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Les facteurs des choix alimentaires chez le porc et les volailles

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Marie-Christine Meunier-Salaün, M. Picard

To cite this version:

Marie-Christine Meunier-Salaün, M. Picard. Les facteurs des choix alimentaires chez le porc et les

volailles. Productions animales, Institut National de la Recherche Agronomique, 1996, 9 (5), pp.339-

348. �hal-02694751�

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M.C. MEUNIER-SALA†N, M. PICARD * INRA Station de Recherches Porcines 35590 Saint-Gilles

* INRA Station de Recherches Avicoles 37380 Nouzilly

Les facteurs des choix

alimentaires chez le porc et les volailles

INRA Prod. Anim., 1996, 9 (5), 339-348

LÕindustrie de lÕalimentation animale fabrique aujourdÕhui des rations alimentaires adaptŽes aux besoins des animaux et susceptibles

dÕamŽliorer au maximum le rendement Žconomique des Žlevages. Les propriŽtŽs de lÕaliment en tant que stimulus sensoriel, dŽsignŽ sous le terme de palatabilitŽ, conditionnent non seulement le comportement ingestif mais jouent Žgalement sur lÕadaptation ˆ de nouveaux rŽgimes alimentaires au moment de la naissance, du sevrage ou lors de phases de transition. La rŽponse comportementale de lÕanimal vis-ˆ-vis de diffŽrents aliments apporte des ŽlŽments dÕapprŽciation des

prŽfŽrences ou du caract•re appŽtent de ces aliments.

Le but de cet article est de prŽsenter les param•tres impliquŽs dans les choix alimentaires et dÕŽvaluer si ces choix dŽcrivent de mani•re

pertinente la notion de palatabilitŽ.

RŽsumŽ

Les porcs et les volailles subissent au cours de leur croissance des changements dÕaliment qui nŽcessitent une adaptation rapide. LÕemploi de substances stimulant lÕingestion des aliments vise ˆ minimiser les difficultŽs et ˆ accro”tre la capacitŽ de lÕanimal ˆ adopter le nouvel aliment. La propriŽtŽ dÕun aliment ˆ •tre facile- ment consommŽ sous-tend la notion de palatabilitŽ dont la plupart des dŽfinitions proposŽes consid•rent les rŽactions de lÕanimal vis-ˆ-vis de son environnement alimentaire. La majeure partie des Žtudes sur la palatabilitŽ ont recours ˆ des mŽthodologies dans lesquelles les animaux sont soumis ˆ des situations de choix avec la possibilitŽ dÕune participation active dans le cas du conditionnement opŽ- rant. LÕanalyse critique des procŽdures de choix montre que les choix dŽpendent fortement du contexte dans lequel ils sÕop•rent et rŽsultent de la confrontation de param•tres intŽgrant lÕanimal, lÕaliment et lÕenvironnement dans une dimension spatio-temporelle dynamique. LÕanalyse fine des comportements met lÕaccent sur les caractŽristiques Žthologiques impliquŽes dans lÕactivitŽ alimentaire, avec le r™le de lÕexpŽrience et des facteurs sociaux en particulier. Une meilleure apprŽ- ciation de la motivation alimentaire de lÕanimal permet ainsi de mieux cerner la notion de choix.

Il existe, chez les esp•ces monogastriques soumises ˆ un Žlevage de type intensif, des pŽriodes sensibles au cours desquelles lÕani- mal peut prŽsenter des difficultŽs dans lÕex- pression de son activitŽ alimentaire. Le pous- sin doit sŽlectionner et ingŽrer de lÕaliment rapidement apr•s lÕŽclosion, en lÕabsence de

mod•le parental. La truie assure au porcelet une alimentation lactŽe qui, au moment du sevrage, est remplacŽe par un rŽgime de type concentrŽ, acceptŽ de mani•re variable par lÕanimal sevrŽ. Quelle que soit lÕesp•ce, les animaux subissent au cours de leur croissance des changements dÕaliments (formulation ou mode de distribution) qui nŽcessitent une adaptation rapide. Ces changements de rŽgimes Žtaient frŽquents chez lÕanimal sau- vage. La simplification du rŽgime alimentaire et lÕhomogŽnŽisation de lÕenvironnement sem- blent de plus en plus souvent la cause de retards ou de probl•mes dÕadaptation aux moments des transitions en Žlevage. LÕemploi de substances stimulant lÕappŽtence des ani- maux pour des aliments, en particulier chez le jeune animal ou lors dÕun traitement mŽdica- menteux, vise Žgalement ˆ minimiser les diffi- cultŽs dÕadaptation et ˆ accro”tre la capacitŽ de lÕanimal ˆ accepter ou ˆ refuser lÕaliment proposŽ.

La majeure partie des Žtudes sur la palata- bilitŽ, cÕest-ˆ-dire la propriŽtŽ dÕun aliment dÕ•tre facilement consommŽ, ont recours ˆ des procŽdures expŽrimentales dans lesquelles lÕanimal est soumis ˆ une situation de choix, associŽe ˆ une participation active de lÕanimal

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dans le cas du conditionnement opŽrant. Les rŽsultats obtenus prŽsentent un certain nombre de limites. En effet, les choix observŽs dŽpendent fortement du contexte dans les- quels ils sÕop•rent : nutritionnel, environne- mental, social et temporel. LÕanalyse fine des comportements permet une mesure plus prŽ- cise de la mani•re dont lÕanimal per•oit les caractŽristiques physiques et organoleptiques de lÕaliment proposŽ et exprime sa motivation ˆ accepter celui-ci.

Une analyse des limites des procŽdures de choix dŽveloppŽe ci-dessous va permettre de mieux cerner la notion de palatabilitŽ. LÕim- portance du contexte spatio-temporel dans lequel le choix sÕop•re et lÕimplication des pro- cessus dÕapprentissage et de lÕenvironnement social sur les choix alimentaires seront Žgale- ment dŽveloppŽes dans cet article.

1 / Les tests de choix ont-ils un sens dans la notion de palatabilitŽ ?

1

.1

/ ProcŽdures expŽrimentales

Les travaux sur lÕappŽtence qui ont recours ˆ la mŽthodologie des tests de choix font lÕhy- poth•se que le choix opŽrŽ par un animal vis- ˆ-vis dÕun aliment, traduit la palatabilitŽ de lÕaliment par lÕexpression dÕune prŽfŽrence.

On distingue deux types de procŽdures : - la procŽdure des choix stricto sensu, qui se fait sur la base de tests ˆ court ou moyen terme.

Les animaux re•oivent plusieurs aliments simultanŽment en situation de libre choix.

Dans les essais ˆ moyen terme, lÕanimal est exposŽ ˆ des solutions nutritives ou des rŽgimes alimentaires pendant une pŽriode suffisamment longue pour permettre la mani- festation des effets post-ingestifs. A lÕinverse, les tests ˆ court terme visent ˆ minimiser ces effets ;

- la procŽdure du conditionnement opŽrant, qui nÕest pas exactement un choix direct mais vise ˆ mesurer le degrŽ de motivation de lÕani- mal pour un aliment : lÕanimal a le choix ou non de travailler ou de supporter une contrainte pour obtenir une certaine quantitŽ dÕaliment.

Cette technique Žvalue plus prŽcisŽment la motivation de lÕanimal vis-ˆ-vis dÕun rŽgime donnŽ ou dÕune concentration particuli•re dÕun des composŽs du rŽgime. LÕanimal doit gŽnŽralement frapper ou appuyer sur un levier pour obtenir lÕobjet de son choix. La motivation alimentaire est mesurŽe en fonc- tion de lÕimportance du travail fourni (Lawrence et Illius 1989, Faure et Mills 1995).

Quelle que soit la procŽdure utilisŽe, elle permet de faire une premi•re estimation de la prŽfŽrence pour les aliments ou solutions pro- posŽs, mais prŽsente nŽanmoins des limites.

Duncan (1978) Žmet quatre principales objec- tions sur les procŽdures de tests de choix :

- les prŽfŽrences mesurŽes sont essentielle- ment relatives, lÕextrapolation ˆ dÕautres situations de choix est donc dŽlicate ;

- le choix dŽpend sans doute plus des expŽ- riences prŽalables de lÕanimal que de mŽca- nismes innŽs ;

- la rŽponse peut reflŽter un optimum seu- lement ˆ court terme ;

- les animaux peuvent •tre trompŽs.

Ces diffŽrentes limites sont illustrŽes ˆ lÕaide dÕexemples pour les esp•ces porcine et avicole.

1

.2

/ Limites dÕinterprŽtation des tests de choix

LÕinterprŽtation des tests de choix est sou- vent rendue difficile par lÕignorance des inter- actions prŽcises qui sÕexpriment au niveau de lÕindividu (Booth et al1989). La pertinence de situations de choix par rapport ˆ la situation commune de lÕanimal dÕŽlevage, qui en est jus- tement privŽ, est Žgalement discutable.

a / La consistance du choix doit •tre vŽrifiŽe par la rŽalisation de tests successifs et sur un Žchantillon Ç reprŽsentatif È dÕindividus

Mc Laughin et al (1983) montrent que la rŽpŽtition dÕun test de choix peut dŽcrire une diminution de la rŽponse (figure 1) et concluent que, dans le cas du porcelet, cinq essais sont suffisants pour dŽcrire une prŽfŽ- rence pour lÕun des deux rŽgimes testŽs. La diminution brutale de la prŽfŽrence lors du sixi•me essai peut •tre interprŽtŽe comme une lassitude chez lÕanimal vis-ˆ-vis de lÕali- ment choisi au cours des cinq premiers essais et un certain attrait du Ç nouveau È que reprŽ- sente le second aliment proposŽ.

10 8 6 4 2 0 0 20 40 60 80 100

Préférence (%)

Essai

Figure 1. Evolution des préférences alimentaires chez le porcelet sevré, au cours de 10 essais successifs. Résultats décrits par le pourcentage de préférence pour un régime par rapport à un autre de faible palatabilité (d’après Mc Laughin et al 1983).

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De nombreuses expŽriences mettent aussi lÕaccent sur la forte variabilitŽ interindivi- duelle observŽe dans les rŽponses, ce qui nŽcessite de la part de lÕexpŽrimentateur une mesure sur un nombre suffisamment ŽlevŽ dÕindividus. Chez le porc, Kare et al (1965) montrent par exemple que la prŽfŽrence pour une solution de glucose ˆ 2 %, comparŽe ˆ celle dÕune solution tŽmoin, varie de 42 % ˆ 95

% dÕun individu ˆ lÕautre.

b / La rŽponse des animaux doit •tre estimŽe sur diffŽrentes Žchelles de temps afin de sÕassurer de la consistance du choix

La prŽfŽrence vis-ˆ-vis du saccharose chez le porc, diff•re selon la durŽe de prŽsentation des solutions proposŽes, avec une valeur plus faible pour une durŽe dÕune heure comparŽe ˆ celle obtenue pour une durŽe de 12 h (Ken- nedy et Baldwin 1972). LÕimplication des pro-

cessus post-ingestifs est Žvidente sur la rŽponse dÕun animal testŽ sur de longues pŽriodes.

c / Le choix de lÕanimal vis-ˆ-vis dÕun additif incorporŽ dans le rŽgime de base, dŽpend de la concentration de lÕadditif, mais Žgalement des interactions entre le rŽgime de base et lÕadditif

Chez des porcelets sevrŽs soumis ˆ des tests de choix sur 96 ar™mes, des prŽfŽrences appa- raissent pour 3 types dÕar™mes : fromage, sucrŽ et carnŽ. NŽanmoins lÕincorporation de lÕar™me fromage dans 2 rŽgimes de base induit une prŽfŽrence pour le rŽgime aroma- tisŽ, comparativement au rŽgime sans ar™me, avec un seul des rŽgimes et uniquement ˆ un taux dÕincorporation de 0,1 % comparative- ment ˆ des taux de 0,003 % et 0,33 % (Mc Laughin et al1983).

Chez le poulet de chair, le choix entre deux rŽgimes peut •tre compl•tement inversŽ selon lÕŽquilibre nutritionnel. Ainsi, dans lÕexemple illustrŽ par la figure 2, Picard et al (1994) offrent en libre choix ˆ des poulets de chair en croissance un rŽgime contenant 20 % de pois ou un aliment dont la source protŽique pro- vient essentiellement du soja. Ces deux rŽgimes sont dÕabord testŽs en alimentation unique, avec ou sans supplŽmentation en DL- mŽthionine, ce qui conduit ˆ des performances de croissance et de consommation de 0 ˆ 21 jours identiques pour un m•me niveau de sup- plŽmentation. Cependant, lorsque les ali- ments sont offerts en libre choix, les poulets expriment une prŽfŽrence marquŽe pour lÕun des deux, et cette prŽfŽrence sÕinverse avec une supplŽmentation en mŽthionine. Sachant quÕaucune diffŽrence dÕefficacitŽ nutritionnelle nÕa pu •tre mesurŽe entre les rŽgimes offerts, il faut bien constater quÕil existe une interac- tion entre lÕŽquilibre nutritionnel et le choix pour la composition de lÕaliment.

d / Le rŽsultat dÕun test de libre choix, en termes de prŽfŽrences ou de seuils dÕaversion, ne prŽdit pas le comportement en situation pratique dÕaliment unique

Chez des porcelets sevrŽs soumis ˆ une situation de libre choix ou recevant les m•mes aliments de mani•re sŽparŽe, la manifestation dÕune prŽfŽrence sÕexprime uniquement dans le cas du libre choix, tandis que la consommation des aliments est identique pour une alimenta- tion imposŽe (Auma”tre 1975).

e / LÕexpŽrience alimentaire prŽalable des animaux peut modifier leur choix ultŽrieur

Les expŽriences sur lÕaversion conditionnŽe, dans lesquelles lÕingestion dÕun aliment est associŽe ˆ des troubles digestifs, illustrent bien les consŽquences dÕune expŽrience nŽga- tive sur le rejet dÕun aliment prŽalablement

INRA Productions Animales, dŽcembre 1996

Choix alimentaires chez le porc et les volailles / 341

La palatabilitŽ dÕun aliment est souvent apprŽciŽe par la prŽfŽrence que lÕanimal montre pour cet aliment lorsquÕil est en situation de choix.

8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 0

5 10 15 20 25

30 Régime non supplémenté Aliment ingéré

(g / poule / j)

Age (jours)

8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 0

10 20 30 40

50 Régime supplémenté Aliment ingéré

(g / poule / j)

Age (jours)

Soja Pois Figure 2. Interaction entre l’équilibre nutritionnel du régime et la préférence du poulet de chair en croissance vis-à-vis de régimes de base se distinguant par l’incorporation de pois ou de tourteau de soja, et la supplémentation ou non en DL-méthionine (d’après Picard et al 1994).

(5)

acceptŽ et dont les caractŽristiques organolep- tiques nÕont pas ŽtŽ modifiŽes (Houpt et Houpt 1987). LÕinduction dÕune prŽfŽrence alimen- taire chez des porcelets allaitŽs via lÕaromati- sation du lait de la truie nÕest par contre pas toujours effective (Kennedy 1980, Rossi 1980).

LÕexistence dÕune pŽriode sensible, co•ncidant avec le sevrage, au cours de laquelle lÕanimal serait plus rŽceptif, permettant ainsi un apprentissage plus efficace, reste ˆ vŽrifier. Le r™le facilitateur dÕune expŽrience prŽcoce sur lÕacceptation ultŽrieure dÕun aliment a ŽtŽ montrŽ chez la truie et les volailles (Hogan 1973, Kennedy 1980, Turro et al 1994). Des travaux sur le rat montrent par ailleurs la possibilitŽ de rŽduire la nŽophobie ˆ lÕŽgard de nouveaux aliments par une diversitŽ des expŽ- riences alimentaires prŽcoces (Hennessy et al 1977). Ainsi devant une nourriture complexe, le grand nombre de signaux organoleptiques dŽlivrŽs ˆ lÕanimal Žvoqueront une multitude de prŽfŽrences ou dÕaversions apprises qui le guideront dans ses choix ultŽrieurs.

f / Les expŽriences de

conditionnement opŽrant sont lourdes ˆ mettre en Ïuvre et ne sont pas exemptes de critiques

LÕapport majeur de la technique de condi- tionnement opŽrant est la possibilitŽ de mesu- rer le niveau de motivation indŽpendamment de la comparaison avec dÕautres aliments.

Cependant, lÕintensitŽ de cette motivation peut dŽpendre de lÕintensitŽ du travail ˆ four- nir pour lÕobtention de lÕaliment, ce qui sou- ligne la nŽcessitŽ de construire le dispositif de test en relation avec les caractŽristiques com- portementales de lÕanimal.

Lawrence et Illius (1989) ont ainsi comparŽ deux procŽdures de renforcement permettant ˆ lÕanimal dÕobtenir une rŽcompense alimen- taire : soit avec un nombre fixe dÕappuis sur le levier (10 appuis, renforcement fixe), soit avec un nombre dÕappuis nŽcessaire qui sÕaccro”t de 1 ˆ chaque nouvelle rŽcompense (renforcement progressif). La motivation alimentaire de lÕani- mal est testŽe en le soumettant ˆ diffŽrents niveaux dÕalimentation, depuis lÕaliment ˆ volontŽ jusquÕˆ un rationnement correspon- dant ˆ 40 et 60 % de la consommation ˆ volontŽ. Les rŽsultats montrent que la procŽ- dure de renforcement progressif appara”t plus sensible pour mesurer les changements de motivation entre les diffŽrents niveaux dÕali- mentation (figure 3). NŽanmoins, le travail ˆ fournir est plus ŽlevŽ dans ce type de procŽ- dure et la variabilitŽ des rŽponses est plus importante.

Les expŽriences de conditionnement opŽ- rant exigent un apprentissage qui limite sou- vent le nombre possible de rŽpŽtitions. Il oblige dans bien des cas ˆ effectuer une sŽlec- tion dÕindividus aptes et il nÕest pas possible dÕŽvaluer lÕeffet de cette sŽlection sur le rŽsul- tat du test. LÕaugmentation du Ç cožt dÕacc•s È ˆ lÕaliment peut modifier chez le poulet de chair lÕexpression du comportement alimen- taire et, par voie de consŽquence, son inter- prŽtation en terme de motivation (Kauffman

Figure 4. Variation de la taille et du nombre de repas en fonction du coût d’accès à la mangeoire chez le poulet de chair (d’après Kauffman et Collier 1983).

25 20

15 10

5 0

0 10 20 30 40

Nombre de récompenses

Temps depuis le repas (h)

Niveau d'alimentation

1 0,6 0,4

fixe progressive Récom- pense :

Figure 3. Mesure de la motivation alimentaire en fonction des modalités d’obtention de la récompense alimentaire et du niveau d’alimentation (1 : à volonté ; 0,4 et 0,6 :

respectivement 40 % et 60 % de la consommation à volonté). D’après Lawrence et Illius 1989.

Nombre de coups de bec par repas Taille du repas (g) Nombre de repas

par jour

250

200

150

100

50

0 10 20 40 80 160 640 2560 0

0 5 10 15 20

et Collier 1983 ; figure 4). Pour ces raisons, le conditionnement opŽrant est une technique de mesure de la palatabilitŽ des aliments plus thŽorique que rŽellement pratiquŽe.

2 / Apprentissage

Face ˆ un nouveau rŽgime alimentaire, lÕanimal se trouve confrontŽ ˆ 3 problŽma- tiques (Rogers et Blundell 1991) :

(6)

- accepter un nouvel aliment pour satis- faire ses besoins nutritionnels ;

- refuser un nouvel aliment pour Žviter cer- tains composŽs toxiques susceptibles dÕ•tre prŽsents ;

- essayer en explorant un nouvel Ç environ- nement È alimentaire : en Žlevage intensif, lÕaliment est une composante essentielle de lÕenvironnement de lÕanimal, qui lui consacre le plus de son temps dÕactivitŽ.

En dehors des prŽfŽrences orosensorielles innŽes, avec une rŽponse hŽdonique positive pour les saveurs sucrŽes et nŽgative pour lÕamertume, lÕanimal apprŽhende une nou- velle situation alimentaire par un apprentis- sage au cours duquel il va dŽcouvrir la nou- velle source alimentaire ou utiliser un dispositif inconnu pour y accŽder (matŽriel ou modalitŽs de distribution). LÕanimal peut bŽnŽficier du rŽsultat de ses essais et erreurs en tenant compte des consŽquences digestives et nutritionnelles. LÕensemble des informa- tions recueillies par lÕanimal constitue un champ dÕexpŽriences qui peut conditionner ˆ diffŽrents degrŽs son activitŽ alimentaire ultŽ- rieure.

2

.1

/ MŽcanisme de sŽlection glucides/protŽines

Bien que lÕexistence dÕun mŽcanisme innŽ rŽgulant de mani•re prŽcise le choix glu- cides/protŽines nÕait pas ŽtŽ prouvŽe, les mŽcanismes proposŽs illustrent nŽanmoins les caractŽristiques dÕun syst•me rŽgulateur, ˆ savoir la dŽtection des besoins et leur trans- mission sous la forme dÕun signal qui dŽter- mine le comportement et ajuste les prŽfŽ- rences observŽes dans des tests de choix.

Les travaux chez le porc en croissance souli- gnent ainsi lÕexistence dÕun ajustement spŽci- fique de la consommation de protŽines indŽ- pendamment de lÕingestion dÕŽnergie ; cependant, dans les conditions normales dÕali- mentation, le niveau dÕingestion rŽsulte de lÕinteraction des deux mŽcanismes (Henry 1985). Plus rŽcemment, Rose et Kyriasakis (1991) ont soulignŽ la capacitŽ des porcs et des volailles ˆ ajuster leur choix alimentaire entre deux aliments diffŽrant par leur teneur en protŽines pour rŽpondre ˆ leur besoin de croissance. Mais ces auteurs prŽcisent quÕun tel ajustement est associŽ ˆ la possibilitŽ pour les animaux de conna”tre au prŽalable les 2 aliments offerts en libre choix.

Les capacitŽs de sŽlection dÕun rŽgime par le porcelet et le poulet recevant en libre choix cŽrŽales et complŽment protŽique, sont illus- trŽes par les travaux de Kauffman et al (1977) et Rose et Kyriasakis (1991). Il appara”t que le choix Žvolue avec lÕ‰ge, les animaux ajus- tant au cours du temps leur prise alimentaire en faveur dÕune faible concentration protŽique (figure 5). NŽanmoins, le choix basŽ sur la teneur en protŽines peut •tre modifiŽ en prŽ- sence de facteurs anti-nutritionnels, avec le choix pour un aliment limitant le potentiel de croissance contre un aliment ŽquilibrŽ mais peu palatable (Bradford et Gous 1992).

LÕingestion dÕun aliment induit chez lÕani- mal une sensation complexe, reposant en fait sur trois composantes. Les deux premi•res sont purement discriminatoires et dŽpendent des qualitŽs physico-chimiques du stimulus.

Elles sont de nature qualitative et quantita- tive permettant dÕidentifier la nature de lÕali- ment ingŽrŽ et dÕŽvaluer sa valeur ŽnergŽ- tique et protŽique. La troisi•me composante est affective, correspondant ˆ la notion de plaisir/dŽplaisir sensoriel (perception hŽdo- nique) reliŽe aux sensations digestives post- ingestives (Cabanac 1992). Celle-ci est consi- dŽrŽe par les psychophysiologistes comme le moteur essentiel du comportement ingestif et dŽtermine les prŽfŽrences alimentaires.

2

.2

/ Implication des stimuli dÕorigine viscŽrale

Les Žtudes classiques sur lÕaversion condi- tionnŽe, induisant des troubles digestifs par une injection de chlorure de lithium associŽe ˆ un aliment prŽalablement acceptŽ par lÕani- mal, mettent lÕaccent sur lÕincidence des sti-

INRA Productions Animales, dŽcembre 1996

Choix alimentaires chez le porc et les volailles / 343

Le choix alimentaire effectuŽ par

lÕanimal dŽpend de nombreux facteurs, notamment la satisfaction de ses besoins

nutritionnels.

Figure 5. Evolution des quantités ingérées totales de protéines chez le porc et le poulet de chair au cours de la croissance (d’après Rose et Kyriasakis 1991, Kauffman et al 1977).

20 16

12 8

4 0

170 190 210 230 250

Protéines sélectionnées (g/kg d'aliment frais)

Période (jours) à partir de 15 kg de poids vif Porc

50 40

30 20

10 10 10 15 20 25 30

Age (jours) Protéines (%)

Poulet de chair

(7)

muli viscŽraux sur lÕacceptation dÕun aliment (Houpt et Houpt 1987, Turro-Vincent et al 1995). La persistance du refus dŽpend de fac- teurs liŽs ˆ lÕintensitŽ des troubles, au dŽlai de prŽsentation de lÕaliment apr•s lÕinjection et ˆ la frŽquence de prŽsentation de lÕaliment avant lÕinjection.

Les travaux sur lÕinduction de prŽfŽrences ont conduit en revanche ˆ des rŽsultats assez contradictoires, suggŽrant que les prŽfŽrences Žtaient plus difficiles ˆ Žtablir et moins robustes comparŽes aux phŽnom•nes dÕaver- sion. Les travaux sur le rat ont montrŽ cepen- dant que des prŽfŽrences pour une saveur pouvaient •tre induites par une infusion dÕamidon hydrolysŽ produisant des effets mŽtaboliques favorables (Elizalde et Sclafani 1990). Cette voie dÕŽtudes reste vierge dans le cas du porc ou des volailles.

Les aversions apprises sont caractŽrisŽes par lÕaltŽration hŽdonique du gožt, de la fla- veur ou de la texture de lÕaliment (Rogers 1990). La capacitŽ ˆ digŽrer les diffŽrents rŽgimes proposŽs, ainsi que la vitesse ˆ laquelle lÕaliment peut •tre consommŽ, consti- tuent des facteurs de dŽcision pour des pou- lets de chair ou des porcs en croissance (Rose et Kyriasakis 1991).

Des rŽsultats rŽcents montrent que les rŽcepteurs pŽriphŽriques ˆ un neuromŽdia- teur dÕorigine digestive, la cholecystokinine (CCK), interviennent dans les mŽcanismes de consolidation de la mŽmoire dÕun aliment nou- veau (tableau 1). Berthelot et al (1996) offrent ˆ des cailleteaux un aliment non toxique colorŽ en bleu. ImmŽdiatement apr•s le test de premier contact qui dure 10 minutes, les animaux re•oivent une injection tŽmoin de sŽrum physiologique ou bien dÕun antagoniste des rŽcepteurs A (= abdominaux) de la CCK : le DŽvazŽpide. Lors du test de reconnaissance 24 heures plus tard les animaux tŽmoins reconnaissent lÕaliment bleu comme consom- mable et triplent leur activitŽ alimentaire.

Par contre les cailleteaux ayant re•u une injection de DŽvazŽpide ne le reconnaissent pas ou le reconnaissent mal, leur comporte- ment Žtant peu diffŽrent de celui observŽ lors du premier contact.

Il appara”t donc que la mŽmorisation des signaux post-ingestifs constitue une compo- sante essentielle dans lÕapprentissage des prŽ- fŽrences alimentaires.

2

.3

/ LÕadaptation au rŽgime alimentaire passe par des processus dÕapprentissage

Quand deux rŽgimes alimentaires nouveaux sont proposŽs, une pŽriode de temps est nŽces- saire chez les porcs et les volailles pour asso- cier les caractŽristiques organoleptiques aux consŽquences nutritionnelles des rŽgimes res- pectifs. Ce processus a ŽtŽ dŽnommŽ par Rozin (1976) Ç apprentissage retardŽ È. LÕin- tervalle de temps au cours duquel les associa- tions sont ŽlaborŽes dŽpend du nombre de caract•res propres ˆ chaque rŽgime et des dif- fŽrences nutritionnelles des deux rŽgimes. Par ailleurs des poules pondeuses sŽlectionnent un rŽgime dont le rapport Žnergie/protŽines correspond ˆ leurs besoins si elles ont re•u un rŽgime avec choix pendant la pŽriode de crois- sance. Chez le porc, certains auteurs ont mon- trŽ quÕil Žtait prŽfŽrable dÕaccŽlŽrer la pŽriode dÕapprentissage en donnant acc•s alternative- ment ˆ un seul des deux rŽgimes testŽs (Kyriasakis et al 1990). Uzu et al(1993) mon- trent que des poules pondeuses qui ont appris ˆ distinguer un rŽgime supplŽmentŽ en mŽthionine dÕun rŽgime dŽficient utilisent des rep•res spatiaux pour identifier la mangeoire contenant lÕaliment supplŽmentŽ. En effet, lÕinversion des positions relatives des deux mangeoires entra”ne une erreur de choix pen- dant plusieurs jours, qui est ensuite corrigŽe par apprentissage progressif de la nouvelle r•gle.

Une situation nouvelle peut entra”ner aussi bien des rŽponses dÕŽvitement ou dÕimmobili- sation (nŽophobie) que des conduites dÕap- proche et dÕexploration (nŽophilie). Ces conduites dŽpendent de composantes indivi- duelles qui sont dŽfinies en terme de rŽacti- vitŽ Žmotionnelle ou de manifestations dÕanxiŽtŽ. Il existe des relations entre le niveau dÕanxiŽtŽ et les capacitŽs dÕapprentis- sage. Par exemple un niveau de rŽactivitŽ Žmotionnelle intense chez des cailles induit une diminution de leurs capacitŽs dÕadapta- tion ˆ un nouvel aliment et dÕidentification ˆ un aliment inconnu (Turro et al 1994). Chez la truie gestante, lÕutilisation dÕun dispositif de distribution automatisŽe est retardŽe pour les animaux prŽsentant un fort niveau de rŽacti- vitŽ Žmotionnelle (Thomas et Signoret 1989).

Tableau 1. Comportement alimentaire de cailleteaux exposés pour la première et la seconde fois à 24 h d’intervalle, à un aliment d’aspect inhabituel (couleur bleue), et ayant reçu ou non une injection de Dévazépide (antagoniste des récepteurs A à la CCK) immédiatement après la première exposition (d’après Berthelot et al 1996).

(1) Groupe TŽmoin : injection de sŽrum physiologique ; groupe expŽrimental : injection de 0,1 mg/kg de DŽvazŽpide apr•s la premi•re exposition. N = 19 groupes de 2 cailleteaux par traitement.

Les diffŽrences entre les deux expositions sont significatives (P < 0,05) si les moyennes sont suivies de lettres diffŽrentes.

Groupe(1)

Exposition 1 Exposition 2 Exposition 1 Exposition 2

TŽmoin ExpŽrimental

Temps passŽ ˆ la mangeoire (s) 53,2 ± 16,3 a 144,5 ± 34,6 b 39,4 ± 8,9 a 69,0 ± 27,1 a Nombre coups de bec donnŽs ˆ lÕaliment 12,5 ± 4,2 a 48,0 ± 13,4 b 6,8 ± 2,1 a 13,2 ± 6,6 a

(8)

Pour Žvaluer la palatabilitŽ dÕun aliment, il est donc pratiquement impossible dÕexclure les mŽcanismes dÕapprentissage qui sont ˆ la base du comportement alimentaire. Cette remarque interdit pratiquement de pouvoir dissocier la qualitŽ du rŽgime de lÕexpŽrience du Ç gožteur È, ce qui rend la notion de palata- bilitŽ pratiquement impossible ˆ lier unique- ment ˆ une mati•re premi•re ou un additif, voire ˆ lÕŽquilibre nutritionnel de la ration.

3 / Le facteur social,

modulateur des conduites individuelles

Chez des animaux testŽs en groupe, le com- portement alimentaire dÕun individu est sou- mis ˆ des influences sociales impliquant des processus dÕimitation, de facilitation des com- portements dÕingestion (Hsia et Wood-Gush 1983, Meunier-SalaŸn et Faure 1984), mais Žgalement des phŽnom•nes de compŽtition et dÕexclusion ˆ lÕauge (Meunier-SalaŸn et al 1987).

La transmission sociale dÕune expŽrience alimentaire a ŽtŽ testŽe chez le porcelet sevrŽ et le poussin recevant un rŽgime contenant une lŽgumineuse, Canavalia ensiformis(Meu- nier-SalaŸn et al 1994). La prŽsence dÕune lec- tine, la concanavaline A, induit des troubles digestifs 30 minutes apr•s le dŽbut de lÕinges- tion. Les animaux Ç expŽrimentŽs È rŽduisent significativement leur ingestion lors dÕune seconde exposition malgrŽ une forte motiva-

tion alimentaire (mise ˆ jeun prŽalable). Cette rŽpulsion appara”t d•s le premier instant de la seconde exposition, ce qui montre une bonne mŽmorisation des effets nŽgatifs des facteurs antinutritionnels du rŽgime. NŽan- moins un animal expŽrimentŽ mis en prŽ- sence dÕun animal Ç na•f È, non familiarisŽ au rŽgime, consomme ˆ nouveau le rŽgime toxique. Parall•lement, lÕanimal na•f prŽsente une certaine rŽticence vis-ˆ-vis de lÕaliment, qui se caractŽrise par une activitŽ alimentaire rŽduite comparŽe ˆ celle observŽe en prŽsence du m•me type dÕaliment dŽpourvu de lectine.

Dans les deux cas, la rŽponse des animaux est liŽe ˆ un phŽnom•ne de facilitation sociale.

Les travaux ont par ailleurs montrŽ une modulation de la rŽponse en fonction de carac- tŽristiques individuelles de lÕanimal. Un test de rŽactivitŽ sociale consistant ˆ mesurer la recherche de contact dÕun animal isolŽ avec un groupe de congŽn•res, a permis de distin- guer les individus testŽs en terme dÕanimaux ˆ forte et faible motivation sociale. Le phŽno- m•ne de facilitation sociale est apparu plus marquŽ dans le cas des animaux ˆ forte moti- vation sociale aussi bien chez les animaux expŽrimentŽs que chez les animaux na•fs (figure 6).

LÕadaptation des animaux aux changements de rŽgime alimentaire passe par des proces- sus dÕapprentissage au cours desquels lÕindi- vidu acquiert une expŽrience qui conditionne en partie son comportement alimentaire et en particulier lÕexpression de choix ultŽrieurs. La prŽsence permanente de partenaires sociaux est Žgalement susceptible de moduler lÕorien- tation des choix. Enfin, les choix peuvent Žvo- luer au cours du temps en fonction de nou- velles expŽriences.

4 / La Ç fen•tre Espace-Temps È

Le comportement alimentaire peut •tre considŽrŽ comme la rŽsultante dÕun Žquilibre entre la demande physiologique interne (moti- vation ˆ manger) et lÕŽvaluation que peut faire lÕanimal de son environnement (cožt/bŽnŽfice des aliments accessibles). La notion de cožt dans le choix opŽrŽ par lÕani- mal rejoint la thŽorie de lÕÇ optimal foraging È (Stephens et Krebs 1986), qui postule que les dŽcisions des animaux sont dictŽes par la Ç volontŽ È de maximiser leur bilan ŽnergŽtique.

Les rŽsultats de Kyriasakis et al (1990) montrent que la quantitŽ ingŽrŽe et la compo- sition du rŽgime choisi semblent reflŽter les besoins dÕentretien et de croissance des ani- maux. NŽanmoins les contraintes du choix peuvent moduler les stratŽgies adoptŽes par les animaux. Des rats placŽs dans une situa- tion de conflit entre inconfort thermique et acc•s ˆ un aliment palatable, affrontent le froid pour obtenir lÕaliment avec un nombre de sŽjours dans le compartiment froid fonction du niveau de palatabilitŽ de lÕaliment et indŽ- pendamment de la couverture de leurs besoins nutritionnels par un aliment ŽquilibrŽ dans le compartiment habituel de vie (Caba-

INRA Productions Animales, dŽcembre 1996

Choix alimentaires chez le porc et les volailles / 345

LÕapprentissage joue un r™le essentiel dans le comportement alimentaire : reconnaissance des signaux post- ingestifs, mais aussi transmission de lÕexpŽrience alimentaire par des congŽn•res.

0 100 200 300 400 500 600 700

AAAA AA AA AA AA AA AA AA

AA AA

AA AA AA

Mémorisation Transmission Aliment

toxique

Aliment témoin

Aliment toxique Temps d'alimentation

(secondes)

expérimentés naïfs Réactivité sociale forte faible

AA

Animaux Figure 6. Comportement alimentaire de porcelets sevrés lors d’un test de mémorisation d’une expérience alimentaire vis-à-vis d’un aliment toxique (animaux expérimentés) ou neutre (animaux naïfs), et lors du test de « transmission sociale » dans lequel les animaux sont testés par paire (expérimenté-naïf) et recoivent l’aliment toxique. Incidence du niveau de réactivité sociale des animaux sur la réponse pendant les tests.

D’après Meunier-Salaün et al 1994.

(9)

nac 1992). Le crit•re moins strict de satisfac- tion comparŽ ˆ celui dÕoptimisation pourrait ainsi illustrer le choix pour un aliment qui prŽsenterait suffisamment dÕintŽr•t et pas uniquement quand il est le meilleur au plan nutritionnel.

Collier et Johnson (1990) proposent dÕintŽ- grer le comportement alimentaire par rap- port au temps, suggŽrant que lÕanimal est capable dÕanticiper ses besoins nutritionnels sÕil comprend son environnement. LÕanimal pourrait choisir une stratŽgie de consomma- tion propre ˆ optimiser le rapport cožt/bŽnŽ- fice de la prise alimentaire dans un environ- nement donnŽ pendant ce que ces auteurs appellent Ç une fen•tre de temps È de durŽe variable, et donc anticiper sur ses besoins.

Mais cette anticipation nÕexiste pas toujours.

Ainsi, des poussins ˆ qui on prŽsente un m•me rŽgime alternativement en farine ou en petits granulŽs, en associant systŽmati- quement ˆ lÕune des formes particulaires un temps dÕacc•s tr•s diffŽrent de lÕautre (24 h / 24 h ou seulement 3 h / 24 h), nÕaugmentent pas leur quantitŽ ingŽrŽe avant le retrait de lÕaliment sÕils ne sont pas ˆ jeun (Turro-Vin- cent 1994). Cependant, lorsquÕil sÕagit dÕŽqui- libre du rŽgime en acides aminŽs indispen- sables, les volailles sont capables de dŽtecter rapidement des diffŽrences de composition.

Avec des expositions rŽpŽtŽes, elles semblent sÕy adapter en faisant varier leur consomma- tion avant quÕun Žquilibrage ŽnergŽtique dÕorigine mŽtabolique puisse intervenir (Picard et al 1993). La diffŽrence entre ces deux situations tient certainement ˆ la res- triction de Collier et Johnson (1990) : Ç si les animaux comprennent les contraintes de leur environnement È.

Conclusions

Les choix alimentaires de lÕanimal dŽpen- dent donc de nombreux param•tres liŽs ˆ lÕanimal et ˆ lÕaliment dans une dimension spatio-temporelle (Emmans 1991), reprŽsen- tŽs sur la figure 7.

La notion de palatabilitŽ est complexe et correspond, dans la pratique, aux questions suivantes :

- existe-t-il des caractŽristiques particu- laires ou des caractŽristiques physicochi- miques qui dŽterminent a priori et toujours la palatabilitŽ dÕun aliment ?

- comment mesurer la valeur adaptative dÕun aliment au moment des phases de transi- tion ou sous lÕeffet de contraintes environne- mentales ?

Les rŽsultats obtenus dans les tests de choix ne permettent pas de rŽpondre ˆ ces questions d•s lors que lÕon tient compte de toutes les res- trictions dŽveloppŽes ci-dessus. Les tests de choix classiques permettent dÕŽtablir des Ç seuils de prŽfŽrence et dÕaversion È et de don- ner une rŽponse comportementale aux sub- stances testŽes. Mais ils ne sont pas assez sen- sibles ni consistants pour Žvaluer des diffŽrences dans la motivation ˆ consommer un aliment unique prŽsentant lÕune des carac- tŽristiques testŽes. Le conditionnement opŽ- rant permet de mieux mesurer la motivation dÕun animal ˆ consommer un aliment. Cepen- dant une telle mŽthode nŽcessite une procŽ- dure expŽrimentale contraignante et peut induire des biais sur lÕexpression du comporte- ment alimentaire, en fonction du temps nŽces- saire ˆ la rŽalisation du Ç travail È ˆ effectuer.

LÕexamen des donnŽes bibliographiques relativise lÕutilisation que lÕon peut faire des choix opŽrŽs par lÕanimal vis-ˆ-vis de cer- Figure 7. Récapitulatif des paramètres impliqués dans la notion de choix alimentaire.

Génétique

Animal

Expérience Etat physiologique Apprentissage

z

Besoins nutritionnels Processus digestifs

Choix Système de distribution

Forme de l'aliment

Physique

Matière organique

Notion Espace-Temps Environnement

Social

Aliment

Minéraux Eau

y x

(10)

taines substances pour initier une activitŽ ali- mentaire, en particulier chez de jeunes ani- maux. Dans le cas du porcelet, la consomma- tion dÕaliment avant le sevrage dŽpend plus de facteurs intrins•ques liŽs ˆ lÕanimal, niveau de maturitŽ physiologique et psycho- motrice en particulier, quÕˆ des facteurs liŽs ˆ lÕaliment (Delumeau et Meunier-SalaŸn 1995). On peut en revanche Žviter des pro- bl•mes potentiels dans la prise alimentaire par la mise en Žvidence de phŽnom•nes dÕaversion spŽcifiques ˆ certaines substances.

LÕappŽtence dÕun animal pour un aliment dŽpend Žgalement de facteurs environnemen- taux et surtout de lÕexpŽrience prŽalable de cet aliment. Il est donc dŽlicat dÕattribuer ˆ une mati•re premi•re un Ç coefficient de pala- tabilitŽ È spŽcifique. On peut admettre quÕil y ait des constantes liŽes ˆ la prŽsence de signaux post-ingestifs. NŽanmoins, sur un plan mŽthodologique, il para”t fondamental de choisir les conditions dÕexpŽrimentation pour la dŽtermination des choix alimentaires, avec en particulier une prŽparation de lÕanimal aux conditions dans lesquelles il sera confrontŽ ˆ des aliments tests. Le contexte dans lequel lÕexpression dÕun choix, dÕun refus ou dÕune prŽfŽrence alimentaire est obtenu, nŽcessite la prise en compte de param•tres Žtholo- giques qui permettent de mieux cerner la notion de motivation alimentaire et, par voie de consŽquence, de mieux interprŽter la notion de choix.

Dans la pratique, la situation de choix ali- mentaire est rare chez les volailles. Cepen-

dant on observe de plus en plus frŽquemment des probl•mes dÕidentification de lÕaliment lors des changements de rŽgime. DÕautre part, les volailles trient les particules alimentaires quÕelles ing•rent ce qui constitue de facto une situation de choix. Les caractŽristiques de ce tri ainsi que les facteurs technologiques tels que la granulation, le transport, le stockage et la distribution des aliments, font lÕobjet dÕŽtudes de plus en plus prŽcises. En Žlevage porcin, si lÕon consid•re lÕŽvolution des tech- niques dÕalimentation, la mŽthode classique par Žtapes consiste ˆ fournir aux animaux un aliment unique adaptŽ ˆ leurs besoins nutri- tionnels pour chaque pŽriode de leur crois- sance. Le dŽveloppement de techniques dÕali- mentation par phase ou multiphase en production porcine, vise ˆ un ajustement plus frŽquent de la composition de lÕaliment aux besoins nutritionnels des animaux et, par voie de consŽquence, favorise une alimentation diversifiŽe au cours du temps. Des options plus novatrices existent, avec lÕutilisation dÕune alimentation en libre choix. Dans un cas, deux aliments qui diff•rent par leur teneur en protŽines (ŽlevŽe et rŽduite) sont distribuŽs. Dans un autre cas, les aliments sont ŽquilibrŽs suivant le stade de la crois- sance (alimentation par sauts de puce), avec la possibilitŽ dÕune aromatisation spŽcifique de chaque aliment visant ˆ diversifier les gožts (alimentation en menu). LÕimportance de la dŽtermination des choix alimentaires et de leur interprŽtation est Žvidente pour Žva- luer lÕintŽr•t pratique de ces nouvelles options.

INRA Productions Animales, dŽcembre 1996

Choix alimentaires chez le porc et les volailles / 347

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Abstract

Factors involved in feed choices in pigs and poultry.

During their life, pigs and poultry are submitted to feed changes which need rapid adaptation.

Additive substances, flavor or nutritive com- pounds, are used to improve the palatability and stimulate the intake of the feed. Most studies on palatability considered feeding behaviour in choice situation or operant conditioning. The pre- sent review gives a critical analysis of these methodologies and focuses how the choices expressed by animal are depending on the experi-

mental context and are resulting from the concur- rence between the animal, the feed and the envi- ronment in a spatiotemporal dynamic. The beha- vioural analysis point out the ethological caracteristics implicated in the feeding activity, especially the role of experience and social fac- tors. A better estimation of the feeding motivation could improve the understanding of the choice concept.

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