HAL Id: jpa-00206688
https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00206688
Submitted on 1 Jan 1968
HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
Utilisation des mesures magnétiques pour l’étude de la luminescence anorganique
J. Hervé, A. Goltzene, C. Marti
To cite this version:
J. Hervé, A. Goltzene, C. Marti. Utilisation des mesures magnétiques pour l’étude de la luminescence anorganique. Journal de Physique, 1968, 29 (5-6), pp.534-544. �10.1051/jphys:01968002905-6053400�.
�jpa-00206688�
MISE AU POINT
UTILISATION DES MESURES
MAGNÉTIQUES
POUR
L’ÉTUDE
DE LA LUMINESCENCEANORGANIQUE
Par
J. HERVÉ,
Laboratoire de Résonance Paramagnétique du Solide, Faculté des Sciences de Poitiers, A. GOLTZENE
(1),
Laboratoire de Spectroscopie et d’Optique du Corps Solide, Faculté des Sciences de Strasbourg,
et C.
MARTI,
Laboratoire de Luminescence de la Faculté des Sciences de Paris.
(Reçu
le 9juin 1967.)
Résumé. - Nous décrivons les divers
types
d’étudesmagnétiques
exécutées sur descentres
luminogènes :
mesure de lasusceptibilité magnétique statique,
résonanceparamagnétique
sur les états fondamentaux et excités, effet Zeeman, double résonance
optique
et hertzienneen
présence
d’unchamp magnétique.
Nous insistons surl’importance
des mesures simultanées des effetsmagnétiques
et de la luminescence.Abstract. 2014 Different
magnetic
measurements on luminescent centers are described : staticmagnetic susceptibility
studies, E.P.R. onground
and excited states, Zeeman effect,optical
andradiofrequency
double resonance in amagnetic
field. Weemphasize
the needfor simultaneous measurements of
magnetic
effects and luminescence.I. Introduction. - L’identification des centres lumi-
nog6nes
apartir
des seules donneeschimiques
etoptiques
estg6n6ralement impossible.
Par contre,
d’importants
succès ont eteenregistr6s
par 1’association des mesures
magn6tiques
aux mesuresoptiques.
Les m6thodes sont vari6es mais elles n’ont ete que relativement peu utilis6esjusqu’ici.
Il noussemble donc int6ressant de donner
quelques exemples
de leur
emploi permettant
depr6ciser
les limites de leursapplications.
II. Mesures
statiques
de lasuseeptibilitd magné- tique.
- Ellespermettent
de detecter 1’existenced’impuret6s paramagnétiques
dans des matrices dia-magn6tiques
par une etude en fonction de latemp6-
rature. Par
exemple,
on a pu 6tablir queZnS/Cu
etait
diamagn6tique [5]
et exclure ainsi divers mod6lesproposes auparavant comportant
un ion Cu++ a coucheincomplete
3d9.Les memes auteurs ont montre que ZnS self-activé
etait
diamagn6tique
a 1’etat fondamental et parama-gn6tique
a 1’etat excite(par
excitation U-V de la luminescence associ6e a cessulfures), permettant
donc de conclure a l’ionisation d’au moins l’un des centresexistant dans ces
produits
et d’exclure un modelefond6 sur une seule lacune de Zn++
[6].
Cesexp6-
riences ont
guide
le choix d’un modele de centreassociant une lacune de Zn++ et un ion
compensateur
du groupe VII ou III[7]
confirm6 par desexperiences
ult6rieures de R.P.E.
Les mesures
statiques
ontl’avantage
de donner des resultats defaqon plus g6n6rale
et dans des conditions moins draconiennes que les m6thodes de resonance.Par contre, elles sont
beaucoup
moins sensiblesquant
au nombre de centres
paramagnétiques d6celables;
elles sont
beaucoup
moinss6lectives,
nepermettant
pratiquement
pas dedistinguer
les centres parama-gn6tiques
ni depr6ciser
leur structure.III. Rdsonance
paramagndtique dlectronique (R.P.E.) a
Ildtat fondamental. - 1. PRINCIPAUXCENTRES ETUDIES.
- a)
Les ions a couche interneincomplete
constituent unsujet privil6gi6
pour lesArticle published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01968002905-6053400
6tudes de R.P.E. Ce sont par ailleurs
g6n6ralement
d’excellents activateurs de la
luminescence,
donnantsouvent des raies d’emission relativement fines
(terres
rares en
particulier).
Aussi de nombreux travauxont-ils 6t6 consacr6s aux m6taux de
transition,
auxterres rares et a l’uranium.
b)
L’existence despins
nonapparies
dans la couche de valence est bien moinsfr6quente.
Les travaux surles donneurs peu
profonds (centres
du groupeVI)
dans Ge et Si
(Kohn
et Feher enparticulier) expli-
quent
les difficult6s rencontr6es dans lesluminophores classiques.
Eneffet,
onpeut
observer troistypes
designaux
R.P.E. :- Le
signal
du a un donneurisole ;
- Des raies
supplémentaires
dues a despaires,
destriplets,
etc., ou a l’influence d’autresimpuret6s;
ilfaut noter que les
signaux
R.P.E. sont tres sensiblesa un faible recouvrement des
orbitales,
d’ailleurs tr6s 6tendues pour des centres peuprofonds ;
l’observation dusignal
du donneur isole necessite donc un cristal tres pur et faiblementdope ;
- Une raie
unique
sans structure ni fine nihyper-
fine
lorsque
la concentration en donneurs augmente;nous
emploierons
dans ce cas, un peuabusivement,
le terme de «
porteurs
d6localis6s »; lecouplage
entreles
spins apparait
a des concentrations bienplus
faibles que celles
qui provoquent
la formation d’une banded’impuret6
dupoint
de vue des mesures6lectriques.
L’observation en R.P.E. des electrons libres dans
une bande necessite des
puret6s
encore meilleures.On
conqoit qu’6tant
donne l’état de latechnologie
des
luminophores classiques
on nepuisse gu6re
obser-ver en R.P.E. que les « porteurs d6localis6s ».
D’ailleurs,
pour des raisons decompensation
decharge,
il est difficile deproduire
des cristaux dutype
de ZnS ou le niveau de Fermi soit assezproche
de labande de conduction pour que les centres donneurs peu
profonds
soientcharges :
il est n6cessaire d’illu- miner le cristal pour les amener dans un 6tat para-magn6tique.
De
m6me,
des centres aux niveauxplus profonds
ont tendance a s’associer pour former un centre
diamagnétique.
c)
Certains d6fautsponctuels
tels que les centres F deshalog6nures
alcalinsposs6dent
desspins
nonapparies [1].
2. TYPE DE RENSEIGNEMENTS OBTENUS. - Une etude s6rieuse necessite des monocristaux pour obtenir la variation
angulaire
du spectre. On obtient alors lesparam6tres
de 1’hamiltonien despin qui
fournissenten
particulier :
- Le
spin
de 1’6tatetudie;
- La
sym6trie
de l’environnement del’ion ;
- La
grandeur
des interactions fine ethyperfine.
On trouvera
quelques-uns
de cesparam6tres
dansdes cristaux luminescents dans le tableau.
La
symitrie
de l’environnement permet :-
Quelquefois d’opter
entre uneposition
substitu-tionnelle et une
position interstituelle;
- De determiner si l’ion est associe ou non.
En
effet,
dans les matrices a bande interdite assezimportante (plus
de 2-3eV),
l’introduction d’ions de valence diff6rente de celle des ions du reseau necessitegénéralement
unecompensation
decharge,
soit parun autre
ion,
soit par un defaut dereseau,
et on observetres souvent l’association de ces d6fauts
ponctuels;
lechamp
cristallinpossede
alors une fortecomposante
axiale facilement reconnaissable a1’anisotropie
dusignal
R.P.E. De manieresimilaire,
les spectres depaires
sontl’objet
debeaucoup
d’int6r6t.L’effet
Jahn-Teller peut
lui aussi conduire a unesym6trie
moins 6lev6e. Ainsi Cr++(3d4)
a 1’etat librepossede
un 6tat fondamental5D;
dans unchamp t6tra6drique,
il y aapparition
d’un doublet et d’untriplet orbitaux,
ce dernier 6tant leplus bas;
dansCdS
(hexagonal),
la composanterhombo6drique
duchamp
cristallindecompose
encore letriplet
en unsingulet
et un doubletqui
est leplus bas;
mais enrealite Cr++ est
deplace
parrapport
a laposition
de Cd++
qu’il substitue;
cedeplacement
est6nerg6ti- quement
favorablegrace
a une nouvelle levee dedégénérescence.
L’effet
Jahn-Teller peut
etre aussidynamique
avecun eventuel passage a une distorsion
statique
a bassetemperature,
ousimplement
conduire a une tres forteinteraction avec les
phonons,
c’est-a-dire a untemps
de relaxationspin-r6seau
tres court, interdisant l’obser- vation de la resonance.L’identification de l’ion est facilit6e s’il
presente
une structure
hyperfine.
Au besoin onpeut
modifier lar6partition isotopique
de 1’element.On
peut
aussi observer assez souvent la structuresuperfine,
c’est-a-dire une interaction avec les momentsnucl6aires d’ions assez voisins. On peut ainsi
pr6ciser
la
sym6trie
de1’environnement,
mais aussi mesurer la densite6lectronique
en un certain nombre depoints.
Les resultats obtenus sont souvent
surprenants :
parexemple
ledegr6
decovalence qu’ils indiquent
dansles
composes
II-VI.11 faut insister sur le fait que 1’existence d’un
signal
R.P.E. et d’une luminescence associ6e a l’introduction d’un certain activateur dans une matrice ne prouve pas que le meme centre soit
responsable
des deuxeffets.
Ainsi, ZnS/Mn presente
une belle luminescenceorangee
et lespectre
R.P.E.caractéristique
de Mn++dans un site
cubique. Pourtant,
il est difficiled’expli-
quer l’intensit6 de 1’emission lumineuse
qui provien-
drait d’une transition interdite de Mn++. On peut penser que des
paires
d’ions Mn++ ou un centreassocie
(Mn++-halogene, oxygene
ou lacune desoufre)
sont
responsables
de lamajeure partie
de 1’emissioncomme
l’indiquent
lesgrandes
concentrations d’acti-vateur
(10-3
gMn/g ZnS)
et le role exaltateur desTABLEAU
RESULTATS D’EXPÉRIENCES DE RESONANCE
ELECTRONIQUE
EFFECTUEES SUR DES CRISTAUX LUMINESCENTS MAIS SANS REFERENCE EXPLICITE A LEURS PROPRIETES LUMINESCENTESIONS DU GROUPE DU FER DONT L’ETAT FONDAMENTAL EST UN SINGLET OU UN DOUBLET ORBITAL
IONS DU GROUPE DU FER DONT L’ETAT FONDAMENTAL EST UN TRIPLET ORBITAL
IONS DES TERRES RARES A NOMBRE IMPAIR D’ELECTRONS
halogenes.
Des traitementsthermiques
deZnS/Mn
ont d’ailleurs montre que l’intensit6 des deux
pheno-
m6nes n’etait pas
toujours
corr6l6e[10].
Ainsipeut-on
consid6rer que, dupoint
dupoint
de vue de la lumi- nescence, les seulesexperiences
de R.P.E. valablessont celles
qui
étudient les modifications dusignal
R.P.E. par illumination.
IV. Rdsonance
paramagndtique
de centres chan-geant
de valence sous illumination. - Laplupart
desexperiences
de cetype
ont ete effectuées sur les compo- ses II-VI et on trouvera des mises aupoint
dans[11]
et
[82].
1)
Il faut d’abord mentionner lessignaux
R.P.E. dusaux «
porteurs
delocalises » observes sousillumination,
par
exemple
avecCdS/Cl, Br,
I ou Ga[122,124,127] ; ZnO/Zn, In,
Al ou Ga[123, 125]; ZnS/CI, Br, I,
Al ou Zn
[8, 126, 128].
Ils’agit
d’une raieunique
avec
1,78 g 1,96,
fine et sans structurehyper-
fine. Cette raie
n’apparait g6n6ralement
que sous excitation U-V et a souvent tendance a s’affinerquand
l’intensit6 de cette excitation augmente.
D’abord attribuees a des niveaux localises associes
aux donneurs peu
profonds
enquestion,
ces raies pro- viennent certainement de porteurs d6localis6s[126]
6tant donne :
- L’absence d’interaction
hyperfine
avec ces don-neurs ;
- La faiblesse de l’interaction
spin-r6seau
caract6-ris6e par les forts
temps
derelaxation;
- Les concentrations
employees (> 1017/cm3) qui
devraient au moins conduire a
l’apparition
denouvelles raies
(paires).
2)
Ledopage
avec des elements III ou VII dans lescomposes
II-VI fournit d’autres raies dues a untype
de centre(A
ouself-activ6)
maintenant bienconnu
[8, 70-81].
L’ensemble des resultats
s’interprètent
bien par l’association d’une lacune de Zn et d’unhalog6ne plus proche voisin,
ou d’un element III secondvoisin,
se substituant a un S ou a un
Zn,
et ont confirm6les mesures
statiques.
Dans lenoir,
ce centre est neutre etdiamagnétique.
Sousillumination,
ilcapture
un trou libre
qui
se localise sur un Sproche
de lalacune (fig. 1).
A haute
temperature,
le troupeut
« sauter » d’un soufre a un autre,et g
a unesym6trie
axiale pour lecentre contenant Cl. A 120
OK,
pour unchamp magn6- tique suivant
111>,
on observe deux groupes de raiesavec g(j) =
2,0530
et g(2) =2,0314 (la composante (2)
6tant trois fois
plus
intense que lacomposante (1)), correspondant
aux deux orientationspossibles
ducentre par
rapport
auchamp.
A 4
OK,
on a trois raiescorrespondant
aux centresde la
figure
2.On a pu determiner les
energies
d’activation et lesfréquences
de passage du trou d’un S-- a 1’autre pour Cl et Br.FIG. 1. - Modeles des centres self-actives
(SA)
dans ZnS:a)
Association d’une lacune de Zn avec deuxcharges negatives ( IZn= I ) et d’un element VII.
b)
Association d’une lacuneZn= I
et d’un 616-ment III. Dans les deux modeles, un trou est
piege
sur un ion soufre.
FIG. 2. - Modele des trois
types
de centres obtenus suivant l’orientation du modele de lafigure
1a)
parrapport
auchamp
externe.FIG. 3.
Schema de bande pour un centre SA dans ZnS.
C’est la structure
hyperfine qui permet
d’6tablir fermement le modele. Deplus,
les spectres d’excitationet d’extinction de la
R.P.E.,
de la luminescence et de laphotoconductivite
ont eterelev6s,
cequi
permet de donner un int6ressant schema de bandes( fig. 3)
oule niveau excite du centre non ionis6 se trouve dans la bande de conduction.
3)
Il estremarquable
que legallium, l’indium
et lethallium
[130, 133]
donnent sous illumination untroisieme
type
designal
du aux ions isol6s dans des cristaux suffisamment peudopes.
Onpeut
les attribuer a un 6tat2S112
avec une forte interactionhyperfine.
Uneetude
[130]
avec dugallium
enrichi en 71Ga apermis
de
rejeter
le modele dedonneur-accepteur propose
dans ce cas par Williams
[131, 132].
Parmi les
halog6nes,
seul F donne un centre ana-logue,
c’est-a-dire suffisammentprofond
pour observerune fonction d’onde localis6e
[129].
On
peut
classer dans la memecat6gorie
lesspectres
de Ge3+ et Si3+ observes dans ZnS avec un maximum duspectre
d’excitation a 3 800A [134].
Dans les
composes
a bande interditeplus impor-
tante, il faut faire
appel
a des excitationsplus
6ner-giques,
telles que l’irradiation aux neutrons, pour observer B3+ - B4+ et F- ---+ F= dans BeO[135].
4)
Parmi les m6taux detransition,
on observequelques changements
de valence sous illumination.Dans les II-VI :
Dans la
plupart
des cas, on a 6tudi6 lesspectres
d’excitation et d’extinction dusignal
R.P.E. et de lathermoluminescence.
On a ainsi pu conclure que Cr++ etait un
piege
aelectrons assez
profond
dansZnS;
onpeut
mesurersa
population
aussi bien par lesignal
R.P.E. que par l’intensit6 d’unpic
de thermoluminescence vers100 OC
[136];
lepiege
peut 6tre vide aussi par l’infra- rouge a1,1
u; on peut suivre le transfert d’electronsvers des
pieges
moinsprofonds
ou leur recombinaisonavec des trous lib6r6s par de
l’infrarouge
a0,8 u
et1,3 y (role
du chrome comme «poison
» de la lumi-nescence).
On voit donc que la R.P.E.peut
non seu- lement donner desrenseignements
sur le centre para-magn6tique lui-meme,
maispermettre
de suivre divers processus de luminescence(il
etait ainsi tresimportant
de prouver le
pi6geage
destrous).
Le nickel
forme, lui,
unpiege
a trou ionisable soitpar excitation bande a
bande,
soit par excitation directe du centre(seule
observation de ce genre avec les m6taux de transition dans lescomposes II-VI).
Le fer dans ZnS constitue a la fois un
piege
a trouset un
piege
a electrons. Onpeut
d’ailleurs aussi suivre la transformation en Fe+ ou Fe3+ avec la variation du niveau de Fermi pardopage compl6-
mentaire.
On a aussi observe les
changements
de valence de Cr++ et de Fe+ + dansMgO [137],
ainsi que Mn4+[138]
et Cr4+ -- Cr3+[139]
dansAl2O3.
5)
En cequi
concerne les terres rares, il est curieuxde constater que tres peu de travaux ont ete consacr6s
aux
signaux
R.P.E. cr66s par illuminationmalgr6
lerole
important
de ces activateurs en luminescence.Ainsi dans SrS
(Eu, Sm)
utilise pour sa stimulabilit6aux
infrarouges,
Eu++ donne douze raies dues a l’interactionhyperfine
des deuxisotopes
stables de Eu[67-69].
Sous
excitation,
on a pu mettre en evidence unediminution du
signal comprise
entre 12 et 16%
suivantle fondant
employ6 (LiF
ouSrCI2).
Simultanément, I’absorption
induite par les ionsEu2+,
une bande situ6e a 4 100-5 500A,
a diminuede 8 a 13
%.
Cetteproportion
a ete retrouv6e dans les mesures de rendementquantique
dans 1’emission.L’6tat fondamental de Eu++ 6tant un 6tat
7Fo
nedonne lieu a aucun
signal
de resonance.6)
Lesspectres
dus aux elements de groupe IB dans lescomposes
II-VI n’ont pas eteinterprétés
actuelle-ment. En
particulier,
les cristauxpresentant
la lumi-nescence bleue et verte
caractéristique
du Cu ne four-nissent aucun
signal
R.P.E. Les spectres observes sont pour laplupart photosensibles
et attribués a desassociations du cuivre avec des lacunes ou des
impu-
retes
voisines,
les centresn’ayant jamais
lasym6trie
du
reseau,
mais sontdirig6s
engeneral
suivant unaxe 111 ),
sauf un seulayant
unesym6trie
ortho-rhombique [96, 77].
Cu++ dans un environnementcubique
n’existe que dans ZnO[97].
On a ainsi attribue les
spectres
observes dans uncristal irradi6 aux neutrons a Cu3+ a cote d’une lacune de Zn
adjacente
a un troupiege
surS--,
a l’association d’un cuivre substitutionnel et d’une lacune de soufrevoisine,
et a l’association de Fe et Cu substitués a des Zn voisins dansZnS,
ZnSe et ZnTe[140].
Ce dernier modele montre l’int6r&t de telles 6tudes pour mettre en evidence les roles d’activateur ou de
poison
des ions du groupe du fer dans lesphosphores.
V. Rdsonance
paramagnetique
dans un dtat excitd d’un centre localisd. - Lesexperiences
de R.P.E. surdes niveaux excites sans
changements
de valence ont6t6 peu
nombreuses,
leprobl6me principal
6tant lapuissance
n6cessaire pourpeupler
suffisamment cesniveaux.
Dans
l’approximation
d’unregime
permanent, le nombre d’ions dans 1’6tat excite est N =p"t’/hv,
ouP
repr6sente
lapuissance absorbee,
"t’ la duree de vie(on englobe
la section efficace dans cefacteur)
de lad6sexcitation et hv
1’6nergie
de transition.Pour X =
0,6 u
et P = 1 W(puissance
effective-ment
absorbée),
N = 3 X 1018 r, T 6tant donne en secondes.La sensibilite d’un bon
spectrometre
R.P.E. estd’environ 1012
spins
pour des raies dequelques
gaussde
large.
Il faut donc que T > 10-s s.Si l’on veut avoir un
rapport
«signal/bruit »
suffisantpour
permettre
des resultatsexploitables permettant
la determination des coefficients de l’hamiltonien despin,
il semble difficile de r6ussir avec T 10-4 s.
En
operant
en lumieremodul6e, 1’equation :
aura comme solution
Il est
possible
d’éliminer tous lesph6nom6nes
para- sites et de faire une determination différentielle de 1’effet de la lumiere en reliant la detectionsynchrone
ala modulation de l’illumination.
En
impulsion,
onpeut esp6rer
obtenir despuissances
instantan6es
beaucoup plus
6lev6es par1’emploi
deslasers d6clench6s.
Cependant,
cesimpulsions
sont tr6sbr6ves,
et si leur durée test inferieure a T, leregime
n’a pas le
temps
de s’6tablir.On a dans ce cas :
soit N = 3 X 1018 W
(avec
les valeursnum6riques pr6c6dentes,
et W 6tant donnee enjoules).
11 y a la un moyen commode d’etude de la corr6la- tion des dur6es de vie de la luminescence et du d6clin du
signal
de resonanceparamagnétique qui
a ete peu utilise.On n’obtient des
temps
de vieimportants
que pour des molecules excit6es a 1’etattriplet (metastable
parrapport
ausingulet
de 1’6tatfondamental), expériences qui
sont du domaine de la luminescence orga-nique [61-66].
Un cas
analogue
est celui du centre M dans KCIqui possede
a 1’etat excite untriplet
dont la duree de vie est de 50 s a 77 OK(mesure
par le d6clin du blan- chiment de la banded’absorption M).
On a reli6 sansdifficult6 un
signal
R.P.E.pr6sentant
la meme cons-tante de
temps [141]
et dont1’anisotropie
confirme le modele(deux
lacunesproches voisines).
A notre
connaissance,
trois autres 6tats excites seu-lement ont ete etudies en R.P.E. : le chrome dans
Al2O3 (rubis) [119], Dy++
dansCaF2 [120],
Tm++dans
CaF2 [121].
Pour le
rubis,
lapuissance
n6cessaire etait issue d’un laser.Pour
CaF2/Dy.
unelampe
a iode de 600 Wpermettait
uneabsorption
d’un watt,compte
tenu des facteursg6om6triques
et des filtres. Grace a ces der-niers,
1’echauffement de 1’echantillon n’6tait pas deplus
de0,2
oK entre1,7
et4,2
OK.Le
temps
de relaxationspin-reseau T,
est de 5 msa
1,7 OK,
alors que letemps
de vie radiatif est de 30 msau-dessous de 140
°K;
les niveaux Zeeman therma- lisent et les conditions sont favorables.On a ainsi pu determiner avec
precision
les para- m6tres de l’hamiltonien despin.
Dans le cas de
CaF2/Tm++,
il a falluemployer
desarcs a mercure de 500 et 2 500 W. On
pouvait
estimera 1016 le nombre d’ions a 1’etat excite.
Les spectres obtenus ont ete suffisamment nets pour que 1’on
puisse
comparerles g
obtenus(1 5453 ± 0,002)
avec
les g
calcul6s(1,478)
apartir
des donneesoptiques,
et
interpreter
la faibledifference,
par une correction depolarisation
des couches internes. Les taux de pompageont pu 6tre rendus suffisants pour observer les raies
en
absorption
et enemission,
en fonction de 1’excitationet de la concentration en thulium.
Mais la sensibilite de la m6thode est nettement
diminu6e par le fait que le
systeme
despins
des 6tatsexcites n’a pas le temps d’arriver a
1’equilibre,
letemps
de relaxationspin-r6seau
6tant tressup6rieur
a laduree de vie de 1’etat metastable
qui
est de 6 ms.Les niveaux Zeeman ont donc des
populations qui
nesont pas tres différentes. I1 y a
quasi-saturation.
Cette derniere remarque montre les limitations de
cette m6thode : on doit se trouver dans le domaine favorable des
temps
de relaxation. Untemps
de relaxa- tion troplong
diminue fortement la sensibilite comme nous venons de le voir. 11 en est dem6me,
d’unemaniere
96n6rale,
d’untemps
de relaxationtrop
courten raison de
1’elargissement
des raies de R.P.E. Dansce dernier cas, on sera
oblige
depr6voir
despuissances
d’excitation tres 6lev6es.
VI. Effet Zeeman. - La mesure de 1’effet Zeeman donne en
principe
desrenseignements
similaires a ceuxfournis par la R.P.E. soit sur 1’etat
fondamental,
soitsur des 6tats excites. Mais elle necessite des raies
étroites,
cequi
est rarement le cas dans les cristaux ou le spectreoptique
estelargi
par l’interaction avec les modes de vibration du reseau ou localises. C’est pour-tant le cas d’ions de transition et des terres rares dans certains cristaux
ioniques,
surtout pour les niveaux peu sensibles aux variations dechamp
cristallin et des excitons. Deplus,
certaines bandespresentent
uneraie « a zero
phonon »
tres finequi
ont rarement eteexplor6es
dans unchamp magn6tique;
ainsi Mn++dans ZnS releverait de cette
technique qui
est beau-coup moins
exigeante quant
a la valeur des diverstemps
de relaxation.VII. Ddtection
optique
de la rdsonanceparamagnd- tique.
- Cette m6thode combine les avantages de 1’ef fet Zeeman et de la R.P.E. sur les 6tats excites. C’estune double resonance
qui
a ete utilis6e d’abord sur lesatomes isol6s et a 6t6 abondamment d6crite
[98-108].
Dans le cas de raies
fines,
sa sensibilite est de loinsup6-
rieure a celle de la R.P.E.
(5
X 105spins).
Consid6rons un schema
simplifie
parrapport
auxcas
pratiques,
tel que celui de lafigure
4. Deux niveauxde
spin
S =1/2,
dans unchamp magn6tique,
ses6parent
en deux doublets. Les raies a, A et B sontFIG. 4. - Schema illustrant la detection
optique
de laresonance
paramagnétique optique
dans un 6tat dou-blet excite ab,
qui
se d6sexcite radiativement dans un6tat doublet fondamental cd. hv est une transition induite par des ondes rf.
6D :
polarisation
circulaire droite,aG :
polarisation
circulairegauche.
polaris6es
circulairement en sens inverse. A bassetemperature, apres thermalisation,
lapopulation
duniveau a est inferieure a celle du niveau b.
La detection
optique
de la resonance dans les 6tats excitespeut
alors se faire par trois m6thodes :a)
ABSORPTION EN POLARISATION CIRCULAIRE. - En observant suivant une directionparall6le
auchamp,
l’intensit6 de la
composante
A va 6tre inf6rieure a celle de lacomposante B
en raison des differences depopulation.
On trace les courbesd’absorption
avecun
analyseur
circulaire droit et unanalyseur
circulairegauche.
M6me si les raies sont treslarges,
on pourra voir und6calage
suivant leslongueurs d’onde,
ce deca-lage
etant dePH (gfondamental + gexcité). L’interprétation
des resultats n’est pas
toujours simple
des que les 6tats fondamentaux et excites ne sontplus
seulement desdoublets. Cette
experience
a 6t6 faite sur les transi- tions4A2 -->4F2 [109]
et4A2 - 4F1 [110]
durubis,
pour U+++ dans
CaF2
et les centres F dans KBr[111].
Asawa et Satten
[112]
ont utilise la mêmetechnique
pour des raies
d’absorption
de Nd+++ dans1’ethylsul-
fate de lanthane.
b)
REABSORPTION SELECTIVE(fig. 4) [115-118].
-En consid6rant
toujours
le memeschema,
on peutimaginer l’experience d’absorption
selective de la raie de fluorescence A par un materiauad6quat.
Dans cecas, si l’on induit des transitions a
--> b,
le totalA
+
B vadécroître,
A 6tantplus
fortement absorbe que B. Cettereabsorption
peut se faire dans 1’echan- tillonlui-m6me, puisque
a bassetempérature d
estplus peuple
que c.Les
premi6res applications
de lareabsorption
s6lec-tive par les niveaux Zeeman de 1’etat fondamental de la fluorescence due aux 6tats excites ont ete faites pour Cr3+ dans
A1203.
La seule raie d’emission
apparaissant
dans le rubis a4,2
OK se trouve a 6 934A
etcorrespond
a la tran-sition
2E(E) 4A2.
La
figure
5correspond
aux niveaux Zeeman pourun
champ magn6tique parallele
a 1’axe desymé-
FIG. 5. - Niveaux et intensités relatives des transitions a
et n entre niveaux Zeeman pour le rubis. H est
parallele
a l’axe c.
6D :
polarisation
circulaire droite.aG :
polarisation
circulairegauche.
trie
[113].
Les intensités descomposantes
sont connues,ayant
ete mesur6es et calcul6es[114].
A tres basse
temperature,
le niveau a est leplus
peuple.
S’iln’y
a pasréabsorption,
lerapport
desintensités
8/p
etajy
va rester3/2 lorsqu’on peuple
leniveau
b,
lafrequence correspondant
a la transitiona ---> b. La lumiere totale
polaris6e
suivant 6 resteraconstante. S’il y a
réabsorption,
Lx et y serontplus
fortement
absorbés,
lapopulation
des niveaux Zeeman 6tantplus
faible que celle des niveaux Dans ce cas, onpeut
detecter la resonanceparamagnétique
entre les niveaux a et b parl’augmentation
de 1’6mission induite.Cette
augmentation
peut atteindrequelques
pourcent. Ceci
permet
de deduire directement le temps de relaxationT1
dans 1’etat excite apartir
de la diminu-tion de 1’emission
apres
coupure de la H.F. Le m6metype d’expérience
a ete fait sur 1’etat exciteE(2E)
de Mn4+ dans
A1203.
On obtient une forte augmen- tation de 1’emissionpolaris6e
circulairementlorsqu’on
se trouve aux conditions de resonance. Le
spectre
est constitue de sixcomposantes hyperfines,
I 6tantegal
a
5/2
pour55Mn,
gll =3,0959 ± 0,007; gj_ I Z 0,3
et
All
= 367 MHz.La meme m6thode a
permis
de montrer que7B
etait tres
long,
le d6clin rapres
coupure des micro- ondes(0,8 + 0,1 ms)
et la duree de vie r, de la fluorescence(0,83 ms)
6taient tresproches,
la relationentre les trois
temps
etant :c)
ETUDE DES SPECTRES 6 et 7u[112].
- Dans leschema
simplifi6,
onpeut
caler unspectrometre
surla raie A et 6tudier son intensite en fonction de la
fréquence v
duchamp électromagnétique, envoy6e
sur1’echantillon. Si hv
correspond a a -->- b, l’int 0
site de Ava augmenter. C’est une amelioration de la m6thode utilis6e pour Mn4+ dans
A1203.
Elle aegalement
6t6utilis6e pour 1’6tude des niveaux excites du rubis.
Conclusion. - Les
premiers
resultats montrentl’int6r8t des
techniques
et des m6thodesemployees.
Dans un certain nombre de cas, en
particulier
pour les resonances d’un 6tat excite d’un centrelocalise,
les resultats ont confirme les modeles connus, et l’in- t6r6t des m6thodes de pompage a surtout reside dans 1’6tude des processus de
relaxation,
donc ducouplage
avec le reseau.
Dans les cas de centres
complexes,
parexemple
dansles
composes
II-VI contenant des traces de metauxde
transition,
la m6thode est trespuissante
et tr6sselective,
et son int6r6t vient dugrand
nombre demodeles souvent
proposes
pour un seultype
de centre.Il semble toutefois que les auteurs ont admis
quelque-
fois
trop rapidement
la correlation entre lespropri6t6s
de luminescence et la
presence
d’un centre d6tect6simultan6ment par R.P.E. L’étude
compar6e
descin6tiques
de la luminescence et dusignal
R.P.E. estindispensable
etpermettrait
depr6ciser
non seule-ment le role des activateurs
principaux
mais aussi celui des coactivateurs etpoisons
de la luminescence.Notons enfin que nous n’avons pas
parl6
de ladouble resonance
magn6tique 6lectronique
et nu-cl6aire
(ENDOR)
et de la mesure destemps
de relaxation en fonction del’éclairement,
m6thodesencore
inexploit6es
en luminescence.BIBLIOGRAPHIE
[1]
BACQUET(G.),
DUGAS(J.)
et GAUTIER(F.),
Miseau
point
R.P.Pâ. défauts cristaux,J. Phys.
Rad., 1966, 27, 97.[2]
KAZNO MORIGAKI,J.
Phys. Soc.Japan,
1964, 19, 187.[3]
ESTLE(T. L.)
et HOLTON(W. C.),
Phys. Rev., 1966, 150, 159.[4]
LUDWIG(G. W.)
et WOODBURY(H. H.),
SolidState
Physics,
vol. 13, Acad. Press, 1962.[5]
BOWERS et MELAMED(N. T),
Phys. Rev., 1955, 99, 1781.[6]
KROGER(F. A.)
et VINK(H. J.), J.
Chem.Physics,
1954, 22, 250.[7]
PRENER(J. S.)
et WILLIAMS(F. E.), J.
Chem.Physics,
1956, 25, 361.[8]
KASAI(P. H.)
et OTOMO(Y.), Phys.
Rev. Letters, 1961, 7, 1, 17.[9]
PORTIS(A. M.),
YAGER(W. A.),
PEARSON(G.
L.), HOLDEN(A. N.),
READ(W. T.)
et MERRITH(F. R.),
Phys. Rev., 1954, 94, 1392.[10]
KARAPETYAN(Yu),
KSENDZATSKAYA(N.)
etYUDIN
(D. M.), Opt. Spectr.,
1964, 15, 33.[11]
DIEIEMAN(J.),
in Luminescence ofInorganic
Solids
(P. Goldberg),
Acad. Press, 1966.[12]
Low(W.)
et RUGINS(R. S.),
LowSymposium
onparamagnetic
résonance, vol. 1, p. 79.[13]
Low(W.),
Phys. Rev., 1957, 105, 793.[14]
AUZINS(P.),
ORTON(J. W.)
et WERTZ( J. E.),
Lowsymposium
onparamagnetic
résonance, vol. 1,p. 90.
[15]
DORAIN(P.),
Phys. Rev., 1958, 112, 1058.[16]
KELLER(S. P.),
GELLES(I. L.)
et SMITH(W. V.),
Phys. Rev., 1958, 110, 850.[17] MATARESE
(L. M.)
et KIKUCHI(C.), J.
Phys.Chem. Solids, 1956, 1, 117.
[18]
WATKINS(G. D.), Phys.
Rev., 1958, 110, 986.[19]
MULLER(K. A.),
Helv.Phys.
Acta, 1955, 28, 450.[20]
MATARESE(L. M.)
et KIKUCHI(C.), Phys.
Rev., 1955, 100, 1243.[21]
MATUMURA(O.), J. Phys.
Soc.Japan,
1959,14,108.[22]
MAC LEAN(C.)
et KOR(G. J. W.), Appl.
Sci. Res., 1955, B 4, 425.[23]
BAKER(J. M.),
BLEANEY(B.)
et HAVES(W.),
Proc. Roy. Soc., 1958, A 247, 141.
[24] BAGGULEV
(D. M.),
BLEANEY(B.),
GRIFFITHS(J.
H.E.),
PENROSE(R. P.)
et PLUMPTON(B. I.),
Proc. Phys. Soc., 1948, 61, 551.