ÉTUDE DE L’INFLUENCE DE LA D-L THYROXINE SUR LE POIDS DE L’OEUF, SUR LE POIDS DU JAUNE ET
SA COMPOSITION.
Marie-Jeanne
THUILLIE, L. LACASSAGNE C. CALET Monique AUVRAV Marie-France LOIZEAU.Station de Recherches avicoles, Cent
y
e national de Recherches
zootechniques, Jouy-en-Josas.
- !-..-
SOMMAIRE
La d-1 thyroxine
ingérée
par despoules
en ponte diminue le nombre et lepoids
des oeufspondus
ainsi que le poids des
jaunes. Malgré
cette diminution, les teneurs en matièresèche, protides,
lipideset acides gras des réserves vitellines demeurent constantes en
général.
Il y a toutefois lieu designaler
que 3 ovules sur c!3 ont fait
exception
à cetterègle.
Depuis
TERROINE et Bm,m 1927, on sait que l’oeufprésente
une constance decomposition remarquable.
Deplus
ces auteurs ont montré que l’influence de l’alimen- tation ne modifie en rien lacomposition
dujaune
en constituants fondamentauxqu’il s’agisse
de la teneur en eau, en acides gras totaux et en cholestérol.Nous savons d’autre
part depuis
les travaux de AsMUNDSOrr 1031 et AsMU:vDSON et PINSKYz935, quel’ingestion
depoudre
dethyroïde
séchée provoque chez lapoule
une diminution du
poids
dujaune.
L’un d’entre nous a montré que l’administration dethyroxine produit
un effetcomparable.
Sous l’action de cette hormone la réduc- tion des réserves vitellinespeut
être trèsimportante
et se traduire par un abaissement de 27p. ioo de la matière sèche dujaune
parrapport
à sa valeur avant traitement hormonal(L ACASSA G N E, r 957 ).
Cette diminutionprovient
non d’une ovulationpré-
maturée mais d’une réduction du
dépôt quotidien
de vitellus dansl’ovocyte (A
SMUNDSON
et PINSKY, r935 ; I!ACASSAGNE,1957).
On est en droit de se demander devant un abaissement aussi considérable de la matière sèche si la fixité de la
composition
dujaune
est maintenue. Nous avons doncentrepris
l’étude de cettecomposition
chez un certain nombre depoules
avant etaprès
traitement à lathyroxine.
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
ANIMAUX
Dans un troupeau de
pondeuses,
nous avons choisi 12poules
dont les séries étaient de 3ou 4 oeufs. Ces poules, élevées en batteries, furent partagées en deux lots de 6 animaux chacun : un lot témoin comprenant lespoules
n° z, ¢, 6, 5¢, 67, 78 et un lot traité comprenant lespoules
n° 9, zz,51
, 61, 63 et 69.
Les animaux étaient âgés de rz mois au 31mars 1959, date du début
del’expérience;ilsfurent
nourris ad libitum avec un
régime complet équilibré
dosant t6 p. 100deprotéines
et i 800caloriesproductives
aukg, jusqu’à
la fin del’expérience,
lejuillet
i959.TRAITEMENT
Après
unepériode
de référence de 5 semaines, le traitement futappliqué
aux 6poules
du lottraité. La d-1 thyroxine, sous forme de
pastilles,
leur fut donnée à ingérer chaque soir à 18 h. Lesdoses administrées furent :
- la ire semaine de 1 mg par
jour
- la 2e semaine de 1,5 mg par
jour
- la 3e semaine de 2 mg par
jour
- la 4*’ semaine de 2,5 mg par
jour
- la 5e et 6e semaine de 3 mg par
jour
- la 7e et 8e semaine de 3,5 mg par jour
L’ingestion
de 3et g,5 mg provoquant un ralentissement net del’ovogénèse
nous avons en effetadministré chacune de ces doses durant i5
jours
afin d’éviter un arrêt de la ponte.MÉTHODE
Au cours de
l’expérience
tous les cxufs etjaunes
frais despoules
traitées sontpesés
ainsi queceux des poules témoins. L’intensité de ponte est relevée.
L’étude de la teneur du
jaune
enlipides
porte sur lepremier
et dernier oeuf-des séries des poulesrecevant la
thyroxine,
à l’exception des ceufs d’une période de transition de 7jours correspondant
à la
première
semaine de traitement. Cetteanalyse
est réalisée àpartir
desjaunes
frais à l’aide de deuxtechniques :
méthode de KuMncnwn et méthode d’extraction à froid mise aupoint
par THUIL- LIE ([960).Méthode de K(TMAGAWA. - Cette méthode donne avec la teneur en
lipides
et substances lipo- solubles, celle de la matière sèche et par déduction celle de l’eau. Elle futappliquée
auxpremiers
et derniers cxufs, d’une série sur deux, des
poules
n° 22, 51 et 6r. Nous avons enplus
effectué le do- sage d’azote sur l’extraitalcoolique
et le résidudélipidé
par la méthode deKji;LDAHL.
Méthode d’extraction à
froid.
- Lemélange
méthanol, chloroforme, eau dans lesproportions
=/¢/8 (vol/vol) permet d’extraire dr froid les
lipides
totaux et substancesliposolubles
dujaune
de l’auf frais, avec une récupération d’environ 98 p. ioo. Nous avons utilisé cette méthode pour obtenir,après saponification,
des acides gras dont la structure puisse être considérée comme intacte. Sur ces acides gras, nous avonsprocédé
àquelques
indices d’iode(adaptation
de la méthode de KnL!r!taiV), afinde
compléter
notre étude sur une variation éventuelle de lacomposition globale
dujaune.
RÉSULTATS
Les variations
pondérales
des oeufs et de leursjaunes
sontreportées,
parpoule,
aux tableaux i et 2 pour les animaux traités à la
thyroxine.
Nous voyons que cette hormone provoque une diminution de la taille de l’oeuf ainsi que celle du
jaune.
Tous les animaux ontrépondu
defaçon homogène
et la com-paraison
des résultats entre lapériode
de référence et lapériode
de traitement faitapparaître
une différencesignificative
pourchaque poule,
cequi
confirme les travauxantérieurs effectués sur ce
sujet. Cependant
les animaux ne se trouvant pas en sallesconditionnées nous avons
jugé
utile d’effectuer simultanément des mesuresidentiques
sur un lot témoin. Les chiffres
correspondant figurent
aux tableaux 3 et 4. Nous y remarquons que durantl’expérience
l’évolution normale dupoids
de l’oeuf et dujaune,
bien
qu’irrégulière
selon lesanimaux,
s’est effectuée vers uneaugmentation
leplus
souvent
significative,
cequi
vient renforcer les conclusionsprécédentes.
Les résultats de
l’analyse
dujaune
de l’oeuf par les deux méthodes sontrapportés
dans les tableaux 5 et 6. Dans le
premier figurent
lesquantités
et teneurs en matièresèche, lipides, protides
des réserves vitellines des oeufspondus
par lespoules
n° 22,5z et 6r durant la
période
de référence etaprès ingestion
dethyroxine.
Sous l’effet du traitement nous assistons à la fois à une diminution du
poids
dujaune
frais et de son extrait sec. Nous constatons de même une diminution deslipides
totaux et des matières azotées totales. Cette réduction
porte
defaçon égale
surtous les constituants du
jaune :
on observe en effet que les teneurs en matièresèche,
en
lipides
etprotides
ne sont passignificativement
différentes avant etaprès ingestion
de
thyroxine.
Ce résultat estpeut-être
dû au faible nombred’échantillons ;
c’est laraison pour
laquelle
les écartstypes
des moyennes n’ont pas étéportés
au tableau.Toutefois les différences demeurent peu
importantes.
Il y a lieu de remarquer lagrande
variabilité des résultats en cequi
concerne lesprotides puisque
selon lespoules
les variations d’une
période
à l’autre sontpositives
ounégatives
etpeuvent
même atteindre IOp. ioo de la valeur initiale(cas
de lapoule
n°22 ).
Dans les échantillons
analysés
par la méthode à froid lesdosages
neportent
quesur la teneur en
lipides.
Les données établies par cette méthode
appellent quelques
remarques. En valeursabsolues,
les teneursenregistrées
sonttoujours plus
faibles que celles obtenues par la méthodeclassique
de KuMaGAwn. Ceciprovient,
enpartie,
de ce que le pourcen-tage
derécupération
deslipides,
àfroid,
nedépasse
pas9 8
p. 100. Dans tous les cassauf un, celui de la
poule
n° 9, nous n’avons pu établir de différencessignificatives
avant et
après traitement,
les variations sontpositives
ounégatives
selon l’animalconsidéré.
Seuls deux animaux ont continué à
pondre longtemps
sous l’action des dosescroissantes de
thyroxine.
Ils’agit
despoules
n° 9 et6 3
dont lesréponses,
en cequi
concerne la teneur en
lipides,
sont diamétralementopposées.
Les
poules
n° 9 et6g
ontpondu,
l’une deux oeufs à 29,7 p. ioo delipides,
l’autre un oeuf à
2 6,6
p. IOOaprès
un arrêt decinq jours.
Les différencesenregistrées
pour ces deux animaux entre les deux
périodes d’expérience proviennent
essentielle- ment de ces trois données.En ce
qui
concerne les teneurs en acides gras, les chiffres sontrespectivement,
avant et
après
traitement à lathyroxine,
de8 2 , 79
± 0,32et8 3 ,z2
± o,!g.L’égalité
des deux moyennes et
l’homogénéité
des résultats nous amènent à une double conclu- sion :- il
n’y
apratiquement
aucune différence de cette teneur entreanimaux ;
- la teneur de ces acides demeure
inchangée
sous l’action de lathyroxine.
La détermination de l’indice d’iode durant ces deux
périodes,
n’a pu être effectuésur tous les
jaunes. Malgré
le peu de résultatsobtenus,
cetindice ,
pour unrégime
donné,
semble constant chez une mêmepoule,
mais varie d’un animal àl’autre,
cequi
est en accord avec les résultats deM O TT R A M ,,
zgi3.DISCUSSION
Les résultats se
rapportant
à la diminution depoids
des oeufs et dujaune
confir-ment ceux
déjà
obtenus par de nombreux auteurs, bien quechaque
animal ait eu uncomportement
différent sous l’effet de lathyroxine.
Eneffet,
si l’on considère la durée de lapériode
deponte.
lapoule
n°6g
apondu
12oeufs dans les 33premiers jours
dutraitement
puis
s’estarrêtée,
alors que lapoule
n° 9 aproduit
37 oeufs en 61jours.
La
ponte
des autres animaux se situe entre ces deux limites.Le fait
remarquable
est la constance decomposition
des réservesvitellines, qui
ressort de l’ensemble des tableaux 5 et
6, malgré
l’abaissement très sensible dupoids
du
jaune
et un arrêt souventrapide
de laponte.
Ceci est vraisemblablement dû à ceque la
thyroxine
n’a aucune action surl’épithélium
folliculaire. L’hormoneagirait
essentiellement par diminution de la
quantité
d’alimentingéré (AsMUNDSOrr et .
PINSKY, 1935 ; LACnssnG!!, non
publié),
paraugmentation
du catabolisme et inhi- bitionplus
ou moinscomplète
des modificationssanguines qui accompagnent
laponte
(H
OSODA
etal., 1954 )
ouqui
suivent l’administrationd’oestrogènes (F LEISCHMANN
et
F RIED ,
1945 ; MeDorrar,D,
RIDDI,E etS MITH ,
1945 ; HOSODA etal., 1954).
Il semble
cependant
que parexception,
la teneur des réserves vitellinespuisse
varier. C’est le cas des
poules
n° 9 et6g
que nous avonsdéjà
citées. Elles ontpondu,
l’une deux oeufs dont les
jaunes
renfermaient 29,7p. ioo delipides
et l’autre un oeufdont la
jaune
n’en contenait que2 6,6
p. ioo. Ce dernier ovule a vraisemblablementeu une évolution anormale. Il
précédait
en effet l’arrêt définitif deponte et
a étépondu cinq jours après
l’avant dernier oeuf. Il n’en est pas de même des deux ovules de lapoule
n° 9qui malgré
leur teneurlipidique
très basseprovenaient
de sériesnormales,
cet animal
ayant
continué àpondre
durant toute lapériode
de traitement à lathyroxine.
Reçu en
février
1960SUMMARY
A STUDY OF THE EFFECT D-L. THYROXIN FED TO LAYING-HENS ON EGG-WEIGIIT, YOLK-WEIGHT
AND THE COMPOSITION OF YOLK .
Six one year old Rhode x
Wyandotte laying
hens were fedincreasing
amounts of d-Ithyro-
xine
(from
I to 3,5 mg perday) during
8 weeks.When this hormone is fed, a decrease in weight and egg production is observed,
together
witha decrease in the
weight
of the yolk and its components.On the other hand, no
significant
variation in thedry-matter, protein, lipid,
and totalfatty-
acid percentages of the ovul could be evidenced.
The
specificity
of individualbirds’responses
is discussed.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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