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Les curiosités cutanées des danseurs

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Academic year: 2022

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Images en Dermatologie

Vol. X - n° 5

septembre-octobre 2017

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Figure 1. Danseuse portant un chignon serré. Figure 2. Breakdancer réalisant un headspin.

© Rick Dikeman © Nate Bolt

Culture et peau

À l’instar du sport  (1) ou de la musique  (2, 3) , la pratique régulière de la danse peut s’accompagner de manifes- tations cutanées. Ces dernières nous semblent plus rarement rapportées et de fait moins connues. Nous avons revu ici quelques curiosités dermatologiques. Nous avons exclu les dermatoses “conventionnelles” mises en exergue dans un contexte de danse (exacerbation des dermatoses dues au stress, hypersudation, dermatose irritative ou allergique liée au maquillage, etc.).

Alopécie

Alopécie de traction chez les danseuses classiques La survenue d’une alopécie de traction sur des chignons serrés est connue, par exemple dans certaines populations comme les hommes sikhs ou les Japonaises  (4, 5) .

Les curiosités cutanées des danseurs

Cutaneous oddities among dancers

N. Kluger

(Service de dermatologie, centre hospitalier universitaire d’Helsinki, Finlande)

A. Samrao et al. ont rapporté le cas d’une jeune fi lle de 17 ans ayant développé une alopécie de traction suite au port répété d’un chignon serré réalisé régulièrement pendant les 13 précé- dentes années  (6) . La traction s’était par la suite aggravée car elle portait une lourde extension pour masquer cette alopécie. La fréquence de cette complication parmi les danseuses classiques est peu connue . Sur le plan histologique, une alopécie de trac- tion se présente par une augmentation du nombre de cheveux au stade télogène et catagène et une préservation des glandes sébacées. L’infl ammation est modérée voire absente

(fi gure 1)

.

Alopécie de pression chez les breakdancers

Le breakdance est un style de danse développé à New York dans les années 1970, qui a connu son apogée dans les années 1980.

S.M. Copperman a été le premier à rapporter le cas de 2 jeunes breakdancers présentant une alopécie occipito-pariétale qu’il a attribuée à la pratique régulière de headspin (rotation sur la tête) [7] .

En 2009, M.D. Kauther et al. ont suivi 106 breakdancers et ont estimé que 60,4 % d’entre eux souffraient d’une usure du scalp due au headspin (fi gure 2) . Une alopécie était rapportée chez 31,1 % des répondeurs, et des nodules indolores, chez 23,6 % ; enfi n, une infl ammation du scalp était retrouvée dans 36,8 % des cas  (8) .

Mots-clés : Danse • Pole dance • Infection • Traumatisme • Alopécie

Keywords : Dancing • Pole dance • Infection • Trauma • Alopecia

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Images en Dermatologie

Vol. X - n° 5

septembre-octobre 2017

187 Figure 3. Danseuse de pole dance ayant des hématomes à la face interne des cuisses.

Figure 4. Exemples de diverses localisations d’hématomes chez des danseurs de pole dance.

© Mikaela Holmberg

Culture et peau

Enfi n, plus récemment, notons un cas de lichen plan pilaire res- semblant à une alopécie androgénétique chez un breakdancer.

La biopsie avait ici éliminé le diagnostic d’ alopécie de traction et confi rmé celui d’alopécie cicatricielle sur lichen plan pilaire  (9) .

Purpura

Hématomes dus au pole dance

La pole dance (danse à la barre verticale) est une discipline qui mêle danse et acrobaties autour d’une barre. Cette danse, pra- tiquée à l’origine dans les cirques, puis par les strip- teaseuses à partir des années 1950, connaît un regain de popularité depuis les années 1990 au sein du grand public.

Ces hématomes sont liés au contact de la peau nue et sèche contre la barre de pole aux points d’appui quand la danseuse lâche les mains. Les danseuses sont toujours en short court et brassière pour sentir les appuis, et l’application de crèmes est évidemment proscrite afi n de ne pas glisser. Les héma- tomes surviennent aux sites de frottement, principalement au niveau des membres inférieurs, sur la face interne des cuisses notamment

(fi gures 3 et 4)

.

Vascularite d’effort

Moins fréquente que dans la pratique de la marche ou de la randonnée , la danse peut cependant être aussi responsable d’une vascularite cutanée d’effort  (10) .

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(3)

Culture et peau

Onychopathie de la danseuse

Il n’existe pas d’article spécifi que dans la littérature en rapport avec les onychopathies des danseurs ; cependant, elles peuvent être assimilées aux nombreuses atteintes unguéales rappor- tées lors de la pratique du sport  (1) .

Deux grands types d’anomalies peuvent être observés chez les danseurs : l’un touchant les tissus mous, l’autre la phalange osseuse distale. Dans son expérience personnelle, Robert Baran a vu de nombreux cas d’onychomadèse, d’onychoptose et d’ongles incarnés, car les “pointes” ne pardonnent pas.

La plupart de ces anomalies s’accompagnent d’hématomes sous-unguéaux. L’exostose est beaucoup plus rare. Par ail- leurs, selon Bertrand Richert, la subluxation métacarpo- phalangienne et son hallux valgus quasi systématique chez les danseurs entraînent des onycholyses de chevauchement par friction du second orteil sur le premier. La friction des orteils entre eux pendant de longues heures d’entraînement est responsable d’une onychophose, c’est-à-dire une hyper- kératose des sillons latéraux. La friction du cinquième orteil contre la chaussure génère une hyperkératose fréquente de son ongle, voire une mélanonychie longitudinale.

Infections

Des abcès fessiers au niveau de la région sacrococcygienne ont été rapportés chez 3 danseuses de jazz ballet dans les années 1980, en lien avec une surinfection à Staphylococcus aureus d’un hématome local  (11) . Enfi n, un seul article à notre connaissance s’est intéressé à la présence de S. aureus dans les salles de danse. Cependant, la pertinence clinique de cette observation microbiologique (plus forte concentration dans les salles ou sur les barres de danse) reste à démontrer (12) .

Paraphimosis après une danse érotique

Le winning, aussi dénommé grinding , freaking ou juking est une danse caribéenne lascive collé-serré impliquant des mouve- ments circulaires du pelvis et des hanches contre le partenaire d’une manière sexuellement suggestive. À Trinidad et Tobago sont organisés des carnaval s qui commencent le lundi et le

mardi précédant le mercredi des Cendres. À cette occasion, le grinding est pratiqué parfois pendant des heures. C’est ainsi que M.J. Ramdass et al. ont rapporté les cas de 2 jeunes hommes qui ont développé un paraphimosis après quelques heures de grinding . L’érection permanente combinée à un prépuce serré explique la survenue de cette complication (13) .

II

Remerciements

L’auteur remercie les Drs Robert Baran (Cannes) et le Pr Bertrand Richert (CHU Brugmann, Bruxelles) pour leurs expé- riences sur les ongles des danseurs, ainsi que Mme Lysiane Giambi, le Dr Florence Granel-Brocard (CHU de Nancy) et Mikaela Holmberg (Hämeenlinna) pour avoir partagé leurs photos liées à l’univers du pole dance.

Références bibliographiques

1. Kluger N. Dermatoses liées au sport. Images en Dermatologie 2011;4(4-

5):141-5.

2. Kluger N. Dermatoses classiques en musique classique. Images en

Dermatologie 2014;7(5):171-4.

3. Kluger N. Dermatoses cutanées et muqueuses des musiciens. Ann

Dermatol Venereol 2017;144(6-7):415-22.

4. Kluger N, Cavelier-Balloy B, Assouly P. Alopécies de traction. Ann

Dermatol Venereol 2013;140(4):304-14; quiz 303, 315 .

5. Trüeb RM. “Chignon alopecia”: a distinctive type of nonmarginal traction

alopecia. Cutis 1995;55(3):178-9.

6. Samrao A, Chen C, Zedek D, Price VH. Traction alopecia in a ballerina:

clinicopathologic features. Arch Dermatol 2010;146(8):930-1.

7. Copperman SM. Two new causes of alopecia. JAMA 1984;252(24):3367.

8. Kauther MD, Wedemeyer C, Kauther KM, Weidle PA, Wegner A, von

Knoch M. Breakdancer’s “Headspin Hole” - fi rst description of a common overuse syndrome. Sportverletz Sportschaden 2009;23(1):52-3.

9. Monselise A, Chan LJ, Shapiro J. Break dancing: a new risk factor for scar-

ring hair loss. J Cutan Med Surg 2011;15(3):177-9.

10. Espitia O, Dréno B, Cassagnau E et al. Exercise-induced vasculitis: a

review with illustrated cases. Am J Clin Dermatol 2016;17(6):635-42.

11. Radford PJ, Greatorex RA. Jazz ballet bottom. Br Med J (Clin Res Ed)

1987;295(6607):1173-4.

12. Unsworth DA, Russell JA, Martiny AC. Presence of Staphylococcus aureus

on university dance studio fl oors and barres: a preliminary investigation. J Dance Med Sci 2014;18(3):115-20.

13. Ramdass MJ, Naraynsingh V, Kuruvilla T, Maharaj D. Case report. Para-

phimosis due to erotic dancing. Trop Med Int Health 2000;5(12):906-7.

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