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Submitted on 1 Jan 1991
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Contamination butyrique du lait de vache : étude dans
les exploitations de Haute-Loire (1)
J.B. Coulon, M. Varignier, D. Darne
To cite this version:
J.B.
COULON, M. VARIGNIER D. DARNEINRA Laboratoire de la Lactation
et de
l’Elevage
des RuminantsTheix - 63122
Saint-Genès-Champanelle
*
Lycée
Agricole
de Bonnefont t43100 Brioude
Contamination
butyrique
du
lait de vache :
étude dans les
exploitations
de
Haute-Loire
(1)
La
présence d’ensilage
d’herbe dans la
ration
est unfacteur
prépondérant
de
contamination
butyrique
du
lait.
Des
précautions
lors de la distribution
de
l’ensilage
et
unehygiène
de
traite
rigoureuse
permettent
de diminuer
le nombre de
spores
butyriques
dans le lait
mais
de
façon
encoresouvent
insuffisante..
Laprésence
de sporesbutyriques
en nombreélevé dans le lait peut avoir des
conséquences
catastrophiques
sur la fabricationfromagère,
enparticulier lorsqu’il
s’agit
de patespressées
cuites(Baraton
1985).
Lecycle
de la contamina-tion du lait par les sporesbutyriques
dansl’ex-ploitation
est pourtant bien connu, de mêmeque la nécessité pour le rompre
d’appliquer
certaines
règles
à chacune de sesétapes
(récolte
desfourrages,
conservation,hygiène
des locaux et de la
traite...) (FNPL
et ITG 1982 ;Baraton
1985).
Maisl’application
de cesrègles
resteparfois
difficile.Pour tenter de remédier à ce
problème,
uneaction
conjointe regroupant
laRecherche,
leDéveloppement,
l’Enseignement
et lesTrans-formateurs a été mise en
place
en 1987 dans ledépartement
de la Haute-Loire. Dans unpre-mier temps, une
enquête
a été réalisée chez 145éleveurs du
département
utilisant del’ensilage
d’herbe enquantité
plus
ou moinsimportante
(Coulon
et Lilas1988).
Elle a confirmé le rôleprépondérant
de cet aliment sur lacontamina-tion
butyrique
deslaits,
ainsi quel’importance
des facteurs
d’hygiène.
Elle a aussi montré que très peud’exploitations appliquaient
l’ensem-ble des
précautions
nécessaires à l’obtentiond’un lait peu contaminé en spores
butyriques.
A la suite de cette
enquête,
des observations etdes mesures
détaillées,
concernantessentielle-ment la
qualité
desensilages,
ont été réaliséespendant
2 annéesconsécutives,
dans 19exploi-tations
présentant
des niveaux de contamina-tion du laitparticulièrement
élevés.L’objectif
de cette étude a donc été depréciser
lespoints
faibles de chacune de ces
exploitations,
afin depermettre
une amélioration et d’en faire unoutil de
développement
pour l’ensemble des éleveurs dudépartement.
Conduite de l’étude
Les 19
exploitations enquêtées
étaient situées à une altitude moyenne de 900 m(550
à1 200
m), disposaient
en moyenne de 41 vaches(24
à80)
de race Pie-Noire(12)
ouMontbé-liarde
(7),
etproduisaient
en moyenne 160 0001/an
(65 000
à422 000 1).
Les silos utilisésétaient de type couloir
(10)
outaupinière (9).
Entre octobre 1988 et
juin
1990, l’évolution mensuelle(moyenne
des 3prélèvements
effec-tués
chaque
mois par leslaiteries)
de lacompo-sition
chimique
du lait(taux butyreux
etprotéi-que),
du nombre de cellules et du nombre despores
butyriques (uniquement
au cours desmois d’octobre à
mai)
a été relevée.Parallèle-ment, des
prélèvements
de bouses ont étéeffec-tués tous les mois dans chacune des ces
exploi-tations, sur
lesquels
les sporesbutyriques
ontété dénombrées.
Enfin,
pourchaque
silod’herbe
utilisé,
4prélèvements
ont été réalisés(2
enpériphérie,
2 au centre dusilo).
Surcha-(1)
Cette étude a fait l’objet d’un soutien financier duFIDAR.
Résumé
Un suivi
précis
de la contaminationbutyrique
desensilages,
des bouses et du laita été réalisé 2 années consécutives dans 19
exploitations
dudépartement
de la Haute-Loire utilisant des rations à based’ensilage
d’herbe etprésentant
des laits fortement contaminés en sporesbutyriques.
Une liaison étroite a été observéeentre les teneurs en spores des
ensilages
et des bouses d’unepart
et entre celles des bouses et du lait d’autrepart.
C’est d’abord en réduisant la contaminationdes
ensilages
que l’on diminuera celle dulait,
même si despratiques
de tri descun de ces
prélèvements
le nombre de sporesbutyriques
a été déterminé(dénombrement
parla méthode de culture en milieu
liquide,
selonles recommandations du CNERNA
(1986).
Lacomposition
chimique,
laqualité
deconserva-tion et la valeur nutritive de chacun des
ensi-lages
utilisés ont par ailleurs été déterminées.Résultats
En moyenne dans les 19exploitations,
lestaux
butyreux
etprotéique
ont étésupérieurs
au cours de l’hiver 89-90
comparativement
àl’hiver 88-89
(respectivement
+ 1,0 et + 0,7g/
kg) (figure 1).
Parallèlement,
les teneurs encel-lules du lait ont été inférieures
(le
pourcentage
d’exploitations
dont le laitprésente
enmoyenne moins de 250 000 cellules/ml est
passé
de 54 à61).
Même si elle s’estsensible-ment réduite en 1990, la contamination
butyri-que du lait est
cependant
restée élevée :seule-ment 40 % des
prélèvements
se sont situés endessous de 1000
spores/1,
contre 23 % l’annéeprécédente.
Comme cela est habituellementobservé,
la contaminationaugmente
au coursde la
période
destabulation,
en mêmetemps
que la part de
l’ensilage
dans la ration, pour être maximale en février-mars. La mise àl’herbe
s’accompagne
d’une diminutionconsi-dérable de cette contamination
(figure 1).
Cetteévolution est en moyenne semblable à celle de
la contamination des
bouses,
d’une part au cours de l’hiver(figure 1),
d’autrepart
d’unhiver à l’autre.
La valeur
énergétique
desensilages
d’herbe utilisés s’est fortement améliorée d’une année à l’autre(+
0,12UFL/kg MS),
en raison desbonnes conditions de récolte du
printemps
1989, cequi
est enpartie
àl’origine
del’amélio-ration du taux
protéique
du lait durant l’hiver1990.
Cependant,
la contaminationbutyrique
de ces
ensilages
est restée en moyenne élevée : en 1990 comme en 1989,près
de 70 % des silosont été très contaminés en
périphérie
(>
10 000spores/g)
et 50 % au centre. Cesrésultats sont à relier à des conditions de
conservation médiocre
(pH > 4,
présence
d’acide
butyrique,
rapportN-NH.,/N
total>10%).
L’évolution et les valeurs moyennes de lacontamination du lait cachent des variations
d’une
exploitation
à l’autrequi peuvent
êtreconsidérables,
enparticulier
en liaison avec lacontamination des
ensilages.
La relation entreles teneurs en spores
butyriques
du lait et desensilages
estcependant
faible(R
= 0,31,P >
0,05) (figure 2a),
parcequ’entre
le silo et lelait,
de nombreux facteurs peuvent intervenirpour modifier
l’importance
de la contamination(mode
dereprise
del’ensilage, quantités
effecti-vement distribuées et
ingérées
par lesvaches,
propreté
des animaux,hygiène
de latraite).
L’analyse
détaillée des relations entre lesteneurs en spores des
ensilages,
des bouses etdu lait
permet
d’analyser
les différentesétapes
de la contamination : La teneur en sporesbuty-riques
des bouses est en effet d’autantplus
’importante
que celles desensilages
estplus
de réduire sensiblement la contamination des bouses
(d’un
facteur 10 pour 3 desexploita-tions
l’ayant
mis en oeuvre,figure 2b).
Laliai-son entre la contamination des bouses et du lait
est
beaucoup
plus
étroite(R
= 0,82, P <0,01)
(figure
2c).
A cetteétape,
c’estl’hygiène
de latraite et la
propreté
des animauxqui
permet-tent,
lorsqu’elles
sontrigoureuses,
de réduirelégèrement
la contamination du lait ouqui
conduisent au contraire,
lorsqu’elles
sontmédiocres,
à uneaugmentation
de cetteconta-mination
(figure
2c).
La marge de manoeuvreest
cependant plus
faiblequ’au
niveau del’en-silage
(facteur
de réduction oud’augmentation
de la contamination de l’ordre de 3 pour les
exploitations représentées
sur lafigure 2c).
Conclusion
Dans cette
étude,
on a observé en moyenne une diminution de la contaminationbutyrique
des laits entre 1989 et 1990. Cette amélioration
est encore
plus
marquée
si l’on se réfère àl’an-née 1988
puisque,
dans l’échantillon des 19exploitations
suivies, laproportion
deprélève-ments à moins de 1000
spores/1
estpassée
de12 à 40 % entre 1988 et 1990. Des améliorations considérables sont
cependant
encorenéces-saires et
possibles.
Eneffet,
durant la mêmepériode,
alors que la valeurénergétique
desensilages
a sensiblementaugmenté,
leurconta-mination en spores
butyriques
n’apratique-ment pas diminué. L’amélioration observée sur
le lait est donc liée à une
plus
grande
rigueur
d’une part dans la distribution de
l’ensilage (tri
desparties
altérées etpériphériques
qui
sontles
plus contaminées)
et d’autre part au niveaude la
propreté
des animaux et del’hygiène
detraite. Ceci
explique
certainementl’améliora-tion
conjointe importante
de la teneur encel-lules du lait.
Cependant,
si cetype
depratique
permet effectivement de réduire sensiblement le niveau de contamination des laits
(comme
onl’a observé chez certains éleveurs de cette
étude),
la diminution de la teneur en sporesbutyriques
des laits passe d’abord par laréali-sation de silos peu contaminés. Cette
réalisa-tion passe, entre autres, par l’utilisation en
quantités
suffisantes d’un conservateureffi-cace. Les observations réalisées dans le cadre
de cette action ont en effet montré
qu’un
traite-ment dans la masse à l’aide d’un conservateur
acide diminuait sensiblement la contamination
au centre du
silo,
comme cela adéjà
été montrépar ailleurs
(Waes 1987),
alorsqu’un
traitementen surface
(21
d’acideformique
pour 81 d’eau auM
2
n’avait
d’effet que sur lapériphérie,
etde manière non
systématique.
Lagénéralisation
de l’utilisation d’un conservateur, associée aux
autres
précautions
de réalisation desensilages
(hachage
fin,
absence de terre,qui
est la sourceessentielle de contamination de
l’ensilage
parles spores
butyriques, remplissage,
tassementet fermeture
rapide
dusilo) (Demarquilly
etAndrieu
1989)
devraitpermettre
d’améliorer considérablement leurqualité
de conservation. Cette amélioration serépercutera
d’ailleurs nonseulement sur leur contamination
butyrique,
mais aussi sur leur
ingestibilité
et leur valeurconditions,
et sous réserve de réaliser unehygiène
de traiterigoureuse,
il estpossible
d’obtenir des laits peu contaminés en spores
butyriques
et de ne pas subir lespénalités
actuellement
en cours de mise enplace
sur cecritère de
paiement
du lait à laqualité.
A titred’exemple,
sur le domaine INRA de Marcenat,au cours de l’hiver 88-89 durant
lequel
tous lesanimaux recevaient une ration
composée
d’en-silage
d’herbe(traité
lors de la récolte avec unconservateur acide à raison de 3
par
tonned’herbe)
offert à volonté et de 4kg
defoin,
tousles
prélèvements
de lait sauf un ontprésenté
une contamination inférieure à 500spores/1.
Remerciements
Cette étude a été réalisée dans le cadre d’une action
départementale
« Qualité du lait » coordonnée par leLycée agricole de Brioude-Bonnefont et à
laquelle
ontparticipé les organismes de
développement,
les coopératives et les industriels laitiers. Nous tenonsdonc à remercier les
responsables
de la CoopérativeLaitière du Puy, de la Fromagerie du Velay, de la Coopérative Laitière
d’Auvergne
et de la Compagnie Fromagère de la Vallée d’Ance, ainsi que MessieursBernard
(Chambre d’Agriculture
deHaute-Loire)
et Trin(CILAL)
qui sont intervenus aux différentes étapes de cette étude.Cette étude a d’autre part fait
l’objet
de différentssupports de diffusion
(film
vidéo, jeu de posters,dépliants)
qui sont à la disposition des organismes intéressés au Lycée de Bonnefont.Références
bibliographiques
BARATON Y., 1985. La contamination du lait par lesspores butyriques. Collection « Le point sur ». ITEB, 149
rue de Bercy, 75595, Paris cedex 72.
COULON J.B., LILAS J.P, 1988. Composition chimique et
contamination butyrique du lait : facteurs de variations dans le département de la Haute-Loire. INRA I’rod.
Anim., 1, 201-207.
DEMARQUILLY C., ANDRIEU J., 1989. Les fourrages. In
« Alimentation des bovins, ovins et caprins ». Ed R.
Jar-rige. INRA, 147, rue de l’Université, 75007 Paris.
CERNA, 1986. Recommandations pour l’estimation de la
contamination du lait en spores de clostridia. Rev. Lait.
Franc., 451, 39-45.
FNPL, ITG, 1982. Les butyriques. Synthèse bibliographi-que. 149 rue de Bercy, 75595 Paris cedex 12.
WAES G., 1987. Bactéries butyriques dans le lait et dans le fourrage ensilé. Rev. Agric., 40, 949-956.
Summary
Butyric
a td bacteria in milk and insilage
Detailed observations were carried out over 2
consecutive years on the contamination of
sil-age,
dung
and milk in Haute-Loire France.The studies were carried out on 19 farms
using
grasssilage
as mainroughage
and which also had ahigh
concentration ofbutyric
spores in the milk. A clear link was observed
between
butyric
spores insilage
anddung
and also betweenbutyric
spores in milk and indung.
The first way toimprove
milkquality
is to reducesilage
contamination even ifdiscard-ing
contaminatedsilage
andemploying
hygienic milking
conditions canhelp
to limit milk contamination.COULON
J.B.,
VARIGNIER M., DARNE D. 1991.Contamination