SMIA-S2 : A
NALYSE2
C
ORRIGÉ DE LA SÉRIE02
Partie :
Intégration
Hamid EZZAHRAOUI
Département de Mathématiques Mars 2020
Année universitaire 2019/20 SMIA-S2
M8 : Analyse 2 Série 2
Exercice 1. Soit[a, b]un intervalle borné. Une subdivision S de [a, b]est un sous-ensemble fini de[a, b]tel que S = {x0, x1, . . . , xn}avecx0=a < x1< . . . < xn=b. Une subdivisionS de[a, b]est dite plus fine qu’une autre subdivision S0de[a, b]siS0⇢S.
Soit'une fonction en escalier définie sur[a, b]. On dit queS={x0, x1, . . . , xn}est une subdivision de[a, b]adaptée à's’il existe une suite finiec1, . . . , cnde constantes réelles telle que pourx2]xi 1, xi[,'(x) =ci.
1- Montrer que siS1etS2sont deux subdivisions de[a, b], alors il existe une subdivisionS de[a, b]qui est plus fine queS1etS2.
2- Montrer que siS1est une subdivision adaptée à'et siS2est une subdivision plus fine queS1, alorsS2est aussi adaptée à'.
3- Soient'une fonction en escalier définie sur[a, b]etS ={x0, x1, . . . , xn}une subdivision de [a, b]adaptée à '. Montrer que son intégrale sur[a, b]⇣
définie parZ b a
'(x) dx= Xn i=1
ci(xi xi 1)⌘
ne dépend pasS.
4- SoitE[a,b] l’ensemble des fonctions en escalier sur[a, b]. Montrer queE[a,b]est non vide, stable par l’addition des fonctions et par la multiplication par un scalaire.
5- Soient'1et'2deux éléments deE[a,b]. Montrer queZ b a
('1+'2)(x) dx= Z b
a
'1(x) dx+ Z b
a
'2(x) dx.
Exercice 2. Soitf une fonction réelle définie sur un intervalle[a, b].
1- Montrer quef est intégrable sur[a, b]si, et seulement si, pour tout✏>0il existe deux fonctions en escalier'et définies sur[a, b]et telles que :
'f et Z b
a
(x) dx Z b
a
'(x) dx <✏.
supposons que la propiété est vérifiée 2- En déduire que :
a) La fonctionf=IQ\[0,1]n’est pas intégrable. (On rappelle queIAest la fonction qui vaut1surAet0ailleurs.) b) Toute fonction monotone sur[a, b]est intégrable.
c) Toute fonction réglée sur[a, b]est intégrable.
On rappelle q’une fonctiong sur[a, b]est dite réglée s’il existe une suite(gn)de fonctions en escalier sur[a, b]
telle que(gn)converge uniformément versgsur[a, b], i.e.,supx2[a,b]|gn(x) g(x)|!0lorsquen! 1. 3- Montrer que la fonctionf définie sur[0,1]parf(x) = sin1x six6= 0etf(0) = 0est intégrable.
Indication: Remarquer que pour tout0<"<1, f est intégrable sur[",1].
1
Année Universitaire : 2019-2020
CORRIGÉ DE LA SÉRIE 02 (PARTIE1) - ANALYSE2 (INTÉGRATION) SMIA
Proposé par Pr. Hamid EZZAHRAOUI.
SOLUTION DE L’EXERCICE1 : 1. S =S1fiS2est une subdivision de[0,1]plus fine queS1etS2.
2. SoitS2la subdivision de[a, b]obtenue en ajoutant un seul élémenttàS1, distinct des éléments deS1. Il existekœ{1,2, . . . , n}tel quetœ]xk≠1, xk[. Donc la fonctionÏest constante et prend la valeurcksur ]xk≠1, xk[, donc sur]xk≠1, t[et]t, xk[,Ï(x) =ck. La subdivisionS2est donc adaptée àÏ. Il en résulte par récurrence sur le nombre fini d’éléments de[a, b]à ajouter àS1 (pour avoir S2), queS2 est encore adaptée àÏ.
3. Comme dans la question précédente, on procède par récurrence. SoientS ={x0, x1, . . . , xn}et I(Ï, S) :=ÿn
i=1
ci(xi≠xi≠1).
On considère la subdivisionSÕ de[a, b]obtenue en ajoutant un seul élémenttàSdistinct des éléments deS. Donc, il existe unjœ{1, . . . , n}tel quetœ]xj≠1, xj[. Sur]xj≠1, t[et]t, xj[, on aÏ(x) =cj. La subdivisionSÕ est donc adaptée àÏet on a
cj(xj≠xj≠1) =cj(t≠xj≠1) +cj(xj≠t).
D’où
I(Ï, S) =I(Ï, SÕ).
Il en résulte par récurrence sur le nombre fini d’éléments de[a, b]à ajouter àSqueI(Ï, S) =I(Ï, SÕ) siSÕ est plus fine queS. Donc, siS1 etS2sont deux subdivisions quelconques adaptées à la fonctionÏ, les deux nombresI(Ï, S1)etI(Ï, S2)sont l’un et l’autre égaux àI(Ï, S1fiS2).
4. SoitE[a,b] l’ensemble des fonctions en escalier sur[a, b]. Puisque toute fonction constante sur[a, b](en particulier la fonction nulle sur[a, b]) est une fonction en escalier,E[a,b]”=ÿ. Soientf, gœE[a,b]etS1et S2 deux subdivisions de[a, b]adaptées àf etgrespectivement. Donc,S1fiS2est une subdivision plus fine queS1 etS2. D’après la question 2, la subdivisionS1fiS2 est adaptée la fois àf etg. De plus, la fonctionf+gest constante sur chaque intervalle ouvert deS1fiS2, doncf+gœE[a,b]. Il est clair que sif œE[a,b], alors⁄f œE[a,b]pour tout⁄œR, car’xœ]xi≠1, xi[, on a⁄f(x) =⁄ci.
5. Supposons queÏ1,Ï2 œE[a,b]. SoientS1 etS2deux subdivisions de[a, b]adaptées àÏ1 etÏ2respecti- vement. D’après la question3, on a
I(Ï1, S1) =I(Ï1, S1fiS2) etI(Ï2, S2) =I(Ï2, S1fiS2).
On suppose queS1fiS2={x0, x1, . . . , xn}. D’après la question4, sixœ]xi≠1, xi[pouri= 1,2, . . . , n, il existeci etditels queÏ1(x) =ci etÏ2(x) =di. D’où, pour toutxœ]xi≠1, xi[, on a
(Ï1+Ï2)(x) =ci+di. Par conséquent,
⁄ b
a (Ï1+Ï2)(x)dx=ÿn
i=1
(ci+di)(xi≠xi≠1) =ÿn
i=1
ci(xi≠xi≠1)+ÿn
i=1
di(xi≠xi≠1) =⁄ b
a
Ï1(x)dx+⁄ b
a
Ï2(x)dx.
SOLUTION DE L’EXERCICE2 :
Rappel :SoitAest un sous-ensemble non vide deR, alors –= supA ≈∆ ’xœA, x6– et’Á>0,÷xÁ œA: –≠Á< xÁ6–.
et
—= infA ≈∆ ’xœA,—6x et’Á>0,÷yÁœA: — 6yÁ <—+Á,(doncyÁ≠Á<— 6yÁ).
SiAest majoré (resp. minoré) , alorsAa une borne supérieure (resp. inférieure), celle-ci est unique.
1. On suppose quef est bornée. Soient
Ef≠ =ÓÏœE[a,b]: Ï6fÔ et Ef+ =Ó„œE[a,b]: f 6„Ô. Posons
A≠f =I⁄ b
a Ï(x)dx: ÏœEf≠
J
et A+f =I⁄ b
a „(x)dx: „œEf+
J .
Ef≠,Ef+,A≠f etA+f sont non vides carf est bornée. Les éléments deA+f sont des majorants deA≠f et ceux deA≠f sont des minorants deA+f. Soient–= supÏœE≠
f A≠f et— = infÏœE+
f A+f. On sait quef est intégrable si et seulement si–=—.
En utilisant la propriété de la borne supérieure et celle de la borne inférieure (citées dans le rappel), pour toutÁ>0, il existeÏœEf≠et il existe„œEf+telles que
–≠Á/2<
⁄ b
a Ï(x)dx6–,
⁄ b
a „(x)dx≠Á/2<—6⁄ b
a „(x)dx.
De plus, on aÏ6f 6„. Sif est intégrable alors–=—.Donc,
⁄ b
a „(x)dx≠Á=⁄ b
a „(x)dx≠Á/2≠Á/2<—≠Á/2 =–≠Á/2<
⁄ b
a Ï(x)dx.
Donc, sif est intégrable, pour toutÁ > 0, il existe deux fonctions en escalierÏet„définies sur[a, b]
telles que
Ï6f 6„ et ⁄ b
a „(x)dx≠
⁄ b
a Ï(x)dx <Á.
Hamid EZZAHRAOUI 2 Département de Mathématiques,
Faculté des Sciences de Rabat
Réciproquement, supposons au contraire, que f n’est pas intégrable. Donc,— > –. SoitÁ = — ≠–.
Puisque,’ÏœEf≠ et ’„œEf+, on a–>sabÏ(x)dxet—<sab„(x)dx, alors,
⁄ b
a „(x)dx≠
⁄ b
a Ï(x)dx >—≠–=Á>0.
Contradiction.
2. (a) Application 1:f = Qfl[0,1]n’est pas intégrable sur[0,1].
SoitÁ= 1. On a
f(x) = Y] [
1, sixœQfl[0,1], 0, six /œQfl[0,1].
Soit(g, h)un couple quelconque de fonctions en escalier sur[0,1]vérifiantg(x) 6f(x) 6h(x) pour toutxœ[0,1]. SoitSune subdivision de[0,1]adaptée à la fois àgeth. D’après la densité de deQdansR, on ag(x)60eth(x)>1. D’où,
⁄ 1
0 (h(x)≠g(x))dx>1 =Á.
D’après la question(1), la fonctionf n’est pas intégrable.
(b) Application 2: Toute fonction monotone sur un intervalle[a, b]est intégrable.
Sans perdre de généralité, on suppose quef est croissante. On considère une subdivision de[a, b]
de la forme
S={a < a+h < a+ 2h < . . . < a+nh=b}
oùnœNúétant quelconque et le nombrehest défini parh= b≠an , appelé lepasde la subdivision S. En général, lepasd’une subdivisionS = {a= x0 < x1 < x2 < . . . < xn = b}, est la plus grande des longueurs des sous-intervalles, c’est-à-direh= max
i=1,2,...,n|xi≠xi≠1|.
Dans la suite, nous définissons deux fonctions en escalier Ïet„sur l’intervalle [a, b], en posant pour toutxœ]a+kh, a+ (k+ 1)h[, oùk= 0,1, . . . , n≠1,
Ï(x) =f(a+kh), „(x) =f(a+ (k+ 1)h),
etÏ(b) = „(b) = f(b). Puisque f est croissante, alorsÏ(x) 6 f(x) 6 „(x), ’x œ [a, b]. De plus, puisquexk=a+khpourk= 0,1, . . . , n, on a
⁄ b
a Ï(x)dx=nÿ≠1
k=0
(xk+1≠xk)Ï(x) =h
nÿ≠1 k=0
f(a+kh),
et ⁄ b
a „(x)dx=h
nÿ≠1 k=0
f(a+ (k+ 1)h).
Par conséquent,
⁄ b
a („(x)≠Ï(x))dx=h[f(a+nh)≠f(a)] = b≠a
n [f(b)≠f(a)].
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Faculté des Sciences de Rabat
Pour chaqueÁ>0donné, on peut choisirnassez grand de manière à avoir b≠an [f(b)≠f(a)]<Á, c’est-à-dire,’Á>0, il existe deux fonctions en escalierÏet„(sur[a, b]) telles que
Ï6f 6„ et ⁄ b
a
„(x)dx≠
⁄ b
a
Ï(x)dx <Á.
D’après la question1, la fonctionf est intégrable.
Remarque : Sif est décroissante sur[a, b], alors ≠f est croissante sur[a, b]et donc elle est intégrable, d’où d’après la question4de l’exercice1,f = (≠1)(≠f)est intégrable.
(c) Application 3: Toute fonction réglée est intégrable.
On rappelle qu’une fonctiong est diterégléesur[a, b]s’il existe une suite(gn)n de fonctions en escalier sur[a, b]convergeant uniformément versg, c’est-à-dire
næ+Œlim sup
xœ[a,b]|gn(x)≠g(x)|= 0.
Supposons quegest réglée, donc elle est limite uniforme d’une suite(gn)nde fonctions en escalier sur[a, b]. SoitÁ>0etn0 œN, tels que
sup
xœ[a,b]|gn0(x)≠g(x)|6 Á 2(b≠a). On considère les deux fonctionsÏet„définies sur[a, b]par
Ï=gn0≠ Á
2(b≠a), „=gn0+ Á 2(b≠a). Les fonctionsÏet„sont en escalier sur[a, b]et vérifientÏ6f 6„et
⁄ b
a „(x)dx≠
⁄ b
a Ï(x)dx= 2⁄ b
a
Á
2(b≠a) =Á.
Donc, d’après la question1,gest intégrable sur[a, b].
3. La réponse à cette question repose sur la démonstration du résultat suivant, dans un cadre plus général.
Proposition :Soitf :]0,1]≠æRune fonction intégrable au sens de Riemann sur tout intervalle de la forme[a,1]oùa > 0. Sif est bornée sur]0,1]etf(0) = 0, alorsf : [0,1] ≠æ Rest intégrable au sens de Riemann.
Démonstration. SoitM >0tel que|f(x)|6M, pour toutxœ]0,1]. SoientÁ>0et‹ = min(4M1 Á,12Á).
Commef est supposée intégrable sur l’intervalle[‹,1], il existe deux fonctions en escalierÏet„telles queÏ6f 6„sur[‹,1]avec
⁄ 1
‹ („(x)≠Ï(x))dx <Á/2.
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ProlongeonsÏet„sur[0,‹]en posantÏ(x) =≠Met„(x) =M sur[0,‹]. Alors, pour toutxœ[0,1], on aÏ(x)6f(x)6„(x). Il est clair que les fonctionsÏet„sont en escalier sur[0,1]et on a
⁄ 1
0 („(x)≠Ï(x))dx6⁄ ‹
0 (M+M)dx+⁄ 1
‹ („(x)≠Ï(x))dx 62M‹+ 1
2Á 62M. 1
4MÁ+1 2Á
=Á
.
CommeÁ>0est arbitraire, d’après la question1, on en déduit quef est Riemann-intégrable.
Application : (Fonction ingérable non réglée) Soitf la fonction définie sur[0,1]par f(x) =
Y] [
sin(x1), six”= 0 0, six= 0.
On remarque que pour touta > 0, f est intégrable sur [a,1] et bornée sur]0,1]. Puisquef(0) = 0, d’après la proposition précédente,f est intégrable (au sens de Riemann) sur[0,1].
On montre quefest non réglée. On suppose par l’absurde quefest réglée. D’après la définition, il existe une fonction en escaliergtelle que|f(x)≠g(x)< 12 pour toutx œ[0,1]. Donc, il existe une constante µœ]0,1[telle quegégale à une constantecpour toutxœ]0, µ[. Soit(an)nla suite de terme général
an= 1
fi2 +nfi.
La suite(an)nest à valeurs dans]0,1[et converge vers0. Donc, il existen0 œNtel queanœ]0, µ[pour toutn>n0. On a Y
__ __ _] __ __ _[
|c≠1|=|g(a2n0)≠f(a2n0)|< 1 2 et
|c+ 1|=|g(a2n0+1)≠f(a2n0+1)|< 1 2 D’où,
2 =|(1≠c) + (c+ 1)|6|c≠1|+|c+ 1|< 1 2 +1
2 = 1, ce qui est absurde. Par conséquent,fn’est pas réglée.
-FIN DE LA PARTIE1-
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Faculté des Sciences de Rabat