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SAINTE-COLLINE GABRIEL CHEVALLIER. Pour paraître le 1er Mars prochain :

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Academic year: 2022

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JOURS DE LUMIÈRE

(3)

Ouvrages parus dans la même Collection : ™°te de. pages volumes 4 parus6 CLAUDE ANET

64. La Rive d'Asie.

107. L'Amour en Russie.

JACQUES BAINVILLE 84. Jaco et Lori.

JEAN BALDE 162. La Survivante.

181. L'Arène Brûlante.

277. La touffe de gui.

VICKI BAUM R85. Lac-aux-Dames.

EMILE BAUMANN 132. Job le Prédestiné.

TRISTAN BERNARD 127. Les Moyens du Bord.

LOUIS BERTRAND 249. Philippe II.

PRINCESSE BIBESCO 259. Les huit paradis.

BINET-VALMER 136. Le Désir.

157. La Femme qui travaille. RENE BOYLESVE 16. Souvenirs du jardin détruit.

32. Les nouvelles leçons d'amour dans un parc.

CHARLES BRAIBANT 238. Le roi dort (I).

239. Le roi dort (II).

PAUL BRULAT 309. L'âme errante.

FRANCIS CARCO 7. Les innocents.

103. Au Coin des Rues.

150. Perversité.

228. Le roman de François Villon.

250. Prisons de femmes.

284. Paname.

324. Scènes de la vie de Montmartre.

LOUIS-FERDINAND CELINE 226 et 226 bis. Voyage au bout de la nuit.

BLAISE CENDRARS 120. L'Or. ANDRE CHAMSON 105. Les Hommes de la Route.

160. Roux le Bandit.

209. Héritages.

234. L'Auberge de l'Ablme. LOUIS CHARBONNEAU 114. Mambu et son amour.

JACQUES CHARDONNE 159. Les Varais.

185. L'Epithalame.

199. Claire.

214. Eva.

256. L'Amour du Prochain. A. DE CHATEAUBRIANT 12. M. des Lourdines (Prix Goncourt).

235. La réponse du Seigneur. 320. La meute.

GASTON CHERAU 20. Le flambeau des RiSault.

57. Le Monstre.

78. L'Egarée sur la Route.

98. Valentine Pacquault (1).

99. Valentine Pacquault (2).

130. Monseigneur voyage.

192. Fra Camboulive.

227. Celui du bois Jacqueline.

266. La volupté du mal. 289. La maison du quai.

GABRIEL CHEVALLIER 274. Clochemerle. 291. Clarisse Vernon. COLETTE

2. La Maison de Claudine. 6. Les Vrilles de la Vigne.

69. Le Blé en Herbe.

90. L'Envers du Music-Hall.

104. Le Voyage égoïste.

119. La Naissance du Jour.

131. La Seconde.

189. Ces Plaisirs...

216. Sido.

224. La Chatte.

290. Duo.

310. Prisons et Paradis.

M. CONSTANTIN-WEYER 80. La Bourrasque. 86. Chevalier de la Salle.

109. Manitoba.

163. Cinq éclats de silex.

188. Clairière.

217. Source de Joie.

260. Mon gai royaume de Provence.

F. DE CROISSET 67. La Féerie cinghalaise.

143. Nous avons fait un beau Voyage.

286. La Dame de Malacca (tome I).

287. La Dame de Malacca (tome II).

L. DAUDET 124. Un Jour d'orage.

135. Le Sang de la Nuit.

MAURICE DEKOBRA 223. Le Sphinx a parlé.

LUCIE DELARUE-MARDRUS 11. Le Pain blanc.

23. La Mère et le Fils.

59. Graine au Vent.

91. Le beau Baiser.

110. La Petite fille comme ca.

139. Rédalga.

158. Anatole.

171. Hortensia dégénéré.

198. L'Ange et les Pervers.

218. L'autre Enfant.

237. François et la liberté.

275. L'enfant au coq. 288. L'hermine passant.

314. La Girl. 326. Une femme mûre et l lanl()ur.

Pour paraître le 1er Mars prochain :

GABRIEL CHEVALLIER

SAINTE-COLLINE

illustrations de MICHEL JACQUOT

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JEAN VOILIER

J O U R S

DE LUMIÈRE

ROMAN

Dessins de PAUL CHARLEMAGNE

LE LIVRE MODERNE ILLUSTRÉ Collection bi-mensuelle paraissant le lor et le 15 J. FERENCZI ET FILS, ÉDITEURS

9, rU8 Antoine-Chant in, Paris (XIVe)

MCMXL

(5)

Ouvrages parus dans la même Collection : (suite)

JOSEPH DELTEIL 60. Jeanne d'Arc (Prix Fémlna).

93. La Fayette. A. DEMAISON 92. Diato.

133. Le Livre des Bêtes Qu'on appelle sau- vages.

164. Les Oiseaux d'ébène.

193. La Comédie animale.

220. Le Pacha de Tombouctou.

301. D'autres bêtes qu'on appelle sauvages PIERRE DOMINIQUE 144. Notre-Dame de la Sagesse.

184. La Proie de Vénus.

GEORGES DUHAMEL 153. Le Prince Jaffar.

178. La Pierre d'Horeb.

215. Les Plaisirs et les Jeux.

229. Le club des Lyonnais.

244. Tel qu'en lui-même...

254. Querelles de famille.

280. Les hommes abandonnés. MARC ELDER 15. La Maison du Pas Périlleux.

30. La Passion de Vincent Vingeame.

118. Jacques et Jean.

138. La Belle Eugénie.

161. Les Dames Pirouette.

186. Jacques Cassard.

262. La Bourrine. RAYMOND ESCHOLIER 3. Dansons la Trompeuse.

44. Cantegril (Prix Fémina).

95. Quand on conspire.

151. La Nuit.

203. Mahmadou Fofana. 302. Le sel de la terre. JEAN D'ESME 24. L'âme de la Breusse.

EDOUARD ESTAUNIE 10. Solitudes.

22. L'Empreinte.

29. L'infirme aux mains de lumière.

37. L'Ascension de M. Baslèvre.

47. Un simple.

54. Bonne-Dame.

63. La Vie secrète (Prix Fémlna).

72. L'Appel de la Route.

100. Le Ferment.

129. Les Choses volent.

325. Tels qu'ils furent. GENEVIEVE FAUCONNIER 255. Claude (Prix Fémlna). HENRI FAUCONNIER 167. Malaisie (Prix Goncourt). ROBERT FRANCIS 246. La Grange aux trois belles (tome I).

247. La Grange aux trois belles (tome II). 305. La maison de verre.

J.-J. FRAPPA 146. Le Fils de M. Poirier.

172. Les Vieux bergers. JEANNE GALZY 70. Les Allongés (Prix Fémina).

83. Le Retour dans la Vie.

111. La Grand'Rue.

147. La Femme chez les Garçons.

191. L'Initiatrice aux mains vides 261. Les démons de la solitude.

M. GENEVOIX 36. La Joie.

45. Raboliot (Prix Goncourt).

128. Les mains vides.

187. La boite à pêche. CHARLES GENIAUX 197. Le Choc des Races. 5. Pour Genièvre. JOSE GERMAIN 168. Ma Poupette Chérie.

281. Le chemin de New-York.

MARION GILBERT 53. Le Joug (Prix Northcliffe). JEAN GIONO 208. Jean le Bleu.

213. Un de Baumugnes. 278. Le serpent d'etoiles. JEAN GIRAUDOUX 331. Que ma joie demeure (tome I).

332. Que ma joie demeure (tome II). 76. Provinciales.

243. Simon le pathétique.

265. Aventures de Jérôme Bardini.

303. Eglantine.

330. Suzanne et le Pacifique. GUILLOUX 276. La Maison du Peuple. 122. Le Chambard. GYP 137. Le Coup du Lapin.

175. Le Monde à côté. LOUIS HEMON 40. Battling Malone. LEON HENNIOUE 180. Minnie Brandon. PHILIPPE HERIAT 222. L'Araignée du matin.

236. L'Innocent.

328. La foire aux garçons. ABEL HERMANT 8. Les noces vénitiennes.

61. L'Aube ardente.

58. La Journée brève.

77. Le Crépuscule tragique.

102. Camille aux Cheveux courts.

134. Les Epaves.

CHARLES-HENRY HIRSCH 46. La Grande Capricieuse.

101. Miml Bigoudis.

245. L'Homme aux Sangliers.

282. Les Rouchard.

GEORGES IMANN 335. Seize ans.

PANAIT ISTRATI 81. Les Chardons du Baragan.

148. Kyra Kyralina.

165. Oncle Anghel.

195. Présentation des Haldoucs.

230. Domnitza de Snagov.

EDMOND JALOUX 4. L'amour de Cécile Fougères.

17. La fête nocturne.

121. L'Agonie de l'Amour.

169. Le Démon de la vie.

251. Sous les oliviers de Bohême.

268. Le jeune homme au masque 307. Le roman inachevé.

318. Le rayon dans le brouillard. JOSEPH JOLINON 149. Le Joueur de balle.

364. Dame de Lyon. RENE JOUGLET 283. Le jardinier d'Argenteuil.

JACQUES DE LACRETELLB 258. Le Demi-Dieu.

PIERRE-JEAN LAUNAY 323. Léonie la Bienheureuse. MARIUS-ARY LEBLOND 87. L'Ophélia. GEORGES LECOMTIt 31. La lumière retrouvée.

123. Le Mort saisit le Vif.

177. Les Forces d'amour. MARIE LE FRANC 864 Grand-Louis l'Innocent (Prix Fémina!

96. Le Poste sur la Dune.

221. Hélier fils des bols.

297. La rivière Solitaire.

306. Pécheurs de Gaspésie

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A MON PÈRE

Copyright by Ed. Emile-Paul 1938

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Ouvrages parus dans lei même Collection: (suite)

CHARLES LE GOFFIC 112. La Payse. LEON LEMONNIER 201. L'Amour interdit. ANDRE LICHTENBERGER

9. Rédemption.

35. Père.

125. Le Cœur de Lolotte.

252. Des voix dans la nuit.

315. La main de sang. ALFRED MACHARD 142. Coquecigrole.

211. Le Royaume dans la Mansarde. 166. Les Conquérants. ANDRE MALRAUX 196. La Voie Royale. A. MARCHON 311. Le bachelier sans vergogne. 38. Le Fleuve de Feu. 49. Le Désert de l'Amour. FRANÇOIS MAURIAC

65. Thérèse Desqueyroux.

75. L'Enfant chargé de chaînes.

108. La Robe Prétexte.

117. Trois Récits.

194. Ce qui était perdu.

231. Le nœud de vipères.

273. Le mystère Frontenac.

296. La fin de la nuit.

332. Les anges noirs. 42. Les Silences du Colonel Bramble. ANDRE MAUROIS 52. Meïpe ou la Délivrance.

60. Les Discours du Dr O'Grady.

74. Ni Ange. ni Bête.

89. Ariel ou la vie de Shelley.

145. Climats.

173. Byron (tome I).

174. Byron (tome II) 190. Tourguéniev.

219. Le Cercle de Famille.

232. Dickens.

241. Dialogues sur le commandement.

263. L'instinct du bonheur. 298. Mes songes que voici. PIERRE MILLE 43. Myrrhine, courtisane et martyre. 1. Ecrit sur l'eau (Prix Goncourt). F. DE MIOMANDRE 13. La -Jeune fille au jardin.

56. La Naufragée.

140. L'Amour de Mlle Duverrier.

182. Jeux de Glaces.

210. Les baladins d'amour.

233. Baroque.

257. Les egarements de Blandine.

279. Olympe et ses amis.

304. Le greluchon sentiment?.!.

H. DE MONFREID 267. Croisière du Hachich.

299. La poursuite du Kaïpan.

312. Vers les terres hostiles de l'Ethiopie.

PAUL MORAND 55. L'Europe Galante.

68. Bouddha vivant.

94. Magie Noire.

154. Champions du Monde.

IRENE NEMIROVSKï 126. David Golder.

242. L'affaire Courilof.

EDOUARD PEISSON 206. Hans le marin.

272. Parti de Liverpool.

300. Une femme. JOSEPH PEYRE 270. Le chef à l'Etoile d'argent.

293. Sang et lumières. 321. Sous l'étendard vert.

CHARLES PLIRNIER 327. Faux-passeports

POULAILLE 316. Le pain quotidien. MARCEL PREVOST

61. La Nuit fi nira (1).

62. La Nuit finira (2).

82. Mon Cher Tommy.

106. L'Homme Vierge.

155. Nouvelles Lettres à Françoise. RACHILDE 27. La Jongleuse.

269. La femme aux mains d'ivoire.

295. Refaire l'amour.

317. L'anneau de Saturne.

RAYMOND RADIGUET 28. Le Bal du Comte d'Orgel. HENRI DE REGNIER 21. Les Bonheurs perdus.

26. L'entrevue.

JACQUES RICHEPIN 333. Une tête brûlée.

LOUIS DE ROBERT 156. Ni avec toi, ni sans toi.

202. Le partage du cœur.

J.-H. ROSNY AINE 25. L'Amour d'abord.

34. Les femmes des autres.

48. Le Cœur tendre et cruel.

71. L'étonnant Voyage de Hareton Iron"!

113. La° Fille d'Affaires.

200. L'Initiation de Diane.

248. La force mystérieuse.

313. Le bel amour de Jeanne de Navres.

J.-H. ROSNY JEUNE 66. Claire Tecel, « Avocat à la Cour ><

79. La Courtisane passionnée.

116. La Pigeonne.

152. La Désirée. 176. Les Beaux Yeux de Paris.

M. ROSTAND 73. L'Ange du Suicide.

97. L'Homme que j'ai tué.

141. Le Second Werther.

204. L'Homme que j'a) fait naître.

L.-F. ROU,«(JETTE 212. Le Grand Silence Blanc.

MONIQUE SAINT-HELIER 334. Bois-mort.

THIERRY SANDRE 41. Mousseline (Prix Goncourt).

170. Mienne.

ANDRE SAVIGNON 18. Filles de la pluie (Prix Goncourt), 39. Une Femme dans chaque port.

CLAUDE SILVE 329. Bénédiction.

A. THERIVE 115. La Revanche.

179. Sans Ame.

253. Anna.

PIERRE V ALDAGNE 207. Faut-il mentir? PIERRE VEBER 240. La chair est faible.

292. Une nuit dans la montagne. P. VILLETARD 33. Marlse, jeune fille.

183. Un homme les regarde.

225. La Couronne d'Epines.

294. L'enfant terrible. 319. Tonia mon amour.

GILBERT DE VOISINS 83. L'Absence et le Retour.

205. Les Grands Voiliers.

STEFAN ZWEIG 271. La peur.

308. Amok.

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PREMIÈRE PARTIE

IRLANDE

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I

UN HÉRITAGE DE LÉGENDES.

L'un contre l'autre, devant la fenêtre, les coudes sur la table, Mauva et Roderick se taisaient. Sous leurs yeux s'éloignaient insensi- blement, masse grasse et profonde, les moutons marqués aux couleurs du troupeau.

Traînant sa bicyclette, le berger marchait. Son ombre allongée

glissait sur l'étendue tourbeuse, verte et rousse, dorée de soleil. En arrière, immobile, fixant le lointain à travers ses bois sombres, un

bélier. D'une bousculade, un chien actif vint le recoudre en trois bonds

à la couverture mouvante.

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— Tu entends ? dit Mauva à voix basse.

— Oui, répondit Roderick, l'histoire du diable et de la poêle à frire...

De l'angle opposé de la pièce venaient des cris rauques, des paroles ponctuées de gémissements.

— N'oublieras-tu jamais « ses » contes ? demanda Roderick.

La jeune fille qui, distraitement, de ses doigts maigres, pressait des flocons de laine, joignit les mains.

— Je me rappellerai tout, dit-elle, et comment tu écoutais.

Un triste sourire effleura ses lèvres.

Traits menus, cheveux châtains, nuque frêle, bouche petite aux dents égales, joues arrondies, elle n'était pas belle, mais charmante, enfantine encore.

Elle avait seize ans comme lui.

Elle soupira.

La porte ouverte sur la campagne laissait pénétrer un franc rec- tangle de lumière. De temps en temps, une poule écervelée se risquait.

Sans que ni l'un ni l'autre eussent perçu l'approche de quelqu'un, une haute silhouette leur apparut, tout à coup, prononcée sur le ciel. Un homme grand, sec, insolite, était là, appuyé sur une seule jambe, comme un héron.

Un large béret de tweed verdâtre était posé de biais sur sa cheve- lure couleur de fer d'où s'échappaient quelques mèches en désordre.

La coupe parfaite, la structure donnaient une dignité superbe à son visage. L'esprit avait sculpté ce front lisse, ce nez droit à l'arête pré- cise, aux ailes finement découpées, ces pommettes tendues de peau brune.

Une veste garnie de boutons de cuir fauve bâillait sur une chemise kaki, le kilt découvrait des genoux rugueux.

Jeté avec négligence sur l'épaule dt le bras gauche, épais et souple, un plaid brique tombait jusqu'aux talons.

Les plaintes étouffées, les grognements venus de la maison arrê- tèrent Michael O'Gorman, la main sur sa forte canne. Avant d'entrer, il inspecta l'intérieur.

C'était l'habituelle et pauvre habitation irlandaise du Connemara : âtre enfumé où pend la théière, où s'entassent les gros oignons cuits;

murs à la chaux éclatants de blancheur, crédence supportant les assiettes et les bols, image polychrome de la Vierge au-dessus du bénitier.

Dans l'encadrement de la fenêtre, de dos, isolés en leur jeunesse, hors du drame, Roderick et Mauva.

D'un coin obscur de la pièce, des hoquets.

Michael O'Gorman fronça les sourcils. Peu à peu, dans l'ombre,

il distingua des formes. Il vit d'abord, assise, sous l'ample jupe rouge

des paysannes de l'Ouest, déchirée, rapiécée, loqueteuse, le châle noir

sur la tête, une vieille sans âge, de longs poils blancs au menton et

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sur les joues, un visage gris, déformé, tout en ornières, des cheveux jaunâtres emmêlés ou collés en mèches, retombant le long de son cou, et, perçant cette boue sèche, deux yeux, comme des pointes de char- bon : l'air d'une chèvre diabolique.

Ayant aperçu Michael O'Corman, la sorcière grogna en patois, frappa le carreau du bâton qu'elle tenait comme une crosse, et, de son pied nu, — tache vivante sur le ramassis des haillons où il reposait,

— secoua un corps.

Ainsi Michael découvrit qu'une autre vieille gisait là, sur un mate- las à même le sol.

Son visage, réduit par la vie, déjà de cendre, gros comme un poing, sans lèvres et bouche béante, se confondait avec les étoffes pous- siéreuses. Délirante, 'traversée de lambeaux des légendes qu'elle racon- tait jadis, elle luttait maintenant avec son âme sur un tas de guenilles.

En boitant, Michael O'Gorman fut au milieu de la chambre.

Il appela doucement : — Roderick O'Brien...

Les jeunes gens, surpris, se retournèrent.

Roderick se leva.

— Vous me cherchiez, Monsieur ? dit-il.

— J'ai appris à Carna qu'on te trouvait souvent ici. Il plaisanta l N'es-tu pas le jardinier de Mademoiselle Kennedy ?

Puis, changeant de ton :

— Alors, as-tu réfléchi, es-tu décidé ?

— Oui, dit Roderick, je suis prêt à vous suivre.

Mauva Kennedy pâlit, creusa la poitrine. Les véhémentes exhortations de la vieille sur son séant couvraient les bredouillages de l'autre.

— Votre grand'tante, n'est-ce pas, dit Michael.

— Mes deux grand'tantes, répondit Mauva.

— Vous avez beaucoup de chagrin ?

Le regard fixé sur Roderick, elle fit un signe affirmatif.

— Pardonnez-moi, Mademoiselle, de vous enlever votre ami.

De sa démarche raide et inégale d'homme estropié, O'Gorman regagna la porte; puis, dans une volte-face :

— Je vous laisse, mes enfants, faites-vous vos adieux.

Roderick alla vers la mourante, s'agenouilla, Mauva, près de lui, resta debout :

— Jure devant elle de ne point renier notre enfance.

— Je le jure !

Il se pencha sur le visage de terre crevassée, l'embrassa au front, mit sa joue contre la joue au poil rude de la vieille gardienne, fit quelques pas, entraînant Mauva.

— Pars vite, dit-elle, la gorge serrée.

Gauchement, il posa un baiser sur sa tempe, au hasard.

— O'Gorman m'a promis qu'il ferait de moi « un homme », dit-il

comme une excuse.

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— Je t'aimais comme tu étais.

Roderick, rouge d'émotion, sortit rejoindre son nouveau maître.

Il vit à quelques yards Michael O'Gorman qui dressait son chien à sauter par-dessus sa canne.

II

UN MAÎTRE PEU ORDINAIRE...

Au bruit de la camionnette, Maggie et Katie se précipitèrent à la fenêtre de la cuisine.

Les deux servantes se tenaient par la taille, se bousculant par jeu.

— Monsieur descend.

— Voilà le jardinier.

— C'est un beau gars.

— Qu'est-ce qu'ils font ?

— Ils débarquent un âne.

— En effet, remarqua Maggie. Pour avoir le jardinier, disait l'autre jour Monsieur, il faut prendre l'âne en pension.

Lâché dans la prairie, l'âne se mit à braire, effrayant le poney qui s'enfuit sur ses longues pattes molles.

Quand, suivi de Roderick, O'Gorman eut gravi le perron, échap- pant aux curiosités des filles, nonchalantes, elles retournèrent à leurs ouvrages.

Faire les honneurs de sa maison enchantait Michael. A défaut de noble étranger, Roderick lui en fournit le prétexte.

— Voici le salon, dit-il avec orgueil.

Son regard embrassa la pièce blanche, spacieuse, que cinq fenêtres prolongeaient d'un tapis vert incliné jusqu'aux roseaux des rives du loch.

Des revues, des journaux s'entassaient pêle-mêle sur un guéridon.

Devant la cheminée, des fauteuils confortables, fatigués et déteints semblaient avoir servi au repos de guerriers. Dans un coin, des chaus- settes reprisées séchaient.

Deux roses dans un verre, des crayons, des pinceaux, des bou- lettes de mie, un bouddha, une sacoche de cuir encombraient une commode.

Le désordre ne choquait pas Michael. Il ignorait le geste instinctif qui s'attaque à la disparate des choses.

Roderick suivait sans mot dire ce curieux maître. Ils traversèrent la

salle à manger décorée d'oiseaux sauvage, montèrent le large escalier

de boit, gagnèrent une chambre. Michael désigna le lit et l'armoire.

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— De l'acajou ! dit-il fièrement.

Roderick n'eut pas l'air de comprendre.

O'Gorman insista :

— Tu ignores que pour nous, Irlandais, l'acajou est une rareté.

Du revers de sa main, il caressait les meubles lisses.

— Tu ne sais rien, évidemment, conclut-il. J'aurai tout à t'apprendre. Encore un étage, il tourna la clé d'une porte étroite.

— Ta chambre, dit-il.

Roderick aperçut, à travers les vitres, le lac Corrib, le bois de pins et Toby, son âne, qui broutait. Il sourit.

— Tout à l'heure, reprit Michael, tu rangeras tes affaires; pour l'instant, suis-moi.

Au grenier, Michael ajusta une haute échelle, grimpa, laissant voir sous le kilt ses cuisses sèches comme des sarments.

Derrière lui, Roderick, preste, s'élança.

Sur la terrasse de la maison, ils restèrent longtemps silencieux, côte à côte, puis, d'un même mouvement, se tournant l'un vers l'autre, ils se firent don de leurs regards. Ce fut leur premier pacte. La lande, d'un vert passé mêlé de jaune et de cuivre, avait ce ton incertain des tweeds mats et chauds à l'œil; puis, çà et là, se fondait en taches claires, transparentes et fraîches. Pour les discerner, l'œil devait s'accommoder à la multitude des lochs où plongeait le soleil couchant. La terre et l'eau étaient si intimement mêlées, confondues, pénétrées l'une par l'autre, qu'on ne savait plus ce qui était ciel, terre ou lac.

Au loin, derrière les montagnes violettes, s'imposant aux teintes brouillées du soir, un éclat d'or vif au-dessus d'un pic, disait le feu. A l'est, sur plusieurs plans, « the twelve pins »1, aux courbes douces. Les plus lointaines répétaient comme une ombre l'ondulation des chaînes rapprochées : elles semblaient noyées d'une buée légère, pâles et déjà bleues comme la nuit; elles insinuaient leur harmonie voluptueuse entre le ciel et la lande couleur de ciel. Pas un son.

Immense, plus immense qu'aucune autre, la plaine de l'air. De longues écharpes traînaient leurs roses et leurs mauves aux flancs des monts. Les rives du loch s'ourlaient d'aigue-marine.

Au couchant, une navette limpide se répétait de l'autre côté de l'horizon, image réduite, émeraude, pure, essentielle.

Une fois redescendu, l'heure du dîner approchant, Michael voulut montrer rapidement à Roderick la cour où l'on rangeait le bois. En

1. 7he twelve pins : nom courant et géographique donné à ces

montagnes du Connemara. En réalité, la traduction du gaëlique

devrait être the twelve bends. Ces montagnes n'ont en effet nullement

la forme de douze épingles, mais de douze pentes, .

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vérité, les bûches étaient jetées dans une ancienne écurie délabrée qui donnait sur une cour boueuse, où de vieilles cuvettes, des cercles de barriques étaient échoués.

Un coup d'oeil au pigeonnier, à l'ancien four, toutes choses dans un abandon qui ne put échapper à Roderick.

Ils traversèrent le potager pour gagner la serre. Michael cueillit une tomate encore verte et la croqua. A^ant regagné la maison, il ouvrit une dernière porte.

Roderick, stupéfait, n'osait pas avancer. Dans une immense biblio- thèque, dont les murs disparaissaient sous les livres, Michael fit quelques pas, frappa un tome de la main, s'assit devant une table encombrée de papiers :

— Mon ami, dit-il à Roderick debout devant lui, ton grand-père était « Fenian »1; tu le sais, les Anglais l'ont tué. Il a préféré la mort à l'esclavage. Ce fut la ruine pour les siens... Et ce qui te vaut ces bonnes mains d'ouvriers, ces mains qui savent gagner le pain d'un homme.

Il continua :

— J'exige ton application et ta loyauté. En échange, je te donnerai les moyens de t'instruire comme les tiens l'eussent fait s'ils avaient vécu dans une Irlande libre.

« Ton travail terminé, tu viendras ici. Je t'aiderai. Je répondrai à tes questions. Je t'indiquerai la route. Ces livres, je te conseillerai dans leur choix. Si plus tard, tes goûts changent, si tu aspires à t'éva- der de ton métier actuel, libre à toi. Puisses-tu comprendre néanmoins, que celui qui vit comme nous, trouve en soi-même richesse et joie.

Moi aussi, je suis sur ma terre un paysan.

« N'oublie pas, toi qui portes le « fainne » 1 que chez O'Gorman, seul le gaëlique est permis.

« Et maintenant, va ! »

Michael n'avait plus rien à ajouter : dans l'ombre il avait vu briller les yeux de Roderick O'Brien.

III

DES FLEURS ET DES LECTURES

Michael bourra soigneusement sa pipe, remit en place un diction- naire, tisonna le feu, joua du kaléïdoscope qui ne quittait pas son bureau, leva le châssis de la fenêtre, s'appuya au chambranle.

1. « Fenian », nom des insurgés de la tentative d'insurrection de l'Irlande contre l'Angleterre en 1867.

1. Le fâinne (prononcer fognia) est un cercle d'or pour les hommes,

d'argent pour les enfants, que les Irlandais portent au revers de

leur veste et qui signifie qu'on doit leur parler, non point en anglais,

mais en gaëlique.

(16)

Il tira une longue bouffée.

Depuis le matin, il pleuvait ; non point une eau lourde ou drue tombant du ciel à pleins seaux, soudaine, excessive, méridionale, mais une pluie fine, légère comme une vapeur, comme une rosée ; une pluie tranquille, patiente, faite pour durer tout l'hiver et tout le printemps, et même revenir en été quelquefois, afin que l'herbe soit verte, serrée, succulente, plus belle que nulle part au monde.

Cette pluie, c'était comme de grandes voiles poussées par le vent, tantôt opaques, tantôt diaphanes, prisme liquide dans le soleil, qui se riait du vent et de la pluie. Mais lorsqu'une bourrasque s'élevait, elle arrachait aux sapins des gémissements d'agrès, des grincements ; les lapins affolés, désorientés, fuyaient.

Profitant d'une éclaircie — février gonflait déjà les bourgeons poin- tus — Roderick, sur la prairie, taillait un magnolia.

Michael ne voyait le jeune homme que de dos, il appréciait ses mou- vements sûrs. Sa chevelure brune, vivante, avait quelques reflets de cuivre. Sa nuque saine se dégageait d'une chemise de laine bleue.

Souple, il allait d'une branche à l'autre, sans hésitation, dans un équi- libre naturel.

Michael suivait la main qui, d'un coup net du sécateur, détachait les brindilles de bois mort, ou bien, choisissant une branche, l'attaquait d'une petite scie, qui laissait, après la coupure, une plaie de miel pâle.

Michael compta : Roderick O'Briain était ici depuis six ans.

O'Briain et non plus O'Brien. Depuis cinq ans, Roderick, ayant renoncé à l'orthographe anglaise, portait fièrement cet « O'Briain »*, l'ancienne forme gaélique de son nom.

De ce lointain ancêtre de tous les O'Briain du monde, du plus grand des vieux rois d'Irlande, du magnifique tueur de Vikings du Xe siècle : Brian, Roderick s'enorgueillissait.

Ce garçon avait plu à Michael depuis le jour même où il l'avait observé au travail, dans le jardin de l'hôtel, à Carna. Maintenant ils ne se quittaient guère. Parfois, une envie soudaine de lui parler lançait O'Gorman, d'un pas inégal et trop rapide, à la recherche de Roderick.

— Rovy, où es-tu ?

Et tandis qu'O'Briain écussonnait des roses, Michael vociférait un pamphlet politique, ou brandissait le dernier poème dont il était fou.

Roderick était-il pour lui un serviteur dévoué, un ami, un fils ? Il ne s'interrogeait pas. Il l'aimait. Il l'aimait, et sa femme aussi l'aimait, et Maggie, et Katie, et tous les gens à l'entour, et tous les enfants du village qui, à grand bruit de galoches, quittaient l'école en courant pour venir l'embrasser.

L'instruction que Michael avait désirée pour lui, Roderick, curieux et doué, l'avait acquise, étudiant de son mieux entre ses besognes de jardinier.

1. 0 signifie « descendant ». Briain est le génitif de Brian.

0'Briain=descendant de Brian.

(17)

Ses goûts n'avaiént point changé.

Certes, l'histoire l'intéressait et les récits de voyages ; mais sa vraie passion, c'était l'arbre et la fleur. Ses connaissances nouvelles n'avaient fait que l'assurer dans le choix de son instinct.

Parti à deux reprises pour suivre des cours d'horticulture, il était revenu enthousiaste, plein de projets. La propriété, par ses soins, était méconnaissable.

Michael demeurait toujours immobile et songeur devant la fenêtre, quand, suivie de la bonne qui portait le thé, Mme O'Corman entra.

Elle était forte, avec un sourire qu'elle avait sauvé de sa jeunesse, et des cheveux tout blancs.

— Je suis lasse, dit-elle, en se laissant tomber dans un fauteuil, je viens de peindre pendant trois heures.

— Pourquoi te fatiguer ainsi, Annabel ! dit O'Gorman, beurrant un toast.

— C'était les premières primevères.

Et devant ses yeux passaient des pastilles du jaune tendre et aigrelet qu'avait poursuivi son pinceau.

Le thé des Indes parfumait la pièce. Une aise envahissait les êtres.

Michael poussa un soupir. La vie était douce.

Mme O'Gorman aperçut Roderick dans l'arbre.

— Ce garçon ne va-t-il pas se reposer ? Tu le surmènes !

— Mais non... c'est lui !

— Il n'arrête pas !

— Appelons-le !

Un même élan les porta vers la fenêtre ; ils crièrent d'une seule voix :

— Roderick !

Roderick s'orienta vers eux.

— Viens prendre le thé ! oust ! ordonna Michael.

Roderick mit la scie et le sécateur dans la poche de son tablier, des- cendit l'échelle appuyée à une maîtresse branche du magnolia, passa ses mains sous la fontaine et accourut, le visage lavé de grand air, le sang aux pommettes et au front.

Il s'assit à terre, accepta une large part d'un gâteau onctueux, y mordit à pleines dents, but une gorgée de thé.

— Il fait bon, dit-il.

— Oui, il fait bon, reprirent ensemble les vieux époux.

IV

L'ENCHANTEUR D'ENFANTS

— Roderick ! Roderick !

' Dans la nuit claire, deux robes de soie : robes du dimanche, rose,

verte. Deux jeunes filles. Elles arrêtèrent la bicyclette d'O'Briain.

(18)

Roderick et Liam ont traversé la foule. Ils se sont embarqués avec une gravité paisible.

Trois coups de sifflets longs. Une immense clameur. Tant de cœurs battant dans tant de poitrines. Entre le « pier » et la coque énorme du navire, d'abord une rivière d'eau, puis un fleuve, puis un morceau de la mer océane.

Le quai d'embarquement de New-York est maintenant semblable au rayon d'une étoile de mer renversée. Il frémit d'innombrables petits tentacules : milliers de bras et de mains qui voudraient se souder encore aux bras et aux mains qui continuent à s'agiter, de l'autre côté, sur le pont du bateau.

Bientôt, l'île fabuleuse apparaît tout entière, comme sur une carte postale.

A bord, un vieux et un jeune matelot lovent les aussières, larguées et rentrées au moment du départ.

— Petit, dit l'aîné, ne fais pas cette tête-là, c'est fini !

— Mais tu sais bien qu'on n'y pense plus, en mer, à tous nos

« embêtements » avec les femmes ! Tiens, lorsque j'avais ton âge, et que je bourlinguais dans la marine à voiles, sais-tu ce qu'on lui criait, à la terre, quand on appareillait ? « Hisse le grand foc. tout est payé, vieille garce ! »

Roderick regarde fixement New-York qui s'éloigne. Le soleil dore les gratte-ciel.

Liam n'ose pas lever les yeux sur son ami. Il l'entraîne doucement par le bras et murmure : — Allons à l'avant. Du côté de l'Irlande.

« La Piade », Saint-Tropez.

1938

L'Imprimerie Moderne, 177, route de ChÙtillon, Montrouge 9-2-'.0

(19)

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