Y.
CHEREL,
Catherine
RESCH,
Monique WYERS INRALaboratoire associé de
Méthodologie diagnostique -
Ecole Vétérinaire de Nantes - CP 301344087 Nantes Cedex 03
Aspect clinique
et fréquence
des boiteries
du dindon de chair
Les troubles locomoteurs sont
unepréoccupation majeure
enélevage
aviaire, aussi bien chez le poulet que chez la dinde. Dans cette dernière
espèce, ils entraînent des pertes par l’intermédiaire des saisies et surtout des retards de croissance, aussi bien
ensélection qu’en production
de dindons de chair.
Les troubles locomoteurs sont une des
préoc- cupations majeures
enélevage
de volailles en raison des pertesimportantes qu’ils
occasion-nent.
D’étiologie
trèsvariée,
ils forment un vastesyndrome
dont lesprincipales
compo- santes sontprésentées
au tableau 1.L’usage
a consacrél’emploi
du terme de boi-teries bien que celui-ci soit
impropre :
au sensstrict du terme, les boiteries se définissent
comme l’ensemble des anomalies de la démarche
(claudication, raideur, faiblesse,
déhanchement...). Cette définition, trop
limita- tive, exclut toutes lesparalysies
ouincapacités partielles
ou totales à sedéplacer (luxation, fractures... ).
Nous
emploierons
indifféremment les termes de boiteries et de troubles locomoteurs mais enleur attribuant une définition
plus large :
ilsdésignent
toutes les atteintes del’intégrité
fonctionnelle de
l’appareil
locomoteurpouvant
se traduire par :
- des altérations de la démarche
(raideur,
clau-dication ... ),
- des anomalies de posture ou de
position (ano-
malies de l’habitus
(aspect global
del’animal),
déviation d’une
partie
ou de la totalité d’unmembre, malposition
d’unmembre...). J.
Cette définition tient
compte
à la fois des modificationsstatiques (anomalies
deposition)
et des modifications
dynamiques (anomalies
dudéroulement des
séquences
locomotrices ouincapacité
dedéplacement).
Chez le
dindon,
les troubles locomoteurs sontprincipalement
définis par leur momentd’apparition (fin
de lapériode d’élevage
soit àplus
de 10 semainesd’âge),
leur caractère noninfectieux et l’absence de lésions constantes.
Une étude a été conduite afin de définir des critères
cliniques
permettant de décrire l’habi- tus et la marche d’un dindonnormal, qui,
enl’absence de données
bibliographiques,
nousserviront de
référence,
et de caractériser parcomparaison
les anomalies observées chez les animaux boiteux. Lafréquence
et larépartition
des
principaux types cliniques
ainsi définis ontensuite été observées dans des
élevages
com-merciaux.
Conditions expérimentales
La définition des
caractéristiques
anatomi-ques et
comportementales
du dindon et de sesanomalies a été établie
grâce
à l’observation directe d’individusmâles,
de souches commer-ciales, âgés
deplus
de 10 semaines.Résumé
________________________Les troubles locomoteurs ont été étudiés chez le dindon de 15 semaines en décri- vant la
position
et la marche d’animaux normauxpuis
enanalysant
les diffé-rences observées chez les animaux boiteux.
Les différents troubles
peuvent
être classés en 7 groupes : lepremier correspond
à des anomalies exclusivement
dynamiques (tremblements
et couchésfréquents),
deux groupes sont caractérisés par des
malpositions
des genoux(écartement
bilatéral des genoux, écartement unilatéral d’ungenou),
trois groupes sont caractérisés par desmalpositions
despieds (rotation
externe despieds, déplace-
ment médio-crânial du
pied,
déviation médiale dupied)
et un groupe est caracté- risé par des déviations latérales des membres.La
fréquence
desboiteries,
estimée dans 22élevages,
est de 52 % ± 15 %. L’in-tensité des troubles est
indépendante
de lafréquence.
Les troubles locomoteurs de la dinde en croissance semblent très différents des déformations osseuses associées au varus ou au
valgus qui
sont observées chez lepoulet.
1 / Observation individuelle
La
première étape
a été une observationindividuelle,
delongue durée, répétée
au coursdu temps, de dindons sains et de dindons atteints de troubles locomoteurs.
Les
caractéristiques
retenues ont été :- les
positions
desmembres,
de la tête, du cou et de la queue de l’animal au cours des diffé- rents mouvements(levé, couché, déplace- ment...)
et despostures (animal debout,
cou-ché),
- le
comportement spontané
de l’animal laissé totalement libre de ses mouvements(fréquence
des
déplacements,
activitéspicorage,
observa-tion attentive de l’environnement par l’ani-
mal... ),
- les vitesses d’exécution des mouvements,
- les réactions de l’animal soumis à un exercice forcé
(animal obligé
de selever,
de sedéplacer plus
ou moins vite etplus
ou moinslong- temps). ).
Cette
inspection
individuelle a concerné unesoixantaine de dindons :
- Deux groupes de six animaux
provenant
de différentsélevages
et observés au laboratoire.Le
premier
groupe était formé de dindons choi- sis pour leur aspect et leur démarchequi
ne révélaient aucune anomaliemajeure.
L’étudesur
plusieurs
semaines de ces animaux, confir-mant l’absence
clinique
de troubles locomo- teurs nous apermis
de considérer ces animauxcomme des dindons normaux. Le second groupe était constitué de dindons choisis pour avoir manifesté une
quelconque
modification d’un des critères de normalité définis. Ces ani-maux sont donc considérés comme atteints de troubles locomoteurs.
Les animaux des deux lots ont été par la suite abattus
puis autopsiés
selon latechnique
deCherel et
Wyers (1990).
- 50 dindons ont été observés dans les éle- vages afin de conforter et de
compléter
lesrésultats de l’étude en laboratoire. Ces animaux n’ont pas été
autopsiés.
2 / Etude
enélevage
Dans une seconde
étape,
une étudeglobale
des troubles locomoteurs a été réalisée dans 22
élevages
commerciaux de dindons mis enplace depuis plus
de 10 semaines. Cesélevages
étaient des lots
pris
au hasard dans lesplan- nings
desorganisations professionnelles.
L’étude a consisté en un dénombrement des dindons atteints de troubles locomoteurs asso- cié à une observation des animaux. Ce dénom- brement
permet
de réaliser une estimation chif- fréeglobale
de lafréquence
des troubles loco- moteurs dans unélevage.
Il consiste au comp-tage d’un échantillon de 150 animaux
présents
dans
l’élevage.
Ces 150 animaux sont observésen 15
points
decomptage répartis toujours
aumême endroit dans les bâtiments
(voir
enca-dré).
L’inspection
individuelleporte
sur les pos- tures et les mouvements de dindonsd’après
lescritères
anatomiques
etcomportementaux
éta- blis lors de l’étude individuelle des animaux.Elle permet de rechercher le ou les types de dindons boiteux
présents
dans le lot et de cal-culer leur
fréquence.
Résultats
1 / Caractérisation des animaux
a
l Dindon
normalQuatre
critèresanatomiques
ont été retenuspour définir la normalité : l’axe du corps, donné par une droite fictive traversant le din- don
depuis
l’entrée de lapoitrine jusqu’au
cloa-que
(figure 1) ;
leport
de la tête estjugé
parrapport
à l’horizontalepassant
par laligne
dudos
(figure 1) ;
leport
desailes,
de la queue et du cou ;l’aspect
et laposition
des pattes.Ces critères ont été observés durant
plusieurs
phases comportementales :
stationdebout ;
marche à différentes vitesses ; passage à laposition
couchée et à la station couchée.Tous les dindons normaux observés
présen-
tent une uniformité des critères dans une
même
posture
ou lors d’un même acte :Le dindon immobile en station debout
pré-
sente un axe du corps
oblique,
le cou tendu etla tête
portée haute,
les ailesplaquées
lelong
du corps. Son
aplomb
estsymétrique.
En vuelatérale,
les cuisses,plaquées
lelong
desflancs,
et les genoux
légèrement
fléchis sontmasqués
par les ailes. Seuls la
jambe
et lepied
de cha-que membre sont visibles. La
jambe
estlégère-
ment
oblique
d’avant en arrière. L’articulation dujarret
est ouverte(angle
d’environ120’)
et lepied,
biendroit,
repose au sol lesdoigts légère-
ment
écartés,
bien àplat,
sans chevauchement entre eux, ni avec ceux de l’autre membre. Envue de
face,
les membres sont bienparallèles
entre eux et
parallèles
auplan
tête-sternum(figure 2).
Le déroulement de la marche du dindon est constant. Il
s’agir
d’une succession de levés et deposés respectivement
d’un membrepuis
de l’autre. Onpeut
observer trois vitesses de marche.La vitesse lente
(figure 3) :
le dindonpré-
sente une
position
en boule ramassé surlui,
lecou rentré dans les
épaules,
le dosvoussé,
laqueue basse. Le niveau de la tête est très
légère-
ment
supérieur
à celui de laligne
du dos oudans certains cas au même niveau et les ailes
plaquées
au corps. L’axe du corps estoblique.
La vitesse moyenne
(figure 4) :
le dindonpré-
sente un axe du corps
oblique,
redressé vers lahaut. Le cou est bien tendu et la tête est
portée
haute c’est-à-dire au-dessus de la
ligne
du dos.La queue
prolonge
laligne
du dos en se rele-vant
légèrement.
Les ailes sontplaquées
aucorps.
La vitesse
rapide (figure 5) :
le dindon sedéplace
avec le cou très étiré versl’avant,
la tête,légèrement
au-dessus de laligne
du dosest animée de mouvements de « va-et-vient »
rapides.
L’axe du corps presquehorizontal,
seprolonge
par la queue. Les ailes seplaquent
contre le corps. Il marche à
grands
pas.Le dindon couché :
après
un couché en troismoments
successifs,
constants etrapides,
aucours
desquels
l’animalgarde
les pattes bienparallèles,
les ailes collées au corps et unéqui-
libreparfait,
l’animal repose au sol sur sesmétatarses
disposés parallèlement
etmasqués
par les ailes. Celles-ci sont
plaquées
au corps etreposent
au sol. Ilporte
la têtebasse,
le courentré dans les
épaules.
Le
comportement général
de l’animal est lié à son niveau d’activité. Le dindon sain est curieux et très actif. Il reste rarementimmobile,
debout ou couché. Il sedéplace, picore,
s’étireou se nettoie les
plumes.
Il est très observateur de cequi
l’entoure.b /
Typologie
des différents dindons atteints de troubles locomoteursLes différents troubles observés se
répartis-
sent en
plusieurs
groupescliniques :
les ano-malies
dynamiques,
lesmalpositions
desgenoux et des
pieds,
et les déviations latérales des membres.Le terme de déformation
peut
être utilisépour décrire des modifications de la forme de l’ensemble d’un membre et doit être bien diffé- rencié des déformations des os
qui
peuventégalement
exister dansquelques
cas. Nous luipréférerons
le terme demalposition qui
neprête
pas à confusion.Anomalies
dynamiques
Les animaux ne sont pas
grabataires
et leurhandicap
est discret. C’estpourquoi
ils sont dif- ficiles àrepérer
et à caractériser. On observe deuxtypes
de troubles : les tremblements et les couchésfréquents
ou anormalementrapides.
Les tremblements se définissent comme une
agitation
involontaire du(ou des) membre(s)
inférieurs ou d’une
partie
dumembre,
parpetites
oscillationsrapides, généralement
com-patibles
avec l’exécution des mouvements volontaires. Ces animaux neprésentent
pas d’autres modifications de leur habitus. Les tremblements sontplus
visibleslorsque
les ani-maux sont en
déplacement.
Ils peuvent neconcerner que l’articulation du
jarret
ou bien s’étendre de la cuisse à l’articulationproximale
des
premières phalanges.
Le couché
rapide
se définit comme uneréduction de l’intervalle entre le deuxième et le troisième moment du
couché,
donnant l’im-pression
que le dindon se laisse brutalement tomber au sol. Le couchéfréquent
semblesignaler
unefatigue,
desdifficultés,
ou la volonté de l’animal à réduire sesdéplacements.
Ces anomalies peuvent s’observer sur des ani-
maux ne
présentant,
parailleurs,
aucun autresymptôme.
Malposition
des genoux- Ecartement bilatéral des genoux
(dindon
«
cow-boy »J (figure 6J
Ces animaux
présentent
un écartement des genoux c’est-à-dire de l’articulation fémoro-tibiale, compensé
par une déviation bilatérale médiale de lapartie
inférieure du membrejambe
etpied (pied
« endedans »),
sans que lesdoigts
ne se chevauchent. Cesmalpositions
entraînent un basculement vers l’avant de la
région
antérieure du corps. L’axe du corpsapparaît
presque horizontal. Les animaux sont bas sur leurs pattes, et, pour conserver leuréquilibre,
ils écartent lesailes, qui
sontplus
oumoins
pendantes,
et relèvent la queue ouverteen éventail.
Le
plus
souvent, les déformations sontsymé- triques,
mais il estpossible qu’un
desmembres
soit
plus
atteint quel’autre,
notammentlorsque
l’écartement entre les cuisses et le corps aug- mente. Ces
malpositions peuvent
être associéesà des déformations tibiales en incurvation sans que ces déformations osseuses soient t constantes.
- Ecartement unilatéral d’un genou
(figure 7)
Les dindons
présentent
une déformation uni- latérale du membre affectant le genou. Celui-ci s’écarte latéralement du corps du fait de l’ou- verture del’angle
que fait le fémur avec leplan sagittal
sans que les autres segments ne chan- gent deposition.
En vue dedos,
lapartie
infé-rieure de la
patte (tibia
etmétatarse) présente
un axe normal
parallèle
à l’autre membre mais elle est décalée latéralement. L’animal est désé-quilibré
et a une marche d’automate assez sac-cadée au cours de
laquelle
l’arrière du corps estrelevé,
la queue enéventail,
et les aileslégère-
ment écartées.
Malpositions
despieds
- Rotation externe des
pieds (figure 8)
Les dindons ont le cou rentré dans les
épaules,
la têteportée haute,
le dosvoussé,
laqueue
prolongeant
laligne
du dos vers lebas,
ce
qui
les fait ressembler à des vautours. Ilsprésentent
unelègère
rotation externe dupied,
affectant de
façon symétrique
les deux mem-bres. Leur démarche est
lente,
dandinante. Les animaux se couchent en faisant basculer lepoids
de leur corps vers l’avant. Ils relèvent haut lecroupion
et la queue est en éventail.Lorsque
leurpoitrail
touche le sol ils laissent tomber lapartie postérieure
de leur corps.-
Déplacement
medj0-<?rânja./ dupied (figure 9)
Les dindons
présentent
unemalposition
uni-latérale du membre affectant la
région
dupied
(tarsométatarse
etphalanges)
dont l’axe estdévié crânialement et médialement entraînant
une fermeture anormale de l’articulation
du ar-
ret dans le
plan
du membre(antéro-postérieur)
et un
déplacement
dupied qui
serapproche
duplan
desymétrie
de l’animal.Ils se
déplacent
sur de très courtes distancescar dès
qu’ils
lèvent lapatte
saine pour faire un pas, ilspivotent
presque d’un tourcomplet
sureux-même, perdant
leuréquilibre.
- Déviation médiale du
pied (figure 10)
Les animaux
présentent
unemalposition
uni-latérale ou bilatérale du membre affectant la
région
dupied.
En station deboutimmobile,
celui-ci estlégèrement
déviémédialement,
mais non
crânialement,
d’où unléger
chevau-chement des
doigts.
Endéplacement,
les ani-maux marchent comme sur un fil en venant
placer
lapatte
motrice devant le membre enappui.
Ils écartent les ailes pour maintenir leuréquilibre,
l’axe du corps devientplus
horizon-tal. Ils marchent vite afin de
garder
leuréquili-
bre et cherchent
rapidement
à se coucher.Déviation latérale des membres
(figure 11)
Ce type regroupe des animaux
présentant
une déviation latérale d’un ou des deux mem- bres. Les déviations les
plus fréquentes siègent
à
la jonction
tibio-métatarsienne et elles évo-quent
unvalgus
dupied,
maispeuvent
êtreaussi des
malpositions
de la cuisse avec despositions
des membres engrand
écart. Leplus
souvent, les dindons
prennent appui
sur l’arti- culation dujarret
ou bienreposent
sur le solincapables
de sedéplacer.
Cetype
regroupe laplupart
des animauxprésentant
des troubles degrande
intensité, c’est-à-dire lesplus
handica- pants ; il n’est pasimpossible
que ces déforma- tions soient laconséquence
d’anomalies de la locomotion évoluantdepuis longtemps.
c
/
Intensité etévolution des troubles
L’intensité définit le
degré
del’handicap
dudindon. Elle
s’exprime
au travers des anomaliesobservables, plus
ou moinsprononcées,
mais aussi, au travers des difficultés à sedéplacer
del’animal,
le rendant moins actif etplus
craintif.Les
signes
depanique
s’exacerbent avec la gra- vité du trouble etl’aggravation
dudéséquilibre
de l’animal. Pour un même
type
onpeut
noterune
gradation
de la déformation et du handi- cap. Demême,
entre les types, il existe cettegradation.
Ainsi les tremblements sont des troubles mineurs etdiscrets,
parrapport
auxtypes
avecdéformations,
au seindesquels
lesdindons à « rotation externe des
pieds
» sontmoins
handicapés
que les dindons à « dévia- tion médiale dupied
» ou moins encore que les dindons à « écartement bilatéral des genoux ».Les différents types ne sont pas
indépen-
dants les uns des autres ainsi le « couché fré-
quent
» estsystématiquement
observé chez les animaux à « écartement unilatéral du genou »,« écartement bilatéral des genoux », « rotation externe des
pieds
» et «déplacement
médio-crânial du
pied » ;
aussi peut-on penser que les anomaliesdynamiques
sont dessignes pré-
coces, les
malpositions apparaissant plus
tardi-vement. Le groupe « déviation latérale des
membres
» représenterait
le stade leplus
grave et leplus
tardif des troubles.d
/ Résultats nécropsiques
Très peu de lésions ont été observées à l’au-
topsie
des dindons normaux ou boiteux.- Les lésions de
dyschondroplasie (bloc
de car-tilage hypertrophique persistant
au niveau de laplaque
de croissanceproximale
dutibia)
s’ob-servent chez les dindons normaux comme chez des dindons atteints de troubles locomoteurs.
Des lésions de
dyschondroplasie
tibiale ont étéobservées sur
cinq
dindons. Chez un seul din- don detype
« écartement bilatéral des genoux » la lésion du tibia droit est associée àune
légère
incurvation latéro-médiale de l’ex- trémitéproximale
du tibia. Aucune autre défor-mation osseuse n’est visible.
- Au niveau articulaire : on observe une lésion d’arthrose chez un dindon de type « déviation médiale du
pied ».
- Au niveau cutané :
quelques
lésionslégères
de
pododermatite (inflammation
du revêtementcutané
plantaire)
aussi bien chez les dindonsnormaux que chez les dindons atteints de trou- bles locomoteurs ont été notées.
Aucune lésion
apparente
des nerfs et de la moelleépinière
n’a été observée.2 / Fréquence des différents types
dans les élevages
La
fréquence
est estimée par le pourcentage de dindons atteints dansl’élevage.
Chiffrée par latechnique
dedénombrement,
elle montre degrandes
variations entre lesélevages :
enDans les
élevages étudiés,
lestroubles
locomoteursatteignent
23 à 72%
des dindons.
Leur intensité est
indépendante de
leur fréquence.
Les
troubles les plus fréquents
sontles
tremblements
qui peuvent représenter jusqu’à
50% des boiteries observées.
moyenne 52 % des dindons sont atteints de troubles locomoteurs ;
l’écart-type
est de 15 %(tableau 2).
Les différents troubles ont été observés dans tous les
élevages
étudiés mais à desfréquences
variables. Les tremblements
apparaissent cependant
comme les troubles lesplus
fré-quents.
La
typologie
des dindons boiteux permet per- met de classer les 22élevages
en troiscatégo-
ries :
- Les
élevages
où lamajorité
des dindons sont de même type : 6élevages
à tremblements dominants et 7élevages
àmalpositions
domi-nantes.
- 6
élevages
« mixtes » où le tableauclinique
separtage
entre deuxtypes majeurs.
- 3
élevages
où aucun type ne domine.Discussion
L’étude que nous avons réalisée a
permis
de définir 7types cliniques
distinctsqui
peuventêtre classés en 3 groupes, en fonction de l’ano- malie dominante :
Le
premier
caractérise des animaux à trou- bles restreints, nes’exprimant qu’au
cours desmouvements
(dindons
à tremblements et à cou-chés
fréquents).
Ce stadeclinique pourrait
être le stade débutant de tous lestypes
définisensuite.
Le second contient les 5 types
qui
suivent,tous caractérisés par des anomalies de
position
desmembres,
c’est-à-dire par des anomalies s’observantégalement
sur l’animal immobile :ce sont les écartements des genoux, unilatéral
ou
bilatéral,
les rotations despieds,
la déviation médiale et ledéplacement
médio-crânial d’unpied.
Ces anomalies peuvent être observéesavec des intensités
variables,
même si certaines d’entre elles(écartement
bilatéral desgenoux)
semblent
toujours plus
invalidantes que les autres.Il est à noter que nous n’avons pas observé d’anomalies
cinétiques
telles que des claudica- tions sansmalposition
du membre chez l’ani- mal atteint.Enfin,
le dernier groupe(déviation
latéraledes
membres)
réunit les anomalies lesplus
graves et les
plus
invalidantes. Ce groupe pour- rait contenir les individus dont l’intensité des troubles est siimportante qu’ils
ontperdu
toutespécificité clinique.
Ces
troubles, quelle
que soit leurexpression clinique,
sont caractérisés par l’absence de lésions osseuses ou par des déformations desos rares et non
systématiques.
Laterminologie
que nous avons
employée
tente d’être laplus précise possible
et la moinssusceptible
deconfusion. Ainsi nous n’avons pas
employé
lestermes de varus et de
valgus
car ceux-ci noussemblent
réservés,
du fait de leur utilisation chez lepoulet,
aux déviations des membres associées à des déformations osseuses.Dans cette
espèce,
laplupart
des auteurss’accordent à décrire sous les termes
valgus
ouvarus les
malpositions
des membres provo-quées
par la déviation latérale ou médiale de l’extrémité distale de ladiaphyse tibiale, plus
ou moins associée à une courbure de la
partie proximale
du métatarse(Julian 1984).
La
fréquence
de ces déviations estimpor-
tante : Timms
(1983)
observe que 19,4 % despoulets
Rossqu’il
étudieprésentent
des anoma-lies à 10 semaines :
9,7 %
despoulets présen-
tent un
valgus, 4,7 %
un varus,11,6 %
des talonsélargis,
6,1 % de ladyschondroplasie
et6,5 % des
doigts
déviés. Randall et Mills(1981)
observent une incidence maximale de 60 % d’animaux atteints entre 3 et 7 semaines le
plus
souvent de déformations
progressives
de l’arti- culation tibio-tarsienne envalgus.
Riddell etSpringer (1985)
n’observent que 1,7 % de pou- lets atteints de troubles locomoteurs enmoyenne dont 70 % de
valgus
de l’articulationtarsale,
9 % de varus de la mêmearticulation,
7 % de rotation du tibia et 14 % de
spondylolis-
thèse.
Chez le
dindon,
lesdescriptions cliniques
relevées dans la littérature sont rares et le
plus
souvent succinctes.
Sanger
et al(1975)
décri-vent des
répugnances
à sedéplacer,
l’utilisation des ailes commebalanciers,
et des tremble-ments en
position
debout et au cours dudépla-
cement.
Wyers
et al(1991)
décrivent soit desclaudications soit des
incapacités
totales à sedéplacer.
La dichotomieprincipale
chez laplu- part
des auteurs(Duff
et al 1987, Ferket et Sell1989)
est déterminée par lacapacité
ou non àse
déplacer,
le deuxième critèredistinguant
lesanimaux
capables
de sedéplacer
étant un cri-tère d’intensité ou éventuellement de latéralité des anomalies.
Riddell
(1980)
décrit les troubles et surtout les déformations defaçon plus précise :
les din-dons
qu’il
observe sont souvent en décubitussterno-abdominal,
et sedéplacent
difficilement du fait des déformations osseuses de leurs membres inférieurs. Dans laplupart
des cas,ces animaux
présentent
une incurvation bilaté- rale des membres associée à une abduction de l’articulation fémoro-tibiale. Les tibias et,les
métatarses montrent des
déformations, princi- palement
au niveau des extrémitésproximales
des os. L’incurvation des tibias s’effectue dans
une direction antéro-médiale. Ces lésions sont souvent associées à des érosions
cartilagi-
neuses de l’articulation coxo-fémorale dont Riddell pense
qu’elles
sont secondaires aux déformations. Les tendons desgastrocnémiens peuvent
êtredéplacés
latéralement chez cer-tains animaux
(20
% descas). Quelques
ani-maux peuvent aussi
développer
des rotationsdans l’axe du tibia.
Au cours d’un
précédent
travail(Cherel
et al1990),
nous avions observé des incurvationstibiales,
des rotations dans l’axe et des défor- mations del’épiphyse proximale
du tibia. Lesdéformations les
plus
nombreuses étaient les incurvations du fûtdiaphysaire
dans le senslatéro-médial. Mais ces déformations osseuses
étaient
beaucoup plus
rares que celles obser- vées par Riddell.La
fréquence
des troubles est iciimportante,
de 23 à 72 % des animaux selon lesélevages.
Ilconvient de tenir
compte
du’fait que toutes lesanomalies ont été
prises
en compte, ycompris plus
de 30 % desreproducteurs
à 14 semaines.les anomalies
cinétiques (tremblements)
cequi
Une étude réalisée sur d’autresélevages,
utili- peutreprésenter
dans certainsélevages jusqu’à
sant la mêmetechnique
d’estimation des trou- 50 % des animaux atteints d’un trouble loco- bles que dans cetravail,
nous a montré que les moteur. Laplupart
dutemps,
dans lesélevages,
troubles locomoteurs à 15 semaines existaientl’appréciation
des troubles n’est pas chiffrée et avec unefréquence
moyenne de 38 % avec des elle tientplus
compte de l’intensité(caractère
variationsimportantes (Cherel 1989).
spectaculaire
des anomaliesinvalidantes)
queChez le poulet, les
auteurs s’attachent à du nombre réel d’animaux atteints. décrire et àanalyser
les déformations osseusesAu cours de ses
expérimentations,
Riddell(Duff
etThorp
1985a etb)
ou cherchent à Is(1980)
n’observe que 1,8 à 6,1 % d’animaux provoquer, parexemple
ensurchargeant
lesatteints de troubles osseux
(y compris
les défor- animaux avec despoids (Cook
et al1984) ;
chezmations).
Ferket et Sell(1989)
observent des le dindon les déformations osseuses étant raresfréquences
de 5,2 à 7,5 % selon lesrégimes
ali- et localisées en zoneproximale
dutibia,
ilmentaires
qu’ils
utilisent. Al’opposé,
Duff et alparaît plus prometteur,
pour mieux compren-(1987)
observent des troubles chezplus
de dre les troubleslocomoteurs, d’analyser
les50 % des animaux adultes nourris ad libitum et modifications de
posture
et d’allure des ani-Wyers
et al(1991)
observent des boiteries chez maux.Références bibliographiques
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Summary
Leg
weakness ingrowing turkeys:
incidenceand clinical
study.
The purpose of this
study
was toqualify leg
weakness
syndrome
in 15 weeks oldturkeys.
After a
description
of normalwalking
in tur-keys,
abnormalities observed in lame birdswere described.
Lame
turkeys
were classified into 7 groups:birds of the first group
only
showedtrembling
or rested very often. Two groups consisted of birds which showed deviations of the knees
(bilateral
and unilateralspreading out).
Three others were characterizedby
deviations of thefoot
(external rotation,
medial rotation and medio-cranialdisplacement)
and the last on was characterizedby
lateral deviations of thelegs.
Frequency
of lameness varied from 23 to 72percent in the 22 studied flocks.
The authors considered that
turkey
lamenesswas due to factors very different from bone deformation in the varus and
valgus
of thechicken.
CHEREL Y., RESCH Catherine, WYERS Monique.
1991. Aspect