personnes âgées. L’exclusion de la société ou le manque de ce support social est un facteur de risque pour le vieillissement actif et augmente la détresse psychologique, la dépression et la mortalité (Holt-Lundstad, Smith, & Layton, 2010). Ainsi, l’étendue du réseau social et la qualité des contacts sociaux influence le sentiment d’appartenance et les opportunités d’interaction des personnes âgées. L’âgisme et la menace du stéréotype peuvent interférer avec la recherche des contacts sociaux et l’intégration dans les groupes sociaux et entrainer de la solitude. La pire des conséquences que l’âgisme peut avoir est la déshumanisation, qui peut alors mener à l’abus des personnes âgées (l’abus physique, la négligence, l’abus émotionnel et psychologique et l’exploitation des personnes âgées).

f. Les facteurs liés à l’environnement physique du vieillissement

Même si l’environnement physique joue un rôle intermédiaire dans le vieillissement actif, il garde toute son importance. L’âgisme peut se traduire indirectement par des environnement, lieux publics, etc., qui ne sont pas accueillants pour les personnes âgées parce que ces environnements ne prennent pas en compte les besoins spécifiques des personnes âgées et ne donnent pas les possibilités pour un vieillissement actif. Les jeunes créateurs (ingénieurs, architectes, etc.) pourraient créer des environnements dédiés aux personnes âgées, qui sont remplis de stéréotypes et qui seront rejetés par les personnes âgées. Imaginons les escaliers devant l’entrée d’un bâtiment que tout le monde doit prendre pour y avoir accès. Par contre, ces escaliers désavantagent les personnes âgées lorsque celles-ci ont des problèmes à la marche ou ne sont plus capables de prendre l’escalier (Swift et al., 2017). Lorsque la personne âgée est confrontée régulièrement à un environnement physique qui ne lui permet pas de se sentir en sécurité (de ne pas tomber, de ne pas se blesser, etc.) ou qui contient même des barrières physiques, elle a plus tendance à se retirer et de rester chez elle. L’isolement, la dépression, le manque d’activité physique, les problèmes de mobilité, etc. en sont la conséquence. Le vécu des personnes âgées est souvent façonné par l’environnement social et physique, sur lequel les personnes âgées n’ont que peu de contrôle (Robinson & Howatson-Jones, 2014).

(18)

1.1.4. Conclusion

L’âgisme est un processus de discrimination et de stéréotypisation des personnes âgées. Ce processus est constitué de trois composantes : la composante cognitive (les stéréotypes), la composante comportementale (la discrimination) et la composante affective (les préjudices).

Les stéréotypes liés aux personnes âgées varient sur deux dimensions, la chaleur et la compétence. Ainsi, les personnes âgées sont évaluées comme ayant un haut niveau sur la dimension de la chaleur mais un niveau bas sur la dimension de la compétence. Par conséquent, les stéréotypes positifs liés aux personnes âgées se basent sur l’expérience qu’elles ont de la vie, la sagesse, la douceur et la bienveillance. Tandis que l’incompétence, le manque de flexibilité, la dépendance, le déclin cognitif, etc. font partie des stéréotypes négatifs. Les conséquences de l’âgisme s’expriment à travers trois processus : l’internalisation des stéréotypes, la menace du stéréotype et le vécu de l’âgisme. Ces conséquences ont une influence sur tous les facteurs qui devraient contribuer à un vieillissement actif tel qu’il a été défini par l’Organisation Mondiale de la Santé.

1.2. L’elderspeak

1.2.1. Définition et conséquences

Dans la pyramide des besoins de Maslow (1954), les interactions humaines font partie du besoin d’affiliation et constituent un besoin fondamental et essentiel pour le bien-être de l’homme. Les stéréotypes liés à l’âge sont à la base de multiples phénomènes âgistes dans les interactions humaines et la communication est également influencée par ces attitudes âgistes. Les paroles condescendantes, qui peuvent également être appelées « elderspeak » font partie de l’expression comportementale de l’âgisme. L’elderspeak est comparable au langage enfantin ou « baby talk », avec une augmentation exagérée de la hauteur de la voix, une diminution de la vitesse d’élocution et une simplification de l’information transmise. Les caractéristiques de l’elderspeak ont été étudiées à travers différentes études. Ainsi, l’intonation, l’accent, l’articulation, la hauteur et l’amplitude de la voix sont exagérés, les mots sont plus courts et le vocabulaire plus simple et limité. Les pronoms sont souvent utilisés au pluriel en s’adressant à la personne âgé (par exemple : « sommes-nous prêts pour prendre nos médicaments ? ») et certaines questions (« tag questions ») laissent sous-entendre que la personne est incapable de choisir ou de faire un geste par elle-même.

(19)

Ces « tag questions » résultent d’une modification d’un énoncé déclaratif ou impératif par l’addition d’un « n’est-ce pas ? », par exemple (Kemper, 1994). Dans la même mesure, les diminutifs, c’est-à-dire l’utilisation de termes nominaux enfantins ou affectueux comme par exemple « chérie », « cœur », etc., renforcent l’attitude âgiste. En outre, les répétitions et reformulations sont fréquentes et la politesse est exagérée. La complexité syntaxique est réduite de sorte que les phrases contiennent moins de propositions et sont moins longues (Samuelsson, Adolfsson, & Persson, 2013). Cette simplification du langage se base sur la conception qu’avec l’âge et le déclin cognitif, la personne âgée serait moins compétente pour participer efficacement aux échanges linguistiques.

Le « Communication Predicament of Aging Model » qui a été introduit par Ryan et al. (1986) indique que les modifications de la parole renforcent les comportements stéréotypés et restreignent les occasions d’avoir une conversation satisfaisante. Dans la Figure 1, Ryan et al.

(1995) suggèrent que le « Communication Predicament of Aging Model » débute lorsque les signes de l’âge sont reconnus et pris en compte. Ces signes peuvent inclure les caractéristiques physiques (les caractéristiques faciales, la posture, etc.), les aides au déplacement (les cannes, etc.), les rôles sociaux (les grands-parents, les personnes à la retraite, etc.) et le contexte de la rencontre (les maisons de retraite, hôpital, etc.). Le modèle part également du principe que les signes de l’âge suscitent surtout des stéréotypes négatifs comme la dépendance, l’instabilité émotionnelle, le déclin cognitif et la déficience auditive. Les attentes négatives et les perceptions subjectives associant l’âge au déclin donnent souvent lieu à des ajustements comportementaux et linguistiques inadéquats. Ces ajustements transmettent alors un sentiment de perte de contrôle, d’impuissance et d’une diminution de compétence, ce qui constitue une menace pour l’estime de soi et l’identité sociale. Les personnes âgées s’autoévaluent plus négativement et mettent en avant plus de problèmes expressifs et réceptifs au niveau du langage.

Par conséquent, l’elderspeak renforce la dépendance, l’isolement et la dépression des personnes âgées, ce qui accentue le déclin physique, cognitif et fonctionnel (Williams et al., 2003). Le cercle vicieux qui en résulte limite davantage les occasions pour une communication satisfaisante et signifiante, l’obtention d’informations nécessaires et le maintien d’une certaine indépendance. A long terme, la récurrence de ce cercle vicieux cause « une spirale du déclin » avec des conséquences sérieuses pour la santé, le fonctionnement et la satisfaction émotionnelle (Ryan et al., 1995).

(20)

Figure 1: Figure 1. Features and functions of patronizing communication within the Communication Predicament of Aging Model. Reprinted from Ryan, E. B., Hummert, M. L., & Boich, L. H. (1995). Communication Predicaments of Aging:

Patronizing Behavior toward Older Adults. Journal of Language and Social Psychology, 14(1-2), p.147.

https://doi.org/10.1177/0261927X95141008

Une autre conséquence psychologique importante de l’elderspeak est la création d’une image de la personne âgée comme étant incompétente, dépendante, fâchée, malheureuse et insatisfaite (Balsis & Carpenter, 2006). Cette image négative de la personne âgée est véhiculée non seulement aux personnes qui s’adressent directement à la personne âgée, mais également aux observateurs. Plus précisément, les recherches ont démontré que les personnes recevant un discours condescendant étaient évaluées comme moins compétentes par des observateurs externes, que les destinataires d’une communication neutre (Kennaley et al., 1994 cité par Ryan et al., 1995). Par conséquent, les personnes âgées souffrent non seulement du manque de respect qui leur est adressé, mais également de l’image d’elles qui est transmise aux personnes qui pourraient potentiellement s’engager dans une conversation avec elles. Pour les observateurs plus jeunes, l’elderspeak pourrait renforcer les aspects négatifs du vieillissement, maintenir les attentes négatives par rapport à la compétence des personnes âgées et mener à l’évitement des interactions intergénérationnelles.

(21)

1.2.2. L’elderspeak institutionnel

La qualité et la fréquence des interactions sociales des personnes âgées qui nécessitent une prise en charge dans une institution ou qui sont confinées chez elles, dépendent largement des interactions qu’elles ont avec les professionnels de la santé. L’influence positive de la communication entre les soignants et les personnes âgées a été démontrée par les études qui indiquent que les personnes âgées répondent mieux aux soins médicaux et ont une espérance de vie plus élevée lorsqu’elles ont bénéficié de relations interpersonnelles avec l’équipe soignante (Kiely et al., 2000). Malheureusement, l’elderspeak est régulièrement utilisé par les soignants et annule le bénéfice des relations interpersonnelles. L’équipe soignante pourrait inconsciemment renforcer la dépendance, l’isolement et la dépression des résidents, contribuant ainsi à la spirale du déclin.

Les caractéristiques spécifiques de l’elderspeak en institution sont notamment l’utilisation inappropriée des diminutifs, des pronoms pluriels, des tag questions et les paroles lentes et retentissantes. Williams et al. (2003) ont identifié trois dimensions dans la tonalité émotionnelle des paroles adressées aux résidents : la bienveillance (chaleureux, soutenant et bienveillant), le respect (poli, respectueux et condescendant) et le contrôle (dominant, contrôlant, autoritaire).

L’elderspeak transmet essentiellement un manque de respect. En 2004, Williams et al. ont créé trois catégories de discours sur base des trois dimensions identifiées auparavant. Ainsi, le

« discours directif » se caractérise par un niveau élevé de contrôle, avec peu de reconnaissance de l’autonomie de l’auditeur et peu de bienveillance. Ce déséquilibre entre le contrôle et la bienveillance pourrait être en lien avec les attributions de travail. Le discours directif est alors utilisé lorsque le personnel soignant travaille sous pression (Hummert et al., 1998). Le discours

« excessivement maternant » se caractérise par un niveau élevé de bienveillance, peu de contrôle et une intimité déplacée. Ce discours excessivement bienveillant peut être une tentative des soignants d’adoucir leur communication. En revanche, la majorité des adultes préfèrent un

« discours affirmatif » avec un équilibre entre le contrôle et la bienveillance, indiquant que l’auditeur est compétent et indépendant. Généralement, les personnes âgées préfèrent que les soignants ne s’adressent pas à eux en utilisant l’elderspeak, indépendamment du niveau cognitif du patient ou du nombre d’années que le patient a passé en institution (La Tourette & Meeks, 2000). Le discours directif et le discours excessivement maternant font partie des types de parole qui pourraient être confondus avec les paroles adressées à un enfant, et donc de l’elderspeak. Les soignants qui utilisent l’elderspeak sont considérés par les personnes âgées comme étant condescendants, dominants, et moins respectueux.

(22)

L’utilisation de l’elderspeak interfère avec l’autonomie et l’estime de soi de la personne âgée, et peut provoquer une accentuation de ses comportements de dépendance (Ryan, Bourhis, &

Knops, 1991). Les soignants qui deviennent conscients de l’influence de leur discours réduisent l’utilisation de l’elderspeak, accentuant ainsi l’efficacité de leur discours et des relations interpersonnelles.

Le « Communication Predicament of Aging Model » indique que l’elderspeak est suscité par les signes du vieillissement et les stéréotypes portant sur la compétence des personnes âgées.

Selon cette théorie, les personnes âgées qui se trouvent dans un contexte qui renforce les stéréotypes, comme par exemple, dans une maison de retraite, devraient recevoir plus d’elderspeak. Les recherches confirment que l’utilisation de l’elderspeak est plus fréquente chez les personnes qui ont un handicap physique ou mental apparent (Hummert, 1994, Kemper, Finter-Urczyk, Ferrell, Harden, & Billington, 1998). Kemper (1994) a néanmoins démontré que l’elderspeak est utilisé autant pour les personnes âgées vivant en milieu communautaire que pour les personnes institutionnalisées, pour les personnes démentes et non-démentes et autant par les volontaires que par les soignants. En conclusion, Kemper (1994) et Kemper, Othick, Warren, Gubarchuk et Gerhing (1996) concluent que la perception de l’âge est le seul indice qui suscite l’elderspeak.

1.3. Les origines et le développement de l’âgisme

La littérature propose plusieurs hypothèses concernant les origines de l’âgisme. D’une part, le développement de l’âgisme va être expliqué par la théorie de la modernisation qui se base sur l’économie, la capitalisation et les rôles sociaux. D’autres auteurs vont partir d’un point de vue psycho-social à travers la théorie de l’identité sociale et de l’auto-catégorisation.

L’apprentissage social joue également un rôle important dans le développement et le maintien des stéréotypes. Dès lors, pour comprendre les origines et le développement de l’âgisme, différentes théories et points de vue vont être employés.

Selon la « théorie de la modernisation », les économies modernes et capitalistes ont marginalisé les personnes âgées en forçant les retraites et, par conséquent, l’oisiveté. Les personnes âgées ont ainsi perdu leur statut économique et social et ont accepté la supposition selon laquelle elles ne contribuent que peu à la société (Macnicol, 2006) et à l’économie (Robinson & Howatson- Jones, 2014).

(23)

En outre, les personnes de septante ans et plus, sont considérées comme ayant un statut social bas et comme étant un « fardeau » pour les services de soins de santé (Robinson & Howatson- Jones, 2014). L’évolution et les changements dans la société, marqués par les événements historiques, auraient créé une société âgiste.

Cette société âgiste influence également les enfants, leurs opinions et pensées (Vauclair et al., 2017). D’un point de vue psychosocial, les enfants se focalisent sur leur propre groupe social et conceptualisent l’autre groupe sur base des différences par rapport à leur propre groupe.

La « théorie de l’identité sociale » (Tajfel & Turner, 1979) postule que les personnes construisent leur identité et estime d’elles-mêmes en se considérant comme membre d’un groupe désirable. Cette considération cause une comparaison biaisée avec d’autres groupes, les exogroupes. Ainsi, le groupe des jeunes personnes tend à se distinguer positivement des autres groupes d’âge, en s’attribuant un meilleur statut et des valeurs caractéristiques des jeunes personnes (Tajfel & Turner, 1979). Plus précisément, la « théorie de l’auto-catégorisation » suggère que l’âge est utilisé afin de se distinguer d’autrui. Les limites qui sont établies par l’âge permettent d’organiser les attentes par rapport à autrui et de distinguer les personnes qui partagent, ou non, des intérêts, points de vue et identités communs. (Turner, Hogg, Oakes, Reicher, & Wetherell, 1987). Les attentes par rapport à l’autre groupe sont souvent basées sur des présupposés qui peuvent être stéréotypés.

Selon la « théorie de l’apprentissage social » (Bandura, 1977), le contenu des stéréotypes nous est également appris par autrui, c’est-à-dire des autres membres du groupe, et à travers la socialisation. John (2013) indique que l’âge a une pertinence différente en fonction de la tranche d’âge et que l’âgisme peut être plus marqué à certaines étapes de la vie. D’une part, la littérature suggère que les attitudes âgistes pourraient s’intensifier lorsque les personnes vieillissent et sont à la limite de devenir membre de la catégorie « âgé ». L’angoisse du vieillissement, qui en résulte, a été définit par Lasher et Faulkender (1993) comme les préoccupations liées à l’anticipation des pertes causées par le vieillissement. Plus précisément, l’angoisse est suscitée par l’anticipation de la perte de l’indépendance, des amis proches, des membres de la famille, de la santé physique et mentale et finalement, de l’existence. D’autre part, des études suggèrent que des attitudes négatives envers les personnes âgées peuvent se développer précocement, suite à l’influence des stéréotypes des parents, des médias et des changements dans les structures familiales (John, 2013).

(24)

John (2013) confirme ces hypothèses et démontre que les personnes âgées ont été évaluées négativement par les adultes et par les enfants, et qu’uniquement les adolescents évaluaient les personnes âgées de manière positive. Il faut également noter que les personnes âgées n’ont pas tendance à se défendre des stéréotypes négatifs de leur propre groupe que ce soit en s’autoévaluant plus positivement, ou en dévaluant excessivement les autres groupes. Les personnes âgées ne montrent dès lors pas de préférence exagérée pour leur propre groupe. Dans cette étude de John (2013) l’évaluation la plus négative des personnes âgées a été faite par le groupe des enfants qui les plaçaient à un niveau bas de chaleur et de compétence.

2. L’âgisme chez les enfants

2.1. La perception des personnes âgées

Selon Brown (2010) l’âge est une des premières et la plus importante des dimensions que les enfants utilisent pour organiser leur perception d’autrui. A partir de 60 ans, la majorité des enfants considèrent les personnes comme étant « âgées » (Davidovic, Djordjevic, Erceg, Despotovic, & Milosevic, 2007; Lichtenstein et al., 2005). Les jeunes enfants de quatre ans sont capables d’identifier et de classer ces personnes sur base des signes du vieillissement, comme par exemple, les caractéristiques faciales (les rides, cheveux blancs, etc.), les caractéristiques vocales et la taille (Montepare & Zebrowitz, 2004). En répondant à des questions ouvertes, la plupart des jeunes enfants se basent sur l’apparence physique pour décrire la personne âgée et c’est également sur ces caractéristiques que se basent leurs stéréotypes. Ainsi, les enfants pensent aux rides, cheveux gris, dentiers, la détérioration des os, de la posture, de l’audition, de la vue, de l’odorat et de la mobilité (Page, Olivas, Driver, & Driver, 1981). Les études dans lesquelles les chercheurs ont demandé aux enfants de décrire les aspects psychologiques et comportementaux des personnes âgées, la description était souvent négative et connotée par des mots comme la sénilité, la perte de la mémoire et de la concentration, l’impatience, l’incapacité de gérer le stress et de rester dans l’air du temps (Goldman & Goldman, 1981). Les enfants de 10 ans et plus prennent davantage en compte les attributs psychologiques et comportementaux des personnes âgées. Respectivement, par exemple, « les personnes âgées sont gentilles, radines, … », « les personnes âgées sont tristes, seules, … ») (Dobrosky &

Bishop, 1986). Cette observation peut être mis en lien avec le développement cognitif des enfants (Hoe & Davidson, 2002).

(25)

Les méthodes d’évaluation indirecte démontrent que les enfants expriment l’âgisme en s’asseyant plus loin de la personne âgée, en effectuant moins de contacts visuels, en s’exprimant avec moins de mots, en entamant moins souvent une conversation, et ils font moins appel à l’aide ou à la vérification avec la personne âgée, en comparaison à la personne jeune (Isaacs &

Bearison, 1986 ; Kwong See et al., 2012).

Les études plus récentes, avec des méthodes de recherche diverses, produisent des résultats plus positifs. Les personnes âgées sont décrites comme ayant le temps pour apprendre aux enfants et pour lire des histoires, comme étant sages, patientes, sympathiques et gentilles (Goldman, 1981 ; Ivey, 2001 ; Lichtenstein et al., 2003). Gilbert et Ricketts (2008) ont trouvé dans une revue de la littérature que les enfants ont généralement une vision positive d’une personne âgée spécifique ou particulière et une vision plus négative des personnes âgées en tant que groupe.

Les études qui examinent l’attitude des enfants face aux personnes âgées qui leur sont familières, démontrent également des résultats plus positifs. Les grands parents sont souvent décrits comme gentils, ils parlent aux enfants, jouent avec eux et ils rigolent ensemble (Robinson et al., 2014). L’état de santé des personnes âgées qui entourent les enfants constitue un facteur important dans la construction des stéréotypes face aux personnes âgées.

Généralement, les enfants emploient des concepts qui sont liés à la perte pour décrire la santé des personnes âgées. Par exemple, ils mettent en avant un corps usé, de la fatigue, les maladies du cœur et de poumons et la perte d’amis (Goldman, 1981). Lichtenstein (2003) a néanmoins démontré que les descriptions des personnes âgées se basent souvent sur la faiblesse et la fragilité et moins sur les conditions médicales. Il faut également noter que la vision des personnes âgées est plus négative lorsque les enfants sont face à des personnes qui souffrent d’une maladie qui cause des changements dans la personnalité. Par conséquent, les enfants ayant des grands-parents souffrants de la maladie d’Alzheimer, ont des perceptions plus négatives des grands-parents en général, même s’ils peuvent avoir une vision positive des personnes âgées en général. Flamion et al. (2017) ont récemment démontré que l’état de santé des grands-parents était positivement corrélé au niveau d’âgisme. Les enfants qui indiquaient que leurs grands-parents avaient une très bonne santé donnaient des mots plus positifs liés au vieillissement, avaient un score moins élevé pour l’âgisme et évaluaient les personnes âgées plus favorablement.

(26)

En résumé, la perception que les enfants ont des personnes âgées peut changer en fonction de différents facteurs comme par exemple la qualité de contact et la santé des personnes âgées familières à l’enfant, mais également en fonction du développement cognitif de l’enfant. Gilbert et Ricketts (2008) ont démontré que la perception des personnes âgées peut changer au cours de l’enfance et du développement de l’enfant, et que les stéréotypes sur les personnes âgées évoluent de la même manière.

2.2. Le développement de l’âgisme

A l’âge de trois à quatre ans, les enfants sont généralement capables de distinguer différents individus. Les enfants de cet âge sont particulièrement doués pour distinguer les personnes sur base du sexe et de l’origine ethnique. Ces distinctions peuvent déjà être connotées positivement ou négativement (Stevenson & Stewart, 1958). La catégorisation sociale débute ainsi précocement dans l’enfance. Les enfants se forment une image des groupes et classes sociales en observant les différences intergroupes et répondent ensuite différemment aux membres de ces différents groupes. L’évaluation des classes sociales et les associations entre différentes classes se font sur base des images qui sont véhiculées par les personnes significatives pour l’enfant, comme par exemple les parents ou les frères et sœurs. Ensuite les enfants comprennent que certains attributs (le sexe, etc.) sont irréversibles, tandis que d’autres peuvent évoluer au cours de la vie, comme par exemple l’âge (Isaacs & Bearison, 1986). Dans le domaine de l’âge, la littérature démontre que les enfants jeunes de quatre ans peuvent déjà avoir des sentiments négatifs envers les personnes âgées, en associant le déclin cognitif et physique au vieillissement (Gilbert & Ricketts, 2008; Montepare et Zebrowitz, 2002). La littérature propose plusieurs théories qui tentent d’expliquer le développement des stéréotypes au cours de l’enfance. Ces théories prennent en compte plusieurs facteurs comme le développement cognitif, l’environnement social et familial de l’enfant.

Ainsi, la théorie du développement cognitif postule que les stéréotypes émergent et évoluent lorsque les enfants mûrissent cognitivement. Sani, Bennett, Agostini, Malucchi et Ferguson (2000) ont démontré que les enfants jeunes perçoivent les membres d’un groupe sur base des caractéristiques individuelles. Par exemple comme étant sympathiques, gentils, etc. Plus tard, ils se centrent plus sur les valeurs et croyances qu’ils partagent avec les membres de ce groupe.

Certaines études indiquent que les stéréotypes sont moins fréquents lorsque les enfants atteignent le stade des opérations concrètes de Piaget (entre six et onze ans), puisque de multiples catégorisations sont alors possibles (Bigler & Liben, 1993).

(27)

L’environnement familial et social doivent également être considérés dans le développement d’un enfant. Ainsi, la théorie de l’apprentissage social (Bandura, 1977) se base sur le rôle de cet apprentissage dans le développement des préjugés et stéréotypes. Ainsi, Allport (1979) a démontré que les jeunes enfants apprennent principalement de leur famille et de la société et élaborent leurs attitudes sur base de cet apprentissage. Plus spécifiquement, les enfants deviennent sensibles aux pensées et sentiments d’autrui, s’identifient à cet autrui et essaient d’obtenir l’approbation de ceux à qui ils s’identifient. De la même manière, les attitudes et stéréotypes négatifs envers l’âge trouvent leur début précocement dans la vie, lorsque l’enfant commence à prendre en compte les points de vue familiaux et sociaux. A travers l’interaction avec une société âgiste, les jeunes enfants peuvent alors être exposés aux effets nuisibles de l’âgisme. Ces facteurs sociaux semblent avoir plus d’influence sur les enfants plus âgés que sur les jeunes enfants (Branch & Newcombe, 1986). En outre, les filles auraient une vision plus positive des personnes âgées que les garçons (Flamion, Missoten, Marquet & Adam, 2017).

Même si la théorie du développement cognitif et la théorie de l’apprentissage fournissent des explications différentes pour comprendre les stéréotypes chez les enfants, elles peuvent néanmoins être complémentaires. La « developmental intergroup theory » indique que les stéréotypes sont issus de l’interaction entre les processus cognitifs et les facteurs sociaux (Bigler

& Liben, 2007). Ainsi, la théorie postule que la réceptivité des enfants change en fonction du développent de leurs capacités cognitives, et ils peuvent par conséquent être plus influencés par la société à certaines étapes de leur vie. De la même manière, les contextes sociaux et culturels peuvent influencer le développement cognitif, étant donné qu’ils sont ancrés dans la vie de tous les jours. Lineweaver et al. (2017) confirment que les facteurs du développement cognitif, ainsi que les facteurs associés à l’apprentissage social contribuent probablement à la formation des stéréotypes. Les auteurs démontrent que les enfants jeunes ont plus tendance à penser que les personnes âgées sont toutes similaires, tandis que les enfants plus âgés ont tendance à reconnaître la variabilité des traits de personnalité chez les personnes âgées. Les enfants de six à sept ans ont ainsi des scores significativement plus élevés pour l’échelle des stéréotypes que les enfants de neuf à dix ans. Ces derniers ont également des scores plus élevés que les enfants de dix à onze ans. Ensuite, les auteurs reportent que les enfants de dix à quatorze ans décrivent les personnes âges comme ayant simultanément des traits positifs et négatifs, tandis que les enfants de six à dix ans étaient moins équilibrés dans leurs opinions. Finalement, ces résultats renforcent l’hypothèse selon laquelle le développement cognitif des enfants diminue leur tendance à stéréotyper les personnes âgées et contribue à l’élaboration de ces stéréotypes.

(28)

Cette même étude fournit des résultats qui indiquent que les stéréotypes des enfants plus âgés ressemblent plus à ceux de leurs parents et leurs pairs spécifiques que les stéréotypes des enfants plus jeunes. Plus précisément, l’étude démontre que les stéréotypes des enfants de six à sept ans ne sont pas significativement corrélés à ceux de leurs parents. Par contre, ces corrélations sont significatives pour les enfants de neuf à dix ans et les enfants de treize à quatorze ans ont les corrélations les plus élevées. Dès lors, les auteurs concluent que l’influence des parents et des pairs est d’autant plus importante chez les enfants plus âgés.

Les auteurs ont également démontré que les stéréotypes des enfants face aux personnes âgées sont largement positifs, et ils continuent en suggérant que les stéréotypes sont devenus plus positifs au cours du temps. La prévalence des stéréotypes positifs a également déjà été démontrée dans d’autres études (Robinson et al., 2015) et peut être expliquée par la variété de méthodologies utilisées. Ainsi, Montepare et Zebrowitz (2002) ont démontré que les études dans lesquelles les enfants devaient comparer les adultes âgées aux jeunes adultes reportaient plus d’attitudes négatives que les études dans lesquelles les enfants évaluaient uniquement le groupe des personnes âgées sans faire de comparaison. En outre, si les grands-parents sont pris comme référence pour l’âge, les attitudes semblent également être plus positives. De même, Robinson et Howatson (2014) citent le changement des valeurs sociales comme autre explication à la diminution des attitudes âgistes chez les enfants. Finalement, le contact intergénérationnel est un facteur important à prendre en compte dans l’étude des stéréotypes chez les enfants.

2.3. Le contact intergénérationnel et les interventions

Pour les enfants, les grands-parents sont souvent les personnes âgées qui leur sont les plus familières et connues. Les grands-parents sont les personnes qui apprennent le plus de choses aux enfants par rapport au vieillissement. En d’autres termes, ils sont les représentants du vieillissement. Les parents jouent un rôle médiateur entre les enfants et les grands-parents, et par conséquent, les attitudes des enfants sont également façonnées par le comportement de leurs parents. Chez les pré-adolescents, une relation proche avec les grands-parents est souvent associée aux attitudes positives face au propre vieillissement et cette relation est souvent généralisée à toutes les relations avec d’autres personnes âgées. En outre, la qualité des relations avec les personnes âgées est souvent prédictive des opinions que les enfants ont des personnes âgées en général (Bales, 2002 cité par Robinson & Howatson, 2014).

(29)

Certains chercheurs se sont également demandé si la fréquence des contacts intergénérationnels joue un rôle dans la création et le maintien des stéréotypes. Néanmoins, les recherches montrent que c’est avant tout la qualité de la relation et la familiarité que les enfants partagent avec la personne âgée qui sont des facteurs clés dans le développement des stéréotypes. Les enfants préfèrent interagir avec les membres de la famille, plus qu’avec des personnes inconnues et ils font des évaluations plus positives des personnes qui leurs sont familières (Lichtenstein et al., 2005). Les enfants qui n’ont que peu de contacts intergénérationnels peuvent être entravés dans leur capacité à créer des attitudes positives envers les personnes âgées (Fillmer, 1984). Ces enfants sont plus susceptibles d’avoir des stéréotypes et des idées erronées par rapport aux personnes âgées et au vieillissement. Les attitudes âgistes qui ont été développées tôt dans la vie peuvent directement impacter la capacité à développer le concept de soi, d’accepter leur propre vieillissement et de gérer les défis (Rich, Myrick, & Campbell, 1983). Ces attitudes vont également influencer la façon dont une personne traite une personne âgée au cours de l’adolescence ou en étant adulte (Trent, Glass, & Crockett, 1979). En d’autres termes, l’âgisme pourrait influencer la manière dont un enfant prend en charge un parent qui vieillit.

Le développement des attitudes équilibrées entre les jeunes et les personnes âgées dépend donc des possibilités d’avoir des interactions intergénérationnelles et de la qualité de ces interactions.

Toutefois, certaines études démontrent que les structures sociales (les écoles, lieux de travail, etc.) restreignent les contacts entre les enfants et les personnes âgées (Hagestad & Uhlenberg, 2005). Pour intervenir, les programmes intergénérationnels se basent sur ces facteurs et impliquent des activités communes, partagées dans des dispositifs multigénérationnels, afin de réduire l’âgisme chez les enfants (Heyman, Gutheil & White-Ryan, 2011).

Actuellement, les interventions intergénérationnelles sont de plusieurs types et catégories.

Ainsi, il existe des dispositifs dans lesquels les personnes âgées rendent service aux enfants et les soutiennent, des dispositifs dans lesquels ce sont les enfants qui soutiennent les personnes âgées, ou encore, les personnes âgées et les jeunes enfants collaborent pour rendre service à la communauté, ou ils partagent ensemble une même activité (Cohen-Mansfield & Jensen, 2017).

Les stéréotypes liés à l’âge débutent précocement et les interventions doivent, par conséquence, cibler ce stade précoce de la vie, dans le but de contrebalancer les influences sociales.

Références

Documents relatifs

Nous avons amélioré notre pratique quotidienne, depuis mai 2010, en impliquant plus les médecins, qui doivent absolument s’approprier cette notion de repérage gériatrique :

2) Recopie les mots dans le texte, dans l’ordre des étapes de la vie :. adulte adolescent ²personne âgée ²bébé

La formation approfondie de psychiatrie de la personne âgée a été validée comme sous-spécialité de la psychiatrie adulte par la chambre médicale suisse, avec une entrée en

Pour ce faire, la thérapie de résolution de problème de groupe constitue un format particulièrement pertinent en psychiatrie de la personne âgée car elle permet de bénéficier des

Par con- séquent les personnes âgées devraient accorder la préférence aux aliments peu caloriques mais riches en vitamines, en sels minéraux, en substances végé-

Pour McCrae et Costa [55], les personnes avec un faible niveau de ce que l’on qualifiait autrefois de « neuroticisme », donc sans grande tendance à ressentir des émotions néga-

Conclusion Valproate and atypical antipsychotics (Olanzapine and Clozapine) regulate SH-SY5Y cell proliferation and survival, activate the Akt/GSK-3β axis, and stimulate gene

Sans négliger les facteurs sociaux et, en par- ticulier la problématique de l’isolement social, le médecin de première ligne peut jouer un rôle significatif dans le processus