EFFICACITÉ DE QUELQUES PROTIDES ALIMENTAIRES CHEZ LE PORC
II. — AURÉOMYCINE ET MÉTABOLISME AZOTÉ
S. Z. ZELTER Geneviève CHARLET-LERY, Michèle DURAND-SALOMON A. VAZ-PORTUGAL
B. DUPONT Christiane DUMAY,Jeannine LABORIE,Marie-Thérèse MOREL.
Laboratoire de Recherches de Zootechnie,
Institut National
Agronomique,
rue Clarede-Bernard, Pari!.SOMMAIRE
L’inhibition du catabolisme intestinal microbien de nombreux acides aminés serait un méca- nisme d’action des
tétracyclines
favorable à l’efficacitéprotidique.
Mais celles-ciagissent-elles
sur larétention azotée ? La
question
n’est pas tranchée.Des bilans azotés sont établis pour des
périodes
de 8 jours en l’absence et en présence dechlorhy-
drate
d’auréomycine ( 20 mg/kg
d’alimentsec)
sur ro porcsprivés
totalement d’azote ou recevant, soit 4, soit 10p. 100deprotides
d’œuf entier. La technique de groupescomparables
ou depériodes
successives est
appliquée.
La chlortétracycline donnée à des sujets
privés
d’azote augmente nonsignificativement
ladépense
azotée
endogène urinaire/P O ,&dquo;
de + i8,r p. Iaa sans modifier la pertemétabolique
fécale.Son
ingestion
par des animaux consommant 4ou la p. 100deprotides,
laisseinchangé
le tauxd’absorption
azoté vrai au niveau du tractusdigestif,
mais améliore fortement le bilan appa- rent(+
5r,6 p. roo et 22,0 p. ioo pour les deuxrégimes respectifs).
Lesdépenses endogènes
et méta-boliques défalquées,
l’amélioration du bilan vrai ressortrespectivement
à -! z5,4p. roo( 0 , 05
>P >0 , 02
) et -f- II,2 p. 100 ; celle de la valeur
biologique
à -+- r5,o p. 100(0,02 > P >o,oz) et -1- 10,0p roo.L’action
d’épargne
semble s’exercerplus
spécialement surl’uréogénèse,
terme final de laphase
cata-bolique
des acides aminés : 37,6 p. 100 d’azoteuréique
excrété en moins enprésence d’auréomycine
par gramme de N
digéré
vrai.L’auréomycine
accentuerait le catabolisme tissulaire en l’absence d’azote ; elle inhiberaitpartiellement
celui de la fractionproditique
alimentaire franchissant la barrièredigestive.
On nesaurait dire si l’effet
d’épargne
intéresse l’activité de la microfloredigestive,
le métabolisme tissulaireou les deux à la fois.
INTRODUCTION
Certains auteurs affirment que les
antibiotiques
ont un effetd’épargne protéique
et
conseillent,
enconséquence
une réduction des normesazotées;
d’autres sont d’un avisopposé
etpensent
même que loin de réduire cesbesoins,
lesantibiotiques
lesaugmenteraient plutôt.
Le débat est loin d’être tranché.Les données de CALET et RERAT
( 195 6),
SHIRLEY et al.( 1954 ), SQmBB
et al.(1953)
sont en faveur d’une non intervention des
antibiotiques
en tant que facteur de pro-téinogénèse.
D’un autrecôté, Fxnrr Ç ois
et MICHEL( 1955
a,b)
MiCHEl, etF RANÇOI S
( 1955
, 195 6)
démontrent quel’auréomycine,
en modifiant lespropriétés métaboliques
de la flore intestinale du porc, exerce
davantage
une action sur le catabolisme quesur l’anabolisme
protéique ;
cette action intéresserait donc la microfloreplus
quel’organisme
lui-même. Autrementdit, l’antibiotique protégerait
lesprotides ingérés
contre une désamination bactérienne
préjudiciable
à leurefficacité,
cequi expliquerait
l’effet
d’épargne
et l’influence favorable sur la croissance affirmés par bien des auteurs.C AL E
T
(i 95 6),
travaillant sur rat, constate quel’augmentation
depoids
dûe àl’auréomycine
ne s’inscrit pas au niveau de la rétentionazotée,
BERRYet SCHUCK(
1954
)
vontjusqu’à prétendre
que lesantibiotiques
diminuent cette rétention. Entout état de cause, si l’existence d’une intervention de ces substances sur le méta- bolisme
azoté, apparaît
commevraisemblable,
le lieu et le mécanismed’action,
sont loin d’être élucidés définitivement.
Les
hypothèses
sont contradictoires et formulées àpartir
de faits observés chezdes animaux recevant des rations
largement
pourvues enprotides.
La littératurene fait pas mention d’une influence éventuelle de
l’auréomycine
sur lesdépenses azotées, endogène
etmétabolique
del’organisme
animal subissant unjeûne
pro-téique strict,
du moins pour cequi
concerne le porc.Cet
aspect
duproblème
est intéressant car actuellement laquasi
totalité des aliments commerciaux donnés au porccomportent
desantibiotiques (le plus
fré-quemment
de lachlortétracycline);
deplus
lors de la détermination de la valeur biolo-gique
d’unprotide
lespertes
inéluctablesd’origine endogène
sontprises
en considé-ration.
On sait que l’azote
métabolique
fécal estdû,
pour une bonnepart,
auxprotides
bactériens du tractus
digestif. Or,
de nombreusesexpériences,
notamment cellesrécentes de RAIBAUD
( 195 8), témoignent
d’une action sélective desantibiotiques (auréomycine, spiramycine)
sur la floredigestive
du porc. GALE et FOLKES(1953) qui
isolent chez cetanimal,
la microflore des fèces desujets témoins,
ouayant
absorbé per os del’auréomycine,
observent une baisse de la teneur en azote bactérienen
présence
de cettesubstance ;
ils concluent à une amélioration de l’utilisation azotéequ’ils
attribuent à unedépression
de laprotéinogénèse
microbienne.Si,
parailleurs,
lesantibiotiques
modifiaientégalement
le métabolisme azotéau niveau
cellulaire,
cette action devrait normalement se refléter dans l’excrétion urinaire d’azote.I,a
question
se pose donc de savoir àquel
niveau du métabolisme azoté l’auréo-mycine
interviendrait-elle? Autrementdit,
laprésence
de cetantibiotique
dans laration est-elle
susceptible
d’entraîner deschangements
dans :I
O les
dépenses
de Nmétabolique
fécal et de Nendogène
urinaire chez un porcprivé
totalementd’azote ;
2
° les excrétions azotées fécales et urinaires du même animal absorbant des rations
plus
ou moinshypoazotées ( 4
ou 10p. ioo deprotides).
MATERIEL
ETMETHODES
Deux essais sont effectués en 1957
(expérience a)
et en 1958(expérience b) ;
desrégimes protéiprive
ouhypoazoté
sont donnés en l’absence et en présence de 20 mg dechlorhydrate d’auréomycine
parkg
de matière sèche.L’aliment
protéiprive
dont lacomposition
est indiquée dans un précédent mémoire (ZELTERet
CHAxLE’r-LERY, ig6i)
dose o,o37 p. ioo(expérience a)
et o,oz.! p. ioo(expérience b)
de NKjel-
dahl. Pour l’établissement des
régimes protidiques,
il est faitappel
à unprotide
de référence : lapoudre
commerciale d’œuf entier séché à 70°C. Cet aliment est conseillé par MITCHELL et CARMANN( 192
6)
comme test d’estimation de la dépense azotéeendogène.
Lapoudre
d’œuf estincorporée
dans la ration
protéiprive
de manière à otenir des teneursthéoriques
d’environ 4ou io p. ioo de matières azotées totales ; en fait, nosrégimes
azotées dosent 4,81p. ioo(expérience
a) 4,09et 10,12 p. joo(expérience b).
Elle estemployée,
nondégraissée
dans le premier essai etpartiellement
déli-pidée
à froid à l’éthersulfurique
dans le second(teneur respective
de sa matière sèche enlipides
totaux : 33,g p. 100et 24,0 p. 100). Dans
l’expérience
a, le tauxlipidique
est de 3 p. 100dans lerégime protéiprive
et de 5,8 p. ioo dans lerégime
azoté ; dansl’expérience
b, ce taux est maintenu unifor-mément, à 4,4 p. 100grâce à l’addition d’huile de maïs.
Les méthodes
expérimentales
etanalytiques
sont décrites ailleurs(Z!L2!a
et CIIARLET-LERYig6i).
Nousrappelons
seulement que lepapier
filtre est donné au tauxunique
de 8 p. 100et que les animaux sont alimentés ad libitum. Lespériodes expérimentales
durent au moins 18jours,
dont les8 derniers servent à l’établissement des bilans d’azote.
Fxpé y ience
a : .’Quatre sujets
de race danoise(Am,
Dm, Cm, Em) issus du mêmeélevage
sont utilisés. Leurpoids
moyen initial est d’environ 3o
kg.
I,atechnique
de groupescomparables
estappliquée ;
lessujets
Am et Dm forment le groupe
expérimental,
Cm et Em servant de témoins nereçoivent,
à aucunmoment,
d’antibiotique. L’expérience
se déroule selon le schémaci-après.
E x pé y ience
b : .’Deux portées de 3
porcelets
de raceLarge
White(sujets
L m, Mm, Nm, Om, Pm,Qm)
sontréparties
en 3 groupes de z ; un
sujet
par portéefigure
dans chacun d’eux. Lepoids
initial moyen est d’environ 25kg.
Latechnique
despériodes
successives estappliquée
selon le schéma suivant,chaque sujet
étant son propre témoin :Ignorant
totalement le temps que demande la flore intestinale pour retrouver son facièsorigi-
nel une fois
l’antibiotique supprimé,
nous n’avons pas crupouvoir
inclure dans ce schéma unepé-
riode
protéiprive
exempted’auréomycine
en find’expérience.
RÉSULTATS
Les animaux ne manifestent à aucun moment
d’inappétence,
même envers lerégime exempt d’azote ;
dans ce dernier cas, l’additiond’antibiotique permet
de maintenir constant,pendant longtemps,
le niveau de consommation de matièresèche ;
onpeut
donc penser que l’état deréplétion
des animaux estparfaitement
normal tout au
long
del’expérience.
Lors du
jeûne protéique,
lepoids
dessujets
ne varieguère ;
enrégime azoté,
ilaugmente plus
ou moins enrapport
avec lesquantités
deprotides ingérés.
I,es tableaux i et 2
rapportent
les résultatsmoyens journaliers
des mesures effec-tuées au cours de
chaque période,
et les bilans azotésapparents.
On remarquera que la di-gestibilité
de la matière sèche desrégimes augmente très légèrement
enprésence
d’azote.DISCUSSION
A. - ACTION DE 1/AURÉOMYCINE SUR LES DÉPENSES ENDOGÈNE ET
MËTABOU O UE
EN INANITION AZOTÉE
L’effet
del’antibiotique
sur les excrétions de Nmétabolique
fécal et Nendogène
urinaire est observé sur les
sujets Am, Dm, Lm, Mm,
soumis successivement à unrégime protéiprive exempt, puis
additionné de 2o mg dechlorhydrate
d’auréo-mycine
parkg
de matière sècheingérée.
a)
Nmétabolique fécal
Le tableau 3 a montre que d’une
période
àl’autre,
les états deréplétion
dessujets
restentpratiquement
constants àl’exception
dusujet
Mm dont le niveau de consommation de matière sèche baisselégèrement.
Les
quantités
totales de Nmétabolique
fécal sont dans l’ensembleplus
faiblesen
présence
del’antibiotique qu’en
son absence. Si l’onrapporte
cette excrétion à la matière sècheingérée
ou à la matière sèchefécale,
on ne constate aucune différence : pour 100g de matière sècheingérée,
les porcs éliminent sansantibiotique
0,224g de N,et avec
antibiotique
o,2y g ; les donnéescorrespondantes
pour ioo g de matières sèches fécales sont de1 , 2 8
g et 1,27 g. Danschaque
groupe de valeurs les écarts nesont pas
significatifs,
mais les réactions individuelles sontdisparates (tableau 3 ), phénomène
observé même en absenced’auréomycine lorsque
les animaux su-bissent
pendant
deuxpériodes
successives lejeûne protéique (Z ELTER
et CHARLET-L ERY
,
19 6 0 ). L’auréomycine
ne modifie donc pas ladépense
azotéemétabolique fécale,
tant par unité de matière sècheingérée,
que par unité de matière sèche fécale éliminée.b)
Nendogène
urinaireEn
présence
dechlortétracycline,
laquantité
de Nendogène
urinaire totals’abaisse de - io,i p. ioo ;
rapportée
à l’unité de « taillemétabolique » (Pl, 70) ,
ladiminution est seulement de - 3,3p. ioo, donc très faible
(tableau
3b).
Cela conduit à penser quel’antibiotique
n’interviendrait pas dans cettedépense. Cependant,
onsait que celle-ci diminue avec
l’âge :
dans notreprécédent
mémoire il est montré quepour des animaux dont
l’âge
varie entre13 8
et 208jours,
la chute de l’excrétion de Nendogène
urinaire parjour d’âge
et par unité de « taillemétabolique
» ressortà - o, 9 1mg (ZE
L T
ER
etCxARLET-I,ERY, Z g6z,
tableau5).
Enconséquence,
sil’antibiotique
n’avaitpas été administré durant la seconde
période,
nos animaux dontl’âge
estpassé,
encours
d’expérience,
de 120à 155jours
pourAm,
et Dm, de 126 à 144 pourLm,
et de 134à 152 pour Mm, auraient dû éliminer moins de N urinairequ’il
n’est observé. Le calcul desdépenses théoriques escomptées après
correctiond’âge
et leurcomparaison
à celles réellement
observées,
montre que lessujets
Am et Dm excrètent par voierénale,
17,9 et 12,9p. ioo deplus qu’ils
n’auraientdû ;
pour lessujets
Lm et Mmcette
augmentation
est de + 20,2 et +22 ,8
p. ioo(tableau
3b).
En moyenne, les porcs émettent
journellement
durant lapériode d’ingestion
d’auréomycine
IZ9mg d’N au lieu de I09 mg,théoriquement
par unité de « taillemétabolique
o, soit un écart moyenpondéré
de +1 8, 1
p. ioo. Tous lessujets ayant réagi
dans le même sens, cette différence bien questatistiquement
nonsignificative (
0 ,
2
> P >0 , 1 )
nepeut
êtreignorée.
Elle sembleindiquer qu’en
absence d’azote alimen-taire, l’antibiotique
accentue lesdéperditions
d’azote del’organisme par la
voie urinaire.B. - ACTION DE
I / AURÉOMYCINE
EN PRÉSENCE DE PROTIDES D’OEUFSUR LES ÉLIMINATIONS D’AZOTE PAR VOIES DIGESTIVE ET URINAIRE
Pendant
l’expérience
a, la ration à 4 p. ioo deprotides
d’oeuf(période II)
estprécédée
et suivie d’unjeûne protéique (périodes
I etIII).
Les porcs Am et Dm sont traités à
l’auréomycine
au cours despériodes
II etIII,
tandis que Cm et Em
n’ingèrent
à aucun momentd’antibiotique.
Durant
l’expérience b,
les animaux sont d’abordprivés
d’azote(période I) ;
par la
suite,
lessujets
Nm et Om consomment la ration à q p. 100deprotides d’oeuf ;
Pm et
Qm
celle à 10p. 100. Cesrégimes
sontdonnés, exempts (période II) puis
addi-tionnés
(période III) d’auréomycine.
Les
quantités
d’azote fécal excrétées pour 100g de matière sècheingérée
ou dematière sèche fécale et celles d’azote urinaire par unité de « taille
métabolique
»(P
O , 10
) augmentent
d’autantplus
que lesrégimes comportent davantage
deprotides
ce
qui
est normal.Apparemment,
enprésence d’antibiotique (tableaux
2 etq.) :
- le taux de N fécal est
légèrement
accru(!-
9,7 p.100 )
avec lerégime
à4p. 100de
protides,
et n’estguère
modifié(!-
0,9p.100 )
avec lerégime
à 10p. zoo ;- les
quantités
d’azote fécalrapportées
à 100 g de matière sècheingérée
s’a-baissent de -
6,5
p. 100et - 15 p. ioo pour les deux rationsrespectives ;
- l’excrétion d’azote urinaire par unité de « taille
métabolique
» est diminuéerespectivement
de - y,4 et -16,7
p. 100.Ces valeurs
enregistrées
avec lerégime
à 4%
deprotides
d’oeuf sontproches
decelles observées par FORBES
( 1954 ) qui
mesure sur des rats recevant ou non de lachloromycetine
et de lastreptomycine
dans unrégime
azotéanalogue
pour estimer lesdépenses
de Nmétabolique
etendogène.
Cet auteur constate une chutesignifica-
tive de - I2,5 p.l00pour N fécal par gramme de matière sèche
ingérée et,
haute-ment
significative
de -1 6,8
p. 100 pour l’excrétion azotée urinaire par unité de« taille
métabolique
»(P O , 7 5 ).
L’absence d’influence de
l’auréomycine
sur la concentration fécale en azote(g
Nf%
MSf. - tableau4 ),
aussi bien dans le cas durégime
à 4%
que dans celui à io%
deprotides,
contredit le fait observé sur le porc par Ga!,!s et FOLKES(i953)!
Russo et al.
( 1954 )
selonlesquels
il y aurait diminution d’azote bactérien fécal consécutivement àl’ingestion d’auréomycine.
A noter toutefois que les niveaux azotés utilisés par ces auteurs sontplus
élevés( >
12%)
que les nôtres.La
comparaison
des éliminations d’azote enrégime protéiprive
et enrégime
à4 p. ioo de
protides
montre(tableau 5 )
que les matières azotées de lapoudre
com-merciale d’oeuf utilisée au cours de nos essais ne sont pas entièrement
digestibles
et que la fraction
ayant
franchi la barrière intestinale n’est pas retenue en totalité parl’organisme.
Eneffet,
lors de la consommation de ceproduit,
les sorties de N par ioo g de matière sècheingérée
ou excrétéeaugmentent respectivement
de-
3SA
p. 100 et+48, 3
p . ioo parrapport
à cellesenregistrées
en inanitionazotée ; quant
à l’azoteurinaire, /P O , 70
l’accroissement est de + 93,3 p. 100.M I TC H E
LLet BRADEES
(ig5o) signalent également
que le rat assimile moins bien lapoudre
d’œuf commerciale que cellepréparée
en laboratoire. Unrégime
à 4p. 100 deprotides
d’un telproduit
ne constitue donc pas un d’étalon de référence pour une estimation correcte desdépenses
azotéesendogènes.
Il est intéressant de noter que MILLER et MoxRrsoN( 1942 ), qui
distribuent unrégime
à 4 p. 100 deprotides
depoudre
de lait écrémé à des agneaux,remarquent
une élévation des excrétions azotées parrapport
à unrégime
très pauvre enprotéines ( 1 , 2 p.zoo).
Une
analyse
des donnéesexpérimentales (tableau 6,
colonnes i et5 )
prouve quel’adjonction d’auréomycine
n’a aucune action sur l’utilisationdigestive
vraie des pro- tides d’oeufquels
que soient leurs taux :8 7 ,8
p. 100± 2,4, en absenced’auréomycine
et86,5
p. 100 ±2 ,8
en saprésence
dans lerégime
à 4 p. 100deprotides;
pour le taux à zo op. ioo on
enregistre
une amélioration de --! 2,4points
de ladigestibilité qui
estproba-
blement sans
signification
étant donné les écarts entre les deuxsujets.
Une fois deplus,
la non intervention des
antibiotiques
dans ladigestibilité
se trouve confirmée.En
revanche,
nos données font ressortir nettement l’influence del’auréomycine
sur le catabolisme de la fraction d’azote alimentaire absorbée au niveau intestinal.
En
effet,
si on confronte lesquantités apparentes
d’azote absorbées et retenues par lessujets d’expérience
en l’absence et enprésence
de cetantibiotique,
on remarque, dans le second cas, uneaugmentation
des taux de rétention de -!-5 z,6
p. 100( 0 , 2
>P >
o,i)
pour lerégime
à 4p. 100 deprotides
et de -!- 22,o p. 100 pour celui à 10p. ioo
(tableau 6).
Lesdifférences,
bien que trèsfortes,
ne sont passignificatives
pour lepremier
de ces tauxexpérimenté
sur 4animaux ;
pour lesecond,
la valeur de P n’apas été
déterminée,
car les résultats concernent 2sujets
seulement. Mais si l’on fait le calcul àpartir
desquantités
d’azote alimentaire vraidigéré (N métabolique
fécaldéfalqué)
les écarts entre taux de rétention ainsicorrigés
sont nettement en faveur del’auréomycine :
+ 15,4 p. 100pour lerégime
à 4 p. ioo deprotides (différence significative :
0,05 > P >0 , 02 )
et -!- 11,2p. 100 pour celui à io p. ioo(tableau 6).
Compte
tenu des corrections dûes àl’âge
dessujets (Zk!,T!x
etC HARLFT -L E iz y , ig6r,
tableau5 )
et à laprésence d’auréomycine
dans lerégime protéiprive (présent
mé-moire tableau 3
b),
les valeursbiologiques correspondantes (tableau 6)
confirmentl’action
d’épargne
del’antibiotique :
pourprotides
d’oeufingérés
sans et avec chloté-tracycline
ces valeurs sontrespectivement
de 72,2 ± 1,7et de8 3 , 0
± 2,g pour lerégime
à 4p. ioo et de
5 g,8
et65,8
pour lerégime
à io p. zoo. L’amélioration de la valeur bio-logique imputable
à l’intervention del’antibiotique
ressort à -!- i5,o p. 100 pour lepremier
taux(différence significative
o,02 > P >o,oi)
et à -!- 10,0p. 100 pour lesecond. Si les corrections
indiquées
ne sont paseffectuées,
les écarts bien que moindres sontégalement significatifs (+
12,4 p. 100 pour lerégime à
4 p. 100 et +8,5
p. 100pour celui à io p.100 ).
Soulignons
que sur les deuxsujets
recevant 10%
deprotides
avec antibio-tiques,
seul le porcQm
fournit uneréponse positive
nette, tandis que l’animal Pm neréagit
pas.Cet
effet,
très favorable del’auréomycine
sur la rétention et la valeurbiologique
des
protides d’oeuf,
s’accorde avec l’observation faite par Russo et al( 1955 ) qui
relèvent chez le porc un fort accroissement de la rétention azotée en
présence
de cettemême substance. Chez le
poussin
et enprésence
depénicilline,
SAXENA et al( 1953 )
constatent une
légère
amélioration nonsignificative
de la rétention azotée.Ces derniers
faits,
ainsi que nos propresrésultats,
sontcependant
enopposition
avec ceux
enregistrés
sur porcstraités,
soit àl’auréomycine
par MEADE et FORBES( 195
6),
Kr,aus( 195 6),
soit à lapénicilline
par Kr,aus( 195 6)
et EVANS(zg55), qui
ne
remarquent
pas de modification du bilan d’azote.Toutefois,
ces auteurs,déterminent seulement le coefficient de rétention brute et non pas la valeur biolo-
gique.
Comment
interpréter
l’actionpositive
del’auréomycine qui
ressort de nos donnéesexpérimentales,
etquel
serait son lieu d’intervention ? . Selonl’hypothèse
deF RANÇOIS
et MICHEL
( 195 8),
cetantibiotique
inhibant les désaminases bactériennesplus spécialement
au niveau de l’intestingrêle,
et limitant de la sorte leur actioncatabolique,
influencerait la nature et la
quantité
de substances nutritives libérées par voie enzy-matique,
et notamment d’acides aminésqui passent
dans le sangporte.
Ce mécanisme d’action est à relier à une observationrapportée
par CAxROt, et al( 1953 ) :
chez lerat, la
présence d’auréomycine augmente
lesquantités
de Ndigéré
au niveau dessegments
initiaux et terminaux de l’intestingrêle
et amélioreplus spécialement,
dans cette
portion
du tractusdigestif,
les tauxd’absorption
de laleucine,
de lalysine,
de la
cystine
et de la méthionine libérées. Lephénomène
est par contre àpeine marqué
au niveau du colon et à celui des émissions fécales où les taux
d’absorption
de N totalne diffèrent
guère
avec ou sansantibiotique.
Il se
pourrait
doncqu’en présence d’antibiotique,
desquantités importantes
decertains acides aminés essentiels
échappent
à la désamination bactérienne et franchissent la barrière intestinale. Enparvenant
simultanément au niveaucellulaire,
ces acides
s’y
trouveraient dans unrapport plus
favorable auxintersupplémentations,
d’où
possibilité
d’uneprotéinogénèse
cellulaire améliorée et une diminution subsé-quente
des déchetscataboliques
éliminés par l’urine.Si de tels mécanismes étaient en
jeu,
le fait que, dans nosexpériences,
l’actiond’épargne
del’auréomycine
se manifeste au niveau de la valeurbiologique
appa- raîtrait d’autantplus compréhensible
que l’orientation du catabolisme azoté telqu’il
se reflète dans les émissions urinaires semble être en faveur de cettehypothèse.
L’examen de la
répartition
deN-NH 3 ( 1 )
et Nuréique ( 1 )
dans l’azote urinaireau cours des
périodes protéiprives
et despériodes à
4 p. 100deprotides
d’oeuf(expé-
rience
a) indique
que(tableau 7 a) :
- le taux de N
uréique
urinaire est moins élevé chez lessujets
ayant reçu del’auréomycine (Am
etDm)
que chez les témoins(Cm
etEm) :
29,3 contre 34,5 ; 1- la concentration de
N-NH 3
varie en sens inverse : 32,0 contre2 6, 0 ;
-
cependant,
la somme de cesdeux formes
d’azotecatabolique
estpratique-
ment
identique
enprésence
et en absenced’antibiotique : 6 1 , 3
et6 0 ,5.
Les
quantités
d’Nuréique
et ammoniacal excrétés par g d’N réellement absorbé auniveau intestinal font ressortir
(tableau
7, b etc) qu’en présence d’auréomycine
et :- en
négligeant
lespertes
azotéesd’origine endogène, l’épargne
est de 15,9 p. IOOpour l’azotetotal, pratiquement
nulle pour Nammoniacal,
de2 8, 2
p. ioo pour Nuréique
et de y,5 p. ioo pour l’ensemble des autres formes d’azoteurinaire ;
-
après
soustraction de cesdépenses inéluctables, l’épargne
parrapport
au témoin nontraité,
s’élèverespectivement
à 30,2 p. 100, y,o p. 100,37 ,6
p. 100 et26,3
p. 100.Ainsi,
c’estplus spécialement
surl’uréogénèse,
terme final de laphase
cata-bolique
des acidesaminés,
que s’exercerait lepouvoir d’épargne
del’auréomycine.
Ce
qui précède
n’estqu’une hypothèse,
vu le nombre limité desujets
surlesquels
sont notées ces observations
( 2
animaux traités et 2 nontraités).
( 1
) N-NI13est dosé selon CONWAYet N uréique par la technique pondérale à l’état de xanthyl-urée.
Tout se
passerait
donc comme sil’auréomycine
accentuait le catabolisme azoté tissulaire en absence d’azote etqu’en présence
d’unrégime hypoazoté,
elleralentirait celui de la fraction
protidique
franchissant la barrièredigestive.
Maison ne saurait dire si l’effet
d’épargne
constaté s’exerce au seul niveau de l’acti- vité de la microfloredigestive,
ou du métabolismecellulaire,
à moins que cepouvoir
ne se manifeste à la fois à ces deuxétapes métaboliques
successives.Reçu en mai 1960.
SUMMARY
EFFICIENCY OF SOME DIETARY I’ROTEI‘1S FOR THE PIG II - AUI2EOn4YCIN AND NITROGEN 5IE’i.lI%ILISQI.
Inhibition of intestinal bacterial amino-acids catabolism
by tetracyclines
would act on pro- teinefficiency
(Francois and Michel, i955, a, b). But do they exerce a,n influence over nitrogen reten-tion? (Calet and Rerat, r956 ― Berry and Schuck, 105-). ― (.ales and Folkes, 1053-- Russo and
al., 1954). The
problem
is not yet solved.’ ’
Experimental procedures
are described in aprecedent
worlc(Zelter
andCharlet-Lery, T9 6 0 .) Nitrogen
balances are secured with and withoutaureom y cin-hydrochloridc
(20mg/kg air-dry
food)with ten
pigs
fednitrogen-free,
or 4 p. ioo and io p. 100dessicatcd whole eggproteins
diets. The tech-nique
ofcomparable
groups is used in experiment a(195!).
The control animals are Cm andpigs
Am and Dm are fed with
aureomycin
(experimental design p. 224). In experiment b (r9!g), groups of 2 animals are fed successively with different test diets as shown inexperimental plan
p.zz¢...1
The data are
given
in tables i a.nd 2.The oral adnrinistration of
chlortetracycline
to animals on N-free diets increase nonsignificantly eudogenous nitrogen
losses per W-’°(!
I8,Ip. ioo) but does notchange
metabolicfecal nitrogen (table
3-a andb.)
When used in 4or ro p. 100egg
proteins
diet(table
6), the antibiotic does not affect true nitro- genabsorption
indigestive
tract, but doesimprove apparent
retention : +51,6?.J 00 ( 0 . 2
> P >o. I)
and -! 22p. ioo for two respective diets. When endogenous and metabolic losses are deducted, the
increase of true retention is
respectively
of + r 5.4p. 100(0.05 > 1’ > 0.01) and + 11.2p. 100and the one ofbiological
value of -+- 15.0p. ioo (o.02 > P > 0.01) and -!- ro.o p. 100. Thesparing
effectwould act
especially
on urea formation, final stage of amino-acids catabolism : withaureomycin
theelimination of urea N per g
truly
absorbed N is - 37. 6 p. ioo less than without it(table !).
If the thesis of
Francois
and Michel( 1955 a,
b ) and of Carroll and al.(rg!3)
are admitted,our results suggest that, with antibiotics, the quantitative deamination of some essential amino-acids
by
bacteria ofdigestive
tract is lessimportant
and these amino-acids would be available in greateramounts for
absorption through
intestinal wall.They
would arrivesumultaneouslv
in tissues and would be in better ratio forintersupplementations : improvement
of cellularprotein synthesis gives subsquently
less catabolic losses eliminated by urine.On N-free, diet,
aureomycin
would make stronger tissular catabolism; onmarginal
1V-diet, itwould inhibit catabolism of
dietary digested nitrogen.
It is not said whether the
sparing
action is due to modification ofdigestive micropopulation
catabolic
activity,
or cellular metabolism, or both.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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