RAPPORT D’INVENTAIRE DE LA TORTUE DES BOIS (Glyptemys insculpta) DANS LA RÉGION DES LAURENTIDES AU PRINTEMPS 2012
par Simon Pelletier
Ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs Québec 2014
Référence à citer :
PELLETIER, S. (2014). Rapport d’inventaire de la tortue des bois (Glyptemys insculpta) dans la région des Laurentides au printemps 2012, ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs, Direction générale de l’expertise sur la faune et de ses habitats, Direction de la biodiversité et des maladies de la faune, 46 p.
Dépôt légal – Bibliothèque nationale du Québec, 2014 ISBN : 978-2-550-69986-6 (version imprimée)
ISBN : 978-2-550-69987-3 (version PDF)
ÉQUIPE DE RÉALISATION
Ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs
Christian Beaudoin, Yan Bourque, Lyne Bouthillier, Claude Daigle, Yohann Dubois, Jeremy Froidevaux, Claudine Laurendeau, Annie Lévesque, Simon Pelletier, Valérie Simard, Nathalie Tessier
Agir pour la Diable Ariane Tremblay-Daoust
Parc national du Mont-Tremblant Émilie Dorion, Jacques Tremblay
RÉSUMÉ
Ce rapport présente les résultats d’inventaire de la tortue des bois (Glyptemys insculpta) dans la région des Laurentides au printemps 2012. Très peu de mentions existaient pour cette région malgré la possibilité d’y trouver des habitats favorables. Du 1er mai au 9 mai, 31 tronçons sur 17 rivières réparties dans 4 bassins versants différents ont fait l’objet de recherche active. Au total, 18 tortues ont été capturées sur 2 rivières différentes, soit la rivière Notawassi (17) et la rivière Saguay (1). Malgré le temps investi, des conditions d’inventaire adéquates et des habitats souvent propices, très peu de tortues ont été observées. Compte tenu de l’effort déployé pour cet inventaire, il ne semble pas approprié d’en entreprendre d’autres dans cette région, à moins que de nouvelles mentions transmises à l’Atlas des amphibiens et reptiles du Québec (AARQ) suggèrent la présence d’une nouvelle population. Il serait tout de même pertinent d’approfondir nos connaissances sur la population de la rivière Notawassi, vu l’abondance d’habitats potentiels et la présence de plusieurs individus.
TABLE DES MATIÈRES
ÉQUIPE DE RÉALISATION... iii
RÉSUMÉ ...v
TABLE DES MATIÈRES... vii
LISTE DES TABLEAUX...ix
LISTE DES FIGURES...ix
LISTE DES ANNEXES ...ix
1. INTRODUCTION ... 1
2. MÉTHODOLOGIE... 3
3. RÉSULTATS ET DISCUSSION ... 6
3.1 Bassin de la rivière Gatineau... 8
3.2 Bassin des rivières du Lièvre et de la Petite Nation... 10
3.3 Bassin de la rivière Rouge ... 10
4. CONCLUSION... 12
5. LISTE DES RÉFÉRENCES ... 13
ANNEXES ... 15
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1. Caractéristiques des tronçons inventoriés et effort d’inventaire... 6 Tableau 2. Captures de tortues des bois... 7
LISTE DES FIGURES
Figure 1. Patron de marquage des écailles de la dossière de la tortue des bois.... 4 Figure 2. Aire d’étude d’inventaire de la tortue des bois dans la région des
Laurentides en 2012... 5 Figure 3. Répartition des captures de tortues des bois sur la rivière Notawassi par
classe de longueur maximale du plastron... 9
LISTE DES ANNEXES
Annexe 1. Feuilles de terrain... 17 Annexe 2. Cartes... 23
1. INTRODUCTION
La tortue des bois (Glyptemys insculpta) fait partie des huit espèces de tortues d’eau douce du Québec. Au Canada, l’espèce est présente en Ontario, au Québec, au Nouveau- Brunswick et en Nouvelle-Écosse. Elle se trouve aussi aux États-Unis, dans les États du Nord-Est et sur le pourtour des Grands Lacs (Ernst and Lovich, 2009). Elle est considérée comme menacée au Canada et, depuis 2005, elle possède le statut de vulnérable en vertu de la Loi sur les espèces menacées et vulnérables du Québec (RLRQ, c. E-12.01). Elle fait l’objet d’une protection légale en vertu de la Loi sur les espèces en péril au Canada (LEP) et bénéficie de mesures de protection sur les terres publiques au Québec en vertu de l’entente administrative intervenue en 2010 entre le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) et le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP) concernant la protection des espèces fauniques et floristiques menacées ou vulnérables et d’autres éléments de biodiversité sur le territoire forestier du Québec. La province s’est dotée d’un plan de rétablissement (Équipe de rétablissement des tortues du Québec, 2005) qui vise la protection des populations et de leur habitat, l’acquisition de nouvelles connaissances, ainsi que la sensibilisation du public dans le but de protéger les populations en situation précaire, de les maintenir en santé et d’assurer leur pérennité. L’espèce fait aussi l’objet d’un suivi dans l’Atlas des amphibiens et reptiles du Québec et au Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec (CDPNQ).
La tortue des bois occupe principalement les régions situées au sud du 47e parallèle. Elle est associée aux rivières sinueuses au courant modéré, au substrat meuble de granulométrie moyenne (sables et graviers) et au couvert arborescent ouvert principalement constitué d’aulnes et de friches (Ernst and Lovich, 2009). L’espèce est sensible aux menaces telles que le dérangement humain, les routes, la destruction de ses habitats et la prédation des nids (COSEPAC, 2007).
La tortue des bois a fait l’objet de nombreux inventaires dans la province au cours des dernières décennies (Bernier et Dubois, en préparation). Ceux-ci ont permis de découvrir de nouvelles populations et de préciser la répartition de l’espèce. Malgré tout, la présence de l’espèce dans plusieurs régions demeure peu connue. Plusieurs observations ont été
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répertoriées dans la région des Laurentides, mais celles-ci demeurent éparses et n’ont pas fait l’objet d’investigations plus poussées. Plusieurs tronçons propices ont donc été délimités durant l’hiver 2012 et inventoriés le printemps suivant dans le but d’acquérir de l’information sur la répartition de l’espèce dans cette région.
2. MÉTHODOLOGIE
Les inventaires se sont déroulés du 1er mai au 9 mai inclusivement. Au total, 17 rivières, réparties dans 4 bassins versants de la région des Laurentides ont été visitées. Il s’agissait des bassins versants de la rivière Gatineau, de la rivière du Lièvre, de la rivière Rouge et de la rivière de la Petite Nation (voir figure 2). On trouve en aval de tous ces bassins versants la rivière des Outaouais. Le nord de la région a été exclu de l’inventaire, car la zone climatique n’est pas favorable à l’espèce. Quant au sud de la région (bassin de la rivière du Nord), il n’a pas été considéré non plus, car le secteur est fortement urbanisé et offre peu d’habitats potentiels. Lors de la planification, le choix des tronçons de rivières à inventorier a été réalisé en trois étapes. Les mentions de tortues des bois transmises au CDPNQ ont permis en premier lieu de déterminer certains secteurs potentiels, mais sans s’y restreindre. Par la suite, les cours d’eau dont le lit est sinueux, le substrat, sableux ou graveleux et la végétation, ouverte, principalement constituée d’aulnes, ont été retenus.
Ces renseignements ont été obtenus de l’Atlas des habitats potentiels de la tortue des bois (Giguère et coll., 2011) et d’un logiciel d’imagerie satellitaire (Google Earth).
L’accessibilité aux sites préalablement ciblés a finalement été considérée afin de faciliter les déplacements quotidiens.
Pour chaque rivière, un ou plusieurs tronçons ont été inventoriés, selon la longueur à couvrir. Chaque tronçon d’approximativement 3 km à vol d’oiseau a été parcouru par au moins deux personnes, mais plus généralement par quatre. Les inventaires ont débutés au plus tard à 10 h et terminés au plus tôt à 15 h, période de plus grande activité de l’espèce (Ernst and Lovich, 2009). Une personne descendait le cours d’eau en canot, lorsque possible, concentrant ses recherches sur les berges et le lit de ce dernier. Les autres personnes couvraient les rives et concentraient leurs efforts sur les 20 premiers mètres de milieu terrestre (Daigle, 1997).
Pour chaque tronçon parcouru, une feuille de terrain était remplie, permettant de colliger l’information sur l’effort de recherche et la qualité des habitats dans la section du cours d’eau. Cette fiche et sa légende sont présentées à l’annexe 1. La somme des cotes accordées aux différents paramètres physiques du cours d’eau permet d’apprécier son potentiel d’habitat pour la tortue des bois. Une cote totale inférieure à 6 est considérée
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comme un potentiel nul à très faible; de 6 à 10, faible; de 11 à 15, modéré et de 16 à 18, fort.
Par la suite, lorsqu’une tortue était capturée, une deuxième fiche de terrain était remplie (voir annexe 1). Pour chaque tortue des bois capturée, les données suivantes ont été recueillies : coordonnées géographiques, date et heure, masse, longueur maximale de la carapace et du plastron, âge (adulte, juvénile, immature) et sexe (mâle, femelle, indéterminé). Les blessures et les malformations relevées étaient également notées. Les tortues ont été mesurées à l’aide d’un vernier forestier (mm), pesées avec une balance Pesola 2 500 g (précision de 0,3 %) et sexées selon le critère de concavité du plastron (Harding et Bloomer, 1979) chez les individus dont la longueur de la dossière était supérieure à 185 mm. Les tortues de tailles inférieures étaient considérées comme juvéniles (Brooks et coll., 1992).
Chaque individu a ensuite été marqué d’un numéro unique au moyen d’encoches limées dans les écailles marginales de la dossière (Cagle, 1939). Chaque écaille correspond à un nombre (figure 1). Les écailles postérieures correspondent au numéro d’identification de l’individu et les écailles antérieures, au numéro de la rivière attribué par la Société d’histoire naturelle de la vallée du Saint-Laurent qui tient à jour un registre des rivières à tortues des bois. De petits morceaux d’écailles ont été prélevés sur les pattes antérieures de chaque individu en vue d’analyses génétiques (Tessier et Lapointe, 2011).
Figure 1. Patron de marquage des écailles de la dossière de la tortue des bois
Figure 2. Aire d’étude d’inventaire de la tortue des bois dans la région des Laurentides en 2012
3. RÉSULTATS ET DISCUSSION
Un effort total de plus de 487 heures de recherche active a été déployé. Ce temps a été réparti sur 31 tronçons au total (annexe 2), dans 4 grands bassins versants (tableau 1).
Bien que la cote utilisée pour déterminer la qualité des habitats soit basée sur une évaluation subjective (annexe 1), les six tronçons où des tortues ont été capturées présentaient une qualité variant de 14 à 18 (modérée à forte). Dix des vingt-cinq autres tronçons présentaient une qualité équivalente.
Tableau 1. Caractéristiques des tronçons inventoriés et effort d’inventaire
Numéro
Bassin
versant Cours d'eau Largeur Courant Profondeur Ponte Aulnaie Berge Total Effort
(h) Nbre tortues
1 Rouge Ruisseau Larose T1 1 2,5 2,5 3 3 2 14 8.5 0
1 Rouge Ruisseau Larose T2 6 2,5 2 1 2,5 3 17 6 0
3 Rouge Rivière du Diable T1 2 2 2,5 3 1,5 2 13 18,3 0
3 Rouge Rivière du Diable T2 3 2 2,3 3 1,7 3 15 24,3 0
2 Rouge Rivière du Diable T3 3 1 2 3 1 3 13 24.5 0
4
Petite-
Nation Ruisseau Ernest 1,5 3 3 2 3 2 14,5 14 0
5 Rouge Ruisseau du lac Castor 1 2 3 1 2,3 1,3 10,7 21,6 0
6 Rouge Ruisseau Chaud T1 1 2 3 2,5 2,5 2 13 20,6 0
6 Rouge Ruisseau Chaud T2 3 3 3 3 3 3 18 22 0
7 Rouge Rivière Macaza 3 2 2,5 1 2,5 1.5 12,5 26,3 0
8 Rouge Rivière Saguay 2 3 2,5 3 3 2 15,5 53 1
9 Rouge Rivière Nominingue 2 1 2 1 1 3 10 22 0
9 Rouge Rivière Rouge T2 3 2 1,5 3 1 2 12,5 11,6 0
10 Rouge Ruisseau Jourdain 3 2 2 1 3 1 12 22,3 0
11 Rouge Rivière Rouge T1 3 2 2 3 1 3 14 16,3 0
12 Rouge Ruisseau Jaune 1,7 2,3 2,3 3 2,7 2,7 14,7 24 0
13 Gatineau Ruisseau Joseph 1 2 3 1 2 1 10 10 0
14 Lièvre Rivière Tapani 2 2 2 1 3 3 13 5 0
15 Lièvre Ruisseau Rabot 1 3 1 1 2 1 9 8 0
16 Lièvre Rivière Busby Sud 3 2 2 3 2 3 15 4 0
17 Lièvre Rivière Busby Nord 2 2 2 1 2 2 11 7 0
18 Gatineau
Tributaire Lac Cocanagog
T1 1 3 3 1 2 1 11 7 0
18 Gatineau
Tributaire Lac Cocanagog
T2 1 3 3 3 3 3 16 8,8 0
18 Gatineau
Tributaire Lac Cocanagog
T3 1 2 2 1 2 3 11 2 0
19 Gatineau Rivière Notawassi T1 3 3 3 3 3 3 18 45 4
19 Gatineau Rivière Notawassi T2 3 3 2 2 3 1 14 26 3
19 Gatineau Rivière Notawassi T3 3 3 2 2 3 1 14 26 2
19 Gatineau Rivière Notawassi T4 3 2 2 1 3 3 14 27,25 5
19 Gatineau Rivière Notawassi T5 3 3 2 3 3 3 17 13 3
20 Gatineau Rivière Notawassi T6 3 2 2 3 3 2 15 12 0
21 Gatineau Ruisseau Esturgeon 1 2 2 1 3 1 10 34 0
Total 487.35 18
Au total, 18 tortues des bois ont été observées et capturées. Elles proviennent toutes de la rivière Notawassi dans le bassin de la rivière Gatineau, sauf une trouvée dans celui de la rivière Rouge, sur la rivière Saguay. Près de la moitié était des femelles et seulement deux mâles ont été capturés, les autres étant considérés comme des juvéniles (tableau 2). Très peu d’individus présentaient des blessures : une avait un membre amputé.
Tableau 2. Captures de tortues des bois
Rivière Date Heure Météo Latitude Longitude Sexe Marquage ind.
Longueur dossière
(mm)
Longueur plastron
(mm) Poids
(g) Note
Rivière Notawassi
3
mai n. d. Nuageux 47,0311400 75,6302300 M 1 224 203 1200 Aucune blessure Rivière
Notawassi 3
mai n. d. Nuageux 47,0262700 75,6441200 F 5 228 220 1480 Aucune blessure Rivière
Notawassi 3
mai 14 h 47 Nuageux 47,0286500 75,6420100 J 4 114 109 200 Aucune blessure Rivière
Notawassi 3
mai 14 h 20 Nuageux 47,0291600 75,6414000 J 3 159 151 500 Aucune blessure Rivière
Notawassi 3
mai 12 h 42 Nuageux 47,0308600 75,6308300 F 2 215 208 1240 Blessures écailles près de la queue
Rivière Notawassi
4
mai 13 h 40 Bruine 47,0060700 75,6570000 F 7 212 205 1110 Aucune blessure Rivière
Notawassi 4
mai 11 h Nuageux 47,0121700 75,6503500 F 6 207 196 1180 Aucune blessure Rivière
Notawassi 5
mai 15 h 5 Soleil 46,9928800 75,6757200 F 10 220 210 1200 Aucune blessure Rivière
Notawassi 5
mai 10 h 12 Soleil 47,0029300 75,6679300 F 8 226 210 1178 Aucune blessure Rivière
Notawassi 5
mai 14 h 30 Soleil 46,9955600 75,6723300 F 9 201 192 1020 Aucune blessure Rivière
Notawassi 6
mai 11 h 17 Soleil 47,0496700 75,5831150 J non
marquée 160 158 540 patte arrière gauche amputée Rivière
Notawassi 6
mai 15 h 48 Soleil 47,0322800 75,6202800 J non
marquée 144 138 340 Aucune blessure
Rivière Notawassi
6
mai 15 h 45 Soleil 47,0325000 75,6203000 F non
marquée 208 197 1150 Aucune blessure
Rivière Notawassi
6
mai 12 h 45 Soleil 46,9543800 75,6999700 J 12 105 99 180 Aucune blessure Rivière
Notawassi 6
mai 12 h 55 Soleil 46,9543800 75,6999800 J 13 162 149 520 Aucune blessure Rivière
Notawassi 6
mai 10 h Soleil 46,9607900 75,6988800 J 11 98 94 140 Aucune blessure
Rivière Notawassi
6
mai 9 h 30 Soleil 46,9627900 75,6990700 J 10 114 107 180 Aucune blessure Rivière
Saguay 6
mai 10 h 20 Soleil 46,4256100 75,0672100 M 1 218 198 1360 Individu très vieux, 7 m de la rive
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L’Atlas des habitats potentiels de la tortue des bois s’est révélé un outil efficace pour déterminer les rivières à inventorier. Toutes les rivières visitées présentaient un potentiel d’habitat sensiblement comparable à ce que l’Atlas proposait. Bien que très peu de rivières aient permis des captures, les rivières inventoriées présentaient des habitats caractéristiques de celui propice à la tortue des bois. Dans la planification de futurs inventaires, il serait intéressant d’obtenir de l’information des résidents avant même d’aller sur le terrain. Ceux-ci sont souvent en mesure de nous fournir une bonne idée des espèces observées ou non dans leur secteur ce qui permet de mieux déterminer les secteurs à visiter. C’est aussi une bonne façon de les sensibiliser à nos travaux. Une association avec les organismes environnementaux de la région visée pourrait faciliter l’exercice.
3.1 Bassin de la rivière Gatineau
Le bassin de la rivière Gatineau est occupé par plusieurs populations de tortues des bois bien documentées (Daigle, 1996; Trochu, 2003; Laurendeau et Caron, non publié). La rivière Notawassi faisait l’objet de plusieurs mentions transmises à l’AARQ et nos inventaires ont permis de confirmer celles-ci en plus d’accroître l’occurrence de l’espèce sur cette rivière. En tout, 17 individus ont été capturés, dont environ la moitié était des juvéniles. Bien que ce nombre soit considérable, le nombre de tortues capturées aurait sans doute pu être plus grand. Cela s’explique par le fait que le but de l’inventaire était d’élargir la zone d’occupation connue de l’espèce et non de dresser un profil de la population. Ainsi, lorsqu’une tortue était trouvée, l’équipe se déplaçait plus en aval afin de couvrir le plus de territoire possible, et ce, sans tenir nécessairement compte de la qualité des habitats.
La qualité et l’étendue des habitats qui y ont été observés durant l’inventaire, le nombre d’individus trouvés, la diversité de la taille de ces derniers (figure 3), ainsi que le peu de blessures observées suggèrent une population nombreuse et en santé. L’étendue du tronçon de la rivière habité par des tortues est aussi considérable, avec un peu plus d’une vingtaine de kilomètres en ligne droite. Compte tenu de cette superficie occupée par l’espèce le long de cette rivière, elle se compare aux autres rivières importantes connues, telles la rivière de l’Aigle ou la rivière Shawinigan. De plus, elle représente une des populations importantes les plus nordiques du Québec.
0 1 2 3 4 5 6 7
]60-80]
]80-100]
]100-120]
]120-140]
]140-160]
]160-180]
]180-200]
]200-220]
]220-240]
Longueur m axim ale du plastron (m m )
Nombre de tortue
Figure 3. Répartition des captures de tortues des bois sur la rivière Notawassi par classe de longueur maximale du plastron
Sur les neuf adultes capturés dans la population de la rivière Notawassi, il n’y avait qu’un mâle. Bien que cette constatation soit surprenante, puisque les mâles sont normalement plus actifs que les femelles tôt au printemps (Ernst and Lovich, 2009), il ne serait pas pertinent d’essayer d’en tirer une conclusion hâtive, car l’échantillonnage n’est pas assez important. On ne peut donc pas parler de déséquilibre dans le rapport des sexes.
La rivière Notawassi étant située plus en retrait de l’activité humaine, les menaces semblent être moins nombreuses. Un projet d’exploitation des tourbières situées à proximité de la rivière est toutefois au stade de l’élaboration et pourrait engendrer de nouvelles menaces pour cette population (p. ex., nouvelles routes, dégradation de la qualité de l’eau, etc.). Aucune tortue n’a été trouvée dans les cours d’eau à proximité. Par contre, un résident a mentionné qu’il avait déjà observé des tortues pondre sur le chemin qui longe le tributaire du lac Cocanagog.
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À première vue, la rivière Notawassi semble offrir de très bonnes possibilités en matière d’habitats propices permettant de supporter une population de tortue des bois et il serait bon d’approfondir nos connaissances sur celle-ci. Il faudrait tout d’abord déterminer clairement l’étendue de l’aire occupée par la population le long de la rivière et de ses tributaires. Ensuite, il serait intéressant d’effectuer une estimation de population sur un tronçon de référence dans le but d’entreprendre un suivi de population. Finalement, il faudrait effectuer une meilleure caractérisation de l’habitat ainsi que des menaces et de concilier le tout au CDPNQ.
3.2 Bassin des rivières du Lièvre et de la Petite Nation
Aucune tortue n’a été observée dans le bassin des rivières du Lièvre et de la Petite Nation, mais l’effort de recherche a été modeste et, compte tenu de la faible probabilité de détection de cette espèce (Mazerolle et Dubois, en préparation), nos résultats ne sont peut-être pas représentatifs de la situation de la tortue des bois dans ces deux bassins versants.
3.3 Bassin de la rivière Rouge
La quasi absence d’observation de tortues des bois lors de l’inventaire dans ce bassin versant malgré les occurrences recensées au CDPNQ, de mentions répertoriées dans l’Atlas des amphibiens et reptiles du Québec et d’habitats propices, pourrait être attribuable à plusieurs facteurs. Premièrement, il y a eu seulement trois jours durant lesquels les conditions météorologiques ont été favorables aux inventaires. Il se pourrait bien que cet élément ait réduit les chances de détection de l’espèce. Toutefois, en s’informant auprès des résidents de la région, très peu de personnes avaient déjà vu l’espèce et aucune d’entre elles n’a pu identifier avec certitude la ou les espèces qu’ils avaient observées.
Le cas de la rivière du Diable, dans le parc national du Mont-Tremblant, est particulier.
L’espèce a fait l’objet de plusieurs observations dans le passé et laissait croire qu’une population pourrait y avoir élu domicile. Malgré les efforts du personnel du parc dans les dernières années et l’inventaire de 2012, aucune tortue n’y a été capturée. Il est possible
que les mentions disponibles soient celles d’individus mal identifiés à l’époque ou qu’il s’agisse d’individus capturés ailleurs et relâchés dans le parc. Selon l’Atlas des habitats potentiels de la tortue des bois, ce secteur de la rivière serait situé à l’extérieur de la zone climatique favorable à l’espèce.
L’individu trouvé dans la rivière Saguay était très âgé. Bien qu’un effort de recherche important ait été investi sur cette rivière, aucune autre tortue n’a été observée. Il est donc possible qu’il s’agisse d’un individu d’une population disparue ou encore qu’il provienne d’un autre bassin versant. Les données recueillies au cours de ces travaux suggèrent que l’espèce est peu abondante dans ce bassin versant. Il serait étonnant qu’il y ait une population importante sans avoir d’indices tangibles de sa présence.
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4. CONCLUSION
En conclusion, l’effort d’inventaire important déployé dans la région des Laurentides au printemps 2012 n’a pas permis de découvrir de nouvelles populations de tortue des bois.
Par contre, il a permis de confirmer celle de la rivière Notawassi et d’en constater l’importance. Bien que plusieurs cours d’eau avec de bons habitats aient été visités dans l’aire d’étude, l’espèce n’a pas été observée. La partie sud du bassin de la rivière du Lièvre incluse dans la région des Laurentides est le seul secteur qui n’a pas été visité et où il serait possible d’y trouver des tortues. Il n’apparaît pas pertinent de réaliser de nouveaux inventaires dans ce secteur, tout comme dans la région des Laurentides tant que l’AARQ n’aura pas reçu plusieurs nouveaux rapports d’observation pour un même cours d’eau. Toutefois, il importe de continuer à faire des inventaires de l’espèce au Québec lorsque nous avons des indications de présence qui méritent d’être validées afin de localiser de nouvelles populations pouvant bénéficier de mesures de protection.
5. LISTE DES RÉFÉRENCES
BERNIER, P. A. et Y. DUBOIS (en préparation). Bilan de la mise en œuvre du plan de rétablissement des tortues du Québec de 2005 à 2010, rapport rédigé pour l’Équipe de rétablissement des tortues du Québec, ministère des Ressources naturelles et de la Faune, Secteur Faune, Direction de l’expertise sur la faune et ses habitats, 99 p.
BROOKS, R. J., C. M. SHILTON, G. P. BROWN and N. W. S. QUINN (1992). “Body size, age distribution, and reproduction in a northern population of wood turtles (Clemmys insculpta)”, Can. J. Zool., 70: 462-469.
CAGLE, F. R. (1939). “A system of marking turtles for future identification”, Copeia, 1939:
170-172.
COSEPAC (2007). Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la tortue des bois (Glyptemys insculpta) au Canada, mise à jour, Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, Ottawa, vii + 47 p.
DAIGLE, C. (1996). Inventaire de la tortue des bois au Québec — rapport d’étape 1994 et 1995, ministère de l’Environnement et de la Faune du Québec, Direction de la faune et des habitats, 15 p.
DAIGLE, C. (1997). “Size and characteristics of a wood turtle (Clemmys insculpta) population in southern Québec”, Canadian Field-Naturalist, 111(3): 440-444.
ERNST C. H. and J. E. LOVICH (2009). Turtles of the United States and Canada, second edition, The Johns Hopkins University Press, Maryland, 827 p.
ÉQUIPE DE RÉTABLISSEMENT DES TORTUES DU QUÉBEC (2005). Plan de rétablissement de cinq espèces de tortues au Québec pour les années 2005 à 2010 : la tortue des bois (Glyptemys insculpta), la tortue géographique (Graptemys
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geographica), la tortue mouchetée (Emydoidea blandingii), la tortue musquée (Sternotherus odoratus) et la tortue ponctuée (Clemmys guttata), ministère des Ressources naturelles et de la Faune, Faune Québec, 57 p.
GIGUÈRE, S., M.-J. CÔTÉ et C. DAIGLE (2011). Atlas des habitats potentiels de la tortue des bois (Glyptemys insculpta) au Québec, Environnement Canada, Service canadien de la faune — Région du Québec, ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs — Direction du patrimoine écologique et des parcs, ministère des Ressources naturelles et de la Faune — Direction de l’expertise sur la faune et ses habitats, Québec, rapport inédit, 21 p.
HARDING, J. H. and T. J. BLOOMER (1979). “The wood turtle, Clemmys insculpta – a natural history”, Bull. N.Y. Herpetol. Soc. (HERP), 15: 9-26.
LAURENDEAU, C. et J. CARON (document non publié). Compte-rendu d’inventaire de la tortue des bois (Glyptemys insculpta), dans la région de l’Outaouais au printemps 2008, ministère des Ressources naturelles et de la Faune, Faune Québec, 26 p.
MAZEROLLE, M. J. et Y. DUBOIS (en preparation). Estimating abundance in Wood Turtle and Map Turtle populations: sampling design tradeoffs and evaluation of a monitoring program.
TESSIER N. et F.-J LAPOINTE (2011). Protocoles de prélèvement d’échantillons de tissu pour analyses génétiques, ConservAction ACGT Inc., Université de Montréal, 11 p.
TROCHU, K. (2003). Étude d’une population de tortues des bois (Clemmys insculpta, Outaouais, Québec, Canada) : dynamique, utilisation de l’habitat et conservation de la population, thèse de maîtrise, Université du Québec à Rimouski, 115 p.
ANNEXES
Annexe 1. Feuilles de terrain
Inventaire — Tortue des bois — Laurentides 2012 — Effort d’échantillonnage Rivière :
Date :
Équipe : 1 6
2 7
3 8
4 9
5 10
Capture/Observations :
Départ Heure :
Coordonnées Latitude : Longitude :
Température air : Température eau : Nuages (x/10) : Cours d’eau
Largeur : Courant : Profondeur :
Ponte : Aulnaie : Berge :
Dîner
Heure :
Coordonnées Latitude : Longitude :
Température air : Température eau : Nuages (x/10) :
Cours d’eau
Largeur : Courant : Profondeur :
Ponte : Aulnaie : Berge :
Fin
Heure :
Coordonnées Latitude : Longitude :
Température air : Température eau : Nuages (x/10) :
Cours d’eau
Largeur : Courant : Profondeur :
Ponte : Aulnaie : Berge :
20
Largeur : généralement supérieure à 10 m = 3 fréquemment supérieure à 10 m = 2 généralement inférieure à 10 m = 1 Courant : alternance de zones rapides et lentes = 3 généralement lent = 2
généralement rapide = 1
Profondeur : alternance de zones de moins et de plus 1 m = 3 généralement supérieure à 1 m = 2
généralement inférieure à 1 m = 1
Ponte : présence de bancs de gravier exondés à plus de 75 cm = 3 présence de bancs de gravier exondés à moins de 75 cm = 2
bancs de gravier rares ou absents = 1
Aulnaie : abondance d’aulnaies de largeurs variables = 3
aulnaies généralement étroites à proximité des berges = 2 aulnaies rares ou absentes = 1
Berge : hauteur des berges par rapport au lit du cours d’eau généralement supérieure à 1 m = 3
fréquemment supérieure à 1 m = 2 rarement supérieure à 1 m = 1
I mportant : Régler vos GPS en NAD 83 et les Lat./Long. en hddd,ddddd (degré décimal) Capture tortue des bois
Territoire Secteur
Date Heure Lat 4 . N Long -7 . W
Observateurs :
Nouvelle Capture [ ] Recapture [ ]
No Rivière
No marquage (Croquis)
Sexe : Mâle [ ] Femelle [ ] indéterminé [ ] Age : Adulte [ ] Juvénile [ ] Imm. (né dans l’année) [ ]
Carapace : Long. max. (mm)
Plastron : Long. max. (mm)
Poids (g) :
Génétique Oui [ ] Non [ ] No
Température air Température eau Météo Type habitat
Notes :
Annexe 2. Cartes
26
28
30
32
34
36
38
40
42
44