RAPPORT DE SYNTHÈSE
Rédaction : Pierre Alain Mariaux
Membres du groupe d’évaluation :
Pierre Alain Mariaux : Président du Comité scientifique du Master of Arts en Études muséales et Président du groupe d’évaluation
Laurent Tissot (Doyen de la FLSH)
Pascal Griener (Professeur à l’université de Neuchâtel)
Véronique Dasen (Professeure à l’université de Fribourg)
Marie Claude Morand (Directrice des musées cantonaux du Valais)
Thomas Schmutz (Chargé d’enseignement)
Dora Precup (Assistante à l’institut d’Histoire de l’art et de Muséologie)
Ketty Villemin (Secrétaire de l’institut d’Histoire de l’art et de Muséologie)
Jean‐François Perret (Conseiller auprès du Secteur Qualité)
Autoévaluation du Master of Arts en Études muséales, commun aux universités de
Neuchâtel, Fribourg, Genève et Lausanne
Version définitive
24 janvier 2011
PLAN DU RAPPORT
BUT ET CADRE DE L’ÉVALUATION
MISE SUR PIED DU MASTER : BREF HISTORIQUE
Projet initial : une formation académique à deux étages Conception du Master of Arts en Études muséales Objectifs de formation
PRINCIPAUX RÉSULTATS DE L’ÉVALUATION
Documents de présentation du cursus Étudiants
Quelle est l’évolution des effectifs ?
Quelles sont les raisons de cette attractivité ? De quelles universités viennent les étudiants ? Dans quelles universités sont‐ils immatriculés ? Conditions d’admission au Master
Choix d’une discipline intégrable Encadrement et ressources disponibles Gestion d’un cursus commun
Organisation de l’enseignement : points forts et points faibles Apport des stages
Compétences acquises au cours du Master
SYNTHÈSE
PROPOSITIONS
BUT ET CADRE DE L’ÉVALUATION
Au cours de l’automne 2010, le Master of Arts en Études muséales a fait l’objet d’une évaluation dans le but de mettre en évidence les points forts de cette formation, de repérer aussi les améliorations susceptibles de consolider ce Master mis en place depuis peu d’années, voire d’en repenser si nécessaire l’organisation générale.
Cette évaluation s’inscrit d’une part dans la démarche d’évaluation des cursus adoptée par le rectorat de l’université de Neuchâtel (cf. les documents « Développer et mettre en valeur la qualité : une exigence partagée – mai 2010 » et « Evaluation des cursus d’études ; planification de la démarche – avril 2010 »).
Elle répond d’autre part à une demande spécifique liée au statut interuniversitaire de ce Master commun.
Les modifications apportées au plan d’études et au règlement d’études, les problèmes de gouvernance liés à la multiplication des niveaux décisionnels ainsi que le nombre croissant d’étudiants motivent, après trois exercices, une évaluation approfondie du cursus.
Un groupe d’évaluation a été mis sur pied avec pour première tâche de recenser les principales questions sur lesquelles il convenait de centrer l’évaluation. Ces questions prioritaires sont énumérées dans le document « Plan d’action pour l’évaluation du MA en études muséales ».
Nous en reprenons ici l’essentiel en relevant les buts suivants :
‐ comprendre les motivations des étudiants nombreux à s’inscrire au Master of Arts en Études muséales et vérifier en particulier si le programme proposé répond à leurs attentes ;
‐ apprécier l’adéquation de l’organisation administrative et scientifique du cursus, notamment mesurer les avantages et les inconvénients de la collaboration interuniversitaire ;
‐ estimer la pertinence de la procédure de sélection des candidats ;
‐ apprécier avec quel effectif d’étudiants il est possible d’atteindre les objectifs de cette formation à la fois universitaire et professionnalisante ;
‐ vérifier si le rapport entre les disciplines intégrables et la formation générale en muséologie est adéquat, de même que l’équilibre général entre enseignements de muséologie, enseignements disciplinaires et stage ;
‐ vérifier si, avec la configuration actuelle du Plan d’études (Document 7), les étudiants développent les compétences qui leur ouvrent les perspectives professionnelles souhaitées, et si ces acquis correspondent aux attentes des professionnels.
L’intention générale est d’analyser la situation afin de vérifier si dans le cadre institutionnel actuel – le Master est commun aux universités de Neuchâtel, Fribourg, Genève et Lausanne – et compte tenu de l’effectif élevé d’étudiants inscrits, la formation offerte peut rester crédible. Les responsables de ce cursus
souhaitent que cette évaluation conduise à formuler des propositions d’adaptation susceptibles de garantir au mieux la viabilité d’un cursus reconnu d’importance majeure dans l’offre actuelle de formation professionnalisante et universitaire.
Pour documenter chacune de ces questions, une série de consultations et d’enquêtes par questionnaire ont été réalisées par le Secteur Qualité avec l’appui du groupe d’évaluation ; ceci auprès :
‐ du Président du Comité scientifique ;
‐ du Comité scientifique ;
‐ des enseignants ;
‐ des étudiants (en complément des enquêtes déjà effectuées ces deux dernières années) ;
‐ des étudiants diplômés ;
‐ de quelques conservateurs de musée (qui ont des étudiants en stage ou en emploi) ;
‐ du Service Immatriculation et Mobilité (SIM).
La consultation des étudiants (cf. dénombrement des réponses) a permis de recueillir les témoignages de 53 d’entre eux, soit un peu moins de la moitié de l’effectif ; trois diplômés (sur 4) ont également répondu (réponses). Douze intervenants (enseignants réguliers et intervenants ponctuels) ont participé au sondage (réponses). Quatre responsables de discipline intégrable nous ont transmis par e‐mail leurs réponses (messages). Seuls les membres du Comité scientifique qui enseignent dans le Master, soit 4 membres sur 10, ont donné leur avis sur le fonctionnement du Master. Trois conservateurs de musée qui accueillent des stagiaires ont encore donné leur point de vue sur la préparation et l’engagement des étudiants durant leur stage (Annexes 3 , 4 et 5 ).
Avant de présenter l’essentiel des constats effectués et des avis recueillis, il convient de commencer par un bref historique du Master, afin de bien en saisir le projet, les enjeux, ainsi que certaines difficultés rencontrées.
MISE SUR PIED DU MASTER : BREF HISTORIQUE
Le Master of Arts en Études muséales couronne, depuis l’automne 2008, de nombreuses tentatives, initiées par les milieux professionnels et par plusieurs universités, pour mettre sur pied une structure d’enseignement académique et pratique propre à former le personnel des musées en Suisse. Ce type de formation existe en France depuis la fin du XIXe siècle. Il connaît un fort développement en Europe, et les formations proposées sont en général très demandées, surtout si elles sont de bonne qualité, notamment Vienne, Leicester et l’École du Louvre de Paris, la plus ancienne de toutes, puisque fondée en 18821. Nous retraçons ci‐dessous le contexte et les étapes qui ont conduits à la mise sur pied du Master of Arts en Études muséales.
1 Pour un panorama mondial récent des formations, voir Michel Allard et Bernard Lefebvre (dir.), La formation en muséologie et en éducation muséale à travers le monde, [Sainte‐Foy] : Multimondes, 2001.
Projet initial : une formation académique à deux étages
Par décision du 18 juillet 2005 (Document 1), le Conseil des rectorats du Triangle Azur place sous sa surveillance, afin d’en éprouver la validité, les deux formations de muséologie offertes alors par les universités romandes – à savoir d’une part un Certificat de formation continue en muséologie et médiation culturelle, dirigé conjointement par Neuchâtel (P. Griener, Lettres) et Lausanne (F. Panese, Sciences sociales et politiques), et d’autre part un DESS en muséologie des Beaux‐arts et conservation du patrimoine, proposé par Lausanne (S. Romano, Lettres) et Genève (M. Natale, Lettres). Dans la perspective de l’adoption de la réforme de Bologne, les responsables de ces deux formations souhaitent en effet transformer le Certificat de formation continue en Master of Arts (MA) et le DESS en Master of advanced studies (MAS)2. Les promoteurs des deux formations concurrentes décident cependant d’organiser ensemble une formation à deux étages : un Master universitaire en muséologie générale, dont l’organisation et la gestion sont confiées à l’université de Neuchâtel, et un Master d’études avancées en muséologie des Beaux‐arts et conservation du patrimoine bâti, dont l’organisation et la gestion incombent aux universités de Lausanne et Genève.
Dès lors, afin de ne pas prétériter les formations et tout mettre en œuvre pour que chacune d’elles reçoive le label de qualité du Comité national suisse du Conseil international des musées (ICOM Suisse)3, une séance réunissant les professeurs d’histoire de l’art des universités romandes est convoquée à Neuchâtel le 22 décembre 2006. À cette occasion, il est décidé, dans un réel souci de collaboration et pour répondre au mieux aux exigences et aux conditions des milieux professionnels intéressés, de mettre sur pied une formation complète et concertée en muséologie, qui présente deux cursus consécutifs et partiellement imbriqués. Ainsi, en collaboration avec ICOM Suisse et l’Association des Musées Suisses (AMS), les instituts d’histoire de l’art des universités de Neuchâtel, Fribourg, Genève et Lausanne proposent d’offrir une formation complète en muséologie, sous la forme d’un Master of Arts en Études muséales, validé à 120 crédits ECTS, suivi d’un Master of advanced studies en Muséologie des Beaux‐arts et conservation du patrimoine, validé à 90 crédits ECTS, en imbriquant partiellement les deux formations consécutives. Pour éviter la redondance dans l’offre de cours et répartir au mieux les compétences, comme les forces et les ressources entre les sites – il est décidé que le Master devient l’apanage de Neuchâtel, le MAS celui de Lausanne et Genève –, les promoteurs placent leur démarche sous la supervision du Conseil des rectorats
2 Le rapport de gestion de l’université de Lausanne présente par deux fois, en 2007 et 2008, la transformation du DESS
en Master of Arts, ce qui est erroné ; cf. UNIL | Université de Lausanne | Rapport de gestion 2007, pp. 23‐24 : « Le DESS en conservation du patrimoine et muséologie (2006‐2008). Ce programme sera transformé en un Master en études muséales (dès la rentrée 2008). Un MAS spécialement consacré à la muséologie des Beaux‐Arts est aussi en projet. » Cfr. UNIL | Université de Lausanne | Rapport de gestion 2008, p. 37 : « le DESS en conservation du patrimoine et muséologie (dernière volée en 2006‐2008). Ce programme a été transformé en un Master en études muséales à la rentrée 2008. Un MAS spécialement consacré à la muséologie des Beaux‐Arts démarrera en 2009. »
3 À propos des différentes formations de muséologie offertes en Suisse, Marie Claude Morand, ancienne présidente d’ICOM Suisse, insiste sur la nécessité de leur harmonisation tout en souhaitant dans le même temps faire reconnaître les professions de musée auprès de l’OFT. ICOM Suisse développe un label de qualité afin de garantir la qualité de la formation initiale et continue en lien avec le travail muséal et de valoriser les meilleures offres. Offert depuis 2009, ce label a été accordé à six formations à ce jour, dont le Master of Arts en Études muséales (Annexe 1). Les critères d’accession sont développés dans le formulaire de demande en ligne : http://www.museums.ch/fileadmin/museums/doc_museums/ICOM_Label_DEMANDE.pdf.
du Triangle Azur. À la demande de ce dernier, qui exige que les deux formations soient interuniversitaires et qu’elles impliquent « fortement au moins les trois universités Azur » (Document 2), les professeurs d’histoire de l’art rédigent les premiers projets de règlements et de plans d’études dès l’hiver 2006, pour une entrée en vigueur de la formation ainsi conçue à l’automne 2007. Après plusieurs allers‐retours, un Exposé des motifs circonstancié est soumis au Conseil des rectorats du Triangle Azur au 30 mai 2007. Le 1er octobre 2007 (Document 3), ce Conseil réagit aux documents soumis par les promoteurs, en signifiant qu’il refuse sans appel un modèle de formation académique à deux étages consécutifs, et préconise une structure qui distingue (tout en les mettant en concurrence) deux formations différentes (Document 4)4. Leur développement respectif se poursuit désormais de manière indépendante.
Conception du Master of Arts en Études muséales
Pour le Master of Arts en Études muséales à 120 crédits ECTS, la nouvelle structure demandée à la fin de l’année 2007 par le Conseil des rectorats du Triangle Azur se compose de quatre blocs d’égale valeur, présentant 90 crédits ECTS de muséologie (sous la forme d’un enseignement de muséologie générale, d’un stage en institution muséale et d’un mémoire de fin d’études) et 30 crédits ECTS de discipline dite
« muséographiable » (plus tard nommée « intégrable »), dont la liste actualisée figure au Règlement d’études (RE, art. 3, al. 2 ; Document 5).
À partir de janvier 2008, les promoteurs neuchâtelois du Master of Arts en Études muséales s’attachent à la rédaction d’un plan d’études équilibré, toujours avec l’aide des instances professionnelles, représentées par M. C. Morand (Présidente d’ICOM Suisse) et G. Eberhard Cotton (Directrice du Cours de base en muséologie de l’ICOM). La Doyenne de la FLSH, la prof. E. Hertz, collabore également à cet effort. Les documents juridiques (Règlement d’études, Convention‐cadre avec les associations professionnelles, Contrat‐type de stage) sont rédigés parallèlement avec l’aide des services juridiques des universités partenaires et du Conseil des rectorats du Triangle Azur. Tous les documents sont approuvés par les instances académiques entre mai et septembre 2008 pour permettre l’accueil, à l’automne 2008, des premiers étudiants du Master of Arts en Études muséales, tandis que le Comité scientifique se réunit pour la première fois à Lausanne le 13 octobre 2008 (Annexe 2).
Le Plan d'études original a fait l’objet de deux modifications ponctuelles en 2009 et 2010, à la suite d’évaluations semestrielles conduites en 2008 et 2009 à la demande du Président du Comité scientifique de la formation (Document 6). Soumises par le Comité scientifique, ces adaptations sont validées par les instances académiques. L’extension du Master of Arts en Études muséales à l’université de Fribourg a par ailleurs motivé des corrections mineures du Règlement d’études en 2009.
Objectifs de formation
Le Master of Arts en Études muséales initie les étudiants à la rigueur disciplinaire, tout en les préparant également au monde professionnel ; la dimension à la fois théorique et pratique du cursus revêt ici une
4 Avec la conséquence suivante : le programme de Master of Arts en Études muséales débute à l’automne 2008, comme prévu, le Master of advanced studies, avec un plan d’études réduit à 60 crédits ECTS, une année plus tard.
(Note : Il ne sera plus question du MAS dans la suite de ce rapport de synthèse.)
importance capitale ; ce cursus propose une stimulation intellectuelle, une initiation aux connaissances spécialisées et aux débats qui organisent actuellement le champ des études muséales. Il assure également aux étudiants une maîtrise des problèmes pratiques liés à l’exercice d’une profession dans le monde des musées et dans le domaine du patrimoine en général. Un accent tout particulier est donné aux exercices, aux simulations de situations professionnelles réelles, aux contributions personnelles des étudiants. En collaboration avec les associations professionnelles concernées (ICOM Suisse et AMS) et avec les conservateurs de musée qui interviennent dans l’enseignement dispensé, le Master offre une formation standardisée au bénéfice des futurs acteurs du monde muséal. Pour correspondre étroitement aux requis de la profession, il forme les futurs conservateurs de musée, polyvalents et généralistes. Le partenariat avec l’École du Louvre, qui se développe selon trois axes (enseignement, avec le Séminaire annuel de l’École du Louvre ; échange d’étudiants, dans le cadre du Programme Erasmus ; cotutelles de thèses) est par ailleurs un gage du sérieux académique de la formation.
PRINCIPAUX RÉSULTATS DE L’ÉVALUATION
Documents de présentation du cursus
Les documents qui présentent le cursus décrivent‐ils de manière adéquate les objectifs de formation et l’organisation du Master of Arts en Études muséales ?
Les informations sur le Master of Arts en Études muséales émanent de plusieurs sources, la plupart sur Internet. Il existe cependant une brochure qui regroupe tous les documents légaux (Règlement d’études, Plan d’études, Conventions) et les textes de présentation du programme d’études, accompagnés d’une liste de toutes les personnes de contact et d’une bibliographie. Cette brochure est distribuée aux étudiants et aux enseignants du Master, de même qu’aux professionnels qui accueillent les étudiants dans leur musée dans le cadre du stage obligatoire (Document 8).
Les web sites des quatre universités partenaires permettent, via leur moteur de recherche interne, de retrouver tout ou partie des informations les plus utiles à partir de leur page d’accueil, qui renvoie soit à la partie générale du site consacrée aux enseignements, soit à la page des facultés, soit encore à celle des instituts concernés. Dans le détail :
Université de Neuchâtel
‐ http://www2.unine.ch/formation/page24670.html, avec renvoi au plan d’études et au feuillet de présentation (Document 9) ;
‐ http://www2.unine.ch/lettres/page17413.html, avec renvoi au Plan d’études ;
‐ http://www2.unine.ch/iham/page6634.html, page du site de l’Institut d’Histoire de l’art et de Muséologie, qui renvoie à tous les documents utiles.
Université de Fribourg
‐ http://www.unifr.ch/acadinfo/fr/master, avec renvoi à la brochure de présentation des masters qui introduit brièvement (mais correctement) la formation, signale par un lien le site de l’université de Neuchâtel où retrouver l’information la plus complète et nomme l’un des membres fribourgeois du Comité scientifique comme personne ressource5.
Université de Genève
‐ http://www.unige.ch/lettres/etudes/formations/plans/EtudesMuseales.html, avec renvoi au Plan d’études et au Règlement d’études ;
‐ la brochure du service de presse (Document 10) présente deux erreurs, en nommant directeur du programme un membre du corps enseignant de Genève qui ne figure pas au Comité scientifique de la formation, et en donnant une liste des disciplines intégrables qui n’est pas à jour6.
Université de Lausanne
‐ http://www.unil.ch/enseignement/page65211_fr.html, avec renvoi à une fiche de renseignement à jour (Document 11) ;
‐ http://www.unil.ch/lettres/page70844.html, qui renvoie au Règlement d’études, mais donne là encore deux informations erronées, quant à la personne de contact et quant à la liste des disciplines dites intégrables8.
Dans deux des universités partenaires, Lausanne9 et Fribourg10, un document explicite balise par ailleurs les parcours disciplinaires offerts aux étudiants. Ces informations sont facilement accessibles à Fribourg par les web sites des deux instituts ; à Lausanne par contre, la possibilité de suivre le programme d’études muséales n’est mentionnée sur aucun des web sites des instituts concernés. À Neuchâtel, les étudiants suivent un pilier secondaire validé à 30 crédits ECTS dans l’une des disciplines intégrables (Histoire, Histoire de l’art, Archéologie, Anthropologie/Ethnologie et Sociologie, ces deux dernières par les Sciences humaines et sociales), dont les plans d’études sont accessibles par les pages mentionnées plus haut11. À Genève, hormis la brochure mentionnée ci‐dessus (Document 10), aucun texte n’explicite les enseignements du
5 http://www.unifr.ch/acadinfo/pdf/unifr_ma_studies_1112_fr.pdf#pagemode=none&view=Fit&scrollbar=0& (page
consultée le 13 janvier 2011).
6 Voir http://www.unige.ch/presse/static/masters/FM_jm_museales.pdf (page consultée le 13 janvier 2011).
7 Cette page comprend un renvoi avec lien au (page consultée le 12 janvier 2011).
8 Page consultée le 12 janvier 2011.
9 Pour les disciplines intégrables suivantes : Histoire, Archéologie, Histoire de l’art, Cinéma (voir https://applicationspub.unil.ch/interpub/noauth/php/Ud/structureCoursPdf.php?v_ueid=174&v_etapeid1=14177&v_
semposselected=‐1&v_langue=fr&v_isinterne=, avec renvoi sans lien à la faculté des lettres et sciences humaines de l’université de Neuchâtel pour la partie « muséologie générale » et une indication fausse quant à la responsabilité des stages [page consultée le 12 janvier 2011]).
10 Pour l’Histoire de l’art : http://www.unifr.ch/art/hist_art_MA_mus_azur_25_05_10.pdf; pour l’Archéologie : http://www.unifr.ch/scant/archeologie/Programme_Archeologie_Museologie.doc (pages consultées le 12 janvier 2011).
11 Voir les plans d’études sur la page http://www2.unine.ch/lettres/page17413.html (page consultée le 12 janvier 2011).
bloc disciplinaire, bien que la gestion de ce dernier soit plus délicate en vertu de l’adoption de modules validés à 12 crédits ECTS.
Triangle Azur
‐ Le web site du Triangle Azur présente le Master of Arts en Études muséales, avec renvoi aux sites des trois universités12 :
o Lausanne : http://www.unil.ch/lettres/page70844.html
o Genève : http://www.unige.ch/lettres/etudes/formations/plans/EtudesMuseales.html o Neuchâtel : http://www2.unine.ch/formation/page24670.html
Commentaire
Un étudiant intéressé par le Master of Arts en Études muséales sera sans doute dérouté s’il doit compter sur les seules informations qu’il pourra trouver sur les web sites des universités partenaires : certains documents présentent des erreurs, d’autres n’ont pas été mis à jour. Le relai de l’information ne se fait pas de manière optimale ; la plupart des documents est difficile d’accès, sans la médiation d’une personne ressource. De plus, il semble que certains responsables de disciplines intégrables des universités partenaires ne communiquent pas les informations pourtant nécessaires aux étudiants intéressés et ne les renvoient pas systématiquement aux responsables neuchâtelois du Master : un étudiant sondé souligne, dans un commentaire, « j’ai découvert avec surprise la mauvaise réputation du Master en études muséales à l’UniL (trop de succès, pas assez de place à la sortie, Master pas assez spécialisé, Master crée [sic] pour sauver UNINE du peu de fréquentation…) ». Cet état de fait menace fortement le caractère commun du programme d’études.
Étudiants
Quelle est l’évolution des effectifs ?
La fréquentation du Master est importante : 27 étudiants en 2008‐2009, 46 en 2009‐2010, 48 en 2010‐2011 (Document 12)13.
12 http://www.triangle‐azur.ch/offre‐des‐masters/comparaison‐entre‐masters/?tx_displaycontroller[group]=34 (page consultée le 13 janvier 2011).
13 Pour clarifier les schémas, les étudiants immatriculés au semestre de printemps sont comptabilisés dans l’année académique en cours ; un étudiant immatriculé au printemps 2009 est ainsi comptabilisé dans l’année académique 2008‐2009.
Evolution des effectifs
Inscriptions Total
2008‐2009 27
2009‐2010 46
2010‐2011 48
Total 121
Quelles sont les raisons de cette attractivité du Master of Arts en Études muséales ?
Il ressort clairement de l’évaluation que la raison principale qui motive les étudiants à s’enrôler dans le programme d’études est l’intérêt qu’ils portent à la discipline, jugé important par plus de 96% des sondés.
L’attractivité première de la formation touche à son ouverture sur le monde professionnel. En effet, les étudiants interrogés jugent :
‐ le caractère professionnalisant du cursus ‘assez’ à ‘très important’ à 100%, tandis que 71% des sondés l’estiment ‘très important’ ;
‐ la possibilité d’effectuer un stage en cours d’étude ‘assez’ à ‘très important’ à plus de 92% ; 61% des sondés l’estiment ‘très important’ ;
‐ les perspectives professionnelles ‘assez’ à ‘très important’ à plus de 92% ; près de 58% des sondés l’estiment ‘très important’ ;
‐ l’originalité du programme d’études (jugé ‘assez’ à ‘très important’ à près de 91% ; près de 50% des sondés l’estiment ‘très important’).
À l’inverse, le caractère interuniversitaire du Master of Arts en Études muséales n’est pas perçu comme un élément décisif : un peu plus de la moitié des étudiants interrogés (52%) le juge peu voire non important. Il faut remarquer à ce propos le caractère très tranché des avis : certains y voient une source d’incompréhension générale, perçoivent une administration compliquée par le fait que certaines universités ne jouent pas leur rôle de véritables partenaires (entre autres : aucune communication, impossibilité d’obtenir des informations sur les web sites ou par l’intermédiaire d’une personne‐ressource, etc.). Mais d’autres y voient un atout et disent apprécier le fait de croiser les parcours et les expériences.
Les étudiants sont donc très partagés quant au bénéfice du caractère interdisciplinaire de la formation : 42% des sondés estiment que c’est une source de difficultés administratives (contre 36%), et 38% jugent que cela n’est pas un caractère important (contre 31%).
De quelles universités proviennent les étudiants ?
L’origine institutionnelle de l’ensemble des étudiants prouve leur mobilité, tant à l’intérieur de la Suisse qu’en provenance de l’étranger, et c’est là sans doute l’un des effets bénéfiques de la réforme de Bologne.
2008‐2009 2009‐2010 2010‐2011 Totaux
Université de Neuchâtel (24%) 7 11 11 29
Université de Lausanne (23%) 4 14 10 28
Etranger (21%) 6 6 13 25
Université de Genève (17%) 5 8 8 21
Université de Fribourg (7%) 3 6 ‐ 9
HES (Suisse) (6%) 1 1 5 7
Autres universités suisses (2%) 1 ‐ 1 2
27 46 48 121
Dans quelles universités sont‐ils immatriculés ? 14
2008‐2009 2009‐2010 2010‐2011 Totaux
Neuchâtel (71%) 26 28 32 86
Genève (14%) 1 8 8 17
Lausanne (12%) ‐ 8 6 14
Fribourg (2%) ‐ 2 ‐ 2
Ecole du Louvre (2%) ‐ ‐ 2 2
total 27 46 48 121
14 Tous les étudiants de la première génération, du fait d’une impossibilité de rapatrier à temps le plan d’études du Master dans les systèmes informatiques des universités de Lausanne et Genève, sont immatriculés à Neuchâtel. Seule une étudiante reste immatriculée à l’université de Genève, afin de pouvoir conserver le bénéfice d’une bourse d’étude. Le choix de la discipline intégrable détermine le lieu d’immatriculation des étudiants dès la rentrée d’automne 2009 (Document 13).
2 7
9
21 25
28 29
0 5 10 15 20 25 30 35
Autres universités suisses (2%) HES (Suisse) (6%) Université de Fribourg (7%) Université de Genève (17%) Etranger (21%) Université de Lausanne (23%) Université de Neuchâtel (24%)
Nombre d'étudiants inscrits (total: 121) Origine institutionnelle
Commen
La réform est enco étudiant d’excelle Gabus, p l’univers d’une co la mobil des resp
Conditio
Pour inté d’un titr 3) envis crédits E pour les Comité s
15 Une ré
quatre m pour pro ceux qui pour rent Colin, 201
ntaire
me de Bolog ourageant de ts les plus m ence en mat
puis J. Hain sité de Neuc onvention gé lité des étud ponsables de
ons d’admiss
égrer le prog e jugé équiv age par aille ECTS), voire
titulaires d’u scientifique p éputation don musées import poser aux vis viennent de G tabiliser leur v 10, p. 16)
ne favorise l e constater mobiles. Ce ière de mus ard et M.‐O châtel, de la énéreuse ave diants s’expli
disciplines i
sion au Mast
gramme d’ét valent, dans
eurs des com des rattrapa un bachelor préavise l’ad t les muséolo tants cohabite siteurs des ex Genève, de Bâ
voyage. » (An
a mobilité d que les étu la tient san éologie15, no O. Gonseth) a Fondation ec l’École du que aussi pa ntégrables d
ter of Arts en
tudes sans c l’une des dis mpléments ages (condit ou d’un titre dmissibilité, a
ogues se font ent et collabo xpositions inté
âle, de Besanç dré Gob, Le m
es étudiants udiants du M ns doute au
otamment a et du Musé Maison Bor Louvre, renf ar l’impossibi des université
n Études mu
condition, les sciplines dite (conditions ions préalab e jugé équiva
avec ou sans
aussi l’écho : rent. Une sain éressantes et çon, de Lyon…
musée, une ins
s entre les ét Master of Ar ssi à la rép vec les cons éum (C. Duf rel, une mai
forceront à l ilité d’obten és partenaire
uséales
s candidats d es intégrable
supplément bles, qui ne
alent dans u s condition, d
« À Neuchât ne émulation
des activités
… ou de Liège stitution dépa
udes de bac rts en Étude putation de ervateurs du four) ; la cré son pour la
’avenir l’attr ir des inform es.
doivent être s (RE, art. 3, aires, qui ne doivent pas ne autre disc de tous les c
el (Suisse), pe les fait rivalis qui drainent profitent de assée ? Elémen
helor et celle es muséales
Neuchâtel u Musée d’e éation, avec muséologie ractivité de N mations aupr
titulaires d’
, al. 1 et 2). L e doivent p
dépasser 60 cipline. Dans candidats. De
etite ville de 3 ser de talent e t un public pa la présence d nts de répons
es de master sont parmi comme cen ethnographie c le soutien e, et l’existe Neuchâtel. M
ès de la plup
un bachelor Le RE (art. 3, as dépasser 0 crédits ECT s tous les cas
es équivalen
35'000 habita et de dynamis arfois lointain de quatre mus e, Paris : Arm
r ; il les ntre e (J.
de nce Mais part
r ou , al.
30 TS), s, le nces
nts, sme n. Et sées and
sont possibles pour les titulaires d’un master ou d’un titre jugé équivalent, mais le RE mériterait une clarification à ce sujet16.
Commentaire
Etant donné que le Comité scientifique préavise toutes les admissions dans le programme d’études, les candidats comprennent qu’il s’agit d’une sélection sur dossier. Par conséquent, ils s’attendent à intégrer un programme à effectif réduit, sinon limité. Les étudiants interrogés rejoignent les enseignants sur le constat suivant : le nombre trop important de candidats admis nuit à la qualité de l’enseignement, à l’ambiance de travail comme à la bonne organisation du cursus, de même qu’il crée une situation de concurrence inutile pour l’obtention d’une place de stage alors que la formation encourage les collaborations transversales entre eux. Quelques‐uns suggèrent une sélection des meilleurs candidats selon des critères plus sévères, voire de limiter le nombre des inscrits par l’introduction d’un numerus clausus. De plus, les effectifs importants sont perçus comme un danger menaçant la crédibilité de la formation, en multipliant de jeunes diplômés sur un marché nécessairement limité. Une sélection plus stricte permettrait d’homogénéiser les publics, et donc d’offrir une véritable formation en études muséales, tout en favorisant le travail de groupe.
Il ressort ainsi que les conditions d’admission actuelles ne sont pas adéquates, d’autant que le nombre de candidats admis risque d’assécher rapidement les débouchés professionnels en Suisse17.
Choix d’une discipline intégrable
Le rapport entre les disciplines intégrables et la formation générale en muséologie est‐il adéquat ?
L’introduction de la discipline dite intégrable conditionne l’entrée dans le programme d’études du Master of Arts en Études muséales, au sens des Directives Bologne de la CUS (art. 3, al. 2)18. Cette condition s’explique par la préoccupation du Conseil des rectorats du Triangle Azur, qui souhaitait que les étudiants puissent conserver une discipline enseignable, au cas où ils ne trouveraient pas de place de travail à l’issue de leur formation.
16 L’interprétation des articles 5 et 6 du RE prête en effet à confusion.
17 Dans le domaine de l’histoire de l’art, discipline intégrable la plus sollicitée par les étudiants, nous disposons du soutien d’une association – l’Association Suisse des Historiennes et Historiens de l’Art (ASHHA) – qui recense et transmet chaque année à ses membres les offres de travail en Suisse et à l’étranger, principalement en Allemagne. En 2009, elle recensait 357 offres, dont 171 en Suisse alémanique, 18 en Suisse romande et 6 en Suisse italienne.
18 Voir les Directives pour le renouvellement coordonné de l’enseignement des hautes écoles universitaires suisses dans
le cadre du processus de Bologne (Directives de Bologne) du 4 décembre 2003, dont la 3e édition est disponible à l’adresse http://www.cus.ch/wFranzoesisch/publikationen/richtlinien/BOL‐RL‐2008‐Fr‐V2.pdf (page consultée le 13 janvier 2011).
2008‐2009 2009‐2010 2010‐2011
Histoire de l’art 19 28 34
Anthropologie/Ethnologie 2 6 6
Sociologie 2 1 0
Histoire 1 7 5
Archéologie 1 3 3
Architecture 1 0 0
Etudes théâtrales, danse, cinéma 1 1 0
27 46 48
Histoire de l'art
Anthropologie/Ethnolo gie
Sociologie
Histoire
Archéologie
Architecture
0 10 20 30 40
Architecture Sociologie Etudes théâtrales, danse,…
Archéologie Anthropologie/Ethnologie Histoire Histoire de l’art
2010‐2011 2009‐2010 2008‐2009
Deux‐tiers des étudiants élisent l’histoire de l’art comme discipline intégrable, ce qui s’explique aisément : le musée en est probablement le débouché professionnel le plus naturel, et cela ne doit pas étonner dans la mesure où 62% des étudiants sondés souhaitent travailler dans un musée après leur formation (Document 14).
Commentaire
La présence d’une discipline intégrable dans le cursus permet d’ouvrir la formation aux spécialités offertes par les universités d’immatriculation ; cependant, cette ouverture engendre une diversité disciplinaire, sans doute excessive, qui rencontre l’incompréhension des sondés : il semble utopique, pour beaucoup, de rechercher à la fois une spécialisation dans une discipline donnée et un apprentissage propre au monde muséal. Cette diversité serait mieux encadrée si chaque bloc disciplinaire reconnu comportait également un choix d’enseignements de muséologie disciplinaire ; une proportion 30 / 20 / 10 ou 20 / 20 / 20 est à envisager, avec des séminaires de projet selon le modèle que propose l’institut d’Histoire de l’art et de Muséologie de l’université de Neuchâtel.
Encadrement et ressources disponibles
Les enseignants impliqués dans le Master of Arts en Études muséales sont rattachés à l’une des universités partenaires, ou issus du monde muséal. Il convient de distinguer les enseignants qui interviennent dans le bloc de la discipline intégrable, où l’on retrouve des membres du corps enseignant des universités de Neuchâtel, Fribourg, Genève et Lausanne, de ceux qui interviennent régulièrement dans le bloc de muséologie générale. Ces derniers sont au nombre de sept, tous engagés par l’université de Neuchâtel au titre de chargé d’enseignement, professeur assistant ou professeur ordinaire. Pour les questions administratives, le Comité scientifique du Master of Arts en Études muséales peut compter sur l’aide de la secrétaire de l’institut d’Histoire de l’art et de Muséologie de l’université de Neuchâtel (engagée au taux d’activité de 60%) ; une assistante diplômée participe également à la gestion des stages.
Une contribution annuelle de l’université de Neuchâtel de CHF 80'000.‐ permet de financer une partie des charges d’enseignement et les frais des intervenants extérieurs. Les partenaires de Lausanne et Genève ont versé une contribution unique de CHF 20'000.‐ à l’automne 2009 ; Fribourg ne participe pas financièrement au programme d’études. Le Master of Arts en Études muséales bénéficie des seules infrastructures de l’université de Neuchâtel pour fonctionner.
Commentaire
Si l’on excepte un versement unique de CHF 20'000.‐ par Lausanne et Genève en 2009, le fonctionnement de la formation repose sur les seules infrastructures de l’université de Neuchâtel. La viabilité du Master of Arts en Études muséales ne semble donc pas menacée par l’absence de financement, soit des universités partenaires, soit de la coordination Azur.
Cependant, si la viabilité du Master n’est pas compromise sur le plan financier, l’engagement d’un collaborateur scientifique semble plus que légitime. En effet, ce poste, incontournable pour la bonne gestion dans le futur, apporterait un appui non négligeable à l’enseignement, aux tâches administratives inhérentes aux nombreuses demandes d’immatriculation ainsi qu’à la gestion des stages (ce dernier point demande un suivi rigoureux des dossiers, qui n’est actuellement pas à son niveau optimal par manque d’effectifs).
Gestion d’un cursus commun
Quels sont les bénéfices et les contraintes liés à la direction de ce cursus commun aux quatre universités romandes ?
Si l’on excepte quatre membres du Comité scientifique qui interviennent également dans le bloc de muséologie générale en tant qu’enseignants, aucun membre du Comité scientifique n’a répondu à la consultation proposée. Les étudiants sondés sont peu convaincus des bénéfices à retirer d’un programme d’études à quatre partenaires ; actuellement, la gestion est perçue comme chaotique du fait des nombreuses interférences à tous les niveaux. Une plus grande autonomie de gestion serait sans aucun doute plus adéquate ; plusieurs sondés réclament qu’elle soit, à l’avenir, ramenée à un ou deux partenaires tout au plus. La dynamique nécessaire à l’amélioration continue du Master of Arts en Études muséales repose sur une équipe capable de travailler collectivement, qui fonctionne comme une équipe de projet ; localiser cette équipe en un seul lieu est perçu comme un gage de réussite.
Le corps enseignant quant à lui est unanime pour dire que la gestion actuelle, à plusieurs paliers de responsabilité, dans une situation de fait de concurrence interuniversitaire, est source de grandes frustrations.
Commentaire
Comme les niveaux décisionnels s’additionnent : Conseil des rectorats du Triangle Azur, collège des doyens des facultés concernées, Comité scientifique, toutes ces instances interfèrent les unes avec les autres et rendent peu claire la structure à gérer ; d’autre part, cette addition cause une multiplication d’informations contradictoires, voire incorrectes d’une université à l’autre.
Organisation de l’enseignement : points forts et points faibles
Les étudiants, les diplômés et les enseignants interrogés s’accordent pour reconnaître au Master of Arts en Études muséales les points forts suivants :
- l’acquisition de connaissances solides, mais aussi des instruments méthodologiques nécessaires à développer une réflexion critique sur les problématiques muséales actuelles ;
- l’équilibre entre enseignements théoriques, séances délocalisées dans les musées et confrontations aux situations réelles (exercices en contexte, immersion professionnelle) ;
- l’offre de séminaires de projet tournés vers la pratique ;
- la proximité et la collaboration étroite avec les milieux professionnels qui interviennent dans la formation.
Parallèlement, tous souhaitent voir se développer plus d’enseignements axés sur la pratique muséale et sa critique (muséographie et scénographie), tout en renforçant les enseignements de muséologie notamment dans le domaine scientifique. Il faudrait également augmenter l’offre dans les domaines du marketing, du droit, de l’administration et des finances, comme dans celui de la conservation / restauration.
Dans l’ensemble, le corps enseignant juge que le rapport entre théorie et pratique est équilibré, les parts académique, d’une part, et professionnalisante d’autre part, étant clairement identifiées. Il note cependant que la part de l’enseignement de la muséologie pourrait être augmentée.
L’articulation d’une discipline « intégrable » à la muséologie est perçue positivement par 79% des étudiants sondés (48% la jugent positive, 31% plutôt positive), mais son organicité n’est pas assez évidente pour beaucoup d’entre eux. La présence de la discipline intégrable devrait diminuer, au profit d’un rapport structuré et équilibré entre trois blocs : muséologie générale ; stage ; mémoire.
Commentaire
Le rapport entre la discipline intégrable et la muséologie doit être repensé : il importe de renforcer son organicité avec le bloc de muséologie générale. Deux scénarios sont possibles : le premier verrait la réduction du nombre de disciplines dites intégrables aux disciplines dite de l’objet (Histoire de l’art, Histoire, Archéologie, Anthropologie/Ethnologie) ; le second proposerait d’appuyer la muséologie par des enseignements pris dans plusieurs disciplines, et par conséquent de séparer définitivement le Master of Arts en Études muséales de la logique « enseignement », en en faisant un véritable Master professionnalisant à 120 crédits ECTS.
Apport du stage
Le stage en institution muséale initie directement à l’expérience pratique. Validé à 30 crédits ECTS, il correspond à environ 750 à 900 heures de travail effectif, soit un engagement de six mois à plein temps. Il intervient en deuxième année d’étude. La répartition géographique des stages accomplis ou en cours est explicitée par deux cartes géographiques (Documents 15 et 16), qu’accompagne une liste alphabétique des musées fréquentés et sollicités (Document 17).
Si les étudiants diplômés reconnaissent le rôle formateur du stage, ils estiment qu’il ne joue pas un rôle décisif dans leur engagement professionnel post‐études. Ils s’accordent pour dire que la formation, adéquate pour travailler dans un musée, prépare efficacement leur entrée dans le monde du travail. Une
multiplication des expériences reste cependant souhaitable, de même qu’une augmentation des exercices en situation réelle. Les étudiants en cours d’études estiment à 83% que le stage est bénéfique et formateur.
Quant au corps enseignant, il estime (70%) que le stage est formateur, mais souligne que sa réussite dépend de l’institution hôte et de la nature des tâches confiées aux étudiants.
Après trois exercices, il ressort que la formation est très bien reçue par les professionnels de musée au plus haut niveau international, comme en témoignent les rapports de C. Chevillot, Conservatrice en chef au Musée d’Orsay, et d’O. Nouvel, Conservatrice en chef au Musée des arts décoratifs, Paris, ainsi que le message de W. Tschopp, Conservateur au Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel , à propos des stagiaires que ces personnes ont accueillis dans leurs institutions (Annexes 3 , 4 et 5 ).
Commentaire
Le stage est un élément capital de la formation. Il prolonge de manière remarquable l’enseignement théorique, et confronte les étudiants au monde du musée. Il n’est pas seulement un aboutissement de la formation, mais surtout marque les premiers pas de beaucoup d’étudiants dans la profession à laquelle le Master of Arts en Études muséales aspire à les préparer.
Compétences acquises au cours du Master of Arts en Études muséales
Les acquis correspondent‐ils aux attentes des étudiants ? des enseignants ? des milieux professionnels ?
Les étudiants sont conscients d’acquérir des connaissances dans le domaine de la muséologie, des compétences académiques et une expérience de terrain. Ils apprécient particulièrement l’ouverture à de nouveaux domaines du savoir, le travail en équipe, qui exige une collaboration étroite et développe les compétences relationnelles, les exercices de gestion priorisée, la poursuite de l’apprentissage des méthodes et des outils propres au développement de projets scientifiques, l’accès balisé aux ressources et informations spécifiques, l’acquisition de compétences techniques, notamment dans la manipulation des objets, l’autonomie.
Pour le corps enseignant, les étudiants acquièrent de solides connaissances théoriques qui sollicitent leur réflexion sur les fondements de la mise en pratique muséologique. L’enseignement, conçu de manière progressive, favorise l’acquisition de bonnes capacités d’analyse. Il leur permet d’aborder les tâches liées au travail muséal en toute indépendance. Au terme de la 1ère année d’étude, les acquis des étudiants correspondent aux attentes du corps enseignant à 83%. Mais cette bonne opinion ne doit pas masquer les lacunes linguistiques (notamment en allemand) et les carences en compétences spécifiques (capacités de rédiger une lettre de motivation, de développer un réseau social, etc.). Les professionnels de musée qui interviennent dans la formation constatent que les étudiants connaissent peu le milieu muséal suisse, du point de vue de ses fonctions, de ses projets scientifiques et de conservation, des collaborations externes,
etc. Les enjeux idéologiques et sociétaux des musées sont également négligés, et pourraient motiver la mise sur pied d’un cours spécifique.
En conséquence, 58% des enseignants consultés pensent que les étudiants acquièrent partiellement les connaissances et les compétences attendues par le milieu professionnel ; un effort est sans doute à fournir de ce côté‐là, même si ces résultats sont sans doute le reflet du caractère hétérogène du corps enseignant, en partie académique et en partie muséal. Deux‐tiers des diplômés partagent d’ailleurs la même impression. Cela tient assurément au fait que le travail au sein du musée exige une pratique plus extensive que celle offerte par le stage, le développement des aptitudes et des compétences reposant sur une participation active à la vie de l’institution.
Commentaire
Dans l’ensemble, les acteurs sont unanimes pour reconnaître le caractère formateur du Master of Arts en Études muséales, qui répond parfaitement à leurs attentes. Mais l’origine institutionnelle diverse des intervenants, selon qu’ils sont des professionnels de musée ou des membres du corps académique, pourrait créer un déséquilibre dans l’enseignement et prétériter les compétences attendues par le milieu professionnel. Un poste de collaborateur scientifique, qui assurerait entre autres la coordination des études, s'avère nécessaire pour garantir une meilleure homogénéisation du cursus.
SYNTHÈSE
Le Master of Arts en Études muséales répond clairement à un besoin, mais son existence est fragile.
À moyen terme, les effectifs nuisent à la qualité et à la crédibilité du programme d’études. Limiter annuellement l’accès au Master à 15‐25 étudiants permettrait d’homogénéiser le groupe des étudiants, et par conséquent de développer des projets véritablement ouverts sur la muséologie.
Mais surtout, il permettrait aux enseignants d’assurer l’encadrement comme le suivi intelligent des étudiants.
L’autonomie des gestionnaires du cursus doit être garantie, pour éviter les interférences qui compromettent la poursuite de la formation de muséologie dans le cadre actuel. Le cadre offert par Triangle Azur reste inadéquat ; la formation a de fait été prise dans une logique de concurrence qui règne entre les universités partenaires, incapables de choisir entre la volonté de construire une formation sur la collaboration, et le désir de favoriser la nette séparation entre deux formations mises en concurrence directe.
L’apport de la discipline intégrable doit être repensé. Une sélection plus stricte sur dossier permettrait vraisemblablement de faire l’économie du critère disciplinaire, et de conférer à la muséologie la valeur d’un champ autonome du savoir qui ne soit plus soumis à une discipline ; cette évolution caractérise les cursus analogues en Europe comme aux USA et au Canada. Cela ne signifie pas qu’il faille supprimer la discipline intégrable des enseignements : les étudiants sondés parlent d’un renforcement des liens entre les deux blocs, par exemple sous la forme d’enseignements de muséologie disciplinaire ou de séminaires de projet.
L’enseignement en situation devrait être développé, de sorte à ce que les étudiants puissent acquérir une expérience pratique approfondie, notamment par leur contribution active à la réalisation de projets. À défaut de pouvoir compter pour le moment sur un musée académique ou un musée école, aménager un atelier/laboratoire pour la réalisation d’expériences concrètes marquerait une amélioration significative du programme d’études. Il faudrait envisager la refonte du Plan d’études dans le sens d’un renforcement de la cohérence des enseignements actuels et ceux à développer.
L’exercice de la recherche, pourtant inscrit au cahier des charges des enseignants universitaires, est actuellement compromis, ce qui fragilise un cursus innovant et d’excellente réputation, qui ne pourra pas survivre s’il ne reçoit pas des moyens adéquats. Il serait souhaitable de développer des axes de recherche en muséologie générale, ou en histoire des collections, c’est‐à‐dire dans un domaine plus académique : les mémorants pourraient ainsi développer des thématiques de recherche dans le domaine spécifique des études muséales. Il est d’ailleurs remarquable de constater que 17% des étudiants consultés envisagent de poursuivre leurs études par un doctorat, si bien que la création d’une école doctorale est envisageable à moyen terme (le partenariat avec l’École du Louvre, prête à formaliser l’existence d’une telle école, y invite).
PROPOSITIONS
En l’état actuel, la poursuite du programme de Master of Arts en Études muséales à quatre partenaires ne peut se faire de manière harmonieuse.
À l’avenir, la crédibilité du Master repose sur une réduction du nombre de partenaires et sur l’accès d’un nombre restreint d’étudiants à ce cursus. Deux scénarios possibles se dessinent, qui envisagent la poursuite du développement du programme d’études en muséologie générale.
Le premier scénario signe l’abandon de la discipline intégrable pour permettre le développement, à l’UniNE, d’un véritable Master en muséologie générale à 120 crédits ECTS. Le partenariat interuniversitaire actuel n’est plus nécessaire ; le développement du programme d’études, renforçant la qualité des enseignements, est placé sous la responsabilité d’une seule institution. Ce scénario s’inscrit dans la politique universitaire fédérale, qui voit le développement d’une offre diversifiée de masters dans le paysage romand et suisse, chacune des institutions renforçant des centres de compétences propres.
Le second scénario implique la recherche de partenaires institutionnels sur un champ d’application ponctuel, aux fins de proposer des blocs d’enseignements disciplinaires plus légers (de 10, voire de 15 crédits ECTS). Ce scénario vise à profiter des compétences développées à l’UniNE dans le cadre de masters établis, notamment l’archéologie, l’histoire ou les Sciences humaines et sociales (qui regroupent l’anthropologie, la sociologie et l’ethnologie), des disciplines choisies majoritairement par les étudiants du Master of Arts en Études muséales.