R EVUE DE STATISTIQUE APPLIQUÉE
G UY D ’H ERBEMONT
Quelques applications des méthodes statistiques à l’Institut de soudure
Revue de statistique appliquée, tome 6, n
o1 (1958), p. 37-53
<
http://www.numdam.org/item?id=RSA_1958__6_1_37_0>
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QUELQUES APPLICATIONS DES MÉTHODES STATISTIQUES
A L’INSTITUT DE SOUDURE
(1)par
GUY
D’HERBEMONT
Ancien élève de l’Ecolepolytechnique
Ingénieur
E.S.S.A.Chef de service à l’Institut de soudure
Les
principales applications
des méthodesstatistiques
que nous avons eu l’occasion depromouvoir jusqu’à présent
à l’Institut de Soudure,appartiennent
au domaine de la
recherche.
La
plus grande partie
de cetexposé
sera consacré à deux programmes d’étudeayant porté,
l’un, sur ledécapage
à la flammeoxyacétylénique ,
l’autresur les électrodes de
soudage
à l’arc à fortepénétration.
Deux autres
applications
desplans expérimentaux
sont en cours actuelle-ment. La
première
est relative auréglage optimum,
ensoudage
parpoints
des aciers, avec mise en oeuvre de sept facteurs deréglage.
La secondeapplication
concerne une étude
sensitométrique
d’émulsionsradiographiques,
en fonction dela nature et de l’intensité de la source radioactive utilisée, du temps de pose, de la distance source-film, et de
l’épaisseur
de l’acier examiné.Ces divers programmes nous ont conduit à former des calculateurs
compé-
tents et à élaborer à leur intention des directives écrites
précises.
Il a donc falluse
pencher
sur les méthodes de calcul elles-mêmes etj’évoquerai
à la fin de cetexposé
les conclusionsauxquelles
nous sommes parvenus.Avant de
développer
cessujets,
citons encorequelques
cas où les méthodesstatistiques
ont étéappliquées
avec fruit dans le domaine dusoudage :
- Une étude de la
répartition
des résistances aucisaillement
depoints
de soudure par résistance, exécutés à la suite les uns des autres, 1 sur diversmétaux,
et avec diverses machines à souder. Cette étude a confirmé quel’hypo-
thèse
gaussienne peut
être retenue, au moins enpremière approximation,
pourle contrôle en fabrication.
- L’utilisation du test "t" et du test de Darmois pour comparer les résilien-
ces moyennes obtenues avec des
éprouvettes
en acierdéposé
parsoudage
à l’arcélectrique,
en utilisant diverstypes d’électrodes,
avant et apresdégazage (2).
- Une étude de l’efficacité de diverses
règles
de recette utilisées pour laqualification
de machines à souder parpoints.
Cette étude apermis
de choisiren connaissance de cause la
règle
àadopter
pour l’élaboration d’un cahier descharges.
(1)
Communication présentée aux Journées d’Etude etde Discussion du Centre de Formation(Juillet
1957).A
(2)
Cf. communication de MM. M. Moneyron et D. Séférian à l’Assemblée Annuelle 1957 de l’Institut International de la Soudure : "Contribution à l’Etude de l’influence de l’Hydrogène sur larésilience du métal déposé en soudage électrique à l’arc avec électrodes enrobées."
- 38 -
- Une utilisation du coefficient de corrélation de rang de
Spearman,
pour comparer divers modes de classement de groupes convertisseurs desoudage
àl’arc. Ceci a
permis
de rechercher un lien entrel’aptitude pratique
àl’emploi
déterminée
d’après
un classementsubjectif,
et diverses combinaisons de carac-téristiques électriques.
A -
APPLICATION
AUDÉCALAMINAGE
A LA FLAMMEOXYACÉTYLÉNIQUE
a)
Leproblème posé
Un nouveau
procédé
a été mis aupoint
récemment pour éliminer la couche de calamine en surface desproduits
laminés courants, en vue de leursoudage
par
points.
Ceprocédé
consiste en unchauffage
exécuté à l’aide d’un brûleuroxyacétylénique,
suivi d’un refroidissement immédiat par arrosage à l’eau, selonune
technique s’apparentant
à la trempesuperficielle.
Sans faire
appel
aux méthodesstatistiques,
l’auteur duprocédé
a d’abordrecherché les conditions
optima
deréglage
sur des tôles de 2 mmd’épaisseur.
Il a fait varier deux facteurs seulement : le débit de gaz et la vitesse d’avance du brûleur arroseur. La
propriété
étudiée était -la résistanceélectrique
de contact,qui,
pourpouvoir
souder dans des conditions convenables, doit être inférieure à environ mille microhms, dans les conditionsparticulières
de la mesurequi
est faite.Plus de 300
éprouvettes
ont été traitées, surlesquelles
on a effectué environ1 500 mesures de
résistance,
avant etaprès décapage.
Les résultats se sont traduits par une courbe, donnant la vitesse à respecter,
en fonction du débit de gaz, pour obtenir une résistance de mille microhms. Cette courbe s’est trouvée
pratiquement rectiligne
avec une pentepositive,
sauf pour les faibles débits.Le programme de recherche
prévoyait
encore l’étude dudécapage
des tôlesde 4 mm
d’épaisseur.
C’est à cette occasion que l’on aproposé l’application
desméthode s
statistiques.
Voici les
arguments qui
ontpermis
de montrerqu’il
y avait intérêt à faireappel
à ce s méthodes :1 - On
pouvait
obtenir les mêmesrenseignements
que pour les tôles de 2 mm, avecbeaucoup
moins d’essais.2 - On
pouvait
inclure, dans la recherche, l’étude simultanée de l’influenced’un
plus grand
nombre de facteurs. »3 - Il était
possible d’appliquer
une méthode rationnelle pour rechercher unréglage optimum.
b)
Programme d’essaiSept
facteurs ont été introduits dans le programme. Ce sont : A - le débit de gaz,B - la vitesse d’avance, C - le débit d’eau,
D - le rapport de consommation
(débit 0"/débit c2Ht)
E - la distance flamme
(pointedes dards) - jet
d’eau,F - la distance dard-surface de la tôle, G - la nature de la calamine.
Les études antérieures ayant montré que la résistance de contact était
approximativement proportionnelle
à sadispersion
on a choisi comme variabler = log R.
Le
problème posé
consistait, en somme, àexplorer
la surface inconnue :r
(AB ... F)
=log
1 000 = 3 ,en se
dirigeant
dans le sens desprix
de revient P décroissants.En
principe,
une foisl’hypersurface
r = 3 atteinte, dansl’espace
à sixdimensions constituées par les six
paramètres
deréglage,
il suffit de suivre surcelle-ci la direction de la
projection
dugradient
de P. Soit, enacceptant
de dévierlégèrement
sur leplan tangent,
la direction :Le
gradient
de P étant connu apriori,
ils’agissait
donc de choisir unplan expérimental
réduit permettant de connaître laposition
et l’orientation del’hyperplan tangent
àl’hypersurface
r = 3.Nous avons choisi, comme
plan d’expérimentation
locale, unplan
dutype 27
= 128 essais, réduit à 16 essais en utilisant comme groupe fondamental de réduction celuiqui
comporte les 3 élémentsgénérateurs
suivants :- ABCD
- CDEF
- BDFG
Il en résulte
que 7 degrés
de liberté permettent d’évaluer les actions sim-ples
des sept facteurs. Toutes les interactions doubles sont confondues trois à trois etcorrespondent
à sept autresdegrés
de liberté. Il subsiste encore undegré
de liberté résiduel.
Le
plan
comporte alors les 16 éléments du groupeengendré
par :(1),
abcd, cdef,bdfg, abcdefg.
Une telle
façon
deprocéder
est certes un peudangereuse
enprincipe,
mais leplan
n’étant destinéqu’à
évaluerapproximativement
une direction, dont la définition étaitdéjà,
en un sens, conventionnelle, on a estimé que lerisque
encouru était sans
gravité.
Cerisque portait
d’ailleursprincipalement
sur lespossibilité s
d’interaction entre trois facteurs ouplus.
c)
Réalisationpratique
Le
premier plan
de 16 essaisrépétés
une fois, soit 32 essais, a montré que l’erreurexpérimentale
était anormalement élevée.On s’est donc
préoccupé
de contrôler avecplus
deprécision
lesparamètres
de
réglage
et diverses améliorations ont étéapportées
auxdispositifs
d’essai.Les niveaux des facteurs
ayant
été modifiés dans le sens d’une diminution duprix
de revient, onprocéda
à une seconde série de 16 X 2 essais.L’analyse
devariance
apparaît
au tableau I.L’influence du débit d’eau
pouvait
donc être considéré commenégligeable
pour les niveaux
étudiés.
Par ailleurs, le rapport de consommation,qui
avaitune influence
importante,
a dû être écarté du programme ; les meilleurs résultatscorrespondaient
en effet à des flammesoxydantes
dont leréglage précis
ne peut être obtenu dans lapratique
industrielle.-40- TABLEAU 1
Un nouveau
plan d’expérimentation
locale a donc été établi et les essais ont étédisposés
selon unplan
factorielcomplet.
Les niveaux de vitesse, de débit et de distance dard-eauayant
été modifiés dans la directionindiquée
par les résul- tats duplan précédent,
voicil’analyse
de variance obtenue pour l’une des deux calamines étudiées :TABLEAU 2
On en a conclu, notamment,
qu’il
n’étaitplus possible d’agir
sur leprix
en modifiant la distance dard-eau. Il ne restait doncplus
que lapossibilité
d’accroi-tre simultanément le débit de gaz et la vitesse d’avance.
Mais des examens
micrographiques
ont montré que, dans cettedire,ction,
les tôles d’acier doux subissaient des effets de trempe. On devait donc considérer quel’optimum
cherché étaitpratiquement
atteint.A l’aide de l’ensemble des essais
exécutés, complétés
parquelques
sonda-ges, il a été finalement choisi un
réglage type qui
a étéexpérimenté
sur ungrand
nombre d’échantillons calaminés de provenances très diverses. A
l’exception
d’un seul cas, où il a été nécessaire de
répéter
deux fois le traitement, les résis- tances de contact obtenues onttoujours
été inférieures à mille microhms(1).
(1)
Un exposé complet sur l’ensemble des essais décrits a été fait récemment devant la société des Ingénieurs Soudeurs, par Monsieur Evrard, qui a mis au point ce procédé de déca- page. Cet exposé paraitra dans le numéro d’octobre 1957 de la revue de"Soudage
et Techniques connexes".B - APPLICATION AU SOUDAGE EN FORTE
PÉNÉTRATION
A l’occasion d’une étude sur les électrodes de
soudage
à l’arcélectrique (1),
il a été reconnu utile de faire
appel
aux méthodesstatistiques.
Il
s’agissait
de mettre en évidence l’influence des diversparamètres qui agissent
sur lapénétration,
c’est-à-dire sur laprofondeur
de la zone de fusionde l’acier sous la surface des tôles.
Le nombre de facteurs que l’on
pouvait
retenir apriori
était trèsimportant,
si bien que,
après
avoir décidé de reporter l’étude d’un certain nombre d’entreeux, le programme
comportait
encore la mise en oeuvre des facteurs suivants : 1 -Type
d’électrode(nature de l’enrobage)
T2 - Diamètre de l’âme 0 3 - Intensité de
soudage
I4 - Vitesse d’avance V 5 - Ecartement des tôles L 6 - Inclinaison de s tôle s w 7 - Inclinaison de l’électrode
c~
8 - Tension à l’arc U
(par
variation delongueur d’arc).
Nous noterons la
pénétration
par P.Un
expérimentateur
Suédois avaitdéjà poursuivi
uneétude partielle
sur lesujet
etproposé
une formule dutype :
P = A
18VbD. cUd
où a, b, c et d sont des constantes
universelles,
A caractérisant letype
d’élec-trode.
Il
s’agissait
enpremièr
lieu de vérifier cetteformule,
pour un ensemble decas aussi variés que
possible.
Si la formulepouvait
être reconnue valable, ilapparaissait
en effet clairement que l’étudeproposée
ne nécessiteraitqu’un
nombre relativement réduit d’essais.
On dressa donc le
plan
suivantqui
mettait en oeuvre 4types d’électrodes,
4 niveaux d’intensité et de vitesse et deux niveaux de diamètre et de tension à l’arc
(Tableau 3).
Ce
plan
dérive duplan
factorielcomplet :
4x4x4x2x2, que l’on a considérécomme un
plan
comportant 8 facteurs(que
nousdésignerons provisoirement
par A, B, ...H),
et à deux niveaux. Si l’on réduit ceplan
à 32 essais par le groupe d’élémentsgénérateurs
ACE, BDF et ADG, on constate que si l’actionsimple de
l’intensité est
représentée
parA,’B
et AB, l’actionsimple
de la vitesse par C,Det CD, l’action du type d’électrode par E,F et EF, l’action
simple
du diamètre G, et l’actionsimple
de la tension par H; aucune de ces actions n’est confondue avec une autre. Par ailleurs, toutes les autres interactions doivent êtresupposées
nulles si l’on
prend
soin de choisir comme variables leslogarithmes ;
car, dansces conditions, la formule
qui
constituel’hypothèse
à tester devient une formulelinéaire, purement
additive.Pour le choix des niveaux, il s’est
présenté
une difficulté. Les diverses électrodes nepouvaient
fonctionner aux mêmes valeurs d’intensité et de vitesse.On a donc tracé en fonction de
log
I et delog
V, lesrégions
utiles danschaque
cas,
puis
on a cherchéquel
était leplus grand parallélogramme
inscrit superpo- sable à lui-même par une translation d’unerégion
à l’autre. Les directions des(1)
Ces essais ont été l’objet d’une communication de Monsieur A. Gaubert et d’une com-munication de l’auteur devant la Société des
Ingénieurs
Soudeurs.(Cf.
Soudage et TechniquesConnexes - Janvier
1958).
- 42 - TABLEAU 3
TABLEAU 4
+++ >
FO,001
++ >Fo,os Analyse
de : 12,5~2~1og. (p mm)
côtés de ce
parallélogramme
étantprises
pour axes, on en a déduit unchange-
ment de variables
linéaires,
laissant invariant letype
de formuleà tester,
etdonnant les valeurs réelles d’intensité et de vitesse en fonction des numéros de niveaux.
Les résultats de
l’analyse
de variance sont donnés au tableau 4. Ils ont conduit aux conclusions suivantes :1 - Le résidu
expérimental
est élevé. Ilcorrespond
à une erreur d’environ26%
sur lapénétration (il
a étéprocédé
à unerépétition
pour être sûr que cette évaluation n’était pas faussée par desinteractions).
Lesdépôts
avaientcependant
été exécutés avec une machine entièrement
automatique.
On a déduit de ce faitqu’il
fallait contrôler avecplus
deprécision
lesréglages
de la machine, etqu’il
fallait
peut-être
soupçonner quel’écart-type
n’était pasproportionnel
à lapéné-
tration.
2 -
Malgré
cetécart-type probablement surévalué,
la courbure de la loi de variation en fonction de la vitesse estsignificative
en se basant sur le niveau 0, 1.3 - Les valeurs trouvées pour les constantes a,b,c et d sont très différentes de celles
proposées
parl’expérimentateur
antérieur.On a donc estimé que la formule
proposée pouvait
être mise sérieusement endoute et
qu’il
convenaitd’éprouver
une formuleplus complexe.
Il fallaitpouvoir
mettre en évidence certaines interactions sans que l’on
puisse
savoir apriori lesquelles.
Un
plan complet
à trois niveaux et pourquatre types
d’électrodes seulement auraitcomporté 4 X 3’ =
8.748 essais. Un telplan,
réduit au1/9
avec unedupli-
cation, aurait nécessité encore 1.944 essais, cequi,
à raison de 4 à 5 kilosd’acier par
éprouvette,
aurait conduit àdépenser plus
de 8 tonnes de tôles.On estimait d’ailleurs que les observations faites au fur et à mesure des essais conduiraient à des modifications dans les
dispositifs
et les conditions deréglage,
cequi
ne rendait pas souhaitable d’affecter tout l’acier dont nousdispo-
sions à un seul programme, aussi bien conçu soit-il.
On décida donc de
procéder
parétapes,
en se contentant au besoin de résul- tatspartiels.
a)
Recherche de l’influenceconjointe
de l’intensité et de la vitesseLa
première étape
consista à faire varier les facteurs considérés commeles
plus importants : intensité,
vitesse ettype d’électrode;
les autres facteurs étant maintenus à un niveau constantcorrespondant
à lapratique
courante.Fig. 1
- 44 -
Pour rechercher la forme de la loi
log
P = f(log
I,log V),
on mit en oeuvreun
plan
factorielcomplet
à 5 niveaux de vitesse et 8 niveauxd’intensité.
Les essais ont étérépétés
une fois pour lepremier type
d’électrode examiné.Les
expérimentateurs,
aveclesquels je
collaborais, se sentirent aussitôt dans un domainequi
leur était familier. Ilspensaient
que le concours d’un statis- ticien n’était pasindispensable
pourinterpréter
des essais obtenus en combinant entre eux les niveaux de toutes lesfaçons possibles.
Onpouvait espérer
en effetque les moyennes des deux essais allaient
s’aligner sagement
sur de "bonnes"courbes
log
P = f(log I),
dont laposition dépendrait
de la vitesse V.Mais il a fallu renoncer à cette illusion. Et voici, par
exemple,
les résultatsqui
m’ont étéprésentés
pour letype
d’électrode T2(fig. 1): "que pouvait
tirer le statisticien d’un telimbroglio?"
A cette occasion,
je
constatais donc une nouvelle fois que l’intérêt del’opé-
ration très
simple,
àpeine "statistique", qui
consiste à effectuer les moyennes delignes
et les moyennes de colonnes n’était pas encore suffisamment connu desexpérimentateurs classiques, malgré
leur tendance habituelle à admettre sponta- némentl’hypothèse d’additivité.
Quoi
qu’il
en soit, voici les résultats des moyennesmarginales,
sous formede
graphique,
etl’analyse
de variance montrant que l’interaction entre facteurs estnégligeable (fig.
2, 3 et tableau5).
On peut conclure que les formulesdutype log
P =log
A + alog
I + blog
V ne sont pas satisfaisantes. Elles ne sont à larigueur acceptables
que dans un domaine limité de vitesses etd’intensité, qui
permette de confondre les.courbes avec leurtangente.
Deplus,
lescomparaisons
faites avec les résultats obtenus pour les autres électrodes ont montré que les constantes a et b
dépendent
dutype considéré.
TABLEAU 5
Toutefois, comme pour le
plan
décritprécédemment,
le résiduapparaît
anormalement élevé. On constate aussi que les erreurs fortes semblent
relatives
aux faibles valeurs de la
pénétration.
Dans cesconditions,
onpouvait
se deman-der si ceci ne
provenait
pas de l’utilisation des coordonnéeslogarithmiques.
Si l’on
analyse
les résultats àpartir
des valeurs de lapénétration exprimée
directement en millimètres, voici la forme
prise
par les fonctions P =f (I)
etP =
f(V)
tellesqu’elles
résultent des moyennesmarginales (fig.
4 et5).
L’ana-lyse
de variance(Tableau 6)
montre que l’interaction esttoujours négligeable,
mais l’anomalie relative au résidu a
disparu.
Ceci,
joint
aux observations faites pour les autrestypes d’électrodes,
a conduit à éliminerl’emploi
deslogarithmes
et les formules dutype proposé
antérieurement.Fig. 2
F ig j 3
- 46 - Fig. 4
Fig. 5
Il n’en reste pas moins
cependant
que la courbure des lois de variation esttoujours plus
ou moinssignificative
selon letype
d’électrode. Toutefois, si on limitel’emploi
des formules à un domaine convenable de vitesse etd’intensité, correspondant
d’ailleurs à lapratique
industrielle, on peut admettre que lapéné-
tration donnée par une électrode est de la forme P=a+bI+c V ,
.
a, b, c étant des coefficients
caractéristiques
de l’électrode.TABLEAU 6
Analyse
de : 10V80 p
mmCes coefficients ont été déterminés pour chacun des
types
étudiés au moyen deplans complets
sansduplication.
b)
Etude du rôle de s autres facteursQuelques plans d’expérience
ont été consacrés à la recherche de l’influence du diamètre. Il en a été conclu finalement que deux électrode s de même type, selon ladésignation
du fournisseur, mais de diamètre différent devaient être considérées comme deux êtres distincts. Ceciapparait
d’ailleurslogique,car,
notamment, le diamètre de l’âme d’une électrode et la
composition
de son enro-bage
ne suffisent pas à la déterminer.L’épaisseur
del’enrobage
doit certaine- mentjouer
un rôle. Or, nous n’avions pas lapossibilité
de faire varier cetteépaisseur.
Admettant que le
plan d’expérience
initial avait donné des informations suffi- santes sur le rôle de la tension à l’arc, il restait encore à étudier :L - écartement des tôles
w - inclinaison des tôles sur l’horizontale
cp -
inclinaison de l’électrode.En vue de cette étude pour un
type
d’électrodedonné,
de diamètre donné ila été réalisé unplan d’expérience préliminaire
dutype 25 -
32 essais comportant les 5 facteurs I, V, L, w et(p ,
chacun étantpris
à deux niveaux. Ces niveaux ont d’ailleurs été choisis en fonction d’observations faites au cours d’essaisprécé-
dents. Ils’agissait
làprincipalement
de se rendre compte del’importance
d’inter-actions éventuelles.
Voici
l’analyse
de variancequi
a été obtenue :(Tableau 7) ( 1).
(1)
Cette figure définit également les notations que nous utiliserons jusqu’à la fin de cetexposé, pour désigner l’influence des cinq facteurs considérés.
- 48 - TABLEAU 7
En toute
rigueur
un tel tableau est difficile àinterpréter,
du fait parexemple
que
Fo~~
estégal
à 39, 9 pour deux nombres dedegrés
de libertéégaux respecti -
vement à 1. On a finalement décidé de retenir la
répartition
suivantequi suggère
l’existence d’interactions AE, BC, BD, BE
(Tableau 8),
enremarquant
que le résidu conduit à unécart-type
de l’erreurd’expérience,
tout à fait raisonnable par rapport à ce que lesplans précédents
avaient montré.Il
s’agissait
à ce moment d’examiner avecplus
de détail l’influence desquatre
facteurs B, C, D et E.Dans ce but, on a exécuté les essais définis par un
plan
comportant trois niveaux pour chacun desquatre
facteurs ; mais au lieu des34-
= 81 essais, on a décidé de réduire ceplan
au tiers en n’évaluant pas l’interaction BCDE. Ceci revenait à construire ceplan
comme s’il necomportait
que trois facteurs B,C,Ddont nous noterons les indices de niveaux par
i, j
et k. L’indice de niveau du dernier facteur E est alorspris égal à :
1 = 2 i + 2 j + 2 k (mod. 3)
TABLEAU 8
+ > Fo,
1 ++> Fo,os
++++»>Fo,oo1
TABLEAU 9
- 50 -
Les relations de liaison peuvent s’écrire, dans ces conditions, comme indi-
qué
au Tableau9,
surlequel
les interactions et actions à évaluer sont souli-gnées.
Il reste troislignes
du tableau 9, soit 6degrés
deliberté,
pour évaluerl’écart-type
de l’erreur.Les résultats de
l’analyse
de variance sont donnés au Tableau 10. Il en résulte que les interactions dont on avaitsupposé
l’existence sont, enréalité, négligeables
et que l’influence de l’inclinaison de l’électrode estpratiquement
nulle.
Ceci a
permis
uneinterprétation numérique
trè ssimple
desphénomènes.
Pour ne pas
allonger
démesurément cetexposé,
nous dirons seulement que l’étude s’estpoursuivie
enappliquant
aux diverstypes
d’électrodes unplan
étudiépar Fisher et
qui
a été utilisé parTippett (1).
Ceplan
met en oeuvrecinq
fac -teurs, chacun avec
cinq
niveaux, et comporte 25 essais seulement. Il a été utilisé ici avec succès pour donner une vue d’ensemble du comportement des diverses électrodes.TABLEAU 10
(En
variable x = 10B/27p mm) X > Fo~4~
-FO"
C - MISE AU POINT DE
MÉTHODES
DE CALCULL’expérience acquise,
en cequi
concerne les calculsnumériques
desplans
d’essais, nous apermis
de mettre aupoint
une méthode de calculqui
sembleparticulièrement rapide
etsystématique.
Cette méthode est basée sur des consi-dérations
arithmétiques
et, dans certains cas sur lespossibilités
des machines à calculer dont nousdisposons.
(1)
Cf. Kempthorne "Design and analysis of experiments", page 415.Classiquement,
laplupart
desplans expérimentaux,
sauf ceux dutype 2"
(n
facteurs à 2niveaux), s’interprètent grâce
à uneprésentation
des résultatssous forme de tableaux
rectangulaires
ou carrés, d’autantplus
nombreux que le nombre des facteurs est élevé.Sur chacun de ces tableaux on totalise
chaque ligne
etchaque
colonne et, dans le cas desplans réduits,
diverstypes
dediagonales.
Si
l’expérience
comporteplus
de deux ou trois facteurs, lestranscriptions
de chiffres, le tracé des tableaux, l’intitulé des colonnes et des
lignes
prennentun temps
important.
Deplus,
le schéma de succession desopérations
est relati-vement
complexe
et comporte unepart
d’arbitraire.Il en résulte notamment
qu’il
est difficile de rechercher les erreurs et decorriger
toutes lesconséquences qui
en découlent.’
’
Or, en
fait,
laplupart
des calculsqui précèdent l’analyse
de la varianceconsistent à
appliquer
à la liste des résultats,prise
dans un ordre convenable,une ou
plusieurs
matrices ou tableaux decoefficients,
dont tous les éléments sont leplus
souvent nuls ouégaux
à un.L’application
de telles matrices à une liste de nombres revient à faire unesuccession d’additions, dans un certain ordre, en choisissant convenablement les valeurs à totaliser. C’est l’ordre des
opérations
et le choix des nombresqui
rendent le calcul délicat.
La
présentation classique
sous forme de tableaux a pourpremier
but devaincre ce genre de
difficultés,
mais elle aégalement
un autre butqui
n’est pastoujours
clairementcompris.
Si l’on exécute brutalement les calculs : E = M R, donnant les estimations cherchées E, en
appliquant
la matrice M aux résultats R, le nombred’opérations
à faire
qui
estégal
au nombre d’éléments non nuls de la matrice M, est trèsélevé.
Or, enprocédant
par tableaux successifs, on est conduit à une économie sensible, La constitution de tableaux condensés successifs revient en effet àappliquer
successivementplusieurs
matricesplus simples,
dont leproduit
estM, mais dont la somme des éléments est bien inférieure au nombre
d’opérations
contenues dans cette dernière.
Ces observations permettent d’aboutir à une conclusion
importante,
car les deuxarguments qui
semblentjustifier l’emploi
de la méthode usuelle,malgré
lesinconvénients manifestes
qu’elle
comporte, peuvent servir de base pour trouver d’autres méthodesplus économiques
et neprésentant
pas les mêmes inconvé- nients.Ces méthodes sont basées sur la recherche de matrices élémentaires sim-
ples,
dont leproduit
donne M et telles que le nombred’opérations qui
en résultesoit le
plus
faiblepossible.
C’est dans cette direction
qu’il
semble que nous ayons pu obtenir des résul- tats intéressants. Il a été notammentpossible
de trouver des matrices carréesm, valables pour tous les
plans
mettant en oeuvre un nombre de facteursquel-
conque comportant le même nombre de niveaux : pr
(p,
nombrepremier,
r, nom-bre
entier),
soit 2, 3, 4, 5, 7, 8, 9, etc ...Ceci
généralise
la méthodeclassique
de calcul par colonnes, desplans
comportantplusieurs
facteurs à deux niveaux. On sait que la méthode laplus rapide
consiste alors àpartir
desrésultats,
mis en colonne dans l’ordre normal,et à calculer, dans l’ ordre y une nouvelle colonne dont la
première
moitié estconstituée par les sommes de
lignes
successivesprises
deux à deux et dont la seconde moitié est constituée de la mêmefaçon,
par les différences deux à deux.-52-
De cette seconde colonne on déduit de la même
façon
une troisième et ainsi desuite
jusqu’à
avoir constitué autant de colonnes que de facteurs. Les estimations cherchées sont dans l’ordre normal, les nombres de la dernière colonne obtenue.Voici, par
exemple,
comment se transpose la méthode pour leplan 3"
réduitau
1/3
que nous avons citéprécédemment :
a)
Les 27 résultats sontplacés
en colonne dans l’ordrenormal,
b)
De ces 27 résultats on déduit une nouvelle liste de 27nombres,
chacun d’eux étantpris
trois fois, dans un ordre trèssimple ,
pour constituer 27 sommes de trois nombres,disposées
en colonne,c)
La mêmeopération appliquée
à cette seconde colonne donne l’actionA
ettoutes les interactions du type A X Y
(soit
27 valeurs liées par 9relations).
d)
La mêmeopération
encore, maisappliquée
cette fois aux 9 totaux desrésultats
pris
trois par trois, donne directement l’action B et toutes les inter- actions dutype
B X(soit
9 valeurs liées par troisrelations),
e)
Trois totaux, trois par trois, obtenus à l’aide de la liste des 9 totaux utili- sée end),
donne l’action de C(trois
valeurs liées par unerelation),
f )
Il ne resteplus qu’à
élever au carré lesexpressions
obtenues, dans l’or- dre, à les additionner à la suite trois par trois ensoustrayant
le terme correctif constant, pour obtenir les 13lignes
du tableaud’analyse
de variancequ’il
estfacile d’intituler directement, en
recopiant
à la suite lesdésignations
énuméréessur la
figure
14.On voit que si l’on
dispose,
comme c’est notre cas, d’une machine à calculerimprimante
à bande, les intitulés des élémentsd’analyse
de variance sont lesseules
transcriptions
manuscrites à faire.Pour ceux
qui
désireraient utiliser cette méthode de calcul,indiquons
briè-vement comment sont constituées les matrices m pour les
plans
à q niveaux(q
=pr)
comportantqn
essais(la
matrice nedépend
pas des réductionsopérées).
Il suffit d’établir la matrice carrée de côté
q2 qui
donne lesq2 expressions
du
type
AX, relatives à unplan
à deux facteurscomportant q2
essais. Ondécoupe
cette matrice en q tranches verticales
égales.
Lapremière
tranche estrépétée qn-2
fois lelong
de sadiagonale
descendante,puis,
en repartant du haut, laseconde tranche, etc, de
façon
à constituer un carré de côtéqn.
Signalons,
pour terminer,qu’une
méthode" par
colonnes", ,supprimant complètement l’emploi
de tableauxrectangulaires
estapplicable
auxplans
facto-riels
complets, comportant
un nombrequelconque
de niveaux. Cette méthodeparait avantageuse
notammentlorsque
l’ondispose
d’une machine à calculerimprimante,
à bande.Au cours de cet
exposé,
nous avons abordél’aspect
purementtechnique
desproblèmes évoqués.
Mais il est unpoint important
quej’ai
laissé dans l’ombre et à proposduquel je
voudrais conclure.Les
applications auxquelles
nous avonsprocédé
ontnécessité,
dansla plupart
des cas, la collaboration étroite de deux personnes
également responsables :
l’homme de l’Art et le statisticien.
Le fait est certes
fréquent
en notreépoque
despécialisation,
mais ilprend
àmon avis une
importance particulière
pour lesproblèmes qui
se rattachent auxplans d’expérience.
C’est
qu’ici,
eneffet,
l’oeuvre touteentière, l’expérience, depuis
sa concep- tion(choix
des facteurs, élaboration desprogrammes) jusqu’à
saprésentation
finale
(conclusions
et réserves àformuler)
nécessite l’intervention simultanée des deux personnes en cause.Il faut que l’une se mêle sans cesse de ce
qui
semble concerner exclusive-ment l’autre. Ainsi le statisticien doit observer les
dispositifs
et le déroulement des essais, poursuggérer
des améliorations éventuelles, tandis que l’homme de l’art doits’interroger
sur la validité et lasignification
des testsd’hypothèses.
Je crois que ceci n’est réellement
possible
que dans un climat de confiance etd’objectivité.
C’est en tous cas dans ces conditions que nous avons pu conduirenos études à l’Institut de Soudure.