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R ÉSUMÉ
La sclérose en plaque a un impact psychosocial important sur la vie de ceux qu’elle afflige. Aussi, l’entrée dans la maladie et la gestion qui en est proposée a une influence sur la projection de sa trajectoire, par les patients. Une meilleure compréhension de leur vécu du début de la maladie est une ressource capitale, pour les infirmières
1, pour guider leurs interventions.
Le but de cet écrit est de comprendre ce que vivent les individus adultes atteints de sclérose en plaque, dans la première phase de la maladie. Pour cela, un devis de revue de littérature étoffée est choisi.
La recherche d’articles scientifique est principalement menée sur Pubmed. Quatorze études sont trouvées.
L’analyse des études permet de mettre en évidence le vécu du début de la maladie à différents moments : dans la période pré-diagnostic, lors de l’annonce du diagnostic et dans la période qui suit ce dernier.
La méthodologie des articles est discutée. Les résultats sont mis en lien avec le cadre de référence. Au terme de ce travail, des perspectives professionnelles sont avancées, sous la forme de pistes d’actions infirmières.
1 Dans ce travail, ce terme féminin englobe également les infirmiers
Dans le cas de la sclérose en plaque, « les phases de la trajectoire sont moins prévisibles que dans d’autres (maladies chroniques) » (Progin, 2010, p.2). La maladie est elle-même imprévisible, que ce soit, entre autres, au sujet de son évolution, de l’apparition ou non d’une nouvelle poussée, des symptômes qu’elle engendre ou du pronostic (Smeltzer, 1991). Toutefois, « la prévisibilité de l’évolution de la maladie n’exclut pas l’incertitude avec laquelle les personnes concernées ont à composer » (Progin, 2010, p.2).
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A PROJECTION DE LA TRAJECTOIRE
Corbin et Strauss la définissent comme étant la vision ou la perception qu’a une personne de l’évolution de la maladie. Le patient possède sa propre idée quant au cours de sa SEP et la manière dont il veut la gérer. Cependant, ses proches, les infirmières et médecins qui gravitent autour de lui ont également leurs propres représentations sur ce sujet et celles-ci peuvent être différentes de celles du patient.
Aussi, les projections de la trajectoire des différents protagonistes (patient, famille, professionnels de santé, etc.) ne sont pas fixes. Elles sont soumises à différents facteurs susceptibles de les faire évoluer. Ces facteurs sont les suivants : les croyances ou connaissances sur la maladie, sa progression, les réponses aux traitements ou encore les informations ou représentations dispensées par les professionnels de santé (Smeltzer, 1991).
Ces connaissances sont importantes pour la pratique infirmière auprès de personnes atteintes de SEP car la prédiction de cette trajectoire va influencer les interventions et attitudes des professionnels de santé, lors de l’apparition de symptômes ou de nouvelles poussées. Aussi, leur discours peut-il influer sur l’image que le patient a de sa SEP et aller jusqu’à modifier ses plans de vie.
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A MODÉLISATION DE LA TRAJECTOIRE
Elle réside en un plan, un programme thérapeutique élaboré par les professionnels de santé et la personne atteinte de maladie chronique pour « modeler le cours de la maladie, contrôler les symptômes immédiats et composer avec les incapacités » (Progin, 2010, p.2).
Strauss (cité par Baszanger, 1992) écrit notamment que la gestion d’une maladie
chronique signifie travailler dans plusieurs directions : gérer la maladie, la biographie
Aussi, « l’ajustement biographique » apparaît comme le processus principal qui permet des interventions entreprises, par l’individu malade et ses proches, pour maintenir ou récupérer un contrôle sur leur biographie, perturbée par la maladie.
(Strauss, cité par Baszanger, 1992). Dans la pratique infirmière, il paraît alors nécessaire d’investiguer les éléments biographiques du patient, dès la pose du diagnostic. Ces éléments peuvent être la profession, les activités de la vie quotidienne et de loisirs, le style de vie, la présence ou le désir d’enfant, etc. Grâce à une solide connaissance du mode de vie du patient avant la maladie, les infirmières ont la possibilité de mettre en place un réseau de professionnels, autour de lui, afin de maintenir une vie la plus normale possible et la plus proche de celle qu’il avait auparavant. Dans un deuxième temps, il paraît utile d’identifier la relation que le patient entretient avec le traitement. Il faut donc déterminer quelles stratégies il utilise pour prévenir l’évolution de la SEP ou gérer ses symptômes. Ces informations serviront à révéler les méthodes que le patient utilise pour faire face à sa maladie ainsi que nous donner une idée sur son niveau d’acceptation de la SEP (Smeltzer, 1991).
Les activités de la vie quotidienne
Elles « comprennent les actions de la vie quotidienne par lesquelles des personnes réalisent les nombreux aspects du soi » (Smeltzer, ibid., p. 227). Par l’évaluation de l’impact qu’a la SEP sur l’identité de la personne malade ainsi que sur ses activités quotidiennes, les infirmières peuvent dégager une image plus précise des buts et des attentes du patient. En effet, la SEP ne provoque pas seulement des changements dans la vie de la personne affectée mais aussi dans les relations familiales. Cette notion est importante pour les soignants car elle signifie que ces changements dans l’organisation et les relations familiales sont aussi à explorer et à évaluer, sans quoi les proches sont laissés de côté (Smeltzer, ibid.).
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ES CONDITIONS INFLUENÇANT LA TRAJECTOIRE DE LA MALADIE
Plusieurs facteurs influencent l’habileté du patient et de ses proches à gérer la
trajectoire de la maladie : les ressources, le traitement et ses effets secondaires, le
soutien social, les capacités individuelles, le contexte socio-économique, la présence
d’autres problèmes de santé, le lieu de vie, etc. Ces facteurs doivent être identifiés