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Le rapport à la musique des enseignants du premier degré : rapport personnel, rapport professionnel

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Academic year: 2021

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Submitted on 29 Mar 2018

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Le rapport à la musique des enseignants du premier degré : rapport personnel, rapport professionnel

Frédéric Maizières

To cite this version:

Frédéric Maizières. Le rapport à la musique des enseignants du premier degré : rapport personnel, rapport professionnel. Education. Université Nancy 2, 2009. Français. �NNT : 2009NAN21019�.

�tel-01752709�

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AVERTISSEMENT

Ce document est le fruit d'un long travail approuvé par le jury de soutenance et mis à disposition de l'ensemble de la communauté universitaire élargie.

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LIENS

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Code de la Propriété Intellectuelle. articles L 335.2- L 335.10 http://www.cfcopies.com/V2/leg/leg_droi.php

http://www.culture.gouv.fr/culture/infos-pratiques/droits/protection.htm

(3)

Nancy-Université / Université Nancy 2 Ecole Doctorale « Langages, Temps, Sociétés »

Laboratoire Inter-universitaire des Sciences de l’Education et de la Communication (LISEC)

UFR Connaissance de l’homme

Thèse en vue de l’obtention du Doctorat de Sciences de l’Education

soutenue le 18 décembre 2009 par Frédéric MAIZIERES

Le rapport à la musique des enseignants du premier degré : rapport personnel, rapport

professionnel

Thèse dirigée par Monsieur Pierre-André DUPUIS, Professeur de Sciences de l’Education à l’Université Nancy 2 et co-dirigée par Monsieur Jean-Christophe VILATTE, Maître de

conférences en Sciences de l’Education à l’Université Nancy 2

Jury :

M. Gilles BOUDINET, Maître de conférences HDR, Université de Paris VIII – Saint Denis M. Pierre-André DUPUIS, Professeur, Université Nancy2

M. Alain KERLAN, Professeur, Université Louis Lumière Lyon 2

M. François MADURELL, Maître de conférences HDR, Université de Paris-Sorbonne (Paris IV)

M. Jean-Christophe VILATTE, Maître de conférences, Université Nancy 2

(4)

Remerciements :

Je remercie tout particulièrement Monsieur Pierre-André Dupuis, directeur de thèse, et Monsieur Jean-Christophe Vilatte, co-directeur. Ils m’ont permis de m’engager dans cette thèse. J’ai bénéficié de leur expertise et de leurs regards complémentaires. Ils m’ont accordé toute leur confiance et m’ont soutenu dans les moments difficiles.

J’adresse également des remerciements particuliers :

A Messieurs Alain Kerlan et François Madurell qui ont accepté d’être rapporteurs, et à Monsieur Gilles Boudinet, membre du jury. Qu’ils sachent combien je leur sais gré d’avoir accepté de lire ce travail,

Aux IA-IEN qui m’ont donné leur accord, et aux collègues de Meuse, de Meurthe et Moselle et de Moselle qui m’ont apporté leur collaboration en répondant au questionnaire et en acceptant les entretiens que j’ai sollicités,

A Monsieur Youssef Tazouti pour son aide précieuse,

A Monsieur Patrick Baranger, Monsieur Dominique Deviterne, Monsieur Daniel Guéry, Madame Annette Jarlegan, Monsieur Pierre Valade pour leur soutien et leur accompagnement,

A Monsieur Bernard Calmettes, Monsieur Benoit Dejaiffe, Madame Laetitia Gérard, Madame Annick Harbulot, et Monsieur Francis Maizieres pour leurs relectures et leurs recentrages éclairants.

A Patricia, Pierre, Philippe et Louise pour leur patience,

A ma grand-mère, sans qui rien de tout cela n’aurait peut-être eu lieu, et à qui je dédie cette

thèse.

(5)

Table des matières

INTRODUCTION ... 9

PREMIERE PARTIE : ... 27

LES ENSEIGNANTS DU PREMIER DEGRE ET LA MUSIQUE ... 27

I. LES PRATIQUES DE L’ENSEIGNEMENT

ET L’EDUCATION MUSICALE... 28

1. La complexité du travail de l’enseignant : entre contraintes et autonomie ... 32

2. La spécificité du travail d’enseignement : un « processus interactif situé » ... 35

3. Les connaissances de l’enseignant ... 38

3.1. Le savoir « à » enseigner ... 38

3.2. Le savoir « pour » enseigner ... 40

3.3. Les représentations : des « guides pour l’action » ... 42

3.4. L’enseignant : une identité en crise ? ... 47

II. LE RAPPORT A LA MUSIQUE ... 52

1. Un concept à caractériser ... 52

1.1. Les pratiques musicales et les goûts comme objet de recherche ... 53

1.2. Le développement du « sens » musical, une autre approche ... 56

2. Le rapport à la musique : un rapport au monde, à l’autre et à soi-même ... 60

2.1. La musique : un objet à définir ... 61

2.3. La musique comme rapport aux autres ... 75

2.4. La musique comme rapport à soi-même ... 77

2.5. Rapport à la musique et désir de musique ... 82

III. LE RAPPORT PROFESSIONNEL A LA MUSIQUE : UNE RELATION DE SENS ET DE VALEUR ... 85

1. L’éducation musicale pour quelles finalités ? ... 91

2. L’éducation musicale et les valeurs intellectuelles ... 95

3. L’éducation musicale et les valeurs morales ... 102

4. L’éducation musicale et les valeurs esthétiques ... 105

C

ONCLUSION

:

LA RECONCILIATION DU CORPS ET DE L

ESPRIT

... 108

DEUXIEME PARTIE : ... 112

DESCRIPTION DES PRATIQUES MUSICALES DES ENSEIGNANTS DU PREMIER DEGRE ... 112

I. PRESENTATION DE L’ETUDE ... 113

1 Le rapport à la musique comme indicateur ... 114

2. Dispositif de l’enquête : le questionnaire ... 115

(6)

3. Description de la population ... 117

3.1. La population et la situation géographique de l’enquête ... 117

3.2. Caractéristiques personnelles des enquêtés ... 117

3.3. Les pratiques de loisir : des activités « culturelles » ... 122

II. L’EXPERIENCE PERSONNELLE DE LA MUSIQUE ... 127

1. Le passé musical de l’enseignant... 127

1.1. Les pratiques musicales antérieures ... 127

1.2. L’éducation familiale ... 134

1.3. Les expériences musicales au cours de la scolarité ... 137

2. L’actualité musicale ... 141

2.1. Les pratiques musicales actuelles ... 141

2.3. Les pratiques d’écoute et les goûts musicaux ... 157

2.4. Les sorties musicales ... 166

2.5. L’environnement proche (conjoint, enfants) ... 170

Conclusion ... 172

3. Le rapport personnel à la musique ... 175

3.1. Les pratiques musicales antérieures ... 175

3.2. Les pratiques musicales actuelles ... 178

3.3. Les goûts musicaux ... 185

Conclusion ... 193

III. LES PRATIQUES ENSEIGNANTES ... 196

1. Les caractéristiques professionnelles ... 197

1.1. La situation de l’école ... 197

1.2. Le temps de travail de l’enseignant et ses autres fonctions ... 199

1.3. L’ancienneté dans le métier ... 200

1.4. Le niveau d’enseignement ... 201

2. La prise en charge de la musique dans la classe ... 203

3. La durée hebdomadaire accordée aux activités musicales ... 205

4. Les activités mises en œuvre ... 208

4.1. L’activité chant ... 215

4.2. L’activité d’écoute ... 216

5. Les sorties organisées ... 219

6. Les projets ... 221

Conclusion : une situation contrastée ... 223

IV. ANALYSE DES PRATIQUES DE LA MUSIQUE A L’ECOLE ... 225

A.

L

HORAIRE ACCORDE A L

EDUCATION MUSICALE

... 225

1. Le passé musical de l’enseignant... 225

1.1. Les pratiques musicales antérieures ... 225

1.2. La famille au cours de l’enfance ... 226

1.3. La scolarité ... 227

2. L’actualité musicale de l’enseignant ... 227

2.1. Les pratiques musicales actuelles ... 227

2.2. Les diplômes musicaux ... 228

2.3. Les pratiques d’écoute ... 228

2.4. L’environnement familial ... 230

3. Les variables socio-démographiques ... 230

(7)

4. Les caractéristiques professionnelles ... 231

Conclusion ... 233

B.

LA FREQUENCE DES ACTIVITES MUSICALES DANS LA CLASSE

... 236

1. Le passé musical ... 236

1.1. Les pratiques musicales antérieures ... 236

1.2. La famille au cours de l’enfance ... 236

1.3. La scolarité ... 237

2. L’actualité musicale de l’enseignant ... 238

2.1. Les pratiques musicales actuelles ... 238

2.2. Les diplômes musicaux ... 238

2.3. Les pratiques d’écoute ... 239

2.4. L’environnement familial ... 241

3. Les variables socio-démographiques ... 241

4. Les caractéristiques professionnelles ... 243

Conclusion ... 245

C

.

L

ACTIVITE CHANT

... 249

1. Le passé musical de l’enseignant... 249

1.1. Les pratiques musicales antérieures ... 249

1.2. La famille au cours de l’enfance ... 249

1. 3. La scolarité ... 250

2. L’actualité musicale de l’enseignant ... 250

2.1. Les pratiques musicales actuelles ... 250

2.2. Les diplômes musicaux ... 250

2.3. Les pratiques d’écoute ... 251

2.4. L’environnement familial ... 252

3. Les variables socio-démographiques ... 252

4. Les caractéristiques professionnelles ... 254

Conclusion ... 254

D

.

L

ACTIVITE D

ECOUTE

... 257

1. Le passé musical de l’enseignant... 257

1.1. Les pratiques musicales antérieures ... 257

1.2. La famille au cours de l’enfance ... 258

1.3. La scolarité ... 258

2. L’actualité musicale de l’enseignant ... 259

2.1. Les pratiques musicales actuelles ... 259

2.2. Les diplômes musicaux ... 259

2.3. Les pratiques d’écoute ... 260

2.4. L’environnement familial ... 263

3. Les variables socio-démographiques ... 263

4. Les caractéristiques professionnelles ... 264

Conclusion ... 265

E

.

LES SORTIES MUSICALES

... 268

1. Le passé musical de l’enseignant... 268

1.1. Les pratiques musicales antérieures ... 268

1.2. La famille au cours de l’enfance ... 268

1.3. La scolarité ... 269

(8)

2. L’actualité musicale de l’enseignant ... 269

2.1. Les pratiques musicales actuelles ... 269

2.2. Les diplômes musicaux ... 269

2.3. Les pratiques d’écoute ... 269

2.4. L’environnement familial ... 271

3. Les variables socio-démographiques ... 272

4. Les caractéristiques professionnelles ... 272

Conclusion ... 273

F

.

LES PROJETS MUSICAUX

... 276

1. Le passé musical de l’enseignant... 276

1.1. Les pratiques musicales antérieures ... 276

1.2. La famille au cours de l’enfance ... 277

1.3. La scolarité ... 277

2. L’actualité musicale de l’enseignant ... 278

2.1. Les pratiques musicales actuelles ... 278

2.2. Les diplômes musicaux ... 278

2.3. Les pratiques d’écoute ... 278

2.4. L’environnement familial ... 281

3. Les variables socio-démographiques ... 281

4. Les caractéristiques professionnelles ... 282

Conclusion ... 283

V.

LE POIDS DES DIFFERENTS DETERMINANTS SUR LES PRATIQUES ENSEIGNANTES EN EDUCATION MUSICALE ... 286

1. Les variables retenues pour l’analyse multivariée ... 287

1.1. Les variables dépendantes ... 288

1.2. Les variables indépendantes ... 290

2. La faible part de variance des pratiques enseignantes expliquée par le rapport à la musique de l’enseignant ... 293

Conclusion : L’éducation musicale serait peu dépendante des pratiques personnelles, et ne relèverait donc pas toujours d’un problème de compétences. . 300

VI. ANALYSE DES ELEMENTS QUALITATIFS ... 301

1. L’évaluation ... 301

2. Les finalités de l’éducation musicale ... 301

3. La perception que les enseignants ont de leur propre pratique d’enseignement 302 3.1. La motivation à enseigner la discipline ... 303

3.2. Les compétences perçues ... 303

3.3. La connaissance des instructions officielles ... 303

3.4. L’intérêt de la discipline ... 304

3.5. L’évolution dans le métier ... 304

3.6. La satisfaction face à la discipline. ... 305

3.7. La position face aux deux disciplines artistiques à enseigner (arts visuels et éducation musicale) ... 306

C

ONCLUSION

:

PRATIQUES PROFESSIONNELLES ET PRATIQUES PERSONNELLES

:

UNE RELATION COMPLEXE

... 307

(9)

TROISIEME PARTIE : ... 310

LES VALEURS DE LA MUSIQUE ... 310

I. LA MUSIQUE A L’ECOLE : POUR QUELLES VALEURS ?... 311

1. Les pratiques musicales de l’enseignant du premier degré ... 315

1.1. La musique dans la vie personnelle : des expériences diverses ... 315

1.2. La musique dans la classe : « Les gens ont envie ou n’ont pas envie » (D). ... 315

2. Les valeurs de la musique ... 317

2.1. La musique à l’école et l’activité artistique : les valeurs esthétiques ... 318

2.2. La musique à l’école et le savoir scolaire : les valeurs intellectuelles ... 320

2.3. La musique à l’école et le rapport à l’autre : Les valeurs morales ... 324

Conclusion : la musique considérée comme une discipline artistique ? ... 327

II.

DES PROFILS D’ENSEIGNANTS EN FONCTION DE LEURS « ATTITUDES » ET DE LEURS « VALEURS » ... 330

1. Profil 1 : Petite pratique musicale en raison de compétences limitées (E, G, L, M). ... 330

2. Profil 2 : Peu de pratique artistique dans la classe en raison des contraintes liées au métier (B, H, K) ... 354

3. Profils 3 et 4 : Enseignants qui s’investissent au nom d’une éthique professionnelle forte (D, F, A, C, I, J) ... 374

3.1 Profil 3 : Un engagement éthique relatif à sa « mission » d’enseignant au nom de valeurs comme l’épanouissement, la culture et l’égalité des chances (D et F) ... 377

3.2. Profil 4 : Engagement éthique par rapport à l’élève en tant qu’individu qui « est » avant d’être celui qui « sait » (A, C, I et J) ... 390

CONCLUSION : U

N ENSEIGNEMENT QUI RELEVE DES VALEURS DE L

EDUCATION

... 414

CONCLUSION GENERALE ... 419

BIBLIOGRAPHIE ... 433

(10)

Préambule

Quels peuvent être les souvenirs de la musique à l’école d’un individu scolarisé à la fin des années soixante ou au début des années soixante-dix ? A la fois rares et précis. Plus particulièrement, trois images très nettes. La plus ancienne, mais non la plus lointaine, c’est Pierre et le loup de Prokoviev, mimé sur la scène de la salle des fêtes du village avec un masque de chat. Y avait-il une intention pédagogique à rendre l’enfant attentif aux thèmes musicaux pour ne pas rater l’entrée sur scène ? Peut-être ! En revanche, l’œuvre est toujours restée chère à notre cœur. Le deuxième souvenir, moins coloré celui-là, c’est l’interprétation de la Marseillaise sous le ciel gris de novembre près du Monument aux Morts du village. Quel hommage de la part de ces enfants qui « braillaient » aux côtés de leur maître cette chanson emblématique de la République, mais aussi de l’Ecole ! Le dernier souvenir est beaucoup plus précis, si précis que les paroles et les airs des canons appris en cours moyen et que nous reprenions entre élèves dans la cour de récréation nous sont encore présents. La formation était-elle efficace vocalement ? On peut le penser, d’autant plus qu’elle a provoqué le désir de reproduire ces chansons en dehors de la classe. Savoir si ces souvenirs ont déclenché l’envie d’une carrière consacrée à la fois à la musique et à l’école est assez difficile à affirmer, mais il paraît incontestable que des expériences qui laissent des traces aussi durables et agréables ne sont pas anodines dans le parcours d’un individu.

Autres émotions musicales, la chorale paroissiale dirigée par une organiste qui s’était mise en tête de faire chanter les garçons du village. Là aussi des souvenirs précis de répétitions où la polyphonie se construisait peu à peu avec des enfants pas toujours attentifs mais conduits d’une main de fer. A l’admiration des chœurs, s’ajoutait celle portée au son de l’orgue qui nous accompagnait. L’émotion était alors à son comble quand l’organiste interprétait un prélude de Jean-Sébastien Bach qui nous faisait oublier les moqueries des autres gamins du village parce que nous chantions à la messe.

La suite est toute simple, le désir très vif d’apprendre à jouer de l’orgue et d’enseigner la musique : des études commencées chez l’organiste paroissiale, puis au conservatoire et à l’université pour obtenir le certificat pour enseigner la musique en lycée et collège. Quel professeur de musique sommes-nous ? Ce n’est pas à nous de répondre, sans doute serait-il intéressant de poser la question aux élèves, aux étudiants et aux professeurs stagiaires avec lesquels nous avons travaillé. Toutefois, il nous est possible d’affirmer que nous nous sommes toujours placé en défenseur d’une éducation artistique pour tous, basée sur la qualité et la diversité, et non en animateur pour faire chanter les chansons à la mode.

Pourquoi alors s’intéresser plus particulièrement à la musique à l’école primaire ? Peut-

être parce que c’est précisément à l’école primaire que sont nées nos premières émotions

musicales, du moins celles dont nous avons eu conscience. Ces émotions ont sans doute

nourri notre intime conviction que le rapport à la musique se développait et se formait dès le

plus jeune âge. Ainsi, lorsque cette éducation n’a pas lieu dans le milieu familial, comme

c’était notre cas, c’est l’école qui peut y pourvoir, si l’on ne veut pas laisser à la télévision et

aux autres médias le soin de le faire. C’est ce sentiment de « conviction », mêlé d’un

sentiment de « responsabilité », qui nous a toujours animé, que ce soit dans l’enseignement et

plus encore dans la formation. Participer à la formation des maîtres représentait pour nous la

possibilité à la fois de partager des expériences et des compétences, mais aussi de défendre

(11)

une discipline qui nous paraît devoir occuper une place importante dans un contexte social où les valeurs économiques prévalent trop souvent sur ce qui est considéré comme le superflu et l’inutile. Il nous semble fondamental de ne pas rater ces premières rencontres avec la musique. Celles-ci représentent autant d’espaces de formation d’une oreille en perpétuelle activité, et par ailleurs trop sollicitée par une « musique » où c’est plutôt la plastique de celui qui chante qui prime sur la qualité d’une production véritablement originale.

Malheureusement, il semblerait que la musique à l’école souffre d’un déficit d’enseignement,

à la fois quantitatif et qualitatif. Même si certains ont eu la possibilité de rencontrer au hasard

de leur parcours scolaire des enseignants qui ont véritablement provoqué un déclic, au moins

des émotions, il est dommage que l’éducation musicale reste trop souvent du domaine de

l’aléatoire.

(12)

INTRODUCTION

(13)

Au risque de semer le trouble au milieu des débats qui agitent actuellement l’école, particulièrement des discours sur la maîtrise d’un « socle commun » pour tous les élèves qui font la part belle aux domaines de la langue et du calcul, il nous semble pourtant que l’école consacrait déjà l’essentiel de son temps à l’apprentissage de l’écriture, de la lecture et du calcul. Or, on entend régulièrement dire que les élèves ne savent plus ni lire, ni écrire, ni compter, et que le niveau baisse. Bien entendu, tout le monde ne s’accorde pas sur ce point, créant ainsi la discorde jusque dans la société pour désigner ce qu’il est utile d’apprendre à l’école ou non. Les uns proposent un recentrage sur la langue et le calcul, n’hésitant pas à prôner un retour aux anciennes méthodes, tandis que d’autres pensent qu’ouvrir l’enfant sur le monde et sur les autres n’empêche pas, bien au contraire, de maîtriser la lecture, l’écriture et le calcul, mais permet aussi de développer chez l’élève, entre autres, un esprit critique, un esprit d’initiative, un esprit curieux et créatif, nécessaires à la préparation d’ « une intégration réussie dans la société » (MEN, 2008, p.3).

Ainsi, pour certains l’image de l’école se résume à de longues matinées occupées à lire, écrire, compter, résoudre des problèmes. D’autres voient au contraire l’école comme autant de classes en promenade, en visite chez le boulanger, à la ferme, au cinéma, au concert, à la piscine, bref, rien de bien sérieux ! Il serait pourtant intéressant de comparer les résultats scolaires d’élèves de niveau égal au départ mais soumis à des pédagogies aussi différentes.

Mais de telles évaluations sont rares et demeurent, le plus souvent, ignorées du public, même au sein de l’éducation.

Le compositeur Didier Lockwood, par ailleurs vice président du Haut Conseil de l’éducation artistique, déplore le peu de place consacré aux disciplines artistiques à l’école, et en titrant son article « Les arts du sensible sont d’efficaces fixateurs du savoir », il annonce clairement la thèse selon laquelle les pratiques artistiques sont de « puissants vecteurs des enseignements du sensé » et juge qu’une « éducation » digne de ce nom ne peut dissocier les enseignements du « sensible » de ceux du « sensé » (Lockwood, 2006). De la même façon, les acteurs investis dans l’enseignement musical et notamment les « enseignants pressentent que cette discipline permettrait de développer des compétences » utiles dans les différents apprentissages et « de créer des ponts avec d’autres disciplines » (Baumard, 2006).

Des études existent et montrent les effets positifs de l’enseignement musical sur un certain nombre de compétences. Par exemple, en ce qui concerne l’apport des arts, M.

Baumard cite une étude suédoise et une étude canadienne qui montrent que la pratique du piano et du chant aide « bel et bien à développer les facultés cognitives des enfants » (Baumard, 2006). Plus proches de nous, A. Mingat et B. Suchaut (1994, 1996) ont montré que la pratique régulière d’activités musicales structurées dans les classes de grande section de maternelle avait une « influence bénéfique et durable sur les acquisitions des élèves en mathématiques et en lecture-écriture mesurées en fin de cours préparatoire » (Suchaut, 2002, p.4). Dans un article récent, M-C. Huguet indiquent que les résultats de son étude montrent que les « pratiques musicales constituent un capital culturel utile à la réussite scolaire » et des effets substantiels sur les performances en mathématiques et en français ont pu être observés (Huguet, 2008, p.55).

Mais qui relaie de tels propos, en dehors des musiciens eux-mêmes et de certains

pédagogues avisés et militants, qui passent encore trop souvent pour de « doux rêveurs »?

(14)

Dans un monde où le brassage humain et culturel participe de plus en plus à la construction d’une communauté devenue « plurielle », comment envisager l’éducation de l’enfant sans une ouverture sur le monde et sur les autres ? Comment préparer une

« intégration réussie dans la société » dans l’ignorance des autres cultures et des autres manières de faire ou de penser ?

Enfin, l’intégration dans la société, et c’est bien l’objectif de l’école, exige-t-elle à ce point qu’un individu soit soumis à la « dictature » des médias, l’obligeant à ignorer tout un pan de la création artistique par le seul fait qu’il n’appartient pas à un milieu familial qui lui permet un accès à l’art ?

« L’école de la IIIème République ne cherchait pas à doter chaque enfant de tous les produits culturels identifiés comme produits de luxe. Il fallait parer au plus pressé. Lire, écrire, compter, voilà les instruments dont on a besoin » (Porcher, 1973, p.8). En évoquant ainsi un passé déjà lointain, L. Porcher n’imagine sans doute pas être aussi proche de certains discours du début du XXIème siècle.

Il ne faut rien exagérer, comparer l’école du XXIème siècle à celle de la IIIème République relève aussi du fantasme. C’est ignorer tout ce que l’école du dernier quart du XXème siécle a pu multiplier comme réformes, chartes et autres dispositifs pour développer les domaines de l’expression et de la culture à l’école. A. Kerlan souligne « la place grandissante des arts et des pratiques culturelles dans le champ de l’école, et au-delà, dans les politiques et les pratiques sociales et culturelles en matière d’éducation, de formation, de prévention » (Kerlan, 2004, p. 5). L’école du XXIème siècle a d’autres ambitions et elle reconnaît l’importance de l’accès à une culture « humaniste » qui doit fournir « l’occasion d’émotions esthétiques » (JO, 12 juillet 2006).

Mais, même si, comme le remarque justement A Kerlan, les pratiques culturelles ont dépassé le strict cadre de l’éducation artistique à l’école, il semble que bien souvent les conditions ne soient pas réunies pour que les intentions puissent trouver un écho favorable auprès des enseignants et plus largement, auprès de la société. Les discours politiques qui se concentrent ces dernières années sur les savoirs et savoir-faire considérés comme fondamentaux ne s’entendent guère sur le sujet de la culture artistique. Les crédits alloués aux dispositifs culturels et artistiques ne sont pas toujours accessibles, les classes dites à « PAC

1

» sont de plus en plus rares et le nombre des ateliers de pratique artistique est toujours limité. La formation continue des enseignants se recentre également sur les « fondamentaux » de l’école, laissant ces mêmes professionnels démunis face à l’enseignement de disciplines pour lesquelles ils se déclarent peu compétents. L’accès à l’art et à la culture semble dépendre d’un véritable militantisme de certains acteurs qui luttent pour que les enfants aient accès uniformément à toutes les formes d’expression afin de faire de l’école un espace de formation générale et de remédier aux inégalités sociales.

Toutes ces réflexions montrent que ce qui caractérise aujourd’hui, comme hier, la réalité des arts à l’école, c’est, d’une part, la place mal définie des disciplines artistiques et, d’autre part, le manque d’informations sur le sujet, qui autorisent toutes les supputations sur ce que

1 PAC : Pratique Artistique et Culturelle.

(15)

l’école fait, devrait faire ou fait trop ou trop peu, et qui donnent lieu à des réformes qui ressemblent à des coups de balancier entre retour sur le passé et besoin d’innovation.

Ainsi donc, à l’heure de l’évaluation à outrance, notre connaissance de certains domaines de l’école est bien mince et relève davantage de souvenirs ou de représentations. Si les récents débats sur les méthodes de lecture illustrent la méconnaissance de ce qui est véritablement pratiqué dans les classes, dans un domaine pourtant jugé fondamental, qu’en est-il des disciplines artistiques et que savons-nous des pratiques réellement mises en oeuvre dans les classes, en musique par exemple, une fois que l’enseignant a refermé la porte derrière lui?

Toutes les sources d’information, les rapports, les études et les articles s’accordent pour décrire une « réalité assez mal connue », mais surtout des pratiques très différentes d’un enseignant à l’autre, et une discipline très majoritairement traitée comme une discipline mineure. C’est à partir de ces informations que nous allons tenter de faire le point sur la situation de l’éducation musicale à l’école primaire.

L’histoire de la musique à l’école primaire

En retraçant l’histoire de La musique dans l’école de Jules Ferry à nos jours, M. Alten (1995) s’attache ainsi à dissiper les « nombreuses zones d’ombre » qui entourent cette discipline. Dès ses débuts, remarque l’auteur, c’est un domaine qui se distingue d’entrée des autres matières scolaires en raison de ses caractéristiques particulières, notamment au niveau des contenus et des modes d’évaluation, ainsi qu’au niveau des liens que permet cet objet pédagogique avec la société, nécessitant de considérer dans l’histoire de la musique à l’école à la fois les « forces internes au monde scolaire et les mutations techniques, sociales, politiques et culturelles du pays » (Alten, 1995).

En 1882, la musique et le chant sont devenus obligatoires pour tous les élèves de l’école primaire, alors considérée comme un « lieu de culture totale ». Basé sur la pratique du chant et l’apprentissage du solfège, ce modèle, malgré quelques aménagements, subsistera pratiquement jusqu’à la fin des années 1960. Il faudra compter sur l’opiniâtreté d’inspecteurs primaires, d’enseignants et de musiciens engagés, pour qu’une prise de conscience donne à l’éducation musicale des objectifs propres qui correspondent aux finalités de l’école actuelle et la distinguent du cours de solfège.

Mais, déjà, les premières tentatives des instituteurs montrent la dépendance de la

discipline à la fois au contexte et, surtout à la personnalité de l’enseignant, à ses goûts, ses

idées, son éducation. M. Alten remarque que les instituteurs de la IIIème République sont

issus pour beaucoup d’un milieu modeste sans culture musicale et sont « comme la majorité

de la population séduits par les succès à la mode » (Alten, 1995, p.69). Ce n’est pas « un

enseignement musical à l’école normale le plus souvent médiocre ou inadapté » qui peut

armer le jeune enseignant qui se trouve nommé dans « une école qui ne possède le plus

souvent même pas un diapason » (Alten, 1995, p.71). C’est aussi une période qui se distingue

par la profusion des manuels et des méthodes destinés à donner des outils pour

l’enseignement de la musique, mais leur multiplicité et leur diversité montrent l’absence d’un

véritable cadrage pour une discipline qui peine déjà à trouver sa place.

(16)

Si certains défendent et voient comme une avancée l’inscription d’une épreuve de musique au CEP dès 1923/1924, d’autres déplorent que la musique à l’école se limite à la seule préparation des trois chants à présenter à l’examen. C’est aussi à l’époque de l’Entre Deux-Guerres que l’on assiste à l’ébauche d’une discipline scolaire, notamment à travers le répertoire de chants qui tend à laisser de côté les hymnes nationaux pour favoriser les chansons de l’enfance, les chansons traditionnelles, dont la qualité artistique prime sur l’utilité républicaine et patriotique jusqu’alors visée. C’est également l’époque où se posent de véritables questions au sujet d’une éducation musicale, à partir des travaux de la psychologie de l’enfant et de la pédagogie expérimentale qui s’intéressent aux processus de développement chez l’enfant.

Toujours axés autour du couple chant-solfège, ce n’est que vers la fin des années 1960 que l’on se rend compte que les programmes, qui datent alors de 1946 et qui seront en vigueur jusqu’en 1969, sont en « décalage de plus en plus marqué avec l’évolution de la société française » (Alten, 1995, p. 197). L’influence des modèles culturels venus des Etats-Unis, le développement de la technologie et l’accès à la musique enregistrée, l’avènement de nouvelles musiques et une population scolaire en augmentation imposent un nouveau rapport à la musique. Avec des objectifs davantage centrés sur l’idée d’ « éducation », la musique en tant que discipline d’éveil d’abord, puis en tant que discipline d’enseignement, a pour objectif le développement de la sensibilité et des capacités d’expression et de création ainsi que l’accès à une culture musicale. L’éducation musicale s’organise autour de diverses activités : la pratique vocale, l’écoute, la production sonore, l’approche des moyens d’écriture de la musique, les activités rythmiques et corporelles. Les nouveaux programmes, qui n’arrivent que vers les années 1980, ont provoqué une rupture avec le passé sous l’impulsion d’artisans du renouveau de la pédagogie musicale, issus notamment des groupes de recherche musicale.

Citons, entre autres, François Delalande, Angélique Fulin, Guy Reibel, Claire Renard. En dehors de quelques variations du volume horaire, les programmes de l’éducation musicale connaîtront peu de changements et le contenu de la discipline s’organise aujourd’hui autour des trois compétences : interpréter, écouter, créer.

Nous constatons que l’histoire de la musique à l’école, depuis ses débuts, suscite les

mêmes constats, qui déplorent l’irrégularité et l’insuffisance de cet enseignement en raison de

sa particularité et de l’insuffisance de la formation des enseignants. M. Alten cite trois

témoignages qui illustrent les difficultés, pour l’enseignant peu formé, de faire chanter ses

élèves, et la prise de conscience de la spécificité de cette discipline. Par exemple, le plaidoyer

d’E. Blanguernon, inspecteur d’académie de la Haute Marne, qui, dans le Manuel général

(1912-1913) regrette le « peu d’importance accordée au chant » « faute d’avoir compris

l’intérêt de cette activité » (Alten, 1995, p.38). En 1925, G. Huber, inspecteur primaire décrit

les difficultés du chant pour le maître et, en 1933, A. Ferre, également inspecteur, suggère des

stages départementaux et nationaux pour la formation des maîtres. Ces réactions ne sont pas

générales, mais elles sont récurrentes au cours de l’histoire de la discipline, et les deux

derniers rapports de l’Inspection Générale ne disent pratiquement rien de nouveau.

(17)

Les derniers rapports de l’Inspection Générale (MJER, 2003, MENESR, 2007-c)

Les deux derniers rapports de l’Inspection Générale dressent un tableau assez précis de la situation des arts à l’école. Ils font largement référence à la notion de culture explicitement développée dans les programmes et qui est à mettre en relation, au moins pour le rapport de 2007, avec l’introduction de la référence à la « culture humaniste » constitutive du cinquième pilier du socle commun de connaissances et de compétences (MENESR, 2006-a). C’est ainsi que le rapport de 2003 s’intéresse plus largement à l’ « Education aux Arts et à la Culture » à l’école, tandis que le plus récent se concentre sur « La mise en œuvre de l’éducation artistique et culturelle dans l’enseignement primaire » (2007). Il est intéressant d’opérer un rapprochement entre les deux. Les conclusions se rejoignent sur l’essentiel, mais divergent quelque peu sur certains points d’analyse, en raison d’approches méthodologiques différentes et des domaines de pratiques qui sont plus ou moins observés selon les rapports. Globalement, toutefois, on remarque que la situation évolue peu.

On peut lire d’entrée, dans le rapport de 2003, qu’« un sentiment d’insatisfaction [est]

largement partagé, car la place de l’éducation à l’art et à la culture demeure toujours précaire et aléatoire » (2003, p.6), sentiment qui persiste puisque le rapport de 2007 conclut sur « une situation qui demeure globalement insatisfaisante » (p.70).

Il paraît en effet difficile d’ignorer les difficultés des disciplines artistiques dans l’enseignement général et plus particulièrement à l’école primaire, où l'enseignant n'est pas spécialisé. Après un rappel des principaux enjeux de ces disciplines à l’école, les rapports résument une situation peu encourageante, ponctuée de réformes et d’ambitions diverses. Il est toujours aussi difficile pour les enseignants de développer un enseignement artistique de qualité qui réponde aux attentes de l’école, malgré les dispositifs culturels proposés localement.

C’est principalement la formation des maîtres qui est mise en cause. « Ainsi dans l’enseignement primaire, peine-t-on à offrir aux enseignants la formation leur permettant d’assurer au mieux les ambitieux programmes officiels » (MJER, 2003, p.6). Ce constat n’est pas sans rappeler les préoccupations antérieures. En effet, déjà sous le ministère de Jules Ferry, il était question de mettre en place une formation musicale spécifique pour les instituteurs qui éprouvaient des difficultés dans la discipline (Alten, 1995).

L’association des mondes de la culture et de l’éducation semble pouvoir répondre à la situation. Il serait effectivement légitime de penser que les professionnels de la culture représentent les personnes les plus compétentes pour familiariser les enfants aux domaines de l’art : « L’école doit […] s’ouvrir sur l’extérieur, notamment par une relation directe avec les artistes et les œuvres et un contact avec l’environnement culturel » (MJER, 2003, p.11).

L’idée n’est pas nouvelle. L’école associe des partenaires extérieurs pour accompagner les enseignants dans les disciplines considérées comme plus « spécifiques » et ainsi s'ouvrir sur le monde dans lequel elle évolue. C’est notamment dans le domaine de l’art que l’institution scolaire fait appel aux « intervenants extérieurs » en tant que spécialistes et médiateurs culturels privilégiés.

Faire entrer la culture à l’école par ses propres acteurs est certes un projet séduisant,

mais il peine également à trouver ses marques pour de multiples raisons : géographiques,

politiques, humaines, pédagogiques, institutionnelles et économiques. En effet, toutes ces

(18)

interventions nécessitent la présence d’un artiste, et l’on peut sans peine imaginer que les écoles rurales les plus reculées ont du mal à trouver un interlocuteur qui puisse répondre à leurs attentes, ou bien c’est au prix de conditions très onéreuses et difficiles. De plus, ces projets engagent d’autres formes d’enseignement qui bousculent au sein de la classe les rapports habituels, notamment ceux de l’enseignant qui se retrouve, dans le cas d’un partenariat, dans la position parfois inconfortable du gestionnaire de l’autorité, pour permettre à l’intervenant de travailler dans de bonnes conditions et lui prouver qu’il sait « tenir » sa classe.

Ces dispositifs représentent un coût, l’école a une mission, les différents acteurs de l’institution ont des priorités. Toutes ces contraintes ne favorisent pas toujours une adéquation qui permettrait la meilleure efficacité de telles ressources. Si l’interaction culture/éducation représente une solution intéressante, elle n’est pas sans inconvénient et ne peut résoudre à elle seule la question des arts à l’école.

Le rapport de 2003 faisait état d’une « réalité […] très mal connue » (MJER, 2003, p.17) ; le caractère gras utilisé dans le rapport soulignait d’autant plus l’urgence d’une analyse. C’est sans doute la raison pour laquelle le rapport de 2007 s’appuie sur des observations et des rapports d’inspection susceptibles de donner une image assez précise de la situation. Toutefois, cette étude nuance à peine les analyses antérieures qui faisaient état d’un bilan peu encourageant, où « des réalisations exemplaires [côtoyaient] des carences irréversibles » (MJER, 2003, p.18). Il semble effectivement exister des écoles qui ont un projet artistique ambitieux, des classes qui pratiquent régulièrement, des projets d’établissement qui favorisent grandement le domaine des arts, des enseignants qui ont une réelle volonté de progresser, mais il semble aussi subsister beaucoup de classes où la musique est totalement absente ou reléguée à des activités divertissantes ou de transition.

On ne peut nier l’insuffisance de la formation initiale et continue des enseignants du premier degré dans le domaine des arts. Mais imputer à la seule formation les carences des pratiques de classe, c’est sans doute oublier les priorités que se donne l’école, et la difficulté pour cette dernière de définir clairement ce qu’elle attend de l’éducation artistique, en dehors d’un « supplément d’âme », comme il est courant de l’entendre.

C’est notamment sur ce point que le récent rapport (2007-c) apporte un regard un peu différent, ainsi que sur la place et l’utilisation des dispositifs culturels. En outre ce rapport, qui s’appuie davantage sur des observations de pratiques et sur l’analyse de rapports d’inspection, est plus précis sur la mise en œuvre des activités, le choix des outils, les modalités d’enseignement et donc analyse davantage les difficultés mais aussi les réussites à partir de situations concrètes.

Le constat dressé est assez mitigé et montre une situation inégale, entre l’école

maternelle où les pratiques sont régulières et l’école élémentaire où « les pratiques sont plus

aléatoires que régulières dans de nombreux cas », apparaissant comme des enseignements

qui « ne font que rarement l’objet de progressions et de programmations » (MENESR, 2007-

c, p. 54). Comme en 2003, les inspecteurs relèvent que des expériences riches et pertinentes

côtoient des situations où l’intérêt pédagogique est difficilement décelable, et en tous les cas

(19)

très dépendantes des personnes qui assurent ces enseignements. C’est toujours le défaut de compétences techniques de nombreux enseignants et leur manque de formation qui est pointé par les inspecteurs, qui rappellent justement que « faire chanter c’est bien autre chose et plus que faire classe » (MENESR, 2007-c, p.43). Néanmoins, les auteurs notent qu’à compétences musicales égales, les observations ont mis en évidence des pratiques très disparates et insistent sur la conception qu’ont certains enseignants des disciplines artistiques qui génèrent des pratiques « où les enjeux des disciplines [artistiques] ne sont que partiellement compris et les contenus souvent très limités par rapport à ce que les programmes énoncent » (MENESR, 2007-c, p.55). En pratique cela se traduit par des exigences très inégales dans l’interprétation des chants et dans le choix des répertoires, ou par la place insuffisante des activités d’écoute qui restent, dans certains cas, peu riches, limitées souvent au repérage des instrument ou à l’expression de ce que la musique évoque. La situation des intervenants, comme celle de l’offre culturelle, fait l’objet d’une analyse qui montre, là encore, des situations inégales ou pas toujours adaptées. Si les propositions peuvent être très abondantes, on se situe davantage dans une logique de l’offre plutôt que dans une logique de besoins qui se caractérise par des différences importantes d’un secteur géographique à un autre. De plus, le rapport nuance l’apport, par ailleurs incontestable, des professionnels de la culture en décrivant, également dans ce cas, des différences de pratiques importantes qui révèlent que « la qualité de la séance ne dépend pas du statut de la personne qui la pilote, qu’il s’agisse d’un enseignant, d’un intervenant ou d’un duo » (MENESR, 2007-c, p. 52). Des pratiques peu pertinentes, peu rigoureuses existent là aussi.

Alors que le rapport de 2003 mettait en avant la volonté politique et les avancées en

direction d’une meilleure prise en compte des disciplines artistiques dans la formation de

l’élève, le rapport de 2007 se montre plus critique par rapport à « l’organisation et la conduite

d’une politique locale en faveur de l’éducation artistique et culturelle [qui] manquent de

visibilité et de rigueur dans la majorité des cas », et déplore non pas l’absence de dispositifs

mais une mise en œuvre qui néglige parfois les besoins d’éducation au profit d’une offre,

plutôt quantitativement importante (MENESR, 2007-c, p. 68). Enfin, le rapport de 2007

rejoint le précédent sur l’insuffisance de l’offre de formation continue et une absence de

politique départementale claire qui permettrait une utilisation optimale des ressources, à la

fois humaines et matérielles. La conclusion rejoint celle du rapport précédent, à savoir

l’urgence et la mise en œuvre d’une formation des maîtres digne de ce nom qui prendrait

appui aussi sur les expériences positives, par la voie d’une mutualisation et d’une

communication plus systématique. La réussite de l’enseignement des disciplines artistiques à

l’école primaire passe également par une refondation du « pilotage, du national au local »,

afin de rendre plus opérationnels les dispositifs nombreux et qui parfois se télescopent, ce qui

rend leur utilisation aléatoire. Il s’agit aussi d’adapter l’offre aux besoins. Enfin, et c’est

également sur ce point que le dernier rapport apporte une nuance, il y aurait nécessité de

rendre les programmes et les contenus plus lisibles, particulièrement au niveau des finalités,

des domaines concernés, d’une progression, etc., qui éclaireraient sur une véritable éducation

artistique et culturelle ne mêlant pas ces deux paramètres dans une sorte de flou où l’on ne

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relève de l’expérience culturelle, qui dépasse le domaine des disciplines artistiques obligatoire.

Une discipline parfois « délaissée »

Dans un article consacré à la polyvalence des maîtres du 1

er

degré, G. Baillat, O.

Espinoza et J. Vincent (2001) remarquent que l’éducation musicale, avec les langues vivantes et l’éducation physique, sont les domaines les plus « délaissés » par les enseignants qui, le plus souvent, délèguent ces enseignements à des collègues dans le cadre d’un échange de services. D’après leur étude qui recueille 1490 réponses, 64 d’entre elles indiquent que la musique n’est pas du tout enseignée (5,9%), et 29% des enseignants qui ont répondu délèguent cet enseignement à une autre personne, collègue ou intervenant extérieur. Les raisons invoquées sont le manque de goût, le manque de compétences et un « désir d’échapper à l’emprise de relations affectives ressenties comme trop fortes et dangereuses » (p.135). Ces propos traduisent bien la relation émotionnelle, sans doute forte et complexe, que l’enseignant entretient avec la musique, ou bien ils cachent sa crainte de ne pas être à la hauteur dans une situation pour laquelle il juge ses compétences limitées, alors que sa fonction lui a toujours assuré le statut de « Maître ».

Enfin, dans le cas d’une prise en charge de ces disciplines par l’enseignant lui-même, l’étude indique que les horaires sont inférieurs aux horaires prescrits par les instructions officielles.

L’article rend ainsi compte d’une certaine liberté que les enseignants n’hésitent pas à prendre avec les instructions officielles, dans le cas des disciplines « d’éveil culturel et scientifique », qui reflète sans doute la place mineure accordée à ces domaines, et qui se traduit par un écart important avec les horaires prescrits et certainement par là même avec les contenus. Enfin la conclusion rejoint d’une certaine façon les propos précédemment rapportés, en déclarant que la musique est une affaire de spécialistes et que le recours à l’intervenant est fréquent.

Une autre étude sur la polyvalence des maîtres confirme que certaines disciplines, dont l’éducation musicale, sont perçues comme « moins importantes », voire « facultatives » par les professeurs des écoles débutants, domaines pour lesquels ils éprouvent aussi des difficultés pour un certain nombre (Prairat & Retornaz, 2000). L’étude montre également

« l’effet-cursus » et « l’effet-formation » sur la perception et l’attitude à l’égard des domaines d’enseignement, qui dépendraient aussi du propre cursus universitaire et de la formation initiale du professeur des écoles. Pourrait-on penser que ces effets s’atténuent avec l’avancée dans le métier ?

La minoration de certaines disciplines est également illustrée par une étude réalisée à

partir d’un corpus de rapports d’inspection qui révèle que les domaines les plus observés par

les inspecteurs sont le français et les mathématiques, au détriment des autres domaines, qui

pour certains, dont l’éducation musicale, sont pratiquement absents des rapports (Si Moussa,

2000). Il semblerait que les inspecteurs s’intéressent avant tout aux disciplines de la langue et

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du calcul et que les enseignants sont plus à l’aise pour montrer une pratique dans ce domaine, plutôt que dans celui des arts ou du sport.

« La musique à l’école. Analyse des pratiques des enseignants » (Suchaut, IREDU-CNRS et Université de Bourgogne, 2000)

En 2000, les pratiques d’enseignement de la musique à l’école primaire ont fait l’objet d’une étude de l’IREDU et l’Université de Bourgogne, sous la direction de B. Suchaut. Ce type d’études est assez rare pour que nous lui accordions l’intérêt qu’elle mérite, d’autant que l’échantillon étudié permet à l’auteur de considérer les résultats comme représentatifs des pratiques enseignantes de l’éducation musicale dans le département de la Côte d’Or, dont on peut penser qu’elles sont peu différentes des autres département du territoire français.

L'analyse s’appuie sur les déclarations de plus de 1000 enseignants de la Côte d’Or, tous titulaires d’une classe. L’échantillon concerné est considéré comme représentatif puisqu’il touche plus de 50% des enseignants du département qui ont été interrogés sur leur pratique, à l’aide d’un questionnaire, qui comportait 28 questions, concernant plusieurs aspects de l’enseignement musical : l’enseignant lui-même, sa classe, son école et les pratiques développées dans le domaine de l’éducation musicale. Outre les données quantitatives, l’enquête concluait par trois questions ouvertes destinées à mettre en évidence un certain nombre de caractéristiques des pratiques d’enseignement en éducation musicale : les difficultés et les obstacles rencontrés, les besoins en formation et les facteurs qui

« conditionnent » l’enseignant dans sa pratique musicale en classe.

L’analyse montre certaines corrélations entre la durée, la fréquence et la diversité des pratiques d’enseignement, et l’âge et le sexe de l’enseignant, le niveau de classe, l’équipement matériel, la formation continue, les modalités d’enseignement et les pratiques musicales personnelles de l’enseignant. Mais l’analyse montre aussi que ces facteurs n’interviennent que modestement, laissant supposer l’influence d’autres facteurs, notamment celui du rapport que l’enseignant entretient avec la musique.

L’étude révèle des pratiques d’enseignement assez importantes quant à la durée accordée à l’éducation musicale dans les classes, mais qui se caractérisent par une grande diversité d’un enseignant à l’autre. La durée hebdomadaire moyenne de pratique déclarée est de 1 heure 25 minutes avec néanmoins une grande différence entre le cycle de la maternelle et ceux de l'école élémentaire. Il est question de 2 heures pour le premier cycle et d’une moyenne de 1 heure 15 pour les deux autres cycles (Suchaut, 2000, p.8).

Ces chiffres correspondent à peu près aux attentes institutionnelles, puisqu’il était question, au moment de l’enquête, de 6 heures en maternelle et de 5heures 30 en élémentaire pour les disciplines artistiques et l’éducation physique et sportive.

En revanche, les résultats de l’enquête annoncent des chiffres qui paraissent

particulièrement optimistes au regard des constats précédents où il est bien question d’un

écart avec les prescriptions. Cependant, l’étude de l’IREDU ne nous renseigne pas sur le taux

de professeurs qui ne pratiquent pas, puisque l’analyse regroupe dans la même catégorie, les

enseignants qui pratiquent de « 0 à 1 heure », laissant supposer que toutes les classes de la

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plutôt élevées et proches, voire supérieures aux prescriptions. Le calcul des moyennes peut effectivement gommer quelques particularités. En outre, un horaire déclaré reste une donnée informative assez limitée, car celui-ci peut aussi correspondre à l’horaire prévu par l’emploi du temps plutôt qu’à une durée effective. C’est la précision de son contenu qui est susceptible de nous en apprendre davantage sur les pratiques.

L’analyse qui suit nous fournit quelques éléments quant aux contenus de ces horaires consacrés à la musique, mais ceux-ci se limitent surtout à l’activité chant : le nombre de chants appris dans l’année, le type de chants (une voix, deux voix, canon), la provenance du répertoire et l’accompagnement proposé. B. Suchaut lui-même considère comme un indicateur « pertinent », le « nombre de chants appris par les enfants au cours de l’année scolaire » (p.9) ; les autres informations concernent plutôt l’utilisation d’outils proposés au niveau local (répertoire, accompagnement).

Les résultats obtenus sont également encourageants. Il est question d’une moyenne de 13 chansons apprises en maternelle et de 9 en élémentaire. Ces chiffres sont tout à fait en adéquation avec les prescriptions officielles qui, pour le cycle 3, commandaient :

« d’interpréter un assez large répertoire (chansons, canons) de mémoire et avec expression » (MEN, 1995). Il faut cependant remarquer que 17% de l’échantillon ne répond pas à la question des activités vocales.

La question de l’activité d’écoute est plus succinctement traitée et se présente sous la forme de quatre propositions : « écoute d’œuvres pour le plaisir », écoute d’œuvres pour des activités dirigées », « écoute d’environnements sonores » et « écoute de musiciens en direct », pour lesquelles, il suffisait de répondre par « oui » ou « non » et de préciser qui prenait en charge l'activité. Les résultats nous indiquent que le nombre de professeurs qui ont répondu représente au plus les trois quarts de l’échantillon, mais nous n’avons pas d’informations sur l’objet d’écoute, la fréquence de l’activité et ses finalités.

On apprend toutefois que la majorité des enseignants font de l’écoute « pour le plaisir »,

laissant toute liberté d’imaginer ce que peut être réellement dans la pratique cette activité : un

temps de diffusion de musique entre deux activités pour « calmer » les enfants, la sonorisation

de la classe pendant une activité plastique, ou bien une véritable approche du plaisir musical à

travers une démarche active qui permette à l’élève de ressentir une réelle émotion ?

L’enquête, sans doute trop large pour rentrer dans de tels détails, ne permet pas d’aller au-delà

du constat que « parmi les activités d’écoute, c’est l’écoute d’œuvres « pour le plaisir » qui

recueille le pourcentage le plus élevé (plus de 8 enseignants sur 10), les autres dimensions

étant moins pratiquées » (p.11). B. Suchaut ajoute que les chiffres recueillis « demandent

néanmoins à être nuancés » (p.11), parce que beaucoup d’enseignants n’ont pas répondu à

certaines questions sans en donner les raisons, laissant penser que l’absence de réponse peut

tout aussi bien correspondre à des réponses négatives. Pour les mêmes raisons, il semble

difficile d’interpréter davantage le chiffre de 58% des répondants qui prétendent pratiquer

l’écoute « pour des activités dirigées ». Cela indique bien que seuls 40% des enseignants de

l’échantillon total mènent cette activité, sans que l’on sache si c’est de manière régulière ou

tout à fait exceptionnellement au cours de l’année.

(23)

L’enquête nous apprend que la pratique du chant est désignée comme l’activité dominante par la quasi-totalité de l’échantillon ; seuls 4% des enseignants désignent l’activité d’écoute.

Les activités corporelles divisent sans surprise les cycles maternelle et élémentaire, mais il est difficile sur ce point de faire la part de ce qui relève du domaine musical ou de celui de l’éducation physique, telle que la question est posée.

Les activités instrumentales semblent encore moins répandues, sauf pour l’utilisation des percussions qui concerne plus des trois quarts des enseignants qui ont répondu, soit un peu plus de la moitié de l’échantillon. En revanche la « réalisation de paysage sonore » ne concerne plus qu’un tiers des répondants, soit guère plus de 10% de l’échantillon total. Si ces chiffres indiquent que l’éducation musicale est présente dans les écoles de la Côte d’Or, ils fournissent très peu d’informations sur les véritables contenus des enseignements. En revanche, ils montrent que les pratiques moins conventionnelles comme la réalisation de paysages sonores ont du mal à faire leur entrée dans les activités de l’école. Peut-on conclure que l’éducation musicale est une discipline dans laquelle l’innovation pédagogique a du mal à s’opérer ?

Toutefois, les chiffres recueillis rassurent quant à des activités qui ont pratiquement disparu, comme le solfège. Actuellement, il est davantage question « d’invention de codages », permettant ainsi à l’enfant d’associer un signe à ce que son oreille perçoit. C’est une démarche fort intéressante qui permet d’approcher les concepts de temps et d’espace, les caractéristiques du son et l'organisation du discours sonore. Cependant, il semble que ce soit une pratique encore peu développée, puisqu’un peu moins d’un tiers des enseignants la mettent en œuvre.

En résumé, l’analyse concernant les activités nous apprend tout au plus leur présence dans les pratiques, sans nous renseigner sur la durée, la fréquence, les contenus ou les outils sollicités, autant d’informations qui contribueraient à une description plus précise des pratiques d’enseignement. Seule, l’activité vocale bénéficie de quelques précisions.

L’étude se montre particulièrement intéressante lorsqu’elle analyse les facteurs qui influencent les pratiques d’enseignement de la musique, à partir de six indicateurs : la durée, la diversité, la probabilité de pratiquer l’écoute, les activités corporelles, instrumentales et de codage. C’est à partir d’un certain nombre de variables : les caractéristiques du maître (le sexe, l’âge, la formation et la pratique musicale personnelle) et du contexte d’enseignement (les élèves, la classe, l’école) que l’étude a pu mesurer l’influence de certains facteurs sur l’intensité et la diversité des pratiques d’enseignement à partir d’analyses multivariées. On apprend, par exemple, que le sexe de l’enseignant a une incidence sur la durée d’enseignement et les activités corporelles, ainsi que, mais à un moindre niveau, sur la diversité et les autres activités, alors que l’âge et la formation initiale n’ont aucune influence.

On apprend également que les modalités d’organisation jouent un rôle sur la probabilité de

conduire certaines activités, que le niveau scolaire et l’équipement de la classe ont une

certaine influence sur les pratiques en général. En revanche, les caractéristiques de l’école

n’ont pas de réelles incidences sur les pratiques enseignantes, tout comme la formation

continue.

(24)

L’analyse multuvariée fait apparaître une dépendance significative avec la pratique musicale personnelle de l’enseignant, mais révèle également que son influence, associées aux autres variables, reste modeste puisque l’ensemble des variables indépendantes explique moins de 25% de la variance du temps hebdomadaire alloué à la musique dans la classe.

Enfin, une approche plus qualitative permet d’aborder trois points concernant la musique à l’école : les « difficultés ou les obstacles », les besoins en « terme de formation » et ce qui « conditionne en premier la pratique régulière de l’éducation musicale » dans la classe de l’enseignant.

B. Suchaut souligne le faible taux de réponses à ces trois questions, ce qui peut paraître paradoxal à la vue des chiffres encourageants qui attestent d’une pratique importante dans le département de la Côte d’Or. A peine plus de 60% des enseignants ont répondu à la question des difficultés. Le principal obstacle cité est le manque de formation pour 21,4% des enseignants de l’école primaire, ce qui corroborerait les déclarations des derniers rapports sur la situation des disciplines artistiques à l’école. Mais si l’on considère ce résultat par rapport au nombre d’enseignants interrogés, il ne reste que 136 personnes environ sur les 1010 de l’échantillon qui annoncent ce point comme principale difficulté, soit à peine plus de 13%.

Même en ajoutant les réponses exprimant des problèmes plus spécifiques, comme la voix ou les compétences techniques, nous atteignons 30% d’enseignants qui expriment des difficultés d’exercice dans la discipline. Pouvons-nous en déduire que 70% des personnels concernés n’éprouvent pas de difficultés particulières ? Mais comment interpréter le fort taux d’abstention à ces questions, tout comme celui concernant l’expression des besoins en formation qui atteint 50% de l’échantillon : la peur d’être jugé ? Une remise en question difficile ? Une simple paresse face au questionnaire ? Ou bien, comme le fait remarquer B.

Suchaut, une difficulté d’identifier ses propres manques, donc ses besoins, d’autant que les questions étaient ouvertes et laissaient toute latitude aux enseignants pour s’exprimer.

L’expression des besoins en terme de formation montre encore la primauté du chant dans les préoccupations. En revanche, les domaines de l’écoute, de l’expression corporelle et du rythme ne suscitent pas d’attentes particulières. Sans doute devons-nous confronter ces chiffres à ceux concernant les activités pratiquées, où la prépondérance du chant ne fait aucun doute, alors que les autres activités, pourtant aussi présentes dans les contenus des programmes, n’occupent pas la même place dans les pratiques.

La dernière question qui s’intéressait aux « facteurs agissant sur les pratiques » ouvre des perspectives pour la poursuite d’une analyse des pratiques d’enseignement en éducation musicale. D’ailleurs près des deux tiers des enseignants ont répondu à cette question.

Le premier facteur cité est celui du « plaisir », sentiment que peut apporter la musique à travers le chant, la construction de la cohésion du groupe ou le climat, selon les données recueillies.

Le deuxième facteur déclaré est lui encore personnel, puisqu’il s’agit de

l’investissement et de la motivation de l’enseignant. Nous remarquons cependant que, pour

50% des enseignants ayant répondu, la pratique de l’éducation musicale dans leur classe

repose sur des facteurs qui n’ont rien à voir avec les prescriptions et, nous pouvons même

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