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DOUZE ET AMÈRES Nouvelles noires

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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D O U Z E ET A M È R E S Nouvelles noires

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DANS LA MEME COLLECTION

1 Une ville rose et noire Pierre LE Coz 2 Tout ce qui est à toi... Sandra SCOPPETTONE 3 Rouge, impair et manque Eric KNIGHT

4 Trois jours d'engatse Philippe CARRESE 5 Je te quitterai toujours Sandra SCOPPETTONE 6 Mourez, nous ferons le reste Christian CAMBUZAT

Le flic qui n 'avait pas lu Georges MOREAS Proust

(grand format)

7 Cap des Palmes Alain NUEIL

8 Faux frère Béatrice NICODÈME

9 Filet garni Philippe CARRESE

10 Poissons noyés Laurence GOUGH 11 La solution esquimau Pascal GARNIER 12 Juillet de sang Joe R. LANSDALE 13 Eloge de la vache folle Christophe CLARO

14 Billi Joe Jean-Paul NOZIERE

15 Le Petit Parisien Frank GOYKE 16 Toi, ma douce introuvable Sandra SCOPPETTONE 17 Rafael, derniers jours Gregory MCDONALD 18 Le doigt d'Horace Marcus MALTE 19 Délit de fuite Bernard ALLIOT 20 Corinne n 'aimait pas Noël... Jean-Luc TAFFOREAU

La vie truquée G.-J. ARNAUD (grand format)

21 La vie duraille J.-B. NACRAY 22 Béton-les-Bruyères Olivier PELOU 23 L 'honneur perdu du sergent Nicholas M E YER

Rollins

24 La traversée du dimanche Boris SCHREIBER

Blood posse Phillip BAKER

(grand format)

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25 Cyclone Alain NUEIL

26 Ligne dure Laurence GOUGH

27 Pet de Mouche et Philippe CARRESE la princesse du désert

28 Le lac des singes Marcus MALTE 29 Mortelle déviance Frank GOYKE 30 La place du mort Pascal GARNIER 31 Toute la mort devant nous Sandra SCOPPETTONE

32 Cœur-Caillou Virginie BRAC

33 On a rempli les cercueils KÂÂ avec des abstractions

34 Un matin à Trieste Edith KNEIFL 35 Ultime retour à Berlin Silvo LAHTELA

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COLLECTIF

DOUZE ET AMÈRES Nouvelles noires

Textes recueillis p a r Natalie Beunat

FLEUVE NOIR

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Le Code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5, 2 et 3 a), d 'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective» et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute repré- sentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite» (art. L. 122-4).

Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

© 1997, Éditions Fleuve Noir ISBN : 2-265-06359-2

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Merci à Serguei Dounovetz pour avoir trouvé le titre de ce recueil.

N.B.

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HERVÉ PRUDON

Le sommeil du loup

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Il fait beau mais je m'en fous, enfin, pas tout à fait, ça me permet de m'allonger sur un banc, un des trois bancs du petit jardin, au soleil, c'est un soleil qui ne durera pas, le jardin est exposé au nord, le pavillon cachera le soleil. Je regarde du coin de l'œil le marronnier en fleur. C'est un gros arbre bien touffu, tout en feuilles, qui fait de l'ombre et donne un air humide à son entourage.

Je fume trois cigarettes, des Craven « A ». Je rentre dans ma chambre, sans hâte. Il n'y a pas de hâte. On peut regarder à gauche, à droite ou devant soi, derrière, on ne verra pas de hâte. Je lis un livre de Nicolas Bouvier, Le Poisson-scorpion, dans mon fauteuil. J'aimerais bien avoir chez moi le même fauteuil pour regarder des films à la télévi- sion. Dans cette chambre il n'y a pas la télévision, c'est une très petite chambre, aux murs pisseux.

Un fauteuil gris, vraiment moche, mais si bon.

Il est bientôt dix heures du matin. J'ai presque faim, c'est incroyable. Je porte un pantalon noir,

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qui serait moins large si j'étais moins maigre, un tee-shirt noir, des chaussures épaisses. J'ai égale- ment mis un gilet à fermeture Eclair. Il faut avouer que l'ensemble est sobre, sombre. Il y a chez moi quelque chose de hiératique, un peu comme un héron fossilisé, ou un rhinocéros introverti. Une statue déglinguée.

Ce que j'en dis...

L'équipe arrive, il y a le docteur, qui est le chef du service, l'interne, une jeune femme avenante et subtile, l'infirmière, et l'externe, la petite blonde qui fait le bilan, foie normal, poumons roses, etc.

Ils s'inquiètent de ma santé, ça va, pas mal, et vous.

Je ne suis pas le malade revêche, récalcitrant, réfractaire, je suis un malade poli. Le docteur a des yeux bleu pervenche. Il est jeune, fleure bon l'ai- sance. Je ne le soupçonne pas de niquer l'interne, qui d'ailleurs n'est pas nue sous sa blouse. Elle, je la connais un peu. Je ferais plutôt son affaire. Elle sait que je ne suis pas fou. Autrement.

Ici, personne n'est fou.

Je ne sais plus combien il y avait de rats, mais vraiment beaucoup. Ils étaient là, des gros. Je les prenais un par un, et je leur tirais les moustaches.

J'assure que tout va bien, j'ai mangé ma tartine ce matin, bu mon café, et pris ma douche. C'est alors que, rentrant dans ma chambre, j'ai vu le fleuve basculer, c'était la Loire je crois, sous un ciel pâle, elle a basculé, la Loire. J'explique que

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cela ne porte pas à conséquence, parce qu'il s'agit de ma Loire, et non pas du fleuve qui coule dans les veines des Tourangeaux.

Je dis aussi ma violence. Il faut comprendre, docteur, que je suis extrêmement perméable, poreux, et que toute la violence du monde passe à travers moi, laisse des traces, comme en ont laissé les différents envahisseurs dans toutes les régions du monde qu'ils ont violées.

Je ne sais pas quels dessous portent les internes.

Elle a quel âge ? Trente ans, à peine. Elle a un cul minuscule, et elle ne sait pas quoi en faire.

L'infirmière est moche. La petite externe, elle, doit avoir un petit ami qui l'embrasse au cinéma, avec la langue, en regardant Star Wars.

Le Poisson-scorpion se passe à Ceylan, dans les années cinquante, ou soixante, non, cinquante.

Nicolas Bouvier y est malade, déprimé, seul, il trouve tout moche. Je lis aussi Body, de Harry Crews, et Vies minuscules, de Pierre Michon, jamais je n'ai autant lu. Sans parler des poèmes d'amour du Kérala, où le maharadjah Kartika Tirunal écrit à la princesse malabaraise Manorama Tampuratti que ses seins le disputent en splendeur aux bosses frontales de l'éléphant d'Indra.

Je vois très bien le marronnier.

J'ai 14/8 de tension et 36,9° de température.

Foie normal. Est-ce que j'ai bien dormi ? Oui. Pas trop mal. Je fume trois paquets de cigarettes fortes par jour.

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Il n'existe pas vraiment, cet homme, mais quand même, et d'ailleurs c'est une femme. Elle est neutre. Tiède. C'est ça, elle est neutre et tiède.

Elle marche, dans les jardins du Luxembourg, et le jardin Cavelier de La Salle. Elle ne sait pas que j'existe.

La connaissez-vous ?

Moi non. Je n'y tiens pas. Elle n'a pas de chien et regarde de loin son enfant. Elle n'a qu'un œil, mauvais, mais une double rangée de dents. Elle porte des vêtements de flanelle. Elle a un sexe couleur prune. Des lunettes. Elles a des lunettes partout, qui débordent de ses poches. Et des sty- los, parce qu'elle note toutes ses impressions, comment elle est allée hier au marché, et l'an passé au Maroc, et puis comment elle a croisé le regard d'un étudiant égaré, dans le bus.

Je vous assure que dans l'ensemble, ça va. J'ai bien dormi, et j'ai mangé ma tartine.

Ah oui, j'aime bien les autres. Nous sommes sans doute les seuls sur terre à ne pas être fous, parce qu'on se fait soigner, nous, les autres, non, les femmes à lunettes, avec ce petit chien ridicule, n'est-ce pas ?

L'après-midi, je l'ai passé au solarium, c'est ainsi que j'appelle une zone ensoleillée où l'on peut s'asseoir en buvant un café (4 francs). On se fait chier, quand même. J'ai envie de niquer.

Quand je pense à toutes les femmes qui ont envie d'une douceur...

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C'est vrai que le café n'est pas cher, mais je pré- férerais une petite bière.

Le docteur a dit qu'il fallait que je m'affirme, que je sorte de moi toute cette violence.

Il n'y a pas une telle violence, docteur. Je suis juste dans une phase dépressive, j'ai sombré. Et puis l'alcool n'a rien arrangé, je l'avoue. Non, je ne sais pas ce que je vais faire. Ça pose problème ? Est-ce que vous avez vu tous ces hérissons ? Une petite bière.

— Vous rigolez ?

Le psychiatre n'est pas aimable, il est beau, certes, porte beau, et triste, mais il n'est pas aimable, je peux bien l'affirmer.

Et dire que j'en ai chié toute ma chienne de vie pour en arriver là, avec les fous. Bien sûr, ces fous ne sont pas plus fous que les passants ordinaires.

Ils me donnent du « monsieur ». Me vouvoient. Ils me prennent pour le marronnier. Je n'ai jamais essayé d'être un marronnier. Dans une vie anté- rieure, j'ai déjà été un nuage, je voyageais, je pleu- vais. J'aime bien pleuvoir.

Je vous assure que dans l'ensemble, ça va, mais votre petit cul, qu'est-ce qu'on en fait ?

— On a pensé à cette post-cure, dit le docteur.

— Je ferai comme vous voulez. Il y a des élec- tions, bientôt, je dois voter.

— Pour qui ?

— Je ne sais pas.

— C'était une plaisanterie ?

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— Oui.

— Tendez la main.

Je tends la main. On dirait une feuille. Sans vent. Une main morte, en pierre. Le docteur la touche et dit qu'on dirait une main en pierre.

— C'est bon, demain, week-end, vous pourrez sortir deux heures l'après-midi.

Je mange ma tartine. Je m'allonge sur le banc, un des trois, tant qu'il y a du soleil. J'ai pris ma douche. Je me suis rasé. On m'a donné mon rasoir et je l'ai rendu à l'infirmerie.

Tout le monde est si gentil.

Dehors c'est différent ; on oublie.

Vous ne savez pas comment c'est, dehors. Il y a du monde, et des voitures. Je me suis assis sur un banc, devant la pelouse un peu bleue. Une femme est venue sur le banc, une vieille, et puis une beaucoup plus jeune, enfin un type. On a parlé et je lui ai planté un canif dans le cœur. Un cou- teau suisse. La grande lame, pas la lime à ongles, bien sûr. Je voulais le tuer, je l'ai fait. Il n'a rien dit. Il a glissé, comme un ivrogne. De toute façon, il n'y avait rien à dire, c'était fait. Très peu de sang, d'abord, puis des cataractes, des jaillisse- ments, j'ai dû refluer. Ce n'était pas très malin, ni très courtois, mais c'était fait. Et je suis retourné à Cochin. Il fallait que j'exprime cette violence.

Moi je suis dedans, pavillon Joffroy. L'extérieur n'existe pas. Ce type n'existait pas. Il existe

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encore moins. La fontaine était vraiment magni- fique, les poissons et les tortues crachaient de l'eau sur les chevaux.

J'allais mieux. J'ai l'impression qu'on a tenté de m'étouffer sous un oreiller pendant la nuit, mais, au matin, l'oreiller était tranquille. J'ai mangé ma tartine et j'ai pris ma douche.

14/8 de tension et moins de 37 de température.

— Vous êtes joyeux.

— Je sors ce matin.

— Non, après-demain.

— Ce matin.

Je suis sorti le matin, je suis allé boire trente- trois bières et je suis rentré. Tranquille. On peut aller boire trente-trois bières rue du Faubourg- Saint-Jacques et rentrer tranquille. J'ai à peine pissé et rien vomi.

J'ai sorti de moi toute cette violence, je me suis exprimé, n'est-ce pas ? On appelle ça l'affirma- tion de soi.

J'ai écrit sur un cahier comment j'avais tué quelqu'un. C'était parfaitement irréel. J'aurais préféré tuer un homme politique.

Un homme politique, je le ferai peut-être un jour, je pourrais vraiment l'étriper, lui découper

l'abdomen et lui arracher les entrailles.

Une amie est venue me voir.

Nous sommes allés fumer des cigarettes sur un banc. Elle a dit que j'étais bronzé, hâlé. Le sola-

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rium. Est-ce que j'irai bien un jour ? Elle riait. Elle savait bien que non. Les gens qui vont bien, ils finissent par tourner mal.

On a changé de banc, à cause du mouvement du soleil. On s'est retrouvés sur un banc d'amoureux et elle m'a embrassé. J'ai eu l'impression que les visiteurs du zoo de Vincennes ou de la ménagerie du Jardin des plantes ont envie d'embrasser les lions. Ce sont des lions maigres et las, qui traînent leur carcasse sans appétit. Mais je l'ai embrassée aussi. Elle a un mari, et un amant, tout ce qu'il faut, je ne suis qu'un ami. L'ami derrière les barreaux.

J'ai lu dans le journal le compte rendu du meurtre du jardin Cavelier de La Salle. On cher- chait dans le passé de la victime, et on y trouvait des choses sales. J'étais dans mon fauteuil et je finissais Le Poisson-scorpion. Nicolas Bouvier n'était pas plus loin au Sri Lanka des années cin- quante que moi à Cochin.

J'étais quand même salement détruit.

Neurones niqués. Plus de circuits valables.

L'alcool vous nique la tête et les jambes, d'abord.

Sous un arbre seulabre, l'avaleur de sabres avale des couleuvres...

J'avais envie de planter mon couteau quelque part.

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Le temps a passé. C'était le temps du solarium.

Café, solarium. J'ai dit à un type en pyjama que j'avais tué quelqu'un, il a rigolé. Il était vraiment bronzé, lui, en short, un short de pyjama. Des belles cuisses fuselées. Il avait envie de faire l'amour avec moi. Nous étions dans un pension- nat. La bite me dégoûte un peu, je l'ai branlé, nous étions dans un jardin en hauteur, on nous voyait peut-être, on devait rigoler. Il a joui. Il aurait voulu jouir dans ma bouche, mais je n'étais pas d'ac- cord. Il m'a demandé mon petit nom, il voulait qu'on se revoie, il m'a dit que la prochaine fois, je pourrais l'enculer. Je lui ai dit qu'on n'encule pas si facilement. Il voulait que je palpe son anus moite. Je suis retourné finir Le Poisson-scorpion.

J'avais tout quitté, ma femme, mes enfants, mon boulot, pour venir là.

J'étais dans mon beau fauteuil gris et toute l'équipe soignante était là. Je rigolais. Il était neuf heures du matin et je rigolais. C'est rare de rire si tôt. J'avais bu quelques bières, on entre et on sort comme dans un moulin, à Cochin.

J'ai dit que tout allait bien, que le marronnier était en fleur, « trouverais-je la consolation sous les arbres ? »... Je n'ai pas arrêté de faire des cita- tions. Ils en ont marre, de ma culture.

Ils s'en vont. Je finis Le Poisson-scorpion.

Je vais m'allonger sur un banc. Je suis ailleurs.

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Je repense à ce moment où j'ai plongé le couteau.

C'était quand même dégueulasse. Je hais la normalité. Ce type, il avait peut-être des enfants en knickerbockers de flanelle qui jouaient dans le secteur. Une femme qui avait préparé le thé. Personne ne saura que c'est moi, je suis interné. J'ai toujours eu envie de ça, trancher la viande.

Il m'a dit qu'il aimait bien Cabourg, oui, il pré- férait Cabourg à Deauville. Et puis la conjoncture, putain, défavorable, il allait peut-être devoir par- tir à Taipei. Il m'avait trouvé sympathique, les gens ne savent plus se parler. J'aurais aimé qu'il bouffe quelques graviers avant de mourir.

Tout va bien.

Mon interne est venue me voir, petit cul. Je lui ai parlé assez longuement de ce petit cul. Il avait un petit côté misérable, solitaire, il lui fallait de la compagnie, non, un peu d'animation ?

— Non.

— Vous êtes pas sympa. Je dis pas que j'ai envie de vous fourrer comme ça, comme un gou- jat, mais on peut laisser parler la fantaisie, la ten-

dresse...

— Une autre fois, qui sait, ici nous n'avons pas le droit.

— Ah je... je vois. Enfin, non, je ne vois rien.

Je ne sais plus qui je suis, docteur, je voudrais exprimer cette violence, et puis le sexe, qu'est-ce

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que je vais faire de mon sexe, mes bras, ma tête, tout ça ne fonctionne plus vraiment.

Si je saute je peux attraper une feuille de mar- ronnier, regarde, merde, attends. Je tombe. Je me relève. Je tombe, je me relève, je tombe, je me relève.

Une belle fille avec un œil au beurre noir est entrée. Les choses sont très simples. Je suis fou.

Malade mental. Il y a des merles et des merlettes dans le jardin, et des chats, gouttières de race.

D'extraction, plutôt. Je lance mon couteau sur un merle mais je ne suis pas habile, c'est le dos du couteau qui heurte l'oiseau. Je troue la panse d'un chat. Il couine, va crever. Et puis il y a tous ces rats qui reviennent, avec leurs moustaches abon- dantes.

Nous vieillirons dans une beauté subalterne.

Des nuages gris.

Je ne sais pas qui c'était, ce type. On vote bien pour n'importe qui, c'est la démocratie. De toute façon, je décline, ça ne va plus. Le jardin des fous est toujours au nord, et le nord est de plus en plus froid. C'est pourtant le printemps. Un ivrogne dépressif veut que je le console. Je lui dis qu'il y a un type qui suce, vers le solarium, un joli pédé aux cuisses bronzées, presque une femme. Il aime mieux les femmes, je lui dis qu'ici hommes et

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femmes c'est pareil. Il vient d'arriver, alors il pleure. Il me montre la photo de ses enfants. Je lui dis qu'ils ont des yeux rouges, comme leur père.

Il dit que lui c'est l'alcool, mais eux c'est le flash, nuance. Je lui fais savoir qu'une fois guéri il sera toujours aussi con, il le sait. Il pleure derechef.

Je suis rentré chez moi, pas fâché. Tout le monde se méfie de moi. Que je sois étrange, on le savait, mais de là à entrer fièrement à l'asile... On n'a pas résolu encore tous mes problèmes. Je dois partir en post-cure, quand il y aura de la place.

Jolie pelouse à marguerites rivières à truites

nature, ici la merde, et pfuittt.

Pas fâché, mais quand même. les factures, les avis d'huissiers, les mômes, l'école. Les horaires, plus de tartine le matin. Je sens bien que je ne suis pas le même qu'avant. C'est peut-être ce couteau, entre deux côtes, jusqu'au cœur. J'ai vécu ça comme un rêve, un autre l'a fait, je suis toujours un autre.

Je garde dans ma tête ce dont je ne vous ai pas parlé, l'essentiel, des souffrances. Tout ça n'a rien à voir avec la réalité, c'est autre chose, qui m'ap- partient, auquel j'appartiens. Un pays malmené, secoué, une terre sismique. On soigne encore les grandes mélancolies par des électrochocs.

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Douze e t a m è r e s

Hervé Prudon Le sommeil du loup Jean-Paul Nozière La vie est immense

Olivier Pelou Seul contre les Huns Yves Pagès Leçons d'inconduite Pascal Garnier A bout de bras Jean-François Merle Tout ira mieux

désormais

Tonino Benacquista Le 17 juillet 1994, entre 22 et 23 heures Marcus Malte Les étourneaux Serguei Dounovetz Sarah et les insectes

Christophe Claro La mort sanglier Delacorta Coup de lune Thierry Jonquet L'imprudent

Douze nouvelles noires, douze visions différentes

d'un même monde.

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