• Aucun résultat trouvé

Les Cahiers de l ENSup Revue scientifique pluridisciplinaire

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Les Cahiers de l ENSup Revue scientifique pluridisciplinaire"

Copied!
25
0
0

Texte intégral

(1)
(2)

Les Cahiers de l’ENSup

Revue scientifique pluridisciplinaire

Directeur de publication

Dr TOURE Ibrahim Sagayar, Ecole Normale Supérieure de Bamako (Mali)

Directeur de rédaction

Dr DIALLO Moro dit Tiémoko, Ecole Normale Supérieure de Bamako (Mali)

Secrétariat de rédaction

Dr COULIBALY Mariam, Ecole Normale Supérieure de Bamako (Mali) Dr MARICO Adama, Ecole Normale Supérieure de Bamako (Mali)

Dr MOUNKORO Hélène Semité, Ecole Normale Supérieure de Bamako (Mali) Dr SANOGO Karidiata, Ecole Normale Supérieure de Bamako (Mali)

Dr CAMARA Abdoul Karim, Université des Lettres et Sciences Humaines de Bamako (Mali)

Dr NOUNTA Zakaria, Université des Lettres et Sciences Humaines de Bamako (Mali)

M. KEITA Tidiane Ferdinand, Ecole Normale Supérieure de Bamako (Mali)

Comité Scientifique et de lecture

Pr DOUYON Denis, Ecole Normale Supérieure de Bamako (Mali) Pr TOURE Saydul Wahab, Ecole Normale Supérieure de Bamako (Mali) Pr BERNARD Jacques-Emanuel université de Toulon (France)

Pr DAFF Moussa, Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal)

Pr MBOW Fallou, FASTEF-Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal) Pr WANE Mohamedoune dit Doudou, Université Nouakchott (Mauritanie) Pr KOUAME Réné Allou, Université Alassane Ouattara de Bouaké (Côte d’Ivoire)

Pr SISSAO Alain, Université de Ouagadougou (Burkina-Faso) Pr ENAMA Patricia Bissa, Université Yaoundé 1 (Cameroun)

Pr YAO Jackim Simplice, Université Peleforo Gon Coulibaly de Korhogo (Côte d’Ivoire)

Pr M’BRAH Désiré Kouakou, Université Alassane Ouattara de Bouaké (Côte

(3)

d’Ivoire)

Pr OTTE Marcel, Université de Liège (Belgique) Pr MONTE Vincente, Université d’Oviedo (Espagne) Pr RENOUPREZ Martine Université de Cadix (Espagne)

Pr MEKAYSSI Abdelmadjid, Université Mohamed V de Rabat (Maroc) Pr MWEPU Patrice Kabeya, Rhodes University (Afrique du Sud) Pr NARBONA Immaculada Díaz, Université de Cadix (Espagne) Pr ALMOULOUD Saddo Ag, Federal University of Pará (Brésil)

Dr CISSE Djibrilla Alhadji, Ecole Normale Supérieure de Bamako (Mali) Dr NASSOKO Douga, Ecole Normale Supérieure de Bamako (Mali) Dr DIAKITE Baye, Ecole Normale Supérieure de Bamako (Mali)

Dr DIA Mamadou, Université des Lettres et Sciences humaines de Bamako (Mali) Pr MAIGA Amidou, Université des Lettres, langues et des Sciences humaines de Bamako (Mali)

Dr MAIGA Ahmadou, Université des Lettres et Sciences humaines de Bamako (Mali)

Pr MINKAILOU Mohamed, Université des Lettres et des Sciences humaines de Bamako (Mali)

Dr TRAORE Amadou, Université de Ségou (Mali) Dr TRAORE Abou, Université de Ségou (Mali)

Dr DIALLO Mamadou Bani, Université des Lettres et des Sciences humaines de Bamako (Mali)

Dr KONE Salifou, Ecole Normale Supérieure de Bamako (Mali)

Dr SIDIBE Fodé Moussa, Université des Lettres et des Sciences humaines de Bamako (Mali)

(4)

Les cahiers de l’ENSup

Présentation de la revue

La revue scientifique internationale et interdisciplinaire Les Cahiers de l’ENSup de l’École Normale Supérieure de Bamako est semestrielle et porte sur les problé- matiques relatives aux sciences humaines et sociales, fondamentales et appliquées.

Elle est dotée d’un comité scientifique et de lecture.

Les Cahiers de l’ENSup entendent promouvoir l’avancement des connaissances sur les problématiques relatives aux domaines cités plus haut favorisant ainsi l’avan- cement des enseignants-chercheurs du Mali et d’ailleurs pour leur permettre de satisfaire les exigences de la Commission Nationale d’Établissement des Listes d’Aptitudes (CNELA) et/ou du Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES).

La revue est de ce fait au cœur des questionnements liés aux sciences humaines, sociales, fondamentales et appliquées avec un accent particulier mis sur l’ensei- gnement-apprentissage des disciplines scolaires, conformément à la vocation de l’École Normale Supérieure de Bamako.

En outre, les numéros publiés par la revue peuvent être thématiques ou à thèmes variés (varia) en fonction des orientations données par le Directeur de publication et le Comité scientifique de la revue.

A ce titre, étant un organe de publication de l’École Normale Supérieure de Bamako la revue est placée sous sa responsabilité administrative et éditoriale. Il est attribué à la revue Les Cahiers de l’ENSup un numéro ISSN.

Quatre instances de gestion assurent le fonctionnement et garantissent la qualité scientifique des articles qui y sont publiés dans la revue.

Instructions aux auteurs Généralité

La revue Les Cahiers de l’ENSup publie deux numéros par an (juin et décembre) dans les langues suivantes : français, anglais, russe, allemand et arabe. Toutefois, au besoin la revue peut publier des numéros spéciaux. Le résumé (250 mots) et les mots clés (5), en plus de la langue de l’article, sont à traduire en français et en anglais.

L’article doit comporter l’indication du prénom et nom (en majuscule), l’institution de rattachement et l’adresse électronique de (s) l’auteur (s).

Le titre de l’article doit être clair et concis éventuellement avec un sous-titre (en

(5)

majuscule).

Manuscrits

L’article soumis à la publication doit être compris entre 10 et 15 pages (tableaux figure, graphiques, bibliographie, etc. compris) avec une marge haut/bas ; gauche/

droite 2.5 cm format A4, Times New Roman 12pts (corps du texte et 14 pour le titre), interligne 1.5, justifié.

Le texte doit être organisé en : Introduction, développement (numérotation struc- ture 1., 1.1, 1.2, 2., 2.1, etc.), résultat, discussions, conclusion, etc.

Illustrations

Le nombre d’illustration est limité à 5 (ex. images, tableaux, dessins, cartes e gra- phiques). Dans le cas des images, elles doivent être au format JPEG, PNG, seules les images de bonnes qualités sont acceptées (minimum 300 dpi, 10×15 cm, 1200×1800 px). Toutes les illustrations doivent être indiquées dans le texte (ex : Fig. 1, Fig. 2, etc.). Les légendes doivent être les plus complètes possibles (ex. titre, date, lieu, auteur, copyright)

NB : Pour les autres cas, la rédaction de la revue proposera un modèle de présen- tation.

Citations

Les références bibliographiques en notes de bas de page ne sont pas ac- ceptées. Elles doivent être insérées dans le texte suivant le principe : Nom auteur ; Année, page.

Les références se présentent de deux manières :

• dans le texte, en mentionnant le nom de l’auteur·(e) et la date de publication directement dans le texte ou entre parenthèses.

Exemples :

• Source narrative : Diallo (2021) estime que...

• Source entre parenthèses : « [...] l’école serait en décadence » (Diallo, 2021, p 12)

• dans la bibliographie, sous la forme d’une référence complète en fonction du type de source ;

Exemples :

• Diallo, M. (2021). L’école malienne de la démocratie. L’Harmattan.

Citations directes (citation des propos d’autrui tels que prononcés ou écrits par l’auteur·(e))

(6)

Une citation de moins de quarante (40) mots est directement insérée dans le texte entre guillemets. Elle figure à la suite de la phrase sur la même ligne.

Une citation de plus de quarante (40) mots est détachée en la faisant précéder et suivre par un retrait de 1,5 cm à gauche et à droite avec une taille de police 10pts sans guillemets.

Exemples :

• Le football selon Marico (2020) c’est « faire des allers-retours en courant ensemble et celui qui marque le plus gagne » (p. 15).

• Un chercheur déclare à ce sujet : « la base de toute recherche c’est la qualité de la méthodologie » (Koné, 2019, pp. 2-3)

• L’intercompréhension entre les hommes est dans l’ordre naturel des choses :

L’homme est un être social qui ne peut se réaliser qu’en relation avec les autres. Cela passe nécessairement par l’acceptation des règles de la vie sociale. Celui qui n’arrive à jouer ce jeu social se retrouve inéluctablement mis à l’écart par les autres. (Coulibaly, 2021, p. 23)

Références bibliographiques

Les références bibliographiques se placent à la fin de l’article se présentent comme suit :

Livres (documents religieux, ainsi que les classiques) Sartre, J.-P. (1938). La Nausée. Gallimard. (Livre papier)

Hobbes, T. (2017). Léviathan ou La matière, la forme et la puissance d’un État ecclésiastique et civil (F. Tricaud, Trad.). Flammarion. https://gallica.

bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65496c.texteImage (Livre électronique) Les périodiques (des revues ; des journaux ; des magazines ; des blogs ; ou des newsletters)

Barbot, J. (1999). L’engagement dans l’arène médiatique. Les associations de lutte contre le sida. Réseaux. Communication-Technologie-Société, 17(95), 155-196. (Sans DOI)

Sabouret, J.-F., (2011). L’Asie-monde. CNRS Éditions. https://doi.org/10.4000/

books.editionscnrs.11635 (Avec DOI)

Hobbes, T. (2017). Léviathan ou La matière, la forme et la puissance d’un État ecclésiastique et civil (F. Tricaud, Trad.). Flammarion. https://gallica.

bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65496c.texteImage (Avec URL) Sources internet

(7)

de la Brosse, J. (2020, 2 février). La lutte contre les promos trompeuses se durcit.

Le Monde. https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/02/02/la- lutte-contre-les-promos-trompe-uses-se-durcit_6028149_3234.html NB : pour les sources et références qui ne figurent pas dans ce document, prendre contact avec le comité de rédaction de la revue Les cahiers de l’ENSup qui vous indiquera le modèle à suivre. Adresse email : lescahiersdelensup@gmail.com Critères d’évaluation

Les articles soumis à la revue seront évalués avec grille sur les critères suivants : 1. Pertinence et originalité de l’article :

• La problématique est-elle pertinente au regard des objectifs de la revue ?

• Est-ce que l’article apporte un contenu nouveau ou une analyse critique en- richissante ?

• Est-ce que la façon d’aborder le sujet et de l’analyser contribue à l’avance- ment des connaissances ?

• Est-ce que le thème ou sujet fait l’objet d’une argumentation adéquate ? 2. Qualité et portée du cadre théorique :

• Est-ce que le cadre théorique est bien explicité et cohérent avec la problé- matique ?

• Est-ce que les concepts sont clairement définis ?

• Est-ce que les références citées sont adaptées, pertinentes, suffisantes, diver- sifiées et récentes ?

• Pour un texte à vocation principalement non empirique : Comment éva- luez-vous la portée du cadre théorique développé (pertinence et ampleur de la contribution pour le champ étudié) ?

3. Cohérence et rigueur de la méthodologie :

• La méthodologie est-elle clairement expliquée ? (Échantillon, méthode de recueil de données, méthode d’analyse)

• Est-ce que la méthodologie est cohérente avec la problématique ? Per- met-elle d’obtenir des résultats pertinents ?

4. Qualité de l’analyse et/ou de la discussion :

• Comment évaluez-vous la richesse de l’analyse et/ou de la dis- cussion ?

• Est-ce qu’elles répondent aux objectifs annoncés au début du texte ? 5. Clarté et structure du texte, qualité de la langue :

• Est-ce que le texte est structuré de manière cohérente ?

(8)

• Les conclusions sont-elles dégagées clairement ?

• La grammaire, la syntaxe, l’orthographe sont-ils satisfaisants pour une pu- blication scientifique ?

• La longueur : sauf cas exceptionnels décidés à l’avance par la rédaction, la revue ne publie que des articles ne dépassant pas 46 000 caractères espace compris soit entre 10 à 15 pages, bibliographie incluse.

(9)

SOMMAIRE

Salifou KONE LA CONSTRUCTION MEDIATIQUE DES USAGES NUMERIQUES DES LYCEENS 11

Bérédougou KONE

IDENTIFICATION DE SITUATIONS COMPLEXES DANS LES EPREUVES D’EVALUATION CONTINUE EN

SCIENCES DE LA VIE ET DE LA TERRE DANS LA CLASSE DE 10E, DE 11E ET DE TSE.

28

Gildas ABI-KABEROU Mathias KEI

REPRESENTATIONS SOCIALES DU LEADERSHIP PEDAGOGIQUE PAR LES ENSEIGNANTS DES ENI SELON LEUR NIVEAU D’INSTRUCTION

42

Victorien KOUMBA PAMBO L’EVOLUTION DE LA NOTION DE

SIGNE DE L’ANTIQUITE A NOS JOURS 57

Aya Augustine TAKORE-KOUAME RESTRUCTURATION DU SYSTEME DE DETERMINATION NOMINALE EN

FRANÇAIS IVOIRIEN 70

Dahamane MAHAMANE

AN ANALYSIS OF THE ISSUE OF EQUITY IN THE AMERICAN SYSTEM OF EDUCATION FROM A LEGAL PERSPECTIVE

84

Amidou TOURE

L’ELECTION PRESIDENTIELLE IVOIRIENNE DE 2020 DANS LA PRESSE FRANÇAISE : LA FUSION/CONFUSION DU JOURNALISTE ET SON

POSITIONNEMENT AXIOLOGIQUE.

99

Sandry Richard Dohounkui GBETEY L’IROKO DE STELLA LOMSE : L’AUTOBIOGRAPHIE DES LEURRES

ET DE L’AILLEURS 114

(10)

Richmond Alain KONAN Gaël NDOMBI-SOW

L’IDENTITE D’UNE CONNEXION

« MALE HOMOSEXUALITY » DANS LE ROMAN AFRICAIN : APPROCHE D’UN NOUVEAU RESERVOIR SEMIOLOGIQUE

129

Laurent Kignilman TOURE

ANALYSE STYLISTIQUE ET POETIQUE DU CODE GENERIQUE DANS CHAKA DE L. S. SENGHOR : IDENTITE D’UNE POÉSIE DE LA SUBVERSION

143

Rodrigue NDONG NDONG

L’IMPASSE EXISTENTIELLE D’UN PERSONNAGE BALZACIEN : LA

« RESURRECTION » PROBLEMATIQUE DU COLONEL CHABERT

156

Oumar HAMADOUN Mamadou M DIARRA Tamba CAMARA Aboubacar S DRAME

ETUDE ENERGETIQUE DU SECHAGE : APPLICATION AU SECHAGE DES

PLANTES MEDICINALES 169

Julienne SOGBOU-ATIORY

CONTRAINTES DE DEVELOPPEMENT DE L’ACTIVITE MARAICHERE DANS LA SOUS-PREFECTURE DE JACQUEVILLE

182

Esmel Junior Brice KOUEH, Moïse Antoine DIECKET, Koffi Lazare ATTA

AGRO-INDUSTRIES ET

MODERNISATION DU CADRE DE VIE : L’ESPACE RURAL LODJOUKROU (COTE D’IVOIRE)

198

Pauline A. DIBI-ANOH

RECURRENCE DES INONDATIONS EN AFRIQUE DE L’OUEST : CAS DES VILLES DE NIAMEY, ABIDJAN, DAKAR ET LAGOS

214

(11)

L’IROKO DE STELLA LOMSE : L’AUTOBIOGRAPHIE DES LEURRES ET DE L’AILLEURS

Sandry Richard Dohounkui GBETEY Université d’Abomey-Calavi (Bénin)

gbeteysandry@yahoo.fr

Résumé

Roman réaliste, tant du point de vue des thèmes que de la construction du cadre spatio-temporel et des personnages, L’Iroko de Stélla Lomsé est une œuvre à clés.

Le parcours initiatique d’Éméfa Egbadja entre l’Occident et l’Afrique est complexe et ponctué d’embûches qui mettent en exergue, avec un déséquilibre évident, les tares de l’un et l’autre des deux cadres référentiels. Les projecteurs sont focalisés sur Babah’dé et les pratiques indécentes qui y ont cours, dans les sphères politique et religieuse. Cette étude essentiellement sociocritique donne un aperçu général de l’œuvre.

Mots clés : L’Iroko – roman policier –féminisme – roman autobiographique – vodou

Abstract

This realistic novel, both from the point of view of the themes and the construction of the space-time frame and the characters, L’Iroko of Stella Lomsé is a key work.

Éméfa Egbadja’s initial career path between the West and Africa is complex and punctuated with pithfalls that highlight, with an obvious imbalance, the flaws of both two reference frameworks. The spotlights are on Babah’dé and the indecent practices that take place there, especially in the political and religious spheres. This essentially sociocritical study gives only a general overview of the work

Key words : L’Iroko - crime novel - feminism - aotobiographical novels - vodou Introduction

Paru en 2020, chez Librinova (autoédition) en France, L’iroko est le premier roman de Stella Lomsé, Marie-Estelle Midiohouan à l’état civil. Le choix éditorial laisse dans ce roman, de belle facture, les traces d’une négligence regrettable : les coquilles et les tics récurrents qui en affectent la qualité. Il s’agit, pour l’essentiel, d’un récit porté par une instance narrative unique et omnisciente. Les aventures d’Eméfa Egbadja, jeune dame impétueuse et téméraire occupent l’avant-plan des trois

(12)

tableaux successifs où elle apparaît en conflit avec des antivaleurs érigées en mode de gestion, notamment dans les sphères économique, politique et religieuse. En toile de fond, transparaissent diverses préoccupations contemporaines : difficultés des immigrés noirs à s’intégrer en Occident, conditions de la femme dans un monde phallocratique, corruption des élites politique, religieuse, économique, etc. Ce roman atypique qui surfe astucieusement sur la structure du polar est porteur d’un souffle profondément féministe. Les coïncidences délibérément entretenues par l’auteure entre le personnage principal Éméfa Egbadja et elle-même inclinent à considérer cette œuvre, d’un volume de 219 pages, comme une fiction autobiographique (Lejeune, 1975.). Elle est d’une structure externe éclatée en dix-huit (18) sections dont les volumes oscillent entre trois (3) pages (section 18 : « ô beau miroir, dis- moi … ») et vingt (20) pages : (section 13 : « La sauce locale : rendez-vous au pays du Grand N’importe Quoi »). Les contrariétés et le sentiment de dépit sont assez prégnants dans ce roman, à travers les expériences d’Éméfa Egbadja et de Brice M’Don notamment. Le pays d’origine, pour ses deux protagonistes expatriés, apparaît comme une terre inhospitalière au point de leur faire préférer l’ailleurs à celui-ci.

Nous proposons, dans cette étude qui concilie sociocritique et théorie du texte, une analyse de l’œuvre en quatre axes à savoir : l’œuvre comme un vrai faux roman policier, comme un roman féministe sur fond de crise identitaire, comme un palimpseste et comme une fiction autobiographique.

1. Du vrai faux roman policier au kaléidoscope du pays d’origine

L’Iroko de Stella Lomsé laisse, a priori, l’impression d’un roman policier ; tant le suspens et les effets de leurre y abondent. Mais pour peu que l’on s’attarde sur la structure interne de l’œuvre, cette illusion se dissipe et laisse découvrir un roman classique. Le roman policier se construit, en effet et indifféremment de ses variantes, sur la base d’un crime aux contours initialement confus, d’une enquête puis d’un dénouement, synonyme d’élucidation du crime ; de sorte à partir d’un mystère vers les personnages. Or, dans le cas de L’Iroko, cette trajectoire est inversée. (Boileau- Narcejac, 1975 : 83.)

Abigaël Do, un des protagonistes de l’histoire engagé dans les négociations afférentes au sort de l’iroko disparait brutalement après l’abattage, au chapitre 9, soit à la moitié du roman ; ses deux collègues Brice M’Don et Éméfa Egbadja sont interpellés pour les besoins de l’enquête, leur employeur Eddy Tadjo les abandonne à leur sort. Libérés sous caution, l’un des deux protagonistes (Brice) s’empresse de regagner son pays d’adoption, l’autre (Éméfa Egbadja) à l’inverse, est déterminée à démêler l’écheveau de l’intrigue dont ils semblent victimes. Elle mobilise son

(13)

compagnon d’infortune et l’amène à faire le chemin de l’enquête, un chemin de croix au bout duquel le mystère est demeuré intact, laissant évidemment un goût d’inachevé qui légitime l’attente d’une suite de l’histoire

À l’évidence, des aspects du roman policier sont manifestes dans ce récit et contribuent à en renforcer le rythme et le suspense. Le « plaisir du texte » consubstantiel à ce procédé est entier dans ce roman fort suggestif. L’intérêt de l’histoire du meurtre probable d’Abigaël est tout à fait décisif. Car ce fait est générateur d’une série de péripéties qui mettent en relief les tares de la société de Babah’dé : le pouvoir judiciaire semble inefficace, cruel et corrompu autant que le pouvoir politique. En témoigne cette séquence relative à l’arrestation d’Éméfa Egbadja :

Éméfa Egbadja?

- Oui? Répondit la jeune femme d’une voix d’outre- tombe.

- Veuillez nous suivre. Nous avons ordre de vous conduire au poste de police. » Interloquée, elle regarda l’agent et demanda : « Pourquoi ? Pour quels motifs ?

- Nous avons l’ordre, c’est tout. Personnellement, je n’en sais pas plus.

(Lomsé, 2020 : 108.)

Le défaut d’un mandat d’amener dûment établi en dit long sur cette composante de l’État de Babah’dé. La police apparaît, tout au long du roman, comme un instrument de violence injustifiée et d’intimidation exercées sur les populations. La descente abusive de la gendarmerie au domicile des parents d’Éméfa met davantage en évidence l’incohérence de cette institution, comme il apparaît dans l’extrait ci- dessous :

Il eut du remue-ménage dans la cour. La porte communicante entre la cuisine et le séjour s’ouvrit et Dodji, le gardien chauffeur, fut bientôt dans le salon, apeuré. Il s’avança et, se penchant vers Tatie, chuchota :

- « Maman, Maman ! Des gendarmes ! Ils sont dehors, ils vous demandent. Ils sont pleins ! » Tatie le regarda longtemps sans le voir, regrettant que son mari soit absent. (…). Elle éteignit le téléviseur et sortit, le visage fermé. Une multitude d’hommes en uniforme était effectivement sur le perron. (…) « Bonjour, madame Egbadja.

- Qui vous a autorisé à entrer ? (Lomsé, 2020 : 190.)

Le pouvoir politique dans l’intrigue de ce roman est représenté par Eddy Tadjo, par le chef d’arrondissement du CBO et par les ministres de l’environnement et de l’intérieur. Si les deux derniers personnages illustratifs du pouvoir politique de Babah’dé sont absents dans le cours de l’histoire, les deux premiers sont bien actifs et leur contradiction sur la nature du projet relatif au CBO révèle un cafouillage

(14)

dans le fonctionnement de l’État de Babah’dé.

Eddy Tadjo qui s’est présenté à Éméfa à Suresnes comme responsable de projet n’était pas plus qu’un représentant de sponsor :

- Lui là, c’est qui, vous croyez ? Coupa le CA d’un ton méprisant, je vous dis qu’il n’a jamais rien eu avec CBO. On lui a donné le budget développement durable comme ça, c’est tout ! Techniquement, il n’y connaît rien ! C’est un sous-fifre du PR. (Lomsé, 2020 : 161-162.)

Le fait qu’Eddy Tadjo se volatilise après l’abattage de l’Iroko, abandonnant Brice et Éméfa dans la tourmente n’incline pas à douter du portrait que le CA dresse de lui. Son train de vie ultra luxueux, dans un pays en proie à une misère endémique, renforce le soupçon d’un enrichissement illicite. L’image de l’élite qu’il incarne dans cette fiction est terne et cruelle.

Les ministres rendus symboliquement absents dans l’histoire correspondent, dans la société de référence à laquelle renvoie Babah’dé et dans la plupart des pays africains, à la pléthore de ministres et autres collaborateurs inutilement onéreux pour le contribuable. Cette situation contribue évidemment à aggraver la précarité, à enliser les populations dans la misère.

La situation des infrastructures n’est pas, non plus, des plus enviables. Les routes, à titre d’exemple, sont dégradées et rendent la vie davantage pénible aux populations.

Le contraste relevé par le narrateur entre la qualité des infrastructures de Cap Coast en république anglophone de l’Ouest et celles de Babah’dé met en cause la pertinence des paradigmes issus de l’impérialisme français, pour le développement des pays africains. On peut ainsi lire : « Ici, les infrastructures routières avaient deux décennies d’avance comparées à celles de Babah’dé. On se croirait en Amérique du Nord avec ces voies extra larges et ses échangeurs en grand huit, et puis, avec la propreté des axes et des façades, (sic) des commerces. » (Lomsé, 2020 : 126.) La situation désastreuse de Babah’dé ne semble curieusement indigner personne. Cette résignation complaisante des populations vis-à-vis de l’élite politique corrompue dans le macrocosme Babah’dé fait écho, à sens inverse, au microcosme intérieur de l’héroïne Éméfa Egbadja qui oppose à cette situation une résistance obstinée.

2. Un roman féministe sur fond de crise identitaire

L’Iroko met en relief une héroïne aux prises avec différents symboles du mâle dominant, des dérives patriarcales. L’incipit du roman confronte d’emblée le lecteur au bras de fer engagé par Éméfa Egbadja, employée frustrée de Back and Forth Bank à Suresnes en Occident, contre le directeur de l’entreprise M. Stern. On la voit, plus loin, s’opposer fermement à Eddy Tadjo et, dans une moindre mesure,

(15)

contester le paternalisme de son père, pour se résoudre à prendre entièrement le contrôle de sa vie. Le caractère combatif de l’héroïne Éméfa Egbadja s’est, en fait, construit progressivement : entre le cercle familial, à Babah’dé et Suresnes en occident, milieu de naissance et d’adoption. L’enfance de l’héroïne est marquée par une certaine habitude de la peur, à la différence de son jeune frère qui semble très tôt enclin à l’audace et à une lucidité remarquable, comme il apparaît à la lecture de cet extrait :

Lorsqu’elle déboucha devant l’Iroko, elle se demanda encore s’il fallait passer en dessous. A l’époque, certaines nuits dans le quartier de la maison familiale, il y avait des rites du vent. (…) Il ne fallait pas sortir. Éméfa se terrait sous son lit, pendant que son frère tentait, par la fenêtre, de trouver une explication rationnelle au phénomène. (Lomsé, 2020 : 71-72.) (C’est nous qui soulignons)

Éméfa a été probablement façonnée par un environnement culturel discriminant.

Elle a souffert de l’influence néfaste de cette culture de la peur qui l’a longtemps conditionnée au complexe d’infériorité et subséquemment à un certain défaut d’estime de soi. L’indigence affective, synonyme de déséquilibre intérieur qui fait rechercher constamment l’appui des autres a caractérisé, en effet, les premiers moments de l’immigration d’Eméfa à Suresnes. Le sourire ou autres reflexes de courtoisie spontanée qu’elle (Noire-Africaine) affiche à l’égard des autres (Occidentaux) se heurtent à un mur d’indifférence, voire de mépris. C’est dans cette atmosphère austère qu’elle fait la connaissance de Lou, une de ses camarades étudiantes. L’influence de Lou l’affranchit de ses complexes. Son rapport à l’environnement rude et individualiste de Suresnes change à partir de ce moment comme le relève si bien le narrateur :

Lou lui avait expliqué qu’ici, elle devait paraître moins gentille. C’était culturel.

(…). Alors, petit à petit, dans les transports en commun, elle ne laissait plus personne lui passer devant (…) Dans la rue, elle ne souriait plus aux gens dont elle croisait le regard, comme elle avait tendance à le faire. (Lomsé, 2020 : 30.)

C’est donc une personnalité soumise à deux courants que le lecteur découvre dans le face à face de l’incipit. Le courant de Babah’dé symbolisé par l’autorité du père attaché au pays d’origine et le courant de Suresnes incarné dans le personnage de Lou, son mentor. Le père considérant Suresnes comme un pays étranger à sa fille, alors que celle-ci, sous l’influence manifeste de Lou, le voit désormais comme son pays, à elle aussi, pour y avoir vu le jour. Le narrateur rappelle justement les liens particuliers d’Éméfa avec ce pays :

Éméfa n’était pas immigrée, car elle était née dans son pays d’adoption occidental.

Or, elle n’y était pas restée. Son père avait fait rayer la mention « et de nationalité » sur son acte de naissance. Depuis, c’est Babah’dé, son pays d’origine qui l’avait pétrie. (Lomsé, 2020 : 28.)

(16)

Éméfa a décidé d’entrer dans ses droits de citoyenne en engageant la procédure nécessaire à cet effet :

Son père n’avait jamais bien accepté qu’elle parte définitivement. La plus petite évocation d’un voyage dans l’autre sens l’animait immédiatement. Elle avait passé sous silence les démarches de naturalisation qu’elle pouvait faire. (…). Ce fut bien plus tard qu’elle avait « avoué » à ses parents qu’elle était désormais « citoyenne » sans s’attarder sur les détails de la procédure. (Lomsé, 2020 : 36.)

L’envie de s’intégrer à Suresnes est manifeste chez l’héroïne. Mais la double discrimination raciale et sexiste en vigueur dans son milieu professionnel semble entraver son élan et la pousse à la révolte :

Elle (Éméfa) ouvrit avec fracas la porte de l’antre du directeur général de Back and Forth Bank. (…) Eméfa se sentit soudain impressionnée par la stature de l’homme. (...) « Monsieur Stern, bonjour. Je suis Eméfa Egbadja. Je travaille dans votre société depuis cinq années maintenant. Au même poste. Monsieur, je monte vous voir, car je me le demande : auriez-vous quelque chose contre les femmes ? (Lomsé, 2020 : 14-15.)

La sérénité de Stern a l’avantage de mettre en relief la fougue d’Éméfa Egbadja :

« Cette entreprise est machiste, monsieur Stern. Ҫa c’est un constat classique. Mais elle est aussi raciste (…) BF est machiste, Monsieur. BF est machiste et raciste. Je suis désolée, mais il fallait que je vienne vous le dire. » (Lomsé, 2020 : 16-17.) Le face à face met en relief à la fois une tension entre l’employée (Éméfa) et l’employeur (Monsieur Stern), et une crise entre une immigrée et son milieu d’adoption. L’hostilité du milieu vis-à-vis de cette jeune femme est un handicap à son intégration, voire un motif d’effondrement émotionnel et d’enfermement de l’immigré sur ses « appartenances verticales » (Maalouf, 1998). La réaction d’Éméfa qui a été incidemment informée de l’existence de BF Bank « d’un algorithme minutieusement pensé (destiné) à la catégorisation des collaborateurs » explique sa révolte. Stern n’a pas manqué de prendre la mesure de cette révolte à laquelle il répondit par une promotion à l’avantage de la jeune dame. Mais la méfiance entre cette immigrée, ballotée entre l’idée du retour au pays d’origine et celle du maintien dans le pays d’adoption, et son employeur a altéré leurs rapports au point qu’elle finit par rompre, sous l’effet de l’offre d’Eddy Tadjo. Une offre qui semble sonner comme un appel du pays d’origine.

Dans la précipitation, Éméfa démissionne de son poste et embarque pour Babah’dé, en Afrique, dans le golfe de guinée. Son retour fut célébré avec ferveur. Il y eut du monde et de la joie dans le cercle familial. Mais elle ne s’y est pas fondue pour autant. D’ailleurs, sa pensée en réaction à la réponse de ses parents, lorsqu’elle exprime l’impasse probable dans laquelle son impatience peut la conduire, est

(17)

illustrative de son caractère insaisissable : « « Tu es à la maison. » avaient conclu ses parents. Elle eut envie de répondre qu’elle avait sa maison ailleurs et qu’elle s’y sentait bien, mais tombant de fatigue, elle n’eut pas le courage de provoquer une nouvelle discussion. » (Lomsé, 2020 : 45.) Elle quitte, au bout de quelques temps, la maison familiale pour louer un logis, dans l’environnement immédiat du couvent.

Le contact avec Eddy Tadjo et l’équipe de travail ne manque pas de bousculer la hiérarchie. Elle s’adressa à « l’éminent conseiller » du chef de l’État sans circonspection, l’appelant directement par son prénom « Eddy ». Elle s’imposa à Brice qui semblait frustré de l’implication d’une nouvelle personne dans le projet.

Elle voulut régler les détails de son contrat dans le projet avec Eddy Tadjo, dès les premiers moments de son retour à Babah’dé. Mais sa passion pour la mission la distrait et lui fait occulter cette étape essentielle.

Elle se trouve progressivement au cœur de la tension entre les porteurs du projet et les victimes potentielles de l’urbanisation. La complexité des épreuves qu’elle dut affronter, à partir de la chute de l’iroko, révèle sa bravoure. On la découvre, de plus en plus, exposée au danger mais tout autant déterminée. Elle se rend à Cap Coast en république anglophone de l’Ouest, après leur sortie de prison, comme le montre ce passage, pour convaincre Brice à s’engager dans la traque de l’imposteur Eddy Tadjo : « Que devait-elle faire : utiliser le billet retour (pour l’occident) qu’elle avait ou rejoindre Brice à l’Ouest ? (…) Elle entra dans une agence de transport local (sic). Elle ne pouvait retourner à Suresnes, ils devraient prouver leur innocence » (Lomsé, 2020 : 124-125.)

Les péripéties de la traversée du Cap Coast à la république anglophone de l’est mettent constamment en lumière le sens élevé d’initiative d’Eméfa et, a contrario, les hésitations récurrentes de Brice.

L’engagement d’Éméfa est remarquable. Il est intégré dans la dynamique idéologique de l’ensemble de l’œuvre en ce sens qu’il correspond, dans une certaine mesure, aux élans d’autres personnages féminins de cette fiction. Sa mère qui mit en déroute le détachement de gendarmes débarqué chez elle, au mépris de la procédure réglementaire, est autant que son amie Lou, l’illustration d’un féminisme explicite.

Le contraste entre Brice (faiblement motivé) et Éméfa (très déterminée) peut être évoqué en comparaison du cas de la mère et du gardien chauffeur : la mère d’Éméfa manifeste, en présence des gendarmes, une conscience décomplexée, à l’opposé de Dodji, le gardien chauffeur de la famille, qui se montre apeuré.

Le personnage de Lou, tant par son nom que par le rôle que l’auteure lui assigne dans l’intrigue, fait penser à la féministe germano-russe Lou Andreas-Salomé dont la proximité intellectuelle avec Rainer Maria Rilke, entre autres, était bien connue.

(18)

Les deux sont des précurseurs du féminisme occidental. Le fait que l’auteure fasse coïncider ces deux noms dans son roman n’est pas anodin. On a une pensée motivante de Rilke dans l’épigraphe et, tout au long de l’œuvre, Lou, personnage féminin et mentor d’Eméfa. L’évocation de l’écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie, auteure du manifeste Dear Ijeawele1 comme auteure préférée, entre autres, d’Eméfa renforce la connotation féministe de ce roman. Lou est en effet le personnage qui insuffle du courage, de la fierté à Éméfa.

Le destin de maman Sissi, la mère d’Abigaël Do, est moins heureux que celui des autres personnages féminins de L’Iroko. Il est tragique et peut être considéré comme le symbole du drame de toutes les femmes victimes de la corruption notamment de l’élite politique dans les pays africains représentés par la république pertinemment dénommée Babah’dé. Le silence entretenu par le narrateur omniscient au sujet du mari de cette dame dévouée est criant et donne du relief à la satire habile et mordante de l’ordre social en vigueur à Babah’ dé.

3. De l’hypertextualité à fort ancrage vodou

L’hypertextualité, est évoquée ici dans le sens où l’entend Gérard Génette, à savoir : les différentes sortes de relations possibles entre un texte B (hypertexte) et un texte antérieur A (hypotexte). (Genette, 1982.). Il s’agit des rapports entre un ouvrage et les modèles possibles qui en ont inspiré la création. L’Iroko de Stélla Lomsé, comme toute œuvre naît des germes d’œuvres antérieures à l’égard desquelles elle apparaît comme un prolongement, comme l’illustration d’une rupture, comme une singularité, etc. Le fond culturel vodou domine largement ce roman à travers lequel son auteure manifeste une conscience particulière. Nous examinons donc, à cette étape les liens que ce roman entretient avec d’autres œuvres de la littérature, voire des arts relatifs au vodou.

La première remarque a trait au titre de cette fiction (L’Iroko) : à l’évidence, il est, à une nuance près ; identique à celui de l’essai (L’IROKO), de Mahougnon Kakpo. Cet essai publié en 2017 est en effet consacré à l’iroko. La lecture des deux ouvrages met en lumière un substrat socioculturel unique ressortissant à l’identité vodou. L’essai présente les pouvoirs (vertus) de l’iroko et tend à alléger le mystère qui entoure cet arbre. Le roman, à l’inverse, met en perspective l’iroko comme un

1 Manifeste pour une éducation féministe, traduit de l’anglais en français par Marguerite Capelle, sous le titre de Chère Ijeawele publié à Paris, chez Gallimard, en 2017. Il s’agit d’une lettre adressée à une femme qui sollicite des conseils de l’auteure, pour l’éducation des enfants. En quinze points, Chimamanda Ngozi Adichie y expose sa conception du féminisme qu’elle place au-dessus du simple sexisme, en exhortant à une conscience globale du féminisme. Dans cette perspective, le féminisme n’est pas envisagé comme une défense exclusive des droits de la femme, mais comme une défense des droits du genre humain à être heureux du plein épanouissement de la femme. Et cette vision du monde doit être enseignée aux enfants dès le plus jeune âge, indifféremment de leurs sexes

(19)

fantôme, une entité prétexte à des abus de toutes sortes dans un espace imaginaire.

L’essai donne en effet une version du mythe fondateur de l’iroko, arbre sacré de la cosmogonie vodou. On découvre dans cette version qu’au commencement déjà, à une époque immémoriale, l’iroko attirait du monde et faisait, de ce fait, l’objet de convoitise :

L’Iroko répondait aux sollicitations des populations qui venaient requérir son assistance et trouvaient des solutions idoines à leurs préoccupations. En retour, les requérants se prosternaient à ses pieds, lui offraient des présents et bénéficiaient à nouveau de ses bénédictions. (…) Mais toutes ses activités n’étaient pas du goût des autres frères et sœurs de l’Iroko qui en étaient devenus aigris. (…). Ils allèrent par conséquent trouver Gu qui consentit à les aider à en finir avec l’Iroko. (Kakpo, 2017 : 62.)

On perçoit bien que « l’Iroko » est, dans ce récit, au cœur d’une intrigue ourdie par ses proches, ses frères et sœurs en l’occurrence. Mais grâce à la sagesse du Fa, il échappe au complot de cette fratrie malveillante. Il fut, au contraire, raffermi dans ses pouvoirs et consacré vodou.

L’entité Gu est en effet le dieu qui ouvre les chemins du Bonheur, qui dégage infailliblement les obstacles, à coups de destruction sanglante et brutale. Les armes tranchantes sont notamment ses auxiliaires. Le jour de l’exécution de la mission dirigée contre l’Iroko, ses agents que sont la hache, le coupe-coupe, la pioche etc.

se trouvèrent hypnotisés par la nouvelle apparence de leur cible, au point de s’en retourner chanter la gloire de l’Iroko à Gu, leur Maître :

Loko est devenu Vodun et donc invulnérable/ Loko est devenu Vodun et donc invulnérable/ Pour la guerre qui est arrivée (…) / Le voici devenu Vodun et incontestablement invulnérable /Pour la guerre qui est arrivée/ Loko est devenu Vodun et donc invulnérable (Kakpo, 2017 : 67-68.)

Il est donc établi dans les cultures fondées sur l’identité vodou, notamment dans le golfe de guinée, que l’iroko est un arbre sacré. Mais comme l’expose Mahugnon Kakpo dans cet essai, la croyance multiséculaire des peuples du golfe de guinée en la divinité de l’iroko est sous-tendue par des raisons objectives. Car, comme les recherches scientifiques le révèlent aujourd’hui, nombre de propriétés attestées de cet arbre justifient tout l’intérêt qui lui est accordé.

Dans le roman, l’iroko se trouve également au cœur d’une intrigue relative à son abattage pour des raisons d’urbanisme ; défenseurs de « l’arbre fétiche » et potentiels profanateurs tentent de s’accorder sur un compromis quand brutalement, l’arbre fut arraché ; par qui ? Véritable énigme. Il s’ensuivit la disparition d’Abigaël Do, autochtone du quartier C, membre de l’équipe d’Éméfa Egbadja et ancien adepte vodou reconverti au christianisme, comme son prénom le suggère. Il est

(20)

déclaré mort quelques temps après, dans une confusion qui laisse planer le doute sur la véracité de l’information. L’Iroko entretient également des liens avec d’autres fictions inspirées du même environnement référentiel.

L’iroko comme prétexte à la résistance des dignitaires vodou à une promesse de progrès actualise manifestement la nouvelle « L’arbre fétiche » de Jean Pliya. Cet hypotexte est davantage perceptible avec la présence d’un personnage nommé Dossou Enagnon, dignitaire et défenseur de l’iroko dans l’hypertexte que constitue L’Iroko de Stélla Lomsé. Le rôle de Dossou le bûcheron dans l’hypotexte est dissipé dans ce roman. « L’arbre fétiche », faut-il le rappeler, est l’histoire d’un iroko situé sur l’emprise d’une voie publique en construction à Abomey. Paul Lanta, le commis aux travaux de construction, a décidé de faire dégager cette entrave. Il parvint à cet effet à engager Dossou le bûcheron, un autochtone pour la tâche. L’accord fut trouvé et la tâche accomplie ; mais avec, au bout du compte, la tragédie où coïncidèrent la chute spectaculaire de l’iroko et la mort sanglante du bûcheron. On retrouve, de part et d’autre des deux textes, deux invariants : 1) l’iroko, entité intangible, 2) le sacrilège (son abattage).

L’iroko est présenté dans le texte de Jean Pliya comme un obstacle à la construction d’une route. Dans le roman de Stélla Lomsé, il est visé par le prétexte d’un projet d’urbanisation qui dissimule la volonté perfide d’Eddy Tadjo de le liquider pour des intérêts inavoués. Son abattage dans l’hypotexte est un spectacle fantastique qui confronte le lecteur à la puissance de l’iroko. Dans l’hypertexte en revanche, le narrateur omniscient fait abstraction des détails de l’abattage. Il n’en présente que le résultat ; ce qui semble ôter à l’arbre la dimension sacrée que Jean Pliya sut mettre en évidence, à travers ce passage où on perçoit clairement le sort de Dossou :

Le tronc, brusquement, s’affaissa. Le parasol vert noirâtre bascula en direction du sentier. La panique figea sur place les assistants. (…). La feinte de l’adversaire le stupéfia. Désemparé, il voulut fuir. Mais sa jambe éclopée ne suivit pas l’élan de tout l’être qui tentait d’éviter le choc mortel. (…), une terrible volée le plaqua au sol. (…). Les entrailles avaient giclé hors du ventre. (…) Le crâne était devenu une pâte innommable, mélange de cervelle blanchâtre, de cheveux terreux et d’os écrasés. (Pliya, 1977 : 25-26.)

Dossou fait figure, dans l’hypotexte, de martyre de la modernité. À l’inverse d’Abigaël Do et de l’iroko qui sont, dans l’hypertexte, manifestement victimes d’un complot ourdi par Eddy Tadjo.

L’iroko est traité avec une certaine déférence dans l’hypotexte. Jean Pliya ménage en effet les croyances du milieu référentiel de sa fiction, en construisant son récit sur un fond d’embarras qui ne permet pas d’affirmer qu’il défend ou non les traditions symbolisées par l’iroko : il l’a fait couper, au prix de la vie du personnage

(21)

Dossou. En revanche, le vodou, l’iroko notamment, apparaît, sous la plume de Stélla Lomsé comme un lieu de corruption, de travestissement des valeurs éthiques.

Le signe de l’engagement univoque de l’auteure à critiquer des pratiques vodou se trouve dans l’ethos d’Eddy Tadjo, personnage clé et cerveau de la machination profanatoire contre l’iroko et le couvent bâti à son ombre. Il est manifestement un homme corrompu qui se réclame initié vodou, depuis son enfance jusqu’à un haut degré de consécration : « J’ai été prêtre vodoun, Eméfa. Ma mère était grande prêtresse dans le couvent du quartier C. (…) “elle servait le dieu de la variole, Sakpata. Elle m’a conçu à l’intérieur du couvent, j’ai donc été d’office offert à cet esprit. On m’a initié très jeune”. » (Lomsé, 2020 : 96.)

La tenue éthique d’Eddy Tadjo tend à discréditer le milieu vodou où il fut conçu et éduqué. D’ailleurs, ne garde-t-il pas, avec ce monde, des liens intimes, à travers les objets ésotériques conservés en mémoire de sa mère ? Son goût effréné pour le luxe, au mépris du sort des autres, son manque d’empathie et son caractère fourbe font de lui une synthèse d’antivaleurs, une antithèse de Marc Kofi Tingo, médecin humble et dévoué à la cause du bien-être de la population rurale de Oukô (Bhêly-Quenum, 1979.) Au profil de l’Initié vodou éclairé et donc vertueux, profil célébré par Bhêly-Quenum, Stélla Lomsé oppose donc celui de l’Initié vodou corrompu malgré l’ouverture aux valeurs occidentales. L’écart entre ces deux profils contradictoires est double : le statut social et le milieu de vie. L’un est fonctionnaire et vit en campagne ; et l’autre, « éminent conseiller » du président de la république et obsédé par la mondanité. Ce qui implique que la conscience hybride de l’initié n’est pas un gage de bonne conduite de celui-ci. Sa fonction sociale ainsi que l’environnement humain dans lequel il vit semblent particulièrement déterminants dans ses inclinations.

L’orientation idéologique de Stélla Lomsé, sur la portée axiologique du vodou, contraste, de toute évidence, avec la perspective idéalisante d’Olympe Bhêly- Quenum en ce sens qu’il ne met pas en cause des individus en proie à une crise morale, comme Djèssou (Bhêly-Quenum, 1979.) mais plutôt le système dont Eddy Tadjo apparaît comme l’hideuse expression. Les différentes occurrences de faits se rapportant au vodou dans ce roman semblent toutes empreintes d’une connotation négative. N’eût été la présence du personnage de d’Angelo, une référence évidente à la star de la musique négro-américaine (neo soul) Michael Eugene Archer, on aurait conclu à une diabolisation systématique du vodou au terme de la lecture de L’Iroko. Cet artiste a en effet connu, avec son deuxième album Voodoo, sorti en janvier 2000, un succès planétaire. La référence à un tel artiste nuance la posture de l’auteure qui semble ainsi mettre en relief la richesse artistique du vodou. Le rôle adjuvant du personnage de d’Angelo aux côtés de Brice et Eméfa, dans leurs

(22)

épreuves, conforte la connotation valorisante de ce cette référence.

Les noms de lieux, des personnages, les titres de sections et des détails du contenu mettent en lumière un seuil significatif de référentialité de cette fiction qui entretient ainsi des liens particulièrement étroits avec le vécu quotidien. C’est, en somme, un réquisitoire contre la corruption du système vodou et ses effets néfastes sur le développement de l’Afrique.

4. Roman autobiographique à forte référentialité

Le cadre spatio-temporel de L’Iroko est un espace ouvert allant de la république anglophone de l’Ouest à la république fédérale anglophone de l’Est. Entre ces deux territoires, il y a Babah’dé, le pays d’origine d’Eméfa Egbadja, une république francophone où on a des localités comme Ouidah et Dassa. En république anglophone de l’Ouest, le narrateur évoque l’existence d’une ville dénommée Kumasi, et dans la république fédérale anglophone de l’Est, celle d’un lieu dénommé Kaduna. Le recours à une toponymie réaliste traduit une volonté manifeste d’ancrage de la fiction dans le quotidien objectif du milieu référentiel. Car Kumasi dans un pays anglophone de l’Afrique de l’Ouest renvoie, à l’évidence, à la capitale du pays Ashanti située au Sud du Ghana ; et Kaduna à la ville, capitale de l’Etat haoussa du même nom, situé au centre du Nigéria. Ouidah et Dassa traduisent, quant à eux, une référence univoque à la république du Bénin. Cette impression se consolide lorsque nous mettons la toponymie, partiellement hyper-référentielle, en relation avec l’anthroponymie mis en œuvre dans ce roman. Les noms de personnages tels qu’Eméfa Egbadja, M’Don, Dodji, Enagnon, etc. rendent explicites les références de l’auteure.

Du point de vue de l’ancrage culturel, nous remarquons une tendance très marquée chez l’auteure à l’utilisation des termes à résonnance éwé2. L’espace, les personnages et bien des objets de la fiction sont soumis à ce traitement. L’auteure ne les invente pas tous. Elle en emprunte largement au cadre référentiel. Nous insistons particulièrement sur les cas de désignatifs inventés.

Babah’dé est un lieu purement fictionnel, en ce sens qu’il n’existe pas en dehors de la subjectivité créatrice de l’auteure. Nous essayons donc de l’explorer afin de mesurer la charge idéelle dont l’auteure l’a investi. Babah’dé est un lexème constitué de deux phonèmes : babah / dé. Le premier signifie littéralement compassion, condoléances, courage et le second qui est, en fait, un morphème d’insistance peut signifier quelconque. La formule – bàbàh ou bàbà dé - est couramment utilisée dans les communautés éwéphones pour s’excuser d’une offense involontairement faite

2 Langue parlée au Ghana, au Bénin et au Togo où elle peut être considérée comme la langue la plus répandue.

(23)

à une personne ou pour manifester de la compassion ou des condoléances à une personne affligée.

Les deux usages sont manifestes dans L’Iroko à travers notamment les épreuves subies par Eméfa Egbadja et les autres victimes de la fourberie d’Eddy Tadjo, le sort de l’ensemble des populations de « cette contrée ouest africaine » (Lomsé, 2020 : 21.).

Le toponyme Babah’dé sonne donc comme une dédicace à l’intention de toutes les victimes des élites économiques (Stern), religieuse (dignitaires du couvent vodou) et politique (Eddy Tadjo notamment). Le titre de la quatrième section « sursum corda » est dans le même champ sémantique que Babah’dé, mais sur le versant de la motivation, de l’espérance active.

Les anthroponymes à résonnance éwé, M’Don et Dodji peuvent être mis en adéquation avec le toponyme Babah’dé. M’Don correspond littéralement à M/ Don qui signifie Je / suis perdu, foutu, etc. Ce qui semble être un cri de désolation qui appelle assistance, consolation, compassion, voire condoléances, selon le cas. Le parcours de Brice M’Don dans ce roman se serait achevé, après leur sortie de prison, si d’Angelo et surtout Eméfa ne l’avaient épaulé. Dodji est construit suivant la même structure : Do/dji. Il signifie, au sens premier, renforce /cœur, et dans le sens littéraire, courage, ne cède pas, sursum corda ! Ce nom correspond plus ou moins à Enagnon que nous décomposons en trois phonèmes : E (ça)/ na (futur)/ gnon (bon) pour inviter, en fongbé3, le porteur du nom ou ses géniteurs à la patience, à l’espérance d’un futur heureux. Le courage que recommande le nom Dodji manque, à l’évidence, au personnage ; ce qui affecte le nom d’une connotation fort ironique lorsqu’on considère son attitude devant l’assaut des gendarmes sur la résidence de ses employeurs : « Il eut du remue-ménage dans la cour. La porte communicante entre la cuisine et le séjour s’ouvrit et Dodji, le gardien chauffeur, fut bientôt dans le salon, apeuré » (c’est nous qui soulignons) (Lomsé, 2020 :190.). L’attitude d’impuissance de Dodji est contraire aux élans de l’héroïne Éméfa Egbadja qui est manifestement l’incarnation de l’audace, alors qu’Éméfa veut littéralement dire Émé (l’intérieur, maison) / fa (frais, en paix), soit demeure paisible. Ce nom est dans les cultures adja-tado4, comme bien d’autres noms, du même ordre (affa, Ahouéfa, Houéfa, Fafali, etc.), donné aux premiers enfants de sexe féminin d’un ménage. C’est une conception culturelle très répandue qui voit en l’enfant fille le signe de Paix et de Bonheur pour le couple qui l’accueille, surtout lorsqu’elle se trouve être l’aînée. Quant à son patronyme Egbadja, il peut traduire une certaine idée de liberté. Car, lorsqu’on le décompose, il donne à peu près E (il, elle) /gbadja

3 Langue du continuum gbé, parlée au Togo et surtout au Bénin où elle constitue la langue la plus importante.

4 Ensemble de communautés vivant dans le golfe de guinée, notamment entre le Ghana, le Togo et le Bénin et partageant le continuum linguistique gbé.

(24)

(grandement ouvert). Éméfa Egbadja est donc une promesse de Paix et de Liberté.

Sur la base de ces quelques éléments de la toponymie et de l’anthroponymie à l’œuvre dans L’Iroko, on perçoit que le cadre référentiel de Babah’dé est identifiable aux territoires du Bénin et du Togo. Les rapports entre l’auteure, Stélla Lomsé et Éméfa Egbadja sautent aux yeux dès la page 30. L’auteure, nous renseigne l’épigraphe est une lectrice, entre autres, de Rainer-Maria Rilke. Curieusement dans les moments de tourment, Eméfa Egbadja s’appuie sur ses auteurs préférés dont Rainer-Maria Rilke.

Marie-Estelle Midiohouan est née en effet à Paris, le 18 décembre 1978, de parents bénino-togolais, natifs éwé (continuum culturel Adja-Tado). Le père Guy Ossito Midiohouan et la mère Thècla Mablé Midiohouan sont, tous deux, enseignants- chercheurs en Littérature Africaine à la retraite au Bénin. Elle est l’aînée d’une fratrie de deux enfants et vit en France après le long détour au pays d’origine où elle grandit jusqu’à la fin de ses études secondaires.

Ces quelques détails biographiques semblent, avec d’autres indices, irriguer la fiction déployée dans le roman L’Iroko. La forme autant que le fond de ce roman portent des marques évidentes de références à la vie de l’auteure. Nous percevons quelque peu à quoi peuvent correspondre les lettres T et G des deux premiers dédicataires de ce roman que l’auteur désignent explicitement par le syntagme nominal « mes parents » : probablement, T pour Thècla et G pour Guy. Sur le plan formel, nous avons le titre de la quatrième section du roman : Sursum corda qui est un appel au refus du fatalisme. Cette locution interjective est bien visible au frontispice de la résidence des Midiohouan à Abomey-Calavi, dans les environs de l’Université. Le cadre spatial Babah’dé est, sémantiquement, en adéquation avec ce titre de section qui se trouve être une sorte de devise familiale. Du point de vue du contenu de l’œuvre, deux indices retiennent notre attention : premièrement, Eméfa est née, comme nous le mentionnions plus haut, non pas à Babah’dé, mais dans son pays d’adoption en Occident. Deuxièmement, Eméfa a un jeune frère. Ces deux indices coïncident tout à fait avec des détails biographiques de l’auteure qui, dès le péritexte (dédicace et épigraphe), fournit des indices constitutifs a posteriori d’un

« pacte autobiographique » (Lejeune, 1975.) avec le lecteur.

Conclusion

Comme il apparaît tout le long de l’œuvre, notamment à travers les personnages de Stern, d’Eddy Tadjo et de Dossou Enagnon, le symbole d’autorité intangible que constitue l’Iroko est le noyau sémantique sur lequel repose l’énoncé textuel. Le personnage principal Eméfa Egbadja est constamment en conflit avec ces forces

(25)

qui opèrent, aussi bien en Occident qu’en Afrique, comme un étau qui l’empêche de s’épanouir. Son retour à Suresnes est illustratif de la résignation. Et c’est là que l’œuvre tombe dans le défaitisme en présentant l’immigration comme alternative à la corruption des élites africaines, francophones notamment. La critique de la colonisation française est subtilement menée dans ce roman à travers : la comparaison des infrastructures routières modernes de la république anglophone de l’Ouest à celles de Babah’dé et le destin trouble d’Abigaël Do, seul personnage à porter un prénom inspiré de La bible, après avoir été adepte vodou. Les noms de personnages et des lieux dans ce roman font clairement référence au Ghana (république anglophone de l’Ouest), au Togo et au Bénin (Babah’dé) et au Nigéria (république anglophone de l’Est). Mieux le récit tourne par endroits à un intimisme fictionnel qui en renforce davantage le réalisme.

Références bibliographiques

Boileau-Narcejac, Pierre L. et Thomas (1975) Le roman policier. Paris. PUF.

Genette, (G. 1982). Palimpsestes : la littérature au second degré, Paris, Seuil.

Kakpo, M., L’IROKO. (2017) Cotonou. Editions des Diasporas.

Lejeune, P. (1975). Le pacte autobiographique. Paris. Seuil.

Lomse, S. (2020). L’Iroko. Paris. Librinova.

Pliya, J. (1977). L’arbre fétiche, Yaoundé. CLE.

Quenum, O. B. (1979) L’Initié. Paris. Présence Africaine.

N’gozi Adichie, C. (2017). Dear Ijeawélé traduction de Marguerite Capelle, sous le titre de Chère Ijeawélé. Paris, Gallimard.

Références

Documents relatifs

Elle peut présenter en plus des crises, des troubles plus ou moins spécifiques (intéressant une ou plusieurs fonctions cérébrales), provoqués soit par un fonctionnement

cette ( cavagne » représentait pour elle, les paniers de terre qu'elle avait portés sur ses épaules de jeune fille lorsqu'il fallait autrefois, au printemps,

[1] Après Amiens, les voûtes de Metz sont les plus hautes de France dans une cathédrale achevée. [2] Ce sont en effet les principaux éléments de l’architecture gothique, qui

Pour tenter d’y voir clair et sortir de « l’impressionnisme » ou d’un regard par trop subjectif, nous avons cherché à comparer la forme THATCamp avec trois formes habituelles

En effet, non seulement l’”Essai sur les éléments de philosophie” n’est pas un ouvrage à proprement parler, puisqu’il constitue le quatrième volume

Il apparaît au terme de cet état des lieux au Sud-Bénin que le dispositif PFR mis en œuvre dans le cadre du volet « accès au Foncier » du MCC/MCA n’est

(1985) étudient 53 enfants hémiplégiques divisés en 3 groupes selon que la lésion est survenue dans la période prénatale, dans les 2 premiers mois de vie ou après 5 ans

Enfants et parents se rendent compte aujour- d'hui, quoique leur assure l'école, que les temps sont changés, que les exa- mens ne procurent pas forcément une