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Submitted on 1 Jan 1970
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ÉTUDE DES PERTES DE POIDS SUBIES PAR DES PORCELETS AU COURS DE TRANSPORTS
R. Dantzer
To cite this version:
R. Dantzer. ÉTUDE DES PERTES DE POIDS SUBIES PAR DES PORCELETS AU COURS DE
TRANSPORTS. Annales de Recherches Vétérinaires, INRA Editions, 1970, 1 (2), pp.179-187. �hal-
00900664�
ÉTUDE DES PERTES DE POIDS
SUBIES PAR DES PORCELETS AU COURS DE TRANSPORTS
R. DANTZER
Station de Pharmacotogie-Toxicotogie, 1?cole nationale vétérinaire, .31 - Toulouse 03 Institut national de la Recherche agronomique
RÉSUMÉ
Les pertes de poids subies par des porcelets au cours d’un transport sur route augmentent
avec le poids des animaux, la durée du transport et la température extérieure et représentent en
moyenne i,z p. ioo du poids initial, pour une durée de deux heures. La signification et la nature
de ces pertes sont discutées.
INTRODUCTION
La
production
de la viande de porcs’accompagne
de nombreusesmanipulations
des animaux :
ainsi,
lesporcelets
sevrés sontl’objet,
successivement ou simultané- ment, dechangements
deloge
et deporcherie,
demélanges
et detransports.
Le
mélange
et lechangement
deloge
sontdéjà,
par eux-mêmes, des facteursgénérateurs
detroubles ;
ils entraînent des modifications ducomportement
alimen- taire etsocial, pouvant
se traduire sur leplan zootechnique
par uneperturbation
des
performances
des animaux(D AN T Z E R , r 97 o).
Les occasions de
transport
sontprincipalement représentées
par l’entrée enporcherie d’engraissement,
et le transfert àl’abattoir ;
c’est certainement ce derniertype
dedéplacement qui
a été leplus étudié,
enparticulier
en cequi
concerne sesrépercussions
sur lescaractéristiques physico-chimiques
de la viandeaprès abattage.
Par contre, les
transports
deporcelets
n’ont faitl’objet
que d’un faible nombre de travaux ; ils sontpourtant fréquents
etnécessaires,
par suite de la différence derépar-
tition
géographique
existant en France entrerégion d’élevage
etrégion
traditionnelled’engraissement.
A
l’arrivée,
à côté de blessures ou de mortalitésparfois importantes,
on constatele
plus
souvent des pertes depoids
nonnégligeables (T OURNU T
etal., 19 66).
Maisl’importance
de cettedéperdition
n’est pas connue defaçon précise ;
il est donc néces- saire de l’estimer pour affirmer l’utilité d’une éventuellethérapeutique ;
d’autrepart,
il faut s’assurerqu’il s’agit
là d’unphénomène
facilement mesurable etreproductible, susceptible
de servir de critère lors d’essais dedrogues
correctrices.A cet
effet,
nous avons cherché àpréciser
l’intensité despertes
depoids
constatéeschez des
porcelets transportés,
ainsi que leurs facteurs de variation : certains tiennentau voyage lui-même
(durée,
conditions del’environnement),
d’autres sont directe-ment liés aux animaux
(poids, degré
demélange
chiffré par le nombre deloges
d’ori-gine) ;
deplus,
onpeut envisager
le «transport
o sous deuxaspects :
lepremier,
sta-tique, représente
lesmanipulations (pesées, embarquement, débarquement),
et l’im-mobilisation forcée des
animaux ;
lesecond, dynamique,
rassemble les modalités dudéplacement proprement
dit(vibrations, accélérations, décélérations,
mouvements divers liés àl’inertie).
PROTOCOLE
EXPERIMENTAL
I
. Animaux utilisés
Les animaux utilisés proviennent d’un élevage industriel. Ils sont élevés dans des conditions
identiques, dans une porcherie d’engraissement de type danois, à raison de r5 à zo porcs par loge.
Ils reçoivent une alimentation rationnée sous forme de farine sèche ; l’abreuvement est à volonté.
Ce sont des animaux de race croisée : Large White X Danois x Piétrain x Welsh, ou Lavge White
X Danois x Piétrain. Ils sont âgés de 2 mois à 3 mois et demi et pèsent en moyenne 25 kg.
2
. Transport
La cage de tvanspovt : construite en bois, elle a un plancher en caillebotis permettant le passage des excréments. Elle est divisée longitudinalement en deux compartiments rectangulaires identi-
ques, droit et gauche ; chaque case, avec 0,55 m de largeur et 2,20 m de longueur, peut contenir
6 animaux. Les excréments sont recueillis dans des bacs.
Le moyen de transport est une camionnette Citroën 1600. Pendant le voyage, l’ouverture des aérations placées à l’avant et des vitres latérales au conducteur permet le renouvellement de l’air à l’intérieur du véhicule et évite ainsi le confinement et la montée de la température (contrôlés respectivement à l’aide d’un analyseur de gaz Drager et d’un thermomètre). Lors des expériences
sans voyage, l’arrière du camion est laissé ouvert, suppléant ainsi au défaut de ventilation dyna- mique.
Modalités du transport : le parcours effectué est circulaire ; il fait 12o km de longueur et est
réalisé en 2heures, le matin, avec retour au point de départ (17 essais). Dans le cas des voyages de
plus longue durée (4et 6 heures), le circuit a été parcouru respectivement 2et 3 fois le même jour :
3lots, A, B et C ont été utilisés : B, embarqué en même temps que A, a été débarqué au bout de
2heures et remplacé par C ; A et C ont été pesés en même temps, 4 heures plus tard.
Pour étudier la composantc statique seule, le camion est laissé à l’arrêt, les animaux étant conservés à l’intérieur pendant toute la durée du pseudo-transport (4 essais).
3
. Constitution des Lots
Les 6 animaux de chaque compartiment de la cage de transport sont pris, à parts égales,
dans deux loges différentes de la porcherie ; chaque lot expérimental comprend 3 mâles castrés et 3 femelles ou mâles castrés et 2femelles.
Pour déterminer l’influence du degré de mélange, nous avons constitué 4 lots en faisant varier le nombre de loges d’où sont issus les porcelets (de i loge à 3 loges).
4
. Mesure et traitement des résultats
Les animaux sont pesés par lot, au départ et à l’arrivée, dans une bascule pèse-bétail, sensible
à 200g. Le poids des excréments est mesuré à 20g près.
La température, l’hygrométrie et la pression atmosphérique de l’environnement extérieur sont estimées par les relèvements horaires faits pendant le transport à la station météorologique d’ur.
aéroport voisin.
Les pertes de poids sont calculées de la façon suivante :
Perte de poids = poids initial - (poids à l’arrivée !- excréments), l’expression a poids ini-
tial » désignant le poids des porcelets avant le départ.
Tous les résultats ont subi des traitements statistiques paramétriques : le test t de Student- Fisher et le coefficient de corrélation r. Le test de F mesure la signification de la régression.
RÉSULTATS
Les mesures effectuées au cours du
transport
sur route sont rassemblées dans le tableau i . Le tableau 2 contient les résultats des essaisstatiques.
L’examen de ces chiffres amène aux observations suivantes :
A. - Perte de
poids
etpoids
initialLes
pertes
depoids
sont liées defaçon significative
aupoids
desporcelets
avantle
transport
(
y
= 0,55F!6
=6,99
P <0,025).
Un animal
transporté perd
d’autantplus
depoids qu’il
estplus
lourd. Nousexprimerons donc,
dans la suite del’exposé
desrésultats,
ladéperdition
en pour cent dupoids
initial.B. -
Composantes
dutransport dynamique et statique
Les
pertes
mesurées au cours de laphase statique
dutransport représentent
enmoyenne o,77 p. 100 du
poids
vif.L’écart type
des résultats est deo,16 (tabl. 2 .)
Au cours du voyage, elles
augmentent
defaçon importante, puisqu’elles
attei-gnent
la moyenne de r,2o p. 100(a
=0,24).
La différence est
significative (1
= 3,44 ; P <0 , 01 ).
Lespertes
depoids
constatéespendant
letransport
sont en moyennesupérieures
à celles déterminées par laphase statique
seule.C. - Durée du
transport
Les résultats des trois derniers lots du tableau i montrent que la durée du trans-
port
retentit sur l’intensité despertes :
elles sont d’autantplus
élevées que letransport
est
plus long.
D. -
Influence
dumélange
des animauxPour les
quatre premiers
lots du tableau r,pris
deux àdeux,
lespertes
depoids paraissent plus
intenses pour les groupes de porcs lesplus mélangés (c’est-à-dire
ceuxdont les
sujets
sont tirés d’unplus grand
nombre deloges).
E. - Conditions
climatiques
La
température :
lafigure
ireprésente
la droite derégression perte
depoids- température.
Lespertes augmentent
avec latempérature (r
= 0,72 ;F I s = 1 6, 45 ;
P
# 0,001).
L’hygrométrie :
lespertes
depoids
sont d’autantplus
élevées quel’hygrométrie
est
plus
faible(fig.
2 ; y = -0 ,6 0 ; Fi,
=8,y ;
P =0 , 01 ).
La
pression atmosphérique :
iln’y
a pas de liaisonsignificative
entre lespertes
et la
pression atmosphérique
moyenne(r
= — 0,20 ;F’1 5 = 0 ,6 4 ;
N.S.).
F. -
Étude
des excretaLe
poids
des excreta est lié defaçon significative
aupoids
des animaux avant ledépart (r
= 0,42 ;P # 0 , 05 ),
cequi
autorise àexprimer
lespertes
fécales et urinairesen pour cent du
poids
initial.La valeur moyenne et
l’écart-type
des excreta sontégaux
ào,82
p. 100± 0,24 pour les groupestransportés
et 0,57 p. roo ! 0,15 pour les groupes immobilisés.La différence n’est pas
significative (1
=r, 9 6 ;
P <0 , 10 ).
DISCUSSION
Les résultats montrent que les
pertes
depoids
subies par les animaux au coursd’un
transport
de deux heuresreprésentent
en moyenne 1,20 p. 100dupoids initial ;
elles augmentent avec la durée dutransport,
ledegré
dumélange,
et sont liéessigni-
ficativement à la
température
et àl’hygrométrie
de l’environnement dans la limite des variations constatées au cours de nos essais.Les rares chiffres rencontrés dans la littérature
correspondent
sensiblement ànos résultats : 4 p. 100sur 350km
(PWTTx!, 1941 ),
de 1,1à3 ,8
p. 100pour des trans-ports
par camion sur des distances de 20 à 300 km(GO RB ATOW, 1957 ).
Quelle
est la nature exacte de cespertes
depoids?
Ils’agit
depertes insensibles, puisque
lespertes
matérielles sont mesurées par lapesée
des excréments(encore
quenous ayons tenue pour
négligeable l’évaporation
de l’eau de cesexcréments).
Lors des
échanges
gazeux, il sepourrait
que l’animalrejette
enpoids plus
de gazcarbonique qu’il
n’absorbed’oxygène,
mais il existetoujours
unedéperdition
d’eau.Celle-ci se fait essentiellement par les voies cutanée et
respiratoire.
Au niveaucutané,
la
perte
d’eau est liée à latempérature,
àl’hygrométrie
et au renouvellement de l’airsur la surface
corporelle.
Au niveaurespiratoire,
elledépend
de lafréquence respira-
toire et, pour une même
fréquence respiratoire,
de latempérature
de l’air et del’hy- grométrie.
Pour une
température comprise
entre 15 et25 °C,
on estimequ’un
porcpesant
moins de 5okg, perd
60g d’eau parheure,
soit r2o g pour 2heures.Dans des
expériences d’échanges respiratoires,
THORBECK trouve, pour des animaux de 25 à 35kg,
unquotient respiratoire (QR)
de l’ordre de i : àchaque
litred’O,
consommécorrespond
un litre deCO 2 produit,
et par là même uneperte
depoids
de o,5 g. Le porcrejetant
environ 30 1 deCO 2
parheure,
laperte
au bout de2
heures,
sera de 30 g.Dans des conditions
normales,
lapart
laplus importante
de laperte
est doncreprésentée
par de l’eau : i2o g contre 30 g.L’intensité
de cette dernière est liée à latempérature
et àl’hygrométrie ;
il n’est pas étonnant alors de retrouver les corréla- tionssignalées plus
haut. D’autrepart, l’évaporation
cutanée etrespiratoire
d’unanimal
dépend
de sonpoids : ainsi,
entre z5 et25!C,
un porc àl’engrais
de moins de 50kg perdra
50à 75g parheure,
alorsqu’un
animal deplus
de 50kg perdra 75
à i2o g.De la même
façon,
la consommationd 102
et laproduction
deC0 2 dépendent
dupoids,
ce
qui explique
la corrélation entre laperte
depoids
et lepoids
initial. mise en évi- dence dans nos essais.D’après
les calculsprécédents,
onpeut
estimerqu’un
porc de 30kg perd
i5o gen 2heures. Pendant le voyage, cette
perte
passe à3 6 0
g en moyenne. Cette différencepeut
être due à un accroissement de ladéperdition
en eau, une élévation duQR,
oules deux simultanément. Une
augmentation
del’évaporation peut provenir
d’unerespiration
accrue et d’une accélération de lafréquence respiratoire, peut-être
d’ori-gine
émotionnelle. Il semble difficilecependant
derapporter
le déficit de3 6o
g à la seuleperte d’eau, puisque
les animauxmanipulés
et stockés(phase statique
du trans-port)
ont subi dans les mêmes conditions d’environnement uneperte
de valeur inter- médiaire( 23 o g).
Ilparaît
nécessaire de faire intervenir une modification deséchanges respiratoires :
leQR
ne peutguère dépasser
i ; il faut donc supposer uneaugmenta-
tion de la consommationd’oxygène
et dupoids
de gazcarbonique rejeté ;
cet accrois-sement traduirait une
perturbation métabolique intense,
dans le sens d’un catabolismeexagéré.
En raison de l’absence de contrôle de certainsparamètres (température
in-terne,
fréquence respiratoire,
mesure du volumeextracellulaire)
et del’approximation
de nos
calculs,
il est difficile depréciser davantage
la nature de ces troubles.Quoi qu’il
en
soit,
les résultats autorisent à admettrequ’ils
existentréellement,
et que lespertes
depoids
constatées en sontl’expression.
Signalons,
àl’appui
de cesconclusions,
deux observations : GOP13ATOW( 1957 ) rapporte
que des animauxtransportés
dans des wagonsspéciaux,
munis demangeoires
et
d’abreuvoirs,
neperdent
pas depoids
sur un voyage de6 50 km,
mais cet auteur neprécise
pas s’ils engagnent!
Selon SAINSBURY
(r 9 66),
laperte
depoids
des animaux transitant entrel’Angle-
terre de l’Ouest et
l’Angleterre
de l’Est diminue de moitié(de
3kg
à 1,5kg) quand
les animaux sont
placés
dans un camion bienisolé, ventilé,
àtempérature
constante, et danslequel
ilspeuvent
boire à volonté. Ce dernier fait nous montre que si laperte
d’eau estprépondérante,
elle ne suffit pas àexpliquer
tout lephénomène.
Les
pertes
depoids
étant en moyenneplus
élevéespendant
letransport
que pen- dant laphase statique seule,
lesmanipulations
et l’immobilisation forcée des animauxne sont pas les seules causes des troubles
constatés,
et lapartie
« voyage »représente
environ le tiers des
pertes.
Sanspréjuger
del’importance
relative des différents sti- muli enjeu (bruit, cahots,
modifications devitesse...),
onpeut
penserqu’ils
ont pourcommun dénominateur
d’agir
par l’intermédiaire dusystème
nerveux.D’autre
part,
lesquantités
d’excreta émises par les animaux immobilisés sont inférieures à celles recueillies au cours du voyage. Bien que la différence ne soit passignificative
au seuil de 5 p. 100, vraisemblablement par suite du faible nombre d’es- saisstatiques ( 4 ),
les résultats tendent à montrer un accroissement des excreta, et donc unehypermotricité
du tubedigestif
sous l’influence dutransport.
CONCLUSION
Chez des
porcelets
de 20à 30kg,
lespertes
depoids
constatées au cours de trans-port
sur route semblent être dues enmajeure partie
à uneaugmentation
del’évapora-
tion cutanée et
respiratoire.
A cettedéperdition
en eau,s’ajoutent
des troubles méta-boliques.
Il est donc nécessaire deprévenir
cesperturbations
par l’intermédiaire de substances médicamenteuses correctrices : la réduction de laperte
depoids peut
servir de critère d’efficacité pour le choix de tellesdrogues.
Reçu pour publication eu mal 19i (l.
SUMMARY
A STUDY OF THE LOSSES SUSTAINED BY YOUNG PIGS DURING TRANSIT
The loss of weight seen during a two hour journey by road is equivalent to a reduction of the initial weight by i.zo p. 100.
These losses increase with the length of the journey and the weight of the animal, and they
are even greater when the outside temperature is high and the relative humidity is lower. The
weight changes cannot be explained wholly by the handling of the animals or their incarceration since pigs kept in a stationary lorry lost only 0.77 p. ioo of the initial weight.
Comparison of these results with physiological weight loss over an equivalent time period suggests that the loss of weight is because of increase in evaporation from the skin and respira- tory tract. The metabolic variations which may occur with transport have not been determined.
The use of appropriate drugs could prevent these weight losses during transport.
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