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Qu'est-ce qui est petit, rouge et

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Academic year: 2022

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Nom de la source Valeurs Actuelles Type de source

Presse • Magazines et revues Périodicité

Hebdomadaire

Couverture géographique Nationale

Provenance France p. 18

Jeudi 21 novembre 2019

Valeurs Actuelles • no. 4330 • p. 18,019,020,021 • 1777 mots EN COUVERTURE Les guignols de l'intox

La tyrannie des bien-pensants

Bastien Lejeune

Ils sont jeunes, drôles et dans le vent. Menés par Yann Barthès, ils disent le bien et le mal tous les soirs dansQuotidien. Enquête sur des faux cools mais vrais censeurs.

Q

u'est-ce qui est petit, rouge et blanc, se balade un peu partout et agace tout le monde ? Et qu'est-ce qui est petit, en costume-cravate, ne se balade nulle part mais distille tous les soirs du lundi au vendredi pendant près de deux heures et devant 1,2 million de téléspectateurs, ce que, de nos jours, le politiquement cor- rect produit de plus chimiquement pur ? Depuis qu'il a créé l'émissionQuotidien , en septembre 2016, Yann Barthès, l'an- imateur vedette de TMC - 1,68 mètre, c'est lui dans le costume - a fait éclater la concurrence dans cette case si convoitée de l'access prime time. Sa recette ? Un mélange d'information et de divertisse- ment - que les personnes autorisées ap- pellentinfotainment-, cocktail séduisant qui permet la très large diffusion d'une propagande bien-pensante savamment mise en scène.

Quotidien ne se refuse pas. Il faut ab- solument répondre à son micro - petit, rouge et blanc, donc - pour faire la pro- motion d'un film, d'un projet ou d'un livre. C'est pourquoi, en avril dernier, Mathieu Bock-Côté acceptait tout na- turellement l'invitation de Yann Barthès pour présenter en plateau son nouvel ou- vrage.« Je savais que je n'allais pas en territoire ami - j'allais en fait critiquer

le politiquement correct dans son temple

», raconte le sociologue québécois, se remémorant une ambiance« étonnante

»qui en dit long sur le programme de TMC : « Ce petit milieu est tellement habitué à pratiquer l'entre-soi idéologique qu'ils se sentent immédiate- ment désorientés devant quelqu'un qui se présente devant eux sans se soumettre immédiatement à leurs codes. » Sauf que ceux qui contestent trop les dogmes principaux du progressisme font rarement leur chemin jusqu'aux studios de la chaîne du groupe TF1, comme Bock-Côté eut la chance de le faire. La plupart du temps, un reportage oppor- tunément monté et quelques commen- taires sarcastiques en plateau font l'af- faire pour décrédibiliser une pensée dis- sidente.

"Fact-checking" à la sauce "fake news"

Cas pratique. Valeurs actuellesaccom- pagne Nadine Morano au Haut-du- Lièvre, la cité nancéienne où a grandi l'élue Les Républicains. Elle constate la transformation des lieux de son enfance sous l'impact de l'immigration de masse et de l'islamisation. Quotidien envoie son cameraman, qui filme une réalité toute différente. Des femmes voilées ?

« Pas tant que ça. » Des hommes en qamis? Impossible d'en dégoter un seul.

© 2019 Valeurs Actuelles. Tous droits réservés.

Le présent document est protégé par les lois et con- ventions internationales sur le droit d'auteur et son util- isation est régie par ces lois et conventions.

Certificat émis le21 novembre 2019àUNIVERSITE-JEAN- MOULIN-LYON-3à des fins de visualisation personnelle et temporaire.

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Rires entendus sur le plateau : on a en- core pris ces vieux réacs en pleine dés- information, la main dans le pot de repli sur soi - Barthès ajoutera l'outrance au dédain et jettera par terre l'hebdo- madaire qu'il tenait en main. Pas de chance,Valeurs actuellesavait filmé et put apporter la preuve par l'image de la mauvaise foi absolue de l'équipe au mi- cro rouge. « On peut faire dire ce que l'on veut à des images montées , peste Morano,en l'occurrence, c'était l'exact contraire de la réalité. »La députée eu- ropéenne, régulièrement prise pour cible par l'émission, ne supporte plus les ma- nipulations de l'équipe Barthès :« Moi, je travaille pour la France, lui est dans une démarche politique, militante, idéologique et ne pense qu'au tiroir- caisse de sa boîte de prod. »

Euphémisme :Quotidienn'a pas la cote auprès des politiques. Un jour, Jean-Luc Mélenchon dénonce les« images mon- tées et accommodées »qui ont permis le procès intenté à sa formation politique, un autre jour, Robert Ménard se trou- ve "fact-checké" à la mode Morano pour avoir dénoncé la prolifération des ke- babs dans sa commune de Béziers. De La France insoumise à Marine Le Pen, on alerte sur les méthodes « malhon- nêtes » des journalistes de TMC. La présidente du Rassemblement national égrène :« Mépris total envers les mil- itants, manipulation grossière des im- ages, scénarios écrits à l'avance... »Sa formation a décidé, comme d'autres, de ne plus délivrer d'accréditation aux re- porters de Quotidien:« Ils sont agres- sifs et font preuve d'une absence totale d'éducation élémentaire... Ces gens ne sont pas des journalistes, ce sont des bouffons et on se doit de les traiter comme tels. » « Nous avons toujours eu comme philosophie de ne pas les os- traciser , tempère un responsable de la

communication présidentielle. Ça ne sert à rien de les rejeter, ça rend la situ- ation encore plus difficile. »Emmanuel Macron lui-même a pourtant déjà évo- qué l'idée de fermer le robinet à accrédi- tations, lui aussi échaudé par la fausse impertinence des mini-Barthès de ter- rain.

Nous sommes en mars 2018. Le chef de l'État, accompagné de son épouse Brigitte, profite de son voyage officiel en Inde pour visiter le Taj Mahal, un moment« privé », selon l'agenda prési- dentiel. En conférence de presse, une journaliste de Quotidien interroge le président sur l'aspect privé de sa visite puisqu'il était accompagné par des pho- tographes - sans doute voit-elle ici le summum du courage journalistique. « Je tiens vraiment à vous remercier pour la grande qualité dont vous venez de faire preuve,répond Macron.S'il y a des questions de fond, je les prends toutes. » La même subversion éditoriale s'ex- prime régulièrement dans le talk-show.

Les cibles sont souvent les mêmes et la méthode ne varie pas.« Ce que je n'aime pas, c'est le désir de ridiculiser les poli- tiques », commente Bock-Côté. Obser- vateur assidu de la vie médiatique, à la tête d'Arrêt sur images, Daniel Schnei- dermann« ne regarde plus » Quotidien.

« D'ailleurs, dit-il,vous aurez remarqué que je n'en parle plus. »En 2017, il avait cependant magistralement analysé pour Libération l'un des principaux ressorts de l'émission de Yann Barthès, « ma- chine à ridiculiser ». Un soir de débat de campagne présidentielle sur TF1, et deux jours après que Nicolas Dupont- Aignan a quitté le plateau du 20 heures de TF1 pour protester contre son évic- tion dudit débat, Quotidien réalise une séquence visant à « régler son compte

» à l'homme politique souverainiste.

Daniel Schneidermann décrypte :« En s'achetant les services de Barthès, le groupe TF1 a construit une mécanique implacable, et totalitaire.[...]On parle beaucoup d'Orwell, ces temps-ci.

George Orwell avait inventé le quart d'heure de la haine. Yann Barthès fait mieux : les cinq minutes du ridicule. » Le président de Debout la France abonde dans le sens de l'ancien journal- iste duMonde:« Libre à eux de se mo- quer, mais dans leur système, la victime n'a jamais le droit de se défendre.Quo- tidienest une machine à détruire les op- posants politiques. » Cet appétit pour l'humiliation publique dépasse d'ailleurs largement le cadre de la seule politique.

Encore aujourd'hui on la décrit comme une "séquence culte" duPetit Journal, l'ancien bébé du Barthès époque Canal Plus : novembre 2009, la caméra de la chaîne cryptée rôde à l'entrée d'un con- cert du rappeur Snoop Dogg. Un jeune homme se risque à une dédicace qui sus- cite les regards dubitatifs de ses amis. Le

"bide", disséqué par Barthès, fait rapi- dement le tour des réseaux sociaux, des pages Facebook sont créées où plus d'un million de personnes (!) communient dans le lynchage numérique de l'adoles- cent. Risée du Web, harcelée en ligne, la victime devra changer de lycée.

"C'était gratuit, ça peut détruire quelqu'un"

Barthès aime à jeter des noms en pâture, sans se soucier des conséquences. En janvier 2017, en marge d'un déplace- ment de Benoît Hamon, Cyrille Eldin, nouveau présentateur duPetit Journal, s'en prend à une journaliste deQuotidien qui l'empêche de poser ses questions au futur candidat socialiste. Le lendemain, la tête d'affiche évoque à l'antenne« un

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collègue totalement relou, un poil vio- lent et misogyne. » « Ce n'est pas anec- dotique, c'est du venin glissé en douce sans regarder la caméra, déplore Eldin aujourd'hui. Les jours suivants, c'était un sujet dans la cour de récréation de mes enfants. Et puis ce genre de diffamation, alors que j'étais en plein di- vorce... c'était du caviar pour aller de- vant un juge. » Il reste marqué par l'épisode : « C'était gratuit, ça peut détruire quelqu'un. »

Ne dites surtout pas à Yann Barthès qu'il fait une émission de gauche.« Oui, je vote, répondait-il l'année dernière à une téméraire intervieweuse,mais on inter- roge de la même manière Valérie Pécresse et Olivier Faure. »Ce qu'évac- ue le présentateur, c'est qu'au-delà des élus interrogés, le parti pris idéologique de ses émissions est toujours le même : défense des minorités, des LGBT, des migrants, lutte contre« les extrêmes »...

En somme, la défense de l'autoproclamé camp du Bien. Le Dr Bertrand de Rochambeau peut en témoigner. Gyné- cologue catapulté "méchant" après avoir déclaré au micro deQuotidien, qui l'in- terrogeait sur sa volonté de ne plus prati- quer d'avortements, qu'il n'était« pas là pour retirer des vies », il estime avoir été « piégé » . D'abord en raison du montage de l'entretien, qui ne montrait que la conclusion de sa réflexion, sans nuances ni explications, mais aussi parce qu'il fut présenté avec insistance comme le président du Syndicat national des gynécologues-obstétriciens de France (Syngof) alors qu'il s'exprimait en son nom propre.« J'aurais été le doc- teur X de n'importe quelle maternité, ils n'auraient pas fait le coup qu'ils ont fait.

J'ai été utilisé comme un trophée », dit- il.« L'objectif était assez facile à trac- er , poursuit le médecin, cette journal- iste féministe exprimait une volonté de

remettre en cause notre clause de con- science spécifique sur la question de l'IVG. » Objectif atteint : depuis la

"polémique", plusieurs parlementaires ont proposé de supprimer cette clause.

Bouffons, amuseurs, clowns... Dans la bouche des détracteurs de la bande à Barthès, les synonymes ne manquent pas pour qualifier ce journalisme "new age" qui se rit de tout, fait passer la dérision permanente pour de l'humour bon enfant et enterre le débat démocra- tique en traitant toute contradiction par le sarcasme. Professeur de philosophie, François L'Yvonnet voit dansQuotidien l'application parfaite de ce qu'il décrivait, en 2012, dansHomo comicus ou l'Intégrisme de la rigolade. Qui est l'Homo comicus? « Un nouvel homme public à la fois journaliste, amuseur et donneur de leçons, répond L'Yvonnet.

Maître de morale, il dit le vrai et le bien avec un aplomb impeccable et rejette hors de la norme tous ceux qui ne pensent pas comme il faut. » Yann Barthès consacre le triomphe de ce phénomène.

En 1983, le philosophe Gilles Lipovet- sky théorisait, lui, l'avènement dans nos sociétés d'une « ère du vide » . « Il y a effectivement chezQuotidienquelque chose qui est l'incarnation du vide, con- firme L'Yvonnet,mais un vide puissant qui fait la loi. » Jadis,« le bouffon du roi assurait un salutaire rôle de soupape en critiquant le pouvoir sous le contrôle compréhensif du souverain » , soupire encore Nadine Morano. Le roi est mort, vive Yann Barthès ! Les bouffons font la loi, ils sont hors de contrôle. Bienvenue dans le monde deQuotidien.

Encadré(s) :

"Barthès était intelligent et courtois,

ses amis l'étaient peut-être moins. Ils

"perroquetaient" les grandes lignes du discours progressiste. Sans se ren- dre compte que, tout simplement, ils se scandalisaient qu'un discours re- posant sur d'autres prémices que les leurs puisse simplement exister. "

Mathieu Bock-Côté, invité à "Quotidi- en".

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Nom de la source Valeurs Actuelles Type de source

Presse • Magazines et revues Périodicité

Hebdomadaire

Couverture géographique Nationale

Provenance France p. 22

Jeudi 21 novembre 2019

Valeurs Actuelles • no. 4330 • p. 22,023,024,025 • 1652 mots EN COUVERTURE Les guignols de l'intox

Les victimes quotidiennes de Quotidien

Ingrid Riocreux

Au nom d'une fausse "impertinence", les journalistes de l'émission de Yann Barthès ont fait profession d'humilier des anonymes. Cas d'école.

T

out récemment, j'ai recom- mencé à regarder Quotidien . À vrai dire, depuis que la bande à Barthès s'était téléportée sur TMC, je trouvais qu'elle s'était terrible- ment affadie; et l'accueil obligé de l'ac- teur-chanteur en tournée promotionnelle que l'on est contraint d'aduler et à qui l'on impose des interviews com- plaisantes et des petits quiz gnangnan sur ses musiques préférées est une chose qui m'a toujours indisposée fortement.

Quand on regarde Quotidien au- jourd'hui, on est frappé par le côté gen- tillet et même ennuyeux de l'émission de Yann Barthès. On peine à saisir l'in- térêt de certaines séquences : les sketchs de Laura Felpin, qui se déguise pour in- carner des personnages en rapport avec l'actualité, regardent désespérément vers le précédent de Florence Foresti chez Ruquier sans jamais lui arriver à la cheville; je reste très sceptique devant l'intérêt de la Mondaine , petite séquence durant laquelle Clémence Ma- jani s'invite dans des soirées, prix lit- téraires, expositions, dégustations. Ce n'est pas vraiment informatif, cela reste superficiel et se veut léger, mais ce n'est pas drôle non plus, j'avoue ne pas saisir le concept. En revanche, d'autres mo-

ments sont franchement drôles : ce que fait Étienne Carbonnier dans les chroniques Canap et Transpi , petits montages pas très fins, parfois vulgaires, mais jamais vraiment méchants, rap- pelle un peu ce que faisait Camille Com- bal chez Cyril Hanouna, la seule chronique deTouche pas à mon poste ! que j'ai suivie avec un certain plaisir, à une époque.

Même Salhia Brakhlia s'en tient, la plu- part du temps, à des résumés en images de l'actualité vue sur les autres chaînes, sans doute parce qu'elle a été vidée de sa substance par son passage sur BFM TV et ses billets piteusement engagés : on se souvient du fameux reportage sur la "fête du cochon" où elle s'offusquait qu'on ne trouvât... que du cochon.

Les "Français vrais" comme des

"gros beaufs"

Pourtant, si tout cela reste très innocent, on sent queQuotidiendoit, dans le cadre grand public du groupe TF1, s'évertuer tant bien que mal à maintenir en vie la gloire passée duPetit Journalde Canal Plus, s'il ne veut pas devenir une émis- sion de divertissement pour bobos (pen- dant de TPMP ! , dont Barthès aime à caricaturer le public en vieux beaufs

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franchouillards, alors qu'Hanouna s'adresse justement à la jeunesse dérac- inée, dépourvue de patriotisme et droguée aux écrans).

Cette survivance de "l'esprit Canal" se traduit dans certaines séquences. Voyez, par exemple, le Mot de la semaine de Papi Facho , qui se moque des entre- tiens en ligne de Jean-Marie Le Pen. On pourrait espérer trouver là des bijoux de la presse satirique engagée. En réalité, ce qui fait rireQuotidien n'est pas tant que l'ancien président du Front national tienne des propos effrontés sur l'immi- gration ou l'islam, mais seulement...

qu'il soit vieux. Les bégaiements et tous- sotements d'un vieillard sénile qui« fait rire dans les Ehpad », selon le mot de Yann Barthès, voilà ce qui constitue le sel de cette chronique. Autre survivance : la Vraie Parole des Français vrais , présentée par Pablo Mira. Les "Français vrais" sont présentés comme des "gros beaufs", dont il glane sur la Toile les propos bourrés d'insultes et de fautes d'orthographe. Il attribuait tout récem- ment des prix ironiques à ces messages : un an d'abonnement àValeurs actuelles , une nuit d'amour avec Éric Zemmour.

On rit trop.

Et puis, Quotidien n'a pas rompu avec une pratique des plus détestables : l'hu- miliation des anonymes. Et Quotidien veut pouvoir le faire tranquillement.

Pourtant, rien ne lui inspire plus de fierté que de sentir qu'on les craint.

Lors de la "convention de la droite", l'équipe a été suivie toute la journée par quelques militants qui se sont relayés à cette tâche. Il ne s'agissait évidemment pas de censurer leur reportage, mais juste de maintenir une présence vigi- lante, compte tenu de la réputation de cette émission. Cette filature potache

constitue le premier thème du reportage, permettant d'inclure dans le sujet une séquence introductive à l'intérêt fort ré- duit, où l'on voit un jeune homme en costume dire aux journalistes que c'est à lui qu'ils doivent s'adresser s'ils désirent boire ou manger. On s'attendrait presque à ce qu'on nous indique les toilettes. La caméra tourne, et c'est passionnant.

Quotidien aime mettre en scène la mé- fiance (pourtant bien légitime) qu'il in- spire, preuve qu'il est nuisible aux méchants, preuve, donc, qu'il incarne le camp du Bien. Le personnage du jeune chargé d'accueil est la cible d'une mo- querie appuyée lorsqu'il se met au garde-à-vous en entendant entonner la Marseillaise. C'est fin, c'est drôle, c'est Quotidien. Trop occupé à chanter, il ne peut plus accompagner les hommes de Quotidien; c'est pourquoi, nous signale- t-on,« un autre a pris la relève ». Or, il se trouve que je connais "l'autre".

Cet homme sur quiQuotidienpointe une grosse flèche rouge accusatrice, nous l'appellerons Sébastien. Marié à une journaliste, il connaît le monde de la presse et sait que, dans ce milieu, quelles que soient leurs opinions, il ex- iste des gens respectueux des personnes qu'ils interrogent :« Les autres avaient cette neutralité courtoise; ils sollici- taient les interviews et acceptaient les refus. Quotidien fait son casting, il cherche le gars isolé, à la mine de mar- ginal, candidat idéal au délit de sale gueule; le groupe de retraités qui ac- créditera le commentaire sur l'assem- blée rancie, alors qu'une jeunesse bruyante se presse au bar; un jeune homme bien dégagé derrière les oreilles, client idéal pour tourner le dos au bou- quet de jeunes filles qui sent trop peu le groupuscule identitaire... » Quotidien n'observe pas, il vient chercher des im- ages pour illustrer des préjugés.

« Pour moi,Quotidien, ce n'est pas du journalisme, c'est du prêt-à-penser mil- itant », ajoute Sébastien. Comme je lui demande s'il trouve normal de fliquer Quotidien : « Ils nous collent, on les colle : chacun est dans son rôle. »Mais Paul Larrouturou, qui mène le reportage à la convention, ne l'entend pas ainsi et aimerait bien qu'on le laisse« faire son travail » . Manifestation typique de la toute-puissance journalistique dévoyée, l'échange de Sébastien avec Paul Lar- routurou saute au montage :« Il m'a de- mandé : "Pourquoi vous nous suivez ?"

J'ai répondu que je les laissais faire leur travail et qu'ils pouvaient donc me laiss- er faire le mien. S'est ensuivi un mouve- ment d'humeur de la part du journaliste, réclamant l'espace et le champ libres - qu'il ne laisse paradoxalement à au- cun de ses interlocuteurs ! "Est-ce que vous pouvez arrêter de nous écouter ?"

À quoi j'ai répondu, un brin provocateur : "Je pensais que vous souhaitiez, à Quotidien, qu'on vous regarde et qu'on vous écoute !" »ÀQuotidien, on aime la repartie, sauf quand elle vient d'en face. Tout le monde connaît les inten- tions deQuotidien : comment s'étonner que les gens cherchent des parades ? Cela fait partie du jeu. MaisQuotidien est mauvais joueur...

Au demeurant, il me semble naturel de conserver aux reportages de Quotidien la valeur qu'ils méritent : du divertisse- ment à base de mauvaise foi, de méchanceté et de montages. En rire un coup, avec eux ou contre eux. Et passer à autre chose.

Malheureusement, Quotidien bénéficie de l'autorité morale d'un vrai média d'in- formation. Bien des gens, même de ceux qui ne partagent pas le biais idéologique de l'émission, vénèrent la puissance du gros micro rouge et craignent de le voir

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surgir dans leur entourage. Et côtoyer une victime de ce micro est déjà, en soi, avilissant.« J'ai d'abord reçu des mes- sages amicaux et amusés, commente Sébastien.Sur le moment, cela m'a fait rire, c'est tout. Puis, j'ai entendu parler d'une vidéo que propageaient des col- lègues; on m'a fait comprendre que cela finissait par constituer une affaire gê- nante... Mon cas a été évoqué, dans le bureau de mon employeur, pour con- naître les "suites à donner à cette af- faire". Clairement, le problème n'était pas que je sois allé à la convention mais que je me retrouve dans un reportage deQuotidien, le micro rouge tant red- outé de tous pointé sous mon nez. Par la magie de cette image, je deviens, aux yeux de certains, moins fréquentable.

On a expliqué à mon épouse, sollicitée pour un engagement local, que cette op- portunité s'avérait désormais moins fa- vorable, compte tenu de cette affaire in- vitant "à faire profil bas" ! J'ai été l'une des victimes quotidiennes deQuotidien.

»

Quotidienjouit de la crédibilité, de la bi- enveillance et de la large audience d'une émission de divertissement ou d'infor- mation, alors qu'il produit idéologique- ment un contenu relevant de la presse d'opinion, malhonnête dans ses méth- odes qui plus est.

Si votre route croise celle de leurs jour- nalistes, l'alternative est simple. Option n° 1 : vous répondez à leurs questions - mais, comme ils sont venus pour se mo- quer de votre allure et de vos idées, une fois en plateau, ils rigoleront bien et fer- ont rire à vos dépens sans que vous ayez le moindre recours; ils pourraient bien gâcher votre existence, mais ils s'en mo- quent; pourtant, quand on fait son beurre en humiliant des gens, la moindre des choses serait sans doute de partager son

salaire avec ces collaborateurs involon- taires. Option n° 2 (à éviter, si possible) : vous leur cognez dessus. C'est le choix contestable que font régulièrement cer- taines victimes non consentantes. Toute l'équipe se drape alors dans la noble pos- ture du vaillant journaliste agressé. Un beau cadeau à leur faire, qu'ils ne méri- tent pas. Mieux vaut les embêter un peu en les suivant partout, comme l'ont fait les militants de la convention.

L'impertinence : au nom de ce concept qui a bon dos, des détenteurs de la carte de presse, que l'on répugne à désigner comme des "journalistes" tant leurs méthodes s'apparentent peu à la rigueur et au sérieux exigés par ce métier, font profession d'humilier des anonymes à longueur d'émission. Il faudra qu'un jour, au lieu de défendre des confrères qui ne méritent pas cette qualification, les journalistes, les vrais, toutes ten- dances confondues, refusent ce titre à des gens qui gagnent leur vie en hu- miliant quotidiennement des anonymes dont le seul tort est de penser "mal".

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Nom de la source Valeurs Actuelles Type de source

Presse • Magazines et revues Périodicité

Hebdomadaire

Couverture géographique Nationale

Provenance France p. 26

Jeudi 21 novembre 2019

Valeurs Actuelles • no. 4330 • p. 26,027 • 1052 mots EN COUVERTURE Les guignols de l'intox

Les petits mensonges du Quotidien

Charlotte d'Ornellas

Outre le ricanement, les procès d'intention ou les humiliations plus ou moins gratuites, les chroniqueurs de l'émission de Yann Barthès disent parfois des choses carrément fausses. Gênant quand on aspire à la fois à divertir et... à informer.

L'

humour est certes un trésor dont l'époque manque bien plus que l'équipe duQuoti- dien. Mais l'humour n'excuse pas tout, et certainement pas le mensonge. Qui aspire à "infotainment", comme c'est le cas de l'émission de TMC, ne peut se permettre d'oublier sa mission d'infor- mation au profit du divertissement. Car à moins de verser dans la manipulation, l'honnêteté exige de se corriger lorsque l'erreur est connue. On n'y est pas.

Yvette et Nadine

Le vendredi 25 octobre, Yann Barthès et son équipe décident de démonter le reportage réalisé par notre collaborateur Raphaël Stainville avec l'eurodéputée Nadine Morano, dans la cité de son en- fance à Nancy(Valeurs actuellesdu 24 octobre) . Entre autres approximations, un témoignage. Paul Bouffard, dépêché sur place, tend son micro à une habitante du quartier, Yvette, et se sert copieuse- ment de son témoignage pour discréditer celui de Nadine Morano. Cette femme précise d'emblée au journaliste qu'elle a

« vu grandir »l'eurodéputée.

Et pourtant... Petit problème. Yvette confie être arrivée au Haut-du-Lièvre, le quartier de Nadine Morano, il y a trente-

cinq ans, c'est-à-dire en 1984. Nadine Morano avait déjà 21 ans, et a quitté le quartier cinq ans après. Difficile pour Yvette, par conséquent, d'avoir "vu grandir" l'intéressée. Quelques jours après l'attaque de Quotidien , Nadine Morano a d'ailleurs retrouvé Yvette, qui lui a confié un autre détail important que n'avait pas relevé l'émission : Yvette ne sort jamais de chez elle. Un témoin en or.

Une chimère bien réelle

Le lundi 7 octobre 2019, Salhia Brakhlia parle de la manifestation des opposants à l'ouverture de la PMA à toutes les femmes, qui a eu lieu la veille. Elle reprend les propos de Blanche Streb, la directrice de la formation et de la recherche d'Alliance Vita et porte-parole du collectif qui appelait à manifester, qui qualifiait ainsi le projet de loi alors examiné à l'Assemblée nationale :« Un guet-apens de toutes les revendications les plus outrancières, puisque nous pourrons modifier le génome des em- bryons humains, nous pourrons fabri- quer des embryons chimères mi-animal, mi-homme. »

En plateau, la chroniqueuse de Quoti- dien se contente de conclure que l'in- téressée raconte« n'importe quoi ».

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Et pourtant... L'article 17 du projet de loi - adopté en première lecture à l'As- semblée nationale le 15 octobre - in- terdit de manière explicite toute greffe d'origine animale sur un embryon hu- main, mais autorise de façon tout aussi explicite la possibilité de greffer des cel- lules humaines sur des embryons ani- maux.

Confusion de religion

Vendredi 11 octobre 2019, Julien Bel- lver décide de s'en prendre à Serge Ned- jar, directeur général de la chaîne CNews. Sur le plateau de Yann Barthès, le chroniqueur se lance : « Cette dé- cision [d'accueillir Éric Zemmour, NDLR], un seul homme l'assume et la revendique, c'est le boss de CNews, il s'appelle Serge Nedjar, catholique tradi, réputé très à droite, très secret, une seule photo de lui existe. » Très en pointe dans la dénonciation de toutes les phobies de la terre,Quotidiens'offre des libertés dès qu'il s'agit des "cathos".

Là on peut user de l'anathème et réduire un homme que l'on veut discréditer à son appartenance religieuse. Et pour- tant... Serge Nedjar est juif.

Comme si cela ne suffisait pas, Julien Bellver continue dans le registre de l'in- dignation, toujours à propos de l'auteur de Destin français : « Une semaine après avoir été viré de RTL, il retrouve un job, un job quotidien, une heure par jour et à une heure de grande écoute. » Quelques renseignements pris,Quotidi- enaurait pu préciser que l'émission était prévue bien avant qu'Éric Zemmour soit remercié de RTL et que les deux chaînes concurrentes BFM TV et LCI avaient elles-mêmes proposé au journaliste de les rejoindre...

Une question de semaines

Le 21 janvier 2019, Lilia Hassaine abor- de le sujet de la "Marche pour la vie", cette manifestation annuelle et parisi- enne contre l'avortement. Elle se fo- calise alors sur l'utilisation, par le col- lectif organisateur, d'une couverture de Paris Matchde 1973 présentant un em- bryon et titrée ainsi :« Il vit depuis 14 semaines. Peut-on le tuer ? »Mensonge, argue la chroniqueuse (s'en prenant aux militants et non àParis Match), puisque l'avortement était autorisé jusqu'à 10 se- maines en 1975 et l'est jusqu'à 12 au- jourd'hui. Et de préciser :« Une IVG à 14 semaines ce n'est pas, et ça n'a ja- mais été légal en France. »

Et pourtant... Il est possible, en France, de pratiquer une interruption de grossesse pour raison médicale jusqu'au terme de la gestation. Bien au-delà de 14 semaines, donc. Certes, l'enfant est dans ces cas-là malade ou handicapé (quand ce n'est pas la mère qui est en danger), mais cela reste une interruption volon- taire de grossesse.

Ensuite, un peu de bonne foi aurait per- mis de comprendre que l'interrogation de Paris Matchportait sur le statut de l'embryon plutôt que sur un nombre pré- cis de semaines... Il n'a d'ailleurs pas été possible de retrouver le reportage de Quotidien du 7 juin 2019, jour où Lau- rence Rossignol a fait adopter par le Sé- nat l'allongement (retoqué par la suite) du délai de l'IVG à 14 semaines... et pour cause, ce reportage n'existe pas.

Marine Le Pen au Québec

Le 24 mars 2016, Yann Barthès est tout sourire et visiblement ravi d'affirmer que la« stature internationale »de Ma- rine Le Pen a« pris un sacré coup »lors de son voyage au Québec. Il se sert alors d'un entretien donné par la présidente du

Front national à la télévision publique québécoise. Long initialement de trente- deux minutes, il devient, dans l'émis- sion française, un montage de deux min- utes effectivement peu flatteur. Résultat

? Marine Le Pen a raté l'exercice. Ce que reprendra ensuite une large partie de la presse française.

Et pourtant... Tout est question de per- spectives apparemment. Au Québec, les journalistes - qui s'adressaient à des per- sonnes ayant potentiellement regardé la totalité de l'interview - ont conclu dif- féremment. L'entretien de Marine Le Pen avec la journaliste star québécoise Anne-Marie Dussault avait été qualifié de« carnage » ou de« fiasco » par la presse locale, qui fustigeait parfois un

« manque de préparation »... La per- dante, à l'en croire, était bien la journal- iste. Son opposition de fond aux idées de Marine Le Pen ne l'a pas empêchée d'en faire le constat.

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Nom de la source Valeurs Actuelles Type de source

Presse • Magazines et revues Périodicité

Hebdomadaire

Couverture géographique Nationale

Provenance France p. 28

Jeudi 21 novembre 2019

Valeurs Actuelles • no. 4330 • p. 28,029 • 1016 mots EN COUVERTURE Les guignols de l'intox

Yann Barthès, empereur de la France d'en haut

Solange Bied-Charreton

Incontournable du paysage audiovisuel français, ce producteur et animateur est un poulain de "l'esprit Canal". Sur TMC, il le décline sur tous les tons chaque soir de la semaine.

I

l a toutes ses dents, et ses cheveux sont grisonnants. Mais puisqu'ils ne chutent pas, il arbore cette magnifique parure argentée, et puisqu'il siège fluet dans ses costumes cintrés qui sont devenus sa marque de fabrique, Yann Barthès conserve l'allure de l'éter- nel jeune premier. C'est sur elle que re- pose son parcours fulgurant, depuis Chambéry où il vécut et étudia l'anglais avec l'ambition inachevée de devenir professeur, jusqu'à sa consécration sur Canal Plus puis son succès avecQuoti- diensur TMC (groupe TF1), où il officie depuis trois ans. L'allure de la jeunesse, le désir qu'elle soit sans cesse prorogée, car l'on pardonne plus facilement au pied tendre son goût pour l'impertinence et la facétie. On admettra, également, un usage pondéré de l'idiotie à condition qu'elle s'accorde avec un esprit candide.

Mais Yann Barthès a déjà 45 ans, et sa fortune est faite. Sur le plan financier, il est à l'abri du besoin avec Bangumi, la société de production qu'il a créée en 2011 avec Laurent Bon. En 2017, son chiffre d'affaires était estimé à 27 mil- lions d'euros. C'est elle qui a produitle Petit Journal(Canal Plus), puisQuotidi- en, ainsi que d'autres programmes dans lesquels il n'a pas la vedette : le Sup-

plémentsur Canal Plus ou Stupéfiant ! sur France 2 puis France 5 où officie Léa Salamé, et plusieurs émissions pour TMC. Il est l'un des animateurs les mieux payés du paysage audiovisuel français et réalise parmi les meilleures audiences. Entré en 2002 à Canal Plus comme sur une rampe de lancement, d'abord journaliste à+ Clair , puis re- cruté par Michel Denisot dansle Grand Journal pour y tenir une rubrique, qui déclarera bientôt son indépendance.

L'empire Barthès est né, longue vie au sarcasme.

Voilà plus de dix ans désormais que le chef d'orchestre de Quotidien nourrit son art des faux pas, des lapsus, des

"dérapages" des personnalités publiques. Quand la matière n'est pas satisfaisante, le montage, la manipula- tion des propos, des images entrent en jeu. La pratique de Barthès est la réali- sation chimiquement pure de la sentence du philosophe Marshall McLuhan selon laquelle « le médium, c'est le message

» puisque le fond, le plus souvent ab- sent, n'est plus qu'un simple terrain de jeu pour ce faiseur de scopitones régres- sifs, dans lesquels paroles et actions politiques sont sans cesse dévaluées. La dérision pratiquée produit un amalgame entre l'humour des Nuls à balisage neu-

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Certificat émis le21 novembre 2019àUNIVERSITE-JEAN- MOULIN-LYON-3à des fins de visualisation personnelle et temporaire.

news·20191121·VAA·3960853

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ronal de basse intensité et les plus courageuses indignations en couverture desInrockuptibles. Comme une spécial- ité Canal Plus émancipée, devenue pro- duit d'importation au sein du groupe TF1, qui diffuserait en direct, infuserait directement à l'heure du temps de cerveau disponible.

L'élite métropolisée plutôt que la France des beaufs racistes

Voici venu le temps des rires et des chants, l'infodivertissement de la

"France d'en haut" du géographe Christophe Guilluy, celle des citadelles imprenables de CSP+ buveurs de chaï latte à l'abri des tourments du monde, des petits-bourgeois primo-accédants dans leur quartier "mixte" où nul pour- tant ne se mélange, des libéraux liber- taires en proie aux contradictions in- duites par la lutte intersectionnelle. « L'antiracisme, les droits LGBT, la lib- erté individuelle » sont, selon Barthès, dans l'une des rares interviews qu'il a accordées cette année (à TV Magazine , le magazine télé duFigaro), la ligne de conduite. Les marges, rien que les marges comme programme quotidien jusqu'à plus soif, et la traque de tout ce qui serait plus à droite que ce pensum admonesteur. Cela fait du monde, à gauche y compris.

Soigneusement évité par Jean-Luc Mé- lenchon, qui refuse d'accréditer les troupes de Barthès dans les meetings de son parti, depuis l'histoire de la perquisi- tion au siège de La France insoumise où une journaliste deQuotidien était aussi présente. Snobé par Marine Le Pen, qui ne répond jamais lorsqueQuotidienl'al- pague sur la voie publique, par Nicolas Dupont-Aignan encore. Yann Barthès jubile. Ce n'est pas à leur France pop- uliste, à celle des "gilets jaunes", à la

France des beaufs racistes sans couver- ture 4G, qu'entend s'adresser ce fils de cheminot savoyard monté à la capitale dans le but d'être plus branché que la branchitude, mais bien à cette élite mé- tropolisée, mondialisée, à laquelle il s'enorgueillit d'avoir accédé. De la re- vanche sociale à la domination, il n'y a qu'un pas. « Véritable arme de classe, l'antifascisme présente en effet un in- térêt majeur. Il confère une supériorité morale à des élites délégitimées en ré- duisant toute critique des effets de la mondialisation à une dérive fasciste ou raciste », rappelle Guilluy dansle Cré- puscule de la France d'en haut. Nadine Morano devient "la députée qui compte les petits enfants noirs et arabes"

Lundi 11 novembre, l'émission défendait encore le port de l'étoile jaune par les musulmans de la manifestation contre l'islamophobie. Ricanait à l'évo- cation de l'Armistice. En remettait une couche sur la nouvelle affaire Roman Polanski. Mardi 12, entre autres, Jair Bolsonaro, le méchant dictateur, et Bilal Hassani, le gentil travesti, occupaient le devant de l'affiche. Mercredi, Nadine Morano, qui a contre-enquêté après le reportage deQuotidiensur son quartier de jeunesse, devient « la députée qui compte les petits enfants noirs et arabes dans les écoles maternelles de Nancy » . Analyse et relativisation des violences étudiantes par un militant du NPA, parce que la vraie violence, c'est l'État. De nouveau, l'affaire Polanski, traitée cette fois sous l'angle de l'agit-prop féministe.

Rétrospective du 13 novembre 2015, sans prononcer une seule fois le mot "is- lamisme".

Même si la coupe est pleine et le disque rayé, il est impératif de rire, de tolérer,

et de se réjouir encore. Dans l'entretien qu'il accorde àTV Magazine , Barthès fait le constat amer que « l'humour et l'impertinence ont mauvaise presse ». Il y fustige aussi« la défiance envers les médias » . Au fond qu'y a-t-il de mal dans ce persiflage espiègle, cette fan- taisie vertueuse, ces rictus entendus, potaches et bon enfant ? [se cache la]

ghettoïsation des classes supérieures, la généralisation d'un système de repro- duction sociale et l'avènement[d'une so- ciété]oligarchique », affirmait Guilluy.

Rien de moins.

Références

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